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VI. Perspectives d'avenir


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Si ces propositions reçoivent l'aval des Membres de l'Organisation durant la Conférence en novembre 2005, le Directeur général s'engage fermement à les mettre rapidement en œuvre, conscient que la rapidité de leur exécution dépendra pour une grande part du niveau de financement disponible.

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Ces propositions visent à renforcer la capacité de l'Organisation à répondre aux attentes de ses Membres fondateurs dans un monde totalement différent de ce qu'il était en 1945. Ces réformes permettront à la FAO d'être mieux à même de continuer à jouer un rôle essentiel et extrêmement utile à la recherche d'un monde meilleur, dans l'espoir qu'elles permettront de garantir à l'Organisation de pouvoir bénéficier des ressources nécessaires pour mener à bien les responsabilités qui lui ont été confiées, à la satisfaction de tous ses Membres. Toutefois, le rythme auquel interviennent les changements dans un environnement international est rapide et difficilement prévisible. Le processus sera influencé à la fois par l'issue qui sera donnée à la réforme plus vaste de l'ensemble des Nations Unies et par les résultats obtenus par l'Évaluation externe indépendante de la FAO qui a été demandée par le Conseil de la FAO. Le Directeur général est convaincu que la mise en œuvre de ces réformes fournira un cadre plus propice à ces deux processus et permettra à la FAO de renforcer ses capacités en ce qui concerne la mise en œuvre des stratégies et la concrétisation des objectifs que les Membres ont fixé pour l'Organisation ou qu'ils fixeront pour l'avenir.

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Ces réformes interviennent à une époque d'interdépendance croissante dans un monde où le bien-être futur des nations et celui de leurs peuples sont inextricablement liés. Les choix qui sont faits par les consommateurs à Tokyo, Paris ou New York ont une incidence en bout de course sur les moyens d'existence des producteurs de thé dans les zones d'altitude du Sri Lanka, des horticulteurs du Kenya et des producteurs de café du Nicaragua. En outre, la pauvreté et la faim généralisées dans les pays en développement rendent des millions de personnes extrêmement vulnérables aux catastrophes, qu'elles soient naturelles ou provoquées par l'être humain, et créent les conditions d'une instabilité politique et de conflits qui déstabilisent les marchés internationaux et poussent les masses pauvres à aller chercher une vie meilleure au-delà des frontières. Il n'est jamais apparu de façon plus évidente qu'il existe un intérêt commun - outre l'obligation morale - pour tous les pays du monde à mettre fin à la pauvreté extrême qui afflige tant et tant d'êtres humains tout au long de leur vie.

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En fait, compte tenu de cette interdépendance, l'incidence finale des activités de l'Organisation dépendra dans une grande mesure de ce qu'il adviendra en dehors de la FAO, dans le cadre plus vaste du développement, en particulier dans les domaines de l'aide et du commerce. La rapidité avec laquelle la faim pourra être éradiquée dans le monde sera déterminée par la manière dont les ressources intérieures et l'aide internationale pourront être dirigées vers les causes mêmes du problème, sur une échelle proportionnée à l'ampleur du fléau. Il faut espérer que lorsque des crises apparaîtront, elles pourront être gérées à temps sans attendre que des images d'enfants affamés soient diffusées à la télévision dans le monde entier pour déclencher une aide humanitaire de grande ampleur distribuée à grand frais. Si la même politique préventive peut être appliquée aux maladies et aux ravageurs transfrontières des plantes et des animaux, il sera possible de juguler le phénomène avant qu'il ne provoque des pertes immenses et des ravages dans les moyens d'existence des populations pauvres.

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Si cette réaffectation des ressources vers les causes fondamentales de la vulnérabilité est associée à des changements des relations commerciales de manière à créer des conditions de concurrence plus équitables, les progrès dans la réalisation de la vision qui était celle des fondateurs de la FAO seront d'autant plus rapides. Ce concept ressort implicitement de l'observation de la Commission pour l'Afrique selon laquelle «les règles commerciales sont appliquées avec de longues séries de conditions particulières», ainsi que dans sa recommandation que «la réforme des méthodes de travail de l'Organisation mondiale du commerce et du comportement des pays développés qui en sont membres joue également un rôle central dans l'établissement de l'accès au marché». Les efforts tangibles d'ouverture des marchés, non seulement aux matières premières mais également aux produits manufacturés d'origine agricole, auront un effet profond sur les moyens d'existence de la population, en particulier les habitants des pays les moins favorisés - les PFRDV, les PMA, les pays sans littoral en développement et les PEID - sur lesquels l'Organisation axera de plus en plus ses programmes relatifs aux OMD. Il est vital d'éviter que, selon la mise en garde de la Commission, les OMD s'estompent peu à peu et que «ce qui a commencé comme le plus grand engagement de notre temps entre les riches et les pauvres, risque maintenant de devenir la plus grande trahison de tous les temps des pauvres par les riches».

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Il ne peut y avoir de mission plus importante pour une institution internationale que celle de garantir que les approvisionnements alimentaires mondiaux soient suffisants pour l'ensemble de la population, aujourd'hui et à l'avenir. À Québec, en 1995, en commémorant le cinquantième anniversaire de la FAO, les membres ont réaffirmé leur soutien politique à l'Organisation dont la mission est «de contribuer à l'édification d'un monde dont tous les peuples puissent vivre dans la dignité, libérés de préoccupations alimentaires». Le Sommet du Millénaire a déclenché un processus par lequel toutes les nations reconnaissent leur intérêt commun à mettre fin à la pauvreté et à la faim et leur devoir de léguer des ressources naturelles intactes aux générations futures. La communauté internationale est plus déterminée que jamais à entreprendre de vastes programmes concrets de réduction de la pauvreté. En introduisant les réformes proposées, la FAO manifestera la force de son engagement à agir dans les limites de son mandat et de ses pouvoirs, en partenariat avec les autres institutions, au sein et à l'extérieur du système des Nations Unies, qui partagent les mêmes objectifs, pour assumer sa part de ce nouvel effort mondial.


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