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5. STRUCTURE DES PRIX

5.1 Prix du poissons au niveau des producteurs

Dans cette analyse on ne tient compte que des prix du poisson au niveau des producteurs. Ce sont les seules données dont nous disposons et il s'agit des prix moyens de vente (Isambaza plus Haplochromis).

Nous analysons également la structure des prix du poisson, l'influence de certains facteurs agissant directement au niveau de la détermination des prix:

la production totale
le pourcentage d'Haplochromis
la quantité vendue sur place
le nombre d'acheteurs
l'effet du pouvoir d'achat et des produits concurrents.

En fait, l'ensemble des marchés hors-projet, tout autour du lac est en parfait état de fonctionnement, malgré l'absence dans la plupart des cas d'une organisation qui puisse coordonner les activités de pêche (pêcheurs) et la commercialisation (commerçants). C'est la définition d'une politique adéquate de production et de commercialisation et le moyen de la mettre en oeuvre qui fait défaut.

Dans la quasi-totalité des sites de débarquement et à proximité immédiate des rives du Kivu, les prix sont définis selon la quantité de poissons débarquée et selon la qualité (pourcentage de petits poissons et pourcentage d'Haplochromis).

Le prix pratique au Projet de Développement de la Pêche au lac Kivu est un prix fixe de 50 FRW/kg pour les Isambaza et de 30 FRW/kg pour les Haplochromis, soit donc un prix moyen enregistre au cours de l'année 1990 de l'ordre de 49,9 FRW/kg.

Le prix d'achat moyen estime pour tout le lac pour (Isambaza + Haplochromis) est de l'ordre de 76,2 FRW/kg de poissons frais.

Soit une différence de presque 26 FRW par kg en faveur des unités débarquant hors-projet. Le prix pratiqué au projet ne représente que 65,5% du prix moyen établi dans les marchés hors-projet.

C'est ce qui explique évidemment le développement rapide de ces marches hors-projet et l'importance de leurs débarquements qui représentent 82% de la production totale estimée au cours de l'année 1990 et sur tout le lac. Alors que la production débarquée au projet n'est que de 18% de la capture totale (Rwanda et Zaïre).

COMPARAISON DES PRIX PROJET/MARCHES PARALLELES

FIGURE 3

FIGURE 3: Comparaison des prix d'achat du poissons frais aux pêcheurs

Nous jugeons le développement des marches hors-projet un phénomène très important c'est un signe d'évolution du secteur de la pêche et une mise à disposition de poissons plus importante tout autour du lac. C'est donc une preuve de succès de l'action du projet.

Le prix pratiqué par le projet reste très faible par rapport au prix établi dans les marches hors-projet, il ne represente que:

65,5% du prix moyen des marchés hors-projet (tout le lac);
76% du prix moyen des marchés hors-projet (côte rwandais) et
63% du prix moyen des marchés hors-projet (côte Zaïre).

Le prix moyen dans les marchés hors-projet du côte rwandais est

65,7 FRW/kg (Isambaza + Haplochromis) correspondant a
86,2% du prix moyen des marches hors-projet de tout le lac et
132% du prix moyen pratiqué au projet.

Le prix moyen dans les marchés hors-projet du cote Zaïre est:

79,1 FRW/kg (Isambaza + Haplochromis) soit
103,8% du prix moyen des marchés hors-projet (tout le lac) et
159% du prix moyen pratiqué au projet.

De ce fait, un grand nombre d'unités rwandaises débarquent par l'intermédiaire de pirogues motorisées leur capture du côté Zaïrois. Dans la plupart des cas, ces unités cassent le prix établi par les unités Zaïroises, le plus souvent moins productives et achetant du pétrole beaucoup plus cher.

Les unités qui débarquent aux centres du projet, sont des unités qui pêchent tout près des centres. Ce qui leur évite les frais de transport pour débarquer au Zaïre. Elles en profitent pour s'approvisionner en pétrole et en matériel de pêche généralement disponibles et à un prix raisonnable.

Le plus souvent, les unités de pêche s'arrangent entre elles pour passer de temps en temps débarquer leur production au projet pour s'approvisionner pour le compte d'une ou plusieurs équipes en pétrole et matériel de pêche.

Le prix du pétrole reste toujours, un élément très inquiétant pour les unités Zaïroises qui le voient passer au cours d'une seule campagne de pêche de 45.000 Z/20 litres à 50.000 Z.

5.2 Eléments qui agissent sur la détermination du prix des poissons

Un certain nombre d'éléments peuvent intervenir simultanément sur les prix des poissons.

5.2.1 Effet du volume de la production totale

Au cours de l'année 1990, la variation du prix moyen du poissons était inversement proportionnelle à la production totale (Haplochromis + Isambaza) aussi bien pour le côte Rwanda, le côté Zaïre que pour l'ensemble des marchés hors-projet dans tout le lac.

On constate une particularité pour le lac Kivu: l'augmentation des prix du poisson malgré la forte production au mois de Juin. C'est en effet une période de soudure alimentaire, c'est une saison de pré-récolte, les produits alimentaires locaux (haricots, pomme de terre, sorgho, etc…) ne sont pas suffisamment disponibles, ce qui provoque une plus forte consommation et élève les prix du poisson (voir FIGURE 4).

PRIX MOYEN/PRODUCTION TOTALE
LAC KIVU, 1990

FIGURE 4

FIGURE 4: Prix moyen/production totale

5.2.2 Effet du pourcentage d'Haplochromis

La qualité du poissons influe considérablement sur le prix, deux éléments essentiels interviennent pour la qualité de la production:

l'abondance d'Haplochromis, c'est un phénomène qui s'est développé au cours de l'année 1990, et la quantité estimée débarquée sur tout le lac au cours de cette année était de presque 1.132 tonnes, soit presque 30% de la production totale.

la proportion de petits poissons, mais les chiffres concernant ce mode de pêche ne sont pas complets.

Le prix moyen des poissons varie, comme le montre FIGURE 5, il est inversement proportionnel au pourcentage d'Haplochromis. Mais la phase signalée de soudure alimentaire (mois de juin) fait également défaut et le prix continue à augmenter malgré le pourcentage élevé d'Haplochromis, on revoit cependant la forte demande de poisson pendant cette période de l'année (FIGURE 5).

5.2.3 Effet du nombre d'acheteurs

Le nombre d'acheteurs (la demande) influe également sur le prix moyen des poissons. La présence d'un grand nombre d'acheteurs contribue à l'augmentation des prix. Nous remarquons que le prix augmente au mois de juin, parallèlement au nombre d'acheteurs, ce qui explique encore une fois la forte demande de poissons et l'absence de produits alimentaires concurrents pendant cette période (voir FIGURE 6).

5.2.4 Effet de la quantité achetée sur place

La production totale débarquée dans les sites enquêtés, n'est pas entièrement vendue sur place et le reste est le plus souvent acheminé vers les marchés de l'intérieur généralement de moindre importance.

Le prix de vente des poissons varie en fonction de l'importance de la quantité vendue sur place et les poissons sont vendus moins chers quand la quantité vendue est plus importante et vice-versa.

Selon les statistiques de KIVUSTAT, la quantité vendue sur place ne représente que 72% de la quantité totale débarquée et cependant pour les 18,5 kg de poissons disponibles par acheteur, 13,3 kg uniquement en moyenne sont achetés (FIGURE 7).

FIGURE 5

FIGURE 5: Prix moyen et pourcentage Haplochromis

FIGURE 6

FIGURE 6: Prix moyen-nombre d'acheteurs

FIGURE 7

FIGURE 7: Prix moyen-quantité achetée sur place

5.2.5 Effet du pouvoir d'achat et des produits concurrents

Nous traitons dans ce paragraphe de la variation saisonnière des prix moyen du poisson durant toute l'année 1990.

La période de soudure alimentaire, est en fait observée 2 fois par an au mois de juin et au mois de Novembre (Octobre -Décembre). C'est une période caractérisée par l'absence de plusieurs produits alimentaires, ce qui provoque, comme on l'a signalé, une forte demande de poissons. La différence entre la période de soudure de juin et celle de Novembre est que le pouvoir d'achat des paysans est plus élevé au mois de juin puisque c'est une période qui succède à une saison de récolte.

La période de soudure de Novembre est également caractérisée par le manque de produits agricoles mais pendant cette période les paysans sont appelés à faire beaucoup plus de dépenses pour le travail et le semis de leurs plantations. La consommation de poissons est de ce fait moins importante que pendant le mois de juin (FIGURE 8).

Dans le sud du lac, il y a la concurrence avec les poissons venant des lacs voisins et surtout du lac Tanganyika.

FIGURE 8

FIGURE 8: Variation mensuelle des prix


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