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4. RESULTATS

4.1 Prospections effectuées

4.1.1 Avant 1989

Six campagnes de prospections acoustique ont été effectuées entre novembre 1984 et mars 1987. Le TABLEAU 3 résume les résultats de ces prospections (LAMBOEUF, 1989a).

Durant cette période le programme de recherche biologique tenait une part modeste dans l'activité du projet, c'est pourquoi les prospections acoustiques ont été effectuées avec un matériel limité et en utilisant une technique rudimentaire et manuelle de comptage des échos de poissons sur les enregistrements (JOHANNESSON, 1985; REUSSENS, 1986, 1987). Seule la prospection de février 1986 a fait usage d'un échointégrateur, mais le traitement a été effectué à Lowestoft Royaume Uni. On comprendra ainsi que les résultats aient pu être influencé en fonction de la subjectivité des divers observateurs.

Les prospections n'ayant pas toutes couvert le lac Kivu dans son ensemble, on a dû procéder à des extrapolations sur la base de la superficie relative des eaux rwandaises et zaïroises, ce qui ajoute encore un élément supplémentaire de variabilité.

On remarque la variabilité importante des estimations de biomasse et si l'on met à part l'estimation de février 1986 (10.163 tonnes) prospectée avec un sondeur différent et traitée au laboratoire de Lowestoft Royaume Uni (HOOD, 1987) qui est très au dessus des autres estimations. on obtient une valeur moyenne autour de 6.900 tonnes.

TABLEAU 3 Résultats des prospections acoustiques effectuées de novembre 1984 à mars 1987

Prospectionnov 84mars 85juin 85fev 86sept 86mars 87
Date14–16/nov/8419–21/mar/8523–26/jun/857–11/fev/8619–26/sep/8610–17/mar/87
SondeurELAC LAZ 72ELAC LAZ 72ELAC LAZ 72SIMRAD EY-MELAC LAZ 72ELAC LAZ 72
Fréquence50 kHz50 kHz50 kHz70 kHz50 kHz50 kHz
Puissance1000 W1000 W1000 W-1000 W1000 W
Echointégrateurnonnonnonouinonnon
Région prospectéeRwandaRwandaRwandaRwandaRwanda ZaïreRwanda Zaïre
Biomasse en tonnesRwanda Zaïre Total3046     2386     2847     4065   2631 (43%)3148 (40%)
4569 **3779 **4271 **  6098 **3525 (57%)4721 (60%)
7615 **5965 **7118 **10163 **6154 (100)7869 (100)
Surface* en Milles2Rwanda Zaïre total388,2371,7371,6344,1245,4235,3
----348,4328,0
----593,8563,3
Densité en kg/haRwanda Zaïre Total  22,9  18,7  22,3  34,3  31,3  39,0
----  29,5  42,0
----  30,2  40,0

* Surface effectivement occupée par le poisson ( 1 Mille2= 343 ha)
** Extrapolation sur la base d'une répartition de la biomasse de 40% au rwanda et 60% au zaïre

4.1.2 Après 1989

Après la mise en place d'un structure renforcée et l'acquisition du matériel de prospection acoustique de dernière génération décrit plus haut, un programme de prospection a été mis en place pour répondre au besoin d'évaluation du stock de L. miodon par une méthode directe.

Pour les quatre prospections entre avril 1989 et mai 1990, les chiffres indiqués dans le présent document diffèrent de ceux publiés dans les rapports traitant individuellement de chaque prospection (JOHANNESSON et LAMBOEUF, 1989; LAMBOEUF, 1989b, LAMBOEUF et al., 1990a et 1990b) car comme il a été indiqué plus haut, les paramètres de croissance du L. miodon et ceux de la conversion des forces d'écho en tailles de poisson ont été révisés et actualisés. Pour les trois autres prospections entre novembre 1990 et juin 1991, les rapports individuels tiennent déjà compte des paramètres révisés (LAMBOEUF, 1991; MUTAMBA et LAMBOEUF, 1991; MUTAMBA et MULINDABIGWI 1991)

Le TABLEAU 4 indique le nombre et la date des prospections effectuées à ce jour, elles ont toutes couvert la totalité du lac.

4.2 Abondance

Le TABLEAU 4 et la FIGURE 6 présentent les diverses évaluation de l'abondance du L. miodon au cours des prospections successives.

TABLEAU 4 Résultats des prospections acoustiques effectuées à partir d'avril 1989

ProspectionAVR 89SEP 89MAR 90MAI 90NOV 90AVR 91JUN 91
Dates03/04/8904/09/8912/03/9029/05/9026/11/9009/04/9110/06/91
  07/04/8908/09/8917/03/9003/06/9030/11/9014/04/9114/06/91
Tonnes4634423240164276535142553445
Poissons x10001996684113704414222551080723183722012190441197045
 nb/Hamax2123829483420309834188891227112216
moy8426479860014560775251445051
min321813482684242544456172
kg/Hamax43,893,0137,433,050,055,744,5
moy19,617,916,918,022,618,014,5
min5,44,70,51,18,12,21,0
Poids moyen g.max4,85,74,17,74,46,56,0
moy2,33,72,84,02,93,52,9
min1,42,61,72,51,81,51,8
Nombre 2–16 m29%39%16%44%21%29%15%
16–30 m28%34%27%29%28%23%23%
30–44 m25%22%38%24%28%43%50%
44–58 m19%5%16%  3%23%  4%13%
      <43 mm49%30%  0%11%37%25%32%
43– 54 mm18%16%35%29%24%30%27%
54– 68 mm12%22%37%29%10%16%17%
68– 85 mm13%15%21%13%16%12%14%
85–107 mm6%11%  6%12%  8%11%  8%
    <107 mm  3%  7%  2%  7%  4%  6%  4%
Tonnes   2–16 m29%35%16%45%15%19%18%
16–30 m28%32%30%31%32%29%24%
30–44 m26%25%39%23%32%51%49%
44–58 m17%  7%14%  2%21%  2%  9%
    < 43 mm10%  5%  0%  2%  7%  4%  6%
43– 54 mm  9%  5%14%  8%  9%10%11%
54– 68 mm12%13%30%17%  8%11%13%
68– 85 mm25%18%29%15%25%16%22%
85–107 mm24%25%18%28%28%29%24%
   >107 mm21%33%10%31%22%31%24%

FIGURE 6 Biomasse en nombre et en poidsFIGURE 7 Densité de poisson
Limnothrissa miodon du lac KivuNombre par hectare
FIGURE 6FIGURE 7
FIGURE 8 Poids moyenFIGURE 9 Densité de poisson
Limnothrissa miodonKllogrammes par hectare
FIGURE 8FIGURE 9

En nombre de poissons, l'évaluation la plus élevée a été obtenue en avril 1989 (1.997 millions) et la plus faible en mai 1990 (1.080 millions), la valeur moyenne se situe autour de 1413 millions de poissons et les extrêmes représentent respectivement + 41% et - 23% de cette moyenne.

la FIGURE 7 représente pour chaque prospection la moyenne et les valeurs extrêmes de la densité de poisson des échantillons acoustiques exprimée en nombre de poissons par hectare. les densités les plus fortes se situaient en avril 1989 (8.428 poissons/ha) et en novembre 1990 (7752 poissons/ha), les valeurs les plus faibles s'observent en septembre 1989, mai 1990 et avril 1991 elles se situent entre 4.500 et 5.000 poissons/ha. On remarque aussi une très grande dispersion des valeurs autour de la valeur moyenne, notamment en mars 1990. Les campagnes pour lesquelles on observe les plus grandes densités numériques correspondent aux périodes où le poids moyen des poissons était le plus faible, avril 1989, mars 1990 et novembre 1990 (FIGURE 8).

L'abondance numérique convertie en poids, sur la base des distributions de fréquences de taille fournies par le système HADAS (TABLEAU 4 et FIGURE 6), donne une valeur moyenne d'abondance de 4.315 tonnes avec un maximum en novembre 1990 (5.351 tonnes) et un minimum en mars 1990 (4016 tonnes) et les extrêmes correspondent respectivement à +24% et -7% de cette valeur moyenne. Les maximums et minimums d'abondance en nombre de poissons ne correspondent pas exactement à ceux en poids de poissons car la structure démographique de la population n'est pas la même d'une prospection à l'autre. Peu de poissons de grande taille représenteront une biomasse importante alors que beaucoup de poissons de petite taille ne constitueront pas forcément une contribution importante. En septembre 1989 et mai 1990 l'abondance numérique était plus faible qu'en mars 1990; transformées en abondance pondérale, compte tenu du fait que le poids moyen était plus faible en mars 1990 par rapport à septembre 1989 et mai 1990, les abondances pondérales sont du même ordre de grandeur pour les trois prospections concernées.

La FIGURE 9 qui représente pour chaque campagne les valeurs moyennes et extrêmes de la densité pondérale des divers échantillons, nous montre que les valeurs sont relativement stables autour de 18,8 kg/ha, la plus forte valeur étant de 22,6 kg/ha en novembre 1990. C'est en mars 1990 que l'on observe la plus grande dispersion des valeurs comme pour la densité numérique.

4.3 Répartition

4.3.1 Répartition géographique

Les cartes de distribution de l'abondance par densité et en fonction de la taille des poissons présentées à l'ANNEXE 1 montrent que-les poissons sont distribués sur la totalité du lac et il n'est pas possible de mettre en évidence de régions qui seraient plus productives que d'autres. Selon les périodes de prospection et vraisemblablement en fonction de la disponibilité de la nourriture, les concentrations de ces poissons pélagiques très mobiles, se déplacent d'une région du lac à une autre.

FIGURE 10 Répartition verticaleFIGURE 12 Répartition par taille
Biomasse en nombre de poissonsBlomasse en nombre de poissons
FIGURE 10FIGURE 12
  
FIGURE 11 Répartition verticaleFIGURE 13 Répartition par taille
Biomasse en tonnes de poissonsBlomasse en tonnes de poisson
FIGURE 11FIGURE 13

4.3.2 Répartition bathymétrique

Les L. miodon sont répartis dans la couche superficielle du lac kivu et leur présence dépasse rarement la profondeur de 55 mètres (FIGURE 14) en raison de l'absence d'oxygène au dessous de ce niveau (DESCY, 1991).

Le système HADAS permet de répartir les estimations en tranches de profondeur. La distribution de l'abondance tant numérique que pondérale est ainsi présentée en couches de profondeur. Les FIGURES 10 et 11 représentent respectivement la répartition en pourcentage de l'abondance numérique et pondérale pour chaque profondeur.

On remarque d'une manière quasi générale tant en nombre qu'en poids, que 50% des poissons se situent toujours au dessus du niveau 30 mètres.

C'est en septembre 1989 et en mai 1990 que les poissons se répartissaient le plus profondément, période à laquelle la couche vivante est plus épaisse en raison du mélange des eaux. La stratification des eaux du lac a lieu entre octobre et mars avec de légères variations selon les années.

4.3.3 Répartition par taille

Les cartes représentant la répartition des concentrations de poisson en fonction de leur taille sont données à l'ANNEXE 2. Elles permettent de mettre en évidence que des concentrations de jeunes individus de moins de 6 cm sont présentes dans tout le lac. Cette observation semble en contradiction avec celle de SPLIETHOF et DE IONGH (1981) qui avaient indiqué que les poissons les plus grands se situent dans la zone pélagique et les plus jeunes dans les zones côtière et littorale. Ils avaient étudié la répartition différentielle des tailles de poissons en fonction de la distance à la côte. Leurs trois zones définies comme côtière (0–20 m de profondeur), littorale (20–60 m) et pélagique (plus de 60 m) ne représentent en fait qu'une frange très étroite du littoral du lac Kivu de l'ordre de 10 à 12% de la surface totale alors que les prospections acoustiques ont couvert la totalité du lac. On ne peut en aucun cas généraliser cette micro-structure à totalité du lac.

Les FIGURES 12 et 13 présentent respectivement la répartition de la biomasse numérique et pondérale en classes de taille. Il convient de rappeler ici que les classes de tailles étant déduites de classes de force d'écho des poissons, les intervalles de classes de taille sont inégaux (TABLEAU 2).

FIGURE 14

FIGURE 14: EXEMPLE D'ECHOGRAMME DE LIMNOTHRISSA MIODON

On remarque qu'en nombre, 70% environ des poissons ont une taille inférieure à 68 mm mais ils représentent moins de 30% du tonnage et en mars 1989 où cette proportion atteint 40%. C'est donc 30% en nombre des poissons de taille supérieure à 68 mm qui constituent la majorité de la biomasse.

C'est en avril 1989 et novembre 1990 et de nouveau en avril 1991 que l'ont trouve la proportion la plus importante en nombre de poissons de taille inférieure à 54 mm. La reproduction des L. miodon a lieu toute l'année mais avec des pulsions plus importantes en avril-mai et de septembre à février selon les années (REUSSENS, 1987; MUTAMBA et MULINDABIGWI, 1990; MANNINI, 1991). Les pulsions de jeunes individus observées au cours des prospections acoustiques d'avril 1989, novembre 1990 et avril 1991 sont le résultat de pulsions de reproduction ayant eu lieu de cinq à six mois auparavant.

4.4 Comportement

Les L. miodon se présentent en bancs plus ou moins denses pendant le jour s'établissant en une couche située principalement entre 20 et 40 m de profondeur (FIGURE 14). Pendant la nuit, les bancs se dispersent pour former une couche de poissons dispersés qui se situe rapproche un peu de la surface.

Lorsque l'on s'éloigne de la côte vers le large, la distribution des L. miodon reste pélagique et les concentrations restent entre deux eaux à la même immersion, quelle que soit la profondeur du fond.


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