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IV DESCRIPTION DES DIFFERENTES PÊCHERIES

1. Pêche traditionnelle

La pêche traditionnelle telle que l'a définie l'administration des pêches est celle réalisée par des pêcheurs individuellement ou en association, utilisant différents types d'embarcations non motorisées (pagaie ou voile) ou pratiquant la pêche à pied avec un rayon d'action très limité. Les techniques de capture sont variées : la pêche avec des filets divers, à la palangrotte, aux casiers, aux tulles moustiquaires, la récolte à main nue et le harponnage avec ou sans plongée en apnée.

1.1. Pêche traditionnelle maritime

1.1.1. Effectifs de pêche

L'enquête cadre réalisée en 1987/88 démontre l'existence de 1.250 villages de pêcheurs sur l'ensemble des côtes malgaches. La majorité de ces villages est située dans les faritany d'Antsiranana, de Mahajanga et de Toliara. Le nombre important de villages à Antsiranana s'explique par leur petite taille (20 pêcheurs par village en moyenne). Au contraire, à Toliara les villages sont plus peuplés avec une moyenne de 58 pêcheurs par village (12% seulement des villages abritent plus de 100 pêcheurs).

D'une manière générale, les pêcheurs sont très dispersés et leurs villages sont constitués quelquefois d'un nombre restreint de familles : 27% des villages sont habités par moins de 10 pêcheurs, 57% par moins de 20 pêcheurs et 85% des villages par moins de 50 pêcheurs. Les villages de pêcheurs les plus peuplés se trouvent le plus souvent à proximité des grands centres de consommation pour peu que ces zones soient relativement riches en poissons et bien abritées des vagues. Cette caractéristique de la pêcherie traditionnelle maritime malgache liée à l'insuffisance des réseaux routiers rend extrêmement difficile l'encadrement technique, l'approvisionnement en matériel, ainsi que la collecte du poisson.

Sur les 42.556 pêcheurs traditionnels recensés, 30.720 se servent d'embarcations et 11.836 travaillent à pied. La plupart de ces pêcheurs sont concentrés sur la côte Ouest à cause des conditions de pêche plus favorables, en particulier dans les faritany de Toliara et de Mahajanga où résident respectivement 36% et 27% des pêcheurs traditionnels maritimes. Par ailleurs, les pêcheurs à pied sont plus nombreux à Mahajanga comptetenu de l'importance de la collecte de crabes, de chevaquines, de crevettes et de trépangs, tandis que les piroguiers dominent nettement à Toliara:

Tableau 3: Répartition des villages, des pêcheurs et des embarcations par faritany
FaritanyNombre
de villages de
pêcheurs
Nombre de pêcheursNombre d'embarcations
PiroguiersA piedTotalPirogue
simple
Pirogue à
balancier
Embarcation
en planches
Total
Antsiranana3705.8181.4267.2448493.234214.104
Fianarantsoa712.1121.3483.4601.13361391.278
Mahajanga3466.6904.90311.5931.2433.477644.784
Toamasina2003.4991.4914.9902.59633152.932
Toliara26312.6012.66815.2691.8836.47408.357
TOTAL1.25030.72011.83642.5567.70413.52222921.455

Source: Rapport de terrain No4.

On estime à 21.455 le nombre total des pirogues de pêche opérant sur la côte dont plus du tiers des effectifs se trouve dans le faritany de Toliara. Les embarcations les plus utilisées par la pêche traditionnelle maritime sont les pirogues à balancier (63%) ou les pirogues simples (36%). Les pirogues à balancier sont utilisées presque exclusivement le long de la côte Ouest et Nord-Ouest. Sur la côte Est, elles sont utilisées dans la baie d'Antsiranana, dans la région de Faux-cap et à I'île Sainte- Marie. Les pirogues simples sont plutôt utilisées en milieu marin sur toute la côte Est et en milieu estuarien seulement sur la côte Ouest. L'utilisation d'embarcation en planches et de barque métallique caractérise les faritany de Fianarantsoa (Manakara et Vangaindrano), de Mahajanga et d'Antsiranana.

Le système de propulsion utilisé est la pagaie et la voile carré (type cingalais) qui permet de naviguer avec le vent en poupe ou légèrement de côté (avec une grande dérive), sauf sur la côte Nord-Ouest où on utilise aussi la voile triangulaire latine. Ces pirogues ne disposent pas de gouvernail et quand elles naviguent à la voile, elles utilisent ia pagaie pour se diriger.

Les dimensions des pirogues utilisées par la pêche sont variables, et pour la pirogue à balancier comme pour la pirogue simple, la longueur varie de 3,5 à 7 m. La longueur moyenne se situe autour de 4,5 m pour les pirogues simples et 5,5 m pour les pirogues à balancier : les embarcations en planches mesurent jusqu'à 9 m. Les bois utilisés le plus souvent sont de trois essences : le Farafatsy (Givatia sp.) 30%, le Sambalahy (Albizia lebbeck) 16% et le Kininina (Eucalyptus robusta) 12%. Ces trois essences constituent presque 60% des bois utilisés pour la fabrication des embarcations.

La durée de vie moyenne d'une pirogue dépend de plusieurs facteurs dont la qualité du bois, la fréquence d'utilisation et l'entretien. En général, une pirogue remplissant les meilleures conditions peut durer jusqu'à 4 ans. Le prix moyen d'une pirogue simple tourne autour de 50.000 FMG et celui d'une pirogue à balancier autour de 116.000 FMG. Les prix peuvent varier selon les régions, le type de bois et la longueur de l'embarcation.


Pirogues à balancier

Pirogue monoxyle simple

La diversité de l'environnement sur toute la longueur de la côte malgache entraîne l'utilisation d'une grande variété d'engins et différentes méthodes de pêche. Tout dépend du produit recherché et des conditions locales. Les filets maillants sont utilisés un peu partout spécialement pour la capture des poissons, notamment dans les faritany de Toliara et de Toamasina. Les sennes sont principalement utilisées pour la capture de crevettes à Antsiranana et à Mahajanga et pour les poissons dans les autres faritany, essentiellement dans le faritany de Toliara qui dispose de plus de 61% du total des sennes. Les nasses sont utilisées pour les piéges à langouste (casier) à Tolagnaro et pour la capture de siganus à Nosy-Be. Les barrages servent surtout à la capture de crevettes dans les faritany d'Antsiranana et de Mahajanga. Les tulles moustiquaires sont spécialement utilisées pour la pêche à pied, généralement pour la capture de chevaquines et de bichiques. Les engins qui procurent le rendement de pêche le plus élevé sont les sennes et les filets maillants. Pour la durée de vie moyenne des engins de pêche on peut signaler que les sennes de plage ont une durée de vie moyenne de 32 mois, alors que les filets maillants ne durent que 21 mois.

Tableau 4 : Principaux engins de pêche utilisés
FaritanySenneFilet maillantLigneNasseBarrageTulle
moustiquaire
Masque
à plonger
aux
poissons
aux
crevettes
Antsiranana5922.2327.2412.373110454409106
Fianarantsoa311.5023.152732653958310
Mahajanga6492.12414.4089561374673.4930
Toamasina1183.2692.9091.426902384108
Toliara2.2234.21726.99027.61363642.7503.961
TOTAL3.61313.34454.70033.1004081.6827.8674.175

Source : Rapport de terrain No4.

Engins de pêche

Source: Extrait de A. Kiener (1963).

Une tendance globale dans l'évolution de la pêcherie traditionnelle maritime se dégage lorsque l'on observe les données présentées dans le tableau 5, recensées en 1970/71 et en 1987/88. II ressort grossièrement que (si l'on prend en compte les mêmes paramètres lors des deux enquêtes) l'enquête cadre menée en 1987/88 est beaucoup plus exhaustive que celle réalisée en 1970/71. Ainsi, on ne peut rejeter l'hypothèse selon laquélle cette augmentation des chiffres pour les deux périodes comparées est liée partiellement à l'amélioration de la couverture statistique. Compte tenu de cette remarque, on peut constater qu'en 17 ans :

Tableau 5 : Comparaison des effectifs de la pêche maritime entre 1970/71 et 1987/88
NoEffectifs1970/711987/88
1Nombre de villages de pêcheurs3051.250
2Nombre de pêcheurs piroguiers5.82230.720
3Nombre d'embarcations3.84321.455
4Nombres d'engins de pêche dont:  
- sennes2273.613
- filets maillants1.62913.344
- lignes5.23054.700
- barrages952.090
- masques à plonger3474.175

Sources : A Collart (1972), Rapport de terrain No4.

La comparaison plus détaillée des chiffres obtenus par les deux enquêtes montre qu'en l'espace de 17 ans, le faritany de Toliara domine toujours par le nombre de pêcheurs et de pirogues. Cependant, on note une diminution de sa part dans l'effectif total : de 49% de l'ensemble des pêcheurs et 49% de l'ensemble des pirogues, elle est actuellement à 36% pour les pêcheurs et 39% pour le nombre des pirogues. On remarque également un développment spectaculaire du faritany de Mahajanga qui est passé de 9% du nombre des pêcheurs et 10% des pirogues à 27% pour les pêcheurs et 22% pour les pirogues, occupant ainsi la seconde place alors qu'en 1970/71 cette place était occupée par Antsiranana.

1.1.2. Aspects socio-économiques

Une enquête socio-économique des pêcheries traditionnelles malgaches menée dans le cadre du projet MAG/85/014 en 1990 a démontré que la pêche traditionnelle piroguière est pratiquée presque exclusivement par des hommes (environ 94%) avec une moyenne d'âge très jeune (36 ans). Le taux d'activité des femmes est en moyenne de 6% et atteint le niveau le plus élevé dans le faritany de Fianarantsoa (16%), parce qu'elles y pratiquent la pêche aux chevaquines, bichiques et petits poissons.

La cellule familiale moyenne (personnes à charge) tourne autour de 8 personnes dont environ 3 enfants. Cette cellule familiale est composée de personnes qui dépendent exclusivement des pêcheurs.

L'expérience moyenne dans la pêche oscille autour de 22 années de travail et ils débutent dans le métier en moyenne à 14 ans.

En ce qui concerne l'éducation scolaire et informelle, 88% des pêcheurs déclarent avoir reçu une éducation scolaire contre 12% une éducation informelle seulement. Parmi ces pêcheurs, 42% ont terminé l'école primaire et 23% le collège. Seulement 3% ont franchi le cap du baccalauréat. Le faritany d'Antsiranana se caractérise par un niveau d'éducation scolaire beaucoup plus élevée que la moyenne globale.

Tableau 6: Identité des pêcheurs traditionnels
FaritanySexe(%)Age
moyen
(an)
Nombre de
personnes à la
charge du
pêcheur
Nombre
moyen
d'enfants
Années de
travail dans
la pêche
Niveau scolaire(1)
(%)
HF 1234
Antsiranana98,51,5387,13,0205,359,636,93,8
Fianarantsoa83,816,2377,73,1-13,119,93,5-
Mahajanga97,12,9347,43,12321,432,229,13,1
Toamasina92,57,5368,13,22123,336,88,41,5
Toliara91,06,0388,63,6247,140,020,41,9
TOTAL94,45,6367,93,32211,942,422,82,6

(1) 1. Pas d'étude, 2. Primaire terminé, 3. Collège terminé, 4. Baccalauréat.

Source: Rapport de terrain No12.

D'autres résultats de l'enquête socio-économique montrent que :

1.1.3. Production

Capture totale

Les dernières estimations de la production traditionnelle maritime se situent autour de 54.000 tonnes par an. Cette production constitue 50% de la capture totale malgache et 66% des produits destinés à la consommation locale.

L'étude de A. Collart (1972) permet de faire la comparaison entre la production annuelle en 1970/71 et celle de 1990. II est à rappeler que l'enquête réalisée en 1970/71 n'a concerné au total que 305 villages alors que celle de 1987/88, qui a servi à estimer la production en 1990, a couvert quatre fois plus de villages (1250). La première comme la deuxième enquête couvrait les villages et les pêcheurs pratiquant la pêche en mer et dans les eaux estuarines.

Notons aussi que l'enquête de A. Collart ne concernait que la pêche piroguière, ne touchant pas les pêcheurs à pied. Dans cette situation, pour comparer ces deux périodes, il faut déduire de la capture de 1990 la production des pêcheurs à pied. F. Corsi (1990) estime très grossièrement la production moyenne d'un pêcheur à pied à 700 kg par an, ce qui donne pour 11.836 personnes pratiquant cette méthode de pêche une production annuelle de 8.300 tonnes environ. En conséquence la production piroguière en 1990 tournait autour de 45.700 tonnes. Sil'on compare cette production avec celle réalisée en 1970/71 (6.400 tonnes environ), on constate qu'elle a augmenté de 39.300 tonnes. Cette croissance est dûe à deux facteurs : l'augmentation du nombre des pirogues et le changement de la productivité annuelle par pirogue. Le premier de ces facteurs peut être considéré comme facteur extensif de développement de la pêche, tandis que le deuxième comme facteur intensif de développement. En presque 20 ans le nombre de pirogues a augmenté de 5,5 fois (de 3.893 à 21.455), tandis que la productivite annuelle par pirogue est passée de 1,7 tonne à 2,1 tonnes, soit 23,5%. On peut donc déduire que l'accroissement de la production de 39.300 tonnes a été obtenu presque pour 80% grâce à la multiplication du nombre de pirogues et seulement pour 20% grâce à l'augmentation de la productivité par pirogue.

On peut dire que la stimulation de développement de la pêche traditionnelle trouve son origine dans la demande de poissons qui a augmenté ces dernières années, ainsi que dans la rentabilité de cette activité. L'augmentation de la demande en poisson est liée particulièrement avec la croissance de la population en général (3%) et de la population urbaine en particulier (4,9%), ainsi qu'avec la baisse de la consommation de la viande per capita.

Tous ces facteurs ajoutés à l'existence de ressources halieutiques côtières faiblement exploitées (sauf quelques régions proches des grands centres de consommation qui montrent certains signes de surexploitation) permettent de croire que la pêche traditionnelle maritime dispose encore de possibilités de développement.

Toutes ces constatations concernent la pêche traditionnelle maritime en général, qui est dominée par la capture de poissons. Or, les années 80 sont marquées par une croissance significative de la pêche traditionnelle aux crevettes, aux langoustes et aux crabes.

Capture des crevettes

D'après A. Ralison et N.Y. Razafindralambo (1988) la production traditionnelle et artisanale de crevettes a augmenté de 800 tonnes environ pour la fin des années 70 jusqu'à plus de 1.000 tonnes pour la période de 1984–86, dont 1.237 tonnes en 1985. Ces estimations de la production sont basées sur les données disponibles de la DPA, essentiellement celles des rapports des COS et de certaines statistiques de collecte des sociétés artisanales et industrielles. Mais la non couverture de tout le flux commercial, la faible fiabilité des données communiquées par les sociétés artisanales et la méconnaissance des écarts de collecte ainsi que de l'autoconsommation ont fait croire que ces estimations de la production étaient sous évaluées. C'est pourquoi la DPA en collaboration avec le projet MAG/85/014 a lancé une enquête d'estimation plus précise de la production crevettière traditionnelle. Pour des raisons techniques et financières, l'enquête a été limité à la côte Nord-Ouest. D'ailleurs, c'est là qu'on retrouve la totalité des «valakira» et une grande partie des autres engins à crevette tels que : la senne de plage, le filet à l'étalage (poteau) et la tulle moustiquaire (kopiko).

Les informations collectées par 5 enquêteurs qui ont travaillé toute l'année (de mai 1989 jusqu'en mai 1990) dans plusieurs sites choisis permettent d'estimer la capture annuelle des crevettes dans cette zone à 1.670 tonnes et celle des camarons à 38 tonnes. Ce qui attire l'attention c'est le pourcentage relativement élevé des crevettes de petit calibre oscillant autour de 40% des prises. L'analyse plus détaillée montre que la part des crevettes de petit calibre est plus faible pour la senne, de l'ordre de 20%. Cela pourrait confirmer que cet engin de pêche a une sélectivité beaucoup plus élevée que le valakira.

Schéma et plan d'un valakira

Source : Anonyme, OISO (1989).

L'estimation de la production globale annuelle des crevettes provenant des pêcheries traditionnelle et artisanale a été obtenue en additionnant aux captures réalisées par les pêcheurs traditionnels dans la zone Nord-Ouest (1670 et 38 tonnes) celles effectuées dans les autres zones (qui sont très incomplètes), ainsi que les captures de la pêche artisanale (120–160 tonnes environ). On peut estimer actuellement au total cette production aux environs de 2.000 tonnes par an.

Le niveau actuel d'exploitation de crevettes côtières à Madagascar (tant traditionnelle et artisanale qu'industrielle) comparé à l'estimation de son potentiel semble indiquer que cette pêcherie est très proche de la production maximale équilibrée. Néanmoins on ne peut écarter l'idée que la pêche traditionnelle aux crevettes se développera encore. Au moins deux raisons permettent de le penser :

Capture des langoustes

Plusieurs espèces de langoustes côtières du genre Panulirus (P. homarus, P. penicilliatus, P. longipes, P. versicolor, etc.) sont pêchées sur l'ensemble du plateau continental malgache à des profondeurs n'excédant pas 30 m et se situant plutôt entre 2 et 20 m. Ces langoustes ont toujours été capturées par les pêcheurs traditionnels pour leur subsistance. Leur exploitation commerciale a débuté vers l'année 1948 avec un niveau de production annuelle proche de 20 tonnes et destinée en totalité au marché intérieur. Pendant les années soixante, la production a augmenté grâce aux possibilités d'exportation de ce produit. Selon diverses sources, les captures annuelles de la pêcherie langoustière côtière tournaient autour de 75 et 135 tonnes pour la période 1973–85. Au cours des trois dernières années, cette activité a connu un développement considérable, puisque les captures ont dépassé 300 tonnes par an (tableau 7). II reste à souligner qu'en 1990, la société crevettière SOPEBO a entrepris une pêche de langoustes profondes (30 tonnes).

La production langoustière est essentiellement composée de P. homarus qui constitue un excellent produit d'exportation avec des tailles individuelles de 300 à 800 gr.

Tableau 7 : Production annuelle de langoustes et de crabes

(en tonnes)

Produits19751980198519861987198819891990
Langoustes926883234189341321310
Crabes3944254654446758331.0201.200

Sources : Rapport du Service de la Pêche Maritime, Rapports d'activités de la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture.

Pour expliquer la croissance rapide des captures réalisées par les pêcheurs traditionnels au cours des dernières années, deux arguments peuvent être avancés. Premièrement, le nombre des acheteurs a augmenté à partir de 1986 grâce à la fin du monopole attribué à la société d'état «LANSU», deuxièmement, la libre concurrence a provoqué une augmentation des prix au producteur passant de 700 FMG en 1983 à 10.000 FMG en moyenne par kg en 1990, soit respectivement de 1,5 dollar E.U. à 6,7 dollars E.U.

Le prix élevé rend naturellement rentable la production, ainsi que la collecte et la commercialisation des langoustes, ce qui provoque une forte demande d'autorisation d'exploitation. Cependant, il est peu probable que le stock côtier le plus exploité actuellement (région de Tolagnaro) puisse supporter une accentuation de l'effort de pêche. Les perspectives de développement de cette pêcherie reposent sur l'exploitation de nouvelles zones, notamment celles de la côte Est du faritany de Fianarantsoa et celles des côtes Sud, Sud-Ouest (du faritany de Toliara). Cette remarque est valable pour la langouste rouge du plateau continental. Par ailleurs, les langoustes vertes du même plateau restent toujours sous exploitées.

Outre l'état du stock, qui peut influencer le développement de la pêcherie traditionnelle langoustière, d'autres facteurs constatés par M. Giudicelli (1984) sont à noter :

En ce qui concerne la pêche langoustière dans les eaux plus profondes que 150 m, les résultats des captures aux casiers effectuées par le bateau «Onjavao 1» de la SOPEBO sont encourageants. Pour les trois derniers mois de l'année 1990, ce bateau a capturé 30,2 tonnes de langoustes entières dans la zone comprise entre Vangaindrano et Toliara où les conditions hydroclimatiques sont très difficiles (15 jours de pêche en moyenne par mois).

Dans la préparation d'une stratégie de développement de la pêcherie langoustière on ne peut pas oublier que l'équilibre du stock langoustier est vulnérable et extrêmement fragile, en particulier par sa croissance lente (de 4 à 6 ans pour parvenir aux tailles commerciales). Tout cela oblige à aménager rationnellement cette pêcherie (en gardant à l'esprit qu'au delà de 30 m de profondeur existent probablement des stocks vierges de langoustes néritiques). Cet objectif ne présente pas à Madagascar de difficultés majeures car les stocks adultes sont liès au plateau continental et la production peut être facilement contrôlée à cause de sa destination (dans une grande partie) à l'exportation. La faiblesse relative du marché national diminue encore les risques de captures incontrôlées.

Capture des crabes

Selon les estimations du Centre National de Recherches Océanographiques, Madagascar possède un important stock de crabes de mangrove (Scylla serrata), se situant aux alentours de 7.500 tonnes de production maximale équilibrée et se répartissant essentiellement sur la côte Ouest du pays. La pêche aux crabes s'est surtout développée entre la baie de Mahajamba et le cap St André. Cette ressource est actuellement exploitée endessous de cette estimation par la pêche traditionnelle (tableau 7). Les crabes qui sont capturés avec des techniques très archaiques (filet formosan, à la main, au crochet, à la raquette, à l'hameçon, au barrage, au casier et à la balance) sont appréciés tant sur le marché national pour lequel ils sont stockés vivants enrobés de boue afin d'éviter une déshydratation rapide, que sur les marchés internationaux essentiellement ceux de la Réunion et de Maurice, vers lesquels ils sont exportés frais ou congelés.

Les possibilités d'exportation du crabe constituent depuis longtemps un stimulant principal du développement de sa pêche. Une dynamisation de cette pêcherie s'est produite avec la construction récente à Mahajanga d'une usine de production de chair de crabe (opérationnelle depuis 1988), destinée à l'exportation sur des marchés plus éloignés, particulièrement l'Europe. La capacité annuelle de traitement de cette usine est de 1.000 tonnes de crabes vivants lavés, soit 150 tonnes de chair si la totalité de la collecte est traitée en chair. En 1990, la société Refrigépêche-Ouest a collecté 406 tonnes de crabes.

La production nationale totale pour 1990 a obtenu le niveau de 1.200 tonnes en poids vif, dont 1.050 tonnes environ pour l'exportation et le reste pour la consommation locale. Si on compare ces chiffres avec ceux de 1975 (tableau 7) on constate que la production a augmenté de 3 fois. Les contraintes qui pourraient freiner la production à venir ne résident ni dans les capacités de capture ni dans celles du conditionnement. Le verrou du développement de cette activité est le marché international, car l'offre de crabe en morceaux sature la demande de la Réunion et de Maurice. Les autres marchés sont très souvent consacrés à la chair de crabe.

La chair de crabe de palétuvier ne bénéficie pas des mêmes qualités esthétiques que celle des crabes de mer froide, néanmoins la finesse de sa texture et son goût lui permettent d'occuper une place dans ces marchés. La chair de crabe Scylla serrata est déjà exportée vers l'Europe par les thaïlandais avec des prix plus compétitifs que ceux offerts par Madagascar. Par ailleurs, le marché est actuellement fortement sollicité par un produit à base de poisson, aromatisé au crabe et présenté sous forme de bâtonnets ou de pinces de crabe dénommé Surimi (J. Roullot, 1988). En conséquence, le prix du crabe a diminué au cours des deux dernières années.

Pour Madagascar, les coûts de collecte ainsi que les charges de fonctionnement de l'usine, associés aux faibles prix à l'exportation du produit fini, semblent être les éléments majeurs qui rendent difficile une exploitation rentable du crabe. Ce qui amène l'exploitant à proposer un prix d'achat bas aux pêcheurs. Les prix offerts pendant la collecte ne sont pas motivants pour les pêcheurs pour qui la vente des crabes représente une activité saisonnière, jugée souvent comme moins rémunératrice que celles de la pêche et du séchage du poisson ou la collecte de la noix de cajou.

Il est donc clair que dans la situation de saturation du marché international par des produits meilleur marché, la carte de qualité doit être celle qui pourrait permettre de prendre une part dans ce marché. Ceci suppose un produit parfait, naturel et attrayant. Enfin, il reste à chercher de nouveaux marchés et aider aux essais de fabrication et de vente des produits adaptés.

1.1.4. Vente des produits

Les produits de la pêche traditionnelle maritime sont dans une large majorité commercialisés localement ou autoconsommés. Ce sont donc les pêcheurs traditionnels maritimes qui ravitaillent principalement la population en protéines animales d'origine halieutique.

D'après l'enquête socio-économique des pêcheries traditionnelles malgaches réalisée en 1990, la famille moyenne du pêcheur maritime consomme annuellement 218 kg de poissons. Prenant en considération que l'équipage d'une pirogue se compose de 2 personnes (théoriquement 2 personnes ayant chacune une famille) et que la production de cette pirogue oscille autour de 2.000 kg par an, l'autoconsommation constitue 22% de la prise annuelle par pirogue. Compte-tenu du fait que 26% des enfants de pêcheurs travaillent avec leur père, l'autoconsommation constitue en réalité moins de 20%. On constate donc qu'environ 80% de la prise est commercialisée.

La vente de produits halieutiques s'effectue en fonction du type des produits et suivant trois circuits de commercialisation : les produits sont vendus, soit en circuit structuré (sociétés de collecte et revendeurs), soit au marché, soit directement aux consommateurs. Les transactions de troc sont négligeables. En ce qui concerne les poissons, 46% sont vendus aux mareyeurs, 16% aux marchés, 30% directement aux consommateurs. Dans le cas des crevettes, 47% sont vendues aux mareyeurs, 27% aux sociétés (artisanale ou industrielle) et 15% directement aux marchés. Pour ce qui est des langoustes, 66% sont destinées aux sociétés des collectes, 26% aux mareyeurs. Enfin pour le crabe 41% pour les mareyeurs, 25% aux sociétés artisanales et industrielles, 17% directement aux consommateurs et 15% aux marchés.

L'analyse des chiffres montre clairement que la majorité des produits halieutiques passe par le circuit structuré. Cependant, le poisson est vendu à presque 50% dans le circuit traditionnel, c'est à dire directement aux consommateurs ou aux marchés.

Les enquêtes socio-économiques réalisées auprès des pêcheurs traditionnels et opérateurs commerciaux montrent que presque 37% des pêcheurs vendent leurs produits aux mêmes mareyeurs tandis que le reste collabore avec différents opérateurs. On constate ainsi, d'une part, l'existence d'une certaine dépendance des pêcheurs vis à vis des opérateurs commerciaux et d'autre part, la possibilité de concurrence ou l'instabilité du circuit. Du côté des revendeurs 29% des personnes enquêtées déclarent avoir un seul fournisseur. Le choix d'un seul fournisseur est motivé principalement par la possibilité d'arrangement entre les deux parties qui, d'un côté, garantit la disponibilité des produits pour le revendeur et de l'autre, les moyens de production achetés par les revendeurs pour les pêcheurs. Ensuite, ce choix est motivé par les liens de parenté qui existent surtout entre pêcheurs et revendeurs, particulièrement dans les villes côtières.

70% environ des produits sont vendus à l'état frais, tandis que les autres sont conservés soit fumés/grillés, soit salés/séchés, ce qui démontre que les pêcheurs arrivent à trouver les débouchés pour l'écoulement de leurs produits. Sil'on analyse les données obtenues par faritany, on peut observer qu'à Fianarantsoa, à Mahajanga et à Antsiranana le pourcentage des produits commercialisés à l'état frais est le plus élevé, alors que Toliara et Toamasina se caractérisent par le taux le plus élevé de transformation des produits pour la vente (39 et 44% respectivement). Ce fort taux de transformation s'explique par les difficultés que rencontrent parfois les pêcheurs à vendre les produits marins. Ces difficultés d'écoulement des produits ne sont pas nécessairement liées à l'absence des mareyeurs mais peuvent avoir pour origine la rentrée tardive des pêcheurs, les capacités d'achat limitées des mareyeurs, mais aussi l'enclavement des villages.

L'analyse menée ci-dessus montre clairement que la pêche traditionnelle maritime est passée ces dernières années d'une activité d'autoconsommation à une activité commerciale. L'autoconsommation des poissons constitue seulement moins de 20% des prises. L'augmentation de l'effort de pêche qui était en moyenne de moins de 100 sorties en mer en 1970 et 170 sorties actuellement, explique les possibilités d'écoulement du surplus vers les marchés.

1.1.5. Rentabilité

Le développement de la production traditionnelle maritime est dû à sa rentabilité. D'après le calcul, le pêcheur-patron d'une pirogue, spécialisé dans la pêche aux poissons, obtient annuellement un revenu net égal à 780.000 FMG, soit 65.000 FMG environ par mois. Les frais d'exploitation (amortissement de la pirogue, achat d'engins de pêche, entretien et autres dépenses) sont relativement très bas et constituent moins de 20% de la valeur annuelle de la production commercialisée. Cependant le niveau de ces revenus peut varier fortement en fonction des zones de pêche, de la composition des captures, des facilités de commercialisation et des engins de pêche utilisés. Même si le patron de la pirogue doit partager une partie de ce revenu avec son assistant, ce qui lui reste est au moins égal au salaire d'un ouvrier travaillant en ville estimé à 40.000 ou 50.000 FMG. De surcroît, sa famille consomme en moyenne 218 kg de poissons par an, ce qui limite les dépenses en nourriture. En outre, presque la moitié des pêcheurs mène une activité complémentaire à la pêche, comme l'agriculture, l'élevage, etc. Ainsi, dans la majorité des cas, les conditions de vie des pêcheurs sont meilleures que celles des paysans et des ouvriers.

Les résultats de l'enquête socio-économique des pêcheurs traditionnels confirment la rentabilité de cette activité, car 90% environ des pêcheurs enquêtés se considèrent comme pêcheurs en fonction des bénéfices directs tirés de cette activité.

La rentabilité de la pêche aux crustacés est naturellement plus élevée à cause des prix de vente qui sont fixés par les marchés internationaux.

1.1.6. Constatations générales

L'analyse sur la pêche traditionnelle maritime permet de dégager les constatations générales suivantes :

1.2. Pêche traditionnelle continentale

1.2.1. Situation générale

La pêche continentale est celle pratiquée essentiellement dans les lacs, lagunes, marais et dans une moindre mesure dans les rivières. II est généralement admis qu'en pratique il y a quelque 250.000 ha d'eaux douces exploitables (A. Collart - A. Rabelahatra, 1979, A. Collart - M. Vincke, 1989) dont il faudrait encore exclure environ 100.000 ha de rivières improductives. Sauf quelques cas exceptionnels comme l'lhosy, la Lily, le Maningory, etc., les rivières ne sont pas des zones de pêche potentielles à cause de leur turbidité trop élevée. II ne reste donc pratiquement que 150.000 à 160.000 ha de plans d'eau douce directement concernés par la pêche.

D'une manière générale, les eaux douces malgaches sont pauvres et aucune espèce autochtone ne possède les qualités requises pour servir de poissons d'élevage ou d'exploitation intensive (croissance rapide, chaîne alimentaire courte, haute résilience, rusticité à la consommation, etc.). Pour remédier à cette situation, on a successivement introduit la carpe miroir en 1914 et les tilapias divers de 1950 à 1960. L'introduction de carpe royale ne date que de 1959, celle d'Heterotis niloticus de 1963 et celle du black-bass remonte à 1951. Actuellement l'essentiel des ressources piscicoles des eaux intérieures est composé de carpes et de tilapias.

Certaines régions très poissonneuses de l'Ouest (Maevatanana, Marovoay, Ambato-Boéni, Port-Bergé, Miandrivazo etc.) connaissent actuellement un développement aussi rapide qu'intensif. II n'en reste pas moins que depuis une vingtaine d'années, les zones facilement accessibles telles que les lacs Itasy et Alaotra, de même que les régions nouvellement désenclavées (routes bitumées Antananarivo - Mahajanga - Antsohihy et Antananarivo - Antsirabe - Miandrivazo) sont soumises à un effort de pêche de plus en plus intensif, résultant de la pression démographique (demande accrue de poissons) et entraînant ainsi une surexploitation des stocks de carpes et de tilapias. Pour beaucoup de plans d'eau il serait nécessaire de procéder d'urgence à des aménagements de l'exploitation et à l'encadrement technique des pêcheurs.

1.2.2. Effectifs de pêche

L'enquête cadre des pêcheries traditionnelles côtières malgaches (1987/1988) et l'enquête cadre dans les principales pêcheries des eaux intérieures (1988/1989) ont mis en évidence pour la première fois l'importance des effectifs de pêche, en fournissant des statistiques assez fiables concernant la totalité de la pêche traditionnelle continentale. Ces deux enquêtes ont recensé au total 17.818 pêcheurs et 7.023 embarcations (voir tableaux 8 et 9). L'observation de ces tableaux montre que la majorité des pêcheurs continentaux (69%) travaille dans les eaux douces côtières, alors que les embarcations sont réparties équitablement entre les lacs et les eaux douces côtières. Ces deux tableaux montrent également la domination des filets maillants parmi les engins les plus souvent utilisés ; les nasses et les lignes sont aussi très employées en eaux douces côtières.

Tableau 8 : Effectifs de la pêche des lacs
LacSuperficie
(ha)
AnnéeEffectifs
PêcheursEmbarcationsEngins de pêche
SennesFilets maillantsEperviers
Alaotra20.00019641.300745102777
 19891.9201.278481.0311.053
Kinkony13.9001965--105200
 198819311727800
Itasy3.500196370025063672
 1988741332071023
Tsiazompaniry2.333197042685470
 19881447241990
Mantasoa1.37519882376028120
Total principaux lacs (1988/89)41.108-3.2351.859812.1011.096
Total lacs secondaires (1988/89)11.030-2.1321.244368971286
TOTAL52.138-5.3673.1034493.0721.382

Sources: Etudes antérieures et Rapport de terrain No11.

En ce qui concerne plus spécifiquement les lacs, on peut constater qu'en vingt ans, le nombre des pêcheurs et le nombre des embarcations a légèrement augmenté. Le filet maillant a connu une augmentation en nombre dans tous les lacs. Au contraire, la senne a perdu de son importance jusqu'à disparaître totalement dans le cas du lac Itasy, alors qu'elle est encore relativement importante dans les lacs secondaires. L'utilisation de l'épervier gagne du terrain dans le lac Alaotra, alors qu'il est en régression dans le lac Itasy. Globalement, on constate une nette diminution du nombre des sennes au profit des filets maillants. Ce changement ne peut être que positif car le filet maillant est un engin de pêche plus sélectif que la senne et en conséquence moins dangereux pour l'exploitation des stocks.

Pour ce qui est des eaux douces côtières, le tableau 9 montre que deux faritany dominent par le nombre de pêcheurs et d'embarcations, à savoir Fianarantsoa et Toamasina à cause sans doute de l'exploitation du canal des Pangalanes. Les embarcations utilisées par les pêcheurs continentaux sont composées de pirogues monoxyles simples (78%) et d'embarcations en planches (22%), la pirogue à balancier n'est pas utilisée.

Tableau 9 : Effectifs de la pêche d'eau douce côtière
FaritanyEffectifs
PêcheursEmbarcationsEngins de pêche
PiroguiersA piedSennesFilets maillantsEperviersNassesLignes
Antsiranana194526142181843307573
Fianarantsoa1.3303.941784358931222.4784.576
Mahajanga67082558378250335792.297
Toamasina1.6969671.466601.3241043.350687
Toliara1.17458994561978401.6741.602
TOTAL5.6046.8473.9202523.6293028.3889.735

Source: Rapport de terràin No4.

En moyenne la longueur des embarcations est de 5 m. Elles sont construites presque exclusivement à partir du bois nommé Kininina (Eucalyptus robusta). La totalité des embarcations est propulsée par la rame. La durée de vie moyenne de ces embarcations est de 80 mois et le prix moyen d'achat varie actuellement entre 50.000 et 60.000 FMG. ll n'existe pas d'embarcations motorisées. Quant au prix des engins de pêche, il oscille autour de 230.000 FMG pour la senne, 120.000 FMG pour le filet maillant et 32.000 FMG pour l'épervier.

1.2.3. Aspects socio-économiques

Comme pour les pêcheurs traditionnels maritimes, la pêche dans les lacs est presque exclusivement pratiquée par des hommes (94%), ayant en moyenne 34 ans. Les caractéristiques socio-économiques de la pêcherie continentale traditionnelle sont pour beaucoup d'aspects analogues à celles analysées pour les pêcheurs maritimes traditionnels. On peut toutefois noter que :

Une autre caractéristique assez importante de la pêche continentale, contrairement à la pêche traditionnelle maritime, est sa tendance à la migration (carte 2). Il s'agit en général d'une migration saisonnière ou au moins d'une migration récente. Ces migrants se spécialisent dans la pêche et leur installation dans la région reste précaire. Ce sont les conditions du milieu (accessibilité et crues) et les textes régissant la pêche (fermeture de pêche) qui règlent cette activité. Globalement, on constate le flux de migration des pêcheurs du Sud-Est (région des Betsirebaka, Tanala, Bara et Betsileo) vers le Nord-Ouest (zone de pêche de Mahajanga, de Miandrivazo et de Belo sur Tsiribihina). Ce phénomène n'est pas étonnant et est commun à toutes les activités agricoles du Sud-Est, région très peuplée où les paysans cherchent à découvrir des zones accessibles pour leurs moyens de subsistance. Ce flux vers la zone de Kinkony, d'Ambato-Boéni et de Maevatanana commence actuellement à se stabiliser. Ceci pourrait être dû à la régression des stocks ichtyques de haute valeur commerciale, en occurrence à la diminution de la quantité des damba (Paratroplus dami) et des kotso (Paratroplus petiti) au profit des fibata (Ophicephalus sp.). Par contre, le flux vers la zone de pêche de Miandrivazo et de Belo-sur-Tsiribihina commence à se développer, flux favoriser par la nouvelle infrastructure routière.

1.2.4. Production

La production totale de la pêche continentale est actuellement difficile à estimer. La couverture statistique de cette pêche est très insuffisante en ce qui concerne les captures. Cependant, l'enquête cadre et l'enquête sur la production de la pêche traditionnelle fournissent les informations qui permettent d'estimer la production de la pêche traditionnelle continentale. On sait maintenant que les six principaux plans d'eau d'une superficie totale de 42.208 ha donnent une production estimée à 5.776 t/an avec un rendement de 137 kg/ha/an (tableau 10). En intégrant les autres plans d'eau qui ne sont pas surexploités, on obtient un rendement moyen de 175 kg/ha/an pour l'ensemble des plans d'eau couverts par l'enquête cadre (Th. Rafalimanana, 1990), ce qui permet d'estimer la production totale de la pêche continentale (160.000 ha) à 28.000 tonnes. Sous réserve de statistiques plus fiables, on peut admettre le chiffre de 28.000 à 30.000 tonnes de production annuelle dans les eaux continentales. Ce chiffre corrobore celui proposé dans le chapitre lll sur le niveau d'exploitation actuelle.

Carte 2 : Principaux circuits de migration de pêcheurs dans les eaux intérieures malgaches

Carte 2

Source: Rapport de terrain No11.

Tableau 10 : Capture et rendement estimés de certains grands plans d'eau
LacsSuperficie
(ha)
SourcesDatesCapture (t/an)Rendement
(kg/ha/an)
Alaotra20.000Therezien Y.19643000/4000136 à 182
Rafalimanana Th.19902.984149
Kinkony13.900Therezien Y.196680057
Rafalimanana Th.19901.17484
Itasy3.500Therezien Y.19631.400400
Vincke M.1969830237
Matthes1985625179
Rafalimanana Th.199015143
Tsiazompaniry2.333Vincke M.19705222
Rafalimanana Th.19904921
Mantasoa1.375Vincke M.19705540
Rafalimanana Th.19901612
Miandrivazo1.100
(25 lacs)
Rafalimanana Th.19901.4021.275
TOTAL42.208Rafalimanana Th.19905.776137

Source: Rapport de terrain No11, Rapport de terrain No27.

L'observation du tableau 10 indique une diminution des captures dans les quatre grands lacs de Madagascar : Alaotra, Itasy, Tsiazompaniry et Mantasoa. Cependant, le désenclavement de certaines zones a fait connaître un certain regain d'activités de pêche ces dernières années : notamment dans la région de Belo-sur-Tsiribihina et de Miandrivazo.

On observe une intensification de l'effort de pêche sur l'ensemble des plans d'eau ces dernières années. Cette situation est due notamment à la pression démographique et aux difficultés de ravitaillement. A. Collart et M. Vincke (1989) tirent la sonnette d'alarme en indiquant que dans le domaine de la pêche continentale, ce n'est plus de développement dont il conviendrait de parler, mais de rationalisation, ce qui implique en conséquence, l'application des mesures générales suivantes pour l'ensemble des plans d'eaux :

Outre l'intensification de l'effort de pêche, le fait le plus marquant de ces dernières années dans les eaux continentales malgaches est sans conteste l'introduction clandestine en 1975/76 d'Ophicephalus sp. connu sous le nom de fibata. Cette introduction du fibata fût suivie très rapidement de sa prolifération fortuite et incontrôlée un peu partout dans le pays, si bien qu'actuellement presque tous les plans d'eaux en sont infestés sauf les régions d'Andilamena, de Mitsinjo, de Bealanana/Antsohihy et Mampikony/Port-Bergé. Le fibata est un vorace qui met en péril le recrutement des espèces comme les carpes, tilapias, carassins, etc., au moment où celles-ci sont les plus vulnérables : oeufs, larves, jeunes alevins. Seuls les tilapias à incubation buccale peuvent mieux se défendre. Les conséquences prévisibles sont la diminution des stocks de carpes et de certains tilapias, la régression générale de la production, la diminution des disponibilités en poisson destinée à la population.

Fibata (Ophicephalus striatus)

Cette situation inquiétante pour l'avenir des pêches continentales du pays exige une intervention immédiate des services techniques pour enrayer dans les meilleurs délais la poussée spécifique et remarquable du fibata, et parvenir à terme non seulement à la réduire, mais à la maintenir à un taux normalement supportable pour l'équilibre des stocks en eaux fermées (environ 5 à 10 pour cent de voraces contre 90–95 pour cent de non voraces).

Compte-tenu de la dissémination de ce vorace dans les eaux continentales, ajoutée à l'effort de pêche accru, il est probable que les stocks aient quelques difficultés à se reconstituer normalement. ll est donc possible qu'au cours de la prochaine décennie, la production totale des eaux continentales stagne ou même régresse malgré les ressources encore en réserve dans certains plans d'eau.

ll reste à rappeler que les autres produits dulçaquicoles (autres que les poissons) tels que les écrevisses, les camarons d'eau douce, les batraciens et les anguilles font actuellement l'objet d'une demande importante sur le marché extérieur et une étude sur leur biologie et leur potentiel devrait être envisagée.

1.2.5. Vente des poissons

Le problème de commercialisation ne se pose pas pour les poissons d'eau douce, étant donné que la plupart des lacs sont situés sur les Hauts-Plateaux, dans les régions à forte densité de population ou proche des grands centres de consommation. Cette constatation trouve confirmation à travers les facteurs suivants observés dans l'enquête socio-économique :

Le faible coût d'investissement tant dans l'achat de pirogue que d'engin de pêche, la non utilisation des moyens de conservation qui peuvent augmenter les charges, ainsi que le prix relativement élevé des poissons démontrent que cette activité est rentable.

1.2.6. Constatations générales

On peut dégager de l'analyse de la pêche continentale traditionnelle les constatations suivantes :

2. Pêche artisanale

2.1. Définition

La pêche artisanale se caractérise par l'emploi de petites embarcations propulsées par des moteurs in ou hors-bord, destinées à opérer dans la majorité des cas dans le petit fond le long de la côte avec une autonomie en mer dépassant rarement une semaine. Selon la définition de l'administration halieutique malgache, ces embarcations doivent être équipées de moteur dont la puissance motrice n'excède pas 25 CV. Cette définition n'est valable que lorsqu'il s'agit d'utiliser le chalut, mais elle n'est pas explicite pour les techniques de pêche telles que la palangrotte ou le filet maillant, car dans la pratique les moteurs utilisés à cet effet font plus de 25 CV. Certains bateaux disposent d'une puissance motrice allant jusqu'à 60 CV. A ce groupe d'embarcations motorisées pratiquant la capture on inclue aussi celles faisant la collecte de la production traditionnelle. Autant la définition en vigueur est assez précise dans le cas des petites embarcations spécialisées en chalutage autant elle est large et imprécise en ce qui concerne les bateaux motorisés pratiquant d'autres techniques de captures ou pratiquant la collecte.

Embarcation motorisee

Bateau-ecole de formation a la pêche artisanale (Apostolat de la mer)

2.2. Différentes étapes de développement de la pêche artisanale

2.2.1. De 1970 à 1980

Malgré plusieurs actions menées par le Gouvernment malgache au cours des années 70 pour développer ce secteur de pêche, les résultats restent relativement modestes. La pêche artisanale devait contribuer à augmenter les produits marins, pêchés par les nationaux, pour l'approvisionnement protéinique de la population locale. On a pensé aussi que le développement de la pêche motorisée constituait une étape naturelle et nécessaire vers la modernisation de la pêche traditionnelle. Le Gouvernment a entrepris alors à cette époque là des études et des essais techniques pour identifier le type d'embarcation à moteur pouvant être vulgarisé. Après plusieurs essais, deux types de bateau ont été choisis : le catcher et le doris. ll s'agit du catcher (ou mini-chalutier) de 7,50 m en contre-plaqué marin, non ponté avec 2 caisses isothermes. Au début, ce canot a été doté d'un moteur diesel de 14 à 18 CV, qui a été ensuite remplacé par un moteur plus puissant de 25 CV. Cette puissance a été jugée suffisante pour le chalutage dans une bande côtière riche en crevettes, souvent inaccessible aux gros chalutiers. Un peu plus tard, un autre type de bateau, le doris, a été mis à la disposition des pêcheurs. ll s'agit d'une embarcation en contre-plaqué marin de 8 m de long, à fond plat, doté d'un moteur de 18 CV et de caissons isothermes. Ce type de bateau (qui peut être aussi propulsé par une voile) utilisait comme engins de pêche aussi bien le filet que la ligne.

D'autres modèles de petites embarcations n'ont pas retenu le choix des armateurs. La motorisation de la pirogue individuelle ou de deux pirogues accouplées (le catamaran) a été vite abandonnée à cause du coût élevé de l'investissement pour un profit nettement inférieur.

Dans le même temps, les pêcheurs individuels d'Antsiranana et de ses environs continuaient à travailler sur des petits bateaux motorisés, coque en bois non ponté de 6 à 9 m de long, propulsés par des moteurs hors bord de 15 à 25 CV en général. Ces bateaux pêchaient surtout avec le filet maillant et la palangrotte. ll semble que le cas des pêcheurs d'Antsiranana constitue un seul exemple d'évolution spontanée de la pêche traditionnelle vers la pêche artisanale.

Les embarcations artisanales motorisées recensées en 1981 étaient de 62, employant approximativement 287 pêcheurs. En 1981, le nombre d'embarcations opérationnelles avait diminué en comparaison avec les années précédentes, à cause de la difficulté d'obtenir des pièces de rechange, de remplacer les moteurs et de l'ancienneté de certaines unités (J.C.Rey, 1982).

L'analyse de toutes les actions menées pendant les années 70 et au début des années 80, comme l'ont observé A. Ralison (1982) et R. Aubray (1985), permet de constater l'existence d'un certain enchevêtrement entre la conception de développement de la pêche motorisée et celui de coopérativisation des pêcheurs. Le Gouvernement a été convaincu depuis longtemps, que les interventions en feveur des pêcheurs traditionnels locaux ne pourraient s'effectuer que par le biais d'associations et des coopératives, qui regrouperaient préalablement les intéressés, au-delà des structures socio-économiques traditionnelles. En conséquence, ces regroupements de pêcheurs artisanaux ont été encouragés par l'administration grâce à une forte subvention et des dons en équipement. Les pré-coopératives socialistes de pêche répondaient en partie au désir de réduire le chômage en regroupant certains demandeurs d'emploi et en leur fournissant le matériel et l'équipement nécessaires. La formation et l'encadrement de ces pêcheurs occasionnels n'étaient pas suffisants et les nouveaux organismes ne tenaient compte ni des contraintes, ni des particularités des activités halieutiques. En fait, la plupart de ces coopératives duraient tant que les subventions de l'Etat en leur faveur n'étaient pas épuisées et tant que les équipements mis à leur disposition n'étaient pas mis hors d'usage.

2.2.2. De 1981 à 1990

Depuis 1981 jusqu'à 1990 Madagascar a reçu de l'Agence Japonaise de Coopération internationale sous forme de dons, des petites embarcations en coque plastique avec caissons isothermes (64 unités), équipées de moteur in-bord de 10 à 13 CV ou 25 CV, ou de moteurs hors-bord de 25 CV. La longueur de ces bateaux varie de 7,5 à 9 mètres. D'autres équipements sont offerts en même temps pour que l'exploitation de l'ensemble soit cohérente. ll s'agit de bateaux de transport avec cale isotherme (7 unités), matériels de pêche (filet, ligne, hameçon, leurre artificielle), pièces de rechange diverses, ateliers de réparation des bateaux, chambres froides de 5 à 10 tonnes, fabriques de glace avec une capacité de production dans la majorité des cas de 2 tonnes par jour, salles de traitement des produits et des véhicules frigorifiques.

A l'origine, le don japonais devait être exploité directement par des groupements de pêcheurs. En conséquence les premières livraisons ont été envoyées à Mahajanga, à Nosy-Be, à Antsiranana, à Morondava, à Toliara et à Tolagnaro où elles ont été mises à la disposition des associations et des groupements de pêcheurs. A cause des difficultés liées à la création de certains groupements ainsi que les problèmes de gestion convenable de ces matériels, le Gouvernement malgache a décidé de louer une forte partie de ces équipements àdes sociétés privées. Le prix de location était tellement réduit qu'on peut dire que ces sociétés ont reçu de l'Etat une partie importante de leur capital gratuitement. Malgré cet apport de l'Etat, certaines sociétés n'ont même pas payé leurs redevances, tandis que d'autres faisaient faillite à cause de leur expérience limitée dans le domaine des pêches et à cause de leur mauvaise gestion. ll a été aussi observé que ces gérants ont souvent utilisés le don pour des operations commerciales, ayant souvent un rapport très limité avec le développement des pêches. On peut également noter que la majorité (3/4) des sociétés bénéficiaires des dons n'ont pas réalisé leurs propres investissements visant à étendre leurs activités : leur souci majeur était de recevoir de nouveaux dons en matériels, équipements ou pièces détachées.

2.3. Nombre d'embarcations et leur mode d'utilisation

En 1990, la flottille artisanale comptait 100 à 105 embarcations, mais celles qui étaient opérationnelles étaient estimées à 65 unités. Parmi les embarcations exploitables, 36 sont issues du don japonais (utilisées en général par les sociétés de pêche artisanale), le reste appartient à des armateurs individuels, dont 18 à ceux d'Antsiranana et ses environs.

De ces 65 embarcations présumées en activité, la moitié seulement pratique la pêche et l'autre moitié environ ne fait que la collecte des produits de la pêche traditionnelle. L'activité des collecteurs a une influence assez limitée sur le développement de la pêche traditionnelle dans les sites enclavés. Mais cette activité se concentre essentiellement sur les produits nobles tels que crevettes, langoustes, crabes et, seulement pour quelques sites, elle concerne aussi les poissons.

Parmi les quelques 35 embarcations artisanales qui font la pêche, on peut en distinguer deux types : celles qui capturent les poissons et celles qui capturent les crevettes. Les premières utilisent comme engin de pêche, soit la palangrotte, soit le filet maillant, tandis que les deuxièmes utilisent le chalut. Tous ces bateaux sont exploités presque exclusivement sur les côtes Ouest et Nord-Ouest de Madagascar. La pêche aux poissons est pratiquée par les bateaux de la société SOGEDIPROMA à Mahajanga et par les particuliers d'Antsiranana. Le reste des bateaux (14 unités) spécialisés dans la capture de crevettes se concentre à Nosy-Be, à Mahajanga et à Morondava.

En terme d'emploi, d'après les estimations de l'année 1990, la pêche artisanale offre au total 440 postes environ.

D'après F. Raharimanana (1990) une forte partie des embarcations immobilisées peut être récupérée. ll s'agit dans la majorité des cas de pannes mécaniques. La réparation n'a pu être réalisée soit en raison de la situation financière précaire des propriétaires, soit en raison de la pénurie du stock des pièces de rechange (modèle déjà retiré de la production au Japon, manque de service après vente), enfin soit en raison de l'irresponsabilité de certains opérateurs, ce qui est surtout le cas des embaracations offertes par le Japon.

2.4. Production et rentabilité

En ce qui concerne la production, les données statistiques sont très incomplètes. Très grossièrement on peut l'estimer à 600–650 tonnes par an dont 120–160 tonnes environ de crevettes (il s'agit seulement de la capture, et non de la collecte). Quoi qu'il en soit, cette production reste très négligeable car elle ne constitue même pas 1 pour cent de la production halieutique globale de Madagascar.

Sil'on compare les chiffres recensés en 1981 par J.C. Rey (62 embarcations opérationnelles) avec ceux de 1990, on constate une stagnation dans le développement de ce sous-secteur malgré une forte injection d'investissement dans le cadre du don japonais.

Le plus inquiétant est la diminution du nombre des embarcations motorisées exploitées par les pêcheurs individuels à Antsiranana et ses environs (de 35 en 1981 à 18 en 1990), ainsi que la disparition presque totale en 1989 de ce type de pêche dans le faritany de Toamasina. Dès le début des années 80 et jusqu'en 1988, le nombre d'embarcations artisanales à Toamasina oscillait autour de 5 unités. En 1989, il n'y avait plus qu'une seule unité. L'abandon de ce type d'activité s'explique par le manque de rentabilité et par la pénurie et le prix exorbitant des pièces détachées. Ce qui est caractéristique dans ce cas, c'est que tous les deux concernent la pêche artisanale aux poissons. Ce type de pêche semble donc intéresser actuellement beaucoup moins les sociétés et les pêcheurs artisanaux. En revanche, à cause de la différence de rentabilité de ces activités, ils s'intéressent plus à la pêche aux crevettes et à la collecte.

La rentabilité de la pêche artisanale à la crevette est notoire. Elle est liée essentiellement au prix beaucoup plus élevé que celui du poisson. Par ailleurs les résultats économiques de certains opérateurs peuvent être influencés par l'appui logistique des sociétés de pêche industrielle, essentiellement en ce qui concerne l'achat rapide de pièces détachées et les réparations diverses à terre. Au contraire, les autres pêcheurs spécialisés en poissons dépendent totalement de différents commerçants et concessionnaires, qui fixent non seulement des délais de livraison de fourniture très longs mais aussi des prix très élevés.

Ce qui bloque le développement de la pêche crevettière artisanale c'est l'état d'exploitation du stock. ll est tel que la DPA, à la base des recommandations du CNRO, a adopté une politique qui limite l'octroi des licences. En conséquence, l'élargissement des activités de la pêche artisanale crevettière peut se faire, soit grâce au développement de la pêche dans la zone de 2 milles non exploitée pour le moment par les embaracations artisanales, soit au détriment de la pêche industrielle. A noter que la puissance motrice et le niveau de mécanisation limitent les opérations sur le petit fond.

La collecte est rentable lorsqu'elle est dirigée vers des produits de haute valeur commerciale tels que la langouste, la crevette et quelques poissons démersaux et moins rentable (même déficitaire, si elle est liée à une mauvaise gestion), lorsqu'elle est utilisée pour la collecte des poissons frais.

Les résultats financiers de la pêche aux poissons pourraient être positifs, à condition que l'on pratique une gestion rigoureuse de l'embarcation et de l'entreprise. Le manque d'expérience en pêche et la capacité de gestion assez limitée de la plupart des armateurs étaient à l'origine de la faillite de plusieurs projets axés sur la pêche artisanale aux poissons.

La rentabilité relativement basse de la pêche artisanale orientée vers les poissons résulte surtout du niveau du prix du poisson. Le produit est rarement exporté, donc son prix est fixé par la pêche traditionnelle qui fournit au marché local plus de 95% de produits halieutiques. ll existe donc une correspondance parfaite entre la pêche traditionnelle qui ne demande ni investissements coûteux ni coûts d'exploitations élevés, et le pouvoir d'achat limité du consommateur moyen malgache. Ainsi, la pêche artisanale aux poissons pourrait se développer dans les régions où les prix de vente du poisson frais au niveau du producteur sont plus élevés. C'est entre autre un des facteurs qui a favorisé le développement de la petite pêche motorisée à Antsiranana et ses environs. Les prix de vente ont été presque deux fois plus élevés dans cette région qu'à Morondava, à Toliara ou à Mahajanga.

Ce qui freine aussil'évolution naturelle de la pêche traditionnelle vers la pêche artisanale, c'est la rentabilité relativement importante de cette première pêcherie.

2.5. Constatations générales

Certaines constatations se dégagent de l'analyse de la pêche artisanale menée ci-dessus :


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