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Part II
COUNTRY BRIEFS (continued)

GABON

La République du Gabon est située de part et d'autre de l'équateur entre les parallèles 3° S et 2° N et les méridiens 9° et 14° E. Elle couvre une superficie de 267 670 km2. Bordée à l'ouest par l'Océan Atlantique, elle est limitée au nord par la Guinée Equatoriale et le Cameroun, et à l'est et au sud par la République populaire du Congo.

Le Gabon se compose de trois grandes régions géomorphologiques (3) (13) (18):

Le climat - appelé climat équatorial de transition - varie sensiblement d'une extrémité à l'autre du pays. En particulier, la pluviométrie passe de 4 000 mm à Cocobeach (située sur la côte à la pointe nord-ouest du Gabon) à 1 500 mm à Tchibanga dans le sud-ouest, et elle diminue au fur et à mesure qu'on avance à l'intérieur des terres. Quatre saisons se succèdent dans l'année:

Au nord de la ligne Okondja - Oyem, la saison sèche d'été est moins marquée mais le ralentissement hivernal des pluies devient une véritable saison sèche. Vers le sud-ouest, par contre, la grande saison sèche augmente de durée pour atteindre 6 mois à Mayumba. Cette durée de la saison sèche est une particularité tout à fait exceptionnelle si l'on considère l'ensemble de la région couverte par la forêt dense humide de l'Afrique équatoriale Aucune forêt équatoriale ne connaît de saison sèche aussi longue que celle que supporte la majeure partie de la forêt gabonaise. Ceci est également vrai de “l'intensité” de cette saison sèche. Les trois quarts du territoire gabonais recoivent mensuellement moins de 25 mm de précipitation durant trois mois et plus.

Deux autres caractéristiques climatiques importantes sont le fort degré d'humidité de l'air tout au long de l'année, et la forte nébulosité pendant toute la saison sèche, due à la présence permanente d'un plafond de stratus, ce qui diminue la durée de l'insolation et la quantité totale des radiations lumineuses (qui permettent l'activité photosynthétique des végétaux) et atténue l'évaporation en saison sèche. Ceci explique que les arbres puissent supporter trois mois et plus de saison sèche.

L'annuaire de la production FAO (vol. 33) donne pour 1979 une population totale de 544 000 habitants croissant au taux moyen de 1,1% par an, soit environ 550 000 habitants en 1980. La population agricole est de 420 000 habitants. La densité moyenne est donc très faible, de l'ordre de 2 habitants au km2 et la pression sur les forêts est pratiquement nulle, surtout si l'on considère le taux d'urbanisation relativement élevé et une distribution de la population limitée aux grands axes, laissant d'immenses zones forestières pratiquement vides d'habitants.

1. Situation actuelle

1.1 Végétation ligneuse naturelle

1.1.1 Description des types de végétation

Auguste Chevalier est le premier à avoir écrit un ouvrage concernant la forêt du Gabon en 1936 (1), suivi par Heitz (2), Aubréville (4) et de Saint Aubin (11). Depuis, grâce aux multiples inventaires effectués par le Service de Recherches Forestières avant 1965 puis par le CTFT et la FAO, la connaissance de la forêt du Gabon a beaucoup progressé. En 1977 Nicolas (44) a fait la synthèse des informations contenues, d'une part, dans les études phytogéographiques et, d'autre part, dans les rapports d'inventaire forestier (20) (21) (23) (38) (33) (34) (43). De l'ensemble de ces travaux, on peut déduire la description suivante des différents types de végétation.

Le Gabon appartient, pour la plus grande partie de sa superficie, au domaine de la forêt dense humide (formations NHC). Les savanes, qui peuvent être soit herbeuses, soit buissonnantes (formations nH), soit, plus rarement, arborées (formations NHc/NHO), n'occupent qu'une faible partie du territoire et sont déterminées par l'influence (conjuguée ou non) des facteurs climatiques, pédologiques et humains.

Formations forestières feuillues denses (NHC)

a) La forêt centrale gabonaise (ou forêt “moyenne”)

La forêt centrale gabonaise est, pour l'essentiel peu différente de la forêt dense humide sempervirente, que l'on peut observer dans les autres pays, du Libéria au bassin du Congo. Son aspect est identique (en particulier sur documents photographiqes) et la composition botanique présente de grandes analogies:

La forêt centrale gabonaise occupe la plus grande partie du pays (à l'exception des mangroves, des forêts marécageuses, de la forêt du nord-est et de la forêt à okoumé et ozouga qui couvre les sols sableux du bas-Ogooué). Il existe en abondance dans cette forêt des espèces qui sont absentes des forêts du nord-est et de la forêt côtière. C'est en particulier le cas, dans l'ordre d'abondance, de miama (Calpocalyx heitzii), beli (Paraberlinia bifoliata), ovang-kol (Guibourtia ehie), gheombi (Sindoropsis le-Testui), ngaba (Librevillea klainei), andoung nzobeu (Brachystegia laurentii). Ces essences sont toutes des Légumineuses et cinq d'entre elles sont des Cesalpiniées.

On peut distinguer trois types de forêt.

  1. Les forêts du bassin sédimentaire:

  2. La forêt de la bordure montagneuse cristalline (Monts de Cristal, Monts du Chaillu): les traits qui distinguent la forêt centrale de la forêt côtière ou de la forêt du nord y sont plus accusés que dans les forêts du bassin sédimentaire, à savoir: richesse floristique (grand nombre d'espèces endémiques telles que Monopetalanthus durandii), abondance des espèces à bois dur, notamment les Césalpiniées: (Monopetalanthus heitzii, M. coriacens et M. durandii, Sindoropsis le-Testui, Guibourtia demeusei, Calpocalyx heitzii, Paraberlinia bifoliata, Didelotia brevipaniculatum, Distemonanthus benthamianus) et comportement grégaire des espèces. Pour le reste la composition floristique est très semblable à celle du bassin sédimentaire: abondance des Burséracées, notamment Dacryodes büttneri, importance de l'okoumé, un peu moins abondant toutefois, importance des Myristicacées et des Irvingiacées.

  3. La forêt intermédiaire entre la forêt du rebord montagneux et la forêt du nord-est: cette forêt, mieux connue depuis les inventaires du Projet de Développement Forestier du Gabon FAO/CTFT (PDFG) (41) (43), prend en écharpe le pays sur une bande de 200 km de large de Mitzic jusqu'à Lastourville. On y constate L'abondance de l'okoumé, du sorro et de l'awougha rouge (Aphanocalyx margininervatus). Dans cette forêt apparait Gilbertiodendron dewevrei (qui abonde sur des sols frais) et quelques Méliacées.

b) La forêt du nord-est

Cette forêt ne semble pas avoir le type semi-décidu contrairement aux premières conclusions émises avant la réalisation de l'inventaire du nord-est par le Projet de Développement Forestier du Gabon. La physionomie est en effet celle de la forêt sempervirente. Toutefois, le sous-bois est un peu moins fourni en jeunes arbres et plus riche en lianes; les tapis de Marantacées, souvent clairsemés, sont fréquents, même sous couvert dense. Certaines espèces de la forêt semi-décidue apparaissent comme Terminalia superba (limba), Triplochiton scleroxylon (samba) qui envahissent les défrichements et semblent progresser vers le sud, Celtis midbraedii et C. zenkeri, Gambeya subnuda qui apparaissent de plus en plus fréquemment au fur et à mesure que l'on va vers le nord-est, Sterculia subviolacea qui abonde dans les zones humides comme au Congo et au Cameroun, nka (Pteleopsis hylodendron) et Millettia laurentii (wenge). Par contre l'okoumé et le sorro disparaissent brutalement ainsi que alep (Desbordesia glaucescens) et miama (Calpocalyx heitzii).

c) La forêt côtière (ou forêt à okoumé et ozouga, appelée forêt de type II par de Saint Aubin (11)).

Cette forêt est plus “claire” que la forêt moyenne (d'où son surnom de “forêt cathédrale”), ce qui se traduit par un moins grand nombre d'arbres à l'hectare et par une surface terrière inférieure. La répartition par classe de diamètre souligne davantage encore la physionomie particulière de la forêt à okoumé et ozouga: les arbres de diamètre moyen (40 à 80 cm) y sont moins nombreux que dans la forêt moyenne; par contre, les arbres de diamètre supérieur à 80 cm y sont souvent plus nombreux. Les espèces caratéristiques de cette forêt, outre ozouga (Sacoglottis gabonensis) et okoumé (Aucoumea klaineana), sont angoa (Erismadelphus exsul), niom (Pachypodanthium staudtii), Guibourtia tessmannii et G. pellegriana (kevazingo), ebam (Picralima nitida), akak-milong (Pinacopodium congolense) onzan (Odyendyea gabonensis), angueuk (Ongokea gore). Les Annonacées, sont abondantes tandis que les Irvingiacées, les Myristicacées et mêmes les Légumineuses sont faiblement représentées. Cette forêt est floristiquement assez pauvre car 24 espèces seulement couvrent 95% de la surface.

d) Les forêts sur sol humide (23) (44)

  1. Les mangroves ou peuplements de palétuviers, parmi lesquels on distingue surtout Rhizophora racemosa, occupent certaines surfaces soumises à l'action de la marée. Elles couvrent environ 140 000 ha.

  2. Les forêts marécageuses à bahia et raphias: sur un sol recouvert d'une couche d'eau excédant rarement 50 cm et faisant place à de la boue en saison sèche, on trouve un couvert d'arbres et de palmiers raphias. Les arbres appartiennent à un petit nombre d'espèces; on trouve surtout le Mitragyna ciliata (bahia), qui atteint de grandes dimensions, l'assongho (Anthostema aubryanum, et dans les parties moins humides, l'ekouk (Alstonia congensis)). On trouve également, par taches, des peuplements plus ou moins purs de Légumineuses (Gilbertiodendron) ou de Sapotacées des genres Manilkara et Glumea.

    Dans l'ouest du Gabon, les forêts marécageuses sont en général des peuplements denses d'arbres élevés, et le volume de bois fort y dépasse 300 mètres cubes par ha, tandis que les palmiers sont assez peu abondants. A l'est au contraire, les arbres sont plus espacés et de faibles dimensions, et les palmiers et autres monocotylédones prédominent.

    Au voisinage des côtes et du cours inférieur des fleuves, la forêt marécageuse s'étend parfois sur de vastes surfaces. Dans le nord du Woleu N'Tem, elle occupe le long des rivières des bandes dépassant un kilomètre de largeur. En outre, la forêt marécageuse occupe dans l'ensemble du pays un réseau extrêmement dense de bas fonds étroits mais plats, très ramifiés, dont il est très difficile d'évaluer la surface.

e) Les galeries forestières

Dans le sud et surtout le sud-est du Gabon, les rivières qui traversent les savanes sont bordées de galeries forestières qui atteignent parfois plusieurs kilomètres de largeur. Ces galeries forestières sont souvent des peuplements intéressants, riches en okoumé, ilomba, sorro et ekoune (Coelocaryon preussii).

Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO)

Les formations arborées mixtes forestières et graminéennes sont pratiquement absentes du Gabon. On peut cependant y rattacher quelques bouquets de Milletia laurentii isolés au milieu des savanes arbustives de la région de Franceville.

Formations (essentiellement) arbustives

Elles occupent deux régionslimitées en surface. Dans le sud du Gabon (région de Tchibanga et Mouila) le long du cours supérieur des deux rivières Nyanga et Ngounié se trouvent deux bandes de sols shistocalcaires recouverts en presque totalité par des savanes maigrement arbustives, découpées par des galeries forestières. Les arbrisseaux et les arbustes appartiennent principalement aux espèces suivantes: Hymenocardia acida, Sarcocephalus esculentus, Annona arenaria, Bridelia ferruginea. Dans l'est (région de Franceville) se trouvent de grandes savanes, au milieu desquelles subsistent des lambeaux forestiers plus ou moins importants. Les espèces ligneuses sont les mêmes avec, cepandant, dominance de l'Hymenocardia acida. Aucune de ces formations cependant ne présente un couvert ligneux suffisant pour être classée dans la catégorie nH de cette étude.

1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse

Surfaces actuelles

Il n'existe pas de carte phytogéographique ou forestière couvrant la totalité du Gabon. Les seules études de synthèse dont on dispose sont celles exécutées par le projet de Développement Forestier du Gabon de 1968 à 1971 (documents (23) et (42)). Ces études réálisées après analyse rapide des photographies aériennes disponibles en ce qui concerne l'ouest du pays et après étude plus approfondie de celles pour le centre et l'est (40) ont permis au PDFG de dresser le tableau suivant repris dans de nombreux documents (44) (“Forest Resources of Africa” by R. Persson, etc…)

Superficies estimées fin 1970
(Projet de Développement Forestier du Gabon FAO/CTFT (23))
(en milliers d'hectares)

FormationPremière zoneDeuxième zoneTroisième zoneTotal Gabon
 %
Forêts denses sur sol fermeà okoumé3053605116051070940,01
sans okoumé14325483995668624,98
en zone montagneuse1002192-22928,56
total(3296)(10791)(5600)(19687)73,55
Forêts “dégradées”1381213-13515,05
Forêts denses marécageuses2162173908233,07
Zones de mangroves 1232--2320,87
Savanes3052770-307511,49
Autres terres (zones agricoles, terrains nus, eaux intérieures, zones urbanisées, etc..)70533456015995.97
Total489215325655026767100,00

1 Les mangroves proprement dites couvrent environ 60% de la surface indiquée soit 140 000 ha.

On peut à partir de ce tableau, faire les commentaires et analyses suivantes. Les forêts dites dégradées sont en fait des stades plus ou moins avancés de recrû forestier. On peut estimer que ces zones constituent les jachères forestières (NHCa). Si l'on suppose que leur surface évaluée fin 1970 à environ 1 350 000 ha a augmenté au rythme de 15 000 ha par an (voir paragraphe 2.1.1. concernant l'évolution des surfaces) elle peut être estimée à 1 500 000 ha fin 1980. Ceci diminue d'autant la superficie des forêts denses sur sol ferme qui passe ainsi de 19 687 000 ha fin 1970 à 19 537 000 ha fin 1980. Forêts marécageuses et mangroves ne varient pas. La surface réelle couverte par les mangroves est de 140 000 ha correspondant à 60% de la surface estimée pour les “zones de mangroves”, le reste de la surface correspondant à des zones dénudées ou buissonnantes à l'arrière des rideaux de mangrove. Quant aux savanes, on ne peut tenir compte de la recolonisation de la forêt car si celle-ci est effective dans certaines zones (voir 2.1.2) elle est compensée par l'action destructrice des feux de brousse qui réduisent les galeries forestières (dont les surfaces ont été incluses dans la forêt dense) et attaquent les lisières forestières. Ces deux processus inverses n'intéressent toutefois que des surfaces boisées relativement très réduites.

On peut donc établir le tableau suivant pour 1980.

Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf1mNHCf1NHCf2iNHCf2rNHCf2NHCfNHCa 
1065592500
(174)
19905595 595205001500 
NHc/NHO1NHc/NHO2iNHc/NHO2rNHc/NHO2NHc/NHONHc/NHOanH
 75 7575  

Il convient de faire les remarques suivantes en ce qui concerne les chiffres portés sur ce tableau:

Propriété

Le code forestier distingue le domaine forestier de l'Etat, des particuliers et des collectivités. La quasi-totalité des forêts exploitables est domaine de l'Etat, très peu de superficies étant enregistrées au nom de particuliers (16) (22) (42) (52).

Statut légal et aménagement

Les différentes réserves et domaines de chasse (dont celle de Wonga-Wongué sur la côte entre Libreville et Port-Gentil) ne semblent pas être statutairement interdites à l'exploitation. Le parc national de l'Iguéla, au sud de l'estuaire de l'Ogooué, est entièrement situé dans les savanes littorales.

De 1948 à 1962, le Service Forestier du Gabon a réalisé, parallëlement aux plantations, d'importants travaux dans des peuplements naturels d'okoumé1. On avait constaté que ces peuplements, d'une densité variable, étaient particulièrement nombreux dans trois régions, à savoir le long de la côte, autour de l'estuaire du Gabon et le long du Moyen-Ogooué. La présence de ces zones riches s'expliquait surtout par le passage des cultures, la population ayant été, il y a quelques dizaines d'années, beaucoup plus nombreuse qu'aujourd'hui.

Les travaux effectués avaient pour but d'évaluer l'importance des réserves en bois représentées par ces zones riches, d'augmenter leur productivité future et de raccourcir le délai au bout duquel ces peuplements deviendraient exploitables. Ils ont comporté les phases suivantes:

Les superficies prospectées sont évaluées à 120 000 hectares environ, parmi lesquels on a effectivement traité quelque 75 000 hectares. A l'intérieur de cette surface, les peuplements riches représentent 34 000 hectares, dont la densité moyenne au moment du premier passage de l'exploitation avait été prévue être de 44 tonnes, soit 73 mètres cubes par hectare. Le potentiel total exploitable au premier passage devait être ainsi d'environ 1 500 000 tonnes ou 2 500 000 mètres cubes, auxquels il faut ajouter les okoumés se trouvant dans le reste des 75 000 hectares, à une densité plus faible. Un tel potentiel, concentré sur des superficies peu étendues et faciles d'accès, représentait une richesse très importante.

On estime que la moitié environ de la surface des zones riches justiciables d'un tel traitement a été parcourue. Les travaux ont été ensuite interrompus, la plupart des moyens disponibles étant consacrés aux plantations de la STFO (Section Technique Forestière de l'Okoumé).

Des permis et lots d'exploitation ont été attribués, souvent prématurément, dans ces peuplements, sans qu'un plan d'aménagement soit suivi ni que les arbres abattus soient contrôlés. Il est donc difficile de faire le point de la situation actuelle des réserves. De plus, beaucoup de documents ont été égarés ou détruits.

Quoiqu'il en soit, la reprise des travaux et l'établissement d'un aménagement rationnel de ces peuplements seraient une des tâches les plus profitables pour l'avenir de la production forestière gabonaise.

1 Le texte qui suit est tiré du document (23).

Exploitation forestière

Bois en grumes

a) Historique 1

L'exploitation du bois, pour l'exportation, a commencé au Gabon vers le début du siècle. Elle a d'abord porté sur l'ébène et le padouk (utilisé pour la teinture), mais l'okoumé a été très rapidement connu et apprécié (premières expéditions en Europe vers 1905) et son exploitation s'est développée très rapidement, au point de dépasser déjà 100 000 tonnes en 1913.

L'okoumé n'a pas tardé à fournir la quasi-totalité des volumes de bois exploités au Gabon. En effet, la facilité avec laquelle il pouvait être transporté par flottage et commercialisé, et son abondance (souvent en taches le long des voies navigables) ont fait que les exploitants ont eu tendance à négliger les autres bois, souvent rares et disséminés et posant des problèmes de transport ou de commercialisation plus difficiles à résoudre.

Après avoir débuté le long des côtes et des rivières navigables, l'exploitation de l'okoumé a peu à peu progressé à l'intérieur du pays. Seuls les arbres de plus de 70 cm de diamètre étaient coupés; cette disposition de la réglementation forestière était en accord avec les exigences commerciales (la vente des billes de petit diamètre n'étant de toute façon pas avantageuse à l'exportation en raison des coûts de transport). Jusque vers 1945, seuls les beaux arbres (donnant des billes de qualité dite “loyale et marchande”) étaient exploités. Par la suite, la demande ayant augmenté, et la vente de billes de moins belle qualité devenant possible, l'exploitation a pris un caractère plus intensif, la plus grande partie des arbres de plus de 70 cm de diamètre étant alors abattus.

Un second et même un troisième passage de l'exploitation furent possibles au voisinage des côtes et des voies navigables, grâce à la croissance des arbres de faible diamètre qui avaient été laissés sur pied aux premiers passages et aux exigences moindre des acheteurs vis-à-vis de la qualité.

1 Le texte des paragraphes (a) et (b) et tiré du document (23).

b) Définition des trois zones forestières.

Le Code Forestier du Gabon divise le pays en trois zones dans chacune desquelles le statut de l'exploitation forestière est différent.

c) Gabonisation de l'exploitation forestière (16) (17) (42) (53)

Au moment de l'accession du pays à l'Indépendance la production des forestiers de nationalité gabonaise représentait 10% de la production totale. En 1961, la première zone fut théoriquement réservée aux seuls Gabonais. En 1962 fut créé au sein de la Banque Gabonaise de Développement un comité spécialisé du crédit forestier destiné à venir en aide aux exploitants nationaux grâce à des fonds provenant des contributions versées par les entreprises étrangères échappant au monopole de commercialisation détenu par l'Office des Bois de l'Afrique Equatoriale. Enfin en 1968, un décret a étendu à la seconde zone la procédure des “droits de coupe” créée en 1957 pour la première zone et reservée aux seuls Gabonais. Il s'agit de permis portant non pas sur une superficie mais sur un nombre d'arbres à abattre pendant une période déterminée. Ces mesures ont fait progresser la part de la production des Gabonais dans la production totale jusqu'en 1969 où elle a atteint 30%. Depuis, elle n'a cessé de baisser pour reprendre en 1979 le même niveau qu'en 1960, soit 10%. La cause en est l'épuisement en okoumé de la première zone.

d) Production forestière (27) (32) (47)

La superficie des permis accordés représentait 6 125 000 ha en 1979 (soit environ 30% de la forêt dense gabonaise) dont 3 670 000 ha de permis temporaires d'exploitation (d'un maximum de 100 000 ha), 2 317 000 ha de permis industriels (d'un maximum de 250 000 ha) et 138 000 ha de permis gabonais divers.

La production d'okoumé a atteint son maximum en 1973 (1 871 000 m3) et était de 1 226 000 m3 en 1978 et 1 059 000 m3 en 1979, dont 1 023 000 m3 à l'exportation. Celle d'ozigo (Dacryodes büttneri), la plus importante des autres espèces exploitées, ne représentait plus que 54 000 m3 en 1979 après avoir atteint 132 000 m3 en 1973. Les autres bois divers représentaient ensemble de 200 à 300 000 m3.

Statistiques de production de bois d'oeuvre au Gabon
(milliers de m3)

AnnéesOkouméOzigoDiversTotal
1950  500    500
1955  92547  972
19601228301001358
19651380451151436
1970155666(276)(1880)
1975112787(222)(1436)
1980
(estimation)
(1100)(50)(250)(1400)

Les volumes d'okoumé exploités par hectare de permis sont depuis une vingtaine d'années de l'ordre de 6 à 7 tonnes, soit 10 à 12 mètres cubes en moyenne, dans les zones parcourues pour la première fois par l'exploitation. Ceci correspond à l'enlèvement d'un peu moins de 2 arbres en moyenne par hectare, représentant environ 20 mètres cubes de bois fort (fûts et branches de plus de 7 cm de diamètre). Or la forêt dense gabonaise renferme normalement autour de 300 mètres cubes de bois fort par hectare, toutes espèces comprises. On comprend donc facilement que l'exploitation de l'okoumé, telle qu'elle est habituellement pratiquée au Gabon ne se traduise pas par une disparition de la forêt-même si on ajoute au volume des okoumés abattus celui des arbres qui disparaissent lors de l'ouverture des routes et des pistes de débardage ou du fait des dégâts divers occasionnés par les travaux d' exploitation-mais seulement par l'ouverture de trouées de peu d'importance par rapport à l'ensemble du peuplement et rapidement refermées.

e) Commercialisation (17) (27) (47)

Au moment de l'Indépendance la commercialisation de l'okoumé était assurée par un organisme commun au Congo et au Gabon dénommé “Coopérative africaine des bois équatoriaux” En 1961, cet organisme fut remplacé par “l'Office des Bois de l'Afrique Equatoriale” (OBAE) qui commercialise également l'ozigo. Trois dérogations à ce monopole existaient:

L'ONBG, Office des Bois du Gabon, fut créé après que le Congo eut mis fin à l'existence de l'OBAE et conserva le même monopole limité par les mêmes dérogations. En 1975 fut créée la SNBG (Société Nationale des Bois du Gabon), société d'économie mixte et établissement public à caractère industriel et commercial qui détient, en principe, “le monopole absolu et exclusif d'achat à la production et de vente à l'exportation des grumes de bois de toutes essences”. En fait, il semble que dans la pratique ce monopole ne s'exerce que sur l'okoumé et l'ozigo dont 93,3% du volume a été commercialisé par la SNBG en 1979 (contre 58,6% par l'ONBG en 1975 et 67% par l'OBAE en 1962).

Autres produits forestiers

La production annuelle de bois de feu et pour le charbon de bois est estimée à environ 1,2 million de m3 par l'annuaire FAO des produits forestiers, ce qui correspond à une consommation élevée de 2 m3 par habitant et par an. Même en acceptant ce chiffre, on doit reconnaître que cette ponction est négligeable au niveau national et que l'approvisionnement en bois de chauffage n'est pas un problème au Gabon sauf peut-être pour quelques grands centres, d'autant que le pays est producteur de pétrole.

Les menus produits de la forêt ne donnent pas lieu à un commerce important. Leur multitude et variété sont reflétées dans l'ouvrage important “Les plantes utiles du Gabon” que leur ont consacré A. Walker et R. Sillans (10).

1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied

Volumes sur pied

La forêt gabonaise a fait l'objet de nombreux inventaires. La première série de ces inventaires a été réalisée de 1950 à 1955 par le Service Forestier du Gabon (Section de Recherches Forestières - SRF). Ces inventaires ont concerné l'ouest du pays. Ce travail important pour l'époque, a été réalisé dans des conditions rendues souvent difficiles par l'inaccessibilité de nombreux massifs. Le surface effectivement comptée a été de 5 636 ha, correspondant à 17 100 ha inventoriés à une intensité de 10% et à 78 520 ha inventoriés à 5%, soit un total de plus de 95 000 ha répartis en 21 secteurs de sondage (8).

Grâce à ces sondages ayant pris en compte tous les arbres de plus de 35 cm de diamètre à hauteur d'homme, on a de bons renseignements sur la composition des forêts des régions de l'Estuaire et du Moyen-Ogooué; toutefois, la plupart de ces inventaires ont eu lieu avant le passage de l'exploitation et leurs résultats doivent être actualisés.

D'autres comptages du service forestier furent réalisés à cette époque sur plus de 100 000 ha en première zone mais leurs résultats sont souvent limités à quelques essences commerciales ou même au seul okoumé.

Par la suite, le Centre Technique Forestier Tropical réalisa de nombreux inventaires dans l'ouest du Gabon (voir tableau suivant), en particulier ceux effectués dans le cadre du projet d'installation d'une usine de pâte à papier dans la région de Kango (Cellulose du Gabon, puis Société Gabonaise de Cellulose - SOGACEL). Ces inventaires échelonnés de 1963 à 1978 ont concerné la totalité des espèces de diamètre supérieur à 10 cm et fournissent de ce fait une bonne connaissance du volume brut sur écorce des fûts libres (VOB).

Enfin dans le cadre du Projet FAO de Développement Forestier du Gabon (PDFG) les inventaires réalisés par le CTFT ont couvert d'une part le centre-ouest du Gabon (3 millions d'ha), le nord-est (3,5 millions d'ha) et le sud-est.

L'ensemble de ces résultats d'inventaire joint à l'excellente connaissance que les forestiers fonctionnaires et privés ont de la forêt du Gabon permettent d'estimer les volumes sur pied des différentes zones avec une excellente fiabilité (voir en particulier les documents (8), (26), (42) et (47)).

Du point de vue des volumes bruts sur pied des arbres de diamètre supérieur à 10 cm (VOB) on retiendra les chiffres moyens de 250 m3/ha pour les forêts non exploitées (NHCf1uv) et 220 m3/ha pour les forêts déja exploitées (NHCf1uc) soulignant l'hétérogénité de la forêt gabonaise de ce point de vue. Plusieurs rapports ((6) (12) (33) (42)) ont en effet souligné l'importance des volumes sur pied de certaines zones (plus de 350 m3/ha), alors que d'autres ((41) (44) (49) (50)) notaient la faible densité relative de certaines autres (moins de 200 m3/ha).

Le volume moyen exploitable VAC des zones vierges a été estimé en moyenne à 10 m3/ha sans tenir compte d'une potentialité complémentaire de 2 m3/ha qui pourrait être mobilisée sans aucun problème de commercialisation si les prix proposés pour les essences secondaires subissaient une très légère hausse ou si les coûts de transport venaient à diminuer, ce que le chemin de fer rendra possible dans un proche avenir.

Le volume moyen exploitable des zones déjà exploitées est estimé à 4 m3/ha en moyenne pour tenir compte de la croissance des okoumés non exploités au premier passage (2 m3/ha) et des bois divers encore sur pied (2 m3/ha) (23) (47). En effet les distances de transport plus courtes en première zone où se trouvent l'essentiel des surfaces déjà exploitées) rend possible cette exploitation des essences secondaires.

Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf2
VOBVACVOBVACVOB
m3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotal
2502664101072202035437200119

Liste des inventaires forestiers réalisés au Gabon

Titre et exécutantDateSurface totale (ha)Taux d' échantillonage (%)Diamètre minimumEssences comptéesRégion inventoriéeRéférences correspondantes
Comptage divers Service forestierà partir de 1949105000variable60Essences commercialesBassin sédimentaire 
Secteurs S.R.F.1950–1955950005 et 1035ToutesBassin sédimentaire(5) (8)
R.I.C.C. (1)vers 195012400115ToutesRégion du lac Alombié(12)
Cellulose du Gabon (CTFT)19631003001 et 1,310ToutesRégion de Kango(12)
COMEX (2)1967415002,545Essences commercialesRégion de la Nyanga (Réserve de Moukalaba Douigny)-
Inventaire papetier complémentaire (CTFT)1970718000,25 et 0,1615107 essencesRégion nord et sud de l'inventaire Kango(20)
Inventaire forestier dans la région de Lambarené (CTFT)19707824000,0420
60
Toutes celles de D>60 cm; 37 commerciales D > 20 cmRégion de Lambarené(21)
Pré-inventaire dans la forêt du nord-est (FAOCTFT)1969–197135000000,0220Toutes dans les parcelles bot an.Nord-est(34)
Pré-inventaire dans le centre est (FAO-CTFT)1969–197130000000,220Toutes dans les parcelles botaniquesCentre-est(25) (38) (43)
Prospections forestières dans le sud-est (FAO-CTFT)1972–197310000000,0220Toutes celles de D>60 cm;37 essences D> 20 cmSud-est(33)
Inventaire de la zone d'Edenzork (CTFT)197721000115ToutesNord de la région de Kango(45)
Inventaires des chantiers de SOGACEL (CTFT)197720006,7510ToutesRégion de Kango(46)
Inventaire du massif de Fougamou (FAO-CTFT)19771000000,5, 1 et 220ToutesRégion de la Ngounié(48)
Inventaire du sud-estuaire (FAO-CTFT)1978700000,5, 1 et 220ToutesSud-estuaire(49)
Inventaire du Fernan Vaz (FAO-CTFT)19794500002020ToutesFernan Vaz(50)

Essai d'estimation des réserves en bois d'oeuvre exploitables (23)(42)(47)

A partir des documents disponibles, il est possible de dégager les caractéristiques essentielles de la forêt des première et deuxième zones, c'est-à-dire de la plus grande partie de la forêt du Gabon.

Avec plus de 20 millions d'hectares de forêt dense humide, dont la moitié n'a jamais été parcourue par l'exploitation et dont le reste conserve un potentiel très important, le Gabon possède la plus grande réserve de bois sur pied de l'Afrique forestière-le Zaïre excepté. Les 40 millions de m3 qui ont déjà été exploités ne représentent qu'une faible partie du volume total de bois d'oeuvre utilisable. On peut évaluer les réserves de bois utilisables pour la fabrication de pâte à papier à environ 2 milliards de m3, dont un peu plus de la moitié en bois tendres donnant des pâtes équivalentes ou légèrement supérieures à celles obtenues à partir de feuillus tempérés.

L'okoumé représente actuellement l'élément essentiel de l'exploitation forestière. Il est probable que l'exploitation des bois divers se développera dans l'avenir. L'okoumé n'en restera pas moins le moteur de l'exploitation pour les trois raisons principales suivantes:

L'ozigo et l'ilomba, deux essences exploitées, sont assez abondantes de façon régulière sur presque tout le territoire. Ils représentent souvent chacun de 1 à 2 mètres cubes de billes par hectare. Ce sont malheureusement, à l'heure actuelle, des essences de faible valeur commerciale. Cependant, les volumes commercialisés ont progressé ces dernières années.

Sauf dans des régions très localisées, les autres essences appréciées à l'heure actuelle sont rares. D'autres essences peuvent comme l'okoumé, mais à une plus petite échelle, remplir le rôle de moteur de l'exploitation, surtout là où l'okoumé n'existe pas; ce sont: le limba, assez abondant au nord-est et au sud, où il co-existe avec l'okoumé; l'ayous, qui ne se trouve qu'à l'extrême nord-est, région difficilement accessible; les Méliacées (acajou, sipo, kosipo, tiama, dibétou), dans une zone autour du Fernan-Vaz (en dehors de cette zone, les Méliacées sont rares et ne représentent guère qu'un pied exploitable pour plusieurs dizaines d'hectares); l'agha qui pourra sans doute aussi être un élément important de l'exploitation dans la région où il est abondant (Lalara- Booué), mais qui est encore assez peu exploité.

Le douka et le moabi (ce dernir encore peu commercialisé) se trouvent disséminés un peu partout, mais ne dépassent guère la densité d'un pied exploitable pour 10 hectares. Le doussié existe dans toute l'étendue du pays, mais est rare. Enfin, le niangon est localisé par taches, notamment dans la région de l'Ogooué et, au total, n'est pas abondant.

La promotion des autres bois supposera des efforts considérables. Certains sont abondants et ont des qualités certaines, mais ils sont, à l'heure actuelle, ignorés plus ou moins complètement par le marché. S'il était possible de les “lancer”, le volume exploitable à l'hectare augmenterait considérablement, mais les efforts à accomplir sont très importants. On pourrait envisager d'agir dans les secteurs suivants (pour ne citer que les bois les plus abondants):

bois de déroulage: andoungs, lonlaviol, ghéombi;

bois décoratifs: awougha, kevazingo, ebana;

menuiserie courante: ekoune, sorro;

parquets et menuiserie spéciale: movingui, padouk, bilinga.

D'autres bois, très durs, qui représentent un potentiel très important, seraient plus difficiles à promouvoir; ils seraient surtout utilisables comme traverses de chemin de fer, pilotis, longrines, etc…, tels que azobé, edoum, alep, eveuss, olène, diverses Légumineuses et Sapotacées à bois dur.

Croissance de l'okoumé (23)

Les inventaires effectués par la Section des Recherches Forestières du Gabon (S.R.F.) donnent en moyenne pour la forêt de première zone, avant exploitation, les nombres de tiges d'okoumé suivants, rapportés à 100 hectares:

Diamètre
(cm)
Nombre de tigesDiamètre
(cm)
Nombre de tiges
4046  9027
505710029
605411011
705412012
8046           130 et plus8

Le volume d'okoumé commercialisable (D≥70 cm) par hectare est, d'après ces chiffres de 9,8 m3 par ha.

Il semble que, tout au moins si l'on considère une grande surface, ce volume se maintienne constant dans la forêt non exploitée, la croissance des tiges étant compensée par la mort d'une partie des arbres.

Après le passage de l'exploitation, si celle-ci est complète, le volume commercialisable est nul; il se reconstitue ensuite peu à peu, les arbres de diamètre inférieur à 70 cm (diamètre d'exploitabilité) parvenant aux catégories commercialisables. Cet accroissement n'est plus compensé par la mort des vieux arbres, ceux-ci ayant été éliminés par l'exploitation.

L'étude de l'accroissement de l'okoumé, faite par lecture des cernes, permet de retracer l'évolution moyenne des arbres; on a, sur 30 années, les diamètres et les volumes commercialisables suivants:

Années après exploitationDiamètre au moment de l'exploitation
55 à 6565 à 70
DiamètreVolumeDiamètreVolume
  0600680  
  5630700  
10660721,6
15680  73,52,5
20700  75,53,2
2572  1,6773,7
3074  2,5  78,54,1

Les tiges de plus petit diamètre ne figurent pas dans ce tableau car elles n'arrivent pas à l'exploitabilité en 30 ans. On a supposé par ailleurs que l'exploitation avait enlevé toutes les tiges de plus de 70 cm.

Si on admet que le nombre de tiges d'okoumé dans la forêt est, juste avant l'exploitation, celui qui a été déterminé par les inventaires S.R.F. effectués en première zone, on aura l'évolution suivante du volume commercialisable, pour 100 ha:

Années après exploitationVolume total commercialisable (m3)Moyenne par an depuis l'exploitation
  000  
  500  
10  44,84,5
15  70,04,7
20  89,64,5
25190,07,6
30249,88,3

Au bout de 30 ans, le volume commercialisable reconstitué est donc d'environ 2,5 m3 par hectare. Il faut y ajouter le volume des tiges exploitables mais négligées ou oubliées au premier passage. Dans les exploitations pratiquées actuellement où les coupes en dessous du diamètre limité autorisé sont courantes, le volume effectivement commercialisé par hectare est supérieur à ce qui vient d'être calculé en admettant que la limite des 70 cm était respéctée.

Quoi qu'il en soit, la croissance du volume commercialisable paraît varier autour de 7 m3 par 100 ha et par an pour des intervalles entre exploitations de 20 à 30 ans qui semblent être la règle générale.

1.2 Plantations

1.2.1 Introduction (23)(35)

Dès 1930, le Service Forestier du Gabon s'est préoccupé d'établir des plantations destinées à assurer le remplacement des arbres abattus dans la forêt naturelle et à étudier les possibilités sylvicoles d'espèces autochtones ou introduites.

La première de ces deux considérations a naturellement conduit à faire un effort particulier dans le but de créer des peuplements artificiels d'okoumé. Ceux-ci ont été établis jusqu'à la guerre de 1939–45, avec des moyens très limités sur de petites superficies dans la forêt classée de la Mondah et à l'arboretum de Sibang. Les méthodes sylvicoles en étaient alors pour l'okoumé aux tâtonnements du début. Cependant, les parcelles plantées à l'arboretum de Sibang ont actuellement un très bel aspect, avec des arbres atteignant 60 cm de diamètre; les plantations faites en forêt classée de la Mondah ont par contre beaucoup souffert du manque d'entretien et de la concurrence de la végétation spontanée, mais il est possible d'y retrouver à l'heure actuelle un nombre assez important de beaux sujets.

A partir de 1945 fut entrepris, avec des moyens considérablement renforcés, un programme important et cohérent de plantations d'okoumé. La réalisation et l'entretien des plantations d'okoumé furent confiées à l'origine à une subdivision spécialisée du Service Forestier, la Section Technique de la Forêt d'Okoumé (S.T.F.O.), qui fut transformée en 1965 en une Société d'Etat, la Société Technique de la Forêt d'Okoumé. Cette société, dont l'activité principale se situe entre 1965 et 1969 fut supprimée en 1975 après avoir vu son budget réduit entre 1970 et 1975.

On a cherché, par souci de rentabilité, à planter de préférence des zones facilement accessibles et exploitables, ce qui explique la localisation des premiers chantiers à proximité de Libreville. En 1952, la totalité des surfaces jugées plantables en forêt de la Mondah ayant été utilisée, fut ouvert le chantier de la N'Koulounga, qui fut transféré à son tour un peu plus loin, dans la plaine de la M'Voum, une fois épuisée sa superficie plantable. Parallèlement étaient ouverts en 1960 le chantier de la Bokoué (Ekouk) sur l'axe routier Kango-Bifoun puis en 1966 celui du Como, dans la région de la haute Noya et enfin, en 1969, celui de la M'Biné, sur l'axe routier Bifoun-Lambaréné.

Les taches les plus importantes de la S.T.F.O. furent d'une part la destruction de la forêt naturelle et d'autre part l'entretien et la gestion des plantations. Il s'agit essentiellement de protéger les plants contre l'envahissement d'un recrû naturel extrêmement vigoureux, et notamment contre les parasoliers. Etant donné la présence sur le terrain de nombreuses souches et troncs d'arbres, ce travail est difficilement mécanisable et très coûteux en main d'oeuvre.

En ce qui concerne les éclaircies, celles-ci furent correctement exécutées au cours des premières années de fonctionnement de la S.T.F.O. Par la suite, malheureusement, les programmes prirent beaucoup de retard et dans certains cas ne furent pas exécutés.

Les résultats obtenus sont donc assez irréguliers; certaines parcelles sont de très belle venue; d'autres ont souffert d'un manque d'entretien, le programme entrepris ayant sans doute été pendant quelques années trop ambitieux eu égard aux moyens disponibles.

Les meilleures parcelles sont celles qui ont été plantées à une forte densité; c'est pourquoi (cf. tableau) après avoir, par souci d'économie, réduit peu à peu la densité de plantations, en estimant qu'il était inutile de mettre en place un nombre très élevé de plants pour n'exploiter en définitive que 100 arbres à l'hectare (il est difficile d'escompter davantage) on est revenu à des densités plus fortes.

L'état sanitaïre des plantations n'a jamais donné d'inquiétudes sérieuses; par contre, les ravages causés par les éléphants ont pris les dernières années des proportions alarmantes.

Quant aux essais portant sur des espèces autres que l'okoumé, ils ont été relativement réduits, ces espèces paraissant secondaires et de moindre intérêt, tout au moins dans les conditions du Gabon. Ont été réalisés:

1.2.2 Surface des plantations réalisées (14)(23)(35)

Le tableau suivant résume les surfaces de plantations d'okoumé réalisées au Gabon par chantier:

(en hectares)

AnnéeChantierMondahN'KouloungaM'VomBokoueComoNombre théoriquede plants par ha
1945
à
1952
1 050    1 600
1953   23   1 600
1954 274   1 100
1955 499   1 100
1956 451   1 100
1957 501   1 100
1958 607      400
1959 599      277
1960 613    510    277
1961 629    612    277
1962  1 004   980    417
1963     7491 006    417
1964     817   889    500
1965     8411 059    500
1966     517   228208   500
1967  1 580  974849   500
1968     894   945798   500
1969     618   600602   500
Totaux 1945–19691 0504 1967 0747 8032 457 
1970–1975  environ 1 500   500

Sur ce total de 24 000 ha il est extrêmement difficile de dire actuellement combien d'hectares ont effectivement été entretenus et éclaircis au moment nécessaire et donc constituent effectivement des peuplements d'avenir. De nombreuses parcelles ont en outre été détruites par les éléphants. On peut estimer en première approximation à 75% les surfaces encore effectivement occupées par des plantations soit 19 000 ha environ et aux deux tiers de cette surface les plantations qu'il est possible de considérer comme productrices de bois d'oeuvre, tandis que le tiers restant pourra servir pour d'autres usages industriels comme la production de bois de trituration. Au total donc toutes les plantations d'okoumé peuvent être considérées comme des plantations industrielles. Bien que les différentes autres plantations couvrent au total une surface non négligeable comprise entre 500 et 1 000 hectares, elles ne sont pas repertoriées dans le tableau suivant du fait de leur caractère expérimental.

Plantations industrielles

Surfaces estimées des plantations (industrielles) réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'hectare)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41 Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
P..1=PH.1=PHL 1Aukoumea klaineana 1567  19

1.2.3 Caractéristiques des plantations

L'analyse des plus vieilles parcelles a montré que la croissance moyenne en diamètre des arbres dominants est un peu supérieure à 40 ans à 1,5 cm par an depuis la plantation. On peut ainsi espérer obtenir, dans les parties réussies, 100 arbres de 75 cm de diamètre moyen à 50 ans, soit 480 m3 utiles, par hectare effectivement planté. Cependant, compte tenu des parties moins réussies, il est raisonnable d'escompter en moyenne 300 m3 utiles par hectare à 50 ans, soit une production nette de 6 m3/ha/an de volume fût effectivement utilisable.


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