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Analyse: à propos d'un rapport sur les forêts tropicales dans le monde

Robert Wazeka

ROBERT WAZEKA est le correspondant en Europe d'un groupe de journaux américains.

Les forêts tropicales suscitent dans le monde un intérêt croissant, notamment aux niveaux les plus élevés. La preuve en est un rapport récent intitulé The World's Tropical Forests: A Policy, Strategy and Program for the United States. Ce rapport a été préparé par une équipe de travail formée de représentants de 15 organismes officiels, notamment le Département d'État, le Service des forêts du Département de l'agriculture et l'Agence pour le développement international. Cette équipe de travail comprenait également des représentants d'instituts scientifiques, d'universités d'organismes chargés des questions d'environnement et d'associations professionnelles et industrielles. Le Département d'Etat a publié un rapport de 53 pages adressé au Président, soulignant ainsi la forte priorité accordée par Washington au développement des forêts tropicales à l'échelle mondiale.

A notre avis, le principal mérite de ce rapport est de reconnaître que l'avenir des forêts tropicales dépend des stratégies de développement des pays tropicaux. Mais cela revient aussi à reconnaître directement le droit souverain qu'exerce chaque nation en matière de contrôle et d'utilisation des forêts. C'est dans cette veine que le rapport examine les causes et les conséquences du déboisement, et les solutions de rechange qui permettraient d'éviter la destruction des forêts.

On ne peut pas expliquer toute l'évolution des forêts tropicales, ni résoudre tous les problèmes qu'elles posent uniquement en fonction des relations entre les ressources renouvelables, la croissance démographique, les modèles culturels et les buts socio-économiques à l'échelle des pays. L'avis, implicitement exprimé dans le rapport avec beaucoup de justesse est que le développement, même s'il est autodépendant et endogène, ne peut pas ignorer les interdépendances extérieures, et qu'il est aussi tributaire de la coopération entre les pays.

Cela est pour nous un autre grand mérite du rapport. Il exhorte à développer les liens entre les organisations nationales et internationales ainsi que la planification et la programmation conjointes. Il préconise un programme pour les Etats-Unis qui serait délibérément établi en fonction de ceux des autres pays et demande également que la stratégie proposée soit évaluée en fonction des activités déjà en cours. Afin d'encourager le pays à intégrer ses efforts dans un cadre international plus vaste, le rapport consacre quatre pages à mettre en lumière les travaux déjà entrepris par des institutions dans d'autres pays, tropicaux et non tropicaux, ainsi que par des organisations internationales. De fait, les éléments prioritaires de la stratégie internationale proposée - surveillance continue, recherche, échange d'informations, formation et développement des institutions - sont communs à un certain nombre de programmes existants, notamment celui de la FAO.

Le rapport note que la FAO, avec l'appui du PNUE, vient de terminer un inventaire expérimental en Afrique occidentale (Bénin, Cameroun et Togo) duquel ressort nettement la façon dont les images de Landsat, la reconnaissance et la photographie aérienne ainsi que les données recueillies au sol peuvent être associées pour établir des inventaires forestiers sous les tropiques. Plus important encore la FAO, là aussi avec l'aide financière du PNUE, met la dernière main à une réévaluation détaillée de l'étendue des forêts tropicales dans le monde. Une fois publiée, en 1981, elle donnera les bases voulues pour procéder à des mesures objectives jusque-là impossibles, on pourra enfin suivre en permanence l'importance et l'état des ressources forestières tropicales de toute la planète.

Ce rapport est rédigé avec une note de modestie qui devrait lui valoir d'être bien accueilli par les lecteurs du monde entier. Il reconnaît l'utilité de la technologie et des autres ressources des (Etats-Unis). mais il note également que le pays est relativement pauvre en spécialistes des forêts tropicales et qu'il faudrait avant tout un renforcement des institutions et du personnel forestier dans les pays tropicaux eux-mêmes.

Des stratégies de développement général qu'adopteront les pays tropicaux eux-mêmes dépendra le sort de leurs forêts

Le rapport définit pour les Etats-Unis une série d'objectifs à cinq, dix et vingt ans d'échéance, qui sont tous importants pour ce pays. Ces objectifs sont peut-être optimistes, mais ils méritent certainement d'être sérieusement étudiés à l'échelle mondiale et, en ce qui nous concerne, nous pensons qu'ils devraient être largement appuyés.

Tout en établissant d'une façon convaincante qu'il y a lieu de se préoccuper du futur des forêts tropicales, le rapport exhorte à améliorer l'aménagement de ces forêts et non pas à les soustraire aux activités de développement et d'exploitation. Le rapport conclut essentiellement qu'il est temps de rehausser le faible rang de priorité actuellement accordé à l'aménagement des ressources forestières - par opposition à l'exploitation pure - dans de nombreux pays.

Il faudrait faire traduire ce rapport dans d'autres langues et le diffuser dans le monde entier.

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