Annexe 12
Evaluations économiques des élevages aquacoles susceptibles d'être développés en Tunisie

par

Ulf N. Wijkström

Remarques sur la méthode d'analyse économique

Pour chaque unité de production, il y a un tableau d'investissement et un tableau de bénéfices, ou de pertes. Les prix unitaires et les quantités utilisés sont indiqués dans ces tableaux. Les prix unitaires sont de récente date (1981/1982).

Le but des analyses a été d'obtenir une idée sur la probabilité qu'une certaine ‘unité de production’ puisse être rentable. L'analyse est assez sommaire et elle se base sur le résultat attendu d'une année type de production.

L'analyse reste sur l'hypothèse d'une inflation zéro, ou d'une inflation qui affectera tous les prix dans la même proportion.

Dans ce cas, l'inflation étant zéro, le taux d'intéret annuel utilise dans le calcul est de 10%. Pour des raisons de calcul, ce taux annuel d'intérêt est appliqué à raison de 5% sur la totalité de l'investissement ou bien de 10% sur la moitié de l'investissement.

1. Elevage de mulets en enclos

1.1 Installations

Un hectare d'enclos divisé en trois unités: chaque unité divisée en trois enclos. Total: 9 enclos par hectare.

1.2 Matériaux

Mètre linéaire de filets:

Filet:

• 1,5 mm; 12 mm de côté; prix 0,725 DT/m²

• 2,5 mètres de hauteur pour chaque mètre linéaire;

donc: 2,5 × 1 000 = 2 500 m² par hectare

Piquets:

• chaque piquet: 4 m (dont un enfoncé dans le sable)

• 4 piquets sur 6 mètres linéaire d'enclos

donc (1 000 : 6 × 4) = 667 piquets

667 × 4 = 2 667 mètres linéaires de piquets

1.3 Opérations

Stockage à partir des alevins capturés. Alimentation avec granulés pour poulets (starter). Capture des poissons à poids marchand (entre 300 et 600 grammes; moyen 500 g) avec filets.

Alevins:

• achetés par le cultivateur/pisciculteur: deux hypothèses de prix

  1. 30 DT/1 000;

  2. 40 DT/1 000;

• taille moyenne: 10 cm;

• poids moyen: 10 g;

• espèces: prépondérance Cephalus labrosus.

Densité d'élevage

La densité varie selon les taux de production envisagés. Pour une production de 2 000 kg/ha/an et un poids moyen de commercialisation de 500 grammes, il faut sortir d'un étang 4 000 poissons. Si la mortalité est 20% du moment de stockage au moment de capture, il faut mettre 5 000 alevins dans l'enclos (d'une superficie d'un hectare) c'est-à-dire un pour chaque deux mètres carrés. Pour une production de 5 000 kg/ha/an il faut en mettre 12 500. Cela suppose que, étant donné une alimentation supplémentaire, le mulet moyen peut grossir de 10 g jusqu'à 500 grammes en une année (environ 1,3 g d'accroissement/jour moyen).

Aliments

Aliments pour volaille: alternative haute

• taux de conversion: 3,0
• prix: 0,100 DT/kg (actuellement vendu 0,066 DT/kg)
• quantité: 3,0 × (5 000 - 125) = 14 625 kg

Aliments de volaille: alternative basse

• taux de conversion: 2,5
• prix: 0,080 DT
• quantité: 2,5×(5 000 - 125) = 12 188 kg.

Tableau 1.2 Bénéfices/pertes par an par “Unité de production”

Unité de production: enclos - mulet (1 ha)

Date de préparation: 10.5.1982

1.4 Résultat

Tableau 1.2: indique le résultat prévu pour un élevage de mulets dans une exploitation familiale de 1 hectare d'enclos.

Le revenu est basé sur un prix de vente à la production de DT 1,250/kg.

A ce prix, le bénéfice hors salaires est de l'ordre de DT 2 700 à 3 400/an. Cette marge permet d'embaucher 2 ouvriers à plein temps, ce qui est largement suffisant pour le travail occasionné par cette exploitation.

Tableau 1.1 Investissement par unité de production

2. Elevages de mulets en étangs. Cas typique d'exploitation familiale.

2.1 Installations

La ferme familiale comprend 4 bassins d'un demi hectare chacun. La surface totale des étangs est de 2 hectares. Les étangs doivent être construits avec une terre argileuse (pour éviter des fuites par infiltration). Des sites favorables semblent se trouver sur les bords de la lagune de Hergla.

Les étangs seront alimentés en eau par une pompe. La pêche se fait par vidange des étangs. La vidange se fait par gravité.

La ferme a besoin d'un bâtiment pour abriter un stock d'aliments, les matériaux de pêche et pour le gardiennage.

2.2 Opérations

Le poisson principal de l'élevage sera le mulet. Les alevins des mulets seront pêchés dans des lagunes ou dans des embouchures de petites rivières. La pêche sera faite soit par les ouvriers de la ferme, soit par des équipes indépendantes qui vendront les alevins au fermier. L'analyse économique est faite selon cette dernière alternative.

L'élevage sera intensif. Les poissons seront nourris à partir des aliments pour poulets (starter) actuellement produits en Tunisie et mis en vente pour DT 0,066 le kg. Pour être prudent, l'analyse économique se base sur un prix de DT 0,080 le kg.

2.3 Investissement

L'investissement nécessaire est détaillé au tableau 2.1. L'investissement total est d'environ DT 35 000, dont les ⅔ environ représentent la construction des étangs.

2.4 Résultat

Le résultat économique de l'élevage est détaillé au tableau 2.2. Le résultat projeté est très positif.

Le résultat se base sur une production de 5 tonnes/ha/an et un prix de vente ex-ferme de DT 1 250/kg. Ces deux hypothèses paraissent pleinement réalistes.

Tableau 2.1 Investissement par “Unité de Production”

Tableau 2.2 Bénéfices/Pertes par cycle et par unité de production

3. Elevage de loup en cages; exploitation familiale pour le marché de Tunis

3.1 Installations

L'unité familiale consiste en 10 cages, une petite embarcation et du matériel pour la manipulation des poissons. Les cages sont du type proposé par la mission pour le centre national de développement de l'aquaculture à Monastir. Chaque cage a un volume de 28 m³.

3.2 Opérations

L'analyse se base sur l'idée que l'entreprise pourra acheter des alevins de loup de 20 à 25 grammes d'une écloserie commerciale (privée ou gouvernementale) et que le prix sera de DT 300 pour mille alevins. Il est prévu que les alevins atteignent une taille de 330 grammes sur une période de 15 mois. L'entreprise aura besoin d'une surveillance constante et de main d'oeuvre pour la distribution des aliments. Les ventes se feront directement au marché de gros à Tunis.

3.3 Investissement

Les investissements sont reportés au tableau 3.1. Le calcul repose sur l'hypothèse que, dans l'élevage en cage, un des facteurs essentiels est la robustesse de la matière utilisée pour la construction des cages car la dépréciation ne représente qu'une infime partie du coût total.

3.4 Résultat

Le tableau “Bénéfices/Pertes” montre que même avec des hypothèses favorables à tout point de vue, une unité familiale d'élevage de loup en cage aura du mal à se défendre économiquement en vendant sa production sur le marché tunisien.

Tableau 3.1 Investissement par "Unité de Production

Tableau 3.2 Bénéfices/Pertes par cycle et par unité de production

¹ Chiffre annuel
² Le cycle de production est de 15 mois

4. Elevage de mulets en étangs existants à Monastir

4.1 Installations

La mission a étudié trois hypothèses d'utilisation des bassins existants à Monastir. Suite aux discussions et évaluations des membres de la mission, l'alternative II a été retenue comme la meilleure.

L'aménagement proposé par l'hypothèse II répond au fait que la production des bassins peut être améliorée en assurant une circulation des eaux. Aussi en modifiant les entrées et les sorties d'eau existantes, il sera possible d'isoler les étangs et d'assurer ainsi une pêche plus facile et un meilleur contrôle des eaux.

L'aménagement proposé est indiqué sur la figure 16.1. Les travaux détaillés sont identifiés sur les figures 16.5 et 16.6 (voir annexe 16).

4.2 Opérations

Etant donné les caractéristiques des bassins, il est considéré que l'élevage des mulets en semi-intensif représente l'exploitation la mieux adaptée.

Les alevins du mulet seront acquis à travers la pêche. Ils seront nourris avec des granulés manufacturés pour les poulets (starter) actuellement disponibles en Tunisie.

La circulation des eaux serait assurée à partir des affluents des raceways, canalisés jusqu'aux bassins. En plus les étangs seront munis de circulateurs/oxygénateurs d'eau.

4.3 Investissement

Les coûts des travaux à réaliser ont été chiffrés par la mission au tableau 4.1. Les prix unitaires utilisés par la mission ont été fournis par le centre de réalisation du port de Monastir, Ministère de l'Equipement, Direction des services aériens et maritimes, Sous-Direction des Ports Maritimes.

Les estimations des coûts par la mission ont été contrôlés par la Direction de l'Exploitation des Ports de Pêches du Ministère de l'Agriculture. La direction a révisé en haut les prévisions. Les coûts résultants sont reportés au tableau 4.2. Le coût total pour les travaux augmenteront de DT 158 000 à DT 272 000.

La mission est d'accord sur la possibilité de réaliser les travaux pour DT 158 000 et propose que les prix unitaires soient étudiés plus profondément par le Ministère de l'Agriculture.

L'investissement total pour l'opération des étangs est donné au tableau 4.3.

4.4 Résultat

Le résultat économique attendu est donné au tableau 4.4. Le résultat est présenté sous deux hypothèses: une optimiste et l'autre pessimiste.

L'hypothése optimiste est basée sur les considérations suivantes:

• taux de conversion de l'aliment: 2.5
• prix des aliments: DT 0,080/kg
• coût des travaux civils comme prévus par la mission.

L'hypothèse pessimiste est basée sur les considérations suivantes:

• taux de conversion de l'aliment: 3,0
• prix des aliments: DT 0,100/kg
• coût des travaux civils basé sur des prix unitaires proposés par la Direction de l'Exploitation des Ports de Pêches du Ministère de l'Agriculture.

Les revenus prévus dans les deux cas sont basés sur une production de 10 tonnes par an par hectare.

Dans les deux cas, optimiste et pessimiste, les frais courants seront récupérés par la vente de la production à un prix de DT 1 250/kg. Il ne paraît pas invraissemblable que dans le cas optimiste tous les coûts incluant les dépréciations et les intérêts seront récupérés.

Tableau 4.1

Lagune de Monastir Aménagement des bassins existants Alternative II

1 Source: Centre de réalisation du Port de Monastir,
Ministère de l'Equipement
Direction des Services aériens et maritimes
Sous-Direction des Ports Maritimes

Tableau 4.2

Lagune de Monastir Aménagement des bassins existants Alternative II

¹ Source: Direction de l'Exploitation des Ports de Pêches
Ministère de l'Agriculture
Tunis

Tableau 4.3 Investissement par “Unité de Production”

Tableau 4.4 Bénéfices/Pertes par cycle et par unité de production

5. Elevage de mulets dans des raceways alimentés à partir d'un forage

5.1 Installations

L'unité expérimentale proposée consiste en deux raceways chacun d'une superficie de 300 m² ayant une profondeur moyenne d'eau de 1,1 mètre. Les digues et le fond seront couverts d'une lame de béton de 10 centimètres de profondeur. Les structures proposées sont identifiées sur la figure 5.1.

5.2 Opérations

Les mulets seront stockés dans les raceways à une densité de 30 alevins de 7 grammes par m³. La croissance, avec une alimentation de granulés pour volaille, devrait être de l'ordre de 1,5 g par jour. La taille commerciale d'environ 400 grammes sera donc atteinte par la majorité après une durée d'environ neuf mois. L'analyse est basée sur l'hypothèse d'un taux de conversion de la nourriture de 3. Le besoin de main d'oeuvre est estimé à un ouvrier de manière permanente et à une main d'oeuvre sur base temporaire pour la récolte, de 3 hommes pendant 8 jours.

5.3 Investissement

L'investissement dans les bassins est chiffré à 31 000 DT (voir tableau 5.1). Ce total comprend l'achat du terrain qui s'élève à 12 500 DT.

5.4 Résultat

Le tableau 5.3 “Bénéfices/Pertes” montre que cet élevage pourrait devenir économiquement intéressant. Le facteur décisif reste l'investissement.

Dans les comptes de l'unité pilote, les frais courants sont de l'ordre de 0,650 à 0,750 DT par kg. Ces frais varient peu avec la taille de l'opération. La clé de la rentabilité réside donc dans les frais fixes liés à des investissements. S'ils peuvent etre maintenus au-dessous d'un certain niveau (disons aux alentours de 0,300 DT par kg produit) l'élevage devient alors économiquement valable.

PLAN - TYPE PISCICULTURE INTENSIVE DANS LES OASIS

FIGURE 12.5.1

Tableau 5.1 Type de pisciculture intensive dans les oasis

Unité de production: 2 raceways de 300 m² chacun

Profondeur moyenne: 1,10 m. Echange d'eau: 2 fois par jour

Production prévue: 10 kg/m³

Estimation du coût

Tableau 5.2 Investissement par unité de production

Unité de production: Raceways (660 m³) à partir de forages

Date de préparation: 30.11.1982

Tableau 5.3 Bénéfices/Pertes par cycle et par unité de production