Part II
COUNTRY BRIEFS (continued)

TANZANIA (continued)

2.1.4 Areas and growing stock at end 1985

Areas of natural woody vegetation estimated at end 1985
(in thousand ha)

The above estimates are based on the deforestation rates and indications given in section 2.1.1 and on the estimated areas at 1980 as indicated in section 1.1.2. It has been assumed that half of the log production will come from the closed forests, resulting in a 80 000 ha reduction of the total area of undisturbed productive closed forests (NHCf1uv). The depletion of woodlands (600 000 ha in the 1981–85 period) has been distributed between productive and unproductive types in the respective proportions of 10 and 90%.

Growing stock estimated at end 1985
(totals in million m³)

2.2 Plantations

The following tables indicate the estimated areas of established industrial and other plantations at end 1985.

Areas of established industrial plantations estimated at end 1985
(in thousand ha)

Areas of established non-industrial plantations estimated at end 1985
(in thousand ha)

Areas of established plantations estimated at end 1985
(in thousand ha)

Bibliography

1. FAO 1962 “Present Wood Consumption and Future Requirements in Tanganyika” - Report to the East African High Commission, based on the work of M.F.E. de Backer, J.F.M. Arnold and S.L. Pringle - Report No. 1536 - Rome

2. Forest Department 1962 “Progress Report 1955–60” - prepared from the British Commonwealth Forestry Conference 1962 - Dar-es-Salaam

3. Parry, M.S. 1962 “Effects of Peasant Cultivation Practices in Steep Streamsource Valleys” - In: East African Agricultural and Forestry Journal - Special issue 1962

4. FAO 1963 “Forest Industries” - Report to the Government of Tanganyika - based on the work of M.J.K. Meriluot - Report No. 1770 - Rome

5. Forest Division 1966 “Forestry Annual Report” - Dar-es-Salaam

6. Willan, R.L. 1967 “Species Trials in Tanzania (Mainland)” - (mimeo) - Rome

7. FAO 1969 “Development of the Forest Sector of Tanzania” - based on the work of an identification mission led by Per SKöld - FAO/SWE/TF 24 - Rome

8. FAO 1970 “Prospects for Central Lumber Yards in Tanzania” - based on the work of B. Macesic - FOI:SF/TAN 15 - Technical Report 2 - Rome

9. FAO 1970 “Tanzania Interim Report” - FO:SF/TAN 15 - Interim report - Rome

10. FAO 1971 “Present Consumption and Future Requirements of Wood in Tanzania” - based on the work of K. Openshaw - FO:SF/TAN 15 - Technical Report 3 - Rome

11. FAO 1974 “Appraisal of the Present and Future Demand-Supply Situation For Wood and Wood-Based Products” - based on the work of H.J.I. Huuhtanen - Rome

12. FAO 1974 “Draft Report of the Tanzania Forestry Project” - FAO/IBRD Cooperative Programme - Report 19/74 TAN 9 - Rome

13. FAO 1975 “Forestry Project Identification Mission Tanzania” - based on the work of J.F. Hughes, W.E. Webb and A. Kir - FO:DP/URT/75/022 - Rome

14. Lined, E.M. and Morrison, M.E.S. 1975 “East African Vegetation” - Longman - London

15. Lundgren, Björn 1975 “Land-use in Kenya and Tanzania” - Royal College of Forestry - Stockholm

16. FAO 1978 “Compilation of Indicative Growth and Yield Data of Fast-Growing Exotic Tree Species Planted in Tropical and Subtropical Regions” - based on the work of A. Sommer and T. Dow - FO:MISC/78/11 - Rome

17. Forest Division 1978 “National Progress Report on Forestry 1976–1977” - prepared for the fifth session of the African Forestry Commission, Accra - Dar-es-Salaam

18. Adegbehin, J.O. and Philip, M.S. 1979 “Studies on Dominant Height Development and Yield of Pinus patula at Sao Hill Forest Project, Southern Tanzania” - Division of Forestry - Report No. 6 - University of Dar-es-Salaam

19. FAO 1979 “Forestry Programming and Formulation Mission to Zanzibar and Mainland Tanzania” - Consultants report based on the work of S.C. Tamajong - Rome

20. Maagi, Z.C.N., Mkuke M.J. and Mlowe, E.J. 1979 “The Forest Area of Tanzania Mainland” - Forest Resource Study series No. 34 - Ministry of Natural Resources and Tourism - Dar-es-Salaam

21. Maghensbe 1979 “Effects of Weeding and Some Soil Characteristics on the Survival and Growth of Pinus caribaea in plantations at Kuvu” - Division of Forestry - Record No. 8 - University of Dar-es-Salaam

22. Temu, A.B. 1979 “Estimation of Millable Timber Volume in Miombo Woodlands” - Division of Forestry - Record No. 7 - University of Dar-es-Salaam

23. FAO 1980 “Village Afforestation: Lessons of Experience in Tanzania” - based on the work of E.M. Mnzava - TF/INT 271 (SWE) - Rome

TCHAD

La République du Tchad située entre le 8ème et le 24ème dégré de latitude nord et le 14ème et le 24ème degré de longitude est se trouve au centre de l'Afrique. Sa superficie est de 1 284 000 km²; sa longueur du nord au sud est de l'ordre de 1 700 km. 1 500 km la séparent de Doula, 2 500 km des ports du Nigéria et quelques 3 000 km de Pointe-Noire, via la République Centrafricaine. On y distingue les climats suivants:

• climat soudano-guinéen, an sud,avec les caractéristiques suivantes: pluviométrie supérieure à 950 mm; saison des pluies: 6 à 7 mois (mai à novembre); température moyenne annuelle à Sar (ex-Fort-Archambault): 28°, 1 (minimum absolu 10° - maximum absolu 45°); évaporation annuelle à l'appareil Piche: 2027 mm en 1961;

• climat sahélo-soudanien avec les éléments suivants: pluviométrie annuelle comprise entre 500 mm et 950 mm; saison des pluies de 4 à 5 mois, de mai–juin à septembre; température moyenne annuelle à N'Djamena: 28°1 (minimum absolu 8°2 - maximum absolu 47°); évaporation annuelle à l'appareil Piche: 3 222 mm en 1961;

• climat sahélo-saharien avec les caractéristiques suivantes: pluviométrie annuelle moyenne comprise entre 200 et 500 mm; saison des pluies de 3 mois de juillet à septembre: température moyenne annuelle à Abéché: 28°3 (minimum absolu 8°3 - maximum absolu 49°5); évaporation annuelle à l'appareil Piche: 4 465 mm en 1959–1961;

• climat saharien avec les éléments suivants: pluviométrie annuelle inférieure à 200 mm; saison des pluies de 2 mois, de juillet à août et quelques rares pluies en mai-juin-septembre: température moyenne annuelle à Faya-Largeau: 28°3 (minimum absolu 4°5 - maximum absolu 49°7); évaporation annuelle à l'appareil Piche: 6 420 mm en 1961.

Ces différents climats forment géographiquement des bandes orientées ouest-est qui se redressent vers le nord avec l'altitude au contact du massif central tchadien et du massif du Ouaddai.

En ce qui concerne la flore on peut distinguer schématiquement plusieurs grandes unités. Dans la partie sud du Tchad, la plus arrosée, au climat tropical semi-humide, viennent interférer les espèces limites des domaines soudano-guinéen et sahélo-soudanien. Le premier domaine est caractérisé par la prépondérance des Légumineusos dont la plupart remontent difficilement au-delà de l'isohyète 1 000–1 100 mm et sont pregressivement remplacées par des Combrétacées et une Anacardiacée, Sclerocarya birrea. Ce phénomène de substitution est parfaitement visible après cultures ayant été précédées d'un intensif défrichement. Plus au nord, la dominance de ces dernières espèces va devenir moins grande et leur remplacement va s'opérer par des plantes plus typiquement sahéliennes en même temps que le couvert s'éclaircira et que la prépondérance reviendra aux arbustes et arbrisseaux. Cette forme de savane boisée fera le passage progressif à la pseudo-steppe vers l'isohyète 500 mm, pseudo-steppe d'abord à Andropogonées puis ensuite à Aristidées dominantes. Ce passage se marque par l'introduction de nouvelles espèces arborées ou arbustives. Plus au nord, vers l'isohyète 100 à 200 mm, on assistera progressivement à la contraction du tapis graminéen qui se distribuera alors par touffes, souvent déchaussées par le vent, en même temps que les espèces demeurant en présence diminueront en nombre. C'est là un schéma très général et très condensé de la succession des différents groupements végétaux selon les domaines climatiques mais ils sont affectés par d'autres facteurs et notamment la nature du sol, la présence de la nappe phréatique proche de la surface et les variations en altitude pour une latitude donnée.

Les sols de la cuvette tchadienne sont principalement argileux ou sableux. Son émersion est toute récente et a subi jusqu'à une période très proche de la nôtre l'occupation de lacs de vaste étendue. Les partie émergées ont subi plusieurs pédogénèses qui ont conduit, notamment dans le sud, à la formation de sols ferralitiques et de sols ferrugineux tropicaux lessivés (3).

La population atteint un total de 4 520 000 habitants en 1980, croissant au taux annuel de 2,5% lequel, projeté sur les vingt prochaines années, correspond à des totaux de l'ordre de 5 750 000 habitants en 1990 et 7 250 000 habitants en l'an 2000. L'annuaire FAO de la production agricole (volume 33) donne une population agricole de 3 729 000 habitants en 1979 croissant à un taux annuel de 1,5%. On peut démographiquement diviser le Tchad en quatre grandes unités qui correspondent aussi aux grandes unités phytogéographiques (5):

• le nord, désertique et prédésertique n'ayant que 100 000 habitants, en majorité nomades, couvre une superficie de près de 600 000 km²;

• le centre, sahélo-soudanien, est une zone essentiellement d'élevage. Il compte 1,8 million d'habitants sur 350 000 km². L'agriculture de subsistance itinérante y règne. Les seules productions en dehors de l'élevage sont la gomme arabique, et l'arachide;

• le sud, soudano-guinéen, consacre ses terres disponibles aux cultures vivrières et au coton avec 2,5 millions d'habitants répartis sur 200 000 km². Les ressources forestières sont faiblement exploitées;

• le sud-est, soudanien, est une zone de savane boisée à vocation cynégétique et avec une population très faible (1 hab/km²). La faune sauvage abondante, remarquablement variée, prospère sur plus de 150 000 km².

1. Situation actuelle

1.1 Végétation ligneuse naturelle

1.1.1 Description des types de végétation

Tous les types de végétation comprennent une strate arborée et/ou arbustive plus au moins dense, plus au moins clairsemée, à l'exception des steppes au nord du 16ème parallèle, notamment les dépressions, qui sont dépourvues de toute végétation arborée. La description qui suit s'inspire essentiellement du document (3) et dans une moindre mesure de (2).

Formations forestières feuillues denses (NHC)

Ce sont essentiellement les galeries forestières le long des principaux cours d'eau à débit permanent (Chari, Logone) ou semi-permanent (Batha, Batha de Laïri, Bahr Erguig).

Dans le sud elles occupent les vallées parfois encaissées. La végétation est assez luxuriante avec, comme espèces; Vitex cuneata, Syzygium guineense, Anthocleista oubanguiensis, Tricalysia okelensis, Ficus capensis, Gardenia ternifolia, Nauclea latifolia, Tamarindus indica, Diospyros mespiliformis, Terminalia laxiflora, T. macroptera, Acacia caffra var. campylacantha avec, en sous-bois, Sopubia ramosa, Arbrus canescens (dépression du Mandoul). On passe progressivement de cette galerie forestière à la savane arborée du plateau par une forêt sèche à Anogeissus leiocarpus avec Prosopis africana, Lonchocarpus laxiflora, Acacia ataxacantha.....

Au sud et au nord de N'Djamena et jusqu'au lac Tchad, les bourrelets du Logone et du Chari portent des boisements denses de faible extension mais difficilement pénétrables. Les espèces principales observées ici sont nombreuses: Acacia sieberiana, Acacia seyal, Acacia ataxacantha, Acacia caffra var. campylacantha, Acacia senegal, Acacia scorpioïdes var. nilotica, Albizia chevalieri, Cassia sieberiana, Tamarindus indica, Diospyros mespiliformis, Mitragyna inermis, Kigelia africana, Khaya senegalensis, Balanites aegyptiaca, Celtis integrifolia, Stereospermum kunthianum, Anogeissus leiocarpus, Lannea humilis, Combretum glutinosum. Le sous-bois est constitué d'arbustes épineux ou non: Ziziphus mauritiana, Capparis corumbosa, C. tomentosa, Ximenia americana, Piliostigma reticulata, P. rufescens, Boscia senegalensis, Cadaba farinosa, Combretum lecardii, C. aculeatum, Cissus quadrangularis.

En s'éloignant de ces terrasses inondées par la crue, l'on passe rapidement dans les parties exondées: au sud à la savane arborée à Anogeissus leiocarpus et Sclerocarya birrea, au nord à la savane arbustive à Acacia scorpioides var. adstringens, Acacia senegal, Cadaba farinosa… et à la pseudo-steppe à Andropogonées.

Ces galeries forestières se développent dans le sud du territoire sur des sols ferrugineux tropicaux lessivés, parfois à caractères hydromorphes très accusés, de texture sablo-argileuse à argilo-sableuse. Dans le nord, il s'agit de sols hydromorphes formés sur des alluvions récentes, de texture limono-argileuse à argilo-limoneuse. Ces derniers évoluent après déboisement et cultures intensives vers des sols halomorphes à alcalis. Dans ces zones de galeries s'observent des savanes armées à Acacia seyal et B. scorpioïdes en formation dense sur des taches plus argileuses de vertisols.

Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO)

La savane arborée forestière soudano-guinéenne occupe une large bande dans la partie sud du Tchad et son aire d'extension correspond à celle des surfaces ferralitiques anciennes à actuelles, c'est-à-dire à des sols très évolués qui ont subi et subissent encore d'importants phénomènes de lessivage en bases et qui sont également peu riches en matière organique. Ces sols pauvres mais bien drainés se régénèrent difficilement après des cycles de cultures de 3 à 4 ans. Les jachères sont de l'ordre 5 à 6 années. Cette savane arborée atteint 8 à 10 m de haut mais elle est facilement pénétrable malgré un sous-bois assez densément garni et un couvert de hautes Andropogonées. Les principales essences sont:

• arbres: Isoberlinia doka, Prosopis africana, Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, P. lucens, Swartzia madagascariensis, Afzelia africana, Burkea africana, Daniellia oliveri, Sterculia setigera, Lophira alata, Bombax costatum, Butyrospermum parkii, Parkia biglobosa, Uapaca togoensis, Lannea barteri, Monotes kerstingii, Maerua angolensis, Vitex cuneata, Lonchocarpus laxiflorus, Anogeissus leiocarpus, Sclerocarya birrea;

• arbustes et arbrisseaux: Piliostigma reticulata, P. thonningii, Hymenocardia acida, Grewia villosa, G. mollis, Strychnos spinosa, Guiera senegalensis, Bridelia sp., Gynomsporia senegalensis, Crossopteryx febrifuga, Parinari curatellaefolia, Foretia canthioides, Dichrostachys glomerata, Capparis corymbosa, C. tomentosa, Albizia chevalieri, Acacia ataxacantha, Euphorbia sp., Hexalobus monopetalus, Ximenia americana, Detarium microcarpum, Entada cubanguiensis, Securidaca longipedunculata, Cassia sieberiana, Combretum nigricans, C. velutinum, C. hypopilinum.

Ces savanes forestières peuvent présenter des dominantes variables, notamment d'Isoberlinia doka, de Burkea africana, d'Amblygonocarpus andongensis. Il arrive qu'Isoberlinia doka soit associé aux bambous. Des savanes dégradées par l'action de l'homme sont nombreuses oû subsistent quelques grands arbres conservés lors des défrichements: Butyrospermum, Daniellia, Khaya, etc… La limite nord de ce domaine soudano-guinéen est marquée par l'importance de plus en plus grande prise par les Combretum, les Terminalia et surtout par Anogeissus leiocarpus, dont l'importance à la suite de défrichements ne semble pouvoir s'expliquer que par le fait d'un déséquilibre entre la végétation et le climat actuel plus sec qu'au cours des derniers millénaires.

La savane arborée soudanienne à Combretacées occupe de longues bandes de terrain diversement orientées et situées dans les dépressions inondées chaque année par la crue des fleuves ou de défluents le long du Chari de Milton à N'Djamena, dans la dépression du moyen Logone, et dans la dépression des Bahrs Salamat, Aouk et Keita. Elle forme également un vaste ensemble dans le triangle Bousso-Koro - N'Djamena et des îlots plus modestes le long des rives de la Loka et de la Kabra. Elle se développe sur des sédiments beaucoup plus récents que les précédents. Des variantes assez courantes se développent sur des sols différents.

Les espèces arborées dominates de ce type de savane sont Anogeissus leiocarpus et Sclerocarya birrea, plus fréquent dans la partie nord, associés à: Combretum glutinosum var. passargei, Prosopis africana, Boswellia dalzielii, Khaya senegalensis, Bombax costatum, Stereospermum kunthianum, Faidherbia albida, Cordia abyssinica, Balanites aegyptiaca, Pseudocedrela kotschyi, Lonchocarpus laxiflorus, Celtis integrifolia, Acacia sieberiana, Pterocarpus lucens, Lannea barteri, Vitex cuneata, Parkia biglobosa, Acacia caffra var. campylacantha, Borassus aethiopium, Sterculia setigera, Terminalia macroptera, et dans la partie sud à: Isoberlinia doka, Daniellia oliveri, Swartzia madagascariensis, Afzelia africana, Amblygonocarpus andongensis.

Le rônier (Borassus aethiopium) est un arbre assez peu répandu dans la cuvette tchadienne. On le trouve le plus souvent à l'état d'invidus isolés. Il disparait au nord du 12ème parallèle mais il peut former des colonies denses partout où s'observe un plan d'eau élevé et une texture légère des sols. Des peuplements exceptionnels existent dans les trois régions du moyen Logone, Logone inférieur, et à l'est de la dépression du Bahr El Ghazal. Quand la population augmente la rôneraie disparaît pour faire place aux cultures ou servir à la construction d'habitations. On passe alors à une savane arborée à Anogeissus leiocarpus et Prosopis africana.

Bien entendu il y a une végétation arborée dans les ouadis au voisinage du lac (Acacia, Ficus, Palmier dattier) sur les sols de “naga” et de “regs” et dans la prairie marécageuse, mais la strate herbacée est nettement dominante.

Formations (essentiellement) arbustives (nH)

La savane arbustive boisée du domaine sahélo-soudanien se localise à la limite nord de la savane arborée à Combretacées et fait la transition entre cette dernière et la pseudo-steppe qui ne prend son plein développement qu'entre les isohyètes 400 et 500 mm. Dans les parties humides se maintient une savane parc aux grands arbres accompagnés d'un sous-bois clairsemé: Faidherbia albida, Tamarindus indica, Balanites aegyptiaca, Acacia seyal, Acacia senegal etc… On retrouve d'ailleurs ces espèces à l'intérieur du massif de l'Ouaddai où les précipitations sont plus abondantes. D'une façon plus générale, la savane arbustive du domaine sahélo-soudanien est formée d'une végétation basse de petits arbres ou arbustes. L'ensemble facilement pénétrable occupe des sols hydromorphes, des sols tropicaux ferrugineux peu lessivés, des sols bruns ou brun-rouges subarides. Les espèces les plus fréquemment observées sont Acacia senegal, A. seyal, A. scorpioïdes var. astringens, Piliostigma rufescens, Balanites aegyptiaca, Boscia senegalensis, Guiena senegalensis, Ziziphus mauritiana, Cadaba farinosa. Elles sont accompagnées d'un haut tapis graminéen d'Andropogonées. Des formes basses, peuvent exister et correspondent peut-être alors à d'anciennes jachères. Ceci est fréquent au nord de N'Djamena. Hyphaene thebaica est l'élément dominant associé à Calotropis procera, Salvadora persica, Cordia abyssinica, Cadaba farinosa, Acacia scorpioïdes var. astringens.

La savane arbustive couvre aussi les nombreuses zones d'inondation principalement au sud du 13ème parallèle. Quand on passe de la savane arborée ou arbustive de la zone exondée aux zones d'inondation, ce sont toujours les mêmes groupements que l'on observe et qui se résument par l'association des plantes suivantes: Combretum glutinosum, Piliostigma reticulata, Acacia sieberiana, Ziziphus mauritiana, Randia nilotica, Andira inermis, Mitragyna inermis, Diospyros mespiliformis, Acacia scorpioïdes var. nilotica, A. seyal, Crataeva adansonii, etc… Divers groupements marquent le passage de la savane arborée forestière aux prairies marécageuses et sont liées à la durée et la profondeur des eaux d'inondation et à la nature du terrain.

La savane arbustive armée, peu répandue dans la partie méridionale du Tchad, apparait principalement au nord du 12ème parallèle. Le groupement à Acacia seyal est le plus fréquemment observé; il se développe sur des vertisols très argileux formés sur des argiles récentes. Les arbres et arbustes qui accompagnent Acacia seyal sont Balanites aegyptiaca, A. sieberiana, A. scorpioïdes var. nilotica, Mitragyna inermis, Ziziphus mauritiana, Piliostigma reticulata, Crataeva adansonii.

1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse

Surfaces actuelles

Le document (6) fait état d'un “domaine forestier” de l'ordre de 16 550 000 ha; mais il faut comprendre qu'il s'agit du domaine dont le service forestier est responsable et qui comprend les forêts classées (864 000 ha), les forêts protégées, les parce nationaux et les réserves de faune (581 000 ha) et les réserves cynégétiques (1 300 000 ha). Sur la base de différents documents concernant la végétation, les possibilités de l'exploitation forestière, et les parcs nationaux et réserves de faune, et notamment d'une esquisse de la couverture végétale du Tchad au sud du 16ème parallèle, à l'échelle du 1/1 500 000 dressée par J. Pias (3), on a reconstitué la répartition des surfaces de végétation ligneuse naturelle entre les différentes catégories utilisées dans cette étude. On a alors le tableau suivant:

Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

Il convient toutefois de faire les remarques suivants en ce qui concerne les chiffres portés sur ce tableau:

a) “domaine forestier”

• on a estimé la surface des formations forestières denses (NHCf) à environ 500 000 ha correspondant aux surfaces de galeries forestières et aux îlots de forêt dense sèche dans la partie sud et sud-est du pays (entre le Chari à l'est et la Pendé à l'ouest), en partie inclus dans les forêts classées (4) (8);

• les 7,2 millions d'ha de formations arborées mixtes forestières et graminéennes “improductives pour des raisons physiques” (NHc/NHO2i), c'est-à-dire non productrices de bois d'oeuvre, produisent cependant une certaine quantité de bois de service pour les utilisations locales en plus du bois de feu. Dans cette superficie sont inclus des îlots productifs en raison de leur densité et des essences rencontrées;

• on a estimé très approximativement à 0,8 million d'ha la surface de jachères de formations arborées mixtes forestières et graminénnes (NHc/NHOa);

• des renseignements récents font état de la création de deux réserves de faune à la limite de la zone sahélienne d'une surface totale de 8 211 000 ha (zone de transition nord-africaine du Sahel septentrional: steppe arbustive et végétation de massifs) qui ne faisaient pas partie du domaine “forestier” jusqu'à maintenant;

b) en dehors du “domaine forestier” on peut considérer très grossièrement qu'il n'existe pas de peuplements arborés d'étendue significative; par contre les terrains de parcours jusqu'aux environs du 15ème parallèle sont en partie couverts par différents types de végétation arbustive (comme par exemple les steppes arbustives à Acacia raddiana, A. senegal, Balanites aegyptiaca, Sclerocarya birrea, Combretum glutinosum. On a estimé sommairement la surface des formations arbustives au sens de cette étude (nH) à l'extérieur des 16 550 000 ha du domaine forestier à 7 millions d'ha (dont une partie se trouve dans les deux réserves de faune de création récente mentionnées au paragraphe précédent), c'est à dire 15% environ des “terrains de parcours”.

Propriété et statut légal

Les zones arborées et arbustives sont du domaine de l'Etat. On distingue les forêts classées qui devraient faire l'objet d'aménagement et de concesssions pour l'exploitation forestière, et les forêts protégées où les populations peuvent prélever les bois nécessaires à leurs besoins moyennant le paiement de taxes. Le ramassage du bois mort et des fruits dans les forêts classées est autorisé.

Dans les zones classées comme parcs nationaux, réserves de faune ou réserves cynégétiques la situation est plus complexe. Les réserves naturelles intégrales sont affranchies de tous droits d'usage; les parcs nationaux qui sont des réserves intégrales sont ouverts aux visiteurs sous certaines conditions; les réserves spéciales sont des zones où il existe des interdictions partielles ou totales, temporaires ou définitives; les réserves totales de faune sont des zones où seule la chasse est prohibée mais où les autres droits d'usage sont maintenus; les zones d'intérêt cynégétique sont les zones où la faune présente un intérêt scientifique ou économique majeur pour le pays et où elle doit être maintenue à un potentiel aussi élevé que possible.

Il n'y a pas d'aménagement au sens strict et l'on se contente d'exploiter la matière ligneuse en vue de satisfaire les besoins des populations en bois de feu et de service. On a seulement commencé dans un projet, dans la région de N'Djamena, à assurer la mise en défens de certaines parcelles (en respectant les droits d'usage coutumiers traditionnels et en procédant à des enrichissements par semis directs d'essences locales, en complétant ces mesures par des clôtures en épineux morts contre le bétail, en établissant des layons pare-feux, et en organisant le gardiennage). On a également examiné les possibilités de production de certaines forêts en bois de feu, charbon de bois et autres produits dans les régions de Maro, Dembo, Moissala et Goré.

Du fait de l'importance de l'économie pastorale le service forestier s'était orienté vers des aménagements sylvo-pastoraux intégrés dans un plan de développement régional. Par ailleurs la rôneraie pose des problèmes particuliers étant donné l'abattage inconsidéré pour satisfaire les besoins du marché (construction des cases traditionnelles de N'Djamena) et un projet d'aménagement était à l'étude, comprenant plantations par semis direct, mise en défens, lutte contre le feu, et exploitation en régie dans la région de N'D jamena.

On peut considérer toutefois qu'il n'existe pas actuellement de formations forestières intensivement aménagées (NHCf1m-NHc/NHO1m=0).

Exploitation forestière

Bois en grumes (12)

L'exploitation forestière proprement dite n'a pas fait l'objet d'étude particulière au Tchad. On s'est surtout préoccupé d'inventorier par échantillonage le matériel sur pied pour fixer l'emplacement possible de trois scieries (Goré: capacité annuelle 2 400 m³ grumes, Moissala: 12 000 m³ grumes, Maro: 7 200 m³ grumes) ce qui permettrait de traiter 21 600 m³ des 25 000 m³ qu'on estime pouvoir exploiter chaque année dans cette région.

Jusqu'à maintenant quelques petites scieries installées dans le sud du pays (Goré, Sahr) n'ont exploité que de faibles quantités (2 à 300 m³ par an) notamment de Anogeissus leiocarpus, Daniellia oliveri, Khaya senegalensis, Isoberlinia doka, Burkea africana, Afzelia, alors que des artisans de villages fabriquent des jougs et des pirogues avec Khaya senegalensis, Pseudocedrela kotschyi et Vitex, des longerons de charrette avec les mêmes essences et des chevrons avec Pseudocedrela et Isoberlinia et des meubles et planches avec Daniellia. Jusqu' à maintenant le sciage a été effectué soit avec des scies alternatives horizontales, des scies circulaires ou des scies à ruban (qui ont d'ailleurs disparu) soit par des scieurs de long.

Autres produits forestiers

En ce qui concerne les bois de chauffe et de service leur exploitation est particulièrement importante dans les environs de N'Djamena pour les briquetteries, les boulangeries et les particuliers et pour la construction des maisons (Anogeissus). Elle est faite par des bûcherons ou par les villageois eux-mêmes.

La production de bois de feu et de bois pour le charbon de bois est estimée suivant les auteurs entre 2 et 3,5 millions de m³ dont près de 25% pour les agglomérations urbaines. Celle de bois de service est évaluée par la FAO à 400 000 m³ environ.

Les meilleurs bois de feu pour la consommation domestique sont ceux d'Acacia nilotica et d'Anogeissus leiocarpus. A l'exception de Kigela africana et Calotropis procera toutes les essences sont consommées par les ménages ou vendues sur le marché. Pour la carbonisation les meilleures essences sont Acacia nilotica, Bauhinia rufescens, Combretum glutinosum, Dichrostachys glomerata, Grewia sp., Guiera senegalensis et Ziziphus mauritiana. On utilise Mitragyna inermis, Ziziphus mauritiana, A. nilotica, Anogeissus leiocarpus, Albizia chevalieri pour la construction des cases, Khaya senegalensis et A. nilotica pour les ustensiles agricoles et la construction des embarcations légères.

Les régions de production de la gomme arabique sont au nombre de quatre: le Biltine, le Ouaddai, le Batira et le Kanem. L'Acacia senegal est pratiquement le seul gommier exploité au Tchad. L'aire de distribution potentielle peut être estimé à 3,6 millions d'ha mais il semble que seulement 20% de ce territoire (720 000 ha) soient peuplés en gommier avec une moyenne de 50 à 150 arbres par ha (d'après “Le marché de la gomme arabique, production commercialisation et utilisation” publié par le Centre du commercial international (GATT/CNUCED)).

La gomme est obtenue soit par cueillette, notamment dans le Kanem où les nomades la récoltent au cours de leurs déplacements, soit par saignée. L'Acacia senegal est exploité dès sa sixième année jusqu'à l'âge de 15 ans. La saignée, qui est pratiquée sur toutes les branches de plus de 3 cm de diamètre et dont l'écorce est d'une couleur blanc verdâtre et lisse, n'est plus rentable lorsque l'écorce du tronc ou des grosses branches devient crevassée et d'une couleur brun grisâtre. Lors d'un échantillonnage fait sur 200 arbres on a constaté que la récolte moyenne était de 14 grammes par arbre.

La qualité de la gomme arabique du Tchad est trèe bonne, comparable à celle de la gomme triée et nettoyée du Kordofan, quand elle n'est pas mélangée à la gomme de l'Acacia seyal ou du Combretum. La production des années 1960 à 1972 était environ de 600 tonnes avec un maximum de 1 345 tonnes en 1968.

Il existe enfin au sud du Tchad plus de 15 millions de pieds de karité dont l'exploitation reste au stade artisanal et ne dépasse guère le commerce du troc. La production est insuffisante et est entièrement consommée. L'augmentation de la production passe par les améliorations des techniques de fabrication et surtout par l'amélioration des peuplements de karité par une sylviculture intensive (protection contre le feu, garnissage des trouées par des plantations).

1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied

Des travaux dont le but était de déterminer la capacité de production des peuplements forestiers du Tchad en bois d'oeuvre, bois de feu et de service, en vue de couvrir en partie les besoins du pays se sont déroulés d'une part en zone forestière de l'extrême sud du pays (région de Maro-Moussala-Gore) et d'autre part aux environ de N'Djamena où existent des peuplements forestiers du type sahélo-soudanien. Ces prospections assez simplifées et effectuées sur un échantillonnage peu représentatif ne permettent pas de faire des extrapolations à l'échelle nationale. En fait il manque des données statistiques complètes que seules pourraient procurer un inventaire forestier national (4) (9).

Les volumes bruts sur pied (VOB) ont été pris égaux à ceux du Soudan voisin, c'est-à-dire 120 m³/ha pour les forêts denses (NHCf1u) et 30 m³/ha pour les formations ouvertes productives (NHc/NHO1). Les volumes commercialisables (VAC) sont tiŕes du document (4) qui reproduit les résultats d'une reconnaissance réalisée sur 1 million d'hectares de forêts galeries et de forêts claires au sud du pays entre les 8ème et 9ème paralleles. Ces peuplements comprennent d'une part la forêt du Haut-Bragoto (500 000 ha) et d'autre part la forêt classée de Yamado et ses environs (400 000 ha) auxquelles on peut ajouter de petis massifs isolés et des galeries dont la surface estimée à 100 000 ha. Les cultures, les jachères, les zones d'inondation représentent certes une surface non négligeable sur l'ensemble de la région; mais dans les massifs précités cette sorte d'occupation est peu importante et ne saurait dépasser 10% de l'ensemble. Le matériel sur pied disponible, en grumes de sciage commercialisables (VAC), est évalué à 2 millions de m³. Les essences composant ce capital se répartissent comme suit (4) (8): Daniellia (70%), Khaya (10%), Isoberlinia (10%), Parkia (5%), Anogeissus, Afzelia, Burkea, Erythrophleum, Prosopis et Terminalia (5%). Si l'on considère que le million d'hectares étudié porte sur 90% de forêts claires et 10% de forêts denses on aboutit à des volumes de bois d'oeuvre actuellement commercialisables (VAC) de 6 m³/ha pour les forêts denses (NHCf1u) et 2 m³/ha pour les formations ouvertes productives (NHc/NH01).

Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m³)

Accroissements

Des études sur la production primaire nette des forêts galeries ou des forêts tropicales sèches n'ont pas encore été faites pour ces forêts du sud du Tchad.

On peut toutefois penser que par analogie avec d'autres forêts tropicales (forêts tropicales humides, écosytèmes forestiers de “miombo” et de forêt tropicale semi-décidue en Afrique) la production primaire totale nette (toutes essences comprises) ne devrait pas dépasser 9 t/ha/an (ou 9 m³/ha/an) étant donné la nature du sol.

En ce qui concerne la région de N'Djamena les prélèvements pèsent gravement sur le capital forestier mais on doit tenir compte que ces prélèvements portent en grande partie sur des bois morts pour le bois de feu et sur des bois de diamètre inférieur à 20 cm pour la construction. Par ailleurs l'environnement des zones de production de May Ache et El Arba est favorable à la production forestière alors que le danger des feux de brousse est faible. C'est ce que démontraient des enquêtes conduites en 1975 qui faisaient état d'un volume moyen exploitable (toutes utilisations) à l'hectare de 10 stères et d'une superficie accessible de 150 000 ha, ce qui représente 1 500 000 stères de bois pour les deux zones, alors que la consommation de bois des industries n'était que de 36 000 stères par an, sans tenir compte des besoins des populations.

Dans une enquête plus récente on estime l'accroissement annuel moyen en m³/ha de bois fort sur écorce respectivement à 4,0 et 4,8 dans la steppe à Acacia seyal et A. nilotica et dans la steppe densément arbustive à A. nilotica, et à 4,7 dans les fourrées édaphiques à A. seyal et A. sieberiana (10). Ces chiffres paraissent élevés.

Dans les autres types de forêt exploitée, les rendements étaient inférieurs et variaient entre 1,0 et 3,5 m³/ha/an. D'après l'estimation faite dans la steppe à Balanites aegyptiaca à pâturage autorisé, l'accroissement est inférieur à 0,8 m³/ha. Il en était de même pour les vestiges de savane, dont la stabilité était profondément déséquilibrée par les déficits pluviométriques des années 1973, 1974 et 1976.

1.2 Plantations

1.2.1 Introduction

Il existe un domaine forestier de 16,55 millions d'ha où la régénération naturelle serait possible par simple mise en défens et éventuellement un léger travail du sol. Ces surfaces offrent également aux plantations de village et aux boisements industriels de bonnes perspectives.

Les plantations se sont développées dès 1950, à partir d'essais systématiques, et ont été conçues de plus en plus dans le cadre d'un développement rural intégré pour lutter contre la détérioration des sols, pour ravitailler les populations en bois de feu et de service et enfin pour assurer un complément fourrager au bétail. De 1950 à 1955 des essais ont porté sur certaines essences au nord et au sud du 10ème parallèle (1).

Au nord du 10ème parallèle des espèces dont la survie était inférieure à 10% en 1970 ont été éliminées. Les espèces qui ont donné de bons résultats sont: Eucalyptus alba, E. microtheca, Anogeissus leiocarpus, Khaya senegalensis, Azadirachta indica, Dalbergia sissoo, Acacia senegal. Des techniques d'installation ont été mises au point, d'abord dans de vieux peuplements puis sur des terres cultivées par les villageois dès 1976. Par ailleurs on avait entrepris dès 1969 des reboisements autour de N'Djamena pour l'approvisionnement en bois de feu de la ville.

Au sud du 10ème parallèle de bons résultats ont été obtenus avec Cassia siamea et Gmelina arborea et des reboisements industriels pourraient être envisagés à condition de trouver des débouchés. Ont été également essayés l'anacardier (Anacardium occidentale), le karité, le cailcedrat (Khaya senegalensis) et divers eucalyptus.

1.2.2 Surfaces des plantations réalisées

Il n'existe pas de données récentes qui permettent de donner précisément la situation dans les dernières années. Le dernier rapport présenté en 1978 à la Commission des forêts pour l'Afrique donne un chiffre de 4 880 ha de plantations feuillues pour 1977, y compris les enrichissements en peuplement forestier. En 1976–77 auraient été plantés 500 à 600 ha en eucalyptus divers, Dalbergia sissoo, Azadirachta indica, Khaya senegalensis et autres espèces locales, 850 ha mis en défens et enrichis par semis autour de N'Djamena, 250 ha d'Acacia albida plantés et mis en défens en zone cotonnière et 400 ha plantés dans le cadre de l'opération Sahel Vert. Des réalisations sur de très faibles surfaces avaient eu lieu en 1975 (CARE Tchad). Un projet plus important prévoyant une phase de sensibilisation des populations a été présenté au FAC (Fonds d'Aide et de Coopération français) pour les régions du Mayo-Kebi, du Tandjele, et des deux Logone.

Surfaces estimées des plantations non-industrielles réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

On a indiqué entre parenthèses les chiffres réduits tenant compte du taux de survie et de réussite des plantations depuis leur établissement. Les coefficients adoptés sont d'autant plus faibles que les plantations sont plus anciennes.

La répartition par classe d'âge reste très approximative. Elle est basée sur les rapports du Tchad aux Commissions des forêts pour l'Afrique en 1969 et en 1978 (9) et à la réponse au questionnaire pour la préparation du Colloque mondial sur les peuplements artificiels (1967).

Bien que certaimes essences plantées soient des essences habituellement classées comme essences à croissance rapide (par exemple les eucalyptus) et que d'autres soient essentiellemnt des essences de bois d'ceuvre (comme Khaya senegalensis) on a regroupé toutes les plantations dans la catégorie des plantations non-industrielles avec des essences feuillues autres que celles à croissance rapide (PHL2) car la grande majorité des plantations lui correspondent.

1.2.3 Caractéristiques des plantations

Les caractéristiques des boisements dépendent des objectifs poursuivis: ravitaillement en bois de feu et de service des centres urbains, restauration des sols et association de l'arbre aux cultures ou à l'élevage, création de ceintures vertes pour la protection du milieu, boisements villageois pour la satisfaction des besoins locaux etc… On se limitera à donner ci-dessous les caractéristiques des boisements autour du lac Tchad (5) et aux environs de N'Djamena (7).

Boisements du lac Tchad

Il s'agit essentiellement de la région de Bol. Ce sont des plantations sur sables des dunes ou des plantations sur terres de polder. Pour les premiers les essences déjà utilisées à Bol (neem, Parkinsonia, Prosopis) s'adaptent moyennant quelques précautions au moment des plantations. Les plants sont mis en place sur des sols annuellement cultivés en petit mil par la population, à des écartements de 3 à 4 m et ne gênant pas les cultures pendant quelques années. Les plants proviennent de pépinières locales et il convient d'apporter de la terre “noire” et d'arroser.

Les plantations sur terres de polder ont l'avantage d'associer une protection des cultures et une production de bois. On utilise les eucalyptus, l'Acacia albida et les essences précitées. On a proposé de concentrer l'effort de plantation sur un réseau de 50 à 60 mètres delargeur sur un maillage de 4 hectares (5).

Boisements aux environs de N'Djamena

Les objectifs de ce programme étaient de créer autour de la capitale une zone verte pour la protéger des vents de sable, assurer à la population urbaine un approvisionnement en bois de feu et de service, offrir des emplois à une partie de la population. On a commencé par établir deux pépinières dont la capacité globale annuelle était en 1976 de 750 000 plants. Des boisements d'Azadirachta indica, Khaya senegalensis, Eucalyptus camaldulensis, Dalbergia sissoo, Parkinsonia aculeata, Acacia nilotica, Prosopis chilensis ont été réalisés soit par semis direct en poquet, soit par plantations en lignes espacées de 4 à 5 mètres. Dans la période de 1970 à 1974 on a pratiqué un arrosage des jeunes plants pendant 7 mois de l'année. L'accroissement moyen annuel des plantations autour de N'Djamena est donné entre 3,6 et 5,1 m³/ha/an dans le document (7).

2. Tendances actuelles

2.1 Végétation ligneuse naturelle

2.1.1 Déforestation

L'augmentation de la population et de ses besoins pourrait faire peser une grave menace sur la forêt en raison de la demande croissante en bois de feu et de service. On a toutefois vu dans les sections précédentes que si les environs de N'Djamena étaient surexploités et qu'il fallait aller chercher le bois dans un rayon de plus en plus grand (30 à 50 km), la capacité des zones accessibles et productives devrait encore pouvoir satisfaire les besoins futurs si elles étaient rationnellement exploitées, en attendant le développement des plantations. Par ailleurs dans les forêts du sud du pays, l'exploitation de grumes de sciage n'a pas d'incidence sur l'état boisé. On devrait donc pouvoir induire que la satisfaction des besoins en bois ne devrait pas avoir pour conséquence une diminution de la surface des formations ligneuses même si elle entraîne une certaine dégradation des savanes boisées ou arbustives.

Par contre le développement de l'agriculture et de l'élevage extensif peuvent entrainer une régression de la forêt. Les jachères écourtées par manque de terres ne permettent pas à l'ambiance forestière de se reconstituer là où l'on cultive le coton (dans le sud-ouest, dans les départements de Mayo-Kebbi, Logone et Tandjila où la densité de la population dépasse 15 hab/km²), ou l'arachide (entre les 12ème parallèles). On a estimé en 1978 que, de 1978 à 1980, 120 à 150 000 ha de forêt seraient convertis en terres agricoles; et que l'agriculture itinérante occuperait 100 à 120 000 ha supplémentaires à raison de 30 à 40 000 ha par an (9).

On peut estimer en première approximation que les forêts galeries et les reliques de forêt dense sèche ne sont pas affectées significativement et ne le seront pas dans les prochaines années, et que l'empiètement de l'agriculture permanente et itinérante de 80 000 ha par an sur les formations forestières se fera essentiellement aux dépens des savanes boisées et forêts claires productives (NHc/NHO1) et des formations arborées improductives (NHc/NHO2i). En l'absence d'indications précises on admettra que cette déforestation se répartit également entre ces deux catégories.

2.1.2 Dégradation

Les principaux facteurs de dégradation de la couverture végétale sont, comme on l'a vu, les coupes inconsidérées de bois, le surpâturage, car le bétail est en expansion, et les feux de brousse. Sur l'ensemble du territoire la coupe de bois pour les besoins desménages, pour la construction traditionnelle et la carbonisation a pris un caractère non réglementaire et abusif, par suite du manque de moyens de l'administration forestière. La diminution ou la destruction accélérée des boisements naturels, associée à l'utilisation anarchique des ressources végétales et des sols par l'élevage et l'agriculture et au déficit pluviométrique impitoyable de ces dernières années a eu pour conséquence une détérioration écologique du milieu se manifestant par une érosion éolienne et hydrique, une dégradation progressive des sols et de leur fertilité et une aggravation dans le bilan hydrique. C'est la justification des actions menées par le service forestier et appuyées par divers aides extérieures pour les plantations, le classement et la protection des forêts.

2.1.3 Tendances de l'exploitation forestière

Il n'est pas facile de parler des tendances de l'exploitation du bois d'oeuvre, alors qu'elle n'est même pas organisée actuellement et que le pays consomme surtout des sciages importés. Il faut d'abord développer le marché pour les essences locales, former des exploitants scieurs, résoudre certaines problèmes techniques (par exemple détermination du pourcentage de déroulage dans les grumes exploitées) et enfin résoudre le problème des transports. Dans les conditions actuelles il apparait pratiquement impossible de dégager des tendances.

En ce qui concerne la production de la gomme arabique l'amélioration de la production passe par un rajeunissement systématique des peuplements naturels agés par des techniques agrosylvicoles. Le Fonds Européen de Développement devait financer un grand projet de développement de la gomme arabique (1976–81) qui aurait permis au Tchad d'approcher les 8 000 tonnes prévues au plan de développement économique et social.

2.1.4 Surfaces et volumes sur pied à la fin de 1985

Les considérations des paragraphes précédents conduisent aux tableaux suivants.

Surfaces de végétation ligneuse naturelle estimées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

Volumes sur pied estimés à la fin de 1985
(en millions de m³)

2.2 Plantations

La sécheresse du début des années 70 avait stimúlé les efforts de reboisement, mais les évenements actuels ne permettent pas de connaître les perspectives en matière de reboisement de 1981 à 1985.

Le document (10) publié en 1979 faisait état des projets suivants (en dehors des quelques brise-vents, plantations d'alignement, plantations d'arbres fourragers ou à fruits qui pourraient faire l'objet de réalisations locales):

1. création ou reconstitution par régénération naturelle à l'intérieur d'une zone d'intervention de 32 000 ha, de 3 500 ha de forêts villageoises, chacune d'une superficie comprise entre 60 et 400 ha. La régénération naturelle par voie végétative et sexuée de la végétation ligneuse devrait être obtenue par la mise en défens;

2. interventions visant à:

   • accélérer cette reconstitution à l'aide de semis directs à l'intérieur des parcelles protégées et à créér ces peuplements sur les terrains appropriés par la même méthode sur une superficie variant entre 1 000 et 1 250 ha;

   • stimuler l'établissement de jeunes semis par scarification des sols;

   • produire et planter 60 000 plants dans les parcelles et dans les villages (entre 150 et 250 ha de superficie);

3. autres actions d'équipement et de protection des travaux réalisés et mesures institutionnelles d'accompagnement.

Toutes ces actions devraient aboutir à une production de bois de feu et de service permettant ultérieurement de mettre en place une exploitation rationnelle et réglementée. Ce projet peut être assimilé à un projet pilote permettant d'accumuler les nombreux renseignements indispensables à la généralisation d'une exploitation rationnelle et à une commercialisation appropriée. Le projet nécessitera l'appui d'organisations internationales de coopération.

Dans le tableau suivant on a repris le chiffre de 1 200 hectares comme surface plantée pendant la période 1981–85 indiqué dans les interventions signalées ci-dessus.

Surfaces estimées des plantations non-industrielles réalisées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

Bibliographie

1. Goudet, J. 1961 “Expériences et travaux de reboisement forestier et de restauration des sols - Travaux réalisés en matière de conservation des sols et d'extension et restauration forestière dans la République du Tchad” - Direction des Eaux et Forêts/Centre Technique Forestier Tropical - Nogent-sur-Marne (France)

2. Grondard, A. 1964 “La végétation forestière du Tchad” - in Bois et Forêts des Tropiques No. 93 - Nogent-sur-Marne (France)

3. Pias, J. 1970 “La végétation forestière au Tchad - Ses rapports avec les sols - Variations palébotaniques au Quaternaire” - Travaux et documents de l'ORSTOM - Paris

4. FAO 1975 “Possibilités de production de certaines forêts du Tchad en bois de feu, charbon de bois et autres produits” - Rapport préparé par le Centre Technique Forestier Tropical - Projet CHD/72/009 - Nogent-sur-Marne (France)

5. FAO 1975 “Compte-rendu de mission à Bol” - par C. Da-Costa - N'Djamena

6. Direction des Eaux et Forêts 1976 “Les problèmes sylvicoles et la politique forestière au Tchad” - Rapport présenté à la Consultation sur le rôle de la forêt dans un programme de réhabilitation du Sahel (Dakar, 26 Avril – 1er Mai 1976)

7. FAO 1976 “Reboisement aux environs de N'Djamena - Tchad - Conclusions et recommendations du projet” - FO: DP/CHD/71/002 - Rapport terminal - Rome

8. Tal, M. 1977 “Monographie sur l'exploitation forestière et le développement de l'industrie du bois” - Communication des participants du Tchad au stage pratique sur “Le développement de l'utilisation du bois dans les pays membres de l'Agence de coopération culturelle et technique” - N'Djamena

9. Direction des forêts, de la chasse et de l'environnement 1978 “Rapport d'activités forestières en République du Tchad - Période 1976–1977” - presenté à la 5ème session de la Commission des forêts pour l'Afrique (Accra, 24–28 Avril 1978) - N'Djamena

10. FAO 1979 “Aménagement et exploitation de la végétation forestière dans la région de N'Djamena - Tchad - Rôle de la sylviculture dans le développement de la communauté rurale” - sur la base des travaux de J. Parkan - FO: DP/CHD/75/013 - Rapport technique 1 - Rome

11. FAO 1979 Brouillon du rapport final du projet “Aménagement et exploitation de la végétation forestière dans la région de N'Djamena” - Rome

12. FAO/ONUDI 1979 “Bureau de promotion industrielle du Tchad - Possibilité d'une exploitation forestière au sud Tchad” - par M. Tirion - Projet CHD/76/010 - Rome