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2. RAPPORT DE LA CONSULTATION TECHNIQUE SUR L'AMENAGEMENT DES PECHERIES DES LACS EDOUARD ET MOBUTU

1. La première Consultation technique sur l'aménagement des pêcheries des lacs Edouard et Mobutu s'est tenue à Kampala (Ouganda) du 17 au 21 septembre 1990. Des délégués du Zaïre et de l'Ouganda ainsi que des observateurs étaient présents à cette Consultation technique. Le Secrétariat de la Consultation était assuré conjointement par des membres de la FAO (projet PPEC) et de la Commission économique pour l'Afrique (CEA-JEFAD). La liste des participants est présentée en annexe 1.

2. Le Secrétaire permanent du ministère de l'élevage et des pêches d'Ouganda (MAIF), Mr. J. Bushara, a présidé la cérémonie d'ouverture au nom de son Excellence le professeur G.M. Kanganyera, Ministre de l'élevage et des pêches et en présence de son Excellence, Mr. H.E. Mzapa Kengo, Ambassadeur du Zaïre en Ouganda. Cette cérémonie d'ouverture a été suivie par une allocution du représentant de la FAO en Ouganda, Mr. A. Khalil.

3. Le Directeur des pêches d'Ouganda, Mr. E. S. Kanyike, et le Directeur national des projets pêche du Zaïre, Mr. Sabuni Kasereka, ont été élus respectivement Président et Vice-président. La Consultation technique a adopté l'agenda présenté en annexe 2.

2.1. LES RESSOURCES DES LACS MOBUTU ET EDOUARD ET LEUR EXPLOITATION

- Le lac Mobutu

4. La situation des ressources du lac Mobutu et de leur exploitation a été présentée par Mr. T.O. Acere sur la base du document 1. Cette présentation a été complétée par des interventions du Secrétariat sur la base des documents 2, 3, 4 et 5. Ceci a permis à la réunion de noter les points suivants:

5. La production maximale équilibrée (PME) du lac telle qu'estimée dans le passé (annexe 3) doit encore être confirmée.

6. La production annuelle zaïroise serait d'environ 13.000 tonnes et celle de l'Ouganda d'environ 10.000 tonnes. Globalement, le lac ne semble pas surexploité. Les données statistiques disponibles ont tendance à surestimer le taux d'exploitation, certains poissons étant comptabilisés deux fois: en Ouganda lors de leur capture et au Zaïre lors de leur vente.

7. Par ailleurs, l'énorme écart possible, existant entre les estimations minimale et maximale du potentiel du lac laisse planer un doute sur la fiabilité de ces estimations. Dans ces conditions, il est très difficile de se prononcer sur son niveau d'exploitation effectif.

8. Trois espèces majeures constituent 85% des captures sur la totalité du lac: les Hydrocynus (35%), les tilapias (25%) et les Lates (25%). On remarque une part plus importante des tilapias dans les captures zaïroises (le double), et une situation inverse pour les Hydrocynus.

9. On observe l'utilisation illégale de sennes de plage, ainsi que l'exercice de la pêche dans les zones de frayères. Ceci est préjudiciable à la reproduction/croissance de certaines espèces (e.g. tilapias) et la Consultation a jugé cette situation préoccupante.

10. L'effort de pêche est concentré dans la zone côtière du lac et dans un nombre limité de points de débarquements situés à proximité des grands centres de commercialisation. La Consultation technique a noté qu'actuellement peu d'informations précises existaient sur l'exploitation des ressources des eaux profondes.

- Le lac Edouard

11. La situation des ressources du lac Edouard et les caractéristiques de son exploitation ont été présentées par Mr. J.R. Kamanyi sur la base du document 6. Cette présentation a été complétée par le Secrétariat sur la base des documents 3, 4, 5 et 7. Ceci a permis à la Consultation de noter que:

12. Les études de potentiel paraissent plus fiables que celles concernant le lac Mobutu: toutes ces études convergeant vers une production maximale équilibrée se situant entre 15.000 et 16.000 tonnes.

13. La production est d'environ 14.000 à 15.000 tonnes, dont 12.000 tonnes pour le Zaïre et 2.000 à 3.000 tonnes pour l'Ouganda. L'exploitation du lac est donc parvenue à un niveau maximal.

14. Seules cinq espèces majeures font l'objet d'une exploitation commerciale: les tilapias (60% des captures), les Bagrus (19%), les Protopterus (12%), les Clarias (3%) et les Barbus (3%). Ces pourcentages reflètent la ventilation des captures zaïroises; du côté ougandais, l'importance relative du tilapia est moindre (environ 40%).

15. La Consultation s'est inquiétée de l'apparition de certains signes de surexploitation tels que la diminution de la taille moyenne des captures pour les tilapias, et la diminution des rendements en général pour les filets maillants. Les sennes de plage ont été retirées en 1988 du côté ougandais, et en 1989 du côté zaïrois.

16. La qualité des données statistiques sur l'effort de pêche et les captures est affectée par la faiblesse des moyens dont disposent les administrations concernées ainsi que par la pêche illégale et l'importance de l'autoconsommation.

17. La Consultation a noté que pour les deux lacs, les réglementations des pêches étaient mal comprises et rarement respectées par les pêcheurs, les autorités responsables manquent des moyens nécessaires pour les faire comprendre et respecter.

18. Elle a également observé que les connaissances disponibles étaient largement insuffisantes pour permettre une gestion correcte des pêcheries. La recherche au cours des quinze dernières années a été limitée et très fragmentaire. De même, la collecte des statistiques reste insuffisante et ses résultats peu signifiant.

19. La situation actuelle des ressources des deux lacs et de leur exploitation a amené la Consultation à considérer comme prioritaire une réflexion sur les statistiques, la recherche et l'aménagement. En conséquence la Consultation a décidé de constituer trois groupes de travail qui pour chacun de ces thèmes ont été chargés de faire un bilan de la situation et de formuler des propositions devant servir de base à la suite des débats de la Consultation. Les conclusions des groupes de travail telles que modifiées et adoptées par la Consultation technique sont présentés dans les sections 2.3. à 2.5. du présent document.

2.2. LA TRANSFORMATION ET LA COMMERCIALISATION

20. Les caractéristiques de la transformation et de la commercialisation ont été présentées par Mr. C.M. Dhatemwa sur la base du document 8 pour la partie ougandaise, et par Mr. Bete da Sembali sur la base du document 9 pour la partie zaïroise. Ces présentations ont été complétées par le Secrétariat (document 10 et 11).

21. Pour le Lac Mobutu, et dans une moindre mesure pour le lac Edouard, une partie importante des captures est transformée avant commercialisation. L'importance de la transformation est directement liée au mauvais état des voies de communication. Les techniques, utilisées sont le salage-séchage, le fumage et, dans une moindre mesure, le saumurage.

22. La Consultation a noté que les poissons traités étaient souvent de mauvaise qualité et que les pertes après capture étaient importantes dans de nombreux endroits. Elle a recommandé en conséquence que les méthodes de transformation existantes soient améliorées afin d'assurer une meilleure conservation des produits et de faciliter leur commercialisation.

23. La Consultation a noté qu'une relation importante pourrait exister entre le nombre d'hippopotames présents dans le lac et l'abondance des poissons. Elle a donc recommandé qu'une étude soit réalisée sur la fertilisation du lac par les hippopotames, ainsi que sur la corrélation hippopotames-poissons.

24. Il a été remarqué que la technique de fumage impliquait une forte demande en bois et que ceci était difficilement compatible avec la préservation des ressources forestières, notamment dans les parcs nationaux.

25. Une amélioration des techniques de fumage ainsi qu'un effort de reforestation aux environs des parcs nationaux ont été préconisés.

26. La Consultation a particulièrement insisté sur la nécessité d'une approche globale intégrée de l'ensemble de l'éco-système lacs/réserves naturelles dans ses dimensions humaine, sociale, économique, faunique et florale, l'ensemble constituant une entité unique et d'équilibre fragile. Le cas des hippopotames et des besoins en bois de fumage sont des exemples particulièrement frappants à cet égard.

27. Concernant la commercialisation, le problème majeur des deux pays est la difficulté d'écoulement rapide du poisson frais, vu l'enclavement de la plupart des débarcadères et l'état largement dégradé des routes.

28. Les représentants ougandais ont fait remarquer que la pêche, la commercialisation et l'exportation étaient réglementées par le biais de licences. Toutefois, les données officielles ne font ressortir qu'une partie négligeable de l'exportation réelle vers le Zaïre.

29. La Consultation a constaté qu'une large majorité de la production ougandaise était distribuée au Zaïre, soit via la frontière lacustre, soit par voie terrestre à travers des marchés frontaliers.

30. Le Zaïre a une très forte tradition de consommation de poissons d'eau douce à la différence de ses pays frontaliers, d'où l'influence majeure des importations zaïroises sur l'ensemble de la production des zones limitrophes.

31. De plus, la remarquable montée en puissance des pêcheries du lac Victoria au cours de la dernière décennie a profondément bouleversé les schémas traditionnels de commercialisation du poisson dans l'ensemble de l'Est africain. Ainsi, les circuits traditionnels qui amenaient les poissons des lacs Edouard et George vers les principaux points de consommation autour du lac Victoria se sont retrouvés inversés.

32. La Consultation a constaté que l'enclavement et l'isolement de tous les circuits de communication traditionnels du fait de la dégradation du circuit routier dominent très largement les problèmes d'exploitation de ces lacs, au niveau:

La Consultation a donc fortement recommandé que les administrations responsables du secteur routier de chaque pays soient pleinement mises au courant de l'importance de ce facteur absolument primordial pour le développement des pêches.

33. La Consultation a recommandé pour tout futur projet de développement des pêches, d'accorder une priorité à la réhabilitation ou à la construction de routes secondaires vers les sites de débarquement, afin de rendre les pêcheries accessibles aux commerçants durant toute l'année.

2.3 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LES STATISTIQUES

34. Au cours de ses délibérations, le groupe de travail a souligné le rôle crucial que jouaient les données statistiques dans toute prévision de développement, et particulièrement pour la gestion des pêcheries de la région.

35. Avant toute chose, il a été remarqué que l'actuelle récolte des données aussi bien dans un pays que dans l'autre restait insuffisante et inadéquate tant dans la consistance que dans la précision; ceci diminue considérablement l'utilité de telles données dans l'élaboration des décisions de gestion.

36. En conséquence, il existe un besoin, bien défini dans les deux pays, de mettre rapidement en place des programmes et des stratégies d'action pour améliorer la collecte des données afin de produire des résultats communs permettant un suivi et une gestion effective des deux lacs. Le groupe de travail a présenté les résultats suivants:

37. Production d'un tableau de séries temporelles ayant trait aux captures et à leur évolution dans ces pêcheries de 1953 à 1989; et d'un tableau faisant ressortir les principales données de ces lacs dans chaque pays, notamment l'effort de pêche exprimé en nombre d'embarcations. (Voir annexe 3).

38. Afin d'avoir des séries statistiques homogènes et comparables entre les deux pays, le groupe de travail a défini un certain nombre de variables statistiques pertinentes et leur terminologie. Ces définitions une fois précisées et acceptées, un formulaire devant être utilisé pour compiler les informations analysées dans la région a été élaboré. Les contraintes dans l'usage de ces terminologies communes au niveau national ont aussi été soulignées.

39. Les recommandations ont été divisées en deux catégories: recommandations spécifiques et recommandations générales.

Les recommandations spécifiques ont été réparties entre:

40. Les recommandations générales concernent essentiellement les outils statistiques, les stratégies de gestion, le renforcement de la qualification des hommes et tous les autres aspects nécessaires à l'amélioration des performances des statisticiens dans leur travail, ainsi que le développement des facilités pour le partage de l'information, dans le cadre d'une coopération régionale.

Recommandations du groupe de travail sur les statistiques

- Inventaire de la situation.

41. Il est recommandé que chaque pays entreprenne au moins tous les trois ans un recensement des différents paramètres humains des pêcheries concernées. Si possible, l'actualisation de ces données sera faite annuellement à l'aide d'un échantillonnage approprié.

42. Il est ainsi recommandé que ce recensement prenne en compte au minimum les éléments suivants:

  1. les sites de débarquement;
  2. les pêcheurs;
  3. les embarcations de pêche par type; et
  4. les engins de pêche par type.

- Suivi de l'évolution des captures (SEC)

43. Il est fortement recommandé qu'une augmentation significative de l'appui à ce secteur soit donnée à la fois par les gouvernements nationaux et par les différents bailleurs de fond. Cet appui aux services nationaux des statistiques de pêche doit permettre de développer le suivi de l'évolution des captures (SEC) sur des bases plus solides et durables.

44. Chaque pays devrait s'engager à produire annuellement un récapitulatif des captures effectuées sur les lacs Edouard et Mobutu, suivant le formulaire arrêté au cours de ce séminaire et présenté en annexes 4 et 5. Ces récapitulatifs annuels pourraient être discutés au cours d'une réunion annuelle rassemblant les spécialistes des deux pays, et finalisés pour publication.

45. Des réunions régulières entre les départements nationaux des pêches et les instituts de recherche des deux pays doivent être encouragées afin d'analyser et de comparer tant les niveaux des captures que les méthodes de collecte des données.

46. Les séries statistiques devront être suivies sur des périodes suffisamment longues et continues afin d'avoir une vision réaliste de l'évolution de ces pêcheries.

47. Enfin, la collecte des données statistiques devrait être le plus possible éloignée de tout système de calcul de taxation fiscale, qui pervertit profondément la qualité des données.

- Suivi socio-économique

48. Il est recommandé qu'une attention particulière soit portée au niveau du système de suivi national sur les points suivants:

  1. les transports de poisson, tant par bateau que par route; et
  2. le nombre et le type des mareyeurs et transformateurs de poisson opérant tant sur les sites de débarquement que sur les marchés.

49. Un effort particulier doit être mené afin de standardiser les procédures d'échantillonnage et d'exploration du secteur afin de mieux comptabiliser et suivre les activités de vente dans les marchés marginaux.

50. Il est proposé que des actions importantes d'échantillonnage statistique couvrant l'ensemble des dimensions socio-économiques de l'industrie de la pêche soient entreprises régulièrement dans chaque pays, et ceci à des intervalles de 3 à 5 ans.

51. Ces actions périodiques pourraient notamment suivre l'évolution des points critiques de la filière que sont les sites de débarquement, les marchés, l'organisation et la rentabilité des entreprises de mareyage ainsi que l'évolution du comportement des consommateurs.

- Recommandations d'ordre général

52. Il est recommandé que des formations soient mises en place pour:

53. Pour améliorer l'efficacité du suivi entrepris, il est recommandé que des moyens logistiques soient mis en place, notamment au niveau du transport, du traitement des données et des équipements de terrain.

54. Afin de couvrir financièrement les dépenses précédentes ainsi que celles entraînées par l'augmentation et la formation du personnel de statistique, il est recommandé qu'individuellement chaque gouvernement analyse les voies et moyens pour augmenter les allocations budgétaires des départements concernés.

55. Il est recommandé que la coopération régionale soit fortement encouragée. Ceci pourrait se faire de plusieurs manières, notamment dans le cadre d'une organisation régionale bilatérale qui devrait être créée par l'Ouganda et le Zaïre dans ce secteur, et en s'appuyant sur le projet PPEC basé au Burundi. Les différents bailleurs de fonds devront être contactés afin de faciliter la mise en place de l'énsemble de ces recommandations.

56. Enfin, afin de faciliter cette coopération bilatérale, il est recommandé que soit nommé au niveau de chaque pays un responsable coordinateur des statistiques.

2.4 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LA RECHERCHE

57. Il est clair que la recherche est une nécessité pour l'élaboration de plans de développement et la définition des mesures de gestion. Les deux délégations ont identifié les secteurs où des travaux de recherche s'imposaient en priorité; ces secteurs sont:

- Evaluation des stocks

58. Du côté zaïrois, une évaluation indirecte du stock basée sur le suivi des captures des pêcheurs s'impose afin de suivre les tendances générales. Au contraire, du côté ougandais les deux lacs demandent une évaluation directe du stock pêchable. Dans tous les cas l'évaluation du stock dans les deux pays doit se concentrer sur les points suivants:

  1. la taille du stock;
  2. le mode de répartition;
  3. la distribution de fréquences de tailles;
  4. la taille de première maturité des stocks récoltables; et
  5. le sexe ratio.

- Technologie des pêches

59. L'expérimentation des engins de pêche doit permettre la détermination des caractéristiques optimales de ceux-ci, notamment quand à la taille des mailles pour les filets maillants.

- Biologie et écologie des espèces de poissons

60. Une étude de la biologie et de l'écologie des espèces exploitées dans les deux lacs doit être poursuivie notamment sur les sujets suivants:

  1. les espèces d'Haplochromis, actuellement considérées par les pêcheurs locaux comme commercialement négligeables;
  2. les espèces commerciales principales;
  3. les espèces de poissons en régression; et
  4. les relations trophiques et les différents habitats tels que les zones côtières de faible profondeur, les estuaires des rivières et les eaux profondes.

- Limnologie

61. Afin de mieux comprendre les pêcheries et leur évolution, des études limnologiques s'imposent dans le secteur ougandais du lac Edouard. Elles devraient inclure:

  1. les qualités physico-chimiques des eaux lacustres;
  2. l'évaluation et le suivi de la production primaire;
  3. l'analyse de la dynamique des sels biogènes;
  4. le suivi des polluants tels que le cuivre, le cobalt, le pétrole et différents polluants agricoles; et
  5. l'eutrophisation provoquée par les hippopotames.

- Analyse socio-économique de l'industrie de la pêche

62. Des domaines où l'investigation socio-économique pourrait être menée en collaboration et en coordination entre les deux pays, à travers leurs administrations chargées des pêches, ont été identifiés. Ces investigations devraient servir à l'information de base aussi bien qu'à l'évaluation du caractère approprié de certaines améliorations techniques. Ainsi, ces études devraient inclure:

  1. les caractéristiques générales des pêcheries:

    1. Collecte d'informations signifiantes sur un certain nombre de caractéristiques socio-économiques des opérations de pêche, des pertes après capture et des communautés de pêcheurs. Notamment la situation des sites de débarquement, des zones de manipulation du poisson, des zones de transformation, des emplacements de vente, ainsi que toute autre infrastructure ou sociale à la disposition des communautés de pêcheurs;

    2. évaluation du rapport coût/bénéfice tant au niveau de la capture que du secteur aval; et

    3. pour le secteur aval, collecte des données concernant: les espèces vendues, la qualité des produits, les prix, les quantités de produits mis en vente, les sources des intrants et les marchés de destination (incluant les préférences et les contraintes des marchés).

  2. les villages de pêcheurs:

    La gestion efficace et la planification du développement de ces villages doit s'effectuer en tenant compte des perspectives de la communauté locale y résidant. Ainsi, les analyses menées devraient permettre d'être utilisées lors des conflits pour l'affectation de la ressource.

  3. l'évaluation et l'amélioration des méthodes de transformation du poisson:

    1. Le travail devra principalement porter sur la mise en place de techniques mieux adaptées, et notamment sur l'amélioration des techniques de fumage; et

    2. des opérations pilotes pour tester et améliorer ces techniques de fumage devraient être réalisées directement dans les villages, afin d'y démontrer leur viabilité.

  4. une étude pour l'amélioration des embarcations de pêche et de transport de poissons: des études seront encouragées afin d'améliorer la sécurité et la performance de ces embarcations.

- Contraintes de la recherche

63. Les contraintes identifiées par le groupe de travail sont les suivantes:

  1. Les financements insuffisants du secteur de la recherche sont dans les deux pays la contrainte majeure;

  2. dans les deux pays, les institutions de recherche spécialisées dans ce secteur sont situées fort loin de cette zone. Il existe une claire nécessité d'établir une sous-station près de ces lacs; et

  3. les échanges en matière de résultats de recherche, ainsi que sur les stratégies de gestion et de développement mises en place, ont toujours été difficiles. Aussi, des rencontres régulières ont été recommandées, ainsi que la création d'une sous-commission pour la collaboration bilatérale, dont l'idée a été acceptée par les deux délégations. Celle-ci devrait être encouragée par les deux gouvernements et des donneurs extérieurs.

- Besoins en personnel

64. il existe un incontestable besoin de spécialistes formés en biologie de pêche et en limnologie pour l'Université de Kisangani et l'Institut CRSN se trouvant au Zaïre. Dans le même temps, on a remarqué que l'UFFRO avait plus de personnel qualifié et nécessitait donc moins de formation pour son personnel à l'heure actuelle.

- Expertise technique

65. La Consultation a noté l'importance de la recherche faite à l'Université de Makerere, à l'UFFRO ainsi qu'à l'Institut d'écologie de Mweya (Ouganda) concernant les pêcheries du lac Edouard. Du côté zaïrois, deux institutions, nommément l'IZCN à Lulimbi et le SENADEP à Kinshasa sont prêtes à assister les chercheurs dans le secteur zaïrois des deux lacs.

2.5 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DU GROUPE DE TRAVAIL SUR L'AMENAGEMENT ET LE DEVELOPPEMENT

66. Le groupe de travail sur l'aménagement et le développement s'est accordé sur le fait que les points suivants constituent la base de l'effort d'aménagement à entreprendre:

  1. il existe un besoin impérieux d'aménagement pour assurer la pérennité de la ressource naturelle;

  2. du fait que le poisson de ces lacs est une ressource partagée, celle-ci doit être gérée de façon conjointe par les états riverains; et

  3. la stratégie d'aménagement des pêcheries doit être appliquée aux pêcheries actuelles qui sont, de chaque côté, de type artisanal.

67. Le groupe de travail a souligné que son rapport devait couvrir l'aménagement et le développement de l'ensemble de la filière pêche, à savoir la pêche proprement dite, la transformation, la commercialisation ainsi que le renforcement de la législation.

68. L'examen des philosophies d'aménagement ougandaise et zaïroise pour les lacs Edouard et Mobutu a porté séparément sur les points suivants:

  1. la stratégie de développement propre à chaque lac; et

  2. les points communs et les différences entre les stratégies des deux pays.

69. La situation du lac Edouard au sein de deux parcs nationaux, à savoir le Queen Elisabeth National Park (Ouganda) et le Parc national des Virunga (Zaïre) a imposé des mesures particulières d'aménagement, notamment le contrôle de l'effort de pêche, des pêcheries et des communautés de pêcheurs de ce lac.

70. La pêcherie ougandaise du lac Edouard est organisée comme suit:

  1. seuls cinq villages de pêcheurs sont autorisés par la réglementation, à savoir: Kayanja, Katwe, Kazinga, Kisenyi et Rwenshama;

  2. le nombre d'embarcations est limité actuellement à 248 pirogues;

  3. les contours des villages de pêcheurs sont matérialisés et l'extension de ces villages au-delà des limites actuelles est interdite; et

  4. chaque pirogue n'est autorisée à utiliser que 10 filets maillants de 26 mailles de chute et de 90 m de long au maximum, ou une palangre de 100 hameçons.

71. Les caractéristiques de la pêcherie zaïroise du lac Edouard sont les suivantes:

  1. trois villages de pêcheurs sont autorisés, à savoir, Vitshumbi, Kyavinyonge et Nyakakoma. Les contours de ces villages sont également délimités;

  2. seules 700 pirogues sont autorisées à pêcher sur le lac; et

  3. le nombre de filets et de palangres par pirogue n'est pas limité.

72. Le rapport des nombres de pirogues autorisées dans les deux pays correspond à peu près aux proportions des eaux nationales.

Pays% SurfacePirogues
Ouganda27248
Zaïre73700

Néanmoins, l'Ouganda a noté un grand nombre de pirogues (approximativement 200) non enregistrées, lors du dernier recensement. Le Zaïre n'a pas noté de pirogues illégales.

73. Concernant les techniques de pêche:

  1. en Ouganda, les seuls engins de pêche autorisés sont des filets maillants de 5" (127mm) de maille étirée minimum, et des palangres ancrées;

  2. au Zaïre, le maillage minimum est le même. On utilise aussi des palangres. Des sennes de plage étaient utilisées dans le passé, mais elles ont été interdites en 1989. Une unité de pêche semi-industrielle à la senne tournante est actuellement en cours d'expérimentation. Toute autre technique de pêche est interdite.

74. Réserves de pêche: l'Ouganda n'a pas de zone interdite pour protéger les frayères et les nurseries sur le lac Edouard. Mais pour des raisons d'aménagement, le Ministre peut interdire la pêche dans n'importe quelle zone. De son côté, le Zaïre a localisé et délimité des zones de frayères et de nurseries. La pêche dans ces zones est interdite par la loi.

75. Poissons immatures: les deux pays interdisent la capture et la commercialisation des poissons immatures.

76. La réglementation sur le lac Mobutu

  1. Les ressources piscicoles du lac Mobutu sont soumises à un régime de libre accès en Ouganda comme au Zaïre. Il n'y a aucune limitation sur le nombre de sites de débarquement, de pirogues et d'engins de pêche par pirogue opérant sur le lac. La maille minimale est de 2,5" (60 mm) dans les deux pays. L'Ouganda a récemment interdit l'utilisation des sennes de plage, des sennes tournantes et du chalutage. Le Zaïre a également décidé d'éliminer les sennes de plage. Il faut noter qu'une unité utilisant la senne tournante opère actuellement à titre expérimental dans les eaux zaïroises;

  2. Frayères: la législation ougandaise interdit la pêche dans les lagons et certaines baies peu profondes qui contiennent des frayères et des nurseries; de même, le Zaïre a identifié et délimité des zones de frayères où la pêche est interdite.

77. Structures d'administration des pêches et contrôle de la réglementation:

  1. Ouganda:

  2. Zaïre:

78. Les agents de terrain en Ouganda et au Zaïre sont chargés des activités suivantes:

  1. assistance et encadrement;
  2. collecte de statistiques;
  3. contrôle du respect de la législation; et
  4. pêche expérimentale et travail de développement.

79. L'encadrement administratif des lacs Edouard et Mobutu est le suivant:

  1. Ouganda:

    1. deux fonctionnaires régionaux des pêches ayant des bureaux à Panyimur et Masindi;

    2. deux fonctionnaires des pêches de district ayant des bureaux à Hoima et Fort Portal;

    3. les villages de pêcheurs sont au nombre de 174, dont seulement 8 sites de débarquement importants;

    4. des agents sont chargés du lac Edouard, mais l'équipement y est minimal: par exemple, il n'y a aucun moyen de transport, ni routier, ni lacustre. Le projet FAO/UNDP/UGA/87/007 actuellement en cours permet d'espérer un approvisionnement en équipements tels que des véhicules légers, des moteurs hors-bord et des pirogues.

  2. Zaïre:

    La rive Ouest du lac Mobutu est divisée en trois zones, chacune disposant d'un fonctionnaire qui est assisté par des agents de terrain chargés des tâches suivantes:

    1. encadrement et assistance; et
    2. contrôle et répression.

Recommandations du groupe de travail sur l'aménagement et le développement

80. Le groupe de travail a fait les recommandations suivantes:

  1. Des informations devraient être collectées sur:

    1. l'effort de pêche (nombre de villages de pêcheurs, de pirogues et d'engins de pêche); et
    2. les stocks de poissons.

  2. La réglementation du nombre de pirogues autorisées, de leur type, du nombre et de la taille de leurs engins de pêche doit être harmonisée; l'utilisation des sennes de plage doit également être proscrite.

  3. Les zones protégées contenant des frayères et des nurseries devraient être contrôlées.

  4. Les administrations des pêches des deux lacs devraient recevoir un soutien financier plus important.

81. Le groupe de travail a noté que les stocks profonds ne sont presque plus exploités. Le Zaïre a fait part de son intention de réhabiliter progressivement la flotte de senneurs qui exploitaient ces ressources dans le temps.

Compte tenu de la fragilité des ressources, du manque de recherches et de connaissances récentes sur les stocks du lac et de la dépendance d'un grand nombre de pêcheurs artisanaux vis-à-vis de ces ressources, le groupe de travail a recommandé:

  1. qu'une priorité importante soit accordée à la mise en oeuvre d'un projet commun d'évaluation de la ressource exploitable, afin de fournir des bases à l'exploitation rationnelle de l'ensemble de ces stocks; et

  2. que la réhabilitation progressive de la pêcherie semi-industrielle soit prudente et soigneusement encadrée.

82. Contrôle: En ce qui concerne le contrôle, il est recommandé que les fonctionnaires responsables fassent strictement respecter la réglementation. A cet égard, il serait souhaitable que les fonctions d'encadrement et de contrôle soient séparées, afin de ne pas être assumées sur le terrain par un seul et même fonctionnaire.

83. Développement: Cet aspect très important et vaste a été examiné, brièvement à cause des contraintes de temps, mais avec attention.

Il a été recommandé que les futurs plans de développement soient ciblés sur les domaines suivants:

  1. les aspects qui permettraient une augmentation de la production de poissons;

  2. le développement de produits afin, entre autres, de réduire les pertes après-captures;

  3. le renforcement des administrations des pêches, le développement des approvisionnements en équipement des agents d'encadrement et de leurs possibilités de formation;

  4. le développement des infrastructures (routes d'accès, ateliers de traitement du poisson etc…); et

  5. le renforcement de la participation des communautés locales à la prise des décisions concernant le développement, la planification et l'aménagement du secteur au niveau de la base.

2.6. PRIORITES ET BESOINS EN MATIERE D'ASSISTANCE TECHNIQUE ET FINANCIERE

84. La Consultation technique a passé en revue un certain nombre de propositions de projets préparé dans les deux dernières années par la FAO et la CEA. L'un de ces projets proposait une approche globale et régionale du développement et de l'aménagement des pêcheries pour les deux lacs. D'autres projets préparés pour la partie zaïroise du lac insistaient sur:

  1. un renforcement institutionnel pour l'aménagement du lac Edouard;
  2. un développement de la pêche semi-industrielle sur le lac Mobutu; et
  3. un besoin d'une recherche régionale coordonnée pour les deux lacs.

85. La Consultation technique a noté que ces projets reflétaient les grandes lignes de priorité de leurs conclusions et de leurs recommandations.

86. La Consultation technique a réaffirmé l'importance de la collaboration régionale dans le domaine de l'aménagement des pêches et son entier soutien à la création d'une sous-commission conjointe pour l'aménagement des pêcheries des lacs Edward et Mobutu. La création d'une telle sous-commission a déjà été agréée par la Grande commission mixte existant entre le Zaïre et l'Ouganda, lors de la dernière réunion en avril 1990. Les deux délégations se sont entendues pour finaliser les fonctions de cette sous-commission le plus rapidement possible.

Comme reflété dans les conclusions des groupes de travail, il a été noté qu'un certain nombre de points devaient être pris en compte à un niveau régional. Cela implique 4 points clés qui sont présentés ci-dessous par ordre de priorité.

Priorités adoptées par la Consultation concernant les interventions régionales

- Renforcement institutionnel

87. Les besoins de renforcement des institutions se font particulièrement sentir au niveau du lac Edouard où la situation de surexploitation probable des ressources demande une gestion particulièrement ferme des pêcheries.

D'une façon générale, les institutions concernées sont dépourvues des moyens nécessaires pour assumer ce rôle tant au niveau du contrôle, qu'au niveau du suivi de l'exploitation.

Si une action rapide et ferme n'est pas entreprise rapidement, il y a un risque d'aboutir à une surexploitation des ressources et, par voie de conséquence, à un bouleversement socio-économique qui aura de fortes répercussions sur les réserves associées au lac.

- La recherche

88. Les besoins en matière de recherche sur l'évaluation des stocks se font particulièrement sentir sur le lac Mobutu où aucune étude systématique n'a été effectuée sur ce sujet. En conséquence, la recherche concernant l'évaluation des stocks doit être considérée comme prioritaire dans ce domaine.

Au-delà de ce sujet, les autres aspects de la recherche seront:

- Formation

89. La formation sera orientée en fonction des objectifs visés par les projets. Elle se fera principalement à l'Institut ougandais, Fisheries Training Institute, spécialisé en biologie aquatique et en collecte de statistiques de pêche. La Consultation technique a noté l'importance de l'éducation des communautés de pêcheurs afin de faciliter leur entière participation dans l'aménagement et le contrôle.

- Statistiques

90. Comme il a été défini plus avant dans ce document, la collecte et le traitement des statistiques de pêche sont l'une des bases fondamentales dans la prise de décision en matière de gestion des pêcheries.

Le développement des échanges, l'harmonisation des techniques de collecte et de traitement des données, au travers des institutions communes créées pour la gestion de ces lacs, devront être développés suivant le cadre et les priorités définis précédemment dans ce document.

Priorités adoptées par la Consultation concernant les interventions nationales

91. Il devrait être développé, au niveau national une série d'actions et de projets qui accompagnent et renforcent le projet régional proposé, notamment dans les secteurs:

Au niveau national, des projets répliques pourront être développés sur des sujets communs.


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