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Courrier des lecteurs

La rédaction d'Unasylva accueille toujours avec plaisir le courrier de ses lecture sur quelque aspect que ce soit de la sylviculture et de l'environnement. Cette correspondance doit être aussi brève et lisible que possible, et rédigée de préférence en anglais français ou espagnol, mais éventuellement aussi en d'autres langues. Prière d'adresser le courrier à: Rédacteur en chef, Unasylva, Département des forêts do la FAO, Via delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie.

Accumulation de litière d'eucalyptus

Après ma première lecture de l'Etude FAO: Forêts n° 59 (Les effets écologiques des eucalyptus), je n'avais pas cru bon de formuler des commentaires sur l'observation rapportée du Malawi, selon laquelle la litière d'eucalyptus se décompose moins rapidement que celle des Brachystegia indigènes. C'est en trouvant cette affirmation répétée dans Unasylva 38 (152) («Les eucalyptus sont-ils écologiquement nocifs?») que je me suis décidé à vous écrire.

L'affirmation initiale vient de C.A. Jocqué, qui l'avait formulée à la suite d'observations de courte durée faites à l'occasion de son étude au Malawi intitulée: A terrestrial baselines study of the Visphya pulpmill project area, FAO internal report, qui figure dans la bibliographie annotée de l'Etude FAO: Forêts n° 59. Je n'ai pas ce rapport sous la main mais, si mes souvenirs sont exacts, M. Jocqué a observé une accumulation de litière dans les plantations d'eucalyptus situées prés de Chinteche - une des localités les plus chaudes et les plus humides du Malawi. Il n'a pas observé d'accumulation semblable de litière dans la forêt semi-décidue de Brachystegia voisine et a émis l'opinion que c'est une différence d'activité biologique qui est responsable de la différence dans la formation de litière.

Un fait qui lui a échappé est que la forêt de Brachystegia est soumise, chaque année si possible, à un brûlage contrôlé et que cette opération avait eu lieu environ deux mois avant qu'il ne fasse son observation. Les averses et le recru herbacé avaient pratiquement effacé les traces du brûlage contrôlé, dans lequel toute la litière est consumée. En revanche, les plantations d'eucalyptus avaient été efficacement protégées du feu depuis leur installation.

Lorsque j'ai eu connaissance du rapport de M. Jocqué, je lui ai écrit en ma qualité de Conservateur en chef des forêts pour lui signaler l'incidence du feu dans ses observations sur les taux comparés d'accumulation de litière. Lors de notre rencontre, j'ai eu le sentiment qu'il allait amender son rapport à ce sujet. Il semblerait que Poore et Fries aient utilisé la version non amendée lorsqu'ils ont rédigé l'Etude FAO: Forêts n° 59.

On pourrait penser que l'activité biologique serait plus intense dans une forêt spontanée écologiquement diverse que dans une plantation d'eucalyptus voisine. Toutefois, je ne pense pas que la partie non ligneuse de la litière d'eucalyptus mette beaucoup plus de 12 mois pour se décomposer en une masse plus ou moins homogène dans les conditions humides de Chinteche.

Il est certain en tout cas que l'épaisseur de la litière d'eucalyptus n'a pas continué d'augmenter après plusieurs années supplémentaires sans feux.

Je ne voudrais pas faire un éloge exagéré des eucalyptus: il est certain que les espèces dont nous disposons actuellement dans nos montagnes sèches et froides du Lesotho sont une source de préoccupation pour les pasteurs, les responsables de la conservation des sols et les forestiers, en raison de leurs effets sur la flore herbacée héliophile indigène. Mais je ne voudrais pas non plus que les eucalyptus de zones chaudes et humides soient calomniés à cause de conclusions erronées tirées d'observations de très courte durée au Malawi.

E.D. May Maseru, Lesotho


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