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ANNEXE 16
Le Centre National de Développement et de Vulgarisation de l'Aquaculture (CNDVA)

1. Introduction

La mission est d'avis qu'il est fondamental pour le développement futur de l'aquaculture en Tunisie que soit établi un centre chargé de divulguer les connaissances fondamentales pour le développement d'une aquaculture viable. Actuellement, aucun des organismes tunisiens ayant des activités dans le domaine de l'aquaculture n'est chargé d'une telle tâche.

Après avoir étudié la situation actuelle et les potentialités de l'aquaculture en Tunisie, la Mission est arrivée aux conclusions suivantes:

  1. Le développement d'une aquaculture commerciale (gestion familiale ou groupement, entreprise privée ou entreprise d'état) est possible en Tunisie;

  2. la création d'un organisme étatique ou semi-étatique est nécessaire pour la réalisation, dans un premier temps, des essais pilotes et, dans une deuxième phase, des actions de vulgarisation;

  3. la lagune de Khniss à Monastir réunit pratiquement toutes les conditions pour y installer un centre de développement et de vulgarisation de l'aquaculture et pour y mener à bien les activités préconisées pour un tel centre.

Etant donné l'intérêt démontré par les organismes concernés par le développement de l'aquaculture, et, en particulier, pour son développement dans la lagune de Khniss, la mission a résumé ses observations au sujet du lac de Khniss et du centre dans un rapport intitulé: “Proposition pour la création d'un centre national de développement de l'aquaculture sur la lagune de Khniss, Monastir”. Ce rapport qui a été soumis à Monsieur Jedidi, Commissaire Général aux Pêches, lors de la réunion du 13 mai 1982, contient les objectifs du Centre, son programme de travail, les infrastructures nécessaires, le personnel et la place du centre dans le Commissariat général aux Pêches.

Plus tard, la mission s'est rendu compte que l'acronyme CNDA existait déjà, et on s'est donc mis d'accord pour introduire le mot vulgarisation dans le titre, ce qui, effectivement, réflète mieux les activités proposées pour le centre. Le titre devient donc: le Centre National de Développement et de Vulgarisation de l'Aquaculture (CNDVA).

La suite de la présente annexe est le résumé des points saillants du rapport remis au Commissaire général aux Pêches.

2. Objectifs du CNDVA

L'objectif principal du CNDVA est de vulgariser l'aquaculture; c'est-à-dire d'assurer que la technologie qui est économiquement et socialement acceptable soit transmise à tous ceux qui pourront en bénéficier pour se créer ainsi un moyen de gagner leur vie.

Il n'est donc pas question de voir le CNDVA faire de la recherche pure, car cela est de la compétence de l'INSTOP. Par contre, le CNDVA devrait tester des techniques aquacoles valables (techniques déjà appliquées à l'étranger ou mises au point par des chercheurs tunisiens), mais qui ne sont pas encore appliquées dans le pays et qui pourraient, le cas échéant, être vulgarisées au bénéfice d'aquaculteurs potentiels. Cela relève des essais pilotes.

La mission estime que les essais pilotes doivent être menés par l'organisme responsable de la vulgarisation, donc, par le CNDVA. Naturellement, la coopération entre l'INSTOP et le CNDVA doit être étroite, permettant au CNDVA d'obtenir des avis des spécialistes de l'INSTOP sur des problèmes techniques précis.

En plus de la vulgarisation et de l'exécution d'essais pilotes, le CNDVA devrait également être chargé de la formation des agents de vulgarisation, des techniciens et des cadres moyens du service de l'aquaculture et des aquaculteurs privés.

Quand le CNDVA sera devenu pleinement opérationnel, on pourra envisager que le Centre prenne aussi en main les opérations pilotes dans le domaine de la conchyliculture et même les opérations pilotes et les élevages en eaux continentales.

3. Programme d'activités du CNDVA

Ce programme concerne la mise en oeuvre d'essais pilotes, la formation des techniciens et des vulgarisateurs, suivis d'actions de vulgarisation sur le terrain.

3.1 Les expériences pilotes

Les priorités à donner aux différents élevages pilotes sont en fonction des objectifs socio-économiques de développement et des caractéristiques des diverses techniques (utilisation de main-d'oeuvre, devises, risques, etc.). Les avis de la mission concernant ces aspects sont discutés dans le rapport à la section 4.2, où se trouvent aussi les opinions relatives aux priorités à donner aux diverses activités pilotes. Ces priorités mènent aux recommandations suivantes quant aux activités qui devront être exécutées par le CNDVA:

En ce qui concerne les expériences pilotes à mener à Monastir, la mission est d'avis que le programme initial doit comprendre les expériences suivantes pour lesquelles les justifications se trouvent dans le rapport principal.

3.1.1 Mariculture extensive

  1. Construction des digues divisant la lagune de Khniss en trois parties. L'emplacement des digues proposées est indiqué à la figure 16.1. Des sections types de la digue se trouvent à la figure 16.2. Le coût des constructions prévues est repris à l'annexe 16.a.

    Le but de la construction de ces digues est double: assurer une meilleure circulation des eaux dans la lagune (oxygénation) et, créer la possibilité de commencer un élevage extensif dans l'étang d'environ 47 ha qui sera formé entre les deux digues.

  2. Elevage de mulets en enclos avec application de fertilisants. Le site proposé pour ces enclos est indiqué à la figure 16.1. La construction des enclos et les coûts sont décrits à l'annexe 12, section 2.

3.1.2 Mariculture semi-intensive

  1. Elevage de mulets en enclos avec alimentation supplémentaire. Cette activité est décrite et analysée à l'annexe 12, section 2.

  2. Elevage de loups en cages. Cette activité est décrite et analysée à l'annexe 12, section 3. Les plans des cages proposées sont repris à la figure 16.3.

3.1.3 Mariculture intensive

  1. Elevage de mulets en bassins existants. Les modifications essentielles nécessaires pour pouvoir élever des mulets en élevage intensif dans ces bassins sont reprises aux figures 16.4 et 16.5. Les coûts des travaux d'aménagement des bassins existants et l'analyse de l'économie potentielle de ce type d'élevage se trouvent à l'annexe 12, section 4.

  2. Elevage des loups en raceways. Les structures appropriées pour des raceways à Monastir sont illustrées aux figures 16.6 et 16.7. Leur implantation est donnée à la figure 16.4 (bassins de production intensive). Pour les faire fonctionner convenablement et avec un échange d'eau adéquat, le fond de la lagune doit être dragué. Les sites de dragage et le site pour déposer les remblais (terre-plein) sont identifiés à la figure 16.8. Une estimation des coûts de construction se trouve à l'annexe 16.b.

3.2 La formation

Le CNDVA sera le centre national de formation en aquaculture. Il faut former des techniciens et cadres moyens, des agents de vulgarisation et ensuite les pisciculteurs.

La formation des techniciens et cadres moyens devrait être fortement orientée vers la pratique des différents systèmes d'élevage (extensif, semi-intensif et intensif), aussi bien des poissons que des mollusques et des crustacés. Les installations prévues à Monastir permettent parfaitement une telle formation.

Les agents de vulgarisation devraient également être formés au CNDVA, après avoir suivi les cours concernant les systèmes d'élevage à vulgariser. La formation des vulgarisateurs devrait porter, notamment, sur la connaissance du milieu des communautés où on envisage des opérations de vulgarisation et également sur les modalités d'obtention de prêts par des particuliers pour leurs opérations aquacoles.

La formation des pisciculteurs et des conchyliculteurs sera essentiellement pratique (par exemple: construction d'enclos, de cages et d'étangs; changement des filets d'une cage en cours d'élevage; capture et transport d'alevins de mulets, etc.). Cet enseignement se fera sur le tas à l'occasion de stages de courte durée.

Actuellement, il n'y a pratiquement pas de possibilités, pour les personnes intéressées, de pouvoir apprendre les technologies de mariculture ou de pisciculture, à l'exception de la conchyliculture.

Des élevages pilotes restent à faire, notamment pour les mulets et les loups, avant de pouvoir identifier, avec certitude, les technologies économiquement viables et qui pourront ensuite être vulgarisées.

3.3 La vulgarisation

Il est indispensable, pour développer l'aquaculture en Tunisie, de créer un service de vulgarisation, dynamique et compétent. Un tel service n'existe pas encore.

Une fois menées à bien, les expériences pilotes et arrêtées les technologies à introduire auprès des pisciculteurs, il faudra commencer la vulgarisation de ces technologies, après avoir formé les vulgarisateurs.

Les techniques et règlements peuvent s'apprendre en suivant des cours, mais la connaissance du milieu est plus difficile à acquérir. Lors de la sélection des agents de vulgarisation, il faudra donner priorité aux ruraux connaissant bien le milieu où sera mis en oeuvre le programme de vulgarisation.

La section de vulgarisation devrait être installée au CNDVA, à Monastir, et être chargée de l'exécution de toutes les activités pilotes et de toutes les actions de vulgarisation.

4. Dépendance administrative du CNDVA

Le CNDVA étant l'organisme étatique ayant le contact le plus direct avec les aquaculteurs potentiels, doit aussi être directement dépendant du Commissariat général aux Pêches, qui est responsable de la formulation de la politique des pêches du Gouvernement. La mission propose donc que le CNDVA dépende directement de la cellule de programmation et suivi de l'aquaculture du Commisariat général aux Pêches.

Etant donné les objectifs particuliers du CNDVA, la mission recommande que le CNDVA dépende uniquement du Commissariat aux Pêches et ne soit pas rattaché, ni à l'INSTOP (organisme chargé des recherches), ni à l'ONP (organisme responsable de la production).

Pour rendre aussi efficaces que possible les opérations du CNDVA sur la lagune de Khniss, il est également proposé que la gestion de la lagune soit transférée de l'ONP au CNDVA, y compris l'exploitation des deux bordigues (capture de juvéniles à utiliser pour le stockage des cages, enclos et étangs).

5. Infrastructures

Les infrastructures essentielles proposées pour le CNDVA sont les suivantes:

Le CNDVA devra disposer d'électricité, d'eau courante et du téléphone.

La localisation des installations est indiquée à la figure 16.8. Le calendrier des travaux et des essais pilotes se trouve à la figure 16.9.

6. Personnel

Titre ou spécialitéNombre
Ingénieur principal1
Ingénieur (Aquaculturiste)1
Ingénieurs adjoints (Aquaculturistes)2
Adjoints techniques (")2
Techniciens2
Chefs d'équipe3
Secrétaire1
Comptable1
Ouvriers17  
Chauffeur1
Gardiens3

7. Budget

La mission n'a pas effectué une étude détaillée de tous les investissements et frais courants liés à l'établissement et au fonctionnement du CNDVA. Néanmoins, la mission a fait une estimation du coût des investissements nécessaires et des frais de fonctionnement du Centre. Ces chiffres n'ont donc qu'une valeur indicative.

7.1 Investissement

Des travaux proposés, la mission a estimé les frais de construction comme suit:

DescriptionEstimationVoir annexe
basse (milliers DT)haute (milliers DT)
Aménagement des digues10817616.a
Enclos pour mulets (2 ha)    6    812.1
Cages pour loup (16; 28 m3)  13  1612.3
Modification des bassins existants (5,4 ha)15827212.4
Raceways25030016.b
Total535772 

Les infrastructures à mettre en place sont détaillées à la section 5. Si nous admettons une surface totale de bâtiments s'élevant à 700 m2, cela signifierait un coût de construction d'environ (700 × 80 DT/m2) = 56 000 DT.

7.2 Frais de fonctionnement

Une fois le Centre établi, la plus grande partie des frais courants annuels seront ceux concernant le personnel (probablement environ 50% du total des frais), les aliments pour poissons, les transports, l'énergie (électricité, diesel) et la manutention. On pourrait envisager un budget annuel - tous frais compris (même les salaires des cadres supérieurs) d'environ DT 130 000 à DT 160 000.

ANNEXE 16.a

Lagune de Monastir Mise en valeur de la lagune

Estimation du coûtUnitésPrix Unitaire DTPrix total DT (a)Prix total DT (b)
1)Construction des digues avec terres argilo-sablonneuses (30% d'argile minimum), transportées et compactées13 980 m34  55 920  83 880
2)Protection des digues7 250 m22.4  17 400  26 100
3)Entrée d'eau43 090  12 360  18 540
 Sous-total  85 680128 520
4)Ingénierie (5 %)      4 284    6 426
Coût total de base  89 964134 946
5)Divers et imprévus (20% / 30%)    17 996  40 483
Coût total avec divers et imprévus107 960175 430
 arrondi à108 000176 000

a) Estimation faite par la mission TCP/TUN/0104 sur la base d'informations recueillies auprès du centre de réalisation du port de Monastir. Ministère de l'équipement, Direction des Services aériens et maritimes. Sous-direction des ports maritimes.

b) Estimation basée sur des prix unitaires 50% plus élevés que ceux utilisés à Monastir sur l'avis de la Direction de l'Exploitation des Ports de pêche du Ministère de l'Agriculture.

ANNEXE 16.b

Bassins de production intensive

(5 raceways et 5 bassins circulaires)

Estimation du coûtUnitésPrix unitaire
(DT)
Prix total
(DT)
1.Terrassement1 500 m3    23 000
2.Route1 730 m2  406 920
3.Béton armé   355 m320071 000  
4.Tube PVC (y compris raccords)Forfait 1 500
5.Tube béton évacuation d'eau (y compris raccords) Æ 40 cm90 m.l.    5   450
6.Moëllons30 m3    6   180
7.Planches et grillesForfait 7 000
8.Pompes (spéciales mer) 300 1/sec 3 m HMT immergées (y compris tubes, etc.)315 00045 000  
9.Amenée ligne électrique et transformateurForfait 15 000  
10.Génie civilForfait 10 000  
11.Bâtiments:   
- locaux alimentation50 m2  804 000
- bureaux40 m21004 000
- stockage matériel30 m2  802 400
- salle personnel50 m2  804 000
- sanitaire et divers20 m21002 000
- chambre froide -15°C30 m21504 500
- équipementsForfait 5 000
12.Amenée d'eau potableForfait 5 000
 Sous-total190 950    
13.Montage  6 050
14.Etudes et ingénierie  10 000  
Coût total de base207 000    
15.Divers et imprévus  43 000  
Coût total avec divers et imprévus250 000    

LAGUNE DE MONASTIR

PLAN

ECHELLE 1/10 000

LEGENDE

FIGURE 16.1DIGUE
FIGURE 16.1ENTRÉE D'EAU
FIGURE 16.1CANAUX DRAGUÉS
FIGURE 16.1SITE PROPOSÉ POUR INSTALLATION D'ENCLOS (2 HA)

FIGURE 16.1

SUPERFICIE TOTALE DE LA LAGUNE155 HA
SUPERFICIE DES BASSINS D'ELEVAGE Y COMPRIS LES DIGUES  11 HA

FIGURE 16.1

LAGUNE DE MONASTIR

COUPES DES DIGUES
ECHELLES 1/100

FIGURE 16.2

FIGURE 16.2

LAGUNE DE MONASTIR

FIGURE 16.3

FIGURE 16.3

LAGUNE DE MONASTIR PLAN MASSE

ECHELLE 1/5000

FIGURE 16.4

FIGURE 16.4

LAGUNE DE MONASTIR ENTRÉE D'EAU MODIFIEE

ECHELLE 1/100

PLAN

COUPE A-A

COUPE A-A

COUPE B-B

COUPE B-B

FIGURE 16.5

FIGURE 16.5

LAGUNE DE MONASTIR BASSINS DE PRODUCTION INTENSIVE PLAN

ECHELLES 1/200

FIGURE 16.6

FIGURE 16.6

LAGUNE DE MONASTIR COUPES DES BASSINS

ECHELLES 1/100

A-A

A-A

B-B

B-B

C-C

C-C

FIGURE 16.7

TCP/TUN/0104
Date : 7.5.82

PLAN DES DRAGAGES PROPOSES DANS LA LAGUNE DE MONASTIR

FIGURE 16.8

FIGURE 16.8

Plan des activites C.N.D.A., Monastir

Fig. 16.9

Fig. 16.9

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