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RECOLTES DE SEMENCES DE GLIRICIDIA SEPIUM EN VUE D'ESSAIS INTERNATIONAUX DE PROVENANCES 1 2

par

C.E. Hughes
Oxford Forestry Institute
South Parks Road
Oxford OX1 3RB
Grande Bretagne

A la suite d'un accord de coopération passé en 1983 entre le CATIE, l'Université de Hawaï, le Visayas State College of Agriculture (Philippines) et l'Oxford Forestry Institute (Glover & Brewbaker, 1984), I'OFI, en collaboration avec neuf pays d'Amérique Latine, a réalisé des récoltes de semences de Gliricidia portant sur toute l'aire de l'espèce. Ces récoltes, effectuées sur quatre campagnes de 1983 à 1986, ont échantillonné plus de 2400 individus de 30 provenances dans huit pays (voir Carte 1). Des informations biologiques de base sur la taxinomie, la répartition, l'amplitude écologique, la phénologie, les systèmes de reproduction et les modèles de variation, qui ont servi de base à l'échantillonnage, seront publiées par ailleurs (Hughes, sous presse). On a cherché dans ces récoltes à avoir un échantillonnage aussi large que possible dans toute la gamme de latitude et d'altitude de l'aire naturelle de l'espèce, y compris les extrêmes de climats et de sols que l'on y rencontre. En outre, on a inclus un certain nombre de races locales d'autres régions d'Amérique Centrale et du nord de l'Amérique du Sud, et il est prévu d'y adjoindre des semences provenant de matériel sélectionné au Nigéria pour son adaptation aux conditions locales, et de races locales de Thaïlande. Cet échantillonnage sur une large base génétique permettra une grande souplesse dans le choix futur de provenances et de races locales à introduire à grande échelle, et dans leur amélioration ultérieure.

La distribution de quantités expérimentales de semences de Gliricidia sepium récoltées en vue d'essais internationaux a débuté en janvier 1987, et s'est maintenant étendue à quelque 155 essais dans 53 pays, ce qui a épuisé les stocks disponibles.

DONNEES GENERALES SUR L'ESPECE

Gliricidia sepium (Jacq.) Walp. est un arbre de la famille des légumineuses, de taille moyenne, inerme, indigène du Mexique et d'Amérique Centrale. Il a été introduit depuis longtemps dans de nombreuses régions tropicales, et il est cultivé et parfois naturalisé dans le nord de l'Amérique du Sud, dans les Antilles, à Hawaï, en Afrique occidentale, çà et là en Afrique orientale et australe, en Inde, à Sri Lanka, dans le Sud-Est asiatique (Thaïlande, Philippines, Indonésie) et en Australie. Plus récemment Gliricidia a été inclus dans la liste de 26 essences à fins multiples des zones sèches retenues par l'OFI en vue d'essais d'élimination d'espèces (voir Hughes & Styles, 1984), et des semences ont été distribuées pour 145 essais dans 42 pays (Hughes, 1986).

En Amérique Centrale et au Mexique Gliricidia est l'un des arbres les plus communs au-dessous de 1500 mètres d'altitude, et il se trouve parfois en grande abondance, pourtant sa répartition originelle n'est pas bien connue. Une prospection méticuleuse de la région a permis de dresser une carte de répartition provisoire (Carte 1). Alors que la littérature mentionne que Gliricidia fournit une très large gamme de produits utiles tels que bois de feu, fourrage, perches, engrais vert, fleurs mellifères (Falvey, 1982; NAS, 1980), et peut être utilisé dans des systèmes de production très divers allant de plantations pures à des associations intimes en agroforesterie, ses avantages et son utilité ne sont pas toujours clairement perçus par les utilisateurs. Gliricidia est extrêmement facile à installer, cultiver et conduire, et en bien des endroits il pousse vite et par conséquent se prête particulièrement bien à l'emploi par les agriculteurs en agroforesterie et autres usages fermiers, ce qui en fait un substitut intéressant par exemple à Leucaena leucocephala; il semble particulièrement intéressant pour la production d'engrais vert dans un système de culture en allées (Agboola et al., 1981). Gliricidia pousse bien sur une large gamme de sols, depuis des sables purs jusqu'à des régosols pierreux filtrants et des vertisols noirs profonds de pH compris entre 5,5 et 7,0. ll semble modérément tolérant au sel, mais ne pousse pas sur un sol engorgé. Dans son aire naturelle la pluviométrie varie entre 600 et 3500 mm, la majorité des stations recevant 1000 mm de pluies par an avec une saison sèche de 5–6 mois. Bien qu'il puisse encore survivre avec une pluviométrie de 400 mm, il manifeste alors un dépérissement en saison sèche, et sa croissance est ralentie; les meilleurs résultats sont obtenus dans des régions à plus de 600 mm de pluies. Il ne supporte pas le gel, en revanche il résiste au feu par sa faculté de rejeter.

Gliricidia sepium a été identifié en 1985 par le Groupe FAO d'experts des ressources génétiques forestières comme méritant la plus haute priorité en matière de prospection et d'évaluation (FAO, 1988). Plusieurs organisations régionales s'intéressent actuellement à l'étude et à la diffusion de Gliricidia, notamment le Centre agronomique tropical de recherche et d'enseignement (CATIE) au Costa Rica (CATIE, 1986), le Centre international de l'élevage pour l'Afrique, CIEA (Sumberg, 1985), la Nitrogen Fixing Tree Association, NFTA (Glover & Brewbaker, 1984), et l'Australian Centre for international Agricultural Research, ACIAR. En outre, divers programmes nationaux de recherche travaillent sur Gliricidia, notamment aux Philippines, à Sri Lanka, au Brésil et en Colombie.

On manque encore de recherches génécologiques systématiques pour Gliricidia; il n'existe aucune étude complète pour définir sa répartition naturelle, sa phénologie et son amplitude écologique, et sa variabilité. On a peu de données sur la plupart des introductions anciennes, et il est probable que les semences étaient souvent issues d'une seule provenance, voire d'un seul arbre mère - par exemple à Sri Lanka, où Gliricidia a été introduit en 1880 probablement de la Trinité (Weerawardene, comm. pers.), où on l'avait antérieurement amené du Nicaragua. De nombreuses races locales 1 sont par conséquent sans doute de qualité médiocre et présentent une forte consanguinité. Attah-Krah (1986) a montré que toutes les nouvelles acquisitions testées au Nigéria l'emportaient en performances sur la race locale d'lbadan. Des récoltes de semences plus récentes se sont concentrées sur des zones restreintes de l'aire naturelle. Sumberg (1985) a récolté un mélange de 54 lots de graines de familles et tout-venant dans le nord-ouest du Costa Rica, tandis que Chang et Martínez (1985) ont récolté une série de provenances principalement du sud-est du Guatemala et du nord-ouest du Costa Rica. Ainsi, la recherche actuelle sur Gliricidia s'appuie sur une connaissance biologique incomplète et sur un matériel de base génétique étroite provenant souvent d'une portion très restreinte de l'aire de l'espèce.

Complément d'information

Les lecteurs qui désirent un complément d'information peuvent contacter l'auteur de cet article.

Remerciements

Le rassemblement des récoltes de graines a été effectué en étroite collaboration avec les administrations forestières du Mexique, du Guatemala, du Honduras, du Salvador, du Nicaragua, du Costa Rica, de Panama, de Colombie et du Venezuela. Ce travail a été financé par la UK Overseas Development Administration.

CARTE 1   CARTE PROVISOIRE DE REPARTITION DE GLIRICIDIA SEPIUM ET LIEUX DE RECOLTE DE SEMENCES

CARTE 1

Références

Agboola, A.A., Wilson, G.F., Getahun, A. & Yamoah, C.F. 1981 Gliricidia sepium: un moyen possible en vue d'une production agricole soutenue. In: MacDonald, L.H. (éd.). Agroforesterie en Afrique tropicale humide. Comptes rendus d'un colloque tenu à lbadan, Nigeria (Université des Nations Unies, Tokyo, Japon). (159 pp.).

Atta-Krah, A.N. 1986 Gliricidia Progress Report. (ILCA, Ibadan, Nigeria). (Non Publié). (24 pp.).

CATIE 1986 Silvicultura de especies promisorias para producción de leña en América Central. Serie Técnica. Informe Técnico No 86. (CATIE, Turrialba, Costa Rica). (220 pp.).

Chang, B. & Martínez, H. 1985 Récolte de graines de Gliricidia sepium en Amérique Centrale en vue d'essais de provenances. Informations sur les ressources génétiques forestières 14:50–55. (FAO, Rome).

Falvey, J.L. 1982 Gliricidia maculata - a review. International Tree Crops Journal 2:1–14.

FAO 1988 Sixième session du Groupe FAO d'experts des ressources génétiques forestières. (FAO, Rome).

Glover, N. & Brewbaker, J.L. 1984 Network trials of Gliricidia sepium. Nitrogen-Fixing Tree Research Reports 2:34.

Hughes, C.E. 1986 Progress in collection and evaluation of NFT germplasm from Central America. Nitrogen-Fixing Tree Research Reports 4:49–51.

Hughes, C.E. Biological considerations in designing a seed collection strategy for Gliricidia sepium (Jacq.) Walp. (Leguminosae). Commonwealth Forestry Review. (Sous presse).

Hughes, C.E. & Styles, B.T. 1984 Exploration and seed collection of multi-purpose dry zone trees in Central America. International Tree Crops Journal 3:1–31.

National Academy of Sciences. 1980 Firewood Crops: shrub and tree species for energy production. (NAS, Washington, USA). (237 pp.).

Sumberg, J.E. 1985 Collection and initial evaluation of Gliricidia sepium from Costa Rica. Agroforestry Systems 3:357–361.

1 Manuscrit reçu en janvier 1987.

2 Les lecteurs intéressés pourront également consulter “Récolte de graines de Gliricidia sepium en Amérique Centrale en vue d'essais de provenances”, par B. Chang et H. Martínez, publié dans IRGF no 14.

1 Le terme de “race locale” est employé ici au sens large, en y incluant tous les matériels de plantation dans les pays d'introduction (quel que soit le nombre de générations sur lequel a porté l'adaptation locale).


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