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Les produits forestiers mineurs - leur valeur globale est importante

par S.R.J. Robbins et W.S.A. Matthews

S.R.J. Robbins et W.S.A. Matthews travaillent du Tropical Products Institute, Londres. Leur article a été présenté à l'origine lots de la dixième conférence forestière du Commonwealth à Oxford, en septembre 1974.

Les auteurs passent en revue les produits forestiers mineurs qui revêtent de l'importance pour l'économie des terres tropicales en particulier. Ces produits comprennent entre autres la térébenthine tirée des pins, des essences de parfumerie tirées des racines, des souches et des fruits de diverses espèces arboricoles ainsi que les gommes et exsudais qui entrent dans la fabrication de produits très divers allant de là confiserie aux balles de golf. Figurent également au nombre de ces produits mineurs, les épices, les substances médicinales, les teintures et les tanins. La plupart des produits forestiers mineurs constituent des sources de devises à l'exportation et nombre d'entre eux conviennent parfaitement aux industries locales de transformation.

Même si l'on prend le terme «produit forestier mineur» dans un sens assez restreint, il est évident que la valeur annuelle totale de l'ensemble de ces produits qui, sous une forme ou une autre, entrent dans l'activité économique est d'importance majeure et que, pour nombre de pays, ces produits constituent une source potentielle de devises comparable à celle du bois. Toutefois, comme pour maints de ces produits forestiers, on ne dispose d'aucune statistique sur la production, l'utilisation locale et le commerce international, il est impossible d'évaluer quantitativement leur retentissement global sur l'économie mondiale. Pour les besoins du présent article, il est donc préférable de traiter le sujet en général plutôt qu'en profondeur dans d'étroites limites, et de l'étudier qualitativement plutôt que quantitativement, bien que, de toute évidence, la question se prête sans aucun doute à une recherche plus systématique qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. Il n'est peut-être pas surprenant que tout ce qui a été écrit précédemment sur un sujet aussi vaste ait été de nature très fragmentaire et axé sur un produit ou des produits particuliers dans un environnement forestier donné. Il n'en serait pas moins souhaitable d'examiner de manière plus générale et à long terme les possibilités et le potentiel économiques qu'offrent les forêts du monde, aménagées ou non, sous l'angle des produits secondaires que l'on peut éventuellement en tirer.

Une définition

On a déjà évoqué plus haut la difficulté de définir les produits forestiers mineurs. Dans son sens le plus étroit, ce terme ne peut s'appliquer qu'aux seuls produits qui peuvent être directement tirés du bois, de l'écorce, des feuilles ou des racines des principales essences forestières. Pris dans un sens un peu plus large, on pourrait inclure dans ce terme les produits tirés de toute essence d'un peuplement forestier aménagé ou non, quelle que soit l'importance de l'essence en question sous l'angle des principales utilisations finales ou des grands objectifs économiques de la forêt. Une autre catégorie pourrait raisonnablement entrer dans cette définition, à savoir celle des produits tirés de tous les végétaux et arbustes qui poussent naturellement en milieu forestier ou sont cultivés à son ombre. L'utilisation du tapis forestier pour la production efficace de produits secondaires peut ne pas être aisée étant donné la densité de l'ombre et du sous-bois et l'épaisseur du tapis de feuilles ou d'aiguilles de pins. Bien que nombre des produits des deux dernières catégories mentionnées se trouvent plus souvent à l'extérieur qu'à l'intérieur du milieu forestier, les auteurs sont fermement convaincus qu'il conviendrait de les inclure dans la définition, car leur existence influe sur l'ensemble du revenu commercial et social par hectare de forêt, même si ce surcroît de revenu doit profiter non pas aux autorités forestières mais aux villageois, aux agriculteurs et aux commerçants locaux. Il semble en revanche raisonnable d'exclure de cette définition les produits classés traditionnellement comme cultures de plantation - l'hévéa en est un exemple évident - ces produits ayant une importance économique majeure qui leur est propre.

Des centaines de produits

Cette définition assez large peut englober plusieurs centaines de produits, dont une grande part dans l'une ou l'autre des catégories suivantes: exsudats des arbres sous forme de gommes, de résines, de baumes, de latex, substances médicinales; teintures; noix comestibles, huiles essentielles; noix oléifères; épices; tanins, ainsi que les substances sécrétées par les insectes. Il est une autre catégorie de grande valeur, à savoir celle des fournitures navales comme la térébenthine et la colophane, ainsi que leurs produits dérivés, matériaux qui, étant donné leur importance économique, peuvent à juste titre être considérés comme exclus des produits forestiers mineurs; si, toutefois, l'industrie des fournitures navales est florissante dans maints pays tempérés, tel n'est certes pas le cas partout.

Pins des Caraïbes (Pinus caribaea) gemmés au Honduras pour obtenir de l'essence de térébenthine. On accroît le rendement en pulvérisant de l'acide sulfurique sur les incisions peu profondes, Il est une variété de pins qui peuvent être gemmés sans préjudice pour la valeur du bois d'œuvre.

Dans les régions tempérées où prédominent les forêts de résineux, on tend à exploiter les produits secondaires de façon assez rationnelle. De toute façon, la gamme des produits faciles à exploiter est assez limitée, même si ces produits ont pour la plupart une grande valeur. Les zones tropicales, en revanche, comptent une beaucoup plus forte proportion de forêts non aménagées, et les produits mineurs, vraisemblablement très nombreux, constituent le plus souvent les récoltes de base et commerciales de collectivités et entrepreneurs locaux. Dans ce dernier cas, la présence d'une vaste gamme de produits, souvent de très grande valeur malgré leur volume limité, encourage les collectivités rurales à se développer et à demeurer au voisinage ou dans les peuplements forestiers, tandis que les possibilités de revenu suffisent souvent à freiner la tendance trop répandue qu'ont les collectivités agricoles à émigrer vers les zones urbaines. Il existe, bien entendu, de vastes possibilités d'exploiter rationnellement les produits mineurs des forêts tropicales humides et il est vraisemblable que les profits économiques primaires tirés de la forêt pourraient être sensiblement accrus en exploitant plus systématiquement ces ressources naturelles mineures et en réduisant le gaspillage. Dans l'ensemble, toutefois, les avantages seraient sans doute négatifs si cette exploitation devait se réaliser au détriment des moyens d'existence des collectivités locales. Sur le plan social, la migration urbaine et les problèmes qu'elle soulève en matière de chômage et d'insuffisance de logements et services, coûtent cher à un pays en développement. Des programmes mal conçus de commercialisation des ressources forestières, qui privent les habitants locaux d'une grande part des revenus qu'ils tirent des cultures de base ou commerciales et les contraignent à quitter leur lieu d'implantation traditionnel, se solderont bien souvent par une perte sociale nette pour le pays, malgré les bénéfices échéant aux organisations exploitant ces ressources. En outre. de même qu'une diminution assez modeste des disponibilités locales effectives d'un produit traditionnel peut entraîner un déplacement de population des plus coûteux, toute baisse dans le prix d'une culture commerciale secondaire peut avoir le même effet. Malgré l'ampleur et la difficulté d'une telle tâche, il serait bon d'étudier l'effet, à l'échelle mondiale, des fluctuations des prix des produits forestiers mineurs sur l'existence et la stabilité des collectivités locales. La mesure dans laquelle ces collectivités sont tributaires des produits forestiers mineurs est nécessairement très variable d'une région à l'autre. Chaque produit et chaque région présentera, sous l'angle des dispositions traditionnelles pour la collecte et la commercialisation, une structure commerciale bien définie qui lui sera propre. Ce domaine ne se prête donc guère à la généralisation et, dans tout plan de développement, il est nécessaire de considérer chaque produit séparément.

Demande mondiale et pénurie

Du point de vue des utilisateurs finals commerciaux et industriels des produits forestiers mineurs, les perspectives d'une croissance soutenue de leur consommation n'ont guère été favorables ces temps derniers, en raison surtout de la hausse spectaculaire des cours mondiaux qui a affecté la plupart sinon la totalité des produits des cultures commerciales, y compris ceux des forêts. Cette hausse des prix tient à divers facteurs, mais avant tout à la pression croissante de la demande mondiale et aux pénuries occasionnées par les conditions atmosphériques défavorables. N'était l'apparition d'autres événements majeurs, on pouvait s'attendre à ce que s'accentue la tendance à remplacer les produits naturels par des matières synthétiques. Toutefois, le boom que connaissent les produits ne saurait sans doute durer indéfiniment et, s'il est peu probable que les prix reviennent à leur ancien niveau, on s'attend généralement à un certain fléchissement. Cependant, plus cruciales encore sont les vertigineuses augmentations récentes et actuelles dans le prix du carburant auxquelles ne devraient pas tarder à faire suite d'importantes majorations du prix des matières plastiques et autres produits chimiques dérivés du pétrole. Bien que l'on pense pouvoir tirer un certain nombre de ces produits chimiques de matières organiques comme les hydrates de carbone, au cas où l'emploi du pétrole deviendrait prohibitif, on ne manquera pas d'assister à un regain général d'intérêt pour les matières premières naturelles, dont nombre de produits forestiers mineurs. Pour le moment, on ne peut que spéculer sur l'ampleur d'un tel regain d'intérêt, mais il est évident qu'il se manifeste déjà dans certains secteurs de la fabrication.

On a déjà laissé entendre ci-dessus que, dans les zones tempérées, où les forêts de pins sont actuellement abondantes, l'industrie des fournitures navales est vraisemblablement très développée et peut être considérée comme d'assez grande importance. Dans les zones tropicales ou semi-tropicales moins développées, il est peu vraisemblable cependant qu'il en aille de même, malgré la présence généralisée de pins tropicaux; la production des deux principaux produits de cette catégorie, à savoir la térébenthine et la colophane, n'y constitue sans doute qu'une activité mineure, si tant est qu'elle existe. De nos jours, on tire la térébenthine soit de la gomme-résine obtenue par gemmage direct des pins et composée de 20 pour cent de térébenthine et de 80 pour cent de résine, soit de la résine et de la térébenthine brute obtenues à partir de l'extraction des troncs de pins, soit encore du sulfate de térébenthine brute, sous-produit de la fabrication de pâte à papier par le procédé au sulfate (kraft), grâce auquel le bois de pin est dissous à l'aide d'un mélange d'hydrate de sodium et de sulfure de sodium. Si ce dernier procédé est celui que l'on utilise principalement dans les régions les plus développées, dans les régions tropicales et semi-tropicales on pratique largement le gemmage, ce procédé étant techniquement simple.

Entre autres utilisations, la résine sert comme ingrédient pour les peintures et pour l'encollage du papier. Quant à la térébenthine, ses usages sont nombreux et bien connus. A titre de matériau de base dont on tire divers produits chimiques, y compris de nombreuses substances utilisées dans l'industrie de la parfumerie, la térébenthine est dans une certaine mesure responsable d'une régression dans l'emploi de certains produits naturels, dont les produits forestiers, et surtout les huiles essentielles dont on parlera davantage dans la section suivante. Les principaux éléments constitutifs de certaines térébenthines sont les pinènes qui forment la base d'une industrie chimique synthétique; c'est ainsi en particulier que le B-pinène peut être transformé en vitamine A par l'intermédiaire des ionones, matériaux d'importance majeure en parfumerie. Parmi les grands produits de parfumerie que l'on peut obtenir grâce à ces divers procédés figurent le linalol, le géraniol, le citral et l'hydroxycitronellol que l'on tire également d'huiles essentielles naturelles comme celles du bois de rose (source de linalol), de palmarosa (géraniol), de lemongrass (citral et les ionones) et de citronnelle (citronellol, hydroxycitronellol et géraniol). Le chimiste est donc surtout intéressé par la teneur de la térébenthine en B-pinène; c'est ainsi que l'on a constaté que la térébenthine néo-zélandaise tirée de Pinus radiata contient jusqu'à 65 pour cent de B-pinène, alors que celle tirée des essences plus communes de pins cultivés par exemple en Chine, en Inde, en Suède et en Finlande n'en contient que 5 pour cent ou moins.

Huiles essentielles

Outre la Nouvelle-Zélande, on a découvert également que les pins d'Australie et de Maurice constituent des sources de térébenthines relativement riches en B-pinène. A l'heure actuelle, toutefois, la principale source commerciale de B-pinène est le sulfate de térébenthine américain tiré du Slash pine (P. elliottii et P. caribaea) cultivé sur le littoral atlantique, les disponibilités de la matière première néo-zélandaise étant limitées. Les autres pinènes ont aussi leur importance, notamment le dextropinène tiré de Pinus halepensis cultivé en Grèce; le dextropinène peut servir comme source de laevo-citronellae, forme hautement prisée de citronellol actif que l'on trouve dans les essences naturelles de géranium et qui a d'importants débouchés dans l'industrie de la parfumerie.

Bien que ces produits chimiques synthétiques ne soient pas toujours considérés comme de parfaits substituts aux produits naturels, en ce qui concerne les propriétés odoriférantes, il se trouve que leur record d'expansion a coïncidé avec une très forte hausse dans la demande mondiale de matériaux de parfumerie et avec un moment où l'on voyait dans le développement rapide de ces produits synthétiques un moyen de stabiliser les prix. Bien que, dans l'ensemble, l'utilisation de certains produits naturels ait fléchi en termes absolus, il est loin d'en être de même pour nombre d'entre eux, l'évolution des matières synthétiques à base de térébenthine n'ayant alors que simplement ralenti le taux de croissance de la consommation totale des équivalents naturels. On assiste, en outre, à une demande régulièrement croissante de maintes huiles essentielles hautement spécialisées, dont: certaines proviennent de zones boisées, mais qui, jusqu'à présent, se sont révélées trop onéreuses à synthétiser.

Les considérations ci-dessus ne touchent qu'un faible secteur du domaine d'utilisation de la térébenthine; toutefois, dans la mesure où ce secteur empiète sur les perspectives du marché de certains autres produits forestiers, il est bon de l'examiner un peu plus en détail. La térébenthine est sans doute le seul sous-produit d'importance provenant des forêts de pins, à l'ombre desquelles il ne peut guère pousser quoi que ce soit, sauf lorsque les arbres sont plus largement espacés que de coutume. Le gemmage des arbres pour l'extraction de la gomme-résine possède un net avantage sur le procédé au sulfite pour la fabrication de la pâte, en ce sens que le premier permet de tirer un profit financier des arbres dès le début de leur vie, perspective hautement intéressante sous l'angle de techniques d'actualisation.

Santal

L'essence de santal est l'une des plus anciennes et des plus connues des essences de parfumerie, le bois lui-même constituant un article commercial de haute valeur, d'utilisation généralisée pour les meubles, la sculpture et les encens. Cette essence est principalement produite en Inde, où elle est distillée du bois de cœur et des racines de Santalum album, arbre parasite dont les racines s'enroulent autour de végétaux hôtes comme Cassia simea et Lantana acuminata. En Inde, la production est dirigée principalement, mais non exclusivement, par les gouvernements des Etats de Mysore et de Madras, et elle est actuellement bien organisée. Pour la propagation des arbres, autrefois naturelle, on procède désormais à un ensemencement contrôlé, après les travaux expérimentaux effectués par le département indien des forêts. Il faut à ces arbres 50 ans au moins et bien souvent 60 à 80 ans pour arriver à maturité et on ne les coupe jamais avant l'âge de 30 ans, à moins qu'ils ne soient menacés ou qu'ils ne pâtissent effectivement: de la maladie «spike» à laquelle ils sont vulnérables. L'essence est distillée à la vapeur dans des distilleries privées et d'Etat, et les exportations annuelles sont estimées actuellement à 25 à 30 millions de roupies, ces exportations ayant marqué un léger recul par rapport au record de 1968-69. On a tenté de synthétiser l'essence, surtout en période de prix élevés, mais apparemment sans succès, le principal élément constitutif, le santalol, étant difficile à tirer d'autres matériaux de base. La pratique de l'adultération qui, parfois, atteint de graves proportions, fait peser sur la réputation et l'avenir de cette essence une menace plus grande encore. Ce problème est commun à nombre d'huiles essentielles.

Des essences un peu analogues, mais non identiques, sont produites en Asie du Sud-Est (Singapour) et en Australie. L'essence australienne, importante sur le plan commercial, est distillée à partir de Eucaria spicata, que l'on trouve en Australie occidentale. La culture, la récolte et la distillation constituent une activité bien organisée. Cette essence, considérée comme une essence de santal typique, possède des caractéristiques très voisines de celles de l'essence indienne. Singapour s'est récemment efforcé d'obtenir une plus large part du marché, et cette essence est de bonne qualité.

L'importance économique de l'essence de santal réside principalement dans le fait qu'elle constitue une source précieuse de recettes à l'exportation. Sa valeur en tant que culture commerciale locale est plutôt limitée, en raison de l'organisation assez fortement centralisée de l'industrie; mais, dans certaines parties d'Indonésie où l'industrie est moins développée, les collectivités locales peuvent participer davantage à son exploitation.

Autres essences

La production de cédréléon est beaucoup plus généralisée que celle de l'essence de santal. Bien qu'il existe de nombreuses variétés de cèdres et que les essences que l'on en tire diffèrent quelque peu, toutes sont largement utilisées en parfumerie. Le parfum de cèdre est actuellement à la mode pour les talcs et lotions après rasage pour homme. Parmi les essences de cèdre présentant un intérêt commercial figurent l'essence de Cedrus deodara, que l'on récolte à de fortes altitudes sur la chaîne de l'Himalaya au nord de l'Inde, au Pakistan et en Afghanistan, et dont se servent généralement les industries locales; l'essence de Cedrus atlantica ou cédréléon «Atlas», qui provient du Maroc et de l'Algérie et qui est très prisée, bien qu'en quantités généralement restreintes; l'essence de Juniperus procera, ou cédréléon ouest-africain, dont une grande partie est exportée; l'essence de Mexicali juniperas, provenant du Texas (Etats-Unis); et enfin une essence bien connue de haute qualité qui provient de Chine et qui est exportée en fortes quantités, principalement vers des pays industrialisés. Il convient de souligner que les cèdres sont surtout exploités pour leur bois, de tout temps tris apprécié pour l'industrie de la construction, c t notamment pour la fabrication de meubles de haute qualité; l'essence est généralement extraite des troncs de cèdres abattus et des copeaux provenant de fabriques de meubles. Aux Etats-Unis toutefois, l'industrie du meuble de cèdre serait quelque peu en recul; comme il est peu rentable d'abattre des cèdres uniquement pour leur essence, celle-ci risque donc de venir à manquer. Bien que l'on ignore si ce fléchissement dans l'utilisation du bois s'étendra à l'échelle mondiale, il est peu probable cependant que la consommation de bois de cèdre diminuera sensiblement, même en cas d'augmentation substantielle des prix, ce bois étant très prisé.

L'industrie du bois de cèdre est bien organisée, à tel point que, même dans les pays en développement, ce bois n'est pas exploité par des collectivités locales, sinon à très petite échelle. L'ampleur de la demande est telle qu'un certain contrôle centralisé de l'exploitation du cèdre s'impose, surtout dans les zones où cet arbre est menacé de disparition.

L'essence de guaïac, originaire surtout du Paraguay, est connue depuis des siècles; ce n'est pourtant qu'au moment où les Mennonites se sont installés au Paraguay, au cours de la première moitié de ce siècle, que la production est devenue plus systématique. Le guaïac, sauvage (Bulnesia sarmienti) croît en abondance dans la région quelque peu inhospitalière du Gran Chaco et, à mesure que les colons mennonites y ont développé l'industrie, de nombreux Indiens locaux ont été attirés, ce qui a aidé à étendre cette industrie dans des régions du pays jusque-là pratiquement inaccessibles. Bien que la distillation soit quelquefois entravée par le manque d'eau dans cette région assez sèche du Chaco, de 75 à 100000 tonnes d'essence de guaïac sont produites tous les ans. D'aucuns sont d'avis qu'une pénurie de cèdre et de ses dérivés amènerait un regain d'intérêt pour l'essence de guaïac et ses dérivés tels que l'acétate de guaïac. En 1968, la demande d'essence a sensiblement monté en raison de la popularité accrue des produits à l'arôme cuir pour homme; depuis, cependant, le marché s'est stabilisé bien que, à l'instar de la quasi-totalité des huiles essentielles, le prix de l'essence de guaïac ait augmenté, suivant ainsi le mouvement des cours mondiaux des produits. Le prix reste néanmoins intéressant pour les consommateurs et l'on continue à apprécier l'essence comme ingrédient à mélanger aux parfums sylvestres et floraux et à certains savons. Il se peut que se produisent des pénuries occasionnelles dans l'offre, la récolte du bois devenant plus difficile et onéreuse, car il faut chaque année aller le chercher toujours plus loin, à mesure que s'épuisent les disponibilités à proximité des distilleries principales. Rien ne donne toutefois à penser qu'il s'agisse là d'une menace immédiate pour l'industrie et on trouve là un exemple intéressant de la contribution que peut apporter un produit forestier mineur à l'expansion communautaire dans un pays en développement.

Chênes-lièges (Quercus suber) croissant naturellement dans la forêt de Mamora, deux ans après le démasclage. Le tronc brunit et il faut environ 10 ans pour que la nouvelle écorce atteigne une épaisseur commercialement rentable.

L'essence de bois de rose se distille principalement à partir des rameaux et des petites branches en copeaux d'Aniba rosaeodora, arbre tropical sauvage sempervirent de taille moyenne du bassin de l'Amazone. Cette essence est surtout fabriquée au Brésil, mais le Pérou en produit aussi un peu. Actuellement, la production annuelle n'est qu'une infime partie de celle qu'elle était; elle est en effet tombée de plus de 1,5 million de tonnes à la fin des années trente à moins de 150 tonnes en 1972. Ce recul tient essentiellement à ce que le principal élément constitutif de cette essence, à savoir le linanol, peut être synthétisé de façon satisfaisante, comme indiqué dans la section sur les fournitures navales. Les prix ont tellement baissé qu'il n'est désormais guère rentable de distiller cette essence; de plus, le coût de la récolte n'a cessé d'augmenter tous les ans, à mesure qu'il fallait s'enfoncer toujours plus loin dans la jungle pour s'approvisionner. Récemment, les producteurs d'essence de bois de rose ont bénéficié de la forte hausse des cours mondiaux des produits, mais en raison de pressions exercées par des facteurs économiques compétitifs, la production ne s'est pas sensiblement accrue. Dans le même temps, la demande mondiale d'essence, exportée principalement à destination des Etats-Unis, marque une progression, cet ingrédient de parfumerie jouissant en soi d'une grande vogue. Les derniers mouvements des prix donnent à penser que les usagers sont prêts à payer sensiblement plus cher que 4,2 dollars U.S. le kilogramme, niveau récent du cours, et il se pourrait que le prix d'équilibre dépasse 10 dollars U.S. le kilogramme.

Le palissandre est évidemment bien connu pour son bois rougeâtre largement utilisé dans la fabrication de mobilier et articles de bois de haute qualité, et le fléchissement du marché de l'essence de bois de rose n'a que peu influé sur le niveau d'exploitation de l'arbre. La récolte et la distribution, bien organisées, sont assurées par quelques firmes et les collectivités locales n'y participent guère, la principale importance de cet arbre résidant dans son potentiel en tant que source de devises.

L'essence de sassafras est un autre produit forestier mineur d'Amérique du Sud. Il s'agit d'une huile essentielle distillée à partir du bois de Ocotea pretiosa qui croît en abondance dans certaines parties du Brésil. Connue depuis peu, cette essence n'a vraiment commencé à être produite qu'en 1938. On s'en sert surtout pour isoler son principal élément constitutif, le safrole, et pour transformer ce dernier en héliotropine. Ces produits entrent dans la fabrication de savons, de certains cosmétiques, de désinfectants et d'insecticides. Cette dernière utilisation revêt quelque importance, car l'on tend de plus en plus à se servir du safrole pour les multiples préparations à base de pyréthrum, ce composé phénolique ayant essentiellement une action synergétique qui accroît l'efficacité générale de la préparation.

Les habitants des régions où croît Ocotea pretiosa n'ont apparemment jamais pris part à l'exploitation de cet arbre; dès l'instant où l'on a commencé à produire sérieusement l'essence de sassafras, l'industrie a été autonome, les distillateurs contrôlant l'abattage et la collecte du bois. A l'instar de l'essence de bois de rose, celle de sassafras constitue une source précieuse de devises.

Eucalyptus

L'essence d'eucalyptus est d'usage si répandu qu'elle sort pratiquement de la catégorie des produits forestiers «mineurs». Toutefois, c'est le bois qui revêt le plus d'importance, et bien qu'en maints endroits l'eucalyptus soit pratiquement une culture de plantation, il n'est pas déplacé d'en étudier brièvement l'essence dans le cadre du présent article.

Deux essences d'eucalyptus sont d'importance commerciale majeure, à savoir l'essence de E. citriodora, essence de parfumerie surtout produite au Brésil, au Zaïre et en Chine, et l'essence de E. globulus et de variétés analogues, qui sont riches en cinéole et présentent un intérêt essentiellement médicinal, ces arbres étant originaires de Tasmanie mais cultivés de nos jours en Espagne et au Portugal. L'essence de l'eucalyptus chinois, ainsi qu'on l'appelle, n'est pas vraiment une essence d'eucalyptus, en ce sens qu'on la tire du cinéole contenu dans l'essence de camphre blanc. Bien que l'Australie soit célèbre pour ses eucalyptus, les espèces d'où sont tirées les essences commerciales d'eucalyptus sont toutes d'importance relativement mineure et comprennent E. radiata, E. dives, E. leucoxylon et plusieurs autres. Ces essences constituent d'importantes sources de devises, bien que l'intérêt de l'eucalyptus pour la subsistance des collectivités locales soit extrêmement limité, l'exploitation étant généralement organisée de façon centralisée.

Les herbes et végétaux à essences les plus importants sont pour la plupart cultivés en conditions contrôlées, mais leurs équivalents sauvages sont encore, dans une très faible mesure, récoltés et distillés, et cultivés de temps à autre dans les clairières forestières; ils méritent donc une brève mention. Certaines herbes de l'espèce Cymbopogon, connues sous le nom de lemongrass, sont largement répandues et l'essence en est distillée principalement en Inde, à Sri Lanka, en Indonésie, au Honduras et au Guatemala. Cette essence de parfumerie hautement prisée, tient sa place sur les marchés mondiaux, bien que son principal élément constitutif, le citral, puisse être synthétisé de façon satisfaisante. La citronnelle donne une autre huile essentielle très connue, l'essence de citronnelle; bien que cette dernière soit fortement concurrencée par des produits synthétiques en tant que source de géraniol et de citronellol, elle conserve sa part du marché. Sri Lanka et l'Indonésie en produisent de grandes quantités, mais elle présente une nette différence selon qu'elle provient de l'une ou l'autre de ces régions. L'essence de palmarosa, tirée de la plante sauvage Cymbopogon martini, n'a pas autant d'importance sur les marchés mondiaux que l'essence de lemongrass ou de citronnelle; cette herbe croît cependant en abondance en Inde, au Pakistan, en Indonésie, au Brésil et à Madagascar et constitue une excellente source naturelle de géraniol. Comme dans le cas de l'essence de citronnelle, les produits synthétiques concurrencent puissamment l'essence de palmarosa; celle-ci tient toutefois tête et constitue un atout précieux pour les zones boisées où elle croît.

Epices

Bien que l'on trouve de nombreux arbres et plantes à épices dans les forêts et à leur périphérie, la plupart sont, aux fins de production commerciale, cultivées en plantation. Le clou de girofle, la noix muscade, la cannelle et la vanille, pour n'en citer que quatre, s'inscrivent dans la catégorie des cultures de plantation et, bien que tous ces végétaux poussent à l'état sauvage, leur exploitation sous cette forme est très réduite.

Aussi l'examen de ces produits ne se justifie-t-il pas ici. Il est vraisemblable que la production d'épices fera à l'avenir l'objet d'une organisation plus poussée, étant donné l'essor que connaît la demande du fait que la ménagère en consomme davantage et que les normes de qualité sont actuellement plus sévères.

La seule épice présentant de l'importance dans le cadre du présent article est la cardamome.

Cardamome

La cardamome est le fruit mûr séché de Elettaria cardamomum Maton, plante pérenne cultivée en Inde méridionale, à Sri Lanka, en Amérique centrale et dans certaines parties de l'Afrique.

Bien qu'il s'agisse là de la cardamome commerciale, une plante analogue, Amomum cardamomum L., est cultivée en Thaïlande, en Indonésie et dans d'autres parties du Sud-Est asiatique, aux fins de consommation locale.

On s'en sert comme aromate pour les plats sucrés et épicés mais on peut distiller des graines une huile essentielle qui est également utilisée pour assaisonner.

Bien que l'on cultive beaucoup la cardamome en plantation, la cardamome sauvage est également récoltée; cette dernière présente une caractéristique spéciale en ce sens qu'elle prospère à l'ombre et qu'on peut la cultiver sur des emplacements qui, faute de lumière, ne conviendraient pas à maints végétaux précieux. Son potentiel pour l'accroissement du rendement par hectare de la forêt tropicale est donc considérable; dans certaines régions, elle constitue un assaisonnement supplémentaire pour le régime indigène et une culture commerciale pour les habitants locaux. Les possibilités d'une utilisation plus intensive de cette huile essentielle dépendront de l'évolution des prix des produits synthétiques concurrents. Ces prix ne varieront sans doute que très peu et cette épice sera vraisemblablement utilisée en quantités croissantes, à moins que n'augmente indûment le prix du produit naturel.

Le chiclé est un des exsudats les plus importants. Il s'agit du latex coagulé du sapotillier, Achras zapota L., souvent cultivé dans les pays tropicaux pour son fruit. Les disponibilités commerciales de chiclé sont cependant tirées d'arbres poussant à l'état sauvage dans des zones forestières. Cet arbre est originaire d'Amérique centrale, les principaux pays producteurs commerciaux étant le Mexique, le Guatemala, le Venezuela. et le Honduras. Son importance économique tient à ce qu'il est utilisé comme ingrédient principal de la gomme à mâcher, dont les meilleures qualités sont faites uniquement de gomme naturelle, alors que l'on se sert de matières synthétiques pour les gommes de qualité inférieure. Parmi les autres gommes naturelles, la plus importante est le jelutong ou pontianale, latex coagulé d'arbres appartenant au genre Dyera que l'on trouve en Malaisie et en Indonésie; les caractéristiques élastiques de ce latex le rendent particulièrement propre à la fabrication de «bubble gum». Entre autres gommes naturelles qui servent ou ont servi à la fabrication de gommes masticatoires figurent la gomme Crown (tirée de Achras chicle Pittier) et le chicle faison (tiré de Dipholis stevensonii Standl.) en provenance du Honduras, le red Kano gum (Ficus platyphylla Delile) en provenance du Nigeria, le gutta hangkang (Palaquium leiocaroum Boerl) et le gutta Ketiau (Ganna motyleyiana Pierre), l'un et l'autre d'Indonésie. Il s'agit là de produits forestiers mineurs qui contribuent à la fois aux recettes d'exportation et à l'emploi local au niveau du village.

Latex

Le gutta-percha s'obtient en coagulant le latex de plusieurs espèces d'arbres du genre Palaquium (famille des sapotacées) qui, bien qu'on le trouve principalement en Malaisie et en Indonésie, est assez répandu depuis l'Inde jusqu'à la zone du Pacifique centre-sud. Palaquium gutta est l'espèce la plus importante. Dans la région amazonienne de l'Amérique du Sud, les arbres fournissant une matière à peu près identique sont ceux du genre Lucuma, qui appartient aussi à la famille des sapotacées; le latex d'Amérique du Sud est normalement connu sous le nom de «balata». Bien que le gemmage des arbres pour l'obtention du latex ait par endroit été intensivement commercialisé, les villageois locaux continuent d'exploiter et d'utiliser le latex pour fabriquer des articles divers (jarres et bols légers, etc.), comme ils le font depuis des siècles. La commercialisation est relativement récente et le marché mondial du gutta-percha a atteint son record au début des années 1900, époque à laquelle on l'a considéré comme le meilleur matériau pour isoler les câbles électriques, notamment les câbles sous-marins. Aujourd'hui, on l'utilise surtout pour l'enveloppe extérieure des balles de golf et encore, mais dans une très petite mesure, pour la fabrication des ceintures de transmission industrielles, dans ces domaines toutefois, il se heurte à la concurrence des matériaux synthétiques. En admettant même que le marché international continue de fléchir, il est peu probable cependant que les collectivités locales cesseront de s'en servir et il demeurera un produit forestier de valeur.

Les fissures de l'écorce de certaines espèces d'acacia exsudent des gommes solubles, dont la plus importante est la gomme arabique, bien connue depuis de nombreux siècles. La moitié de la production totale de cette gomme est vraisemblablement destinée à la confiserie, ses autres débouchés étant entre autres la pharmacie, le gommage des timbres-poste et l'industrie du papier. Le Soudan en est gros producteur, mais cette gomme est également produite dans une vaste zone allant du Sénégal en Afrique occidentale à la Tanzanie à l'est. Il est courant de recueillir la gomme d'arbres sauvages, mais il semble que ceux-ci (Acacia verek) aient un rendement moindre, si l'on tente de les cultiver ou d'agir de quelque façon sur leur croissance naturelle. La gomme est extraite à la fois par les habitants et par des commerçants itinérants; elle constitue une précieuse source d'emploi local et de devises.

Matériaux de tannage

Dans les pays les plus industrialisés, les techniques de tannage ont fait d'énormes progrès ces vingt dernières années, et l'on se sert beaucoup plus de matériaux de tannage minéraux qu'autrefois. Dans le même temps, les tanneries primitives de village qui existaient dans les pays en développement depuis des millénaires continuent de prospérer et les tanins végétaux obtenus localement à l'usage de ces industries rudimentaires sont parmi les produits forestiers mineurs les plus importants. Les pays industrialisés utilisent eux-mêmes intensivement les tanins végétaux, notamment pour les cuirs grossiers. Les matériaux de tannage minéraux à base de chrome et autres représenteraient 70 pour cent de la consommation totale des matériaux de tannage, les matériaux de tannage végétaux représentant la quasi-totalité des 30 pour cent restants. Sur ces 30 pour cent, deux tiers sont composés d'acacias et une grande partie du reste revient à deux matériaux, à savoir le quebracho et le myrobolanier. Si tous les autres matériaux de tannage entrent pour moins de 1 pour cent dans la consommation mondiale enregistrée, il est vraisemblable qu'une bonne part de la consommation des collectivités locales n'est pas officiellement connue et certains de ces matériaux, comme l'écorce de rnanglier et de châtaignier, sont toujours employés largement.

Classement de la gomme arabique au Soudan. A la fin de 1974, par suite d'une pénurie aiguë, le prix est monté à 3172 dollars U.S. la tonne sur le marché de Londres, soit presque neuf fois son prix normal de 367 dollars la tonne. Le Soudan produit 80 pour cent des disponibilités mondiales, provenant surtout de l'acacia sauvage (Acacia senegal), dans la province occidentale de Kordofan. Autres pays producteurs: Mauritanie, Sénégal et Nigeria.

L'écorce d'acacia constitue le plus important de tous les matériaux de tannage végétaux; ce matériau est tiré de l'acacia noir, Acacia molissima, arbre australien désormais cultivé en plantations en Afrique du Sud et également en Afrique orientale. Ce matériau est encore largement utilisé par les habitants locaux.

Quebracho

Les deux arbres sud-américains exploités pour leur tanin sous le nom de quebracho sont Schinopsis balansae et Schinopsis lorentzii, que l'on trouve principalement en Argentine. Le faible taux de croissance de ces arbres a découragé la création de plantations et les arbres sauvages ont été légèrement surexploités au cours de la période d'expansion rapide de cette industrie; aussi le quebracho n'a-t-il jamais été exploité à la même échelle que l'acacia. Contrairement à de nombreux autres matériaux de tannage, il ne semble pas qu'au cours des siècles les habitants locaux se soient servi du quebracho pour traiter les cuirs; la valeur de ce bois en tant que matériau de tannage n'a été découverte qu'au cours du dix-neuvième siècle et son exploitation a toujours été aux mains d'intérêts commerciaux organisés. Une grande partie de la production totale est exportée.

La pulpe séchée du fruit du myrobolanier, de l'espèce Terminalia trouvée en Inde et en Birmanie, contient de 30 à 32 pour cent de tanin. Produit précieux d'exportation, ces fruits sont utilisés aux fins de tannage par les indigènes de l'Inde depuis des temps immémoriaux, car ils confèrent maintes qualités souhaitables au cuir, surtout si l'on s'en sert en conjonction avec d'autres 14 matériaux de tannage.

La noix de cajou est unique en ce sens qu'elle pousse en dehors du fruit, également comestible. L'anacardier, originaire du Brésil, a été introduit en Afrique et en Inde où il est devenu une source de devises non négligeable.

Autres produits forestiers

Il est un type de résine que l'on tire d'une substance sécrétée par des variétés d'insectes laccifères que l'on trouve de l'Inde à l'Indochine sur divers arbres hôtes comme palas (Butea monosperma), ber (Zizyphus jujuba), ghont (Zizyphus xylopyva) et kusum (Schleichera oleosa); la laque brute, une fois nettoyée à fond, est connue sous le nom de laque en grains et, après de plus amples traitements thermiques, sous celui de gomme laque, d'usage très répandu dans le monde comme ingrédient pour les peintures, les vernis et les encres d'imprimerie. Bien que les matériaux synthétiques aient, dans une certaine mesure, contribué à dégrader le marché de ce produit, la récente tendance à la hausse des prix des produits à base de pétrole avait amené, à l'époque de la rédaction du présent article, un fabricant d'encres d'impression à revenir à l'utilisation de la gomme laque, et il est probable que d'autres fabricants suivront son exemple. La récolte de la laque emploie une grande part de main-d'œuvre locale, et la gomme laque est, à tous les égards, un produit de valeur. De nombreuses noix sont riches en protéines et constituent une addition valable au régime alimentaire de base. La quasi-totalité des forêts contient une certaine proportion d'arbres nucifères et les espèces sont infinies.

Arbres nucifères

C'est ainsi qu'on trouve, pour n'en citer que trois, le noyer, très répandu, la noix de bétel indienne et la noix de Belize. Le commerce mondial de noix comestibles, à l'exclusion des grandes cultures de plantation comme les arachides et les noix de cajou, est loin d'être négligeable, mais ces noix constituent aussi un important supplément au régime alimentaire local.

Bien que l'apiculture soit généralement de nos jours une activité haute ment organisée, on peut tirer de considérables quantités de miel des nids d'abeilles sauvages dans les zones moins industrialisées; dans maintes régions, ce produit est effectivement très prisé comme édulcorant pour les régimes alimentaires locaux. Il n'est peut-être pas aussi étrange qu'il le paraît d'inclure cette denrée dans la catégorie des produits forestiers mineurs, étant donné que c'est surtout dans les zones très boisées que l'on trouve les nids d'abeilles sauvages.

Le bois, l'écorce, les feuilles, les fleurs ou les racines, de très nombreux végétaux ou arbres donnent des composés dont on se sert pour les teintures et les produits pharmaceutiques. Tel est le cas de la matière colorante rouge tirée du bois de campêche, de la matière colorante rouge tirée du henné d'Afrique du Nord et de la matière colorante brun orange tirée de l'arbre indien Acacia catechu, communément connu sous le nom de catéchu. Parmi les nombreuses substances médicinales fournies par des végétaux figurent la papaïne tirée du papayer tropical, la quinine tirée de l'espèce Cinchona et le senné tiré du végétal indien, tous produits très connus, mais il en existe bien d'autres. La papaïne et la quinine sont exploitées sur une base commerciale, mais de très nombreuses teintures et drogues sont surtout utilisées au niveau du village et constituent une culture commerciale utile sur le plan local.

L'avenir

Les quelques produits expressément mentionnés dans le présent article ne sont que parmi les plus importants s'inscrivant dans chacune des catégories générales choisies quelque peu arbitrairement et il en existe d'innombrables autres. Un traité beaucoup plus approfondi sur la question évaluerait la contribution des produits forestiers mineurs à l'économie forestière et plus au-delà encore à l'économie régionale ou même nationale. Ce domaine se prête à de nombreuses et nouvelles recherches. Toute fois, le bref exposé précédent donnera peut-être une idée de la contribution que peuvent apporter ces produits à l'économie mondiale s'ils sont pleinement et efficacement exploités.


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