CCP 05/9 |
COMITÉ DES PRODUITS |
Soixante-cinquième session |
Rome (Italie), 11-13 avril 2005 |
ÉVOLUTION RÉCENTE DES MARCHÉS DES |
II. ÉVOLUTION DES COURS INTERNATIONAUX DES DENRÉES
III. RÉPONSE À L’ÉVOLUTION DES PRIX DES PRODUITS ET À LEUR VARIABILITÉ
1. Conformément à la demande formulée par le Comité des produits, ce document passe en revue l’évolution récente des marchés internationaux des principaux produits agricoles1. De manière générale, les cours internationaux des produits agricoles ont affiché une reprise hésitante suite à leur effondrement prolongé de la seconde moitié des années 90. Cependant, les prix réels de la plupart des denrées demeurent à des niveaux historiquement bas et poursuivent une tendance baissière à long terme. La variabilité reste la caractéristique dominante du comportement des prix des produits. Le présent document s’achève sur l’examen de différentes considérations offrant une réponse stratégique aux caractéristiques du comportement des prix. Il a donc pour objet de fournir une base aux discussions sur les priorités des interventions internationales en faveur des produits ainsi que des orientations utiles aux programmes de travail de la FAO.
2. Sur une base annuelle, les prix moyens du blé étaient semblables en 2003 à leur niveau de 2002, mais leur augmentation entre octobre 2003 et avril 2004 a poussé le prix moyen de 2004 au-delà du niveau de 2003. Cette situation s’est également traduite par une modification de l’indice des prix du blé (recalculé sur juillet/juin 1997/98-1999/00 = 100) du Conseil international des céréales (CIC) qui s’était stabilisé autour de 114 en 2002 et 2003, mais a grimpé de six points en 2004 pour s’établir à 121. Globalement, les prix internationaux du blé ont commencé à fléchir en décembre du fait des bonnes conditions des semis de blé d’hiver, de l’abondance des stocks au Canada et dans l’Union européenne (UE) et de l’arrivée des nouvelles récoltes de l’Argentine et de l’Australie.
3. Les prix moyens des céréales secondaires qui avaient enregistré une hausse entre 2002 et 2004 ont commencé à décliner au cours des derniers mois suite à une production mondiale record et à une forte expansion des stocks mondiaux exportables. L’indice FAO du maïs (juillet/juin 1997/98-1999/00 = 100) se situait en moyenne à 114 en 2004, soit 7 pour cent de plus qu’en 2003 et 14 pour cent depuis 2002. En dépit de la baisse de la monnaie américaine et d’une autre année de forte demande d’éthanol-carburant, les prix américains à l’exportation sont restés soumis à une pression baissière, les ventes demeurant inférieures aux prévisions. Le marché du maïs est resté déprimé du fait de l’abondance des stocks ainsi que d’approvisionnements importants de blé d’alimentation animale moins coûteux et de la hausse des taux de fret maritime entre le Golfe des États-Unis et l’Extrême-Orient.
4. Malgré une augmentation de la production mondiale de paddy, le resserrement des disponibilités mondiales exportables de riz a entraîné une forte reprise des prix tout au long de 2004. L’indice FAO des prix du riz (1998-2000 = 100) s’est accru en moyenne de 82 en 2003 à 104 en 2004. Selon les estimations, les échanges mondiaux de riz sont tombés à environ 26,1 millions de tonnes (en équivalent usiné) en 2004, contre 27,7 millions de tonnes en 2003, étant donné la baisse des disponibilités exportables chez certains grands fournisseurs, notamment la Chine, l’Inde, Myanmar, le Pakistan et les États-Unis d’Amérique. La consommation mondiale de riz a de nouveau été supérieure à la production en 2004 et, selon les estimations, les stocks mondiaux de clôture ont chuté de 4 millions de tonnes pour s’établir à 99 millions de tonnes. Ce tassement concerne principalement la Chine, l’Inde et la Thaïlande. La tension des marchés devrait perdurer car de nouvelles poussées des prix internationaux du riz surviendront probablement en 2005.
5. Les prix internationaux des oléagineux, des tourteaux et des huiles sont restés très variables. Au cours du premier semestre de la campagne 2003-04 (octobre-septembre), les prix ont poursuivi la forte accélération des deux années précédentes du fait de la persistance des déficits de production, des niveaux exceptionnellement bas des stocks et de la croissance soutenue de la demande. La croissance de la demande a été la plus marquée en Asie, particulièrement en Chine qui représente désormais près de 20 pour cent de la demande mondiale. Les utilisations non alimentaires, notamment le biodiésel dans l’UE et aux États-Unis d’Amérique, sont venues gonfler la demande globale. En avril 2004, les prix des tourteaux et farines et des huiles et matières grasses sont parvenus à des niveaux que l’on n’avait pas connus depuis 1980 et 1998 respectivement. Les prix du soja ont atteint en 2004 leur niveau le plus élevé depuis 15 ans, tandis que les prix des oléagineux et des farines ont également augmenté. La remontée des prix a toutefois été interrompue par la perspective d’une forte reprise de la production d’oléagineux en 2004-05 stimulée par les prix élevés récemment enregistrés. En octobre 2004, l’indice FAO des prix des oléagineux avait chuté d’un tiers par rapport à son niveau d’avril. Les prix des farines s’étaient repliés dans la même mesure, alors que ceux des huiles sont restés fermes car la demande restera probablement soutenue. La demande et les échanges mondiaux de farines d’oléagineux continuent de refléter les tendances de la production animale et ont subi le contrecoup des flambées de maladies animales.
6. Durant la période 2002-04, le marché mondial de la viande a été caractérisé par une extrême instabilité, le flottement des prix du marché et les flambées de maladies animales ayant poussé les gouvernements à adopter des mesures visant à protéger le secteur de l’élevage. Les flambées de maladies animales conjuguées aux fluctuations des taux de change ont provoqué une mutation des schémas d’échanges avec l’Amérique latine – le plus important exportateur parmi les pays en développement – qui a vu sa part du commerce mondial grimper de 13 pour cent en 2000 à 28 pour cent en 2005, selon les estimations. Au milieu de l’année 2004, l’indice FAO des prix de la viande pondéré en fonction des échanges a atteint son plus haut niveau depuis huit ans car la fermeture des marchés, sous l’effet des maladies animales et des préoccupations liées à la sécurité sanitaire des aliments, a gonflé les moyennes annuelles des prix internationaux du bœuf et de la volaille de 24 pour cent et de 12 pour cent respectivement. Les prix se sont toutefois stabilisés au cours des dernières semaines suite à la levée des interdictions d’importation de produits en provenance de zones touchées par la maladie et à l’augmentation consécutive des disponibilités exportables. Bien que l’on prévoie de ce fait une certaine reprise de la production et des échanges de viande, les nombreuses fermetures de marchés et les préoccupations généralisées des consommateurs quant à la sécurité sanitaire des aliments tout au long de 2004 ont entraîné, selon les estimations, un repli de 2 pour cent du commerce mondial de viande qui est tombé à 19,1 millions de tonnes, accusant ainsi sa première chute depuis le milieu des années 80.
7. L’affaissement des prix mondiaux des cuirs et des peaux entamé en 2002 s’est poursuivi tout au long de 2004, le ralentissement de la croissance économique dans les pays consommateurs ayant affaibli la demande de cuirs et de produits dérivés. Les producteurs européens, qui achètent leur matière première en euros mais facturent leurs produits en dollars, se sont montrés moins disposés à offrir de bons prix pour les matières premières à mesure que l’euro se renforçait. Par ailleurs, les stocks de cuirs étaient élevés en raison de la surproduction des dernières années qui résulte de la croissance non réalisée des marchés. En conséquence, plusieurs grandes tanneries ont été contraintes de réduire leurs opérations. Parallèlement, la production des cuirs et des peaux a continué d’augmenter, l’expansion des pays en développement ayant largement compensé le fléchissement enregistré dans les pays développés. L’industrie du tannage continue de rechercher les moyens de réduire ses coûts de production, y compris en délocalisant sa production, principalement vers l’Asie où la main-d'œuvre et les coûts environnementaux sont relativement moins importants.
8. Les prix internationaux des produits laitiers ont augmenté tout au long de 2004, poursuivant l’ascension entamée depuis leur dernier creux, en 2002. L’indice FAO des prix des produits laitiers s’établissait en novembre 2004 à 26 pour cent de plus qu’à la même époque l’année précédente, soit son niveau le plus élevé depuis 1990. Les prix à l’exportation du fromage se sont accrus de 33 pour cent; pour le beurre, l’augmentation est de 28 pour cent; pour le lait écrémé en poudre, de 20 pour cent; et pour le lait entier en poudre de 17 pour cent. Ces différentes hausses reflètent la croissance de la demande asiatique poussée par la hausse des revenus dans un contexte marqué par la faiblesse des disponibilités exportables et par la réduction des subventions à l’exportation. Alors que les prix augmentaient en 2004, les subventions à l’exportation ont chuté – d’environ un tiers dans l’UE – ce qui a encore poussé les prix à la hausse sur les marchés. L’appréciation des monnaies par rapport au dollar a cependant compensé cette augmentation des prix pour les principaux exportateurs de produits laitiers comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
9. Les prix internationaux du sucre ont entamé une tendance baissière depuis le milieu des années 90 pour atteindre leur niveau le plus bas en 1999. Cette faiblesse des prix traduit une nouvelle réalité commerciale, les ajustements apportés à la structure brésilienne de l’offre ayant entraîné un recul du prix d’équilibre. Les prix sont remontés à 9,1 cents EU la livre en 2003 en raison d’un déficit des approvisionnements du marché alors que la demande dépassait l’offre. Selon les estimations, la consommation mondiale de sucre a été supérieure en 2004 à la production mondiale, pour la deuxième année consécutive et pour la deuxième fois en huit ans, principalement en raison des récoltes moins abondantes de l’Inde et de la Chine et de la croissance persistante de la demande dans les pays en développement. Cela a eu pour effet de maintenir le prix quotidien moyen de l’Accord international sur le sucre à moins de 9 cents EU la livre. Le déficit prévu pour 2004/05 devrait maintenir les prix à ces niveaux. Dans certains pays, le soutien intérieur à la production sucrière demeure un problème de politique commerciale majeur, l’Australie et le Brésil qui s’étaient opposés aux exportations de sucre subventionnées de certains pays de l’UE ayant obtenu gain de cause auprès de l’OMC. La pression continue de monter, notamment en Europe et aux États-Unis d’Amérique, pour l’introduction de réformes des politiques commerciales.
10. Les prix des bananes sont restés fermes durant 2001 et jusqu’en 2002 en raison des faibles approvisionnements d’Amérique latine dus aux mauvaises conditions atmosphériques, aux maladies des cultures et aux conflits sociaux. Les prix ont chuté au second semestre de 2002 lorsque les exportations d’Amérique latine et des Caraïbes sont revenues à des niveaux normaux et que la demande a été freinée par le ralentissement de l’économie mondiale. Les prix sont demeurés faibles tout au long de 2003 et jusqu’en 2004. Leur fléchissement reflète un ensemble de facteurs, dont l’abondance de l’offre, la perturbation du commerce dans le Golf due à la guerre en Irak, la cherté du fret maritime et la faible demande américaine qui a été imputée, au moins partiellement, à la popularité des régimes à faible teneur glucidique. Les échanges se sont intensifiés au milieu de l’année 2004 et les prix en dollars se sont améliorés. La difficulté majeure tient désormais au remplacement du contingent tarifaire de l’UE par un système uniquement tarifaire, prévu pour janvier 2006. La proposition initiale de l’UE, à savoir un tarif douanier de 230 euros/tonne reflète la différence estimée entre les prix européens internes et externes. Les pays ACP qui bénéficient d’un accès en franchise ont fait valoir que ce tarif ne leur permettait pas de concurrencer la production bananière d’Amérique latine. Les fournisseurs d’Amérique latine estiment quant à eux que le tarif de 230 euros/tonne est trop élevé et se sont opposés à toute augmentation du tarif actuel, soit 75 euros/tonne.
11. La production et les exportations mondiales d’agrumes ont régulièrement augmenté tout au long des années 90, bien que la croissance de la production d’oranges se soit récemment ralentie, tandis que celle de tangerines s’est encore accélérée. La consommation mondiale d’agrumes a enregistré une croissance régulière en dépit de tendances divergentes dans les pays développés et dans les pays en développement. Dans les premiers, la consommation d’agrumes frais par habitant a chuté en faveur de produits transformés à base d’agrumes, notamment les jus de fruits, mais aussi en raison de la concurrence exercée tout au long de l’année par les fruits très variés importés de l’hémisphère sud. Les fournisseurs ont alors adopté de nouvelles stratégies de production et de commercialisation fondées sur la différenciation des produits, notamment la production biologique ou les indications de provenance géographique. A contrario, la consommation d’agrumes frais s’accroît dans les pays en développement, en particulier en Chine suite à l’adhésion de ce pays à l’OMC. La réforme des politiques commerciales a entraîné une baisse des tarifs douaniers et stimulé la consommation, une situation favorable qui a toutefois été contrebalancée par l’importance croissante des obstacles phytosanitaires et l’introduction de réglementations plus strictes concernant les niveaux maximums de résidus.
12. Une part importante de la production d’agrumes est transformée, principalement en jus de fruits. Les échanges internationaux concernent essentiellement le jus d’orange, les États-Unis, l’Europe et le Japon étant les principaux marchés concernés. La consommation de jus de fruits par habitant a fortement augmenté dans les pays développés alors qu’elle reste très faible dans les pays en développement. Les exportations ont enregistré une croissance régulière tout au long des années 90 pour se ralentir après 2001. Les stocks importants détenus par le Brésil et la Floride ont pesé sur les prix du jus d’orange concentré à la fin des années 90 et sont à l’origine d’une guerre des prix entre les grandes entreprises brésiliennes de transformation. Les prix se sont affermis au début des années 2000 du fait de récoltes moins abondantes, de la disparition de certains transformateurs et de la réduction des stocks. Comme dans le cas des agrumes frais, la différenciation des produits en jus, en particulier le jus simple, constitue une évolution majeure. Les ventes d’agrumes « frais coupés » en barquettes plastiques augmentent elles aussi. Le commerce des agrumes transformés a été entravé par la forte progressivité des droits de douane. En Amérique, la zone de libre-échange – notamment avec le Brésil et la Floride – pourrait avoir des retombées importantes sur les échanges mondiaux de jus d’orange.
13. Selon les estimations, la production de fruits tropicaux a atteint environ 64 millions de tonnes en 2003. Seulement 5 pour cent de cette production a été exportée sous forme de fruits frais, générant toutefois des recettes d’exportation d’environ 2,3 milliards de dollars EU, soit environ 25 pour cent de plus qu’en 2002. La mangue, l’ananas, l’avocat et la papaye, qui sont les principaux fruits tropicaux concernés par les échanges, ont enregistré une forte croissance commerciale et une amélioration des prix. Le volume des exportations de mangues a grimpé de 38 pour cent (atteignant 575 millions de dollars EU en valeur), principalement en raison de la croissance de la demande de produits transformés à base de mangue. La production mondiale d’ananas a chuté en 2003, tandis que le volume des échanges internationaux a augmenté de 18 pour cent pour s’établir à 3,3 millions de tonnes, soit une valeur de 1,9 milliard de dollars EU, ce qui représente une augmentation de 32 pour cent que l’on peut attribuer à la hausse des prix, la demande continuant à croître face à l’insuffisance des approvisionnements. La valeur des exportations de produits transformés à base d’ananas est montée à 1,1 milliard de dollars EU en 2003. La valeur des échanges mondiaux de papaye a augmenté de 25 pour cent en 2003, pour une valeur de 162 millions de dollars EU. La forte poussée des exportations du Brésil a toutefois pesé sur les prix en Europe.
14. L’offre excédentaire, la morosité de la demande et l’augmentation des stocks ont provoqué une chute de 58 pour cent des prix internationaux du café entre 1998 et 2001. La faiblesse persistante des prix a entraîné une réduction de l’offre qui a récemment renforcé les cours. Les prix du café ont grimpé de 33 pour cent entre 2001 et novembre 2004, la production totale de la campagne 2003/2004 ayant plafonné à 6 millions de tonnes, soit la plus faible récolte depuis 1998/99. Les cours du café se situaient à plus de 1 dollar EU/la livre en décembre 2004, pour la première fois depuis juillet 2000. La perspective d’une récolte de taille analogue en 2004/2005 pourrait continuer de tirer les prix à la hausse. Pour l’industrie caféière, l’enjeu consistera à maintenir les bonnes conditions du marché afin d’éviter un retour à l’alternance des expansions et des récessions. Le marché du café a subi des changements structurels du fait de conditions défavorables, dont l’abandon de producteurs à charges élevées et plusieurs initiatives de différenciation des produits visant à stimuler la demande.
15. Les prix des fèves de cacao ont plus que doublé entre 1999/2000 et 2002/03 et grimpé à 1 873 dollars EU la tonne en raison d’une baisse de production et du niveau des stocks. Toutefois, des excédents estimés à 240 000 tonnes en 2003/04, soit le niveau le plus élevé atteint en 14 ans, ont conduit à une baisse de 18 pour cent des prix qui ont été ramenés en moyenne à 1 553 dollars EU la tonne entre octobre 2003 et mars 2004. Les estimations pour 2004/2005 tablent sur une poursuite de la croissance de la production et des exportations. Le volume mondial de fèves de cacao destinées à la mouture devrait s’établir à 3,1 millions de tonnes en 2003/2004, principalement dans les pays consommateurs d’Amérique du Nord et d’Europe où les moutures devraient respectivement augmenter de 3 pour cent et 2 pour cent. Par ailleurs, une part plus importante de la transformation de cacao intervient dans les pays producteurs, la Côte d’Ivoire devrait notamment transformer, en 2003/2004, 30 pour cent de sa production en plus, par rapport à 1999/2000. Pour le Ghana, cette augmentation est de l’ordre de 29 pour cent.
16. Malgré une production record au cours des trois dernières années, les cours du thé sont demeurés relativement stables principalement en raison d’un accroissement de la demande en Fédération de Russie et dans les pays en développement. Le commerce du thé a poursuivi sa croissance et représentait 2,6 milliards de dollars EU en 2003. L’indice composite de la FAO se situait en moyenne à 1,51 dollar EU le kilo en 2003, soit 2 pour cent de plus qu’en 2002, mais 4 pour cent de moins qu’en 2001. La part de la transformation et du conditionnement s’accroît dans les pays producteurs de thé qui ont adopté des stratégies de valeur ajoutée. Le Kenya a vu le volume de ses exportations de thé à valeur ajoutée passer de moins de 5 pour cent des ventes mondiales à environ 12 pour cent entre 2002 et 2004. Par ailleurs, de grandes chaînes européennes de supermarchés ont engagé des partenariats en vue de la transformation de thé à leur propre enseigne dans les pays producteurs afin de répondre à la demande croissante de thés de qualité et de thés spéciaux. La production biologique s’est également développée, la Chine et l’Inde produisant respectivement 56 et 33 pour cent de la production mondiale.
17. Les cours internationaux du coton ont poursuivi leur déclin. En valeur réelle, l’indice Cotlook « A » représentait, en 2004, 34 pour cent du prix de 1980, et 56 pour cent du prix de 1990. Les nouvelles technologies qui permettent d’intensifier la productivité tout en réduisant les coûts, l’expansion de la production de nouveaux fournisseurs à faible prix de revient, la concurrence des fibres artificielles et le soutien intérieur apporté à l’industrie cotonnière dans certains pays développés ont tous contribué à la chute des cours. La contestation de la politique cotonnière américaine introduite par le Brésil auprès de l’OMC fait l’objet d’un appel. Les cours sont restés volatiles à court terme. Après être tombé à son niveau le plus bas, soit 0,89 dollar EU le kilo, en novembre 2001, le prix mondial du coton a augmenté de plus de 60 pour cent entre 2001 et 2003 pour atteindre 1,87 dollar EU le kilo en novembre 2003, principalement sous l’effet d’une production déficitaire et d’une augmentation de la consommation des filatures en Chine. L’indice Cotlook « A » s’est toutefois affaibli, notamment depuis mars 2004, tombant à 1,04 dollar EU le kilo en décembre 2004, soit environ 44 pour cent de moins qu’en novembre 2003, lorsque les principaux pays producteurs de coton ont annoncé une production sans précédent de 24,5 millions de tonnes pour la campagne 2004/05.
18. Les cours du jute ont enregistré une forte reprise au deuxième semestre de 2004 où ils se sont établis à environ 370 dollars EU la tonne, soit 50 pour cent de plus que leur niveau de l’année précédente. La demande de biens manufacturés en jute en Inde et dans les pays importateurs a permis de stabiliser les prix malgré la poussée de la production et l’augmentation des stocks. Selon les estimations, la production mondiale de jute, de kénaf, et de fibres apparentées s’est accrue de 3,5 pour cent depuis la dernière campagne pour atteindre 3,3 millions de tonnes en 2003/04, augmentation qui peut être quasi totalement attribuée au Bangladesh. Les exportations mondiales de fibres brutes ont chuté de 30 pour cent, les filatures des pays producteurs ayant augmenté leur consommation pour répondre à la demande intérieure et aux exportations de biens manufacturés. En 2003, les expéditions de l’Inde, premier producteur mondial de produits dérivés du jute, étaient supérieures de 28 pour cent à celles de 2002, grâce à une amélioration de leur compétitivité par rapport aux produits synthétiques. Les prix du polypropylène ont poursuivi leur croissance en 2004 du fait de l’augmentation des prix du pétrole, et il est donc probable que les produits dérivés du jute demeureront compétitifs à court terme. Toutefois, les stocks des pays producteurs représentent désormais 46 pour cent de la consommation des filatures, ce qui devrait peser sur les prix.
19. Le marché mondial du sisal continue de se resserrer poursuivant ainsi la reprise entamée au début de l’année 2003. Le Brésil a profité de la poussée de la demande d’importations chinoise qui est passée à plus de 30 000 tonnes en 2003, contre 4 300 tonnes en 2000. Le sisal d’Afrique reste en forte demande pour diverses applications non conventionnelles et les prix se sont nettement affermis durant les deux dernières années: les prix de la qualité africaine 3L sont passés d’environ 750 dollars EU la tonne au début de l’année 2003 à près de 1 000 dollars EU à la fin 2004; pour la qualité africaine UG, les prix ont grimpé de 650 à 885 dollars EU; la qualité brésilienne n˚ 3 a augmenté de 400 à 670 dollars EU. Selon les estimations, la production mondiale de sisal et de henequen s’est accrue de 5 pour cent en 2004, atteignant 287 000 tonnes suite à une moindre augmentation en 2003. Le complément de production est principalement concentré au Brésil bien que la Tanzanie ait aussi augmenté sa production.
20. Les prix de l’abaca ont atteint un pic à la fin de 1999, pour ensuite chuter nettement jusqu’au début de l’année 2002. Le prix composite (moyen) est tombé à son niveau le plus bas, soit 100 dollars EU, en mars 2002 où l’offre a dépassé la demande. La réduction de la production en 2002 et 2003 a contribué dans une certaine mesure à stabiliser les prix qui, sous l’impulsion d’une demande plus dynamique en 2004, ont remonté de plus de 20 pour cent pour s’établir à 132 dollars EU en octobre 2004. En 2003, aux Philippines et en Équateur, qui représentent plus de 95 pour cent de la production mondiale, la production totale d’abaca est passée à 84 100 tonnes et, selon les estimations, elle aurait atteint 85 000 tonnes en 2004. Ces poussées font suite à deux années de médiocre production. Le commerce international d’abaca, en équivalent fibre total, s’est intensifié en 2003 ainsi qu’en 2004, bien que plus modestement. L’abaca est de plus en plus exporté sous forme de pulpe plutôt qu’en fibres.
21. La production de fibre de coco brune de l’Inde – le plus grand producteur et consommateur mondial – qui avait déjà augmenté en 2003 se serait encore accrue de 10 pour cent en 2004 selon les estimations. La production de fibre de coco de Sri Lanka s’est repliée de 16 pour cent en 2003 pour afficher une faible reprise en 2004. La production mondiale de fibre de coco brune et blanche s’établissait à 475 000 tonnes en 2004, soit une augmentation de 4 pour cent. D’après des estimations préliminaires, la production de fil qui est dominée par l’Inde s’est améliorée d’environ 10 pour cent en 2004. Les exportations de fibre, principalement de Sri Lanka, se sont contractées en 2003 pour se clôturer à un niveau proche de celui de 2001. Les exportations de biens manufacturés de l’Inde, le premier exportateur, ont augmenté en 2003, tandis que les exportations mondiales ont augmenté de quelque 6 pour cent. Selon des estimations préliminaires, ces importations devraient à nouveau afficher une forte croissance en 2004.
22. Après avoir atteint leur niveau le plus bas en 2000, les cours internationaux du caoutchouc ont poursuivi leur reprise en 2003 et au début de l’année 2004: en 2003, la qualité RSS3 se vendait en Thaïlande 44,5 bahts/kg (environ 1,07 dollar EU/kg) en moyenne, soit une hausse de 36 pour cent par rapport à 2002 et de 77 pour cent par rapport à 2001. Après avoir atteint 55,9 bahts/kg en juin 2004, le prix de cette qualité sur le marché thaïlandais est toutefois retombé du fait de la perspective d’une forte production en 2004 et du ralentissement de la demande chinoise. En août 2004, le prix moyen demeurait toutefois de l’ordre de 52 bahts/kg, soit 16 pour cent de plus qu’en 2003. L’augmentation des prix du pétrole, matière première nécessaire à la fabrication des caoutchoucs synthétiques, a fourni un avantage comparatif au caoutchouc naturel. Selon les estimations, la production mondiale de caoutchouc naturel en 2004 serait de 8,4 millions de tonnes, soit une progression de 5 pour cent par rapport à 2003 essentiellement due à une augmentation de 25 pour cent en Malaisie. La poussée de la demande automobile, et donc de pneus, stimulée par une bonne croissance économique dans plusieurs grands marchés, notamment la Chine et les pays asiatiques, et la flambée des prix du pétrole ont contribué à une légère augmentation de la demande de caoutchouc naturel en 2003.
23. L’évolution récente des prix des produits agricoles témoigne de leur forte variabilité, avec une tendance à la baisse des prix réels à long terme, ce qui pose des difficultés permanentes aux pays en développement tributaires de ces produits. Dans les pays où seuls quelques produits agricoles représentent une forte part des recettes d’exportation, la variabilité des prix à l’exportation a des conséquences macroéconomiques majeures du fait de son incidence sur les revenus, l’emploi et les recettes publiques. Dans les pays qui s’appuient de plus en plus sur les importations alimentaires pour couvrir leurs besoins alimentaires, la variabilité des prix à l’importation peut entraîner des difficultés de balance des paiements et menacer la sécurité alimentaire.
24. Différentes mesures ont été proposées pour répondre au déclin des prix réels sur les marchés internationaux des produits agricoles ou atténuer leur variabilité: des interventions spécifiques principalement destinées à maîtriser l’offre, mais aussi à stimuler la demande de certains produits, ainsi que des actions plus générales visant à favoriser la libéralisation des échanges, tous produits confondus. Des mesures ont également été proposées pour compenser la variabilité des prix ou gérer les risques liés aux prix. La faisabilité de ces différentes mesures dépend de la manière dont se comportent les prix des produits considérés.
25. Les discussions relatives aux marchés internationaux des produits agricoles ont récemment été dominées par la question de la libéralisation du commerce et par les négociations sur l’accès au marché, la limitation des subventions à l’exportation et le rôle du soutien intérieur. L’amélioration de l’accès au marché est indéniablement importante pour certains produits agricoles; toutefois, les niveaux des droits sur les produits tropicaux et les matières premières d’origine agricole, au moins sous leur forme la moins transformée, ne sont globalement pas élevés, de sorte que les pays en développement qui dépendent de ces exportations pourraient ne pas y gagner grand-chose. Pour ces pays, la progressivité des droits de douane est certainement une question plus pertinente. Pour certains produits, notamment le sucre et le coton, l’élimination du soutien intérieur dans les pays développés devrait permettre un affermissement des prix internationaux. Cependant, lorsque la libéralisation implique également l’érosion, voire la disparition d’accords commerciaux préférentiels, certains pays producteurs – comme différents pays ACP exportateurs de banane et de sucre – seront aussi perdants. Ces questions sont examinées dans les documents CCP 05/10 et CCP 05/11.
26. Dans le passé, les problèmes liés aux prix des produits étaient résolus au moyen d’accords internationaux fixant des quotas à l’exportation ou prévoyant une gestion des stocks afin de stabiliser les prix. Les résultats n’étaient guère convaincants, et les accords en vigueur reposent désormais sur des mesures visant à améliorer le fonctionnement des marchés. On a cependant constaté un regain d’intérêt pour la maîtrise des approvisionnements des marchés mondiaux, notamment dans le cas du café et du caoutchouc. Les parties concernées ont néanmoins du mal à respecter les règles de ces accords et les fournisseurs indépendants continuent à faire cavalier seul. Les tentatives engagées au niveau national pour garantir les prix au moyen de fonds de stabilisation et de stocks tampons visant à supprimer les forces du marché se sont toutes avérées impossibles à maintenir dans la durée et sont à l’origine de lourdes pertes.
27. La volatilité des prix des produits agricoles est une source de risque pour les intervenants du marché, qu’il s’agisse des producteurs confrontés aux risques liés aux revenus et aux recettes d’exportation, ou des consommateurs qui doivent honorer la facture de leurs importations alimentaires. Les outils de maîtrise des risques et les outils liés au marché, notamment le recours aux contrats et aux options à terme, permettront peut-être de trouver remède à la variabilité des prix. Cette question fait l’objet du document CCP 05/13.
28. Les interventions sur les marchés, les régimes de compensation et la gestion des risques ne peuvent toutefois enrayer le déclin à long terme des prix réels des produits. Cela exigera un équilibre permanent entre l’offre et la demande. En dernière analyse, les producteurs non compétitifs devront diversifier leur activité en faveur de produits agricoles non traditionnels et plus rentables ou abandonner ce type de production. L’aide publique pourrait s’avérer nécessaire pour identifier les débouchés commerciaux et acquérir les connaissances, les compétences et les ressources nécessaires à leur exploitation. Pour de nombreux pays, la solution la plus viable sera de chercher à améliorer les recettes générées par la production et l’exportation de leurs produits agricoles. Pour certains producteurs, la différenciation des produits pourrait offrir le moyen de pénétrer certains créneaux commerciaux rentables. La transformation des produits de base en produits à valeur ajoutée devrait également améliorer la part des producteurs dans la valeur du produit final; cette solution se prête bien aux pays pauvres en développement, où l’agriculture reste le pilier de l’économie. Les perspectives de cette diversification verticale pourraient toutefois être entravées par les obstacles dressés sur les marchés oligopolistiques et par la progressivité des droits de douane.
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1 Pour la dernière analyse disponible, voir le dernier numéro des Perspectives de l’alimentation.