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Livres

Attention aux feuilles vénéneuses

Edible Leaves of the Tropics, par Franklin

W. Martin et Ruth M. Ruberte. Mayaguez Institute of Tropical Agriculture, P.O. Box 70, Mayaguez, 00708 Puerto Rico, 1975. Publié conjointement par l'Agency for International Development, Department of State, et l'Agricultural Research Service, U.S. Department of Agriculture, pages vii +235, 56 illustrations, 12 tableaux. Annexe. Index. Choix de 63 références.

Edible Leaves of the Tropics est un ouvrage précieux et d'un grand intérêt mais il peut aussi être dangereux.

Un coup d'œil aux titres des chapitres donne une idée de son contenu:

· Principales herbes tropicales à feuilles vertes comestibles
· Fruits, légumes et plantes ornementales dont les feuilles sont comestibles
· Plantes adventices courantes aux feuilles vertes comestibles
· Arbres tropicaux à feuilles vertes comestibles
· Feuilles tropicales utilisées comme épices et en infusion
· Feuilles vertes des zones tempérées dans les pays tropicaux
· Laitue dans les pays tropicaux
· Feuilles tropicales vénéneuses
· Culture et entretien des légumes à feuilles vertes

L'ouvrage range dans la première catégorie différentes espèces d'Amaranthus, l'épinard de Nouvelle-Zélande, les feuilles de taros (Colocasia et Xanthosoma), l'épinard baselle (Basella rubra), la patate et le knagkong (Ipomoea aquatica), le cresson (Nasturtium officinale), l'iroko (Telfairia occidentalis), le manioc (Manihot esculenta), différentes espèces d'Hibiscus, l'épinard de Ceylan (Talinum triangulare) et la corète potagère (Corchorus olitorius). Fait également partie de cette liste - ce qui surprendra de nombreux lecteurs - Sauropus androgynus, le katuk de l'Inde et de Malaisie. Une grosse erreur s'est glissée dans ce chapitre: on y lit en effet «la couleur pourpre de certaines variétés d'Amaranthus est due à l'anthocyanine». Cela est inexact, Amaranthus et la plupart des membres de l'ordre des centrospermales ne contiennent pas de pigments d'anthocyanine mais d'un alcaloïde, la betalaïne (Mabry, 1976).

Au chapitre des fruits, légumes et plantes ornementales à feuilles comestibles, le lecteur qui voudrait pousser un peu l'expérimentation éprouve une certaine appréhension. Ainsi, on peut lire page 37 «il n'y a aucune raison pour qu'après avoir acheté des carottes portant des feuilles tendres et comestibles, on les jette pour ne conserver que les racines. Toutefois, les jeunes feuilles provoquent une dermatite chez les personnes sensibles». Et à la même page, à propos de l'aubergine, «comme c'est souvent le cas, les feuilles, rarement utilisées bien que parfaitement comestibles, sont plus nourrissantes que les fruits... le fin duvet que portent les feuilles cause souvent une irritation». A la page 39, on peut encore lire que les jeunes feuilles d'Euphorbia purcherrima, le poinsettia commun, «sont non seulement comestibles, mais extrêmement nourrissantes». Mais, dans le même paragraphe, le lecteur est averti que le latex de cette plante est caustique au point d'attaquer le système pileux et qu'au toucher les feuilles peuvent provoquer une dermatite; en outre, comme la plante est vénéneuse, il faut en écarter les enfants. A la page 41, le genre Spondias fait l'objet d'une observation très risquée: «On sait que certaines espèces de Spondias donnent des fruits comestibles et il est probable que les feuilles de toutes les espèces sont comestibles.» Peut-être est-ce vrai, mais il est inconsidéré de l'affirmer car le lecteur pourrait être amené à faire des expériences dangereuses.

L'exemple de Solanum devrait suffire à illustrer le risque qu'il y a à déduire du fait qu'une espèce est comestible que toutes les espèces du même genre le sont aussi, le lecteur est pourtant surpris de lire dans cet ouvrage que les jeunes feuilles de pommes de terre tout comme celles du tabac sont comestibles. Les auteurs disent, en parlant de ces dernières «la quantité normalement utilisée dans la préparation d'un plat devrait être inoffensive». Si les dangers d'absorber une grande quantité de feuilles de Solanum sont bien connus, ceux qui s'attachent à la consommation du genre Phyllanthus (euphorbiacées) le sont moins. Page 41, les auteurs déclarent que deux espèces de ce genre, P. acidus et P. emblica, portent des fruits et des feuilles comestibles. Or, P. engleri Pax et P. reticulatus Poir figurent toutes deux dans le très intéressant ouvrage de Verdcourt et Trump sur les plantes vénéneuses d'Afrique orientale (1969). D'après ces auteurs, un homme serait mort douze heures après avoir mangé trois feuilles de P. engleri. Il est permis, il est vrai, de douter de la véracité de cet accident.

Le chapitre sur les plantes adventices communes dont les feuilles vertes sont comestibles est passionnant. La première question que se pose le lecteur est «qu'entend-on par plante adventice?» Le concept même de la plante adventice ou mauvaise herbe est né de l'agriculture moderne: les plantes sont cultivées en communautés pures et tout ce qui pousse spontanément sur le même terrain peut être considéré comme une plante adventice. Mais dans une agriculture moins développée, la culture mixte est courante et les plantes peuvent croître plus ou moins au hasard. Une plante sauvage, qui s'est reproduite par autosemis, mais qui est entretenue et considérée comme une culture vivrière, est-elle une plante adventice? Parmi celles que les auteurs considèrent comme telle, figure le pourpier, Portulaca oleracea, pourtant semé et cultivé dans certains pays, et dont certaines variétés ont été sélectionnées. Laissons-là la critique de détail, bien qu'elle ne soit pas épuisée.

L'intérêt que présente cet ouvrage est qu'il pourrait contribuer à favoriser la culture et la consommation courantes de légumes indigènes bien connus des habitants des pays en développement. Les tentatives visant à remplacer le calaloo des Antilles ou le dodo de l'Afrique de l'Est par le chou blanc bien pommé, dont la valeur nutritionnelle est très inférieure, ont peut-être aggravé les problèmes nutritionnels dans certains pays. Depuis une dizaine d'années, les spécialistes de l'agriculture formés en zone tempérée ont heureusement une attitude plus favorable à l'égard des légumes indigènes, tendance que reflète cet ouvrage. Pour éviter de courir des risques, le mieux est sans doute de procéder comme pour la consommation des champignons locaux: s'en tenir aux plantes que les autochtones - et notamment les plus âgés qui connaissent mieux les régimes alimentaires habituels - considèrent comme comestibles; en mesurer la valeur nutritionnelle et en encourager la consommation, s'il n'y a pas de contre-indications.

En dépit des craintes qu'il peut faire naître dans l'esprit du lecteur, cet ouvrage est stimulant et du plus haut intérêt; à ce titre, il mérite d'être largement diffusé parmi les spécialistes de l'agriculture, les nutritionnistes et planificateurs du développement. Beaucoup y découvriront les perspectives qui s'offrent de produire des aliments auxquels ils n'avaient jamais songé.

C.L.A. LEAKEY
Appropriate Technology, Londres

Références

MABRY, T.J. 1976. Pigment dichotomy and NDA-RNA Hybridization data for Centrospermous families, in Evolution of Controspermous Families. Mabry, T.M. et Dietmar Behnke, H. (Eds.) Springer-Verlag, Wien, New York.

VERDCOURT, B. & TRUMP, E.C. 1969. Common Poisonous Plants of East Africa. Collins, London.

Des routes et des hommes

Manuel sur l'utilisation des techniques à forte intensité de main-d'oeuvre dans les travaux routiers par M. Allal et G.A. Edmonds en collaboration avec A.S. Bhalla, 1977. Bureau international du travail, CH-1211, Genève 22, Suisse. 40 FS, 255 pages. Broché.

Dés son entrée dans le bureau de Geoff Edmonds à Genève, le visiteur remarque une petite carte blanche épinglée au mur devant son bureau et qui porte ces mots: «Tout phénomène socio-économique qui ne peut être exposé en termes simples ne mérite pas de l'être».

C'est un principe qu'il met en pratique, car cet ouvrage est un modèle de propositions claires et logiques sur un sujet d'intérêt crucial pour le monde en développement. Quiconque a vu au Kenya quelques-unes des routes - excellentes et bien adaptées au pays - construites dans le cadre du programme de routes rurales, aura compris, du même coup, que cette équipe de l'OIT sait vraiment appliquer ce qu'on appelle la technologie «intermédiaire» ou «appropriée».

Les deux premiers chapitres du livre traitent de la planification et du tracé des routes. En fait, c'est souvent à ce stade initial que l'on peut se rendre compte de la rentabilité (au sens classique du terme) des techniques à forte intensité de main-d'œuvre. Par exemple, on peut souvent choisir entre plusieurs itinéraires pour aller de A à B. Si l'on en choisit un qui évite le transport de terre sur de longues distances, et d'autres opérations difficiles à effectuer manuellement, ces techniques sont souvent compétitives en termes de comptabilité conventionnelle, tout en comportant des avantages sur le plan social.

Les chapitres suivants traitent en détail des questions clés - coût et productivité. S'il faut deux hommes pour accomplir le travail d'un seul, cela ne s'appelle pas technologie appropriée, mais tout simplement inefficacité. Le rapport coût/productivité n'est pas le seul critère pour juger, du bien-fondé des techniques à fort coefficient de main-d'oeuvre, mais il n'en reste pas moins que si l'on utilise ces dernières, il y aurait intérêt a disposer de plus de données concrètes et d'une analyse rigoureuse.

La seconde partie de l'ouvrage étudie le contexte institutionnel servant de toile de fond à l'évaluation des techniques. Après avoir examiné différentes mesures fiscales et administratives de nature à créer des conditions plus favorables aux techniques à fort coefficient de main-d'œuvre, les auteurs procèdent à l'étude des problèmes d'organisation et de gestion posés par la main-d'oeuvre plus nombreuse que comportent les techniques intermédiaires.

Les auteurs font, à juste titre, remarquer la nette insuffisance de formation dans ce domaine, formation qui devrait être considérée comme partie intégrante des fonctions d'un département des travaux publics. Il faudrait organiser des cours spéciaux, portant directement sur les projets auxquels seront ensuite affectés les stagiaires.

Enfin, le bref chapitre final souligne le sérieux obstacle à l'application de techniques appropriées que constitue l'attitude des ingénieurs, lesquels écartent souvent le choix de méthodes adaptées à leur propre environnement et à leur contexte social. L'optique selon laquelle un problème n'a qu'une solution est à juste titre sévèrement critiquée, et il est regrettable que, tant dans les pays en développement que dans les autres, les cours mettent si rarement l'accent sur l'intérêt t qu'il y a à parvenir à une gestion rationnelle en utilisant des techniques à fort coefficient de main-d'oeuvre (qui, en fait, demandent plus de compétences techniques).

Bien que son prix (40 FS) puisse sembler élevé, cet ouvrage représente certainement un très grand pas en avant dans l'évaluation, sur le plan national et humain, des techniques de construction routière. Les ministères, les organismes de développement et les experts-conseils feraient bien de l'acheter - et de le lire.

DEREK MILES

Appropriate Technology, Londres

Cahiers techniques de la FAO...

Cette collection présente constamment de nouvelles études sur les problèmes propres à la sylviculture. Elles existent pour la plupart en français, anglais et espagnol. On peut se les procurer, contre remboursement des frais, auprès de la Section distribution et ventes, FAO, via delle Terme di Caracalla ou auprès des agents et dépositaires dont la liste figure à la page 3 de la couverture

ÉTUDES FAO: FORÊTS


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