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OUVERTURE DE LA SESSION

1. Le Sous-Comité pour la protection et le développement des pêches dans la zone sahélienne du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA) a tenu sa quatrième session du 7 au 10 mai 1990 au Palais des Nations à Conakry (Guinée). Les représentants des sept pays membres du Sous-Comité y ont pris part ainsi que des observateurs de la France, du Ghana, de la Communauté économique européenne (CEE), du Mano River Union et de l'Agence canadienne de développement international (ACDI). La liste des délégués et observateurs figure à l'Annexe D.

2. Monsieur Alkaly Dieng, Conseiller au Secrétariat d'Etat à la pêche de Guinée, a brièvement présenté le Sous-Comité et en a fait l'historique.

3. Monsieur J.H. Thorigné, Représentant de la FAO en Guinée, au nom du Directeur général de la FAO, Monsieur Edouard Saouma, a souhaité la bienvenue à la République de Guinée pour sa récente adhésion au Sous-Comité.

4. Soulignant le rôle du Sous-Comité en tant que structure technique de base dans le système de formulation et de mise en oeuvre du programme régulier de la pêche de la FAO, le Représentant a attiré l'attention des participants sur l'importance des travaux de la session et a souligné l'effort du pays hôte pour toutes les dispositions prises afin de faciliter le bon déroulement de la quatrième session du Sous-Comité à Conakry.

5. Après avoir rappelé l'activité du Secrétariat conformément aux recommandations des travaux de la précédente session qui a eu lieu en octobre 1986 à Accra (Ghana), Monsieur Thorigné a situé les travaux de la session dans la perspective d'une coopération plus étroite entre les pays de la sous-région du Sahel pour la conception, la mise en oeuvre des programmes de développement de la pêche, la recherche halieutique, l'aménagement et la maturation d'idées de projets régionaux pour la pêche au Sahel.

6. La session a été ouverte par Dr Mamadou Boye Barry, Secrétaire d'Etat à la pêche, qui a remercié la FAO pour avoir permis d'organiser en Guinée la quatrième session du Sous-Comité pour la protection et le développement des pêches dans la zone sahélienne et a souhaité la bienvenue aux participants. Après avoir rappelé l'importance des plans d'eaux continentaux, il a indiqué l'intérêt que présente pour son pays le développement de la pêche continentale. Il a également souligné la nécessité d'optimiser l'exploitation des eaux continentales et de l'aquaculture en Guinée dans la perspective d'une coopération régionale pour un programme d'action concerté visant à la conservation des ressources, la valorisation accrue des produits de la pêche et la formation.

ELECTION DU PRESIDENT ET DES VICE-PRESIDENTS

7. Le Sous-Comité a élu à l'unanimité Monsieur Jean Paul Sarre (Guinée) Président et Monsieur Bocar Oumar Sall (Sénégal) et Elhaji Maman Saadou (Niger) Vice-Présidents.

ADOPTION DE L'ORDRE DU JOUR ET ORGANISATION DE LA SESSION

8. L'ordre du jour a été adopté (Annexe A). La liste des documents présentés à la session figure aux Annexes B et C.

9. A la demande d'une délégation, le Secrétariat a introduit le document CIFA/PD:S/90/Inf.6 concernant l'historique et le mandat du CPCA, ses organes subsidiaires, la création et le rôle du Sous-Comité CPCA pour le Sahel et les différentes sessions du Sous-Comité depuis sa création en 1976.

10. Il a par ailleurs été demandé au Secrétariat de faire rapport à la session des différentes activités entreprises pendant l'intersession (1986–1990) et d'envisager une discussion sur la périodicité de la tenue des sessions du Sous-Comité au point 8 de l'ordre du jour.

ETAT ACTUEL DU DEVELOPPEMENT ET DE L'AMENAGEMENT DES PECHES DANS LA ZONE SAHELIENNE

11. Les délégués ont exposé la situation des pêches dans leur pays.

Burkina Faso

12. Au Burkina Faso, l'accroissement des disponibilités en eaux par la construction de nombreuses retenues a favorisé la mise en place d'une politique de développement des pêches. Le pays dispose d'un potentiel halieutique sous-exploité en général estimé à 12 000 t. La politique à court et moyen terme de développement du secteur des pêches repose essentiellement sur la mise en place de groupements autogérés de producteurs et de commerçants de poisson, et une gestion rationnelle des ressources. Ainsi, les actions de sensibilisation, de formation et d'organisation sont entreprises pour les groupements et un programme de recherche visant la mise au point de modèles d'exploitation des ressources et l'intensification de la production est en cours.

13. La Direction des pêches relève du Ministère de l'environnement et du tourisme. La plupart des projets sont financés par l'aide extérieure. Les plus importants sont le Projet de valorisation du potentiel halieutique qui intéresse 11 provinces (financement CEE) et le projet “Gestion de la pêche dans le Sud-Ouest” (financement RFA) exécuté dans cinq provinces.

14. Les principales contraintes au développement du secteur sont: l'absence de tradition de pêche dans les régions du Centre et de l'Est du pays, d'où l'importance du programme de formation des pêcheurs dans ces régions; l'inorganisation du circuit de commercialisation et l'insuffisance des moyens d'encadrement mis à la disposition de la Direction des pêches.

Gambie

15. En Gambie, les pêches intérieures sont réparties en deux zones (la Basse et la Haute-Gambie), zone nord et zone sud de la rivière Gambie. La Basse-Gambie comprend la zone d'estuaire à eau saumâtre pendant toute l'année. La Haute-Gambie est strictement d'eau douce. Les efforts de développement du Gouvernement visent à améliorer le niveau nutritionnel et socio-économique des communautés rurales et à réduire l'exode rural par la création d'emplois.

16. Le développement de l'aquaculture a démarré dans les années 1980 par un projet d'élevage de poisson en Haute-Gambie qui n'a pas réussi du fait de données techniques et socio-économiques défavorables.

17. Depuis 1990 avec l'assistance technique des Universités de West Virginia (USA) un site a été identifié pour étudier la faisabilité de la culture de poissons.

18. Dans les années 1986–1987 grâce à un financement du CRDI (Centre de recherches pour le développement international) du Canada, un projet d'élevage d'huitres a été mis en oeuvre en Basse-Gambie pour étudier la biologie de l'huitre de la mangrove ouest africaine et expérimenter un système de culture en casier.

19. Deux centres communautaires de pêcheurs ont été construits en 1987 dans deux villages de Basse-Gambie. Le projet a été étendu à cinq autres communautés de pêcheurs en Basse-Gambie grâce à une allocation supplémentaire du Gouvernement italien.

20. Bien que la pêche en eaux intérieures soit de type artisanale, elle contribue largement aux exportations de poissons par rapport à la pêche industrielle.

Guinée

21. Le potentiel des ressources fluviales en Guinée est estimé à 12 000 t par an; les relevés statistiques préfectoraux de 1984 indiquaient des captures de 4 000 t; les potentiels marin et aquacole sont également importants, les conditions environnementales étant favorables. La Direction nationale des pêches et aquaculture a recensé environ 1 000 pêcheurs fluviaux, mais il y a une réelle sous-estimation, du fait de la dispersion des communautés de pêcheurs composés essentiellement de Somonos et de Bozos. Le projet Micro-réalisation pêche-pisciculture basé à Kankan en Haute-Guinée est chargé de l'encadrement des pêcheurs et de la fourniture des intrants.

22. Les principales contraintes au développement de la pêche sont la méconnaissance des potentiels des plans d'eau et les faibles moyens matériels et humains pour organiser l'exploitation des ressources.

23. Pour remédier à cette situation, on recommande entre autres la réalisation d'un inventaire des ressources hydrobiologiques, une évaluation des stocks, la collecte et la centralisation des informations recueillies par divers organismes (projet ONCHO, ORSTOM, etc.). Sur le plan des ressources humaines, outre la conduite d'enquêtes socio-économiques portant sur les pêcheurs et leurs communautés, une attention particulière devrait être accordée à la formation des divers intervenants dans le sous-secteur, y compris les agents de l'administration.

Mali

24. Le potentiel halieutique actuel global des eaux maliennes est estimé à 70 000 t, y compris la production des barrages de Sélingué et Manantali. Le Mali met l'accent sur la recherche pour accroître l'impact des pêches dans l'économie nationale et sa contribution à l'autosuffisance alimentaire. Une attention particulière est portée au diagnostic des pêcheries, à la recherche de nouvelles technologies de transformation des captures, à l'étude de la commercialisation et de la consommation du poisson et, enfin, à la détermination des zones de développement de la pisciculture.

25. Les principales institutions chargées du développement et de la recherche sont, outre la Direction nationale des eaux et forêts, l'Opération pêche Mopti, les laboratoires d'hydrobiologie de Sélingué et Mopti.

26. Comme principales contraintes au développement du secteur, on note la baisse de la production liée aux facteurs climatiques, à la croissance démographique et à la pression exercée sur les stocks de poisson, l'absence de circuit organisé de commercialisation du poisson frais et l'absence d'un système de crédit aux pêcheurs bien organisé.

Niger

27. Le Niger est en grande partie désertique mais renferme d'importantes ressources en eaux exploitables à des fins piscicoles, notamment le fleuve Niger qui coule sur environ 650 km sur le territoire national. Toutefois, les étendues d'eau subissent de continuelles modifications, ce qui pose un problème pour le secteur de la pêche dans le pays.

28. De 20 000 t potentielles estimées, il y a une dizaine d'années, la production des pêches est passée à 2 220 t en 1987. Ces estimations sont sujettes à caution. Les pêcheurs exploitant les ressources halieutiques du Niger sont pour la plupart des étrangers, principalement des Maliens. Leur nombre a considérablement chuté pendant les dix dernières années et plusieurs d'entre eux se sont convertis à d'autres activités comme l'agriculture et l'élevage. La commercialisation du poisson frais est limitée aux grands centres urbains et à l'autoconsommation. Une grande partie de la production est vendue séchée.

29. Un programme de développement des pêches a été mentionné dont deux projets pour l'aménagement des pêcheries et la formation des pêcheurs mis en place avec la collaboration de la FAO et de l'UNICEF; les résultats obtenus sont satisfaisants. Des actions de développement de pêches à petite échelle ont été aussi entreprises dans le cadre de projets intégrés et avec l'aide des ONG. Un important projet d'aquaculture est mis en oeuvre pour produire du poisson de bonne qualité et compenser la baisse de la production naturelle. A cet effet, une technique d'élevage de Tilapia nilotica en cage du Niger a été mise en oeuvre. Les résultats sont probants et l'expérience est vulgarisée dans trois sites regroupant 40 aquaculteurs pilotes. Pour soutenir toutes ces actions, un projet de développement de la pêche continentale au Niger est sur le point de démarrer. Il est financé par la Banque africaine de développement (BAD) pour une période de cinq ans et couvre cinq départements. Les activités envisagées visent à répondre aux préoccupations du Gouvernement en ce qui concerne le développement de la pêche au Niger.

Sénégal

30. La production totale de la pêche en zone continentale est passée de 47 000 – 60 000 t avant la sécheresse, à 37 000 t en 1977. Le poisson est vendu frais ou réfrigéré, quelquefois fermenté, séché, sur le marché local. Le poisson provenant de la pêche continentale contribue seulement pour 10 pour cent de la consommation totale du poisson.

31. Le Département des eaux, forêts et de la faune est chargé de la pêche continentale mais les effectifs réservés à la pêche sont insuffisants, ce qui entraîne un faible encadrement des activités et des pêcheurs. Des mesures de contrôle des mailles de filets ont été prises et un réseau d'enquêtes statistiques est mis en place. Il a été constaté également qu'à cause de la sécheresse de nombreux pêcheurs se sont convertis à d'autres activités ou ont émigré vers d'autres zones plus propices à la pêche.

32. Les deux principaux barrages de Diama et de Manantali ont globalement des effets néfastes sur la pêche continentale.

33. Parmi les contraintes au développement des pêches continentales au Sénégal, on peut citer l'insuffisance de l'encadrement de l'activité de la pêche par manque de cadres spécialisés, la formation dans cette filière devant se faire à l'extérieur.

34. L'accent a été mis sur la nécessité de l'obtention de statistiques régulières et le respect de la réglementation. En ce qui concerne les perspectives de développement des pêches, les difficultés de financement ont été signalées. Un seul des 12 projets en instance en 1990 a pu obtenir un financement.

Tchad

35. Au Tchad l'activité de la pêche se limite aux eaux intérieures. En outre, le Tchad fait face à une sécheresse prolongée et aux effets de la guerre.

36. La production de la pêche dans la partie tchadienne du lac est estimée à 80 000 t annuellement. Ceci place la pêche au troisième rang après l'agriculture et l'élevage. Il a été établi que le revenu des pêcheurs est trois fois supérieur à celui des agriculteurs.

37. L'une des caractéristiques de la pêche au Tchad est que les points de débarquement de la production sont très éloignés des lieux de consommation, d'où un problème de transport et de préservation du poisson. Le poisson est commercialisé, fumé, séché et salé séché. Les contraintes au développement de la pêche au Tchad sont essentiellement la sécheresse, l'absence de connaissance sur les niveaux des stocks et la production, le manque de personnel administratif formé, notamment de vulgarisateurs, et la sur-exploitation des plans d'eau.

SYSTEMES D'AMENAGEMENT TRADITIONNELS ET MODERNES DES PECHES DANS LA ZONE SAHELIENNE

38. Ce point de l'ordre du jour a été traité sous la forme d'un séminaire s'appuyant sur une documentation préparée à cet effet (liste en Annexe C). Le Sous-Comité a fait siennes les conclusions du Séminaire.

39. Le Séminaire a revu et analysé l'évolution et le statut des systèmes d'aménagement traditionnels sur la base de recherches en cours dans le delta central du Niger (Mali) et d'études de situations effectuées dans d'autres pays de la sous-région.

Systèmes d'aménagement traditionnels

40. Le Séminaire a pris acte du nombre croissant de conflits de pêche survenant dans la sous-région. Il a noté la permanence des pratiques traditionnelles de pêche ainsi que leurs similitudes concernant leurs caractéristiques (droits exclusifs d'exploitation, territorialité, spécificité des mesures de gestion en fonction des pêcheries, prescribilité temporaire de ces droits contre redevances, contrôle des activités et engins, règlement de conflits). Il est toutefois apparu que les fonctions des pratiques traditionnelles variaient considérablement par rapport à l'environnement bio-écologique et socio-économique auquel elles se rapportent, ainsi qu'en fonction des intérêts en cause.

41. Dans de nombreux cas, les réglementations traditionnelles avaient perdu de leur cohérence originelle ou étaient profondément altérées mais constituaient encore souvent un ensemble de mesures d'aménagement fort utiles notamment lorsque l'aménagement étatique faisait défaut.

42. Dans l'ensemble, le Séminaire a estimé que les réglementations traditionnelles, sous l'effet de leurs contradictions internes et de l'évolution du contexte dans lequel se pratiquent les activités de pêche, ont insuffisamment réalisé la transition vers un système garantissant la pérennité d'une exploitation équilibrée. Néanmoins, le Sous-Comité a estimé nécessaire d'inventorier ces réglementations ainsi que les connaissances bio-écologiques acquises par les pêcheurs dans le but de prendre en compte leurs aspects les plus positifs dans la législation en vigueur. On a noté que l'avenir des réglementations traditionnelles dépendra d'une nécessaire clarification du rôle de l'Etat et des institutions qui interviennent dans l'aménagement. Le Sous-Comité a suggéré que ceux des textes en vigueur dans les pays de la sous-région qui reconnaissant l'exercice de droits d'usage traditionnels de pêche clarifient le statut de ces droits dans la hiérarchie des normes juridiques ainsi que leur nature, leur champ d'application, leur portée à l'égard de leurs bénéficiaires et des tiers.

43. L'importance croissante des pêcheurs migrants, notamment pour l'exploitation des réservoirs, a été discutée. Il a été noté le besoin de formuler autant au niveau local que national des politiques adaptées à cette situation. On a pu constater que la limitation de l'accès aux pêcheurs allogènes pouvait conduire à une perte de revenus, de captures et d'emplois pour le pays ou la région hôte. Lorsque ces pêcheries sont ouvertes aux opérateurs les plus efficients, y compris les migrants, on constate des retombées économiques importantes pour les populations autochtones dans les activités d'aval telles que la transformation, le transport et la commercialisation des produits. Le Sous-Comité a toutefois estimé important que soient étudiés le statut actuel des pêcheurs migrants et les problèmes qu'il pose afin d'en informer les organismes régionaux et internationaux concernés.

Systèmes d'aménagement modernes

44. Les systèmes d'aménagement modernes mis en place par les autorités administratives apparaissent souvent décevants, notamment à cause d'une évaluation insuffisante de la complexité des pêcheries, et parfois à cause d'un manque de moyens. Ceci conduit à une identification insuffisante des objectifs et des stratégies d'aménagement qui puissent être clairement formulés dans des plans de développement sectoriel. Il a d'ailleurs été recommandé a maintes reprises durant le Séminaire qu'un effort important soit encore fait pour se doter effectivement de plans de développement sectoriel et assurer leur exécution et suivi. Ceci faciliterait, en outre, la recherche de financements lorsque-des projets coordonnés sont proposés pour mettre en oeuvre les stratégies de développement et d'aménagement soigneusement identifiées.

45. Il a été constaté que le problème se pose essentiellement en terme d'allocation de ressources limitées pour laquelle le cadre institutionnel et les dispositions légales qui l'accompagnent apparaissent souvent inadéquats pour constituer des instruments efficaces d'aménagement de pêcheries particulièrement complexes et mal connues.

46. Le Séminaire s'est prononcé en faveur de la mise en oeuvre de politiques d'aménagement qui soient à la fois: d'une part décentralisées par pêcheries homogènes; d'autre part décentralisées institutionnellement par la mise en place de structures aux niveaux local, régional et national permettant une concertation effective entre secteurs public (administration et recherche) et privé (opérateurs du secteur). Ceci faciliterait la formulation et l'application de mesures d'aménagement basées sur une meilleure appréciation de leurs effets biologiques, économiques et sociaux. Une telle approche, à laquelle souscrivent plusieurs pays de la région, pourrait être renforcée, pour certaines pêcheries, par l'adoption de mécanismes de régulation de l'effort de pêche basés sur une limitation du régime de libre accès et la reconnaissance d'une maîtrise territoriale juridiquement sanctionnée au plan local.

47. Le Séminaire a noté avec intérêt que la mise en place d'un système de quotas de licences était envisagé pour réguler l'accès des pêcheurs au plan d'eau du barrage de Sélingué (Mali). Des participants ont toutefois souligné qu'il était important de s'assurer que l'application de mesures de limitation de l'accès, qu'elles soient d'origine étatique ou traditionnelle, ne constitue pas le moyen d'alourdir encore la taxation imposée aux pêcheurs.

48. Les législations des pêches de plusieurs pays devraient être revues et adaptées en prenant soin de formuler avec une grande circonspection les dispositions concernant la régulation des caractéristiques des engins et techniques de pêche ainsi que les modalités d'accès aux pêcheries, compte tenu du manque parfois chronique d'informations fiables sur l'impact biologique, social et économique de ces mesures. Une assistance de la FAO ou d'autres organismes compétents pourrait être sollicitée à cette fin.

49. Il a également été recommandé que soit publié un compendium annoté des législations des pêches continentales des pays de la sous-région afin de faciliter l'analyse comparée de celles-ci et favoriser à terme l'harmonisation des dispositions concernant les plans d'eau partagés par plusieurs pays.

50. Il a été reconnu que la pêche dans la sous-région du Sahel constituait un système d'exploitation extrêmement complexe. Il en résulte que l'aménagement ne peut pas être abordé uniquement d'un point de vue de la protection de la ressource mais doit nécessairement faire une large place à l'étude des facteurs sociaux et économiques propres au secteur. Les différents éléments de ce système (conditions d'accès à la ressource, conditions de production et de commercialisation) sont finement imbriqués et interdépendants.

Recherche et formation

51. Dès lors, en matière de recherche, une approche intégrée définie et mise en oeuvre conjointement par les différentes disciplines concernées devrait remplacer l'approche consistant à mener des recherches indépendantes et cloisonnées. Les activités du Programme d'études halieutiques du delta central du Niger (Mali), initiées en 1987 et exécutées conjointement dans cet esprit par l'Institut national de recherche zootechnique et l'ORSTOM, ont été discutées. Il a été reconnu que, par exemple, les études très complètes faites notamment sur les modes de gestion traditionnelle des pêcheries du delta et les différentes analyses des mécanismes de fonctionnement du secteur constituent une contribution indispensable de la recherche pour permettre au preneur de décisions de faire les choix de politiques nécessaires à une optimisation de l'exploitation des ressources, au maintien de la paix sociale et, à terme, à la formulation de plans d'aménagement cohérents.

52. Il semble également que les travaux multidisciplinaires entrepris pourraient remettre en question, pour les pêcheries fluviales tropicales soumises à un environnement variable, les modèles néo-classiques d'aménagement basés sur la notion de prise maximale équilibrée.

53. Au cours des discussions, il a été jugé que ce type d'approche systématique devrait être utilisé ailleurs dans la région bien que la durée nécessaire à ce type de projet et son coût relativement élevé peuvent constituer un frein important pour le financement d'activités similaires dans des pays voisins. Il a été souhaité que le Mali informe régulièrement les autres Etats Members du Sous-Comité des résultats obtenus. La méthodologie testée devrait être systématisée et largement diffusée.

54. On a noté que les administrations chargées des pêches continentales ont en général un personnel et un budget trop limités, même lorsque la pêche continentale a une importance majeure pour l'economie nationale. Afin d'améliorer l'efficacité de l'aménagement, le Sous-Comité a estimé nécessaire de renforcer les mécanismes de coordination et de coopération entre les institutions chargées de la recherche appliquée, de la vulgarisation, de la formation, ou celles s'occupant d'autres utilisations des eaux. Les responsabilités de chacun devraient être mieux définies pour la formulation et la mise en oeuvre des plans d'aménagement.

55. Un effort général de formation est nécessaire, particulièrement au niveau des agents de terrain. Un aménagement serait facilité par la promotion des fonctions d'encadrement et de vulgarisation de ces agents par rapport aux autres fonctions qu'ils exercent.

Information scientifique et technique

56. Le manque général d'information et de données statistiques a été considéré comme un des principaux facteurs limitant l'aménagement. Un meilleur échange d'information scientifique et technique entre les pays de la sous-région pourrait atténuer sensiblement cette situation.

57. La télédétection par satellite a été présentée comme un moyen utile pour déterminer les besoins de l'aménagement, en particulier pour obtenir des informations de base et surveiller l'impact des changements de l'environnement sur les plans d'eau de la sous-région. Cet instrument pourrait compléter les relevés aériens et les informations collectées sur le terrain. La télédétection a été jugée particulièrement importante pour inventorier les petits plans d'eau, identifier les zones propices au développement de l'aquaculture, décrire la dynamique et faire des projections concernant la production piscicole des plaines d'inondation et des réservoirs dont les surfaces varient considérablement d'une année à l'autre.

58. Il a été souhaité par ailleurs que la composante “eaux intérieures” du programme de télédétection de la FAO prenne à l'avenir en compte les besoins d'information des pays membres du Sous-Comité.

Aquaculture

59. Les progrès de l'aquaculture dans la sous-région ont été examinés sur la base d'un document d'information. La situation a été considérée globalement décevante. Sauf en de rares occasions, comme certaines activités de pisciculture en cage et l'aménagement de mares, le prix de revient du poisson est plus élevé que son prix de vente. On a notamment insisté sur les besoins d'améliorer les études de préfactibilité des projets, de faire une place adéquate à la formation des pisciculteurs afin d'assurer le professionnalisme nécessairement requis pour la viabilité de ce type d'activité, et d'intégrer autant que possible les ouvrages piscicoles dans les aménagements agricoles.

SYSTEME D'ECHANGE D'INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES DANS LA ZONE SAHELIENNE

60. Sur la base du document CIFA/PD:S/90/3/Rév.1 présenté par le Secrétariat, le Sous-Comité a discuté du rôle essentiel que devrait jouer dans la sous-région du Sahel un système approprié de collecte et de diffusion de données scientifiques, techniques et économiques sur l'exploitation de la pêche, et des activités des projets de développement de la pêche et de l'aquaculture.

61. L'intérêt d'une collaboration plus étroite des chercheurs des pays membres a été reconnu, en particulier pour la constitution et la gestion de banques de données sur la pêche et l'aquaculture dans la sous-région.

62. Compte tenu des conclusions du Séminaire sur la nécessité d'améliorer l'aménagement des pêcheries en milieu sahélien et la complexité du problème tant que niveau national que régional, le Sous-Comité a recommandé la mise en oeuvre dans les meilleurs délais d'un projet sous-régional pour l'aménagement et le support à la planification des pêches continentales couvrant les pays du Sahel. Le projet régional devrait accorder une large place à la collecte et à la dissémination des informations scientifiques et techniques dans la sous-région.

COOPERATION AVEC LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES S'OCCUPANT DES PECHES DANS LA SOUS-REGION

63. Le Secrétariat a présenté un document sur la coopération avec les organisations internationales s'occupant de la pêche dans la sous-région (CIFA/PD:S/90//4).

64. Les différentes organisations concernées qui entreprennent chacune dans le cadre de son programme de travail des activités totalement ou partiellement consacrées à la pêche ont été décrites, notamment: la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO), le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), l'Autorité du bassin du Niger (ABN), la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT).

65. Le Sous-Comité a noté le rôle du CILSS en collaboration avec le Club des amis du Sahel et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dès le début de la création du Sous-Comité mais a constaté que l'activité du CILSS dans le domaine de la pêche s'est progressivement réduite. Par ailleurs, le Sous-Comité s'est félicité de la relance de ses activités due aux efforts déployés par le Secrétariat depuis 1985.

66. Les principales contraintes au développement de la pêche au Sahel ont été relevées, notamment: l'insuffisance des ressources humaines pour promouvoir le développement de la pêche, l'état de la connaissance scientifique des écosystèmes aquatiques et de la pêche dans la sous-région, le manque de support technique et financier approprié et l'insuffisance de coopération dans la mise en oeuvre, la gestion et l'échange d'informations scientifiques et techniques dans la sous-région.

QUESTIONS DIVERSES

67. Le Secrétariat a fait le point de ses activités pendant l'intersession sur la base du document CIFA/PD:S/90/Inf.7. Il a notamment mentionné ses contacts avec les pays membres, son activité dans la mise en exécution des recommandations de la troisième session, l'assistance aux pays du Sous-Comité dans le cadre de la planification des politiques du développement de la pêche et sa contribution à la réhabilitation du secteur de la pêche de la Commission du bassin du lac Tchad dont le rapport d'un séminaire tenu du 8 au 12 janvier 1990 a été publié à la session (CIFA/PD:S/90/Inf.5).

68. Le problème de la périodicité des réunions du Sous-Comité a été discuté. Il a été fait remarquer que les sessions du Sous-Comité pouvaient se tenir tous les deux ans en fonction de la périodicité du budget de la FAO et de sa Conférence générale, et que des contraintes financières et le volume minimal à obtenir des sujets de discussion à l'ordre du jour des sessions du Sous-Comité pouvaient affecter cette période.

69. Le Sous-Comité a souhaité que la périodicité de deux ans entre les sessions soit autant que possible observée et a recommandé que des moyens consistants soient affectés au Secrétariat pour soutenir l'activité du Sous-Comité CPCA pour la protection et le développement de la pêche dans la zone sahélienne.

DATE ET LIEU DE LA CINQUIEME SESSION

70. Le Sous-Comité a noté que le Sénégal et le Niger pourraient envisager d'accueillir sa cinquième session en 1992 sous réserve de l'approbation officielle de leur Gouvernement respectif qui sera communiquée au Directeur général de la FAO.

ADOPTION DU RAPPORT

71. Le rapport a été adopté le 10 mai 1990. Les participants ont adressé une motion de remerciement au Gouvernement de la Guinée qui a accueilli les travaux de la session.


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