Introduction du Directeur gÉnÉral

J’ai le plaisir de présenter au Conseil, par l’intermédiaire du Comité du Programme et du Comité financier, le Sommaire du Programme de travail et budget (SPTB) pour l’exercice 2006-07, qui servira à mettre en oeuvre les deux premières années du Plan à moyen terme approuvé par le Conseil. La réaction du Conseil et les avis pertinents de ses comités techniques aideront à orienter la préparation des propositions détaillées de la version intégrale du Programme de travail et budget, qui seront examinées par la Conférence de la FAO en novembre.

Le SPTB a été remanié pour répondre aux attentes des Membres, qui souhaitent une réduction de la longueur des documents de planification, appelés à se concentrer sur les principales questions de politique et sur les incidences au niveau des ressources. Compte tenu de ces efforts, j’espère que le Conseil pourra encourager le Secrétariat à réduire fortement la longueur et à rationaliser la teneur de la version intégrale du PTB 2006-07, comme le font d’autres organisations du système des Nations Unies.

Ce SPTB s’attache à identifier les facteurs internes et externes qui peuvent avoir une incidence considérable sur les résultats budgétaires, financiers et opérationnels en 2006-07 et à prévoir les mesures correctives. J’appelle votre attention sur deux propositions destinées à faire face à des risques financiers et opérationnels spécifiques:

Ces propositions sont complétées par des activités de gestion du risque dans d’autres domaines – par exemple, la mise en route du Mécanisme pour les dépenses d’investissement. La recherche de gains d’efficience se poursuit également sans relâche et s’étend actuellement à d’autres questions comme les processus de gestion des ressources humaines, l’identification de possibilités d’externalisation et de délocalisation, l’utilisation de nouvelles technologies pour les publications, l’impression et la distribution, la rationalisation des activités administratives sur le plan régional et dans les pays, les économies dans le domaine de la gouvernance et le meilleur recouvrement des dépenses d’appui. Les résultats obtenus dans certains de ces domaines dépendront en partie des décisions prises par les organes directeurs.

Les Membres reconnaîtront certainement que la situation évolue et que des efforts sont déployés collectivement pour améliorer la pertinence et l’efficacité de l’Organisation. La décision prise par le Conseil à sa dernière session d’entreprendre une Évaluation externe indépendante de la FAO pourrait déboucher, après 2006-07, sur des changements au niveau des stratégies, des institutions et des programmes. Entre-temps, des progrès tangibles sont réalisés dans un certain nombre de domaines, en consultation étroite avec les Membres. L’Organisation répond aux observations faites dans l’Évaluation indépendante de la décentralisation, renforce l’efficience du Programme de coopération technique, améliore la définition des priorités dans les programmes techniques et économiques, intègre l’auto-évaluation dans ses activités et applique le nouveau modèle de programmation aux programmes non techniques pour étendre les processus de gestion axée sur les résultats à la FAO. Simultanément, il faut tenir compte des mouvements de réforme en cours au sein du système des Nations Unies, y compris des arrangements permettant de renforcer la coopération au niveau des pays, ainsi que la concertation à l’appui de la mise en oeuvre des objectifs du Millénaire pour le développement.

Le présent SPTB fournit un plan financier biennal de haut niveau reprenant les priorités déjà approuvées par le Conseil dans le Plan à moyen terme 2006-11. Il s’agit de la première grande occasion d’harmoniser sur un plan logique et rationnel les demandes que les Membres adressent à l’Organisation et les ressources que la Conférence approuvera pour 2006-07, dans ses ouvertures de crédit. En réponse à la demande formulée lors de la dernière session du Conseil, ce document présente trois scénarios de ressources pour le prochain exercice: croissance réelle (CR), croissance réelle zéro (CRZ) et croissance nominale zéro (CNZ).

Je dois souligner sans équivoque que la réduction réelle de 51,2 millions de dollars EU, soit de 6,4 pour cent du budget total, imposée au cours du précédent exercice biennal a déjà eu pour résultat un sous-financement de plusieurs domaines d’activités techniques de l’Organisation, y compris de sa structure décentralisée. Les réductions budgétaires successives ont entraîné un sous-investissement important dans les infrastructures institutionnelles. De plus, les coûts intrinsèques liés aux services fournis aux Membres et à l’appartenance au système des Nations Unies continuent à grimper, comme c’est le cas pour les dépenses consacrées à la sécurité et à la protection du personnel et des biens. Pour être réaliste, on ne peut pas non plus attendre en 2006-07 d’importantes économies provenant de nouveaux gains d’efficience, qui se chiffrent déjà à 120 millions de dollars EU par exercice biennal par rapport à 1994. Je dois également souligner qu’au cours des ans, les décisions budgétaires ont été plus rigoureuses pour la FAO que pour d’autres organisations.

En conséquence, même un budget de CRZ en 2006-07 ne suffirait pas à répondre aux attentes de nombreux Membres. S’il est vrai qu’un rétablissement des ressources est prévu, dans le scénario de CRZ, pour les conseils régionaux sur les politiques et la capacité de contrôle de la Division des finances, comme l’avaient demandé le Comité du Programme et le Comité financier, nos activités au niveau des pays – là où nos travaux normatifs sont traduits en mesures pratiques – restent cependant bien en deçà des demandes effectivement adressées à la FAO.

Pour cette raison, le scénario de CR propose une augmentation réelle globale de 30,9 millions de dollars EU. Il s’agit d’une augmentation de 8 millions de dollars par rapport au PMT, l’objectif étant d’intensifier le renforcement des capacités pour l’application de cadres réglementaires internationaux, pour les dépenses d’équipement et pour la sécurité et la protection du personnel et des biens.

Le scénario de CNZ suppose la nécessité d’identifier des réductions réelles pour un montant total de 43 millions de dollars EU, sur la base des estimations actuelles concernant les augmentations des coûts prévus, c’est-à-dire une réduction de 5,7 pour cent pour l’exercice biennal. L’effet global de ce scénario, aggravé par les compressions ou stagnations précédentes, met sérieusement en péril la capacité de l’Organisation de s’acquitter de son mandat et de répondre aux besoins complexes et variés de ses Membres.

La forte érosion du budget de l’Organisation au cours des 10 dernières années est illustrée par le fait que même si un budget de croissance réelle était approuvé, le Programme ordinaire serait encore en recul de 16 pour cent par rapport au niveau de 1994, ajusté en fonction de l’inflation. Comme j’en ai le devoir en tant que Chef de Secrétariat, j’ai régulièrement et très vigoureusement exprimé mes préoccupations, en soulignant que la FAO risquait de ne plus être à même de relever des défis bien précis et de satisfaire les attentes et les demandes de ses Membres dans des domaines où l’Organisation dispose d’un avantage comparatif clair. Une action efficace est en effet attendue de la FAO dans les domaines suivants: sécurité alimentaire, menaces pour les ressources naturelles, problèmes émergents de sécurité sanitaire des aliments et, bien sûr, situations d’urgence, notamment du fait de ravageurs et de maladies transfrontières comme la grippe aviaire et le criquet pèlerin. J’arrive difficilement à concilier cette longue période de stagnation des ressources avec le fait que cette organisation s’occupe du secteur économique et social le plus important, puisqu’elle oeuvre à la réduction de la faim et de la pauvreté dans les pays en développement.

Je comprends par ailleurs les craintes des gouvernements concernant une éventuelle augmentation des contributions et leur prérogative de déterminer ce qui est le plus important pour les États Membres en matière de relations extérieures. J’espère toutefois que le contexte général d’attentes, de défis et de situations d’urgence auquel est confrontée la FAO peut être assez convaincant pour vous permettre d’apprécier l’investissement collectif relativement modeste que vous feriez en acceptant un budget ordinaire plus conforme aux demandes adressées à l’Organisation. À ce point, j’espère sincèrement que les Membres trouveront le moyen d’inverser la tendance négative des décisions prises en matière de budget.

J’attends avec intérêt les réactions des Comités et du Conseil concernant ce sommaire, qui aideront à préparer les propositions de la version intégrale du PTB.



Jacques Diouf
Director General