COAG/2005/INF/7


COMITÉ DE L’AGRICULTURE

Dix-neuvième session

Rome, 13-16 avril 2005

CONFÉRENCE INTERNATIONALE FAO/PAYS-BAS SUR L’EAU POUR L’ALIMENTATION ET LES ÉCOSYSTÈMES

Processus et principales caractéristiques

1. L’agriculture et les écosystèmes naturels sont des secteurs intimement liés, mais qui, de plus en plus, se disputent des ressources hydriques souvent rares. Il est indispensable de concilier les besoins de ces deux secteurs, afin de garantir la production alimentaire et la conservation des ressources naturelles. Plusieurs engagements pris à l’échelle internationale, notamment lors du Sommet mondial pour le développement durable, du Sommet mondial de l’alimentation, du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après et des Forums mondiaux de l’eau, reconnaissent l’importance d’une utilisation durable des ressources hydriques. Il convient désormais de concrétiser ces engagements et d’identifier de bonnes pratiques de gestion et des leçons concrètes, à l’appui d’une approche intégrée de l’eau nécessaire à l’alimentation et aux écosystèmes. La Conférence internationale sur l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes, organisée conjointement par la FAO et le Gouvernement néerlandais à La Haye, du 31 janvier au 5 février 2005, s’était fixé ces objectifs. Le présent document a pour objet d’informer le Comité de l’agriculture des principales caractéristiques de cette Conférence, ainsi que de ses conclusions. Des informations analogues seront communiquées à la Commission du développement durable, à sa treizième session (avril 2005), ainsi qu’au quatrième Forum mondial de l’eau, qui se tiendra au Mexique en mars 2006.

2. Vingt-six ministres et plus de 600 délégués représentant 140 pays, ainsi que quelques 40 organisations internationales, organisation non gouvernementales et organisations du secteur privé, ont participé à la Conférence sur l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes. À cette occasion, de hauts dirigeants issus de différents secteurs ont été invités à appliquer une liste exhaustive de propositions à l’échelle locale et nationale et à établir des partenariats nationaux et internationaux dans le domaine de l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes. Ainsi, la Conférence a directement contribué à la mise en œuvre des politiques et des programmes internationaux liés à l’eau adoptés par la FAO et dans le cadre du Sommet mondial pour le développement durable, de la Convention sur la diversité biologique et de la Convention de Ramsar sur les zones humides.

3. La Conférence de La Haye a été précédée d’une Pré-Conférence africaine, organisée en collaboration avec le Gouvernement éthiopien et l’Union africaine à Addis-Abeba (4-6 novembre 2004), et d’un forum électronique (décembre 2004). L’objectif premier de la Pré-Conférence était de mettre en avant la position de l’Afrique à la Conférence internationale de La Haye. Ces deux conférences ainsi que le forum électronique étaient axés sur les trois thèmes suivants:

4. La Conférence de La Haye était structurée de façon à favoriser la participation, chacun des trois thèmes faisant l’objet d’un groupe de travail. Cette approche participative était étayée par les conclusions de la Pré-Conférence africaine et par le forum électronique. Une table ronde ministérielle a été organisée vers la fin de la Conférence. À cette occasion, les ministres se sont engagés à accélérer la mise en oeuvre des engagements internationaux, en soulignant l’importance de l’intégration, de la coopération et des investissements dans le domaine de l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes. La Conférence a permis d’énoncer des enjeux spécifiques, de définir les bonnes pratiques à appliquer pour y faire face et de décider des actions concrètes nécessaires à la mise en œuvre de ces bonnes pratiques1.

Principales conclusions

5. La Conférence est convenue qu’il était indispensable de mieux faire connaître, à différents niveaux, les liens entre l’eau, l’alimentation et les écosystèmes. Elle a également insisté sur la nécessité de mieux connaître les rapports de cause à effet entre l’eau, l’alimentation et les écosystèmes. Il convenait également que les connaissances soient accessibles à un nombre plus important de parties prenantes et que les processus décisionnels, notamment au niveau des politiques, tiennent compte de ces connaissances, afin que les décisions soient plus solidement étayées. À cet effet, la création d’un centre d’échange axé sur l’eau pour l'alimentation et les écosystèmes a été envisagée.

6. De l’avis général, il était nécessaire de s’orienter vers une véritable évaluation de la valeur de l’eau, grâce à un mécanisme allant au-delà de sa valeur économique et tenant compte de sa valeur sociale et environnementale et de son importance en ce qui concerne l’équité. Les participants ont défini un processus global axé sur la mise en œuvre d’une gestion des ressources hydriques permettant de tenir compte de leur valeur plurielle. Ce processus est articulé en trois grandes phases (sensibilisation, détermination de la valeur des ressources hydriques et application de mécanismes économiques), susceptibles d’être mises en oeuvre par les pays lorsqu’ils le jugent nécessaire, selon leurs circonstances particulières et leurs besoins. Même si la dernière phase pouvait être plus délicate à mener à bien, il était nécessaire de l'avis général de fixer un prix pour l’eau, au moyen par exemple de systèmes de paiement pour services environnementaux ou de redevances d’eau. Il conviendrait néanmoins d’étudier avec le plus grand soin la question de l’équité et de l’accès des pauvres et des petits exploitants à l'eau. De plus, il serait indispensable d’aborder la question sous l’angle d’une détermination participative de la valeur, faisant intervenir les parties prenantes tout au long du processus.

7. Les participants ont également conclu qu’il convenait d’harmoniser les politiques et les institutions nationales, de définir des mesures de décentralisation appropriées et d’établir des législations adéquates à différents niveaux. Il faudrait assurer un partage équitable de l’eau entre l’agriculture et les écosystèmes, afin de garantir un accès adéquat à l'eau, en particulier pour les populations démunies. Les participants ont souligné que le renforcement des capacités et l’établissement de partenariats entre les secteurs public et privé étaient des conditions nécessaires à l’amélioration d'une gestion coordonnée de l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes, au niveau du bassin hydrographique et des communautés.

8. Le rapport de la Conférence fait état d’actions concrètes à entreprendre en vue de permettre une gestion intégrée de l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes. En concrétisant ces actions, les pays et les organisations qui ont participé à la Conférence pourraient contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier les objectifs 1, 7 et 8. Parallèlement, il a été noté que les Objectifs du Millénaire pour le développement ne traitaient pas directement de la production alimentaire et ne tenaient pas compte de la nécessité spécifique de garantir une gestion intégrée de l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes: l’eau y est principalement mentionnée dans le contexte de l’eau potable et de l’assainissement, mais il n’est pas fait mention de l’interdépendance complexe entre l’eau, l’alimentation et les écosystèmes.

Suite à donner à la Conférence

9. Pour concrétiser les engagements pris lors de la Conférence, l’ensemble des organisations et des pays participants se doivent d’agir. En sa qualité de co-organisatrice de l’événement, la FAO veillera à aider les pays à se mobiliser. L’Organisation jouera un rôle essentiel grâce aux activités normatives qu’elle met en œuvre en vue: d’aider les pays à définir des politiques et des méthodes à l’échelle nationale; de trouver des solutions au problème de la détermination de la valeur des ressources hydriques et d'aider les pays à renforcer leurs capacités; d’intensifier ses activités dans le domaine de la gestion des eaux transfrontières et des activités de terrain au niveau des bassins versants; d’effectuer un travail de sensibilisation relatif à la pénurie d’eau (aussi bien concernant la quantité que la qualité des ressources hydriques); d’œuvrer pour la définition d'une méthode participative en ce qui concerne la détermination de la valeur de l'eau et d’étoffer son corpus, déjà conséquent, de bases de données, en y intégrant des informations sur les bonnes pratiques. Néanmoins, pour que les conclusions de la Conférence soient concrétisées de manière rationnelle, l’Organisation doit pouvoir compter sur le soutien dynamique de ses États Membres.

10. Bien que le rapport de la Conférence ne soit pas de nature contraignante, le fait que les participants l’aient adopté rend toutes les parties concernées solidairement responsables de l’application des mesures qui y figurent: FAO, pays participants, ONG et organisations internationales. Les pays participants sont investis de la tâche non négligeable de faire prendre conscience de l’importance de l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes et de leur interdépendance. Il s’agit pour eux de saisir de la question les plus hautes instances politiques de leur pays, d’informer le grand public et d’invoquer la question dans les enceintes internationales. De plus, il s’agit pour les Membres de la FAO de formuler des plans d’action nationaux relatifs à l’eau pour l’alimentation et les écosystèmes, de créer un environnement institutionnel propice à la concrétisation des engagements pris lors de la Conférence et d’intégrer ces derniers dans les politiques et stratégies nationales relatives à l’eau et à d’autres secteurs concernés.

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1 Pour de plus amples renseignements, voir le site de la Conférence à l’adresse suivante: http://www.fao.org/ag/wfe2005/index_fr.htm.