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CHAPITRE 12 - Infestation des poissons par des Annélides: Hirudinés

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ILLUSTRATIONS:Planche 22 
ESPECES TOUCHEES:Les sangsues ont été signalées jusqu'alors sur cinq familles de poissons: Bagrus docmac, Barbus altianalis, Barbus tropidolepis, la carpe et Protopterus aethiopicus. En Afrique, toutefois, les sangsues attaquent apparemment un large éventail d'espèces de poissons comprenant les Cichlidés, Clariidés, Synodontidés, Bagridés, Mormyridés et autres. Ceci est démontré par la découverte de trypanosomes qui sont transmis par les sangsues dans le sang de ces poissons. 
SIGNES APPARENTS:Les sangsues sont aisément reconnues quand elles sont fixées à la peau ou aux nageoires. Les emplacements récemment abandonnés par les sangsues sur la peau se présentent sous la forme de petites plaies bien définies, rondes, sanguinolentes. Dans les fortes infestations la zone d'attache est hyperémique et hémorragique. 
CAUSE:Sangsues des familles des Glossiphonidés (genres Batrachobdella en Afrique; ailleurs également Glossiphonia, Hemiclepsis et Placobdella) et des Piscicolidés (Phyllobdella en Afrique; ailleurs, également Piscicola). 
DIAGNOSE:Les sangsues récoltées sur le poisson doivent être anesthésiées avant la fixation par addition de cristaux de menthol à l'eau contenue dans le récipient où la sangsue est tenue dans le but d'assurer son complet relâchement. Les individus détendus sont fixés et pressés entre deux lames. Les fixatifs utilisés sont l'AFA ou l'alcool à 95%. Les individus sont conservés dans de l'alcool à 70%. L'identification des genres et des espèces est difficile et les spécimens doivent être confiés à l'examen de spécialistes en taxonomie des sangsues. Les sangsues (Hirudinés) sont des annélides dans lesquels l'extrémité antérieure du corps est un suçoir tandis que le corps se termine par une ventouse postérieure arrondie. Le corps est divisé en anneaux (qui ne correspondent pas à la segmentation du corps, caractéristique des Annélides). 
Les Glossiphonidés et les Piscicolidés appartiennent à l'ordre des Rhynchobdelles, sangsues dont la partie antérieure peut être protractile et rétractile, en forme de proboscis. Les Glossiphonidés ont le corps plat avec une ventouse antérieure indistincte ou inexistante. Les Piscicolidés ont un corps cylindrique avec une ventouse antérieure arrondie et distincte, qui est plus large que le “col” - la partie antérieure du corps. Ce “col” est distinctement plus étroit que la partie médio-postérieure de la sangsue. 
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL:Les sangsues sont identifiables par leur forme et leurs mouvements actifs. 
HISTORIQUE ET BIOLOGIE:Les sangsues attaquent les poissons pour se nourrir. Une fois gorgées du sang de l'hôte, elles se détachent et se cachent sous les pierres, dans la végétation submergée ou dans la partie submergée des végétaux aquatiques dressés. Les oeufs sont pondus dans un cocon attaché au substrat dans l'eau. Les sangsues nouvelles-nées ressemblent étroitement aux adultes.  
Les Glossiphonidés manifestent un instinct parental. Les sangsues produisent un cocon à paroi mince et, immédiatement après la ponte, placent leur corps au-dessus et assurent sa protection. Les sangsues juste écloses se fixent elles-mêmes dans une sorte d'alvéole (une poche incubatrice) sur la paroi ventrale des parents et demeurent ainsi jusqu'à ce que l'état de leur développement leur permette de vivre et de se nourrir par elles-mêmes. Dans les eaux tempérées, cette couvaison peut durer de 24 jours à quatre mois chez les différentes espèces.
EPIZOOTOLOGIE:Seules quelques sangsues se contentent d'un seul type d'hôte. Les Piscicolidés ne se nourrissent que sur le poisson; quelques espèces peuvent attaquer un large éventail d'espèces de poissons de genres et de familles non signalés, alors que d'autres montreront une forte préférence pour des poissons spécifiques. Les Glossiphonidés agressent une grande variété d'hôtes: poissons, amphibiens, reptiles, amphibies et mollusques aquatiques.110
Les données venant d'Afrique sont très limitées. On a trouvé des Glossiphonidés du genre Batrachobdella fixées sur Bagrus docmac, Protopterus aethiopicus et Barbus altianalis dans le lac Victoria. Chez B. docmac, l'infestation était assez commune; dans 19 % des 47 poissons examinés, le nombre moyen des sangsues trouvées par individu a été de 26, quelques-uns portant plus de 100 parasites. On a également récolté des représentants d'autres genres de Glossiphonidés dans des habitats aquatiques en Afrique: des espèces de Glossiphonia ont été récoltées sur des substrats aquatiques alors que des espèces de Placobdella ont été trouvées aussi bien sur des substrats aquatiques que sur des reptiles: crocodiles, tortues d'eau, espèces de Pelomedusa et Pelusuos. Un Piscicolidé, Phyllobdella maculata, a été trouvé sur Barbus tropidolepis dans le lac Tanganyika. On a signalé de fortes infestations par des sangsues (non identifiées) dans des élevages de carpes en étangs au Ghana. 
Dans les habitats aquatiques africains, les infestations par sangsues se manifestent apparemment plus fréquemment qu'il n'est montré par les données existantes. Les sangsues sont les vecteurs des trypanasomes, des Cryptobia et des hémogrégarines. On a montré une infection par trypanosomes dans une Batrachobdella du lac Victoria. Des trypanosomes ont été signalés dans des poissons de nombreuses familles dans tous les systèmes aquatiques majeurs de l'Afrique (voir chapitre 6). 
PATHOLOGIE:De fortes infestations par Piscicola geometra dans les trutticultures et carpicultures d'Eurasie causent une anémie ainsi qu'une contamination bactérienne secondaire d'ulcères résultant de morsures de succion faites sur la peau des poissons. 
De fortes infestations par des sangsues (Cystobranchus virginicus, Piscicolidés) dans la région buccale du poisson chat américain, Ictalurus catus, entraînent une hyperplasie épithéliale et des changements inflammatoires: infiltration cellulaire, hyperanémie et hémorragies dans les couches dermiques et hypodermiques. Une forte infestation des yeux et des narines des carpes élevées au Ghana entraînent une mortalité massive. Chez Bagrus docmac du lac Victoria, les changements pathologiques ne sont pas évidents, même lors de très fortes infestations de plus de 100 sangsues par poisson, à l'exception de points hémorragiques à l'emplacement des morsures sur la peau. 
CONTROLE:On peut procéder à l'éradication des espèces de Piscicola des étangs par l'application de Dipterex (Dylox) à la dose de 0,5 ppm ou de Masoten (Neguvon) à une dose comprise entre 0,25 et 0,8 ppm (AI). Cette dernière dose est recommandée pour les hautes températures. Pour détacher les sangsues des poissons on peut utiliser un bain de solution à 5 ppm de CuC12 pendant 15 minutes, à 0,5 ppm de sulfate de cuivre pendant 5 à 6 heures et à 25 ppt de sel de cuisine (NaCl) pendant une heure. 
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE CONNUE:On n'a signalé d'infestation de poissons par les sangsues que dans le lac Victoria (Batrachobdella sp.), le lac Tanganyika (Phyllobdella maculata) et au sud du Ghana. (espèces non identifiées). Les infestations mises en évidence par la découverte de trypanosomes et d'hémogrégarines dans le sang du poisson (voir chapitre 6) sont apparemment prédominantes dans le Nil, dans les lacs d'Afrique de l'Est, dans le Congo, le Niger et les habitats aquatiques de l'Afrique du Sud.111
REFERENCES:12, 72, 154, 155, 219, 230. 

PLANCHE 22

PLANCHE 22: SANGSUES ET COPEPODES ERGASILIDES
 
1.-2.Sangsues piscicolidés, Hirudinea (80–100 mm)
3.Ergasilus kandti, 0,7 mm de long, d'après Capart
4.Ergasilus latus, de Tilapia nilotica et T. galilaea (0,9 mm de long), d'après Fryer
5.Paraergasilus minutus de Cichlidés (0,35–0,45 mm de long), d'après Fryer
6.Partie antérieure d'Ergasilus cunningtoni (longueur 0,97 mm), d'après Capart

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