AVANT-PROJET DE CODE D’USAGES POUR
LA PRÉVENTION ET LA RÉDUCTION DE LA CONTAMINATION DES FRUITS À COQUE
PAR LES AFLATOXINES
(à l'étape 5 de la procédure)
INTRODUCTION
1. L’élaboration et l’acceptation par le Codex d’un Code d’usages pour les fruits à coque fourniront des directives uniformes dont les pays pourront tenir compte dans leurs efforts pour contrôler et gérer la contamination de ces fruits par diverses mycotoxines, notamment les aflatoxines. Afin que ce Code d’usages soit utile, les producteurs et transformateurs de chaque pays devront examiner les principes généraux qui y sont énoncés, en tenant compte des pratiques agricoles associées à la production de fruits à coque dans leur région, avant de tenter d’appliquer les dispositions pertinentes. Il est important que les producteurs comprennent que les bonnes pratiques agricoles (BPA) représentent la première ligne de défense contre la contamination des fruits à coque par les aflatoxines, suivie par la mise en œuvre de bonnes pratiques de fabrication (BPF) durant la manutention, la transformation, l’entreposage et la distribution des fruits à coque destinés à la consommation humaine. Seul un contrôle effectif à tous les stades, de la production à la transformation, peut garantir l'excellence de la qualité du produit final. Il est toutefois impossible à l’heure actuelle d’éliminer totalement les produits contaminés par des mycotoxines, y compris les fruits à coque.
2. Le présent Code d'usages s'applique à toutes les variétés de fruits à coque d'importance commerciale et internationale, y compris les amandes (Prunus amygdalus), les noix du Brésil (Bertholletia excelsa), les anacardes ou noix de cajou (Anacardium occidentale), les noisettes (Corylus spp.), les noix de Macadamia (Macadamia spp.), les noix de pécan (Carya spp.), les pignons (Pinus spp.), les châtaignes (Castanea spp.), les pistaches (Pistacia spp.) et les noix (Juglans spp.). Il énonce des principes généraux pour la réduction des aflatoxines dans les fruits à coque qui devront être sanctionnés par les autorités nationales. Ces dernières devront apprendre aux producteurs à tenir compte des pratiques et des facteurs environnementaux qui favorisent l’infection et la prolifération dans les fruits à coque de champignons responsables de la production d'aflatoxines dans les vergers et en forêt. Il faudra mettre l’accent sur le fait que les stratégies à suivre aussi bien au moment de la plantation qu'avant et après la récolte pour telle ou telle culture de fruits à coque, dépendront des conditions climatiques de l’année et des pratiques traditionnelles de production, de récolte et de transformation suivies dans le pays ou dans la région. Les autorités nationales devront également soutenir la recherche de méthodes et de techniques propres à empêcher la contamination fongique dans les vergers et en forêt, et au stade de la récolte, de la transformation et de l'entreposage des fruits à coque. La connaissance de l'écologie de Aspergillus flavus/parasiticus en relation avec les fruits à coque en constitue un élément important.
3. Les champignons Aspergillus sont des moisissures hyalines opportunistes à prolifération rapide, généralement présentes dans le sol et dans les matières en décomposition. Leurs colonies sont d'ordinaire de couleur jaune, vert-jaune, brune ou verte; d'aspect granuleux, velouté ou duveteux; et présentent un bord périphérique blanc et un contour net.
4. Les espèces Aspergillus productrices d'aflatoxines et donc cause de contamination des aliments par les aflatoxines, sont ubiquistes dans les régions du monde au climat chaud et humide. Aspergillus flavus/A. parasiticus ne peuvent se développer ni produire d'aflatoxines lorsque l'activité de l'eau est inférieure à 0,70, l'humidité relative à 70 pour cent et la température à 10°C. Dans des conditions de stress, par exemple en cas de sécheresse ou d'infestation d'insectes, la contamination par les aflatoxines est susceptible d'être élevée. Des conditions d'entreposage inappropriées peuvent également entraîner une contamination en aflatoxines après la récolte. En règle générale, des conditions chaudes et humides favorisent la prolifération de moisissures sur les aliments entreposés et des niveaux élevés d'aflatoxines.
5. Certaines des procédures suivies pour réduire ou empêcher la production d'aflatoxines sont les suivantes: 1) utiliser dans la mesure du possible des variétés résistantes, 2) réduire au minimum la présence d'insectes et autres ravageurs dans les vergers pendant la période de croissance, 3) réduire au minimum les dommages physiques aux fruits pendant la récolte et le transport, et 4) veiller à ce que les fruits soient convenablement nettoyés, séchés et étiquetés au moment de leur stockage dans une installation équipée de systèmes de contrôle de la température et de l'humidité.
1. CHAMP D'APPLICATION
6. Le présent document est destiné à donner des indications à toutes les personnes intervenant dans la production de fruits à coque faisant l'objet d'un commerce international pour la consommation humaine. Tous les fruits à coque devront être préparés et manipulés conformément aux principes généraux et usages en matière d'hygiène qui sont exposés dans les sections pertinentes du Code d'usages international recommandé en matière d'hygiène pour les fruits à coque1, et au Code d'usages international recommandé – principes généraux d'hygiène alimentaire2, applicable à tous les aliments destinés à la consommation humaine. Ces codes d'usages énoncent les mesures qui devront être appliquées par toutes les personnes chargées de garantir que les aliments sont sans danger et propres à la consommation humaine.
2. MÉTHODES RECOMMANDÉES FONDÉES SUR LES BONNES PRATIQUES AGRICOLES (BPA), LES BONNES PRATIQUES DE FABRICATION (BPF) ET LES BONNES PRATIQUES D'ENTREPOSAGE (BPE)
2.1 Critères pour l'emplacement des vergers ou les sites de récolte
7. Les producteurs devront obtenir des renseignements de caractère général concernant l'emplacement potentiel du verger afin de déterminer: 1) si la composition du sol convient effectivement à la variété d'arbre envisagée, 2) si le drainage des eaux souterraines est adéquat, 3) s'il existe des facteurs environnementaux inhérents au site (tels que contaminants et polluants apportés par le vent, le sol et la poussière) qui pourraient avoir une incidence sur la sécurité sanitaire des aliments destinés à la consommation humaine, et 4) s'il existe une source d'eau propre à l'irrigation et à d'autres fins.
8. Les champs avoisinants ne devront pas être utilisés pour des plantes connues pour être facilement infectées par A. flavus/parasiticus (par exemple, le maïs) et constituant de ce fait une source d'infection (spores disséminées par le vent, les insectes, etc.). Il conviendra également d'éviter les plantes porteuses d'insectes attaquant les amandes des fruits, et donc susceptibles d'être un vecteur dans le processus d'infection.
9. Si les fruits à coque sont produits près de champs cultivés, le cueilleur devra s'assurer de l'absence de facteurs environnementaux inhérents à ce site (tels que contaminants et polluants apportés par le vent, le sol et la poussière) qui pourraient avoir une incidence sur la sécurité sanitaire des fruits à coque.
2.2 Plantation
10. Lors de la conception d'un verger, des informations concernant l'espacement des plants pourront être demandées aux sélectionneurs des plantes ou au personnel agricole. Un espacement adéquat doit pouvoir assurer à la fois le passage des camions et du matériel de pulvérisation, et la ventilation du verger afin de limiter la prolifération des champignons.
11. Lorsque cela est possible, la surface du verger doit être préparée avant la plantation, en détruisant ou enlevant tous les débris qui pourraient avoir servi ou seraient susceptibles de servir de substrats pour le développement de champignons producteurs de mycotoxines. S'il s'agit de zones vulnérables à l'érosion, des pratiques de labourage zéro pourraient être nécessaires pour la conservation des sols.
12. Avant de planter, les producteurs devront consulter les services responsables de la sélection des plantes ou les pépiniéristes pour vérifier la disponibilité d'espèces résistantes aux différents facteurs (comme le gel, les maladies microbiennes et fongiques) pouvant avoir une incidence sur la sécurité sanitaire et la qualité des fruits à coque produits dans le verger.
13. Les producteurs devront connaître les BPA concernant l'emploi d'engrais formulés, de fumier et autres biosolides pouvant servir à améliorer l'état nutritionnel du sol, sans pour autant accroître les risques d'origine microbienne ou fongique dans le verger.
14. Les producteurs devront consulter les responsables au niveau local ou national afin de déterminer quels insectes et autres ravageurs courants dans leur région peuvent attaquer les arbres en les exposant aux infections fongiques susceptibles de produire des aflatoxines.
15. Les producteurs devront prendre les précautions voulues afin que les déchets d'origine humaine ou animale soient éliminés de manière à ne pas constituer un danger pour la santé ou l'hygiène publique, et être extrêmement attentifs à protéger les produits de toute contamination par ces déchets.
16. Durant les périodes de végétation, les voies routières proches des vergers devront être régulièrement arrosées ou mazoutées afin de réduire le plus possible la prolifération d'acariens due à un milieu poussiéreux. Les pratiques culturales susceptibles de disséminer Aspergillus flavus/A. parasiticus et autres spores fongiques présentes dans le sol jusqu'aux parties aériennes des arbres devront être évitées à proximité du verger.
17. Les pesticides dont l'application aux fruits à coque est autorisée, y compris les insecticides, les fongicides, les herbicides, les acaricides et les nématocides, devront être utilisés pour réduire au minimum les dégâts causés par les insectes, les infections fongiques et autres ravageurs dans le verger et dans les zones avoisinantes. Des registres précis de toutes les applications de pesticides devront être tenus.
18. Des systèmes d'irrigation devront être mis en place pour réduire au minimum les conditions de stress des arbres dans les régions où les températures sont élevées et les précipitations très faibles pendant la période de végétation, mais il faudra éviter tout contact de l'eau d'irrigation avec les fruits et le feuillage.
19. L'eau utilisée pour l'irrigation et à d'autres fins (par exemple pour la préparation de pulvérisations de pesticides) devra être de qualité propre à l'usage prévu.
20. Le matériel et l'équipement prévus pour la récolte, l'entreposage et le transport ne devront pas constituer de risques pour la santé. Avant la récolte, il conviendra de les inspecter pour vérifier leur propreté et leur bon état de marche, afin d'éviter la contamination des fruits à coque par le sol et autres risques potentiels.
21. Les associations commerciales, ainsi que les autorités locales et nationales, devront informer les producteurs des risques associés à la contamination des fruits à coque par les aflatoxines et des méthodes de récolte sûres permettant de réduire le risque de contamination par les champignons, les microbes et les ravageurs.
22. Le personnel qui participera à la récolte des fruits à coque devra avoir reçu une formation concernant les pratiques sanitaires et d'hygiène personnelle à mettre en œuvre dans les installations de transformation tout au long de la période de récolte.
23. La récolte des fruits à coque devra commencer le plus rapidement possible après la maturation afin de réduire au minimum les problèmes d'attaque fongique et d'infestation d'insectes. Certaines variétés de fruits à coque sont contaminées sur l'arbre par les aflatoxines du fait de l'infestation par les insectes et de l'ouverture de l'écale; une récolte précoce diminue donc le risque de contamination, l'enveloppe extérieure ayant ainsi plus de chance de rester intacte pour protéger la coque sous-jacente contre les insectes et les spores fongiques. Le terrain au bas des arbres devra être débarrassé de tous débris ou matières en composition dans lequel A. flavus ou A. parasiticus pourraient se nicher.
24. Les fruits à coque, récoltés par secouage des arbres, devraient en principe être recueillis à l'aide de ramasseuses mécaniques munies de collecteurs, ou bien dans une sorte de drap ou de bâche de protection afin d'éviter qu'ils ne tombent sur le sol. Dans les régions où certaines variétés de fruits à coque sont généralement récoltées en secouant l'arbre ou en laissant que les fruits mûrs tombent d'eux-mêmes au sol pour être ensuite ramassés mécaniquement ou à la main, le verger ne devra pas être utilisé pour y faire paître ou y garder du bétail ou autres animaux. Si le terrain a été destiné à cet usage, il devra être travaillé immédiatement avant la récolte (passage à la herse à disques ou au cultivateur rotatif, retournement du sol d'une manière quelconque, ou autres méthodes) afin de réduire les risques de contamination fécale des fruits à coque. En outre, des procédures devront être mises en place pour assurer leur ramassage le plus rapidement possible afin de réduire l'exposition aux spores de Aspergillus flavus/A. parasiticus qui peuvent être plus denses dans l'air près du sol et associées aux débris végétaux.
25. Une fois récoltés, les fruits à coque doivent être triés pour éliminer les noix endommagées et toute matière étrangère, puis transportés dans les plus brefs délais jusqu'à une installation de transformation (pour décorticage immédiat) dans des conteneurs (camions, transporteurs) propres, secs et exempts d'insectes et de moisissures apparentes. Les fortes humidités qui favorisent la prolifération de moisissures et le développement de mycotoxines devront être évitées dans toute la mesure du possible. Le matériel utilisé pour le transport doit être d'un matériau et d'une conception qui permettent un nettoyage approfondi et un parfait entretien pour ne pas constituer une source de contamination pour les fruits à coque. Si les fruits ne peuvent être transférés immédiatement dans une installation de transformation, il faudra les stocker temporairement de façon à les tenir au sec et à l'abri de la pluie, des insectes, des rongeurs, des oiseaux et du drainage des eaux souterraines.
2.5 Après la récolte
26. Les fruits à coque restant sur les arbres après la récolte devront être éliminés pendant les mois d'hiver afin de réduire l'hivernage de diverses populations d'insectes.
27. Les arbres devront être taillés et traités avec des pesticides appropriés avant chaque période de végétation.
28. Le sol du verger ou de la forêt devrait être débarrassé des détritus et débris provenant des opérations de récolte afin de réduire la colonisation de champignons Aspergillus dans le verger ou dans la forêt.
29. Les conteneurs, l'équipement et le matériel utilisés lors des opérations de récolte devront être nettoyés et rangés dans un emplacement propre afin de réduire au minimum toute contamination fortuite par des champignons, produits chimiques, engrais ou substances toxiques.
30. Les procédures de récolte et d'entreposage appliquées chaque année devront être notées et accompagnées de mesures (température, teneur en eau et humidité ambiante), avec l'indication de tout écart ou changement par rapport aux pratiques habituelles. Ces renseignements peuvent être utiles pour expliquer la ou les causes de la formation de moisissures et de mycotoxines au cours d'une campagne agricole donnée et permettre ainsi d'éviter de répéter les mêmes erreurs par la suite.
31. À tous les stades de la transformation des fruits à coque, le personnel intervenant devra maintenir un niveau de propreté corporelle élevé, porter des vêtements de protection appropriés, avoir reçu une formation concernant l'hygiène alimentaire et les procédures générales d'assainissement, adaptée aux opérations dont il est chargé au sein de l'installation de transformation. Un système devra être en place afin de garantir que tout le personnel reste informé de toutes les précautions nécessaires pour réduire le risque de contamination par les aflatoxines au cours des opérations de transformation.
32. Les zones de réception et d'entreposage des matières premières doivent être séparées de celles où se déroulent la préparation et le conditionnement du produit final, de façon à éviter toute contamination du produit fini. Le décorticage des fruits à coque doit avoir lieu dans un lieu séparé par des cloisons de la principale zone de transformation du site. Il faudra veiller à ne pas introduire d'air chargé de poussière dans d'autres secteurs de l'installation par le biais d'un système d'aération ou d'autres ouvertures.
33. Les transformateurs devront établir des procédures de contrôle de qualité satisfaisantes à toutes les étapes du processus de transformation afin d'éviter une contamination croisée par les aflatoxines entre les différents lots de fruits à coque durant la transformation.
34. Le décorticage des fruits à coque devra commencer le plus rapidement possible après la récolte. Si un bref délai d'attente (de moins de 3 jours) est prévu, les fruits à coque devront être entreposés dans des conditions assurant leur protection contre les insectes, les acariens, la vermine, les animaux domestiques, les champignons, les produits chimiques et les contaminants microbiologiques, les débris et la poussière. Si l'on prévoit un temps d'attente plus long, les fruits en coque devront être conservés en milieu conditionné afin d'empêcher la production d'aflatoxines. Des fumigations appropriées pourraient être utilisées pour lutter contre les insectes.
35. Les fruits décortiqués doivent être séchés le plus rapidement possible, de préférence dans les 72 heures suivant la récolte, le taux de séchage et l'intensité thermique étant déterminés en fonction de l'utilisation prévue du ou des produits finis. La teneur en eau des fruits à coque devra être ramenée, par le séchage, à un niveau considéré comme sûr qui correspond à une activité de l'eau (Aw) de moins de 0,70 à 25ºC. Aspergillus flavus/A. parasiticus ne peuvent se développer ni produire d'aflatoxines lorsque l'activité de l'eau est inférieure à 0,70. Le risque de contamination augmente lorsque les noix décortiquées sèchent au soleil du fait de la formation de moisissures et/ou des dégâts causés par les ravageurs.
36. La teneur en eau devra être contrôlée après le séchage, par prélèvement d'échantillons aussi représentatifs que possible du lot. Il faudra veiller à ce que le matériel requis pour mesurer la teneur en eau soit étalonné.
37. Des séchoirs mécaniques doivent être disponibles et utilisés pour réduire les risques de propagation de la contamination par les aflatoxines dans les régions où l'on fait généralement usage de la vapeur ou de solutions aqueuses pour faciliter le décorticage et la séparation des fruits défectueux; l'eau utilisée doit être de qualité propre à l'usage prévu et ne jamais être recyclée.
38. Le personnel et le matériel utilisés dans les zones de décorticage et de séchage d'une installation de transformation ne devront pas pénétrer dans les autres secteurs du site, de façon à réduire les risques de contamination. Les déchets devront être fréquemment évacués des zones de travail durant les opérations; il faudra prévoir des réceptacles adéquats pour les déchets.
39. Différentes techniques de triage visuelles (manuelles) ou électroniques devront être employées pour éliminer les matières étrangères et les fruits présentant des défauts. Les fruits à coque ne doivent pas être destinés à la transformation s'ils ne sont pas manifestement exempts de toute contamination fécale, infestations, décomposition et autres défauts. Des précautions particulières doivent être prises pour rejeter les fruits endommagés par les insectes ou ouverts précocement, car ils présentent un risque élevé de contamination par les aflatoxines.
40. En ce qui concerne les variétés de fruits à coque qui font généralement l'objet d'un traitement préliminaire en milieu humide (vapeur ou eau de qualité potable) pour éviter de briser les amandes lors du décorticage, la teneur en eau doit être ramenée immédiatement après cette opération à un niveau qui ne favorise pas la prolifération des champignons en faisant circuler rapidement de l'air sec parmi les noix décortiquées.
41. Les produits finis (à l'état brut, décortiqués ou en coque, en vrac ou prêts à la consommation) doivent avoir une teneur en eau appropriée et être conditionnés de façon à pouvoir conserver leur qualité dans des conditions normales de transport et d'entreposage sans détérioration importante du fait de la décomposition, de la moisissure ou de transformations enzymatiques.
42. Il est souhaitable que chaque site de production ait accès à des installations de contrôle de la qualité. L'étendue et la nature de ces vérifications varieront selon les différents produits et en fonction des besoins de la direction. Certaines procédures de dépistage ou d'analyse devront être utilisées pour déterminer la concentration en aflatoxines et la teneur préférable en eau avant que les produits ne sortent de l'installation.
2.7 Transport des fruits transformés vers leur lieu de stockage
43. Les conteneurs utilisés pour le transport doivent être propres, secs et exempts de moisissures visibles, d'insectes et de toutes matières contaminées. Ils doivent être solides et pouvoir faire l'objet d'une mauvaise manipulation sans pour autant se casser ou se perforer, et être hermétiquement fermés pour éviter l'introduction de poussières, de spores fongiques, d'insectes ou de toute matière étrangère.
44. Les fruits à coque doivent être transférés le plus rapidement possible des conteneurs de transport à l'installation d'entreposage. Si des lots ou des sous-lots différents sont transportés conjointement, ils doivent être séparés physiquement de façon à rester identifiables. Les lots doivent être marqués de manière indélébile par un numéro d'identification permettant de remonter jusqu'aux documents d'accompagnement.
2.8 Entreposage
45. L'entreposage devra être effectué dans des locaux secs (c'est-à-dire avec une humidité relative inférieure à 70 pour cent) et bien ventilés, qui assurent une protection contre la pluie, la pénétration de rongeurs et d'oiseaux, le drainage des eaux souterraines, et des fluctuations de température et d'humidité minimales. Dans des conditions optimales, la température devrait être maintenue entre 0°C et 10°C afin de réduire au minimum la prolifération de champignons pendant l'entreposage.
46. De bonnes pratiques d'entreposage doivent être adoptées afin de réduire au minimum les concentrations d'insectes et de champignons dans les installations de stockage. Cela peut comporter l'emploi d'insecticides et de fongicides homologués, ou autres méthodes de remplacement. Les fruits à coque emballés dans des sacs doivent être placés sur des palettes afin de permettre une bonne ventilation.
47. L'activité de l'eau, qui varie selon la teneur en eau et la température, doit être soigneusement contrôlée durant l'entreposage. Aspergillus flavus/A. parasiticus ne peuvent se développer ni produire d'aflatoxines lorsque celle-ci est inférieure à 0,70.
48. Il faudra envisager la fumigation des fruits à coque destinés à l'exportation au moment de leur sortie de l'entrepôt, afin d'éliminer les ravageurs qui pourraient avoir fait leur apparition pendant le stockage et pour empêcher une infestation pendant l'expédition.
3. CONDITIONS PARTICULIÈRES POUR CERTAINES ESPÈCES DE FRUITS À COQUE
3.1 Pistaches
49. Les pistaches sont exposées aux spores fongiques en suspension dans l'atmosphère aussi bien sur le terrain que pendant la récolte ou au cours de la transformation. Lorsque les fruits sont encore sur l'arbre, il arrive que l'enveloppe externe se fende lorsque l'écale s'ouvre (éclatement précoce) et qu'elle soit endommagée par le vent, les insectes ou autres ravageurs. Si l'écale est attaquée par des insectes ou autres ravageurs, il est alors possible que des spores d'Aspergillus atteignent l'amande interne et y prolifèrent, produisant des aflatoxines.
50. Pendant la période de végétation, les producteurs doivent irriguer les cultures avec soin et au moment voulu, pour limiter l'ouverture précoce de l'enveloppe externe et réduire ainsi les risques de contamination par les aflatoxines. Les pistaches mûres doivent être récoltées rapidement de façon à réduire les possibilités de contamination puisque l'enveloppe externe aura ainsi de plus grandes chances de rester intacte. Les pistaches devront être livrées directement au site de production pour le décorticage et le séchage dans les 24 heures suivant la récolte, pour éviter la coloration de l'écale.
3.2 Noix du Brésil
51. Après l'ouverture de la cosse extérieure, les noix brisées doivent être éliminées. Lorsque les coques sont ouvertes sur place, les noix ne doivent pas entrer en contact avec le sol dénué de toute couverture. Théoriquement, le transport des noix doit être effectué dans les 6 à 7 jours. Pendant l'entreposage, les noix ne doivent pas être exposées à l'attaque de rongeurs ou autres animaux susceptibles de produire des dégâts aux coques et de permettre la formation de moisissures dans l'amande. La transformation du produit devrait commencer dans la semaine suivant son arrivée au site de production.
4. UN SYSTÈME DE GESTION COMPLÉMENTAIRE À ENVISAGER
52. L'Analyse des risques - points critiques pour leur maîtrise (HACCP) est un système de gestion de la sécurité sanitaire des aliments qui permet d'identifier et de maîtriser les risques au niveau de la production et de la transformation. Les principes généraux du système HACCP ont été illustrés dans d'autres documents.3 4
53. Le HACCP est un système de gestion intégré et global. S'il est appliqué correctement dans l'industrie des fruits à coque, ce système permettra de réduire les concentrations d'aflatoxines observées dans ces fruits. Le système HACCP utilisé comme moyen de gestion de la sécurité sanitaire des aliments présente de nombreux avantages par rapport à d'autres systèmes de contrôle employés dans certains secteurs de l'industrie alimentaire. Dans les vergers, bon nombre des facteurs qui ont une incidence sur la contamination des fruits à coque par les aflatoxines sont liés à l'environnement, comme les conditions climatiques et les insectes, et sont difficiles, voire impossibles à maîtriser. Après la récolte, des points critiques pour la maîtrise peuvent être déterminés pour les aflatoxines produites par les champignons durant le stockage. Par exemple, un point critique pourrait se situer à la fin du processus de séchage, et une limite critique serait la teneur en eau ou l'activité de l'eau.
54. Les bonnes pratiques agricoles (BPA), les bonnes pratiques de fabrication (BPF) et les bonnes pratiques d'entreposage (BPE) sont des programmes à mettre en place avant d'essayer d'établir et d'appliquer un système HACCP. Un manuel sur l'application du système HACCP pour la prévention et le contrôle des mycotoxines, comprenant un plan mis au point pour lutter contre les aflatoxines dans les pistaches en Asie du Sud-Est5, a été récemment publié. Il est recommandé aux producteurs, aux transformateurs de fruits à coque et autres intervenants dans le secteur d'examiner ce plan dont les concepts devraient pouvoir s'appliquer à tous les fruits à coque.
55. À la troisième Conférence internationale sur les mycotoxines, qui s'est tenue en Tunisie en mars 1999, l'une des recommandations générales a été que les programmes intégrés de contrôle des mycotoxines devraient insérer les principes HACCP dans le contrôle des risques associés à la contamination par les mycotoxines des produits destinés à l'alimentation humaine et animale6. L'application de ces principes permettra de réduire au minimum la contamination par les aflatoxines grâce à la mise en œuvre de contrôles préventifs, dans la mesure du possible, au stade de la production, de la manipulation et de l'entreposage de chaque récolte de fruits à coque. Tous les pays n'ayant pas les compétences techniques ni l'expérience nécessaires pour mettre en place des systèmes efficaces de gestion intégrée des mycotoxines, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a accordé un degré de priorité élevé à la fourniture aux pays en développement de spécialistes de la formation à l'approche HACCP et à son application.
1 Code international recommandé en matière d'hygiène pour les fruits à coque, CAC/RCP 6-1972, Codex
Alimentarius Volume 5A.
2 Code d'usages international recommandé – principes généraux d'hygiène alimentaire, CAC/RCP 1-1969, Rév. 4 (2003), Codex Alimentarius Volume 1A.
3 FAO. 1995. Application des principes du système d'analyse des risques – points critiques pour leur maîtrise
(HACCP) dans le contrôle des produits alimentaires. Étude FAO: Alimentation et nutrition No. 58 Rome.
4 ILSI. 1997. A simple guide to understanding and applying the hazard analysis critical control point concept, ILSI
Europe Concise Monograph Series, Deuxième édition, ILSI Europe, Bruxelles.
5 Centre de formation et de référence pour le contrôle des aliments et des pesticides FAO/AIEA, 2002. Manual on
the Application of the HACCP System in Mycotoxin Prevention and Control. Étude FAO: Alimentation et nutrition No. 73, Rome.
6 FAO. Prévention de la contamination par les mycotoxines. Alimentation, nutrition et agriculture No. 23, 1999.
Division de l'alimentation et de la nutrition, FAO, Rome.