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L'agrosylviculture en Amérique tropicale

Peter Weaver

PETER WEAVER est spécialiste en recherche forestière tropicale à l'Institute of Tropical Forestry, U.S. Forest Service, Pio Piedras (Porto Rico).

L'agrosylviculture est un système de production qui permet d'obtenir à la fois du bois et des aliments végétaux ou animaux (ou les deux) à partir d'une seule et même unité d'aménagement, dans laquelle on pratique une agriculture rationnelle associée à l'emploi judicieux d'arbres forestiers. Cette unité peut être une exploitation agricole, une petite collectivité ou une partie de bassin versant.

En dépit de ses nombreux avantages, l'agrosylviculture ne doit être en aucun cas considérée comme un substitut à une agriculture ou à une sylviculture intensive sur un terrain donné. Les arbres exercent une concurrence vis-à-vis de l'eau et de la lumière, et à moins d'être convenablement conduits ils peuvent diminuer la production marchande. Il faut plutôt voir l'agrosylviculture comme un moyen de maintenir une production permanente sur certaines terres en pente ou de restaurer des sols dégradés par de mauvaises pratiques culturales.

L'agriculture tropicale

Il existe des différences fondamentales entre zone tempérée et zone tropicale en ce qui concerne le cycle des minéraux. Dans les régions froides une quantité importante de matière organique et d'éléments assimilables est emmagasinée dans le sol, tandis que dans les forêts tropicales humides ils sont retenus dans la biomasse et recyclés dans le système sous forme organique (Odum, 1971a). Peu d'éléments minéraux se trouvent à l'état libre dans le sol (Went et Stark, 1968). Dans les deux cas l'humus est indispensable pour maintenir la structure du sol, le cycle hydrique et la production des cultures et, à son tour, l'azote conditionne souvent la quantité d'humus produite (Aldrich, 1972).

L'agriculture peut avoir pris naissance dans des régions tropicales où le rapport précipitations/évapotranspiration est voisin de l'unité, et où les éléments nutritifs solubles ne sont pas entraînés par percolation ou par ruissellement (Holdridge, 1959; Tosi et Voertman, 1964). Toutefois dans beaucoup de régions tropicales, aujourd'hui, on produit des cultures vivrières sur des terres qui conviendraient mieux à la forêt. Or, dans les régions tropicales montagneuses, les arbres sont indispensables à la stabilité du paysage. Dans les climats de mousson ils jouent également un rôle essentiel dans le recyclage des éléments nutritifs, du fait que, pendant la saison des pluies, l'eau qui percole les entraîne vers les horizons profonds que seules les racines des arbres peuvent atteindre (Frith, 1955).

On a constaté qu'il y avait des limites à l'expansion de l'agriculture mécanisée sous les tropiques. Tout d'abord, la «révolution verte» peut déclencher des perturbations sociales dans des pays sous - développés déjà surpeuplés; la mécanisation chasse les petits paysans vers les villes où ils ne trouvent pas suffisamment de travail, de logements et de nourriture (Janzen, 1973). En second lieu, au coût des semences sélectionnées et des techniques nouvelles il faut ajouter les subventions pour l'achat de carburants (Odum, 1971a). La production d'aliments par unité de surface peut être augmentée, mais à un coût financier et énergétique excessif. Enfin, les techniques agricoles de la zone tempérée ne peuvent pas être simplement «transplantées» dans les tropiques pour répondre aux besoins alimentaires futurs; il faut au contraire de nouvelles conceptions basées sur des principes écologiques sains (Igbozurike, 1971), et tenant compte des contraintes morales, économiques et juridiques qui découlent d'une connaissance approfondie des réalités du pays en cause.

Le manque général d'intérêt pour l'agriculture de subsistance a directement entravé le développement économique. Haïti est sans doute un exemple extrême, mais qui pourrait bien présager ce qui se passera dans beaucoup d'autres pays du tiers monde (Anon., 1977). L'érosion y sévit, les terres sont parsemées de rochers et la capacité de rétention en eau des sols est amoindrie. Les petits paysans ont besoin de toutes leurs terres pour les cultures vivrières et beaucoup pensent qu'ils ne pourraient en distraire pour planter des arbres. Aussi continuent-ils à exploiter des terres en forte pente et infertiles, provoquant inondations, sédimentation des barrages et bouleversement du régime hydrique, problèmes dont pâtissent tous les secteurs de la société haïtienne. Il en coûtera maintenant très cher de s'attaquer à ces problèmes et il faudra y consacrer des fonds qui auraient pu être utilisés pour le développement industriel et le progrès économique.

Existe-t-il d'autres solutions rationnelles? Etant donné que les pays en développement doivent produire à la fois pour l'alimentation des populations urbaines nombreuses et pour l'exportation, on pourrait dans des conditions convenables de sol et de climat pratiquer des cultures multiples de variétés à haut rendement, occupant le sol pendant toute l'année, avec des techniques à fort coefficient de main-d'œuvre. Mais en même temps il faut associer forêt et agriculture en un système de production harmonieux afin de pourvoir aux besoins des zones rurales de ces pays (King, 1977).

L'agrosylviculture

Plusieurs peuples autochtones des régions tropicales ont élaboré des systèmes agrosylvicoles stables associant la culture de plantes annuelles et arbustives, d'arbres, de plantes grimpantes et l'élevage (Budowski, 1978). Ces systèmes présentent souvent l'aspect de la forêt naturelle, ils restent productifs tout au long de l'année, résistent aux maladies et aux parasites, et réduisent au minimum l'érosion des sols. Leur microclimat interne est modifié par le couvert arborescent (Wilkin, 1972), et les éléments minéraux sont recyclés par des processus naturels dans lesquels interviennent la matière organique des végétaux morts et les déjections des animaux. Les produits obtenus sont à la fois variés et nourrissants, et comprennent graines, fleurs, fruits, légumes, feuilles, médicaments, résines, fourrages, bois de feu, bois d'œuvre, viande. On peut distinguer au moins huit systèmes agrosylvicoles:

1. La culture itinérante. On l'a définie comme étant «l'utilisation de la forêt dans le développement de l'agriculture» (Petriceks, 1968). Elle régénère le sol grâce aux arbres. Elle constitue le principal mode d'utilisation des terres arables sous les tropiques (FAO, 1957; Watters, 1968a, 1968b, 1971; Petriceks, 1968, Conklin 1963). Une fois que la culture cesse, lé sol passe par une série de changements (Sanchez, 1972). La végétation secondaire préserve les éléments nutritifs du lessivage par percolation, les absorbe dans le sous - sol et les ramène en surface. La matière organique s'accumule en surface, en même temps qu'augmente la capacité du sol d'emmagasiner les éléments nutritifs (Nye, 1958; Nye et Stephens, 1962).

Ce système est extrêmement efficace lorsque la population est disséminée. Dans les régions densément peuplées, l'érosion se produit rapidement lorsque l'on prolonge la culture, que l'on défriche de grandes surfaces ou que l'on exploite des pentes raides (Bédard, 1960). La forêt disparaît et ce qu'elle aurait pu produire par son accroissement est perdu; en outre' la fertilité du sol se trouve définitivement amoindrie (Petriceks, 1968).

EXPLOITANTS COSTA-RICAINS SOIGNANT UNE PLANTATION DE JEUNES EUCALYPTUS un travail qui contribue à l'autonomie de la petite exploitation

2. Le système des «couloirs». En Afrique, pour répondre aux besoins des collectivités, notamment celui d'exporter des denrées alimentaires, il s'est développé un système d'agriculture nomade organisée selon une succession de cultures en rotation (Coene, 1956; Newton, 1960). Un exemple typique de rotation de 17 ans comprend deux cultures saisonnières suivies par une culture annuelle, des cultures pérennes et, enfin, une végétation secondaire; une jachère de 12 ans est appliquée pour assurer la fertilité du sol au cours de la séquence de culture suivante de 5 ans. En Equateur on étudie actuellement un système analogue avec une jachère imposée (Bishop, 1978). Des cultures potagères et de plein champ sont suivies par une prairie de graminées et légumineuses comportant des légumineuses arborescentes pour la production de bois de feu. La volaille et le bétail vagabondent dans la jachère sylvo-pastorale. De même que la culture itinérante, ce système de culture en couloir utilise les arbres pour régénérer le sol au bout d'une certaine période.

TERRES SURPÂTURÉES AU METAPON, EL SALVADOR exemple d'un cas où la foresterie peut panser les plaies de l'agriculture

3. La taungya. Née en Birmanie au cours des années 1860, la taungya est généralement pratiquée sur des terres domaniales concédées à des agriculteurs. King (1968) a relevé quelque 25 noms qui servent à désigner ce système et donne des conseils pour son application. Les arbres à utiliser, selon lui, doivent être des essences à croissance rapide, tolérantes à la lumière, à enracinement profond, et susceptibles de supporter pendant de courtes périodes la rivalité d'autres végétaux à l'égard de la lumière, de l'eau et des éléments nutritifs. Par ailleurs, les cultures agricoles intercalaires ne doivent ni avoir une ombre dense ni être trop exigeantes en éléments nutritifs. Les plantes grimpantes sont à exclure totalement. Les cultures ne doivent pas avoir un cycle végétatif trop long et il importe qu'elles contribuent à la stabilisation du sol. L'auteur mentionne quelque 80 espèces d'arbres et 40 plantes agricoles compatibles. On a constaté au Costa Rica qu'une plantation taungya d'Eucalyptus deglupta associée à du maïs (Aguirre, 1977) était non seulement plus économique à établir mais aussi plus résistante aux adventices que la plantation témoin. Une plantation de Dalbergia retusa, maïs et haricots (Espino-Caballero, 1976) a donné une meilleure production, sans doute parce que la combinaison de cultures a mieux tiré parti des nutriments disponibles que la plantation témoin.

4. Cultures intercalaires. Sous les tropiques américains, on intercale couramment des arbres avec des cultures permanentes comme le caféier (Marrero, 1954; Guttierez-Zamora et Soto, 1976) ou le cacaoyer (Holdridge, 1957). C'est ainsi que les espèces de légumineuses Inga spp., Erythrina, Dalbergia, Gliricidia sepium et Pithecellobium saman sont souvent associées au plantain et à des cultures disséminées de légumes et de tubercules.

Il arrive aussi qu'on intercale des essences ligneuses avec des cultures de subsistance à proximité de marchés ou d'industries forestières (Peck, 1976). On a observé la présence de Cordia alliodora sur des plantations de cacaoyers et de plantains, ainsi que sur des pâturages, près de San Lorenzo, Equateur, et de Cordia, Cedrela sp. et Juglans sp. dans des plantations de cacaoyers, de caféiers et de plantains au voisinage de Tumaco, Colombie.

Près de Turrialba, au Costa Rica, j'ai vu Cordia alliodora et le palmier pejibaye occuper la place de dominants et codominants dans une association avec des tiges intermédiaires de Erythrina sp. et de caféiers. En Dominique, les cocotiers et Artocarpus sp. dominaient au milieu de tiges de cacaoyers et de caféiers.

On a constaté que l'intercalation d'arbres avec d'autres cultures augmentait les rendements. Au Costa Rica, l'association de Hevea brasiliensis avec le cacaoyer donne des résultats très supérieurs à ceux de la monoculture de Hevea (Hunter et Camacho, 1961). Cette différence de rendement tiendrait au fait qu'on recrée ainsi le milieu de la forêt naturelle. Au Mexique, l'association occasionnelle de Prosopis sp., Leucanea esculenta et/ou Pithecellobium spp. accroîtrait la production des cultures vivrières intercalaires (Wilken, 1977). On trouvera au tableau 1 des estimations de la production d'une ou plusieurs composantes d'associations d'arbres avec des cultures vivrières ou pérennes.

5. Simulation de succession naturelle. Holdridge (1959) a proposé un système de succession de cultures, qui progressait à raison de 0,1 ha/an pour s'achever en 30 ans avec la conversion progressive du terrain précédemment défriché. La série comprend des cultures vivrières. La dernière étape comporte Cordia alliodora et le palmier pejebaye comme espèces dominantes et codominantes, le cacaoyer comme espèce dominée, avec des tubercules disséminés dans la strate herbacée.

Plus récemment, Hart (1975) a observé que les rendements et la rentabilité d'une polyculture en succession étaient supérieurs à ceux d'une monoculture avec rotation culturale. Il propose la série de cultures suivantes, qui simule la succession naturelle: (a) plantes produisant des feuilles, des tiges et des racines utiles; (b) bananes et plantains; (c) palmiers; (d) forêt de production.

Comme nous l'avons vu plus haut, certains systèmes agrosylvicoles tels que la culture itinérante et le système des couloirs utilisent les arbres pour une certaine période, alors que la simulation de la succession naturelle, de même que la taungya et la culture avec arbres intercalaires, font intervenir l'arbre à la fois dans le temps et dans l'espace.

6. Exploitations agricoles autonomes. Le déroulement des cycles biologiques sur les petites exploitations agricoles a été étudié par certains chercheurs philippins et australiens (Samaka Service Center, 1973; Mollison et Holmgren, 1978). Beaucoup de ces unités possèdent du bétail, des arbres fruitiers et forestiers, des jardins familiaux, des pâturages, des étangs de pisciculture et des champs de cultures multiples. Les déchets animaux sont rejetés dans un bassin dont les eaux servent à irriguer les cultures. Les résidus végétaux et les fourrages sont employés pour nourrir les animaux ou comme engrais vert.

7. Arbres disséminés ou en lignes. En raison des vents saisonniers violents et secs, qui soufflent dans des régions telles que El Salvador, des brise-vent établis sur les limites de propriétés ou au milieu des cultures peuvent éviter le dessèchement du sol et l'érosion. Des arbres bordant les prairies et formant des «pieux de clôture vivants» (Lozano Jimenez, 1962) permettent d'enclore le bétail, fournissent du fourrage et du bois de feu, et évitent d'avoir à couper périodiquement de jeunes arbres pour remplacer les pieux. Des arbres disséminés dans les pâturages fournissent des aires d'ombre et du fourrage, et, lorsqu'il s'agit d'espèces fixatrices d'azote, améliorent le rendement du pâturage (Holdridge, 1951; Sicco-Smit et Venegas, 1965; Sicco-Smit, 1971; Peck, 1976).

8. Parcelles boisées. Un autre système avantageux à long terme consiste à boiser le haut des pentes et les sommets de collines. Dans les régions qui souffrent de sécheresses périodiques, les arbres ainsi placés fournissent du bois, améliorent le régime des eaux et leur qualité et, en raison de leur enracinement profond, exploitent l'énergie solaire pendant toute l'année. De telles plantations peuvent prolonger directement la période de végétation et, par conséquent, accroître la productivité des pentes et des vallées en contre-bas. Au Guatemala, on utilise la litière produite par les forêts voisines pour fertiliser les cultures de légumes et améliorer la couche arable (Wilken, 1977).

Certaines rizières des Philippines, dispersées entre des parcelles forestières, ont été préservées pour des motifs religieux et produisent depuis plus de 1000 ans (Sears, 1957). Le rôle de ces arbres dans le recyclage des éléments nutritifs et la stabilisation des sols peut être très important.

Les trois derniers systèmes agrosylvicoles mentionnés - exploitations agricoles autonomes, arbres en lignes et parcelles boisées - diffèrent des autres en ce sens qu'ils utilisent les arbres selon une certaine disposition spatiale, mais pas particulièrement en fonction du temps.

En indiquant les diverses méthodes qui permettent d'améliorer l'agriculture de subsistance, j'ai fait ressortir les différences entre les systèmes agrosylvicoles. Lorsqu'il y a des débouchés pour le bois d'œuvre, on pourra facilement faire accepter la plantation d'arbres en culture intercalaire. Près des grandes villes, l'introduction d'arbres fruitiers sera sans doute plus indiquée. Dans certains endroits, par exemple sur d'assez grands domaines à topographie variée, on pourra, si les conditions s'y prêtent, planter des essences à bois d'œuvre sur les parties hautes, affecter le milieu des pentes aux cultures annuelles ou à des plantations d'arbres en lignes et les terres basses à des cultures multiples. Un tel aménagement améliorera le régime hydrique et fournira aliments et bois. Le climat, la topographie, la fertilité du sol, le régime foncier, la proximité des marchés, la pression démographique, sont parmi les facteurs qui influeront le plus sur les pratiques agrosylvicoles.

Un autre aspect qui mérite une attention particulière est l'importance des innovations locales pour l'extension de l'agrosylviculture dans le temps ou dans l'espace. En Espagne, les forestiers ont utilisé des bambous pour irriguer les jeunes plants, pratique qui donne des taux de reprise allant jusqu'à 85 pour cent dans les régions arides (Kernan, 1966). En El Salvador, les fermiers ont planté dans des excavations, ce qui augmente aussi le taux de survie des arbres.

Ces techniques localisées ont leur importance, mais les systèmes agrosylvicoles qui intéressent des collectivités entières sont encore plus impressionnants. Ainsi, à Sri Lanka, on pratiquait un système traditionnel d'agriculture sèche dans une région à climat de mousson où il ne tombe que 150 mm de pluie en 6 mois (Abeyratne, 1956). On barrait un cours d'eau pour constituer une retenue ou «wewa» qui était le site d'un village, les terres étant aménagées suivant le schéma suivant: (1) terres basses irrigables cultivées en riz et pâturées par le bétail pendant la période de jachère; (2) zone du village autour de la retenue, plantée d'orangers, citronniers, arbres à pain, poivriers, manguiers, bananiers plantains, papayers, cocotiers, ignames, yucca, trichosanthes (snakegourd ou «patole»); (3) terres hautes non irrigables consacrées à la culture itinérante avec céréales, légumineuses, graines oléagineuses, légumes, plantes à fibres et jachères; (4) retenue elle-même, peuplée de poissons.

Chaque village constituait une unité autonome fondée sur un système de classification des terres conçu par les paysans, liée socialement par des lois et coutumes, et physiquement située dans un même bassin versant. Le mode traditionnel de culture était basé sur la conservation et l'utilisation maximales des eaux de pluie, une répartition de l'utilisation des terres selon le type de sol et les conditions de drainage, ainsi que l'emploi de techniques agrosylvicoles éprouvées, dont l'association d'arbres et de cultures vivrières et la culture itinérante avec une jachère appropriée.

Elaboration d'un système agrosylvicole

D'une manière générale, une agrosylviculture stable doit satisfaire aux exigences fondamentales suivantes: conservation des sols et des eaux; emploi de techniques efficaces pour produire des aliments nutritifs et du bois durant toute l'année; diversification des cultures afin d'atténuer les risques de maladies et d'infestation par les ravageurs, ainsi que les effets de la fluctuation des marchés; préférence pour des cultures peu exigeantes en éléments nutritifs et dont les produits sont faciles à entreposer; production de protéines animales à partir de matières végétales et de fourrages que l'homme ne peut utiliser directement; production de denrées alimentaires pour la vente.

La première mesure pour élaborer un système agrosylvicole, qu'il s'agisse d'une exploitation individuelle, d'une collectivité ou d'une région entière, consiste à acquérir une connaissance approfondie des conditions locales. Sur une petite unité territoriale, plusieurs des systèmes agrosylvicoles mentionnés plus haut peuvent être adoptés directement. Dans certains pays, cependant, la diversité et l'ampleur des problèmes que pose la production d'aliments et de bois exigent bien plus que la simple introduction d'un nouveau système; souvent il faut établir un projet à l'échelle régionale, dirigé par une administration appropriée. Un tel projet devrait tenir compte des points suivants:

Priorités. On devra tout d'abord choisir des bassins versants bien définis, en fonction de leur potentiel productif, des populations qu'ils desservent et de leur importance nationale. Chaque bassin versant sera divisé en plusieurs zones. Le haut des pentes et les crêtes peuvent être affectés à la forêt et au pâturage, moyennant des mesures de conservation des sols, les pentes à mi-hauteur peuvent admettre des prairies et des cultures, sous réserve que soient prises des mesures de protection des sols. Les plaines et les vallées alluviales doivent être consacrées à l'agriculture intensive. Dans chacune de ces zones il faudra créer des fermes modèles pour former les agriculteurs.

Planification. Des plans d'aménagement, basés sur la classification des sols et la vocation des terres, seront établis, surtout pour les grandes exploitations.

Techniques. Le but de l'agrosylviculture étant la production combinée d'aliments et de bois, il convient de leur accorder une importance égale. Les points particuliers à étudier sont notamment:

· Cultures multiples avec des variétés à haut rendement et de valeur nutritive élevée sur les terres susceptibles de fournir une production soutenue, associées à la culture des variétés traditionnelles sur les terres pauvres.

· Détermination de la capacité de charge des pâturages, introduction du pâturage tournant et construction de silos tranchées pour la conservation du fourrage.

· Aménagement hydraulique intensif par la construction de banquettes, de bassins et de canaux.

· Recyclage des éléments minéraux par la suppression des feux, l'emploi de légumineuses, la plantation d'arbres à enracinement profond et l'apport de matière organique et de fumier.

· Mise au point de techniques de conservation des denrées alimentaires (séchage, conserves), production de denrées non périssables, élevage de petits animaux pour la consommation familiale, tels que cobayes et lapins.

· Réduction de l'érosion par des techniques de labour minimal sur les fortes pentes.

· Utilisation systématique de l'arbre pour la production de fruits, de légumes, de fourrage et de bois sur les terres de toutes catégories.

Considérations socio-économiques. Pour introduire avec succès les techniques évoquées ci-dessus, il faudra du personnel de vulgarisation. L'accès au crédit, la constitution de coopératives et la création de pépinières sont également d'une importance primordiale.

Pâturages et cultures vivrières

Dans le passé, lorsqu'on pensait agrosylviculture, on se préoccupait surtout d'avoir des arbres à bois d'œuvre en culture intercalaire, ce qui se justifiait étant donné les objectifs de la plupart des projets. Toutefois, dans certaines régions, le premier souci de l'agriculteur est de satisfaire ses besoins quotidiens de nourriture et de bois de feu.

Les plantes utiles en agrosylviculture comprennent des herbes fourragères, des arbres et des plantes vivrières. On s'intéressera ici surtout aux arbres, ne s'arrêtant, en ce qui concerne les plantes fourragères et alimentaires, que brièvement sur les points essentiels.

Tableau 1. Exemples de cultures intercalaires associées à des arbres en Amérique tropicale, pour lesquelles on dispose d'estimations de production

Technique

Source

Résultats

Emplacement

Cordia alliodora + cacaoyer

Peck, 1976

Des régénérations naturelles de Cordia dans des cacaoyères ont atteint une surface terrière de 18 m2/ha à maturité

Limon, Costa Rica

Cordia alliodora + caféier

Venegas, 1965; Peck, 1976

Des régénérations naturelles de Cordia dans une plantation de caféiers atteignaient 20-30 m2/ha à maturité

Chinchona Colombie (1400 m)

Erythrina poeppigiana + Cordia alliodora + caféier

Beer, 1979

215 tiges/ha d'Erythrina à 12 ans, 40 m3/ha de Cordia à 3-7 ans, 320 kg/ha/an de café en grains

La Suiza, Costa Rica (600-1200 m)

Cedrela odorata + caféier

Ford, 1979

12 à 19 m2/ha de surface terrière (130-215 m3/ha) de Cedrela à 15-20 ans sur 2 plantations

San Carlos (250 m) et Tabarcia (800 m), Costa Rica

Alnus jorullensis + caféier

Fournier, 1979

Diamètre des arbres 20 cm à 5 ans

San Antonio de Coronado, Costa Rica (1300 m)

Pithecellobium saman + Carica pagaya + caféier + cacaoyer

Observation de l'auteur

15-20 m2/ha de surface terrière de Pithecellobium à 25 ans

Limbe, Haïti (20 m)

Annona spp. + Citrus spp. + Artocarpus spp. + Inga spp. + Mammea americana + Carica pagaya + Persea americana + Mangifera indica + Psidium guajava + Guarea trichilioides + Simaruba sp. + caféier + banane plantain + cocotier + canne à sucre + maïs + palmier royal1

Observation de l'auteur

La strate arborescente avait une surface terrière moyenne de 20 m2/ha

Vallée de Plaisance, Haïti (150 m)

1 Le palmier royal était percé à 10 m au-dessus du sol et muni d'une barre de traverse pour y accrocher la récolte de mais. De telles associations continues d'arbres, de cultures vivrières et de plantes pour boissons ont été observées à la Dominique, en Colombie et au Venezuela.

Fourrages herbacés. Il existe de nombreux ouvrages qui traitent des graminées et autres plantes fourragères et décrivent leurs exigences climatiques, leurs aires d'origine, leur productivité et leur valeur nutritive (Whyte et al., 1953, 1959; McIlroy, 1972; Butterworth, 1967; Vicente-Chandler et al., 1974; Roseveare, 1948). Il est cependant probable que l'agrosylviculture tirerait plus de profit des études qui démontrent (a) l'accroissement de production des pâturages sous les arbres fixateurs d'azote (Holdridge, 1951); (b) la fixation d'azote par les graminées tropicales communes (Day et al., 1975); (c) l'augmentation significative de rendement et l'amélioration de la qualité du fourrage au moyen de combinaisons compatibles de plantes fourragères (Warmke et al., 1952).

Aliments nutritifs. Vingt pour cent de la population du tiers monde ne reçoivent pas une ration calorique suffisante, et plus de 30 pour cent souffrent de carence protéique (Kracht, 1973; Rehm et Espig, 1976). Parmi les plantes les plus utiles pour remédier à cette situation, citons: les céréales avec 10,4 pour cent de protéines brutes, le soja avec 38 pour cent, les graines oléagineuses 19,7 pour cent et les légumineuses 23 pour cent. Par comparaison, les tubercules ne contiennent que 1,7 pour cent de protéines (Rehm et Espig, 1976). Amaranthus spp. (amaranthe), Vigna unguiculata (niébé), Cajanus cajan (ambrevade ou pois cajan) ont tous des graines et des feuilles riches en protéines. Les graines d'Hibiscus esculentus (gombo), les feuilles de Manihot esculenta (manioc) et d'Ipomoea batatas (patate) ont une teneur élevée en protéines. Toute la plante de Psophocarpus tetragonolobus (pois carré) est riche en protéines et comestible. Cucurbita foetidissima (courge calebasse) et Colocasia esculenta (taro) en sont également riches (National Academy of Sciences, 1975a, 1975b; Martin et Ruberte, 1975, 1976; Mortensen et Bullard, 1970 Wittwer, 1974). En outre de nombreuses autres plantes tropicales pourraient servir de nouvelles sources d'aliments à haute teneur en protéines (Martin et al., 1977).

Choix des arbres

Bois d'œuvre, bois de feu, pieux de clôture, fourrage. Les arbres que l'on emploie pour la production de bois d'œuvre sont généralement des essences secondaires de grande taille, à croissance rapide, à fût rectiligne' ayant un bois à grain fin, de bonnes résistances mécaniques et de bonnes caractéristiques d'usinage. Les meilleurs bois pour combustible ont une forte densité, se régénèrent facilement par rejets ou par semis, sèchent vite, sont faciles à récolter et à transporter, et brûlent pratiquement sans étincelles (FAO, 1977; Burley, 1978). Les espèces pour clôtures ou haies peuvent comprendre des essences à bois d'œuvre ou à bois de feu, mais elles doivent en outre être faciles à installer, de préférence par boutures longues, pousser vite et résister à la corrosion par les clous et le fil de fer.

Les légumineuses, dans leur ensemble, présentent de nombreux avantages. Un certain nombre sont des essences colonisatrices qui poussent rapidement, fournissent un bois de faible à moyenne densité et sont adaptées à des conditions écologiques variées. Elles sont généralement fertiles dès le jeune âge et produisent beaucoup de graines, ou rejettent bien. Beaucoup enrichissent le sol en azote et ont un feuillage et des graines à forte teneur en protéines qui fournissent un excellent fourrage, et dans certains cas des aliments pour l'homme. D'autres sont récoltées pour faire du foin. En revanche, l'écorce, les fleurs, les gousses et les graines de certaines espèces sont toxiques.

Le tableau 2 indique de nombreuses espèces intéressantes fournissant bois d'œuvre, bois de feu et fourrage. Les méliacées (Cedrela spp., Swietenia spp., Carapa spp., Toona spp., Guarea spp.) donnent des bois de valeur utilisés en construction, menuiserie et mobilier, et résistants à la pourriture et aux termites du bois sec. Un autre groupe important, celui des résineux, qui comprend Pinus caribaea, P. oocarpa, P. radiata, Cupressus spp., Araucaria spp., constitue une source importante de bois de sciage et de bois à pâte.

Les eucalyptus, tels qu'Eucalyptus globulus, E. grandis, E. robusta, E. deglupta, ont été largement plantés en raison de leur croissance rapide et de leur facilité d'adaptation en passant des stations sèches aux stations très humides et des plaines aux montagnes. Ils offrent des possibilités de production de bois d'œuvre, de pieux et de bois de feu.

Cordia alliodora, que l'on trouve entre 15°N et 15°S de latitude, est une essence à croissance rapide très appréciée pour les meubles, l'ébénisterie, la menuiserie du bâtiment, la construction courante. On l'a utilisé comme arbre d'ombragé dans les plantations de caféiers en association avec le palmier pejibaye (Guilielma utilis), et en plantation de couverture avec le cacaoyer.

Tableau 2. Arbres pour bois d'œuvre, bois de feu, poteaux de clôture et fourrage

Nom scientifique

Nom commun

Propriétés particulières, habitat

1. Alnus spp.

Aune

Bois d'œuvre, fixateur d'azote; montagnes fraîches et humides

2. Anthocephalus chinensis A. Rich. ex Walp.

Kadam

Bois d'œuvre, placages, ébénisterie, croissance rapide; plaines et piémonts humides à très humides

3. Bombacopsis quinatum Dug.

Mahot coton, fromager (Haïti)

Bois de construction, croissance rapide; plaines sèches à très humides

4. Casuarina equisetifolia L.

Filao, chowku

Brise-vent, haies, combustible (bois dense), propagé par boutures, fixateur d'azote plaines et piémonts secs à humides

5. Cedrela odorata L.

Cèdre d'Amérique, cedro

Bois odorant, durable, résistant aux termites; faible altitude, plaines sèches à très humides

6. Celba pentandra Gaertn.

Fromager

Bois de caisserie, fibres (Kapok), feuilles comestibles, croissance rapide; plaines ou piémonts secs à très humides

7. Colubrina arborescens Sarg.

Bois pelé

Bois de construction résistant à l'humidité, arbre d'ombragé pour caféier, plaines et piémonts secs à très humides

8. Cordia alliodora Oken

Freijo

sois d'œuvre, meubles, pieux, arbre d'ombrage pour caféier; plaines et piémonts secs à très humides

9. Cupressus lusitanica Mill.

Cyprès du Mexique, cèdre de Goa

Bois d'œuvre, bois à pâte; pluies d'été, piémonts et montagnes Mexique, cèdre de Goa

10. Eucalyptus spp.

Eucalyptus

Bois d'œuvre, combustible, croissance rapide; nombreuses espèces adaptées à des climats variés

11. Gmelina arborea Roxb.

Gmelina

Bois à pâte, pieux, croissance rapide; plaines et piémonts humides à très humides

12. Ochroma spp.

Balsa

Bois léger pour construction, croissance rapide; plaines et piémonts humides à très humides

13. Pinus caribaea Morelet

Pin des Caraïbes, pitchpin

Bois d'œuvre, bois à pâte; pluies d'été, basse altitude

14 Pinus oocarpa Schiede

Pin du Nicaragua

Bois d'œuvre, bois à pâte; pluies d'été, moyenne altitude

15. Pinus radiata Don.

Pin de Monterey

Bois d'œuvre, bois à pâte, pluies d'hiver et été sec: basse à haute altitude

16. Simaruba glauca D.C.

Marupa, acajou blanc

Pieux de clôture vivants, combustible, huile pour savonnerie, climat de mousson à forêt ombrophile, dans les plaines

17. Swietenia macrophylla King

Acajou du Honduras, mahogany

Bois d'œuvre, meubles, bois durable, résistant aux termites plaines sèches à très humides

18. Syzygium jambos Alston

Jambosier, pomme rose

Bois de feu, charbon de bois, forte production, fruits; plaines et piémonts secs à humides

19. Tectona grandis Lf.

Teck

Bois d'œuvre, meubles sols profonds à basse altitude, climat sec à humide

20. Toona ciliata Roem

Suren, cèdre

Meubles, piémonts humides à de Birmanie très humides à moyenne altitude


Légumineuses


21. Acacia albida et autres espèces

Acacia

Fourrage; résistants à la sécheresse

22. Albizzia lebbek Benth. et autres espèces

Kokko, bois noir

Combustible, bois de construction, feuilles et gousses fourragères; résistant à la sécheresse

23. Bauhinia spp.

Bauhinia

Fourrage, combustible

24. Cassis spp.

Cassia

Fourrage, engrais vert

25. Erythrina berteroana Urban et autres espèces

Erythrine

Fourrage, pieux de clôture vivante, combustible, feuilles comestibles

26. Gleditsia spp.

Févier

Arbre d'ombragé, fourrage, haies

27. Gliricidia sepium Steud.

Gliricidia

Fourrage, clôtures, haies; se propage par boutures longues fleurs comestibles; largement adapté

28. Inga spp.

Inga, bois pagode, bois sucré

Ombrage pour caféier, combustible, pulpe comestible; tropiques humides

29. Leucaena lencocephala de Wit

Leucaena

Fourrage, bois de feu, bois d'œuvre, brise-vent, ombrage; bois dense à croissance rapide jeunes gousses et feuilles comestibles, teinture extraite des gousses; principalement tropiques secs

30. Pithecellobium dulce Benth.

Guamuche, campêche marron

Fourrage, haies, pulpe comestible, bois de construction, tanin, teinture; résistant à la sécheresse

31. Prosopis juliflora (Sw.) DC. Et autres espèces

Prosopis, mesquite

Combustible, feuilles et gousses fourragères; très résistant à

la sécheresse



32. Sesbania grandiflora Pers.

Sesbanie

Fourrage ou engrais vert, gousses, jeunes feuilles et parties des fleurs comestibles, fibres extraites de l'écorce, teinture extraite de la sève, combustible, bois à pâte; commun dans les régions sèches

33. Tamarindus indica L.

Tamarinier

Excellent combustible; fournit fruits et légumes; largement adapté

Sources: Golfari, 1963 Little et Wadsworth, 1964; Lamb, 1966 Critchfield et Little, 1966: Grijpma, 1969; Kadambi, 1972 Salazar et Albertin, 1973, 1974 National Academy of Sciences, 1977; Wadsworth, 1943: Roseveare, 1948; Whyte, Nilsson-Leissner et Trumble, 1953.

Casuarina equisetifolia se place au premier rang comme bois de feu, en raison de sa densité qui est d'environ 0,8, et de son adaptabilité à une grande diversité de stations; en outre il pousse vite, constitue d'excellents brise-vent et fixe l'azote. Syzygium jambos fournit aussi du bois de feu, du charbon de bois et des pieux, et produit un fruit comestible. Le tronc rejette après coupe ou élagage et l'accroissement, en surface terrière, a atteint 15 m2 et plus par hectare et par an sur 6 ans dans des sols pauvres (Wadsworth, 1943).

Leucaena leucocephala est l'un des arbres à usages multiples les plus prometteurs, fournissant un fourrage nutritif, du bois de feu, du bois d'œuvre, fixant l'azote dans le sol et servant de brise-vent et d'arbre d'ombragé. Le rendement est de 30 à 40 m3/ha/an. La variété Acapulco, en plantation intercalaire, sert d'étage de couverture pour le caféier, le cacaoyer, le poivrier et la vanille, tandis que la variété Hawaï fournit jusqu'à 8 t/ha/an de fourrage sec consommable contenant 25 pour cent de matières azotées totales. En outre les jeunes feuilles et les jeunes gousses sont comestibles. Les gousses fournissent une teinture.

Albizzia lebbek, essence à croissance rapide, fournit un bois à grain grossier, résistant, assez durable, que l'on utilise pour les meubles, les panneaux, les placages, le tournage, la construction courante, les pieux, le chauffage. Il tolère les embruns salés et la sécheresse, et est largement naturalisé dans toutes les régions tropicales. Les feuilles et les gousses servent de fourrage.

Gliricidia sepium est particulièrement intéressant comme pieu de clôture vivant. On peut le planter sous forme de piquets de 2 m de long, qui rejettent. Il pousse vite, fixe l'azote fournit de l'engrais vert et constitué une excellente espèce d'abri pour le cacaoyer et le caféier. Le bois est dur et peut être utilisé en construction. Souvent on coupe les branches pour les utiliser comme combustible. Le feuillage sert de fourrage pour les bovins, mais est toxique pour les chevaux. C'est une bonne espèce mellifère et on peut le planter en association avec le cacaoyer et le vanillier.

Prosopis juliflora est une espèce résistante à la sécheresse, dont les feuilles et les gousses servent de fourrage. On peut le planter depuis les plaies sèches jusqu'aux stations montagnardes. Il fournit un bois lourd, résistant à la pourriture. On l'utilise pour la menuiserie rurale, le bois de feu et la production d'un charbon de bois de haute qualité. Son écorce est employée pour le tannage des cuirs. Les gousses nutritives sont consommées par les enfants; c'était autrefois un élément important de l'alimentation chez les Indiens du sud-ouest des Etats-Unis. C'est également une espèce mellifère.

Tableau 3. Arbres fournissant fruits ou légumes

Nom scientifique

Nom commun

Propriétés particulières, habitat

Fruits

1. Anacardium occidentale L.

Anacardier, pommier cajou, noix de cajou

Noix nutritives, fruits, feuilles comestibles, tolère la sécheresse et les sols pauvres

2. Artocarpus altilis Fosberg et autres espèces

Arbre à pain et jaquier

Légume féculent, longue période de production prolifique, feuilles comestibles; largement adaptés

3. Carica papaya L.

Papayer

Tige, fleurs et feuilles comestibles, teneur élevée en vitamines A et C, croissance rapide; largement adapté

4. Citrus sinensis Osbeck

Oranger et autres agrumes

Teneur élevée en vitamine C; et autres espèces largement adaptés

5. Cocos nucifera L.

Cocotier

Teneur élevée en huile, source de protéines, très nutritif; largement adapté

6. Elaeis guineensis Jacq.

Palmier à huile

Teneur élevée en huile; adapté aux tropiques humides

7. Macadamia ternifolia F. Muell.

Macadamia, noisetier d'Australie

Noix comestible à teneur élevée en protéines et en huile, très utilisé

8. Malpighia glabra L.

Malpighia

Teneur très élevée en vitamine C; largement adapté

9. Mangifera indica L.

Manguier

Teneur élevée en vitamines A et C, fruit délicieux, feuilles comestibles; largement apprécié

10. Persea americana Mill.

Avocatier

Teneur élevée en huile, prolifique; largement adapté

11. Psidium guajava L.

Goyavier

Teneur élevée en vitamines A et C; largement adapté

12. Tamarindus indica L.

Tamarinier

Fruits, pulpe et feuilles comestibles; largement adapté

13. Theobroma cacao L.

Cacaoyer

Teneur élevée en huile, pulpe comestible, breuvage, largement utilisé

Légumes

14. Abelmoschus manihot Med.

Abelmosch

Feuilles et pousses comestibles, se propage par boutures

15. Chamaedorea spp.

Chamaedorea

Inflorescence comestible; largement cultivé en Amérique centrale

16. Cnidosculus chayamansa McVaugh

Chaya

Feuilles comestibles et nutritives, se propage par boutures; régions sèches

17. Guilielma gasipaes L.H. Bailey

Pejibaye

Fruits nutritifs, cœur de palmier, troncs multiples; largement adapté

18. Morinda citrofolia L.

Morinda

Feuilles comestibles, fruit; pousse bien en bord de mer

19. Moringa oleifera Lam.

Moringa, ben

Feuilles, jeunes gousses et racines comestibles, se régénère par boutures, régions sèches

20. Oreodoxa oleracea

Palmier

Cœur de palmier; plusieurs espèces adaptées à de nombreuses régions

21. Sauropus androgynus Merr.

Sauropus

Feuilles comestibles, arbre de haies, se propage par boutures

Sources: Ochse, Soule, Dijkman et Wehlburg, 1961; National Academy of Sciences, 1975b, 1977; Martin, Telek et Ruberte, 1977.

Sesbania grandiflora est une autre légumineuse à usages multiples, à croissance rapide, qui fournit toute une gamme de produits. Les jeunes gousses, les jeunes feuilles et certaines parties des fleurs sont consommées en salade, en curry et en soupe. La teneur élevée en protéines des feuilles en fait un excellent fourrage et un très bon engrais vert. L'écorce fournit des fibres, et on a extrait une teinture de la sève. D'autres extraits de la plante ont été utilisés en médecine. Cet arbre est également une source de bois de feu et de bois à pâte.

Outre les espèces et genres mentionnés dans le tableau 3, de nombreuses autres espèces arborescentes d'Amérique latine, comprenant Apeiba, Virola, Zanthoxylum, Jacaranda, Tabebuia, Brosimum, Terminalia, Myristica, Quercus, Dalbergia, Trema, des lauracées, Acacia, Albizzia, Bauhinia Cassia, Prosopis, Calliandra, Erythrina, sont utilisées par les populations locales comme sources de combustible, de fourrage, de bois de construction, et d'ombragé.

Arbres fournissant fruits ou légumes. Sur les très petites exploitations agricoles, on devrait donner la préférence à ces arbres, en raison de leurs multiples avantages, et parce qu'ils ont plus de chances de survivre que des espèces à bois d'œuvre. On connaît plus d'un millier d'espaces d'arbres de ce genre convenant aux exploitations familiales. Certaines parmi les meilleures sont mentionnées dans le tableau 3. En règle générale, les espèces choisies doivent être bien adaptées, et ne pas être de trop grande taille. De plus, il est recommandé de choisir une combinaison d'espaces de façon à couvrir les différents besoins nutritifs. Par exemple, on trouve des vitamines A et C dans de nombreuses variétés de fruits, des huiles culinaires dans la noix de coco et le palmier à huile; les protéines, rares dans les fruits, peuvent être obtenues à partir de certaines noix. Une petite unité agricole devrait posséder des arbres de chacun de ces trois groupes. Carica papaya (pagayer), bien que peu longévif, est un arbre remarquable. On peut en consommer les feuilles, la moelle, les racines et les fleurs, en les préparant convenablement. Les fruits peuvent être cuits lorsqu'ils sont verts, ou mangés mûrs. Psidium guajava (goyavier) est un arbre peu exigeant, produisant dès son jeune âge des fruits que l'on peut manger frais ou séchés. Son bois est lourd et peut être utilisé comme combustible ou pour confectionner des ustensiles domestiques.

Anacardium occidentale, Artocarpus spp., Mangifera indica, Tamarindus indica, Spondias dulcis, Achras zapota, Annona muricata, et diverses espèces de Ficus, produisent des fruits bien connus et des feuilles comestibles nutritives. Ce sont des plantes à usages multiples. Abelmoschus manihot, Morinda citrifolia, Sauropus androgynus ont également des feuilles nourrissantes et de goût agréable. Moringa oleifera et Cnidosculus chayamansa ont des feuilles comestibles riches en protéines. De nombreuses espèces de palmiers fournissent des fruits, et l'on peut en consommer le méristème en salade.

Comment aborder l'agrosylviculture

Voici quelques-unes des voies à suivre pour élaborer des projets d'agrosylviculture.

Documentation sur les techniques agrosylvicoles. On peut créer une banque de données rassemblant les informations suivantes sur les techniques agrosylvicoles existantes: espèces utilisées; localisation; niveaux de production en aliments, fourrage, plantes médicinales, fruits, bois; niveau de fertilité et stabilité des sols; régime alimentaire des populations; traditions concernant les variétés cultivées; techniques de plantation, méthodes de traitement et de conservation des denrées alimentaires; revenu annuel engendré.

Méthodes d'évaluation des pratiques agrosylvicoles. Il faudrait mettre au point un système détaillé d'indices, mesurant toutes les entrées et sorties, par exemple en kilocalories ou en dollars (MacKinnon, 1976; Odum, 1971b), afin d'évaluer les avantages multiples et le coût écologique de systèmes agrosylvicoles donnés, et de pouvoir les comparer à d'autres systèmes agricoles possibles.

Listes de variétés cultivées à usages multiples. Listes à établir principalement pour les petites exploitations où l'on cherche à encourager l'agrosylviculture.

Fermes modèles. La création de fermes modèles de taille diverse sur différentes unités topographiques devrait recevoir la priorité.

Agrosylviculture à production soutenue. Le recyclage des éléments nutritifs est un domaine auquel il faudrait accorder une attention toute particulière. Le rythme auquel les éléments nutritifs deviennent assimilables doit être en équilibre avec leur prélèvement par les cultures. Le succès des techniques connues peut sans doute être attribué à l'absence de contrainte vis-à-vis du milieu. Les systèmes culturaux qui simulent la forêt naturelle et le processus de succession naturelle offrent des perspectives prometteuses.

Etudes spécifiques. Il faut étudier l'effet de l'espacement, des successions de plantes, des combinaisons de cultures associées, des techniques de récolte tant sur la teneur en éléments nutritifs que sur la biomasse produite, établir le bilan hydrique et évaluer dans quelle mesure les diverses plantes de l'association rivalisent pour la lumière. Enfin, il faudra contrôler l'efficacité des stimulants, des activités de vulgarisation et de la coopération ayant pour but de promouvoir l'adoption des techniques agrosylvicoles.

Remerciements

J'exprime ma reconnaissance aux personnes qui ont bien voulu faire l'examen critique de cet article: Gerardo Budowski, chef du Département des sciences forestières, Turrialba (Costa Rica); Stanley L. Krugman, chercheur principal en génétique forestière, U.S. Forest Service, Washington, D.C.; Franklin W. Martin, spécialiste en horticulture, Mayaguez Institute of Tropical Agriculture, Mayaguez (Porto Rico); Janis Petriceks, professeur, Sully College of Environmental Science and Forestry, Syracuse (New York).

Helmut Haufe, fonctionnaire forestier régional de la FAO pour l'Amérique latine et les Antilles m'a fourni bien des informations utiles et prodigué ses encouragements dans la première phase de cette étude.

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