L'intérêt d'une conférence scientifique mondiale sur la biologie et l'élevage des crevettes a été reconnu depuis plus de dix ans par les chercheurs et conseils ou commissions régionaux des pêches intéressés. Les problèmes posés par la recherche crevettière étaient affrontés à l'échelon purement local, et il apparaissait fort souhaitable d'introduire une certaine coordination inter-régionale. La production mondiale de crevettes ayant progressé de 25 pour cent entre 1948 et 1958, la nécessité d'échanges de données entre scientifiques et spécialistes de l'exploitation rationnelle, de l'aménagement et de la protection des ressources crevettières est devenue manifeste. De plus, tant les instituts de recherche d'Etat que l'industrie s'intéressent davantage à l'élevage de ces animaux.
L'importance de la convocation d'une conférence internationale a été reconnue par la Conférence de la FAO à sa douzième session (1963), et son organisation, recommandée par le Comité consultatif FAO de la recherche sur les ressources de la mer (CCRRM) à sa deuxième session (février 1964), a été approuvée par la Conférence de la FAO à sa treizième session, en 1965. La Réunion scientifique mondiale sur la biologie de la sardine et des espèces voisines (Rome, 1959) et la Réunion scientifique mondiale sur la biologie du thon et des espèces voisines (La Jolla, 1962), toutes deux convoquées par la FAO, ont puissamment aidé à rassembler tous les renseignements disponibles sur les espèces exploitables et les recherches effectuées, contribuant en outre à orienter le programme de travail de la FAO dans ces domaines spécialisés. De plus, la Conférence sur la crevette, considérée par la FAO comme un appoint au Programme biologique international (PBI) a été en conséquence co-parrainée par le Comité spécialisé “Productivité des communautés marines” du PBI, relevant du Conseil international des Unions scientifiques (CIUS).
Le Gouvernement mexicain a aimablement offert de recevoir la Conférence sur son territoire, et, par l'entremise de son Ministère de l'industrie et du commerce, a fourni tout l'appui possible en matière tant d'arrangements locaux que de propagande nationale et internationale. La Conférence a pu disposer des locaux du Centre médical de l'Institut mexicain de la Sécurité sociale, ainsi que de tout le personnel de secrétariat expérimenté dont elle avait besoin.
Lorsqu'on a appris que l'International Shrimp Council (ISC) [Conseil international de la crevette] et la Shrimp Association of the Americas (SAOTA) [Association de la crevette des Amériques] devaient tenir leur réunion annuelle commune à Mexico du 8 au 10 juin 1967, on a fait en sorte que la Conférence FAO se réunisse du 12 au 21, considérant que la tenue consécutive des deux réunions, qui abordent la question de points de vue différents, mais essentiellement complémentaires, présentait des avantages tant pour les scientifiques que pour les représentants de l'industrie.
Les préparatifs de la Conférence scientifique mondiale sur la biologie et l'élevage des crevettes ont commencé au printemps de 1964. Les chercheurs s'occupant activement de recherche et d'élevage ont été priés de faire des suggestions touchant la portée et les objectifs de la Conférence, et un Groupe consultatif a été créé pour seconder la FAO dans les travaux de préparation et d'organisation. Dans le choix des membres du Groupe, dont le travail s'est effectué par correspondance, on s'est dûment attaché à ce que soient convenablement représentés tant les zones géographiques que les domaines de spécialisation. Voici la liste des membres du Groupe :
| M. E.E. Boschi (Argentine) | M. M.N. Mistakidis (Chili) 1 |
| M. D.J. Crisp (Royaume-Uni) | M. I.S.R. Munro (Australie) |
| M. E.W. Ellis (El Salvador) | M. G. de Neiva (Brésil) |
| M. M. Fujinaga (Japan) | M. M. Nikolio (Cuba) |
| M. D.N.F. Hall (Royaume-Uni) | M. H.G. Orcutt (Etats-Unis d'Amérique) |
| M. L.B. Holthuis (Pays-Bas) | M. R. Ramirez Granados (Mexique) |
| M. C.P. Idyll (Etats-Unis d'Amérique) | M. A. Rifaat (R.A.U.) |
| M. S. Jones (Inde) | M. I.A. Ronquillo (Phillippines) |
| M. J.H. Kutkuhn (Etats-Unis d'Amérique) | M. A.C. Simpson (Royaume-Uni) |
| M. A.R. Longhurst (Etats-Unis d'Amérique) | M. E. Smidt (Danemark) |
| M. M. Massuti (Espagne) | M. Tham Ah Kow (Malaisie) |
| M. K.F.W. Tiews (République fédérale d'Allemagne) |
1 Opérait alors comme spécialiste dans le cadre d'un projet PNUD/FS.
Après un échange de correspondance, il est apparu que la Conférence devait porter sur tous les aspects biologiques - y compris les méthodes de détection et les statistiques - des espèces : 1) qui font l'objet d'une pêche importante ; 2) dont on a de bonnes raisons de croire que les stocks naturels suffisent pour alimenter une pêche importante ; 3) qui font l'objet d'élevage ou paraissent s'y prêter.
L'ordre du jour définitif s'est établi comme suit, chaque question étant confiée à une section technique, pour discussion en séance plénière, à l'exception de la dernière, dont s'est occupé un groupe de travail. Pour chacune ont été désignés un convocateur et un rapporteur.
Evaluation des ressources
Cycle biologique
Physiologie et comportement
Statistiques des prises et de l'effort de pêche
Evaluation des stocks
Elevage des crevettes
Normalisation des méthodes de recherche
Etude des ressources en crustacés dans le cadre du Plan indicatif mondial (PIM) de la FAO
Les objectifs de la Conférence consistaient à effectuer un travail de récapitulation, d'étude des possibilités d'action et d'évaluation dans les domaines suivants : 1) faits scientifiques connus ; 2) lacunes existant dans les connaissances; 3) théories et concepts ; 4) méthodes et matérial ; ainsi qu'à 5) fournir une base scientifique au développement d'une puissante industrie halieutique. La Conférence devait également examiner et recommander l'orientation à donner aux études concernant la biologie, l'exploitation et l'élevage des crevettes, notamment en ce qui concerne les aspects présentant un intérêt pratique à l'échelon mondial tels que:
Identification, répartition, cycle biologique, écologie;
Paramètres de population, prospection scientifique et évaluation des stocks, fluctuations, méthodes de capture, comportement du point de vue de la capture ;
Exploitation courante, pêcheries potentielles, utilisation rationnelle ;
Problèmes spécifiques et perspectives en matière de coopération internationale ;
Moyens de mettre en oeuvre une telle action internationale.
Pour atteindre la plupart de ces objectifs, la Conférence devait disposer de la documentation appropriée, et tant les membres du Groupe consultatif que divers autres spécialistes ont été priés de préparer à l'avance des études synoptiques concernant certaines espèces, des communications faisant le point de certaines questions, des résumés régionaux, et des comptes rendus d'expériences.
