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2. ETUDES ET POSSIBILITES

2.1 SITUATION ACTUELLE

L'équipe IOLR d'Eilat comprend à l'heure actuelle deux chercheurs confirmés (H. Gordin et G. Kissil), quatre jeunes chercheurs (A. Hughes-Games, F. Motzkin, R.M. Pitt, et O. Tzur), et deux techniciens (A. Aharonov et B. Kropach), ainsi que deux ou trois étudiants renouvelés régulièrement. Elle consacre l'essentiel de ses activités à un programme de recherches sur l'élevage de la Dorade dorée (Sparus auratus), qui couvre l'ensemble des problèmes que pose l'espèce:

  1. induction de la ponte, obtenue par des injections hormonales aux doses classiques;

  2. élevages larvaires, réalisés en petits volumes, et bien contrôlés;

  3. nutrition, avec des granulés secs mis au point et confectionnés au laboratoire (des essais d'encapsulation sont prévus);

  4. grossissement, d'une part en bassins rectangulaires de 200 m3 (levées de sable), sur le site, d'autre part, en cages de quelques m3à Dahab (150 km au sud d'Eilat);

  5. pathologie, en collaboration avec l'université de Jerusalem (I. Paperna).

Outre les travaux but la Dorade dorée, deux expériences de grossissement de Penaeus semisulcatus viennent de commencer, avec quelques 3 000 post-larves produites à l'université de Tel Aviv (Z. Samocha). Des essais de grossissement de l'huître japonaise (Crassostrea gigas) dans les effluents des bassins d'élevage de poissons ou de crevettes sont en préparation.

Les conditions climatiques du golfe d'Eilat, qui ont été décrites par les consultants précédents, sont extrêmement favorables à l'aquaculture marine. De nombreux sites sont disponibles sur la côte, aussi bien pour des implantations de cages que de bassins. Le contexte économique local, avec un tourisme à base de clientèle européenne et américaine aisée, devrait permettre de commercialiser sur place, dans de bonnes conditions, les résultats d'une production expérimentale. A plus long terme, au moins pour la Dorade dorée, le marché national est manifestement susceptible d'absorber plusieurs centaines de tonnes supplémentaires par an sans fléchissement des cours (de l'ordre de 15 Livres israéliennes, & la production).

2.2 ACTIVITES DU CONSULTANT ES ISRAEL

Outre le laboratoire d'Eilat, le consultant a pu visiter, grâce à l'assistance de H. Gordin:

  1. les installations de grossissement de poissons, en cages, du moshav de Dahab;

  2. la pêcherie de dorades, bars, mulets et soles de la lagune Bardawil, d'où proviennent tous les poissons qui ont été apportés & Eilat et Dahab.

Pendant son séjour, il a presenté les diverses informations dont il dispose concernant l'aquaculture marine, et detaillé tous les points interéssant particulièrement ses interlocuteurs. Ont été ainsi revus dans le détail:

  1. les problèmes de production d'algues planctoniques, avec mention spéciale pour la production en sacs plastiques. Une attention particulière a été pretée à une algue spiralée déterminée comme Anabaena sp. mais qui pourrait 8tre Spirulina sp. Elle pousse naturellement dans des basins d'eau douce de la région d'Eilat, et pourrait éventuellement être très utile, aussi bien comme source de nourriture dans les élevages d'artemia, que comme source additionnelle de protéines dans les aliments composés;

  2. les problèmes techniques de la ponte naturelle en captivité, de la collecte des oeufs, et de l'élevage larvaire;

  3. les problèmes techniques de l'élevage en cages ou en bassins, et de l'alimentation des animaux dans ces conditions.

2.3 PROJETS D'ASSISTANCE POSSIBLES

Le choix de la Dorade dorée comme sujet de base était judicieux au vu de l'état de la recherche en aquaculture il y a deux ans. Il pose maintenant un problème: les résultats de l'élevage larvaire, dans les pays qui l'ont lancé (France et Italie), n'ont progressé que très lentement depuis. De ce fait, l'équipe d'Eilat, avec une production de 400 juvéniles cette année, se situe maintenant parmi les trois ou quatre leaders internationaux dans ce domaine. Il serait donc absurde de prétendre pouvoir lui apporter, sur ce point, autre chose que les échanges d'informations habituels entre laboratoires de niveaux similaires.

Dans la mesure où nul ne sait, à l'heure actuelle, combien de temps il faudra pour développer des techniques d'élevage larvaire de cette espèce à une échelle raisonable, il semble a priori plus logique de proposer un projet d'assistance appliqué à une espèce mieux dominée, qui permettrait d'aboutir rapidement à la réalisation d'un pilote. Mais il serait dommage que ce projet freine les travaux engagés sur la Dorade dorée. Tenant compte de ces données, l'analyse des choix possibles a été limitée aux crevettes Pénéides et au Bar (Dicentrarchus labrax).

Pour les Pénéides, deux approches, qui ne sont pas incompatibles, ont été envisagées:

  1. soit l'importation et l'acclimatation d'un stock de Penaeus japonicus, que certains laboratoires savent faire maturer et pondre en captivité, en essayant d'adapter les techniques employées aux conditions particulières d'Eilat;

  2. soit le développement d'un programme de production de Penaeus semisulcatus, à partir des techniques employées actuellement à l'université de Tel Aviv, avec éventuellement constitution d'un stock de géniteurs à Eilat.

Mais l'équipe en place ne tient pas particulièrement à développer rapidement un projet Pénéides, dont les exigences seraient assez différentes de celles du projet Dorade dorée. L'université de Tel Aviv semble d'autre part posséder un savoir-faire qui n'impose pas la venue d'un consultant étranger, au moins dans l'immédiat.

Pour ces différentes raisons, le laboratoire et le consultant sont plus favorables au développement d'un projet d'assistance sur l'élevage du Bar.

Sur le plan technique, le comportement et les exigences de cette espèce sont assez similaires à ceux de la Dorade dorée, mais son élevage larvaire est beaucoup mieux maîtrisé: plusieurs laboratoires français et italiens ont produit plusieurs dizaines de milliers de juvéniles ce deux dernières années. Un projet d'assistance concernant le Bar permettrait d'éviter l'habituelle phase d'apprentissage et de duplication des travaux étrangers, et d'aboutir rapidement à une production pilote. Il aurait en outre très certainement un effet d'entraînement sur le projet Dorade dorée.

Sur le plan économique, la valeur commerciale du Bar est identique, en Israel, à celle de la Dorade dorée. Mais ses captures n'augmentent pas (170 tonnes en 1974; alors que celles de la Dorade dorée (930 tonnes en 1974) suivent à peu près l'augmentation de l'effort de pèche. Les vitesses de croissance, les taux de conversion de la nourriture, et les charges qui ont été obtenues jusqu'à maintenant en élevage, semblent similaires pour les deux espèces. Pour l'une, comme pour l'autre, il n'est pas encore possible d'estimer correctement le coût de production d'un poisson de taille commerciale. (L'élevage extensif en lagunes à l'italienne n'est évidemment pas possible dans la région d'Eilat).

Mais, des expériences récentes ont montré que le Bar remplit en outre parfaitement les diverses conditions requises (bon prédateur, bonne croissance, et pas de reproduction) pour faire office de régulateur des populations de Tilapia spp. dans les bassins d'élevage du Nord du pays, et en mer de Galilée (eaux à salinité de l'ordre de 5 pour mille). Les éleveurs sont dès maintenant prêts à acheter au moins 250 000 juvéniles par an, à des prix similaires ou supérieurs à ceux du marché franco-italien. Cela représente donc un marché important, totalement libre, et pour lequel le problème de la rentabilité du grossissement ne se pose pas.

L'équipe d'Eilat a d'ailleurs déjà rassemblé une centaine de bars de différentes tailles, en vue de constituer un stock de géniteurs, et prévoit de poursuivre ses efforts dans ce sens. Les poissons les plus âgés pondront peut-être dès 1976, et de toute façon en 1977, si les conditions climatiques d'Eilat permettent la maturation et la ponte de l'espèce.


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