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III. POINTS À DÉBATTRE


28. La Conférence avait deux points à débattre à son ordre du jour: i) la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) et ii) la gestion intégrée des ressources hydriques à l’appui de la sécurité alimentaire en Afrique.

29. La Présidente du Comité technique, Mme Bongive Njobe, a présenté le rapport du Comité en mettant l’accent sur les recommandations relatives aux deux points en question et en donnant un aperçu des débats portant sur le point permanent, à savoir la suite donnée au Sommet mondial de l’alimentation et au Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après - dimensions régionales.

Mise en œuvre du Programme détaillé du NEPAD pour le développement de l’agriculture africaine: examen de l’état d’avancement (ARC/04/4.1)

30. La Conférence a noté que son Comité technique avait délibéré au sujet du document principal ARC/04/4.1 sur la mise en œuvre du Programme détaillé du NEPAD pour le développement de l’agriculture africaine et elle a également pris note des documents ARC/04/4.2/.3/.4 et ARC/04/INF/6 concernant des éléments de ce point.

31. La Conférence a pris note du fait que des progrès en matière de mise en œuvre du PDDAA avaient été réalisés pour les quatre «piliers», à l’exception des programmes d’accès au marché du «pilier» relatif aux infrastructures rurales et à l’accès au marché, qui n’étaient pas bien définis. Elle a reconnu l’absolue nécessité de la participation de la société civile et en particulier des agriculteurs à la mise en œuvre du PDDAA et a reconnu l’importance du partenariat entre la société civile, les gouvernements, le secteur privé et les autres partenaires du développement à l’appui de la mise en œuvre du PDDAA. Elle a demandé au Secrétariat du NEPAD, à la BAfD, à la FAO et à d’autres partenaires du développement d’élaborer plus détail la composante «accès au marché» du pilier II du PDDAA pour en faciliter la mise en oeuvre.

32. La Conférence a en particulier noté les progrès faits par un certain nombre de pays pour donner suite à l’engagement de Maputo consistant à allouer au moins 10 pour cent des budgets nationaux à l’agriculture dans un délai de cinq ans et elle s’est félicitée de l’aide fournie par la FAO pour la préparation de programmes d’investissement à moyen terme et de projets susceptibles d’être financés. La Conférence a apprécié l’organisation de la Table ronde sur le financement de l’agriculture par la FAO et par la Banque africaine de développement (BAfD) en concomitance avec cette conférence.

33. La Conférence s’est également félicitée de la documentation concernant les points liés au PDDAA, notamment: l’initiative visant à examiner et mettre à jour les politiques et stratégies agricoles nationales; l’intégration des forêts, des pêches et de l’élevage dans le PDDAA; la production et l’utilisation d’engrais en Afrique; et l’établissement de systèmes régionaux de réserves alimentaires, y compris des stocks. Elle a souscrit aux objectifs de l’étude NEPAD/PAM/FAO sur les systèmes de réserves alimentaires et à la réalisation de cette étude.

34. Dans ce contexte, et en vue d’améliorer la mise en œuvre du PDDAA, la Conférence:

a. a recommandé la mise en place d’un Forum des secrétaires permanents afin d’appuyer le processus de mise en œuvre du PDDAA aux niveaux national, régional et continental, de façon efficace et cohérente;

b. a recommandé la désignation de coordonnateurs nationaux du PDDAA chargés de diriger le processus;

c. a demandé instamment que des rapports annuels sur la mise en œuvre du PDDAA soient préparés par le Secrétariat du NEPAD;

d. a demandé instamment que le Secrétariat du NEPAD collabore avec la FAO (et avec les autres partenaires du développement) pour mettre en place un mécanisme clair de suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre du PDDAA, avec des indicateurs de performance et un calendrier bien définis;

e. a souligné la nécessité pour le NEPAD, avec l’appui de l’Union africaine, d’envisager de réaliser un examen du secteur agricole par des experts pour assurer une bonne gouvernance lors de la mise en application du PDDAA, conformément aux principes en vigueur à l’Union africaine;

f. a recommandé que le NEPAD collabore avec l’Union africaine pour mettre en place un groupe de soutien du PDDAA;

g. a recommandé que les conclusions de la consultation des organisations paysannes africaines sur la mise en œuvre du PDDAA, tenue du 23 au 25 février 2004 à Johannesburg, soient prises en considération;

h. a demandé instamment à la FAO d’aider les États Membres à élaborer des approches durables en matière d’amélioration des sols, sur la base d’une gestion intégrée des ressources naturelles et d’une plus grande intégration des systèmes culture-élevage. Une attention particulière devrait être accordée à l’amélioration de la disponibilité d’engrais, à des prix abordables et à la production d’engrais en Afrique, sur la base d’une coopération régionale, avec la participation du secteur privé. À cet égard, la Conférence a adopté à l’unanimité la résolution ARC/04/RES qui figure plus loin;

35. Pour assurer l’alignement du PDDAA avec les programmes nationaux et autres, la Conférence:

a. a recommandé aux pays qui ne l’ont pas fait, de procéder avec la FAO à l’examen des politiques et d’élaborer des plans d’investissements à moyen terme et des projets susceptibles d’être financés;

b. a demandé instamment au Secrétariat du NEPAD et à la FAO de continuer à faciliter les échanges de données d’expérience sur les succès obtenus dans des pays d’Afrique;

c. a recommandé que les programmes d’infrastructure de la BAfD assurent le développement des infrastructures rurales afin d’appuyer la production vivrière et l’accès aux marchés;

d. a recommandé d’intégrer des considérations de parité hommes-femmes dans l’ensemble des programmes et stratégies du PDDAA.

36. Afin d’étendre le champ d’application du PDDAA, la Conférence:

a. a noté que des progrès avaient été réalisés avec l’élaboration d’un document supplémentaire sur l’intégration des forêts, des pêches et de l’élevage. La Conférence a toutefois recommandé de procéder à de nouvelles consultations avec les gouvernements nationaux et les organisations paysannes afin d’identifier les préoccupations, priorités et domaines d’investissement;

b. a souligné la nécessité de réaliser d’autres travaux pour clarifier le concept de centre d’excellence et définir le processus à suivre pour créer des centres d’excellence africains comme base pour faciliter le renforcement des capacités et la mise en commun des données d’expérience.

c. a reconnu la spécificité, le caractère particulier et les problèmes des petits États insulaires en développement et a donc demandé que cette question soit prise en considération lors de la mise en œuvre du PDDAA.

37. La Conférence s’est vivement félicitée de l’engagement pris par les Chefs d’État et de gouvernement africains lors du Sommet de Maputo, en juillet 2003, d’allouer au moins 10 pour cent de leur budget national à l’agriculture et au développement rural dans un délai de cinq ans. Afin d’aider les pays membres à traduire cet engagement dans la pratique, de manière efficace et efficiente, la Conférence:

a. a recommandé que la FAO et d’autres partenaires du développement aident les pays membres à mieux articuler et définir la portée et l’application des investissements de 10 pour cent des ressources dans l’agriculture et le développement rural;

b. a demandé instamment aux pays membres de faire en sorte que la part de 10 pour cent des ressources à investir dans l’agriculture se justifie par les bons résultats obtenus.

ARC/04/RES

RÉSOLUTION SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’INDUSTRIE DES ENGRAIS EN AFRIQUE À L’APPUI DU PROGRAMME DÉTAILLÉ DE DÉVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE AFRICAINE (PDDAA)

La Conférence

Se félicitant de l’appel lancé par le Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine dans la Déclaration de Maputo en vue de la mise en œuvre urgente du PDDAA aux niveaux national et régional, ainsi que de leur engagement d’allouer au moins 10 pour cent de leurs budgets nationaux à sa mise en œuvre au cours des cinq prochaines années;

Notant que le document sur le PDDAA a fixé à 6 pour cent l’objectif de croissance annuelle de la production vivrière en Afrique, étant entendu qu’une attention particulière serait accordée aux petits agriculteurs et aux femmes;

Notant en outre que le taux actuel de croissance annuelle de la production vivrière dans les pays d’Afrique subsaharienne est de moins de 3 pour cent;

Consciente du fait que l’emploi d’engrais peut fortement accroître les rendements des cultures;

Consciente également du fait que l’Afrique est le seul continent sur lequel la production vivrière par habitant a baissé de manière continue au cours des vingt dernières années, faisant du continent un importateur net d’aliments;

Reconnaissant que la baisse de la production vivrière en Afrique est due notamment à l’extraction continue des éléments nutritifs du sol par les cultures, sans une reconstitution adéquate;

Notant que l’emploi d’engrais en Afrique subsaharienne n’est que de 9 kg/ha contre 100 kg/ha en Asie du Sud, 15 kg/ha en Asie de l’Est et du Sud-Est, 73 kg/ha en Amérique latine et 206 kg/ha dans les pays développés et industrialisés;

Sachant que l’Afrique dispose de grands gisements de gaz naturel et de phosphate naturel qui sont exportés à bas pris vers les pays développés et que les engrais manufacturés sont importés par l’Afrique à des coûts élevés, hors de portée des petits agriculteurs;

Réaffirmant le principe d’autonomie et de prise en charge du NEPAD:

i) Remercie la FAO pour l’assistance fournie au Secrétariat du NEPAD en vue de préparer le PDDAA et le Plan d’action;

ii) Recommande au Comité de mise en œuvre du NEPAD, composé de Chefs d’État, d’accorder la priorité absolue au développement de l’industrie des engrais en Afrique afin d’appuyer la mise en œuvre durable du PDDAA;

iii) Invite le Secrétariat du NEPAD, avec l’aide de la FAO, du Centre international de développement des engrais et d’autres organisations pertinentes à réaliser une évaluation de l’état actuel de toutes les fabriques d’engrais en Afrique, avec une estimation des coûts de remise en état, et un projet de création de nouvelles installations dans des sites appropriés, l’objectif étant de rendre l’Afrique autosuffisante pour la production d’engrais, mais aussi d’en faire un exportateur net de produits finis d’ici 2015.

iv) Invite les gouvernements nationaux, la FAO et le NEPAD à exploiter les résultats des initiatives nationales et sous-régionales pertinentes et les conclusions de l’évaluation susmentionnée afin de faciliter la production d’engrais en Afrique, ainsi que leur disponibilité à des prix accessibles.

Gestion intégrée des ressources hydriques à l’appui de la sécurité alimentaire en Afrique (ARC/04/5)

38. La Conférence a reconnu que la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) était maintenant considérée comme étant le cadre général le plus approprié pour une “bonne gouvernance de l’eau” et a recommandé son adoption en tant que cadre stratégique pour toutes les activités de développement socio-économique.

39. La Conférence a en outre constaté les risques liés à l’agriculture pluviale dans les zones semi-arides et sujettes à la sécheresse et a instamment invité les pays membres à adopter des mesures d’atténuation des effets de la sécheresse dans les régions fréquemment touchées par des aléas climatiques entraînant des famines et exigeant, par voie de conséquence, une aide alimentaire.

40. La Conférence a reconnu le rôle important de l’irrigation dans la production vivrière et la réduction de la pauvreté et elle a recommandé que l’irrigation fasse partie intégrante de toute stratégie destinée à accroître de façon durable la production agricole. Elle a en outre reconnu les avantages de la petite irrigation et a demandé à la FAO de continuer à aider les pays membres à élargir leurs programmes de gestion de l’eau dans le cadre du Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA). La Conférence a toutefois souligné la nécessité d’introduire des mesures de protection de la santé et de l’environnement dans les programmes de développement de l’irrigation.

41. Notant qu’environ 60 pour cent de l’eau prélevée pour la production agricole se perd de diverses manières, la Conférence a recommandé l’adoption de techniques d’économie d’eau et une meilleure gestion de l’eau à l’exploitation afin d’améliorer l’efficience et la productivité de l’eau d’irrigation.

42. La Conférence a pris note de la récente Déclaration en vingt-cinq points de Syrte sur l’agriculture et l’eau en Afrique, dans le cadre du NEPAD, dans laquelle les Chefs d’État et de gouvernement confirmaient les engagements existants et proposaient de nouvelles mesures et elle a recommandé que:

a) L’UA, en collaboration avec les pays membres, prenne des mesures appropriées afin de traduire les engagements dans la pratique.

b) Les gouvernements nationaux garantissent des investissements publics ainsi que la participation du secteur privé à la mise en valeur des ressources en eau pour la production agricole et la sécurité alimentaire.

Point permanent: Suite donnée au Sommet mondial de l’alimentation et au Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après - dimensions régionales (ARC/04/3)

La Conférence:

43. s’est félicitée des initiatives prises par la FAO pour mettre en œuvre le Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation et du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après;

44. a toutefois noté que les progrès accomplis dans la réalisation de l’objectif du SMA, à savoir réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées, ont été jusqu’à présent décevants, puisqu'en Afrique subsaharienne, le nombre de personnes sous-alimentées avait en fait augmenté, passant de 168 millions en 1990-1992 à 202 millions en 1999-2001; la Conférence a donc recommandé ce qui suit:

45. À l’attention des gouvernements et communautés économiques régionales:

a. intensifier les efforts afin de concrétiser les engagements pris lors du SMA et du SMA: caa;

b. coordonner les politiques et programmes et adopter une approche interdisciplinaire holistique afin d’aborder le problème de l’insécurité alimentaire dans toutes ses dimensions;

c. accorder une priorité élevée à l’alimentation et à l’agriculture, dans un cadre de développement à assises larges, et prendre en main, au niveau national, les approches, stratégies et programmes de développement;

d. envisager de créer des mécanismes internes de financement pour aider à mettre en œuvre leurs programmes régionaux respectifs pour la sécurité alimentaire.

46. À l’attention de la FAO:

a. faire en sorte qu’outre le riz et le manioc, d’autres aliments de base comme le maïs occupent une place de choix dans le PDDAA, du fait de leur importance dans le régime alimentaire de nombreux pays membres; des recherches devraient être effectuées afin de diversifier, à long terme, le régime alimentaire dans les pays où le maïs est l’aliment de base;

b. continuer à fournir une assistance technique aux pays membres en vue de la constitution de réserves céréalières, du fait de leur importance aux niveaux national, sous-régional et régional.


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