par
John A. Pitcher
Introduction
Ainsi que le rapporte le bulletin I.R.G.F. no 2 (Pitcher, 1973), la deuxième session du Groupe FAO d'experts des ressources génétiques forestières (FAO, 1972), ayant déclaré l'Araucaria angustifolia essence menacée et nécessitant une action immédiate, a recommandé que des collectes de graines soient effectuées au Brésil et en Argentine. Cette responsabilité se trouve assumée en vertu du projet mixte BRA/45 du Gouvernement brésilien/PNUD. La FAO a fourni une aide financière au titre de son programme ordinaire.
Une classe de priorité l a été accordée à la mise en place, à l'intérieur du Brésil, de plantations de A. angustifolia d'identité certifiée, en particulier des provenances les plus menacées, dans le but de préserver les ressources génétiques de cette essence. Comme classe de priorité 2, mais de très grande importance, on a retenu la mise en place d'essais de provenances dans d'autres pays dans le but de tester la performance de l'essence et son potentiel comme petit patrimoine héréditaire. On pourrait ajouter un troisième objectif, non mentionné dans ces essais, qui consiste à axer l'attention sur la condition et sur les techniques pratiquées dans les régions d'A. angustifolia qui avaient motivé sa qualification d'espèce menacée d'extinction.
Ainsi qu'il a été rapporté précédemment (Pitcher, 1973), des semences ont été collectées dans 18 emplacements distincts, bien répartis dans l'aire naturelle de distribution qui s'étend entre les degrés 19 et 31 de latitude Sud et entre les degrés 41 et 54 de longitude Ouest environ. La marge des altitudes variait entre un minimum de 250 m et un maximum de 1 663 m. Des semences de cinq provenances types ont été distribuées à huit pays (Argentine, Kenya, République de Malagasy, Rhodésie, Afrique du Sud, Ouganda, Etats-Unis d'Amérique et Uruguay) pour être utilisées dans des essais internationaux de provenances, tandis que des essais sur la totalité des 18 provenances ont été mis en place dans plusieurs stations au Brésil même. Les origines de ces collections effectuées en 1973 sont indiquées dans le tableau l et dans la carte l.
Remarques sur les provenances présentant un intérêt particulier
1) Il y a, aux environs de Conselheiro Pena dans l'Etat de Minas Gerais, un très petit peuplement autochtone d'A. angustifolia, situé dans les montagnes Padre Angelo du bassin supérieur du Rio Doce (Hueck, 1961). C'est là, d'après la bibliographie, la région la plus septentrionale où l'on rencontre cette essence. Nous avons pris contact avec M. José Maurício Ramos, attaché au Parc national de Rio Doce, qui avait effectué un voyage spécial dans la région en 1969 pour vérifier l'existence de ce peuplement. Selon M. Ramos, les A. angustifolia sont très vieux, extrêmement épuisés par suite d'incendies répétés, de densité très faible et très peu nombreux. La zone est située à une certaine distance de toute route et n'est accessible qu'à pied ou à cheval. M. Ramos a bien voulu accepter d'organiser une expélition de collecte dans la région, mais il n'était pas du tout sûr d'y trouver des graines. Cela s'est malheureusement avéré vrai lorsque l'expédition a été effectuée.
2) Il reste un peuplement sur les terres de la Barro Branco National Coal Mining Company à Lauro Müller, Santa Catarina. C'est une source d'Araucaria située sur une bande côtière, à une faible altitude, mais cette source n'a malheureusement fourni que 11,5 kg de semences en 1973 pour les essais de provenance de l'IBDF/FAO.
3) Au voisinage du village de Gangassu, Rio Grande do Sul, se situe la partie la plus au sud de l'habitat d'A. angustifolia au Brésil. Ce peuplement éloigné se compose d'arbres isolés en bandes étroites le long des cours d'eau ou en lisière des champs. On y a récolté moins d'un kg de semences.
4) A Santa Maria, Rio Grande do Sul, M. Franz Andrae du Département de foresterie de l'Universidad Federal do Rio Grande do Sul, a fourni 100 kg de semences d'A. angustifolia récoltées d'une zone située près de Pinhal Grande; c'est un peuplement isolé à l'extrême limite sud ouest de l'habitat naturel de cette essence.
5) On rencontre des peuplements naturels dans la région de Missiones, en Argentine. Ces excellents peuplements ne sont pas représentés dans les essais de provenance. Une des origines représentées dans le test provient cependant de Barracão, localité située à la frontière du pays; elle peut être considérée comme possédant les caractéristiques de la provenance.
6) Une autre origine, Quedas do Iguaçu, mérite une mention toute spéciale, car elle représente la population vierge d'A. angustifolia la plus étendue au Brésil. Cette forêt couvre plus de 100 000 ha dans la partie occidentale de l'Etat de Paraná et constitue une propriété privée. Aucune mesure n'est prise en vue de garder ou de préserver même une partie de cette réserve, qui est vouée à la coupe au cours des 15–20 ans à venir. Il y aura sans doute du reboisement, mais la majeure partie de cette zone sera convertie en terres agricoles.
7) Les provenances restantes représentent des populations d'A. angustifolia qui ne sont que les restes des vastes forêts qu'il y avait à l'origine. La plupart de ces populations constituent des réserves de diverses natures : fédérale, appartenant à l'Etat ou à des particuliers, et elles pourront faire l'objet de collectes de semences dans l'avenir.
Méthodes de collecte et de manutention
Il n'y a lieu d'utiliser aucun appareil spécial pour grimper ou pour recueillir les semences, les “cônes” de l'A. angustifolia étant assez grands; ils pèsent jusqu'à 2 kg chacun et tombent de l'arbre lorsqu'ils sont mûrs. Les graines, d'assez grande dimension (120 au kg), peuvent être facilement ramassées à la main à même le sol. Elles ont été expédiées dans des sacs de jute d'un tissage assez lâche à Curitiba, où l'Ecole forestière nationale avait prévu une place disponible dans son entrepôt de graines récemment construit. Les semences ont été conservées à la température de 3° C.
D'après Glaser et Oliveira (1972), les semences d'A. angustifolia ayant une longueur de plus de 6 cm donnent des jeunes plants nettement meilleurs, tout au moins jusqu'à la fin de leur quatrième année. On a donc essayé de faire une sélection d'après la dimension, en éliminant soigneusement, à la main les insectes et les graines endommagées et en conservant les graines les plus grosses. Avec la quantité limitée dont on disposait, on a dû se résoudre à réduire la limite de la longueur acceptable des semences à 5,5 cm, voire à 5 cm, pour en garder suffisamment pour les essais prévus. Un contrôle strict était appliqué en ce qui concerne les sources des semences, tout au long des opérations, et on ne triait qu'une provenance à la fois.
On a placé ensuite les semences nettoyées et sélectionnées dans des sacs épais en matière plastique à double paroi (2 sacs l'un dans l'autre). Les sacs contenaient 30 à 40 kg chacun.
Conformément aux résultats de Grodski qui ont été publiés (1972), on a traité les semences au gaz de bromure de méthyle à raison de 20 cm3 par m3 de semences, pendant 24 heures. Les semences ont subi le traitement dans les sacs en matière plastique qu'on avait préalablement scellés à chaud à l'aide d'un fer spécial. Au bout de 24 heures, on a ouvert les sacs et laissé le gaz se dégager, et après 24 heures à nouveau, on a rapporté les semences au laboratoire où des lots-échantillons ont été prélevés et pesés. Chaque lot destiné à être expédié outre-mer était de 8 kg, représentant 800 à 960 graines. On a sélectionné cinq provenances pour les essais internationaux devant représenter toute la gamme des provenances. On trouvera dans le tableau l la liste entière des provenances, celles qu'on a utilisées dans les essais internationaux étant signalées par une notation spéciale.
Les semences ont également été traitées avec un fongicide, l'orthocide-50, à raison de 2,5 g par kg de semence.
Des certificats phytosanitaires ont été obtenus du Service de la protection des plantes du Ministère de l'Agriculture brésilien. Ces certificats ont été joints aux connaissements expédiés au port de destination, en même temps temps que les autorisations d'entrée délivrées par les pays destinataires.
Essais de provenance effectués au Brésil
Une fois les expéditions outre-mer effectuées, on disposait de 18 provenances pour la mise en place d'essais au Brésil. La provenance de Três Barras dans l'Etat de Santa Catarina n'a pas laissé, après la sélection portant sur la dimension, suffisamment de semences pour faire partie des essais brésiliens.
Des stations ont été préparées à la Fazenda Santa Tereza, Guaragi, Paraná, dans la forêt domaniale de Três Barras dans l'Etat de Santa Catarina, et à la Fazenda de la Fábrica de Papel Sguário S/A, Rio Preto, São Paulo. Le plan pour la mise en oeuvre de chacun de ces essais consiste en l'utilisation de blocs complètement aléatoires avec 4 répétitions par station, et une parcelle par répétition. La parcelle contient 25 arbres en 5 rangées et 5 colonnes; l'espacement est de 3 m × 3 m. Une bordure composée de 4 rangées entoure complètement les parcelles des essais. A chaque emplacement d'arbre, que ce soit à l'intérieur des parcelles ou dans la bordure, on a semé 3 semences. Après la germination, on éclaircira les parcelles, là où cela s'avèrera nécessaire, de manière à laisser un seul arbre par emplacement.
On a également mis en place dans chaque station d'essai une parcelle Nelder (Namkoong, 1966) dans laquelle la densité des arbres est établie avec un accroissement constant, afin d'évaluer les effets de l'espacement sur la croissance des diverses provenances. C'est la première fois que des essais Nelder sont effectués au Brésil sur A. angustifolia. On a appliqué dans ces parcelles dix espacements variant entre 3 089 arbres par ha et 124 arbres par ha, l'accroissement étant de 370 arbres.
Autres essais de provenances
Pendant qu'on procédait à la collecte de provenances pour le projet IBDF/FAO BRA/45, L'Instituto Forestal de São Paulo (1) faisait une collecte de semences d'A. angustifolia et mettait en place, lui aussi, des essais de provenance. Les collections qu'ils faisaient portaient, pour la plupart, sur d'autres origines, mais on trouve quelques provenances communes dans les deux séries d'essais. Cela peut servir de base pour la comparaison de la performance dans différentes localités.
Les essais de provenance IBDF/FAO devront être soigneusement surveillés au cours de la première période de leur mise en place. Cela comporte diverses opérations : sarclage et extirpation des mauvaises herbes, éclaircie à un seul arbre des emplacements plantés, et peut être quelques remplacements.
On devra procéder, à des intervalles réguliers, à des mesurages et à des analyses des paramètres caractérisant la croissance : nécessairement la hauteur, le diamètre, et le volume, et éventuellement d'autres paramètres dont la mesure s'avère nécessaire. Les données obtenues devraient être accessibles à tous les coopérateurs; on pourra ainsi établir une comparaison avec les provenances “standard” qu'on a incluses dans les essais.
Il semble que le patrimoine génétique de l'A. angustifolia soit actuellement assez fort, et les préoccupations formulées précédemment par le Groupe d'experts FAO méritent d'être réévaluées (FAO, 1973). Il y a, au Brésil, des personnes compétentes qui dirigent la recherche sur cette essence.
Références bibliographiques
FAO, 1972
Report of the second session of the FAO Panel of Experts on Forest Gene
Resources. FAO report FO:FGR/2/Rep. Rome. 68 pp.
GLASER, Gil Reinaldo et OLIVEIRA, Jesuino Almeida de, 1972
Influência do tamanho das sementes no desenvolvimento inicial dos
povoamentos florestais de Araucaria angustifolia (Bert.) O. Ktze.
VII World Forestry Congress, Buenos Aires.
GRODSKI, Romulo Mário, 1972
Pesquisa dos efeitos do CS2 e CH3Br no expurgo de sementes de
Araucaria angustifolia para o combate da lagarta de Laspeyresia araucariae.
Brasil Florestal III(12):36–39.
HUECK, Kurt, 1961
Distribuição e habitat natural do pinheiro-do-Paraná (Araucaria angustifolia).
Transcrição do Boletim Geográfico (IBGE) no. 165:709–723.
NAMKOONG, Gene, 1966
Application of Nelder's designs in tree improvement research. Proc.
Eighth Southern Conf. For. Tree Imp. pp. 24–37.
PITCHER, J.
The Araucaria angustifolia (Bert.) O. Ktze. gene resource in Brazil.
Forest Genetic Resources Information No. 2, FAO, 1973.
