Previous PageTable Of ContentsNext Page

5. SENSIBILISATION ET CONFLITS D’INTÉRÊTS

5.1. Conflits d’intérêts

Plus que dans les autres îles de l’océan Indien, la lutte contre les espèces envahissantes pourrait donner lieu à Mayotte et en Union des Comores à des conflits d’intérêts. En effet, de nombreuses espèces envahissantes sont largement utilisées par les populations.

Lors des échanges avec les acteurs locaux, les cas d’opposition au contrôle possible ont été évoqués pour P. cattleianum (notamment à la Grande Comore), L. glutinosa (notamment à Mayotte), ou C. verum (partout en Union des Comores où l’on est fier d’être en possession d’un pied de cannelle).

A Anjouan, l’exploitation des espèces envahissantes pour la production de charbon de bois ne suffit plus. Les habitants coupent à présent les manguiers jusqu’ici nombreux sur l’île. On peut aisément comprendre que l’intérêt pour la limitation des populations d’exotiques se manifeste peu dans de telles conditions.

Le seul conflit d’intérêt avéré semble se produire à Mohéli, où les services de l’environnement tentent de convaincre les agriculteurs de déplanter et éviter de planter G. sepium dont la multiplication par bouture est très simple. Les agriculteurs affectionnent cette plante qui s’avère être un excellent tuteur de vanille et un bon fourrage en haie.

Dans l’archipel des Comores, toute tentative de limitation des populations de plantes exotiques envahissantes ne semble pouvoir se faire que:

• dans un premier temps, par un avantage financier apporté aux agriculteurs pour l’éradication de ces plantes qu’ils jugent ‘utiles’ et leur substitution progressive par d’autres espèces;

• dans un second temps, par une sensibilisation au problème de l’envahissement: quel est il ? que signifie t-il ? quels sont ces impacts ?

5.2. Sensibilisation

5.2.1. Degré de sensibilisation

On distingue ici deux situations dans l’archipel des Comores:

• A Mayotte, la prise de conscience des problèmes d’envahissement par le Service des eaux et forêts semble dater du début des années 1990 avec le lancement des premiers projets d’éradication des lianes. Depuis lors, les travaux sur la connaissance des principales espèces envahissantes se sont multipliés notamment grâce à Pascal qui a travaillé à Mayotte au sein du Service des eaux et forêts dans le milieu des années 1990. Il semble avoir été le premier a publier une liste moderne des plantes introduites de Mayotte, à avoir fait une analyse de végétation de l’île et notamment de son degré d’envahissement, enfin à avoir proposé des activités complémentaires pour limiter l’envahissement (Pascal 1997). Le Service des eaux et forêts continue les recherches entreprises notamment par la constitution d’un herbier exhaustif de la flore de Mayotte et une étroite collaboration avec le Muséum d’histoire naturelle de Paris (France) pour la détermination d’espèces nouvelles (Com. Pers Barthelat). Les travaux scientifiques de stagiaires sur l’envahissement végétal se multiplient (Mas 1999, Jacq 2001, Vandamme 2001).

• En Union des Comores, la moindre sensibilisation s’explique entre autres par l’affaiblissement actuel des institutions et notamment des Services des eaux et forêts de chacune des îles qui n’ont pas les moyens de fonctionner normalement. Le relais entre les autorités compétentes et la population se fait donc moins bien. Néanmoins les associations villageoises sont très actives et semblent très avides d’informations et de soutien. Leur approche pourrait permettre de mettre en place des campagnes de sensibilisation efficaces.

5.2.2. Campagnes de sensibilisation

Les campagnes de sensibilisation se positionnent sur des créneaux différents en Union des Comores et à Mayotte.

A Mayotte, la perception naturaliste du problème de l’envahissement et de son impact potentiel semble déjà exister, même s’il est naissant. Il peut donc être traité en tant que tel dans des ouvrages ayant trait à la flore de Mayotte (Pascal 2001, Fiches DAF/collectivité territoriale de Mayotte). Les espèces envahissantes sont décrites et présentées comme telles. Néanmoins, en comparaison avec les autres îles de l’océan Indien (Seychelles, Réunion, Maurice), la communication sur l’envahissement est encore balbutiante. La médiatisation du problème est faible, sa connaissance au sein de la population semble rester limité.

En Union des Comores, l’approche directe du problème de l’envahissement par des campagnes de sensibilisation n’a pas été vue. Il semble que son évocation se fasse plutôt par son intégration à une sensibilisation plus globale sur les thèmes de l’environnement : Ecosystèmes forestiers et leur importance, gestion des réserves d’eau douce… Deux supports médiatiques très intéressants semblent recevoir une large distribution dans les îles: le magazine ‘Ulanga’ de l’ONG ‘Ulanga-Ngazidjia’ des Comores, et Mwana Wa Nyamba, le fascicule d’information promu par le Parc marin de Mohéli (projet GEF/FEM/IUCN). En dehors de ces bulletins d’information sur l’environnement, les initiatives de sensibilisation à l’environnement en général et au problème de l’envahissement végétal en particulier semblent encore peu nombreuses.

Previous PageTop Of PageNext Page