I-OBJECTIFS
Les installations proposées pour la lagune de MONASTIR, doivent permettre :
- d'une part, d'assurer une production rentable de poissons
- d'autre part de tester, au niveau d'une exploitation-pilote, divers types d'aménagements, de technologies et d'espèces, afin d'en analyser l'intérêt pour des extensions à MONASTIR ou dans d'autres sites simmilaires.
II-AMENAGEMENTS
Les aménagements proposés, se regroupent en 2 catégories:
- les aménagements généraux
- les aménagements de production, plus spécifiques
2-1 Aménagements généraux
Ces aménagements sont de deux types:
une remise en état de la lagune et des communications avec la mer, indispensable quelle que soit l'utilisation de la lagune, Y compris pour la seule activité de pêche.
la construction d'un batiment d'exploitation, polyvalent, permettant d'assurer le controle de la production, la préparation des aliments, le stockage du matériel, la préservation de la nourriture fraiche, etc…Ce batiment devrait servir à plusieurs productions prévues sur MONASTIR, et doit être ventilé entre toutes celles-ci
2-2 Aménagements de production
trois types de production aquacole sont prévus à MONASTIR:
une production extensive, améliorée, sur l'ensemble de la lagune
" semi-intensive dans les basins déjà construits
" intensive en basins et cages flottantes
2-2-1 Aménagement de la lagune
Une des conditions nécessaires pour l'augmentation de la production, est l'amélioration des conditions du milieu, en particulier de la circulation de l'eau. Les aménagements proposés consistent en deux digues divisant la lagune en 3 parties, permettant d'assurer une circulation semi-continue Nord-Sud.
2-2-2 Amélioration des anciens bassins
Les anciens bassins creusés entre 1974 et 1979, ont l'inconvénient principal d'être non vidangeables, et par suite difficilement pêchables. D'autre part, une amélioration de la circulation d'eau est également indispensable pour en tirer une production optimale.
La première amélioration consistera à modifier les entrées et sorties d'eau, en réduisant leur emprise, et en les rendant étanches, grâce à la construction de marines en baton.
La seconde amélioration portera sur les renouvellements en eau, par réalisation des eaux de la pisciculture intensive, grâce à l'aménagement d'un chenal de distribution.
2-2-3 Pisciculture intensive en raceways
Deux types de bassins, à fort débit d'eau seront installés :
- 6 bassins en béton, armé, de 50 m×1,2m
- 6 bassins en terre, recouverts de liner en P.V.C., de 32m×2, 5×1, 2m
Ces bassins seront alimentés par une station de pompage (4 pompes de 3001/s à 3m),
assurant en pointe 9001/s.
L'évacuation des eaux servira à alimenter les étangs renovés.
2-2-4 Pisciculture intensive en cages flottantes
Un premier ensemble de cages flottantes (16 unités) de capacité limitée (4×4×2m) sera installé dans la partie surcreusée, en face du grau d'entrée. Ces cages comporteront une structure flottante (à base de styroform) supportant un filet en forme de poche. Les cages seront fixées à une passerelle de travail amarrée au rivage.
2-2-5 Autres équipements
Afin d'utiliser également MONASTIR, comme centre local de production et
distribution de coquillages, des rodeaux conchylicoles sont nécessaires.
Ces rodeaux (6m×6m) au nombre de 20, Supportant chacun de 1500 à 1600 cordes
seront placés dans la partie surcreusée centrale.
Une embarcation légère, devra s'ajouter à cet investissement de base.
III-PRODUCTION
L' objectif de production finale annuelle est de 114T de poissons, et de 50T
de coquillages.
Cette production proviendra de l'ensemble des unités, avec des variantes concernant
les espèces, l'alimentation et de façon plus générale la technologie de l'élevage.
3-1 Production lagunaire
L' objectif des divers aménagements (élargissement du chenal, creusement, bordigiues, digues intérieures) est d'arriver à une production de l'ordre de 200 kg/an sur l'ensemble de la lagune. Cette production ne fait appel qu'à de la main d'oeuvre, l'alevinage et l'alimentation se faisant de façon naturelle, l'un par une amélioration de recrutement des alevins aux bordigues, l'autre par une augmentatior des conditions de productivité de la lagune, due à l'amélioration des conditions de circulation.
3-2 Production semi-intensive en étangs
L'erélioration des étangs déjà construits doit permettre d'atteindre un rendement de l'ordre de 10T/ha/an, soit 36T/an au total.
Cette production repose sur le mulet: pêche des alevins à l'extérieur,
alimentation complémentaire, renouvellement de l'eau.
Le coût de l'alevin pêché a été estimé à 30 ou 40 millimes, d'aprés les
indications fournies par l'Office des pêches. Deux hypothèses d'amiments préparés
localement ont été retenues
(coéfficient de conversion de 2,5 à 80 millimes, coéfficient de 3 à 100 millimes)
3-3 Production intensive en raceways et en cages
La production intensive repose sur l'élevage du loup.
Cet élevage a les caractéristiques suivantes :
- alevinage à partir d'alevins prégrossis de 20g
- croissance jusqu'à la taille de 330g en 15 mois
- utilisation d'un amiment composé
- renouvemlement en eau de 11/kg de poisson
Trois unités sont prévues
- raceways (bassins allongés) en ciment ; production de 30kg/m3/an, soit 30T/ an au total sur 1000m2.
- raceways en terre, recouverts de P. V. C, production de 15kg/m2/an soit 12 T/an au total, sur 800m2
- cages flottantes en filets, production de 15 kg/m3/an, soit 8T/an au total dans 520m3.
Deux types d'aliments seront utilisables : un aliment importé plus performant mais plus
cher (400millimes/kg, rendu à MONASTIR) et un aliment local, moins performant mais
dont le prix peut rester beaucoup plus bas.
Les alevins (200.000 environ) devront être fournis par une écloserie prévue sur une
autre opération, à MONASTIR. Le démarrage s'effectuera, à partir d'alevins de
GHAR EL MELH.
3-4 Unité conchylicole
L'unité conchylicole a principalement pour but, de favoriser la commercialisation des huitres et moules dans la zone touristique de SOUSSE et MONASTIR. Elle est basée sur l'apport et le stockage de produits finis ou semi-finis (en printemps) depuis l'exploitation de BISERTE.
IV-INVESTISSEMENTS
Les investissements nécessaires pour l'ensemble du projet ont été chiffrés à partir
des éléments disponibles au Ministère de l'Equipement et à celui de l'Agriculture.
Des distorsions importantes sont apparues, les estimations de l'Agriculture se situant
à 50% au dessus de celles de l'équipement aprés comparaison avec des bordereaux de
prix pratiqués.
Par d'autres secteurs, il est apparu que l'hypothèse I est plus réaliste que la seconde.
Les fonds de roulement ont été estimés, en moyenne, aux besoins d'une année d'exploitation, sauf pour l'exploitation lagunaire extensive, déjà en service. Les montant global des investissements se montre donc à 710.000 dinars, dont 203.000 pour la partie commune, et 507.000 pour les unités de production.
V ANALYSE BENEFICES/PERTES
Les prix de ventes ont été évalués comme suit :
- 2D.T/kg pour la production lagunaire (moyenne des prix de vente de MONASTIR en 1981)
- 1,250D.T/kg pour la production semi-intensive (prix mensuel moyen minimum du mulet sur le marché de gros de Tunis en 1981)
- 3 D.T/kg pour la production intensive de loups (légèrement intérieur au prix moyen de vente annuel, sur le marché de gros de Tunis).
- 0,750D.T/kg pour less huitres (prix de gros de l'O.N.P.)
L'analyse permet de mettre en évidence, soit une situation équilibrée,
soit un bénéfice pour chaque unité
Dans l'ensemble, compte tenu d'un intérêt initial de 5% sur les financements
nécessaires (arbitrairement choisis) l'exploitation est bénéficiaire.
VI-CONCLUSION
La mise en place de ce centre d'aquaculture intégrée poursuit nous l'avons vu, deux objectifs. En ce qui concerne la production rentable de poissons, nous pouvons vérifier qu'à court terme celle-ci doit se réaliser, à moyen terme, compte tenu des améliorations envisageables (alimentation, technicité, augmentation de la production) ceci devrait s'affirmer encore plus.
Il ne faut pas cependant oublier le second objectif : le caractàre de pilote de ce centre, devant savoir à tester des méthodes, former du personnel, et assurer une certaine forme de vulgarisation. Grace à la mise en place de 6 types différents d'exploitation, ce project devrait jouer pleinement son rôle, tout en maintenant ses coûts de production à un niveau modéré, chaque unité assurant sa propre rentabilité.