FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires  - 02/05 - INDONÉSIE (9 février)

INDONÉSIE (9 février)

L’île de Sumatra, dans l’ouest du pays, qui est la région habitée la plus proche de l’épicentre du séisme, a été dévastée par le tsunami. Celui-ci a fait en Indonésie plus de 230 000 victimes (y compris morts ou personnes portées disparues). Plus de 70 pour cent des habitants de certains villages côtiers auraient péri. Les régions les plus touchées sont situées dans la province d’Aceh et dans deux districts de Sumatra-Nord.

Dans la province d’Aceh, l’agriculture est un secteur important de l’économie qui représentait 32,2 pour cent du PIB régional et employait 47,6 pour cent de la population active en 2003. Dans ce secteur, la production vivrière constituait la principale activité, l’horticulture, les plantations et l’élevage n’occupant qu’une part minime.

Le paddy et le maïs de la campagne principale de 2005, à récolter à partir de mars, étaient déjà en terre lorsque le tsunami a frappé Sumatra. L’île de Sumatra est la deuxième île du pays en termes de production rizicole, mais les deux provinces les plus durement touchées (tous les districts) représentent près de 10 pour cent de la production nationale annuelle en période normale. Selon les évaluations de la FAO, 40 000 hectares environ de terres irriguées ont été dévastés par les inondations et 30 981 hectares de paddy ont été endommagés. Les pertes agricoles immédiates sont estimées à 80 000 tonnes de paddy et 160 000 tonnes d’autres cultures. Outre ces pertes immédiates, les dépôts de sable et de boue sur les terres agricoles, l’érosion, la salinisation et les dégâts subis par le système d’irrigation entraîneront des pertes permanentes de terres agricoles. En sus des dégâts causés par le tsunami, les crues soudaines de la dernière décade de janvier auraient, selon les rapports, détruit plus de 21 793 hectares de rizières et 3 686 hectares de maïs à Lampung. Les inondations ont également endommagé 16 678 hectares de rizières dans la province voisine de Sumatra-Sud. Les dégâts agricoles auront de graves répercussions sur la sécurité alimentaire des populations touchées, mais ils ne devraient pas nuire aux perspectives nationales globales en ce qui concerne la récolte de paddy de la campagne principale de 2005.

L’élevage est un secteur en pleine croissance dans la province d’Aceh. Selon une estimation préliminaire, 23 300 gros ruminants, 21 000 petits ruminants et près de 2,5 millions de volailles auraient été perdus à la suite du tsunami. Le secteur de la pêche est une activité économique importante pour l’île de Sumatra, qui représente un tiers environ des prises nationales. Ce secteur emploie plus de 100 000 personnes dans les régions touchées par la catastrophe, la province d’Aceh et Sumatra-Nord. Quelque 65 à 70 pour cent des embarcations de pêche artisanale et des apparaux associés ont été détruits. Environ 15 à 20 pour cent des pêcheurs ont été tués dans les 18 districts (kabupatens) les plus touchés. Selon les estimations, la production de l’industrie de la pêche de la province d’Aceh chutera de 60 pour cent en 2005. Les pertes de matériel et d’engins de pêche, la destruction et les dégâts subis par l’infrastructure et les installations de pêche, notamment les ports de pêche et les étangs d’élevage, auront un impact négatif à long terme sur l’économie nationale et locale.

Le PAM a fourni quelque 8 200 tonnes d’aide alimentaire depuis l’avènement de la catastrophe. Le 4 février, le Gouvernement indonésien a déclaré que la première phase de l’opération de secours d’urgence dans la province d’Aceh était achevée et que les opérations de remise en état et de reconstruction allaient commencer dans les régions touchées par le tsunami. Deux-cent-cinquante organisations internationales opèrent désormais dans la province d’Aceh. La FAO continue de jouer le rôle de chef de file et de coordonner les secours et la remise en état des secteurs de l’agriculture et de la pêche.

La situation générale des disponibilités vivrières est satisfaisante. La production de paddy de 2004 (campagnes principale et secondaire) s’établit, selon les estimations officielles, à 54 millions de tonnes au total, soit quelque 4 pour cent de plus que la bonne récolte de 2003, du fait d’excellentes conditions de végétation et de l’appui du gouvernement aux prix intérieurs à la production. L'Indonésie est un grand importateur de riz depuis ces dernières années. Toutefois, après la récolte exceptionnelle de l’an dernier, le Gouvernement a interdit les importations de riz en 2004. Cette interdiction a été prolongée jusqu’à juin 2005.