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Editorial - L'administration forestière au service du développement

Il fut un temps où les politiques forestières nationales étaient proclamées solennellement, comme si elles avaient valeur éternelle. L'idéal était alors, pour les sciences politiques et pour les sciences économiques, de garantir la stabilité. Ce n'est que plus tard que l'on s'aperçut que le développement socio-économique impliquait changements et conflits, et que la politique forestière, loin d'être indépendante de ce développement, en était partie intégrante.

Le moteur de l'évolution des politiques forestières est la prise de conscience de la contribution que la forêt et les industries forestières peuvent apporter à un progrès socio-économique soutenu. L'interdépendance toujours plus étroite entre nations fait que cette contribution est interprétée dans chaque pays à la lumière des tendances générales de la situation mondiale. Ces interprétations reflètent aujourd'hui une appréciation croissante du rôle que la forêt peut jouer dans le développement rural et dans l'amélioration du sort des plus pauvres; une redécouverte de la biomasse forestière en tant qu'importante source renouvelable d'énergie; l'inquiétude suscitée par l'amenuisement du couvert forestier mondial et l'extension de la désertification; enfin, le sentiment sans cesse plus fort qu'il faut gérer les ressources en terres et préserver les patrimoines génétiques pour produire régulièrement plus de vivres, de biens et de services à l'intention d'une population grandissante.

De nombreux pays réévaluent leurs politiques forestières à la lumière de ces considérations, et d'autres le feront vraisemblablement à l'avenir, notamment les pays du tiers monde. Ces réévaluations amènent à leur tour à réajuster les moyens mis en œuvre pour atteindre les objectifs fixés.

Pour éclairer d'un jour nouveau l'appui que les institutions peuvent apporter à la mise en œuvre des politiques forestières, une consultation organisée par la FAO et l'Office central suédois pour l'aide au développement international (SIDA) s'est tenue au siège de la FAO à Rome, du 2 au 11 février 1983. Elle réunissait 29 participants venus de 24 pays d'Afrique, d'Asie, d'Europe, d'Amérique latine et d'Amérique du Nord, et qui représentaient un très large éventail de disciplines. Le présent numéro d'Unasylva expose quelques-unes des communications discutées lors de cette consultation.

La Consultation d'experts FAO/SIDA sur l'administration des forêts pour le développement n'est pas la première tentative faite par la FAO pour s'attaquer aux aspects institutionnels, sociaux et, dans une moindre mesure, politiques du développement forestier - par opposition avec ses aspects physiques, biologiques et économiques Déjà en 1950, la FAO avait publié un ouvrage intitulé Politique, législation et administration forestières, qui est encore valable aujourd'hui. De nombreuses études ai activités de terrain portant sur les aspects institutionnels de la foresterie ont suivi cette première initiative de la FAO. Certains événements importants sont venus récemment renforcer encore la conviction déjà ancienne de la FAO que le développement forestier, exige des mesures institutionnelles soutenues et concertées. En 1978, la Déclaration de Jakarta, issue du 8e Congrès forestier mondial, soulignait le concept de la forêt au service la collectivité. En conformité avec les Principes et le Programme d'action de l Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural (1979), le Comité des forêts de la FAO (19801 et la Conférence de la FAO (1981) ont approuvé une Stratégie forestière pour le développement, qui reflète la reconnaissance universelle de l nécessité d'une nouvelle dimension humaine et sociale de la foresterie.

Compte tenu de la nature de cette stratégie, les mesures institutionnelles prises et vue de sa mise en œuvre doivent être élaborées avec grande prudence et ingéniosité notamment dans le cas des pays en développement où les structures administrative ont leurs points faibles et où les régimes fonciers restent traditionnels, et qui veulent, poursuivre leurs objectifs de développement sans porter nullement atteinte à leur valeurs historiques et culturelles.

Dans ses travaux, la Consultation sur l'administration des forêts pour le développement s'est fixé trois objectifs fondamentaux bien précis: tout d'abord, garantir que le populations qui dépendent directement de la forêt participent pleinement à la conception, et à la conduite des actions forestières et reçoivent leur juste part des avantage escomptés; en second lieu, faciliter la coordination des activités sectorielles; enfin encourager une coopération harmonieuse entre administration publique, entreprises forestières et institutions rurales.

La Consultation a réaffirmé que les administrations forestières publiques devraient travailler plus étroitement avec la collectivité et sortir de leur isolement. Cela exige des mécanismes de vulgarisation efficaces, mettant en jeu les organismes du secteur public et du secteur privé, ainsi que les collectivités rurales elles-mêmes. Pour renforce cette approche, l'enseignement et la recherche devront être réorientés en fonction de nouveaux problèmes de la foresterie sociale.

La Consultation a reconnu que, s'il appartient à chaque pays d'analyser et d résoudre ses propres problèmes, la FAO est particulièrement bien placée pour aider réorienter l'action des institutions d'enseignement et de gestion forestière, et stimulé les échanges d'expérience entre les pays. A cet effet, il a été suggéré que la FAO recherche les moyens de resserrer sa coopération avec ses organisations sœurs au sel du système des Nations Unies et autres institutions internationales. La FAO devra également presser les organismes donateurs et bailleurs de fonds d'aider à édifier le institutions nécessaires pour répondre aux besoins des ruraux pauvres.

Le Département des forêts de la FAO donne suite aux conclusions et aux recommandations de la Consultation en les traduisant en actions concrètes, en collaboration avec la Division des ressources humaines, des institutions et de la réforme agraire de l'Organisation, la Division de l'administration du développement des Nations Unies; divers organismes régionaux du système des Nations Unies.


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