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Production de bois de feu dans les systèmes traditionnels d'agriculture

B. Ben Salem et Tran van Nao

B. BEN SALEM et TRAN VAN NAO sont fonctionnaires du Département des forêts de la FAO, ment de l'environnement rural dans son ensemble.

L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE AU BANGLADESH ceux qui travaillent effectivement la terre pour en tirer leur nourriture savent l'importance des arbres

L'histoire du bois de feu dans les pays en développement montre bien à quel point les communautés rurales dépendent des forêts et des arbres. Au cours des ans, on en est venu à manquer de bois de feu, les ruraux ayant de plus en plus de mal à s'approvisionner tous les jours; l'environnement lui-même se dégrade en bien des endroits. Si l'on n'y met pas fin, la survie même des hommes sera compromise dans certaines régions du monde.

Les causes de cette situation sont bien connues. La pression démographique croissante est généralement considérée comme le facteur le plus important.

Mais indépendamment des rapports qui peuvent exister entre l'évolution démographique, la pénurie croissante de bois de feu et la détérioration de l'environnement, on a longtemps négligé les relations existant dans le monde rural entre l'agriculture traditionnelle et le rôle actuel et potentiel des forêts. Or la sylviculture rurale pourrait non seulement produire suffisamment de combustible et d'autres biens et services essentiels aux populations rurales, mais aussi contribuer à stabiliser les bases des systèmes de production alimentaire et à arrêter ou renverser la tendance à l'appauvrisse

La foresterie rurale dans l'agriculture traditionnelle

Partout dans le monde, le bois de feu manque justement dans les régions où la pression agricole est le plus forte, c'est-à-dire dans les régions arides et semi-arides de climat tropical, subtropical et méditerranéen, et dans certaines zones plus humides très fortement peuplées. Ces régions sont surtout caractérisées par la vulnérabilité des ressources en bois et par le danger qui s'attache à leur exploitation à cause de la fragilité des sols et de l'irrégularité du climat. Pour des raisons aussi bien économiques que sociales, les seules sources d'énergie à la portée des populations rurales et d'une partie des citadins sont des matières organiques, en particulier le bois et le charbon de bois.

L'agriculture traditionnelle a souvent réussi à intégrer des arbres utiles aux activités agricoles et à assurer un approvisionnement fiable et régulier en bois pour les besoins locaux. Une description rapide de certains systèmes agricoles traditionnels permet de se faire une idée de la complexité des systèmes qui se sont développés au cours des âges et d'illustrer à quel point la sylviculture rurale peut être efficace dans une large gamme d'environnements, depuis les régions humides jusqu'aux zones arides.

Jardins familiaux traditionnels

Dans toute l'Asie du Sud-Est (Malaisie, Indonésie, Sri Lanka, Viet Nam et Thaïlande), les jardins familiaux situés dans des plaines fertiles très arrosées ont une importance considérable. Dans ce type de jardin, la végétation à plusieurs strates, caractéristique des tropiques, est reconstituée avec des arbres fruitiers ou des arbres à usage multiple, qui produisent toute l'année des fruits ou d'autres éléments comestibles, du fourrage et du bois de feu.

L'étage supérieur est généralement composé d'arbres tels que les cocotiers, les dourians, les manguiers, les caïnitiers (Chrysophyllum cainito) et les jaquiers. En dessous se trouve un étage comprenant plusieurs essences d'Eugenia (dont la plus répandue est le jambosier, Eugenia jambolana), de Psidium guava, Nephelium lappaceum et diverses annonacées. Le sous-étage peut être composé de Carica papaya (papaye), d'orangers et de plantes utiles de la famille des marantacées, par exemple Maranta arundinacea, et des zingibéracées (Zingiber spp. et Curcuma spp.). Ici et là Sesbania grandifolia est planté pour produire des perches destinées aux constructions légères, de l'écorce utilisée en médecine et des fleurs qui sont mangées comme légume; en outre, cette essence enrichit le sol en azote. En bordure des jardins, on plante des touffes de bambou.

Le bois de feu est obtenu avec les petits bois d'élagage, le bambou, Sesbania ainsi que les palmes de cocotier et les coques de noix de coco. Six cocotiers de plus de cinq ans permettent de satisfaire les besoins en bois de feu d'une famille de cinq personnes. Les jardins familiaux traditionnels ont contribue à maintenir la fertilité des sols et à assurer un approvisionnement fiable en bois de feu. Ainsi, à Java-Est, 63 pour cent du bois de feu proviennent des jardins de ferme et à Java central, 49 à 81 pour cent du bois de feu proviennent des jardins familiaux où des essences à croissance rapide telles qu'Albizzia falcataria ont été introduites. Dans un bassin versant de Java central, on a estimé que la production est comprise entre 7 et 9 m3/ha/an.

Divers dispositifs permettent de cultiver des arbres sur 2 à 5 pour cent des terres agricoles pour produire du bois de feu et d'autres biens sans perte de production agricole

Association Combretum/riz

En Asie du Sud-Est, dans des régions où les précipitations vont de 1500 à 2 000 mm et sont concentrées sur cinq à six mois, l'association riz/combretacées est courante. La principale activité agricole est la riziculture, pratiquée en saison des pluies, mais depuis toujours des arbres sont associés aux rizières. Les rizières sont des carrés d'un hectare chacun, délimités par de petites digues où deux rangées de Combretum quadrangulare sont plantées à un espacement de 1,5 x 1,5 m. Sur des digues plus larges, on plante parfois Calophyllum inophyllum pour obtenir des graines dont on extrait de l'huile utilisée pour l'éclairage. Combretum est aménagé en taillis avec une révolution de cinq à six ans. Ainsi les paysans coupent chaque année le bois sur un cinquième ou un sixième de la longueur des digues. On estime qu'à la première coupe la production de bois de feu est de 0,6 à 1.0 m3 pour 400 mètres linéaires de plantation; à la deuxième et à la troisième révolution, elle peut être deux fois plus élevée.

Systèmes de jachère

Ces jachères sont des adaptations des systèmes d'agriculture itinérante pratiqués partout en Asie, en Afrique et en Amérique latine parmi les paysans vivant en autosubsistance pour reconstituer la fertilité des sols et s'approvisionner en bois de feu, fourrage et produits forestiers secondaires. Certains systèmes de jachère de brousse présentent un intérêt particulier.

Le gommier est utilise depuis longtemps pour régénérer la fertilité des sols dans de vastes zones, en particulier au Soudan dans les provinces de Kordofan et de Darfour et dans certaines parties des provinces du Nil Bleu et de Kanala. La jachère à Acacia senegal permet de produire alternativement des cultures de plein champ et de la gomme arabique, selon une rotation bien définie. Typiquement, le cycle commence par le défrichage d'Acacia senegal (on laisse en place les arbres importants tels que Balanites egyptiaca) pour cultiver pendant quatre à dix ans Pennisetum typhoideum et Sorghum vulgare, jusqu'à ce que le sol s'épuise et soit infesté par Striga hermonthica, parasite des racines de ces céréales. Au cours d'un deuxième stade, on plante ou l'on régénère Acacia senegal qui, au bout de trois ans, atteint environ 1 m de haut. Pendant une troisième phase, qui dure de 6 à 10 ans, les acacias dominent, on en exploite la gomme et on les utilise comme fourrage et bois de feu. Enfin, quand à la suite de saignées répétées les arbres commencent à mourir, on les coupe et le cycle recommence.

Au Kurdistan et dans les monts Zagros en Iran, la population locale applique une rotation qui ressemble beaucoup au système de jachère à gommier mais selon un cycle trop court, pouvant entraîner la détérioration du sol. Ce système comporte l'exploitation des broussailles et arbustes naturels comme bois de feu. Après l'exploitation, on laboure et on sème de l'orge. Ensuite, après une seule récolte, la terre reste en jachère pendant 3 à 5 ans pour permettre à la végétation naturelle de se reconstituer. La production totale de bois de feu dans ces jachères de brousse peut être estimée de 15 à 25 m3 pour la période de repos d'environ cinq ans.

Au sud de l'Iran, les paysans qui pratiquent une agriculture irriguée plantent Tamarix spp. autour des champs pour protéger leurs potagers. Quand ils abandonnent la terre au moment où l'eau des puits commence à se saliniser, ils plantent des tamaris pour réduire la salinité du sol avant d'aller cultiver un nouveau lopin. Cette pratique permet de produire non seulement du bois de feu, mais aussi des tuteurs pour les légumes. Au bout de trois à quatre ans, on arrache les tamaris et l'on utilise aussi bien les racines que les parties aériennes comme bois de feu. A raison de 200 pieds/ha, on obtient de 4,7 à 6,5 m3/ha de bois de feu au bout de quatre ans, sans compter 0,8 à 1,2 m3 de racines.

Un autre système de jachère de brousse adopté pour régénérer et enrichir les forêts sèches est le système «rab-et-kumri» pratiqué en Inde. C'est un type de taungya qui consiste à régénérer les essences xérophiles produisant du bois de feu par blocs ou par bandes après un ou deux ans de cultures vivrières. Le fermier doit s'assurer que les souches rejettent bien ou, à défaut, il doit semer ou planter. Dans ce système, la forêt naturelle n'est pas remplacée par une plantation homogène comme dans la taungya classique; il fournit cependant aux paysans une certaine quantité de bois de feu pour les besoins domestiques.

Essences légumineuses/cultures vivrières

Ce système est utilisé dans de vastes zones semi-arides où la fertilité des sols et les disponibilités en eau sont les facteurs limitants de la production vivrière. Deux essences légumineuses sont généralement utilisées à cet effet, à savoir Acacia albida et Prosopis spp. Acacia albida convient bien dans les savanes ou les régions semi-arides où les précipitations sont comprises entre 300 et 900 mm/an. Les habitants de ces zones favorisent la régénération et la plantation de cet arbre pour entretenir la fertilité des sols et produire du fourrage et du bois de feu. Dans l'ouest du Sénégal, les Sérères se servent d'Acacia albida pour accroître la production de mil en améliorant la fertilité des sols. L'influence de chaque arbre se fait sentir sur 100 à 300 m2, de sorte qu'il suffit de 100 arbres/ha pour entretenir indéfiniment la teneur nutritive de la terre arable. La forte densité démographique (80-100 habitants/km2) observée dans cette région n'est possible que parce que cette méthode permet d'entretenir la fertilité des sols.

Les jardins familiaux traditionnels en région tropicale contribuent à entretenir la fertilité des sols et à assurer un approvisionnement fiable en bois de feu. A Java, ils produisent jusqu'à 81 pour cent du bois de feu nécessaire

Les diverses espèces de Prosopis, tout comme Acacia spp., ont été utilisées traditionnellement dans l'agriculture pour améliorer la fertilité des sols dans nombre de zones arides. Dans le désert du Rajasthan, en Inde, le principal arbre cultivé en terre agricole est Prosopis cineraria. Comme dans le cas d'Acacia albida, les paysans protègent soigneusement les jeunes plants pour assurer leur survie et leur croissance. Au bout de 15 à 20 ans, on émonde chaque année Prosopis cineraria pour obtenir du fourrage. La production moyenne de feuilles est de 3 kg/arbre/an, outre quelque 80 kg de branches et de petit bois utilisés pour le feu.

Arbres d'ombrage/cultures industrielles

La plantation d'arbres d'ombrage dans les cultures industrielles (caféier, cacaoyer, poivrier et théier) est bien documentée. A Sri Lanka, Glyciridia spp. sert de tuteur vivant pour les poivriers ou d'arbre d'ombrage pour les théiers. Un élagage bien conduit permet d'obtenir une certaine quantité de bois de feu chaque année. Bien que cette production soit faible si elle est rapportée à l'hectare de plantation, la production potentielle peut être considérable en raison de la vaste superficie des plantations de théiers et de poivriers sous les tropiques.

Au Costa Rica, l'association de caféiers, lauriers et Erythrina donne de bons résultats. On maintient une densité à l'hectare de 100 à 120 plants de laurier (Cordia alliodora) et de 140 à 150 plants d'Erythrina. Erylhrina, étant une légumineuse, fixe l'azote. Le laurier, par son système radiculaire, mobilise les éléments minéraux du sol et les fait parvenir à la strate de feuille et de litière. Un élagage d'Erythrina au bon moment, après la saison sèche, favorise la floraison et la fructification, tout en produisant une certaine quantité de feuilles vertes qui sont enfouies. Pendant la saison sèche, Erythrina n'est pas élaguée, de manière à donner de l'ombrage et réduire l'évapotranspiraion. L'exploitation de laurier à une révolution de 10 à 15 ans permet d'obtenir du bois d'œuvre et du bois de feu.

Système des haies

Rideaux-abris et brise-vent sont plantés dans bien des pays pour modifier les microclimats et améliorer les rendements agricoles quantitativement et qualitativement. Outre son effet sur la production agricole, ce système permet d'obtenir des produits marchands de bonne qualité et une quantité notable de bois de feu lors des opérations d'entretien et d'aménagement des plantations. Dans de nombreux pays du Proche-Orient, les paysans plantent depuis très longtemps des variétés locales de peupliers (Populus nigra, Populus alba) en bordure des champs et le long des canaux d'irrigation, dans le double dessein de produire du bois et de protéger les cultures. Ainsi, au Yémen du Sud, un kilomètre de rideau-abri, constitué par deux rangées de Conocarpus lancifolius, planté en terrain alluvial irrigué, produit environ 350 m3 de bois de feu au bout de 20 ans, soit en moyenne 17 m3/km/an.

Evolution des pénuries de bois de feu

On pourrait citer aussi d'autres exemples de foresterie rurale. Ils représentent toute une gamme de pratiques forestières et d'adaptations efficaces pour faire face aux besoins de bois de feu. Mais ces systèmes se distinguent des plantations classiques par plusieurs caractéristiques. Tout d'abord, le bois de feu produit dans les communautés agricoles est composé de divers types de matériel ligneux provenant d'une vaste gamme d'essences. Les paysans plantent souvent non pas une seule essence mais plusieurs qui sont souvent à usage multiple, pour satisfaire divers besoins économiques et écologiques spécifiques.

Une autre caractéristique importante dans la production du bois de feu réside dans la sélection presque exclusive d'essences capables de produire non seulement du bois de feu, mais aussi de la nourriture, du fourrage ou des produits marchands, ou de faciliter la production ou la protection de ces biens en entretenant et en améliorant la fertilité des sols. En économie de subsistance, on considérait souvent le bois de feu dans le passé comme un sous-produit des efforts faits pour produire de quoi nourrir la famille.

Une troisième caractéristique des communautés agricoles est qu'elles consomment relativement peu de bois de feu. Les agriculteurs traditionnels qui vivent en économie de subsistance limitent leur consommation de bois de feu au strict nécessaire. Les pratiques décrites ci-dessus suggèrent que dans ces conditions, lorsque la terre ne manque pas et que les communautés paysannes peuvent produire de quoi se nourrir et intégrer la production d'arbres dans leur système d'utilisation des terres, on peut faire face aux besoins immédiats et futurs de bois de feu.

Comment assortir les arbres aux systèmes de culture - quelques exemples

Espèce

Système dans lequel cette espèce est cultivée ou avec lequel elle est associée

Bois de feu

Bois d'œuvre et d'industrie

Bois de service à usage rural

Autres utilisations

Mode de multiplication

Précipitations annuelles, climat et sois

1. Acacia arabica

Rideaux-abris
Arbres d'ombrage
Jachère de brousse

XX


X

Gousses utilisées comme fourrage

Semis direct sur buttes, en lignes ou en bandes

Alluvions sur limon terrain humide

2. Albizzia falcataria

Arbres d'ombrage
Plantations règulieres en foret de ferme

XX

XX

X


Semis direct ou plants élevés en pépinière

Large gamme de sois, mais de préférence sols limoneux et pluviométrie suffisante

3. Bambusa spp.

Haies vertes
Plantations régulières en foret de ferme
Autour des maisons

X

X

XX

Matière première pour l'artisanat
Utilisation des pousses pour l'alimentation

Rarement a partir de semences
Boutures de rhizomes et de tiges

Sols limoneux ou argileux; pluviométrie moyenne a élevée

4. Calophyllum inophyllum

Arbres d'ombrage pour l'agrément (bords de route, voisinage des maisons, jardins publics).


XX


Huile d'éclairage

Plants élevés en pépinière

Sols limoneux/ argileux climat modérément humide à très humide

5. Cassia siamea

Arbres d'ombrage en plantation

XX

X



Semis direct en lignes

Pluviométrie élevée (la croissance n'est pas bonne en climat sec)

6. Casuarina equisetifolia

Systèmes agro-sylvicoles
Brise-vent

XX

XX

X

Tannin écorce

Plants élevés en pépinières; espacement entre 800 de 1,5x2 m ou, si la plantation est trop dense, éclaircie précoce

Sols sableux; pluviométrie entre 800 et 5000 mm

7. Combretum quadrangulare

Talus (digues) délimitant les rizières

XX


X

Médicaments

Semis élevés en pépinières, semis direct possible

Sols limoneux, la croissance est plus lente en sols sableux; pluviométrie moyenne 1500 à 2 000 mm en 5 à 6 mois

8. Cordia alliodora

Systèmes agro-sylvicoles
Arbres d'ombrage pour les plantations de caféier


XX

X


Semis direct (succès mitigé); plants élevés en pépinière(grand espacement ou bien éclaircie précoce nécessaires); régénération naturelle bonne

Terrain humide bien draine, pluviométrie de 1 500 à 2 000 mm

9. Glyricidia spp.

Arbres d'ombrage en plantation ou tuteurs vivants

X


X


Semis direct ou stumps

Sol alluvial ou argileux; pluviométrie élevée ou conditions humides

10. Grevillea robusta

Arbres d'ombrage dans les plantations de théier et de caféier
Plantations en bord de route


XX



Plants élevés en pépinière

Sols sableux, 700 à 1500 mm de pluie pendant l'été

11. Leucaena glauca

Brise-vent
Arbres d'ombrage
Plantations autour des maisons

XX


X

Fourrage
Engrais vert
Fixation de l'azote

Semis direct ou boutures

Sols neutres ou alcalins; la croissance est mauvaise en sols acides; pluviométrie de 600 à 1700 mm

12. Morus indica (M. alba)

Plantations régulières pour l'élevage des vers à soie; plantations en bord de route avec irrigation ou en bord de canal

X

X


Fruits, feuilles pour la sériciculture

Semis direct ou boutures de branche

Sols sableux légers; pluviométrie moyenne à forte, 1800 à 2500 mm

13. Pithecellobium saman

Arbres d'ombrage et d'agrément

XX

X


Fourrage
Produits médicinaux

Semis direct ou plants élevés en pépinière

Sols argileux ou limoneux; pluviométrie élevée; conditions humides

14. Prosopis spp.

Plantations de bois de feu
Jachère de brousse

XX


X

Fourrage

Semis direct (avec irrigation) ou plantation de stumps

Sol sec, humidité modérée; pousse en terrain rocheux et salin

XX - usage principal X - usage courant.

Mais depuis plusieurs dizaines d'années, ce système a subi des pressions croissantes provoquées par des facteurs distincts mais interdépendants, dus moins à des raisons techniques qu'au système d'utilisation des terres lui-même. Les premiers efforts faits pour améliorer les systèmes d'agriculture de subsistance ont surtout visé à produire des cultures de rapport annuelles et la culture extensive a fait reculer la couverture arborescente et épuisé la fertilité des sols. Comme les arbres n'étaient plus là pour recycler les éléments fertilisants et créer de l'humus, il a fallu avoir recours aux engrais commerciaux. Ceux-ci ont donné quelques bons résultats, mais ils ont rendu les paysans encore plus dépendants. Un autre facteur est l'intensification de l'élevage, pour laquelle on ne s'est pas occupé de la production de fourrage, ce qui a amené une plus grande pression sur les ressources arborescentes en bois et réduit l'étendue des parcours boisés.

Avec la multiplication des grands centres de population rurale et l'expansion des villes, le bois de feu qui était autrefois gratuit est devenu un bien commercial nécessaire non seulement à la cuisine et au chauffage, mais aussi à divers usages artisanaux et industriels tels que la fabrication de briques et de chaux, la tannerie, la céramique et la poterie, la brasserie et la transformation des denrées alimentaires. Cela a provoqué une réduction rapide des ressources en bois de feu. Les communautés paysannes ont de plus en plus de mal à se procurer du bois et doivent aller le chercher de plus en plus loin.

Potentiel et limites de la sylviculture rurale

De ce qui précède, il semble évident que la sylviculture rurale est la solution la plus naturelle du problème du bois de feu dans les zones rurales. Il apparaît aussi que les arbres et la végétation forestière peuvent être intégrés de diverses façons dans les systèmes traditionnels d'utilisation des terres. Enfin, il est clairement démontré que cette intégration n'est pas simplement une coïncidence, mais le résultat de systèmes bien raisonnés, conçus pour améliorer la production alimentaire de subsistance et réduire la dégradation des terres.

Ces conclusions ont des conséquences importantes pour la politique de production de bois de feu. En effet, elles suggèrent qu'il faudrait réexaminer les modèles de plantations d'autrefois, qui étaient basés essentiellement sur des interventions dans le domaine forestier et dans les terres marginales. Il faut une conception de la sylviculture qui embrasse toute la gamme des pratiques d'aménagement des terres. Par exemple, le secteur agricole doit englober la production d'arbres forestiers, dont le rôle serait de soutenir la production agricole, de diversifier les sources de revenus et de combattre la dégradation des terres.

En agriculture traditionnelle dans les économies de subsistance, les besoins de bois de feu ne sont pas excessifs. Tant qu'il y a suffisamment de terre, les paysans peuvent intégrer la production d'arbres avec les autres utilisations des terres de façon à satisfaire leurs besoins de bois de feu dans l'immédiat et à plus long terme

Entre 2 et 5 pour cent des terres agricoles peuvent être libérés pour des plantations d'arbres arrangés selon divers dispositifs, sans perte pour la production agricole. Cela pourrait contribuer puissamment à résoudre les problèmes fondamentaux de l'alimentation et de l'amélioration des terres, tout en permettant de produire le bois de feu nécessaire au secteur rural.

Pour mettre en œuvre ces politiques, il faudra un programme d'amélioration ou d'introduction de la sylviculture traditionnelle dans les communautés agricoles. Il faudra mettre au point un certain nombre de solutions techniques comportant l'intégration des arbres dans l'agriculture. De plus, il faudra que la sylviculture, jusqu'ici essentiellement axée sur la production, s'oriente vers des objectifs agricoles. Le bois de feu et le fourrage seront alors parmi les produits les plus importants de la forêt. Cela demande une connaissance plus approfondie des espèces d'arbres les mieux adaptées à la région et à la population; il n'en faudra pas moins sélectionner des races à croissance rapide d'espèces indigènes et exotiques relativement peu vulnérables aux parasites, maladies et autres agents biologiques locaux. Et cela n'éliminera pas non plus la nécessité de mettre au point des techniques sylvicoles adaptées aux différents systèmes de production rurale.

Mais on ne peut s'attendre que ce programme donne des résultats positifs tant que l'on n'aura pas étudié à fond le cadre socio-économique préexistant qui a entraîné la surexploitation des arbres sur les terres agricoles. Une solution qui donne des résultats rapides dans une région peut échouer ailleurs. Dans certaines zones, on pourrait introduire des arbres et arbustes sans bouleverser l'économie locale parce que les domaines sont vastes ou qu'il y existe une agriculture intensive. Ailleurs cela ne sera pas possible parce que les exploitations sont trop petites et que les gens en ont besoin pour se nourrir. Dans les terres de haute altitude peuplées de petites communautés agricoles, il est impossible d'introduire des arbres sans fournir une assistance a ceux qui tirent leur subsistance soit entièrement ou soit en partie de la couverture végétale existante.

Pour que la sylviculture traditionnelle devienne partie intégrante de l'aménagement rural, il faudra que les agriculteurs qui travaillent leurs terres soient formés et aidés par des services de vulgarisation. En outre, la sylviculture rurale n'aura de succès que si les cultivateurs s'y adonnent volontairement. Mais avant tout, il faut que les pouvoirs publics reconnaissent qu'en raison de la croissance démographique conjuguée avec la pénurie de bois cette intégration de la foresterie à l'agriculture est de plus en plus urgente pour satisfaire des besoins de première nécessité, en particulier l'approvisionne ment en bois de feu.

JOURNÉE MONDIALE DE L'ALIMENTATION

16 octobre 1981

AUJOURD'HUI, TROP DE PERSONNES SOUFFRENT ENCORE DE LA FAIM.

Malnutrition chronique. Sécheresses, inondations, catastrophes naturelles. Nombre croissant de réfugiés. En 1981, au moins 420 millions de personnes sont sous-alimentées. La pénurie alimentaire entraîne d'autres problèmes. Taux élevé de mortalité infantile. Mauvaise santé. Et ce sont les enfants qui en souffrent le plus.

La pauvreté est la cause principale de la faim. Ces deux fléaux menacent la paix du monde Avec une production accrue, une meilleure distribution, des connaissances plus étendues et des revenus plus élevés, on pourrait mieux nourrir plus de gens.

L'ÊTRE HUMAIN A DROIT A LA NOURRITURE QUI LUI EST NÉCESSAIRE POUR VIVRE.

La Journée mondiale de l'alimentation est l'occasion de faire quelque chose pour lutter contre la faim dans le monde.

C'est le moment de rendre hommage à ceux qui produisent la nourriture et à ceux qui travaillent la terre. C'est l'occasion d'en apprendre plus sur les raisons de la faim dans le monde et sur les moyens de la vaincre.

La Journée mondiale de l'alimentation sera observée chaque année le 16 octobre, jour anniversaire de la fondation de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

LE SECRÉTARIAT DE LA JOURNÉE MONDIALE DE L'ALIMENTATION, SITUÉ AU SIÈGE DE LA FAO A ROME, SOUHAITE CONNAÎTRE VOS PLANS ET EST PRÊT A VOUS AIDER SI POSSIBLE.

LA PARTICIPATION A LA JOURNÉE MONDIALE DE L'ALIMENTATION APPELLE:

· Le renouvellement des engagements et des ressources en faveur de programmes d'alimentation et de développement.

· Une action internationale concertée pour s'attaquer aux problèmes alimentaires.

· Le parrainage d'activités et de célébrations:

- séminaires et débats sur les causes de la faim et solutions proposées
- analyses et articles d'information dans la presse, programmes de radio et de télévision
- expositions locales et fêtes de la moisson; prix décernés aux agriculteurs
- concours de rédaction pour les écoliers
- services religieux spéciaux et réunions
- timbres, monnaies et médailles émis par les gouvernements


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