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ENQUETE-CADRE SUR LES PRINCIPALES PECHERIES
DES EAUX INTERIEURES MALGACHES - BILAN DIAGNOSTIC DES
CARACTERISIQUES STRUCTURELLES

par T. RAFALIMANANA - DPA

I. Introduction

Les premiers travaux en vue de tirer le bilan diagnostic des caractéristiques structurelles des pêcheries traditionnelles ont été entrepris en 1987/1988 et concernent uniquement la bande côtière Malgache. Leurs résultats ont fait l' objet d'un rapport publié au début de l'année 1989 par M.S. BELLEMANS (Rapport de terrain No4 et Cahier d'information des Pêches No1).

Afin de cerner l'ensemble des pêcheries traditionnelles, l'enquête dans les grands plans d'eaux intérieures a été menée de novembre 1988 en septembre 1989. Elle concerne les plans d'eaux suivants : (schéma-1).

la conception, la méthodologie et l'organisation de l'enquête ont été les mêmes que celles de la pêche traditionnelle côtière avec certaines modifications adaptées au milieu continental.

II. Les effectifs de pêche

En ne considérant que les principaux lacs pour lesquels l'on dispose d'informations pour les années antérieures, on peut constater en 20 ans pour l'ensemble des pêcheries, une augmentation du nombre de pêcheurs de 32% et une stabilité relative du nombre de l'effectif d'embarcation opérant sur les lacs. (tableau 1).

Schéma - 1: LOCALISATION DES PRINCIPALES ZONES DE PECHE DES EAUX INTERIEURES MADAGASCAR

Schéma - 1

Pour les engins de pêche, ce sont les filets maillants qui ont connu une nette augmentation en nombre dans tous les lacs. Par contre, les sennes de plage ont perdu leur importance jusqu'à disparaître totalement dans le cas du lac Itasy. L'utilisation de l'épervier gagne aussi sa place dans le lac Alaotra alors qu'elle est en régression dans le lac Itasy.

Il ressort des tableaux 1 et 2 que :

Tableau 1 : Effectifs de pêche des principaux lacs
(Résultats études antérieures et enquête-cadre 1988/1989)
LACSUPERFICIE 
(ha)
 ANNEENOMBRE VILLAGESE F F E C T I F S
PECHEUREMBARCATIONENGINS DE PECHE
SenneFilet maillantEpervier
Alaotra20.0001964-1.300745102777
1989671.9201.278481.0311.053
Kinkony13.9001965---105200
19881619311727800
Itasy3.5001963-700200/30063672
198833741332071023
Tsiazompaniry2.3331970-42685470
1988111447241990
Mantasoa1.3751988132376028120

III. Tentative d'estimation de la production

Une première approche d'estimation de la production annuelle a été faite sur les lacs concernés par l'enquête. Elle a été calculée à partir des effectifs de pêche et des renseignements obtenus sur la période et la fréquentation à la pêche. Ainsi, elle ne devrait pas correspondre à la réalité et leur portée pratique se limite seulement à la détection de la tendance globale de chaque pêcherie en comparant avec les études antérieures existantes (étude C.T.F.T. - Madagascar 1960 à 1970).

Tableau 2 : Effectifs de pêche des zones de pêche secondaires
(Résultats enquête-cadre 1988/1989)
REGION SUPERFICIE 
(ha)
NOMBRE
VILLAGES
EFFECTIFS
PECHEUREMBARCATIONENGINS DE PECHE
SenneFilet maillantEpervier
ANDILAMENA80916116640117204
DIDY-167050000
MITSINJO909111157119460
BEALANANAANTSOHIHY1.1216120904904
PORT-BERGE MAMPIKONY1.577815610213460
AMBATO-BOENI MAEVATANANA1.47728267159100750
ANTANETIBE (ANJOZOROBE)474201345707348
MIANDRIVAZO1.0183033523352750
BELO-SURTSIRIBIHINA3.6455281941822724930

L'observation du tableau 3 montre une diminution de capture des trois grands lacs de Madagascar : Alaotra, Kinkony et Itasy. Cependant, le désenclavement de certaines zones a fait connaître un certain regain des activités halieutiques depuis ces dernières années ; notamment dans la région de Belo-sur-Tsiribihina et de Miandrivazo.

IV. Le peuplement piscicole

Dans la majorité des plans d'eau, il ya lieu de signaler la disparition progressive des espèces autchtones, en occurence le Paratilapia pollens (“Marakely”), le Paretroplus dami (“Dama”) et le Paretroplus petiti (“Kotso”. L'existence de “Marakely” a été signalé seulement lors de cette enquête sur la rive Est du lac Alaotra et dans le lac Antsomangana (région d'Andilamena) mais de moindre importance dans la capture.

Par contre, les “Fibata” (Ophiocephalus sp.) ont connu une prolifération et une dispersion très rapide dans les plans d'eau de l'île. Toutefois, les régions d'Andilamena, de Mitsinjo, de Bealanana/Antsohihy et Mampikony/Port-Bergé en sont encore épargnés.

Les faits suivants méritent en outre d'être signalé :

V. Les principaux circuits de migration de pêcheurs dans les eaux intérieures

La tendance générale de migration de pêcheurs dans les eaux intérieures figure au schéma 2. Il s'agit en général d'une migration saisonnière ou au moins d'une immigration récente. Ces immigrants se spécialisent dans la pêche et leur installation dans la région reste précaire. Ce sont les conditions du milieu (accessibilité et crues) et les textes régissant la pêche (fermeture de pêche) qui règlent cette activité.

Globalement, on constate le flux de migration de pêcheurs, du Sud-Est (région des Betsirebaka, Tanala, Bara et Betsileo) vers le Nord-Ouest (Zone de pêche de Mahajanga, de Miandrivazo et de Belo-sur-Tsiribihina). Ce phénomène n'est pas étonnant et commun pour toute activité agricole dans le Sud-Est très peuplés où les paysans cherchent à découvrir des zones accessibles pour ses moyens de subsistance.

Tableau 3 : Capture et rendement estimés des zones de production enquêtés
LACSSUPERFICIE
(ha)
SOUREESDATESNOMBRE VILLAGECAPTURE (t/an)RENDEMENT (kg/ha/an)
ANTANETIBE697VINCKE M.1971(7lacs)5477,0
474ENQUETE-CADRE1989(4lacs)68,7145,0
ITASY3500THEREZIEN Y.1963-1400-
VINCKE M.1969-830237
MATTHES1985-625-
ENQUETE-CADRE198933284,981,4
MANTASOA1375VINCKE M.1970-55-
ENQUETE-CADRE198913187,9136,7
TSIAZOMPANIRY2333VINCKE M.1970-52-
ENQUETE-CADRE19891177,733,3
BEALANANA-ANTSIHI>1121ENQUETE-CADRE1988(4lacs)497,4443,7
PORT-BERGE/MAMPIK>1577ENQUETE-CADRE1988(4lacs)284,9180,7
KAMONJY567ENQUETE-CADRE1988828,750,6
KINKONY13900THEREZIEN et all1966-80053,3
ENQUETE-CADRE198816357,225,7
AUTRES MITSINJO>342ENQUETE-CADRE1988(3lacs)84,2127,4
AMBATO-BOENI8000THEREZIEN Y.1966(60lacs)2000250
MAEVATANANA>1477ENQUETE-CADRE1988(16lacs)569,3299,1
ANDILAMENA>809ENQUETE-CADRE198916146,460,4
ALAOTRA20000THEREZIEN Y.1964-3000/4000136 à 181,8
ENQUETE-CADRE1969673079,2154,0
DIDY ENQUETE-CADRE198916117,9-
MIANDRIVAZO>1018ENQUETE-CADRE1989(25lacs)566,4189,1
BELO-SUR-TSIRIBIH>3645ENQUETE-CADRE1989(19lacs)2812,3583,7
TOTAL>52138ENQUETE-CADRE88/893279163,1175

Le flux vers la zone de pêche de Kinkony, d'Ambato-Boéni et de Maevatanana commence actuellement à se ruiner. Ceci pourrait être dû à la régression des stocks piscicoles de haute valeur commerciale, en l'occurence à la diminution de la taille des “Damba” (Paretroplus dami) et des “Kotso” (Paratroplus petiti) au profit des “Fibata” (Ophiocephalus sp.).

Par contre, le flux vers la zone de pêche de Miandrivazo et de Belo-surTsiribihina commence à se développer, flux favorisé par la nouvelle infrastructure routière.

VI. Les principaux marchés et circuits de commercialisation des poissons d'eau douce

Une grande partie de la production est écoulée dans les grands centres de consommation de l'île, notamment sur la Capitale et/ou sur le marché d'Antsirabe pour la zone de pêche de Miandrivazo et de Belo-sur-Tsiribihina. Les produits sont acheminés en frais pour les lacs et zones de pêche proche de la Capitale et en fumés ou salés/séchés pour les lac Kinkony et Alaotra, région d'Ambato-Boéni/Maevatanana, région de Port-Bergé/Mampikony et région de Belo-sur-Tsiribihina.

Les centres de consommation secondaires tels que Tsiroanomandidy, Vavatenina et Mandritsara s'approvisionnent en poissons, généralement frais, auprès des zones de pêche avoisinante (schéma 3).

En guise de conclusion, on peut dire que l'enquête cadre a permis de mieux connaître les effectifs de pêche des principales pêcheries des eaux intérieures malgaches et de dégager leur tendance.

Il apparaît une liaison étroite entre d'une part, le rapprochement des centres de consommation et les infrastructures de transport et, d'autre part, le développement de la pêche.

Les pêcheries des eaux intérieures malgaches, par ses capacités et ses niveaux actuels d'exploitation, mérite une gestion spécifique pour chaque cas.

Schéma-2 : PRINCIPAUX CIRCUITS DE MIGRATIONS DE PECHEURS DANS LES EAUX INTERIEURES — MADAGASCAR

Schéma-2

Schéma-3 : PRINCIPAUX MARCHES ET CIRCUITS DE COMMERCIALI-SATIONS DES POISSONS D'EAUX DOUCES MADAGASCAR

Schéma-3

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