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Aménagement des bassins versants et culture itinérante: Comment trois pays d'Asie traitent le problème

Udhai Chanphaka

Udhai Chanphaka a été chef de la Division de l'aménagement des bassins versants au Service forestier royal de Thaïlande.

THAÏLANDE UN BASSIN VERSANT BIEN AMÉNAGÉ des avantage multiples (FAO)

· La dégradation des bassins versants dans les pays en développement est souvent associée à la culture itinérante. Pour le profane, ce problème peut sembler relativement facile à résoudre, mais ceux qui s'en occupent sur le terrain savent que c'est une tâche des plus ardues. Cela suppose aussi bien la conservation de l'environnement et des ressources naturelles que des considérations sur la situation socio-économique et même politique du pays.

Les choses seraient plus aisées si les cultivateurs itinérants étaient des villageois natifs du pays. Mais, en Thaïlande, ils appartiennent à diverses tribus montagnardes dont certaines sont établies depuis longtemps, tandis que d'autres ont immigré plus récemment, venant de pays voisins. Ces tribus ont leurs dialectes et leurs modes de vie propres, et utilisent différentes méthodes de culture. La végétation forestière met donc plus ou moins longtemps à se régénérer selon les régions. Avec la méthode Méo, par exemple, les arbres repoussent très rarement, et le sol est envahi par Imperata ou herbe à éléphant. Dans le territoire des Lua, au contraire, les essences forestières indigènes se régénèrent en deux ou trois ans après l'abandon du terrain.

Cet article examinera comment les principes de l'aménagement des bassins versants sont appliqués dans les zones de culture itinérante en Thaïlande, en Indonésie et aux Philippines.

Le cas de la Thaïlande

La restauration des bassins versants dégagés ne suffisait pas. Il fallait aussi faire quelque chose pour les populations qui vivaient dans ces zones.

Les conflits entre les besoins de terres forestières et les besoins de terres agricoles s'atténuent.

Les tribus vivant dans les régions montagneuses, notamment au-dessus de 600 m et jusqu'à 2 000 m d'altitude, posent d'immenses problèmes. La densité moyenne de population y est de 31 habitants au km2. Dès 1963, le Département des affaires sociales avait créé un centre de recherche sur les tribus montagnardes et lancé plusieurs projets visant à les fixer dans le nord de la Thaïlande. Près de 20 ans plus tard, il apparaît que ces projets ont échoué, principalement pour les raisons suivantes:

· L'appui du gouvernement a été insuffisant.

· Les tribus montagnardes sont des groupes nomades qui ne restent jamais très longtemps dans une même zone.

· Les membres de ces tribus n'étant pas considérés comme citoyens thaïlandais, ils n'ont ni statut légal ni papiers d'identité et ne paient pas d'impôts.

· Il y a eu des ingérences politiques de la part des pays voisins.

Le Département royal des forêts, après avoir entrepris en 1965 un programme d'aménagement de bassins versants comportant des travaux de reboisement et de restauration des sols dans les régions anciennement cultivées, constata que la restauration des bassins dégradés ne suffisait pas, il fallait aussi faire quelque chose pour les populations qui vivaient dans ces zones (tribus montagnardes et villageois autochtones). L'idée était d'aménager un bassin après l'autre, sous la forme d'un projet intégré.

Pour se conformer à la politique gouvernementale et répondre aux conditions écologiques locales, on a adopté pour l'aménagement intégré des bassins versants l'approche suivante:

· Etude analytique du bassin versant comportant le rassemblement de données de base sur les ressources naturelles, les conditions climatiques, le niveau de vie, l'utilisation des terres, le bois de feu, les ressources en eau, les infrastructures, l'éducation, etc.

· Planification de l'utilisation des terres et classement par aptitude.

· Après achèvement de ces études, réinstallation des cultivateurs itinérants, qui sont fixés sur des emplacements convenables. C'est ce qu'on a appelé «Projet de villages de tribus montagnardes» ou «Projet de villages forestiers» (voir article de Krit Samapuddhi, «Villages forestiers en Thaïlande», dans Unasylva 27 [107]: 20-23 [1975]). On pourvoit à tous les besoins essentiels tels que nouveaux logements, terres de culture, semences et plants, systèmes d'irrigation, engrais et produits de traitement phytosanitaires, parcours et étangs piscicoles.

Les semences et les plants comprennent des cultures vivrières, des cultures de rente et des arbres fruitiers et forestiers. Ils doivent être mis en place sur les terres s'y prêtant et à la saison propice. Le reboisement intervient sur des zones classées comme bassins versants, ou ayant des sols impropres à l'agriculture. Les villageois autochtones et les membres des tribus montagnardes peuvent améliorer leur revenu par des activités forestières occasionnelles, ou gagner leur vie en travaillant dans une unité de plantation d'un programme de reboisement.

L'éducation des adultes et des enfants vivant dans un bassin versant est assurée au moins jusqu'au niveau obligatoire. Ce point est particulièrement important pour les tribus montagnardes; la politique gouvernementale vise à leur conférer la nationalité thaïlandaise, ce pourquoi elles doivent apprendre la langue thaï. Dans les 15 à 20 années à venir tous les enfants des tribus montagnardes deviendront citoyens thaïlandais.

Les villageois sont bien suivis sur le plan médical. Les affections bénignes sont soignées par un personnel médical compétent et les cas graves dirigés sur l'hôpital le plus voisin.

Des infrastructures sont mises en place, telles que des routes pour relier les villages entre eux ou aux grands axes, ce qui accélère les communications et le transport des produits agricoles du champ jusqu'au marché.

La commercialisation est le gros problème des agents de vulgarisation. Avant de donner des conseils aux villageois, il leur faut décider quelles sont les cultures qui répondent aux besoins du marché tant intérieur qu'international.

CONSTRUCTION D'UNE TERRASSE dans le cadre d'un projet FAO en Thaïlande (FAO)

EXPERT DE LA FAO ET PAYSANS THAÏLANDAIS un objectif à long: terme: maîtriser les crues (F. BOTTS/FAO)

La conservation des produits agricoles s'impose lorsque la zone de production est loin des marchés ou qu'il s'agit de produits périssables, par exemple les champignons, les fruits ou certains légumes. La mise en conserve peut être nécessaire pour garder les produits plus longtemps et en faciliter le transport.

Les industries de transformation du bois, telles que fabrication de meubles, production de charbon de bois, usines de pâte et papier, sont également encouragées dans les villages. En vertu de la nouvelle loi forestière, des entreprises privées peuvent obtenir des concessions de terrains de longue durée pour y faire des reboisements industriels; on cherche ainsi à inciter le secteur privé à s'intéresser davantage aux programmes de plantations forestières.

Dans les plantations de pins, on organise la récolte de gemme afin de créer une source de revenus supplémentaires. Dans le cadre du programme agroforestier, de nombreuses cultures sont pratiquées: riz, haricots dorés, fraises, théiers, caféiers, patates douces, doliques, soja et divers arbres fruitiers.

Liaisons institutionnelles. La mise en œuvre du programme d'aménagement intégré de bassins versants exige une étroite coopération et une assistance de la part de différents services officiels relevant notamment des Ministères de l'agriculture et des coopératives, de l'intérieur, de l'éducation nationale, de la santé, et du commerce extérieur (pour l'exportation des produits agricoles). Depuis le lancement de ce programme, le Département royal des forêts a bien progressé dans la voie de la participation populaire. Les conflits entre les besoins de terres forestières et les besoins de terres agricoles s'atténuent, et la suite des événements prouvera, espère-t-on, que l'on a adopté la bonne approche pour l'aménagement des bassins versants dans les zones de culture itinérante.

Dans la plupart des pays en développement, les problèmes de bassins versants sont souvent liés à des structures sociales et économiques qui mettent en danger l'environnement. En Thaïlande, la culture itinérante est fréquemment associée à la production d'opium, qui pose un très grave problème mondial, et la situation est par conséquent différente de celle de l'Indonésie et des Philippines que nous examinerons ci-après.

Le programme indonésien

Environ 1 million de cultivateurs itinérants doivent être réinstallés dans des zones plus propices.

En Indonésie, les efforts de restauration des terrains dégradés dans de nombreux bassins de réception et vallées densément peuplées, comme à Java, à Sumatra et aux Célèbes, ont progressé régulièrement. C'est dans cet esprit qu'il faut aborder les problèmes de restauration des sols et de réinstallation des populations pour les résoudre définitivement. La variété des utilisations des terres dans un bassin versant donné exige une coopération et une coordination entre les différents services concernés par la conservation des sols et des eaux, de façon à parvenir à une mise en valeur équilibrée de toutes les ressources du bassin.

La Direction de la conservation des sols, récemment créée au sein de la Direction générale du reboisement et de la restauration des sols, rattachée au Ministère des forêts, sera dorénavant chargée de l'exécution du programme de conservation des sols, réparti entre 35 projets de bassins versants à travers l'Indonésie.

L'aménagement intégré des bassins versants met en jeu les activités suivantes:

· Réinstallation des cultivateurs itinérants provenant des zones de réserves forestières, et insertion progressive dans un système agricole plus sédentaire tel que plantations arbustives.

· Construction de banquettes ou terrasses de différents types pour cultures en sec, avec plantation selon les courbes de niveau et rotation des cultures.

· Application de techniques agroforestières, comportant une combinaison d'arbres forestiers et de cultures agricoles en lisière de forêt, dans le cadre par exemple d'un projet de développement communautaire avec participation active des villageois à la mise en place de parcelles de démonstration.

· Reboisement des terres dégradées situées en amont, dans le but de constituer des forêts de protection. Les forêts existantes seront délimitées et progressivement aménagées. Elles seront protégées en premier lieu contre le feu et les coupes illégales.

· Construction d'ouvrages tels que petits barrages de retenue, digues, canaux de dérivation et autres dispositifs de maîtrise des crues.

· Contrôle des exploitations tant dans les forêts naturelles que dans les reboisements, en ce qui concerne notamment les méthodes d'abattage et de débardage mécaniques et la construction de routes forestières, de façon à réduire au minimum l'érosion dans le bassin versant.

De toutes ces activités, la plus complexe est la sédentarisation des cultivateurs itinérants. Environ 1 million d'entre eux doivent être réinstallés dans des zones plus propices, de façon à améliorer leur prospérité et leur bien-être en matière d'éducation, logement, productivité agricole et santé.

INDONÉSIE - PÉPINIÈRE EN TERRASSES l'intégration des activités est indispensable (F. BOTTS/FAO)

Le programme gouvernemental intitulé «Projet de réinstallation des collectivités locales» a démarré en 1972. A l'origine, il avait pour objet de regrouper les cultivateurs itinérants qui vivaient en habitat dispersé dans des zones isolées, de les former et de les installer comme agriculteurs sédentaires. En 1982, 16 217 familles avaient ainsi été transférées dans 19 provinces à travers l'Indonésie, avec un financement de l'Etat de l'ordre de 16 millions de dollars U.S.

Ce projet n'est pas allé aussi vite qu'on le prévoyait à cause de la mentalité des intéressés habitués à la culture itinérante depuis des générations. Néanmoins, avec l'expérience on a peu à peu amélioré les méthodes et les approches à la réinstallation.

Des fonds publics importants ont été alloués à ces programmes, qui envisageaient non seulement le transfert de villageois sur de meilleures terres, mais aussi le développement agricole et industriel, l'éducation, l'action sanitaire, etc. Voici quelques exemples de projets intégrés et d'activités connexes:

· Réinstallation de tribus indigènes isolées, sous l'égide du Ministère des affaires sociales.

· Programme de transmigration mixte, réunissant des populations locales (10 pour cent) et des populations provenant de Java (90 pour cent), et confié au Département de la transmigration.

· Plantations pilotes destinées à produire en vue de l'exportation, dépendant du Ministère de l'agriculture.

L'aménagement des bassins versants en Indonésie est une tâche difficile, en raison de la densité de population qui excède 500 habitants au km2, voire 800 par endroits. Cependant, la politique générale est maintenant d'admettre l'occupation des hautes terres par l'agriculture, tout en mettant en œuvre un programme intensif d'amélioration des techniques agricoles pour éviter que la dégradation des bassins versants ne se poursuive. Des fermes de démonstration ont été installées avec succès dans le bassin de Panawangan, subdivision du Projet du bassin de la rivière Citanduy.

L'approche Philippine

Aux Philippines, le déboisement des bassins versants par la culture itinérante - désignée localement sous le nom de kaingin - constitue un grave problème, résulte chaque année des inondations, des sécheresses et des glissements de terrain que le peuple philippin paie très cher en pertes de vies humaines, de cultures et de biens. Dés 1884, des lois forestières furent promulguées et mises en vigueur par l'«Inspección General de Montes», précurseur du Service forestier philippin. Parmi ces lois, des dispositions visaient spécifiquement à prévenir la destruction des forêts du fait des cultures sur brûlis pratiquées par les agriculteurs montagnards, appelés kaingineros.

Pendant de nombreuses années, les kaingineros et autres occupants de la forêt ont beaucoup préoccupé le Service forestier philippin. Tous les responsables de la planification et de la mise en valeur des ressources naturelles, les chercheurs, éducateurs et agents d'exécution étaient quasi unanimes pour voir dans les kaingineros les principaux responsables de la conversion de nombreuses forêts en savanes herbeuses. Aussi la loi forestière était-elle tout naturellement dirigée contre eux et leurs pratiques culturales; les kaingineros pouvaient être poursuivis et même expulsés des hautes terres et autres zones boisées. On espérait ainsi tenir la solution définitive au problème du déboisement croissant.

En dépit de toutes ces mesures et des peines sévères infligées aux kaingineros, les cultures sur brûlis se poursuivirent et même s'intensifièrent avec l'énorme afflux de migrants vers les zones boisées, afflux dû à la croissance démographique rapide, aux plus grands besoins alimentaires, à la pénurie d'emplois et à la spéculation foncière de la part de véritables «requins de la terre». On estime qu'il y a à l'heure actuelle dans les zones forestières quelque 7,5 millions de personnes dont l'existence dépend directement de cette précieuse ressource.

Cette situation exigeait une réorientation de la politique forestière philippine, cette fois pour la mettre mieux à l'unisson des besoins présents et futurs. Il fallait une stratégie qui fasse des activités fondées sur la forêt des protagonistes plus efficaces de développement socio-économique en faveur des populations rurales. Tel est l'objet de l'Office de développement forestier, qui vise entre autres à créer de nouvelles forêts et à les mettre en valeur au profit d'un plus grand nombre de personnes, et en particulier des collectivités rurales.

Ce changement d'attitude officielle à l'égard des kaingineros et autres occupants de la forêt amena une évolution qui aboutit finalement à l'institution du Programme intégré de foresterie sociale des Philippines.

En 1971, le gouvernement adopta les Règlements d'aménagement et de colonisation des terres kaingin (Forestry Administration Order N° 62), qui avaient pour objet d'intégrer les kaingineros et autres occupants de la forêt dans le grand courant socio-économique de la société.

Ils furent suivis du Code forestier révisé, promulgué en 1975, qui confirmait le souci du gouvernement philippin à l'égard des populations forestières, et dont un des articles stipulait: «L'occupation des terres forestières sera désormais aménagée... Les kaingineros, squatters et autres occupants qui sont entrés sur les terres forestières» avant la date d'entrée en vigueur du Code (19 mai 1975) ne seront pas poursuivis «à condition qu'ils n'agrandissent pas leurs défrichements et qu'en outre ils entreprennent des activités ayant pour but de protéger et de conserver les ressources forestières».

Ensuite fut lancé le Programme d'aménagement de l'occupation des forêts, visant à stabiliser les kaingineros et autres occupants qui s'étaient installés en forêt avant le 19 mai 1975. Plus précisément, ce programme cherchait à empêcher tout nouvel empiètement et toute destruction ultérieure des forêts, et à améliorer la condition socio-économique des occupants de la forêt.

Les occupants de bonne foi étaient autorisés à exploiter les terres qu'ils occupaient ou cultivaient, mais à la condition expresse que la surface concernée n'excède pas 7 ha par occupant. A cet effet, un permis d'occupation de deux ans renouvelable était délivré à chaque kainginero participant.

En 1979, le gouvernement lança un Programme de fermes forestières communales, qui comportait la création de fermes forestières et de plantations agroforestières dans les zones exigeant un reboisement immédiat, ainsi que sur d'autres terrains nus. Ce programme était conçu essentiellement dans le but d'accroître les moyens d'existence des populations rurales, en particulier des petits paysans au niveau de subsistance. Il visait en même temps à intensifier la production vivrière nationale, à parvenir à l'autosuffisance et à accélérer la restauration des terres forestières dénudées.

A la différence du Programme d'aménagement de l'occupation des forêts, le Programme de fermes forestières communales ne s'adressait pas qu'aux kaingineros et autres occupants de la forêt, mais également à tous ceux qui désiraient s'aventurer dans la sylviculture. Il était alloué à chaque participant une surface équivalente à celle qu'il occupait; dans le cas de terrains nus, on lui concédait 2 ha en moyenne. Un bail de 25 ans, renouvelable pour une autre période de 25 ans, lui était octroyé.

En 1981, le gouvernement philippin mit sur pied un autre projet intitulé Programme de reboisement familial. Il consistait à rémunérer à titre contractuel les familles participant à l'installation, l'entretien la protection de plantations forestières. Il visait à accélérer le reboisement des terres déboisées et dénudées tout en relevant le revenu des occupants de la forêt sans forcément les déplacer. La surface allouée à chaque famille variait entre 3 et 5 ha et était censée revenir à l'Office de développement forestier au bout de deux ans, dès qu'un taux de survie des plants d'au moins 80 pour cent aurait été atteint.

Enfin, le Programme intégré de foresterie sociale marque l'avènement de la foresterie sociale en tant que concept d'aménagement et de mise en valeur des forêts. Le 28 juillet 1982, le Président Ferdinand G. Marcos signa des instructions qui faisaient de ce programme le pivot de toutes les actions de l'Office de développement forestier ayant rapport à la foresterie sociale. Les objectifs, les activités et le personnel du Programme d'aménagement de l'occupation des forêts et du Programme de fermes forestières communales furent fusionnés.

La stratégie du programme de foresterie sociale porte sur les sept points ci-après:

· Sécurité de jouissance. L'absence d'une telle sécurité décourageait les gens de participer au projet parce qu'ils n'étaient pas sûrs de leurs droits à exploiter les arbres forestiers et autres cultures pérennes plantés sur les terrains désignés.

· Recensement de tous les kaingineros, occupants des forêts et minorités culturelles, afin entre autres de choisir judicieusement les terrains à mettre en valeur par la foresterie sociale.

· Enquête sur les collectivités. Préalablement aux actions de mise en valeur, une enquête est entreprise, avec l'aide des participants, en vue de déterminer les pratiques agricoles en usage, les données démographiques et socio-économiques, les hiérarchies sociales, les structures familiales, l'accessibilité, les conditions biophysiques, et les problèmes et contraintes importants. Au vu des résultats de l'enquête, on définit l'ensemble des techniques à appliquer, qui seront incluses dans le plan d'aménagement de la zone de projet.

· Création de fermes agroforestières. Les participants sont encouragés à mettre en valeur leurs terres en adoptant des techniques agroforestières appropriées, qui prennent en considération la lutte contre l'érosion et la conservation des eaux. Lorsqu'il y a lieu, l'élevage et la pisciculture peuvent également être introduits. Des essences forestières telles que Leucaena leucocephala, Albizia falcataria et autres sont plantées sur les limites des terres attribuées à chaque participant.

· Liaisons institutionnelles. L'exécution du programme de foresterie sociale, qui comporte à la fois l'aménagement des ressources forestières et le développement des moyens d'existence fondés sur la forêt, exige une étroite coopération et une assistance de la part de divers services et organismes gouvernementaux relevant notamment des Ministères de l'agriculture, des ressources naturelles, de l'administration locale, des affaires sociales et du développement.

· Activités de soutien. Diverses activités de soutien sont nécessaires pour répondre aux besoins d'un programme de foresterie sociale. Elles diffèrent d'un endroit à l'autre et concernent principalement l'éducation, la vulgarisation, l'information, la recherche et la formation.

· Contrôle, et évaluation permanents. Des visites périodiques de contrôle sur le terrain sont indispensables pour remédier immédiatement aux difficultés qui peuvent surgir lors de l'exécution. Un examen critique et une évaluation seront également effectués une fois par an afin d'éliminer les problèmes techniques, financiers et administratifs qui mettraient obstacle à une exécution efficace.

Conclusions

Toutes les approches que nous avons décrites dans les trois pays étudiés sont inspirées par le souci d'établir une relation harmonieuse entre les populations et leur environnement. Parfois, la meilleure solution est de maintenir les gens sur place et d'accroître la production d'une manière qui ne nuise pas à l'environnement.

Dans d'autres cas, la réinstallation sur des emplacements choisis sera la meilleure solution pour des cultivateurs itinérants exploitant des bassins versants dont la stabilité est mise en danger par leurs activités. Dans l'une et l'autre hypothèse, le gouvernement doit intervenir activement dans la planification et l'exécution. Les trois programmes nationaux évoqués dans le présent article montrent bien que ce qui convient dans un pays peut ne pas réussir ailleurs, qu'une approche pragmatique prudente, bassin versant par bassin versant, est la meilleure solution d'ensemble, et qu'il faut faire participer activement les populations en tenant compte de leurs besoins et aspirations socio-économiques et culturels. La culture itinérante peut souvent mettre en danger les bassins versants, mais avec un aménagement et une planification appropriés, il n'y a pas de raison qu'il en soit ainsi.


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