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PREMIERE PARTIE

RESULTATS DES TRAVEAUX DE L’ATELIER

1. Introduction générale

La réflexion sur la gestion des forêts secondaires est émergente en Afrique subsaharienne francophone. Elle est devenue un impératif catégorique aujourd’hui au regard des multiples fonctions qu’elles assument dans la sécurisation des moyens d’existence des populations villageoises et la stabilisation des écosystèmes. L’atelier devant permettre d’approfondir et de consolider cette réflexion et surtout suggérer les axes d’action pour le futur dans la région s’est tenu à Douala, au Cameroun, à l’Hôtel Sawa, du 17 au 21 novembre 2003. Il était organisé par l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Centre néerlandais de référence pour l’agriculture, la gestion de la nature et l’alimentation (EC-LNV), la Coopération technique allemande (GTZ) et l’Union mondiale pour la nature (UICN), en collaboration avec le Ministère de l’environnement et des forêts de la République du Cameroun (MINEF), du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) et du Centre international pour l’agroforesterie (ICRAF).

Les travaux étaient placés sous la présidence de Madame Mary Fosi Mbanthenku, Premier Conseiller technique au Ministère de l’environnement et des forêts, représentant le Ministre de l’environnement et des forêts de la République du Cameroun empêché, du Dr Galim Ngong Irenée, Secrétaire général de la Province du Littoral, représentant le Gouverneur de la Province du Littoral empêché et de Madame Daoulé Diallo Ba, Représentante de la FAO au Cameroun; et modérés par Monsieur Kolokosso A Bediang, Directeur de Vision positive pour le développement (VIPOD), Consultant de la FAO.

Ce rapport présente les résultats des travaux de l’atelier, les textes des exposés thématiques et des rapports des pays. D’autres documents produits au cours des travaux, le programme de l’atelier et la liste générale des participants, figurent en annexe.

L’atelier visait des objectifs et des résultats bien définis.

2. Objectifs de l’atelier

L’atelier visait deux types d’objectifs : un objectif global et des objectifs spécifiques.

L’objectif global de l’atelier était de rassembler, présenter et analyser les informations sur la situation, les tendances et l’étendue actuelles ainsi que les dynamiques de gestion des forêts tropicales secondaires en Afrique francophone. De manière plus spécifique, l’atelier visait (i) à analyser les processus de formation et de transformation et les systèmes d’usage des forêts secondaires, (ii) évaluer l’importance écologique, sociale, économique et environnementale des forêts secondaires, les politiques, les connaissances et les expériences de gestion actuelle des forêts secondaires, (iii) analyser les problèmes, les contraintes, les besoins et les possibilités d’un développement amélioré des forêts secondaires et (iv) identifier les priorités dans la gestion, la politique et la recherche et enfin proposer les actions immédiates qui doivent être menées pour assurer la gestion durable des forêts secondaires.

3. Résultats attendus de l’atelier

Quatre principaux résultats étaient attendus de l’atelier:

- Une meilleure compréhension:

§ des principaux concepts, de la nature, des dynamiques et des types majeurs des forêts secondaires tropicales en Afrique francophone;

§ de l’importance et des rôles des différents types de forêts secondaires;

§ des contraintes et opportunités dans la gestion de cette ressource en Afrique subsaharienne francophone;

- Une vue générale des expériences et leçons apprises par les différents acteurs dans la politique et la gestion de la ressource.

- Une série de recommandations spécifiques et d’actions immédiates à entreprendre, pour la promotion et le développement d’une gestion responsable des forêts secondaires en Afrique.

- Analyser les possibilités de mise en place d’un réseau informel d’organisations et d’experts dans les domaines de la politique, de la gestion et de la recherche sur les forêts tropicales secondaires en Afrique subsaharienne francophone.

4. Participants

L’atelier a réuni cinquante-cinq (55) participants, parmi les acteurs de la gestion des forêts secondaires: populations locales, organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales, administrations forestières, experts, enseignants et chercheurs. Les participants venaient des pays de l’Afrique subsaharienne francophone et d’Europe, plus précisément du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, du Cap-Vert, du Congo, de la Côte-d’Ivoire, du Gabon, de la Guinée-Bissau, de Madagascar, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, du Togo, de l’Indonésie, de l’Italie et des Pays-Bas.

5. Résultats des travaux

L’atelier s’est articulé autour de neuf (09) principaux points, à savoir: la cérémonie d’ouverture, les exposés thématiques sur le contexte de l’atelier et la situation générale des forêts secondaires, les concepts, les définitions et la typologie des forêts secondaires, la présentation et l’analyse des expériences de gestion des forêts secondaires en Afrique subsaharienne francophone, les visites de terrain, l’analyse des problèmes, contraintes et opportunités de gestion des forêts secondaires, la définition des actions et priorités pour les prochaines années, l’adoption des conclusions et des recommandations de l’atelier, l’évaluation et la cérémonie de clôture de l’atelier.

5.1 Session 1: Ouverture de l’atelier

Quatre allocutions ont marqué la cérémonie d’ouverture de l’atelier:

- Le mot de bienvenue du Directeur régional de l’UICN pour l’Afrique centrale;

- Le discours du Représentant du Comité d’organisation de l’atelier ;

- Le discours de Mme la Représentante de la FAO au Cameroun ;

- Le discours d’ouverture du Représentant du Ministre de l’environnement et des forêts de la République du Cameroun.

Le Directeur régional de l’UICN pour l’Afrique centrale, Monsieur Daniel Ngantou, a souhaité une cordiale et chaleureuse bienvenue à tous les participants de l’atelier. Il a remercié la FAO et ses partenaires pour la confiance faite à l’UICN pour assurer l’organisation et la facilitation de cet important atelier. L’action menée par la FAO et ses partenaires en matière de gestion des forêts secondaires s’inscrit en droite ligne des objectifs du plan d’action stratégique actuel de l’UICN pour l’Afrique centrale.

Le représentant du Comité d’organisation, Monsieur Herman Savenije, du Centre néerlandais de référence pour l’agriculture, la gestion de la nature et l’alimentation (EC-LNV), quant à lui, a exprimé sa gratitude à l’endroit des autorités de la République du Cameroun et particulièrement au Ministère de l’environnement et des forêts, pour avoir accepté d’abriter les travaux de cet atelier. Il a retracé l’historique et le contexte de l’atelier et donné un aperçu global des objectifs poursuivis par les organisateurs de l’atelier.

La Représentante de la FAO au Cameroun a remercié les Gouvernements d’Allemagne, des Pays-Bas et du Cameroun ainsi que les institutions partenaires, à savoir l’UICN, le CIFOR, l’ICRAF et l’EC-LNV, pour leur contribution respective à l’organisation et à la tenue de l’atelier. Elle a souligné l’importance de l’atelier pour les pays d’Afrique subsaharienne francophone. Les forêts secondaires constituent une problématique nouvelle dans la région et les pays ne disposent pas encore de politiques spécifiques pour la gestion des forêts secondaires. Les travaux de l’atelier de Douala doivent permettre de faire avancer la réflexion sur ces écosystèmes, d’enrichir les données et les connaissances disponibles sur ce thème en Afrique subsaharienne francophone, discuter des moyens pour parvenir à une gestion améliorée des forêts secondaires.

Enfin, Madame Mary Fosi Mbantenkhu, Conseiller technique n°1 au Ministère de l’environnement et des forêts, représentant Monsieur le Ministre de l’environnement et des forêts de la République du Cameroun, a remercié la FAO et ses partenaires pour avoir choisi le Cameroun pour abriter cet atelier et a émis le vœu qu’il ne puisse pas constituer une fin en soi, mais un moment fondateur d’une dynamique d’action continue et soutenue pour la gestion durable et bénéfique des forêts secondaires.

L’atelier s’est poursuivi avec la présentation des exposés thématiques.

5.2 Session 2: Contexte de l’atelier et situation générale des forêts secondaires en Afrique subsaharienne francophone

Les exposés thématiques ont porté sur la présentation du contexte de l’atelier et la situation générale des forêts secondaires en Afrique francophone, les concepts, les définitions et typologies des forêts secondaires, la présentation et l’analyse des expériences de gestion des forêts secondaires en Afrique subsaharienne francophone.

5.2.1 Contexte général de l’atelier sur la gestion des forêts secondaires en Afrique subsaharienne francophone

L’atelier de Douala se situe dans un processus global de réflexion et de partage des savoirs et d’expériences, entamé au milieu des années 90 et qui s’est poursuivi ces dernières années, sur la situation des forêts secondaires dans le monde. Le premier atelier de ce genre s’est tenu en juin 1997 à Pucallpa, au Pérou, le second en avril 2000 à Samarinda, en Indonésie, le troisième et le plus récent en décembre 2002, à Nairobi au Kenya, auxquels il faut ajouter les évènements parallèles organisés en octobre 1997, à Antalya en Turquie, en marge du onzième Congrès forestier mondial, et en septembre 2003 au Québec, au Canada, en marge du douzième Congrès forestier mondial. Le développement de cette réflexion est le résultat d’un effort de collaboration entre plusieurs organisations et institutions, parmi lesquelles la FAO, la GTZ, le EC-LNV, le CIFOR, l’ICRAF, l’UICN et le MINEF. Ces différents ateliers s’inscrivent dans la mouvance internationale actuelle de promotion, de reconnaissance et de valorisation des forêts secondaires dans les systèmes de gestion des forêts dans le monde. L’Afrique subsaharienne francophone est l’une des régions les plus riches en forêts secondaires au niveau mondial et ses populations utilisent le plus les ressources des forêts secondaires pour la satisfaire leurs besoins. Mais, paradoxalement, cette région reste le lieu où les fonctions et les rôles des forêts secondaires semblent encore très peu explicités et valorisés. Il s’avère donc nécessaire de sortir de cette situation et de poser de manière formelle la problématique de la gestion des forêts secondaires dans cette région. Ces raisons fondamentales ont justifié l’organisation et la tenue de cet atelier.

La description du contexte de l’atelier a été suivie de la présentation et de l’analyse de la situation générale des forêts secondaires en Afrique subsaharienne francophone.

5.2.2 Situation générale des forêts secondaires en Afrique subsaharienne francophone

Quatre exposés ont été présentés dans ce cadre: (i) deux exposés du professeur Constantin Lubini Ayingweu, de l’Université de Kinshasa (République démocratique du Congo) sur la situation des forêts secondaires en Afrique et les aspects écologiques des forêts secondaires, (ii) l’exposé de Madame Léonie Bonnehin de Côte d’Ivoire sur les avantages socioéconomiques des forêts secondaires et (iii) de Monsieur Ebénézer Asaah sur les forêts secondaires et la domestication des plantes.

Le premier exposé consacré aux ressources des forêts secondaires fait ressortir que dans l’ensemble de l’Afrique centrale et occidentale francophone, les forêts denses humides de basse altitude et de montagne ainsi que les forêts claires subissent d’importantes pressions humaines. L’accroissement des prélèvements sur ces divers écosystèmes forestiers entraîne inévitablement une modification des équilibres naturels et menace la richesse et la pérennité du milieu.

Les forêts secondaires, qui résultent des défrichements agricoles et des exploitations forestières des forêts climax, possèdent de nombreuses ressources ligneuses et non ligneuses: bois d’œuvre, bois de feu, de construction, de fabrication d’engins de chasse et de pêche, fruits, feuilles, écorces, tubercules, champignons, chenilles, etc..

Cette diversité de ressources met en évidence l’intérêt d’entreprendre des actions nécessaires pour assurer la pérennité des forêts secondaires en Afrique centrale et occidentale francophone.

Il ressort de l’exposé sur les aspects écologiques de la gestion des forêts secondaires que les défrichements agricoles, les exploitations forestières, l’ouverture des pistes et des routes, la création de camps d’habitation temporaires dans les trois principaux massifs forestiers (Afrique occidentale et centrale atlantique, Bassin du fleuve Congo) ont induit le développement d’un type de végétation forestière appelé « forêts secondaires » (Fs). Leur extension est actuellement spectaculaire dans les zones à densité humaine élevée, notamment autour des centres urbains et le long des axes routiers.

Les estimations faites par la FAO (1985) pour l’ensemble de trois massifs forestiers font état de 34 841 milliers d’hectares de Fs, soit 20 pour cent des forêts denses humides des deux sous-régions considérées.

Ces Fs représentent un écosystème forestier en croissance, se caractérisant par une succession de stades évolutifs vers le rétablissement de l’équilibre des facteurs biophysiques. Cette tendance évolutive favorise la remontée biologique, pédologique et l’instauration du microclimat forestier interne. Les variations de ces paramètres écologiques dans le temps et dans l’espace contribuent à la constitution de séries diachroniques et synchroniques de végétation forestière secondaire.

Bien qu’en croissance, ces Fs, actuelles ou récentes, sont floristiquement et faunistiquement riches et diversifiées.

La fructification abondante et parfois précoce de nombreuses espèces végétales caractéristiques de ces Fs, attire les oiseaux, les rongeurs et les chauves-souris qui, en rejetant les graines des fruits consommés, interviennent dans la dissémination de ces espèces végétales.

Les Fs constituent une source d’approvisionnement pour les communautés rurales en produits alimentaires (fruits, légumes, gibier, champignons, insectes comestibles, pharmacopée, bois énergie, bois d’œuvre, rotins).

Concernant les avantages socio-économiques des forêts secondaires, il a été retenu que depuis le début de la deuxième moitié du XXe siècle, et sous l’effet conjugué de divers facteurs, il existe une « secondarisation » avancée des forêts tropicales africaines. Des efforts ont été faits pour juguler la disparition des forêts primaires. Cependant, les résultats demeurent en deçà des attentes des Gouvernements et des gestionnaires des forêts. Des voies nouvelles sont explorées pour réduire les pressions anthropiques sur les ressources des forêts primaires. Dans cette perspective, l'aménagement durable des forêts secondaires constitue une solution nouvelle. En effet, les forêts secondaires offrent d’immenses biens et services qui, bien aménagés et gérés durablement, pourraient subvenir aux besoins de développement économique, social et culturel des populations rurales, et ainsi les détourner de l’exploitation des forêts primaires. Diverses stratégies d’aménagement des forêts secondaires existent et ont été expérimentées dans divers pays, notamment en Asie. Cependant, ces stratégies doivent être adaptées aux contextes sociaux, économiques et écologiques des forêts africaines, notamment dans l’espace francophone. De même, elles doivent répondre à des objectifs spécifiques et aux besoins des différents acteurs impliqués dans l’aménagement de ces sites.

Enfin, les participants ont suivi l’exposé sur les forêts secondaires et la domestication des plantes. Il en est ressorti que la domestication des plantes est un moyen approprié de constitution et de conservation des forêts secondaires. Les résultats des expériences menées par l’ICRAF en Afrique montrent clairement que la domestication des plantes favorise la constitution et la reconstitution du couvert forestier, mais aussi et surtout, offre des opportunités de satisfaction des besoins des populations villageoises et d’amélioration de leurs moyens de subsistance et d’existence.

5.3 Session 3: Concepts, définitions et typologie des forêts secondaires

Un seul exposé a été présenté dans cette session, par le professeur Frans Bongers de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas. Selon lui, et en l’état actuel des connaissances disponibles, les concepts, les définitions et les typologies des forêts secondaires sont multiples. L’Afrique francophone ne constitue pas une exception dans cette dynamique. De manière globale, les forêts secondaires sont toujours des forêts en transition. Les forêts vierges n’existent plus et la plupart des forêts du monde sont des forêts secondaires, en état ou en devenir. Leur développement est plutôt complexe car au cours de leur évolution, ces forêts traversent des phases et étapes multiples qui font qu’elles sont toujours en transition d’un modèle à un autre. Les forêts secondaires doivent être ainsi classées en fonction de l’intensité de perturbation et de l’échelle de perturbation du milieu. Dans cette optique, l’évolution de la forêt se fait en liaison avec des gradients qui peuvent être la pluie, l’altitude et le sol.

5.4 Session 4: Expériences locales de gestion des forêts tropicales secondaires

Les expériences de gestion des forêts secondaires ont été présentées dans les rapports des pays, la synthèse élaborée et présentée par Monsieur Assitou Ndinga, Consultant de la FAO, et dans celle réalisée au cours des travaux en groupes. Ces derniers ont abordé les aspects relatifs à la définition des forêts secondaires, aux facteurs favorisant leur formation, extension ou réduction, à leurs caractéristiques et les questions fondamentales liées à leur gestion. D’après la FAO, les forêts secondaires sont celles qui se régénèrent dans une large mesure par des processus naturels. La cause principale de la régénération forestière est une importante perturbation d’origine humaine et/ou naturelle de la végétation forestière originelle. La durée de cette stimulation (perturbation) est indéterminée: un moment donné ou une longue période de temps. Ces forêts se distinguent des forêts primaires voisines sur des sites similaires d’après leur structure et/ou la composition des espèces de leur couvert. La plupart des rapports nationaux ont retenu cette définition comme définition opératoire pour la réalisation des études.

On peut ainsi distinguer six grands ensembles:

• les zones les mieux pourvues en forêts avec une couverture forestière égale ou supérieure à 20 millions d’ha (Cameroun, Congo, Gabon et RDC);

• les zones forestières ouest-africaines (Côte d’Ivoire, Guinée et Guinée-Bissau);

• les zones ouest-africaines constitutives du dahomean gap  Bénin et Togo);

• les zones humides densément peuplées (Burundi et Rwanda);

• les zones sahéliennes (Burkina Faso, Cap-Vert, Mali, Niger et Sénégal);

• une zone insulaire (Madagascar).

Les forêts secondaires peuvent être analysées à partir de leur localisation et de leur composition floristique, de leurs stades évolutifs et de leur statut juridique. Dans les zones les mieux pourvues en forêts (Cameroun, Congo, Gabon et RDC), les zones forestières ouest-africaines (Côte d’Ivoire, Guinée et Guinée-Bissau) et sur l’île de Madagascar, les forêts secondaires se sont développées principalement le long des axes routiers, dans les anciens villages et dans les zones forestières après exploitation ou abandon d’autres utilisations des terres. Dans les autres régions, mis à part des formations particulières telles que les mangroves, toutes les forêts peuvent être considérées comme secondaires à cause de la forte influence des actions anthropiques et des conditions climaciques sur les forêts originelles. Si la composition floristique de ces forêts est relativement bien connue, leur étendue l’est moins. Les principaux types de forêts tropicales secondaires reconnus et trouvés dans d’autres parties du monde sont présents en Afrique, dans une même province ou dans un même pays. Seuls quelques pays, tels la République du Congo et le Sénégal, n’ont décrit que trois types de forêts secondaires.

Les stades évolutifs des forêts secondaires, quant à eux, paraissent communs aux zones les mieux pourvues en forêts et aux zones forestières ouest-africaines. Dans les zones sahéliennes (cas du Sénégal), la régénération naturelle se fait principalement par le rejet de souches ou par drageonnage, les feux de brousse et le passage du bétail limitant fortement la régénération naturelle par semis. En République démocratique du Congo par exemple, pendant la régénération forestière, les espèces à très large distribution (cosmopolites, pantropicales, paléotropicales et afroaméricaines) diminuent, de façon progressive, et sont remplacées par des espèces guinéo-congolaises. Ainsi, la flore congolaise rétablit son « originalité » après avoir été perturbée.

Concernant leur statut, toutes les forêts appartiennent à l’Etat. Mais, en réalité, leur statut juridique est beaucoup plus compliqué que ne le laissent croire les textes officiels. Notamment, il existe les forêts du domaine de l’Etat, les forêts du domaine public villageois, les forêts du domaine familial et les forêts des particuliers1. D’une manière générale, les forêts secondaires après exploitation et les forêts secondaires remises en état, sont inclues dans le domaine de l’Etat. C’est le cas en République du Congo, au Cameroun et à Madagascar. Dans les forêts du domaine du village, celui-ci ou la collectivité de la chefferie traditionnelle ont des droits sur ces forêts, mais les personnes étrangères sont soumises à une autorisation avant d’y accéder (cas des forêts secondaires à Madagascar). Dans le modèle de base de l’organisation de la forêt du domaine familial, les membres d’une famille ont - de façon presque exclusive- des droits sur ces forêts. Toutefois, il n’y a pas de propriété à la romaine, usus, fructus, abusus, c’est-à-dire l’usage, le fruit et la propriété affectée à une seule personne jusqu’à l’abus. L’autorisation d’accès à ces forêts s’obtient auprès du chef de famille, pas du chef de village (cas du nord de la République du Congo). Il s’agit là de forêts secondaires se régénérant généralement dans des anciens villages. Les forêts des particuliers proviennent principalement soit de la répartition des biens successoraux, soit de dons, soit encore de l’antériorité dans le défrichement de la forêt primaire (cas de la Côte-d’Ivoire et de Madagascar). Il existe cependant un type de forêt secondaire n’entrant pas dans le schéma ci-dessus. Ce sont les forêts résultant du passage d’un incendie parce que les feux touchent à tous les types de forêts.

Les travaux ont également abordé la question de l’importance socio-économique des forêts secondaires. Généralement, les forêts secondaires correspondent à des centres d’activité humaine. Elles font partie des lieux sacrés et fournissent aux populations ainsi qu’aux économies africaines des revenus, des terres agricoles et des produits extrêmement nombreux et variés (bois de feu, bois de service, bois d’œuvre, gibier, miel, plantes médicinales, plantes alimentaires, etc.). A titre indicatif, les forêts secondaires sont la principale source de bois énergie, puisqu’elles satisfont plus de 60pour cent des besoins en énergie domestique des pays. Il existe cependant des différences significatives en fonction de l’existence, de l’accessibilité à d’autres sources d’énergie, du revenu, de l’urbanisation et surtout de la disponibilité de bois et d’autres ressources en biomasse. Les forêts secondaires jouent également un rôle écologique significatif: séquestration du carbone du fait de l’activité photosynthétique très intense de leurs feuilles; puits de carbone en raison de l’importante biomasse qu’elles renferment; habitats d’une faune très diverse; protection des sols et des bassins versants; diminution de l’intensité des vents, etc. Les forêts secondaires après exploitation et les forêts secondaires remises en état sont perçues comme étant principalement des sources de bois d’œuvre. Les forêts secondaires dans des jachères laissées par l’agriculture itinérante et celles succédant à l’abandon d'autres utilisations des terres, sont plus multifonctionnelles. Les forêts secondaires après incendie ne sont pas associées à une ou des utilisations particulières.

Les pratiques dépendent principalement de leur localisation, de leur statut et des objectifs de leur existence ou de leur classement. En effet, aux alentours des grands centres urbains, l’exploitation du bois de feu et du bois de service, la collecte des produits forestiers non ligneux (PFNL) ainsi que les défrichements pour des cultures vivrières prédominent. Loin des centres urbains, l’exploitation de bois d’œuvre et de service, la collecte des PFNL, les défrichements pour des cultures de rente (café, cacao, coton, palmiers à huile) de même que la chasse, mobilisent les femmes et les hommes. Presque partout, des lieux de rites initiatiques, d’inhumation ou de cultes religieux sont aménagés.

Enfin, en matière de gestion des forêts secondaires, la politique et les institutions ne sont pas distinctes. Les pays ne disposent pas encore de politiques spécifiques sur les forêts secondaires. Les politiques de développement rural ne sont pas non plus cohérentes. Si la politique forestière vise la pérennisation des forêts secondaires, les politiques agricoles et d’élevage ne s’en accommodent pas toujours. Importants consommateurs d’espaces, les agriculteurs et les éleveurs convertissent des étendues importantes de forêts secondaires en terres agricoles ou en pâturages au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Bénin et au Togo. Partout, la demande en bois de feu croît avec l’augmentation de la population, l’urbanisation et la paupérisation. Pour améliorer la gestion des forêts secondaires, d’importantes mesures politiques institutionnelles doivent être prises et mises en œuvre par les Etats de la région. Il faudra également valoriser les possibilités offertes par les politiques de décentralisation qui se mettent en place dans les pays de la région. Les détails des actions à entreprendre sont développés dans les annexes du rapport de l’atelier.

Les travaux en groupes ont été suivis des visites de terrain.

5.5 Session 5: Visites de terrain

Deux visites de terrain ont été réalisées au cours de l’atelier. L’une à Loum, dans le département du Moungo, à cent kilomètres au sud de Douala. Les problématiques abordées au cours de cette visite étaient relatives à l’enrichissement des forêts secondaires, la gestion forestière sur des sols riches, la compétition entre l’agriculture, les agro-industries et les forêts, le rôle des forêts secondaires dans la régulation hydraulique et la question de la gestion des forêts secondaires péri-urbaines.

L’autre visite de terrain a eu lieu à Edéa, plus précisément à Kopongo, à près de cinquante kilomètres au nord de Douala, sur l’axe Douala-Yaoundé. La problématique abordée avait trait à la gestion des forêts communautaires, à la gestion des forêts secondaires en zone péri-urbaine et à la dynamique des forêts secondaires le long de l’axe routier Douala-Edéa.

Les leçons tirées de ces visites de terrain ont été valorisées dans l’approfondissement de la réflexion sur les aspects écologiques et techniques, socio-économiques, politiques et institutionnels de la gestion des forêts secondaires.

5.6 Session 6: Problèmes, contraintes et opportunités de gestion des forêts secondaires

Les problèmes, contraintes et opportunités de gestion des forêts secondaires ont été analysés dans les travaux en groupe. Ainsi, les aspects politiques et institutionnels, socio-économiques, techniques et écologiques ont été abordés.

Concernant les aspects politiques et institutionnels, les problèmes retenus ont trait aux politiques sectorielles et trans-sectorielles, à la décentralisation de la gestion des ressources forestières, à la participation des acteurs multiples et aux politiques et processus internationaux. Pour les aspects socio-économiques, les principaux problèmes identifiés ont trait à la sous-estimation de l’importance des forêts secondaires, aux connaissances et aux expériences, à la participation et à l’organisation sociale, à la démographie, au genre et à la jeunesse, au foncier et à l’accès à la terre, aux emplois et revenus, aux marchés et à la communication. Enfin, concernant les aspects écologiques et techniques, les problèmes suivants ont été identifiés: la typologie et la classification, l’importance écologique, les ressources naturelles (produits forestiers), la connaissance, la planification de l’utilisation de la terre, la gestion (activités économiques), le potentiel humain (formation) et le financement (acquisition des connaissances).

Les résultats détaillés de l’analyse des contraintes et des opportunités figurent en annexe 4 de ce document.

5.7 Session 7: Recommandations et actions pour la gestion des forêts secondaires

Les recommandations et les actions à mener ont été définies dans les groupes, puis présentées, discutées et validées en plénière. Elles ont trait aux principaux aspects de la gestion des forêts secondaires : les aspects politiques et institutionnels, socio-économiques, techniques et écologiques.

Au plan politique et institutionnel, quatre (04) principaux thèmes de travail ont été abordés:

§ Les politiques sectorielles et trans-sectorielles

§ La décentralisation de la gestion des ressources forestières

§ La participation des acteurs multiples

§ Les politiques et processus internationaux

Après avoir identifié et analysé les contraintes et les opportunités relatives à ces différents thèmes, les membres du groupe ont formulé les principales recommandations suivantes:

Sur les politiques sectorielles et trans-sectorielles

• Mettre en cohérence des politiques trans-sectorielles

• Appuyer les initiatives existantes oeuvrant dans les politiques (CILSS, CEFDHAC)

• Veiller à la coordination des intervenants internationaux

• Adapter des politiques trans-sectorielles aux réalités socio-économiques

• Capitaliser les atouts du tri national Cameroun-Congo-RCA

• Actualiser les politiques forestières

• Promouvoir le développement de réseaux de gestionnaires de FS

• Mettre en place des mécanismes nationaux de financement viables et réalistes

• Promouvoir des politiques de renforcement des capacités des acteurs

• Appuyer les initiatives existantes sur la mise à jour des curricula de formation (RIFFEAC)

• Promouvoir la coopération régionale et internationale

• Promouvoir la bonne gouvernance

Sur la décentralisation de la gestion des ressources forestières

• Capitaliser les expériences de gestion décentralisée des forêts dans les pays de la région

• Diffuser les informations sur les avantages de la décentralisation

• Renforcer la capacité de gestion des collectivités locales

• Définir une stratégie de gestion décentralisée des ressources naturelles

• Etablir un partenariat entre administrations forestières et collectivités décentralisées

• Promouvoir la mise en place des outils de suivi et audition de la gestion locale

Sur la législation et la réglementation

• Intégrer la problématique de la gestion des forêts secondaires dans la législation nationale

• Adapter les textes en vigueur au processus de décentralisation

• Accélérer les processus de sécurisation foncière en cours dans les pays

• Introduire des innovations juridiques pour la gestion participative de ressources naturelles

• Promouvoir la mise en place de mécanismes de suivi de l’application des lois et règlements

• Promouvoir la création de réseaux de diffusion des lois et règlements

• Diffuser les lois et règlements en utilisant les moyens existants

• Promouvoir le développement de manuels de procédure

Sur la participation des acteurs multiples

• Mieux définir les rôles et responsabilités des multiples acteurs

• Favoriser l’implication des populations riveraines au contrôle du prélèvement des ressources forestières

• Promouvoir la mise en place de plates-formes de négociation inter-acteurs

• Promouvoir la participation des femmes et des jeunes dans la gestion forestière

• Mettre en place des cadres de concertation et de collaboration entre les acteurs

• Promouvoir le développement de plans d’action participatifs

• Promouvoir l’accès équitable aux ressources forestières

Sur les politiques et processus internationaux

• Prendre suffisamment en compte les dynamiques locales dans la définition des politiques et conventions internationales

• Contacter le RIAT pour les études menées sur les produits forestiers non ligneux, les pratiques locales et les conventions internationales

• Créer ou dynamiser des cadres d’information, de suivi et de coordination des conventions

Au plan socio-économique, neuf (09) principaux thèmes de travail ont été abordés:

§ La sous-estimation de l’importance des forêts secondaires

§ Les connaissances et les expériences

§ La participation et l’organisation sociale

§ La démographie

§ Le genre et la jeunesse

§ Le foncier et l’accès à la terre

§ Les emplois et revenus

§ Les marchés

§ La communication.

Après avoir identifié et analysé les contraintes et les opportunités relatives à ces différents thèmes, les membres du groupe ont formulé les recommandations suivantes:

Sur la sous- estimation de l’importance des forêts secondaires

• Utiliser rationnellement les ressources disponibles

• Favoriser une meilleure gouvernance

• Faciliter l’accès au financement

• Renforcer les capacités

• Impliquer plus efficacement tous les acteurs

• Sensibiliser/ informer

• Lutter contre les préjugés

Sur les connaissances et les expériences

• Valoriser le savoir traditionnel

• Partager équitablement les bénéfices

• Créer des réseaux d’échange

• Développer la recherche sur les aspects sociologiques et économiques de la gestion des forêts

• Rassembler et capitaliser les expériences et données disponibles

Sur la participation et l’organisation sociale

• Coordonner efficacement les actions

• Définir, clarifier et reconnaître les rôles et les responsabilités des différents acteurs en créant une base légale

• Faciliter et accélérer le processus de la décentralisation

• Renforcer les capacités des organisations, de l’administration et le mécanisme de concertation de la communauté

• Donner une voix aux populations marginalisées

• Promouvoir la bonne gouvernance

• Impliquer toutes les parties prenantes dans la gestion durable des forêts secondaires

Sur la démographie

• Eduquer

• Adopter une approche systémique dans la lutte contre la pauvreté

• Améliorer les pratiques culturales

• Organiser les communautés locales de base

• Adopter les techniques culturales adaptées aux réalités locales

• Renforcer les programmes de sensibilisation sur le planning familial

• Intégrer les grands objectifs de développement des forêts secondaires dans le plan général de développement socio-économique

Sur le genre et la jeunesse

• Impliquer davantage les femmes dans la prise de décision/gestion

• Intégrer davantage les aspects de genre dans les politiques, programmes, projets, éducation, etc.

• Utiliser les organisations spécifiques aux intérêts des femmes

• Encourager la femme à travailler dans le secteur forestier

Sur le foncier et l’accès à la terre

• Promouvoir le droit à la propriété foncière

• Promouvoir les meilleures techniques appropriées

• Harmoniser les divers textes juridiques avec le droit foncier coutumier

• Définir un cadre légal sur les Fs

• Promouvoir et institutionnaliser le concept de forêt communautaire

Sur les emplois et les revenus

• Créer des mécanismes de partage des bénéfices des services environnementaux

• Harmoniser les accords multilatéraux sur l’environnement et les accords internationaux sur le commerce dans les aspects de partage de bénéfices

• Intégrer les Fs dans les politiques nationales de gestion des ressources

• Réglementer les conditions de travail en tenant compte de la qualité et de la sécurité des travailleurs

• Promouvoir des activités génératrices de revenus dans les zones riveraines des forêts secondaires

Sur les marchés

• Renforcer l’organisation des petits producteurs, des PME et PMI

• Développer et formaliser le commerce international des PFNL

• Créer un système simple de crédits

• Renforcer les capacités locales de transformation des produits issus des FS

• Favoriser la libre circulation des biens et services entre les pays

• Améliorer les circuits de commercialisation

• Promouvoir la valorisation des produits forestiers non ligneux

Sur la communication

• Promouvoir l’utilisation des NTIC

• Créer et améliorer les réseaux d’information au niveau national, sous-régional et international

• Promotion de la politique sur l’IEC

• Vulgariser les résultats scientifiques

• Former les professionnels de la communication à la gestion des Fs

• Former les communautés locales à la collecte et la diffusion de l’information

• Adapter les moyens de communication à la situation locale

• Promouvoir l’alphabétisation des populations locales

• Renforcer les structures de collecte et de diffusion des informations

• Former et utiliser efficacement le personnel ressource existant

Enfin, au plan technique et écologique, huit (08) principaux thèmes ont été analysés:

§ La typologie et la classification

§ L’importance écologique

§ Les ressources naturelles (produits forestiers)

§ La connaissance

§ La planification de l’utilisation de la terre

§ La gestion (activités économiques)

§ Le potentiel humain (formation)

§ Le financement (acquisition des connaissances).

Après avoir identifié et analysé les contraintes et les opportunités relatives à ces thèmes, les membres du groupe ont formulé les recommandations suivantes:

Sur la typologie et la classification

• Prendre en compte des réalités nationales dans la définition des forêts secondaires

• Utiliser des critères de classification pour cartographier les forêts secondaires

• Considérer les connaissances endogènes dans la classification des forêts secondaires

• Créer un groupe technique pour établir des critères de classification des forêts secondaires

Sur l’importance écologique

• Renforcer les moyens de protection des forêts secondaires afin qu’elles contribuent plus efficacement à la conservation de la biodiversité, à la séquestration du carbone et à la lutte contre la désertification

• Améliorer les méthodes d’inventaire des produits forestiers

• Mettre en cohérence les méthodes d’inventaire des produits forestiers non ligneux

Sur les ressources naturelles (produits forestiers)

• Faire des inventaires multi-ressources

Sur la connaissance

• Capitaliser les connaissances paysannes

• Former un réseau d’études des forêts secondaires

• Cartographier les différentes forêts secondaires

Sur la planification de l’utilisation de la terre

• Encourager les approches multidisciplinaires dans la planification

• Définir un plan d’aménagement à court, moyen et long terme

• Prise en compte des dynamiques des usages agricoles

• Veiller au suivi et à la vérification dans la planification

• Approche participative de bas en haut de la planification

• Évaluation des impacts de la planification

Sur la gestion (activités économiques)

• Impliquer les communautés locales dans l’aménagement

• Élaborer des guides pour la zonation et la gestion de différents types de forêts secondaires

• Exploitation durable (massif existant, reboisement des espèces importantes)

• Dynamiser l’élaboration des plans d’aménagement multi-ressources des forêts secondaires

• Développer des méthodes appropriées pour l’exploitation des ressources des forêts secondaires

• Promouvoir les techniques de domestication des espèces agroforestières dans les forêts secondaires

• Sensibiliser les acteurs sur les dangers des perturbations des écosystèmes

Sur le potentiel humain (formation)

• Redéploiement du personnel forestier

• Intégrer la problématique des forêts secondaires dans les programmes des écoles forestières

• Renforcement des capacités

Sur le financement (acquisition des connaissances)

• Renforcer les financements des projets de gestion des forêts secondaires au niveau national

• Faire les efforts pour élire des forêts secondaires dans le cadre du mécanisme de développement propre (MDP).

L’adoption des recommandations a été suivie de la présentation du plan d’action de Nairobi et de sa comparaison avec les recommandations de l’atelier de Douala.

5.8 Session 8: Présentation du plan d’action de Nairobi et comparaison avec les recommandations de l’atelier de Douala

La proposition d’action de Nairobi a été présentée par Madame Mirjam KUZEE du Département des forêts de la FAO. Comme à Douala, les participants de Nairobi ont travaillé sur les trois grands aspects de la gestion des forêts secondaires: les aspects politiques et institutionnels, les aspects socioéconomiques et les aspects écologiques et techniques. A l’issue de leurs travaux, ils ont proposé que les actions soient menées à ces trois niveaux:

Au niveau politique et institutionnel 

§ Reconnaître l’importance des forêts secondaires à l’échelle nationale et internationale

§ Renforcer les capacités institutionnelles

§ Mettre en place une politique intersectorielle pour l’aménagement durable des forêts

§ Promouvoir la participation de tous les intervenants à la formulation des politiques et à l’aménagement durable des forêts

§ Résoudre ou gérer les conflits entre le régime foncier et la législation

Au niveau socio-économique 

§ Intégrer les communautés dans l’aménagement des forêts secondaires

§ Améliorer la commercialisation et le développement des entreprises

§ Promouvoir et garantir le partage équitable des rôles, responsabilités, coûts et bénéfices dans l’aménagement et la gestion des forêts secondaires

§ Rendre visible et valoriser l’influence de la pauvreté et de la démographie sur l’aménagement des forêts secondaires

Au niveau écologique et technique 

§ Adapter la typologie et la définition générale des forêts secondaires aux conditions spécifiques des pays

§ Intégrer la gestion des forêts secondaires dans le cadre de l’utilisation globale des sols

§ Développer une approche participative et adaptative d’aménagement et de recherche pour élargir la base des connaissances écologiques et technologiques en vue de l’aménagement des forêts secondaires

§ Améliorer les inventaires, l’accès et la diffusion de l’information

Les participants à l’atelier de Douala ont relevé des similitudes et des différences entre les actions proposées à Nairobi et celles qui se sont dégagées de leurs propres travaux.

Pour les similitudes, les points suivants ont été relevés:

Sur le plan politique et institutionnel

• La participation de tous les intervenants à la formulation des politiques

Sur le plan socio-économique

• Le manque d’information sur les dynamiques de marché

• Les forêts secondaires bénéficient de peu d’investissements

• La nécessité de gérer et de résoudre les conflits entre le régime foncier et la législation

• Les lacunes et déficits des connaissances sur l’impact et l’ampleur des forêts secondaires aux niveaux social, économique et écologique

• La nécessité de stratégies endogènes de pérennisation et de mobilisation interne des financements des forêts secondaires

Sur le plan écologique et technique

• La nécessité d’affiner la définition et la typologie des forêts secondaires

• La nécessité de conduire des recherches écologiques et techniques pour générer les données de base à utiliser dans les plans de gestion

• Les questions relatives à la faune n’ont pas été clairement énoncées

• L’absence de plans d’utilisation des terres

• Absence de données actualisées sur les inventaires

• L’adaptation des techniques d’inventaires

• La gestion des forêts secondaires doit être intégrée dans le cadre global de la gestion des sols

Quant aux différences, les préoccupations suivantes ont été relevées:

Sur le plan politique et institutionnel

• Les questions relatives au foncier et à la propriété des ressources ne semblent pas être des préoccupations pour l’Afrique subsaharienne francophone

• L’atelier de Nairobi n’a pas insisté sur le problème de la décentralisation de la gestion des forêts secondaires.

Sur le plan socio-économique

• L’intégration de l’aménagement des forêts secondaires dans les programmes et stratégies de réduction de la pauvreté

• L’atelier de Douala a plutôt valorisé le volet de l’emploi et des revenus liés à la gestion des forêts secondaires

• L’impact des maladies (VIH/SIDA, paludisme, etc.) comme contrainte

• Les questions relatives au genre n’ont pas été explicitement traitées à Nairobi

• Les initiatives et processus sous-régionaux n’ont pas été évoqués dans le cadre de la gestion

Sur le plan écologique et technique

• Les forêts secondaires concernées sont celles situées dans le contexte des forêts tropicales denses

• La promotion des techniques de domestication des espèces agroforestières dans les forêts secondaires

• Une très forte considération est donnée au bois dans les forêts secondaires par rapport aux services

• L’atelier de Douala a abordé la question de l’évaluation de la planification

• La nécessité de tenir compte de l’approche paysage dans la gestion des forêts secondaires

• L’atelier de Douala n’a pas abordé la question de la transformation des forêts secondaires (terres boisée, terres agricoles, etc.)

5.9 Session 9: Actions à mener par les institutions et les pays

Les participants ont proposé une quarantaine d’actions qui doivent être menées par les institutions et les pays de la région. Il s’agit des actions suivantes:

1. Sensibiliser et informer tous les acteurs (FAO)

2. Effectuer l’inventaire des ressources forestières dans les pays de la région (FAO, OIBT)

3. Intégrer l’utilisation des espèces domestiquées dans les programmes de reboisement communautaire (FAO)

4. Créer une banque de données sur les ressources des forêts secondaires (FAO)

5. Valoriser le savoir traditionnel (FAO, gouvernements et PNUD)

6. Adapter les critères et indicateurs aux contextes locaux de gestion (CIFOR)

7. Intégrer les aspects de gestion des Fs dans le développement des forêts modèles (CIFOR)

8. Consolider et diversifier la recherche sur la décentralisation et la gouvernance forestière (CIFOR)

9. Développer la recherche sociale et économique sur les Fs (CIFOR)

10. Analyser les marchés (offre et demande) des PFNL (CIFOR)

11. Contribuer à l’analyse des priorités des populations locales concernant la biodiversité des Fs (CIFOR)

12. Développer la recherche en réseau sur les Fs en Afrique de l’Ouest et du Centre (CORAF)

13. Promouvoir la conservation in situ des espèces menacées dans les Fs (IRAD-Cameroun)

14. Réaliser une recherche sur la régénération naturelle des Fs (IRAD-Cameroun)

15. Contribuer à la domestication et l’exploitation durable des produits forestiers non ligneux (IRAD-Cameroun)

16. Générer des données biologiques et écologiques pour l’aménagement forestier et la rédaction de plans d’aménagement (IRAD-Cameroun)

17. Contribuer à la caractérisation des Fs (IITA)

18. Réaliser une recherche sur l’écologie et la productivité des PFNL, sur la transformation des Fs en d’autres modes d’utilisation des terres et sur le « landscape ecology » (IITA)

19. Etudier la dynamique de la végétation des Fs (Université de Yaoundé I)

20. Assurer la domestication de la faune sauvage des Fs (ICRAF, Industries du bois engagées dans les programmes de reboisement)

21. Etablir un partenariat entre administrations forestières et collectivités décentralisées (Ministères en charge des forêts)

22. Assurer une large diffusion des lois et règlements (Ministères en charge des forêts)

23. Promouvoir la mise en place des outils de suivi et de contrôle de la gestion locale (Ministères en charge des forêts)

24. Capitaliser les expériences en matière de gestion décentralisée des Fs nationales (Ministères en charge des forêts)

25. Réaliser des études ethnobotaniques sur les plantes des Fs (Cameroon Ethnobotanical Network)

26. Impliquer la société civile au processus AFLEG en Afrique centrale (UICN, NLC)

27. Tester les PCI pour la restauration des forêts secondaires dégradées (UICN, OIBT, RCA, RDC)

28. Renforcer les capacités des ONG impliquées dans la gestion des forêts secondaires au Cameroun, au Congo et en Guinée équatoriale (UICN, NLC)

29. Renforcer les capacités de la société civile pour la mise en œuvre du plan d’action environnemental du NEPAD en Afrique centrale (UICN-CEFDHAC, ACDI)

30. Renforcer les capacités des institutions de formation forestière et environnementale (UICN, OIBT, Gabon)

31. Promouvoir l’application du code de déontologie pour la gestion des forêts secondaires (CEFDHAC, Secteur privé)

32. Promouvoir l’utilisation des PFNL, la place des Fs dans la mise en œuvre de la Convention de Rio, et des pratiques locales dans le cadre de la production durable (Réseau international des arbres tropicaux)

33. Réaliser une recherche socio-économique sur les PFNL et leur transformation (ICRAF)

34. Réaliser une recherche sur les approches et méthodes de domestication des plantes (ICRAF)

35. Former les acteurs sur la domestication des plantes (ICRAF)

36. Assurer la promotion de l’aménagement durable des forêts africaines (OAB, OIBT)

37. Mettre en place un réseau national sur les Fs (MINEF-UICN)

38. Organiser deux ateliers d’information des ONG et des représentants des populations sur les Fs (ONG ODEB)

39. Concevoir et mettre en œuvre des plans d’aménagement (OIBT)

40. Développer des plans de gestion à l’échelle paysage et renforcer les capacités des acteurs (Conservation International)

41. Réaliser des plaidoyers pour l’harmonisation des accords multilatéraux sur l’environnement et le commerce à travers le mécanisme de statuts consultatifs auprès des organisations internationales (FARMAPU-INTER, Rwanda)

42. Assurer la sensibilisation et la diffusion de l’information sur les Fs dans la région des Grands Lacs (FARMAPU-INTER, Rwanda)

Enfin, le processus de suivi de l’atelier de Douala a également été défini par les participants.

C’est ainsi que les activités suivantes ont été proposées :

1. Mettre en place un réseau d’échange sur les Fs avec la FAO comme chef de file

2. Tenir un atelier de présentation des actions entreprises ou initiées (FAO)

3. Assurer le rôle de facilitateur et d’ancrage dans les institutions régionales (UICN)

4. Organiser une rencontre de suivi du réseau des Fs tous les deux ans

5. Organiser des ateliers d’information au niveau des pays

6. Faire le suivi-évaluation de l’impact de l’atelier de Douala en termes de propositions de projets développés et financés tous les deux ans

7. Soutenir des projets pilotes sur une base compétitive (FAO)

A la fin des travaux de l’atelier, les participants ont procédé à une évaluation complète des travaux.

5.10 Session 10: Evaluation de l’atelier

L’évaluation de l’atelier a été conduite par Messieurs Kolokosso Bediang, Modérateur général de l’atelier, avec l’assistance de Messieurs Froylán Castañeda de la FAO/Rome et Cléto Ndikumagenge de l’UICN/Cameroun.

Globalement, il est apparu que les travaux de l’atelier ont été bien organisés et se sont bien déroulés. Les résultats attendus de l’atelier ont été atteints à plus de soixante-quinze pour cent. Le tableau ci-dessous présente une synthèse des appréciations des participants sur la réalisation du programme de l’atelier, son contenu, les visites de terrain, l’organisation et la logistique, les travaux en groupes, la méthodologie utilisée, la modération et la qualité de la documentation.

Evaluation de l’atelier

1- Niveau d’atteinte des attentes 

100% : 3 personnes

75% : 29 personnes

50% : 2 personnes

2- Evaluation des différentes rubriques de l’atelier

Rubriques

Très bien

Bien

Moyen

Mauvais

Programme de l’atelier

13

19

02

 

Contenu de l’atelier

13

22

   

Excursion

09

12

13

01

Organisation / logistique

08

19

06

01

Travaux en groupes

11

21

01

 

Méthodologie utilisée

12

17

02

 

Modération

11

20

02

 

Qualité de la documentation

07

15

01

 

3- Ce qui a le mieux marché durant l’atelier 

§ Les échanges d’informations et les discussions entre les participants

§ Une bonne ambiance

§ De meilleurs travaux en groupes

4- Ce qui a le moins bien marché durant l’atelier

§ Des débats en plénière très longs, non structurés et parfois sans conclusion

§ Le manque d’accord sur la définition des forêts secondaires en Afrique francophone

§ Le programme surchargé qui n’a pas permis de découvrir la ville de Douala

§ Les difficultés pour respecter l’agenda

§ Le temps nécessaire à la cérémonie d’ouverture officielle

§ La visite de terrain à Loum

5- Propositions d’amélioration

§ Disposition des participants dans la salle des travaux

§ Utilisation du vidéo-projecteur pour toutes les présentations

§ Amélioration de la distribution des documents de l’atelier

§ Meilleure préparation des visites

§ Prévoir plus de jours pour l’atelier

§ Ne pas payer les perdiems en monnaie locale

§ Alléger les programmes de l’atelier

5.11 Session 11: Clôture de l’atelier

La clôture de l’atelier a été présidée par Messieurs Froylán Castañeda de la FAO et Cléto Ndikumagenge de l’UICN. Ils ont remercié les participants, le modérateur et son adjoint, les autorités camerounaises et toutes les institutions partenaires pour leur participation effective à l’organisation et à la tenue de l’atelier. Ils ont émis le vœu de voir se poursuivre les relations engagées à l’atelier de Douala entre les participants pour une réflexion continue sur la gestion durable des forêts secondaires en Afrique francophone.


1 Cette division des forêts secondaires, voulue, est fidèle à la réalité.

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