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Les actions d'améliorations engagées

[planches photographiques 20 et 21]

Depuis quelques années le projet "Salagnac" a mis en place une série d'actions importantes (filière maraîchère, magasin d'intrants géré par une association paysanne, caisse populaire d'épargne et de crédit, citernes individuelles et communautaires). La situation était idéale pour qu'un projet s'investisse sur la gestion de l'environnement (PRATIC) en s'appuyant sur cette dynamique.

FIGURE 82 : Types d'aménagement et principales actions de développement réalisés dans les sous-unités agro-écologiques du transect (d'après Smolikowski, 1991)

- figure a : SE - NO

Contraintes générales

• enclavement do la zone/marché: pas de piste carossable
• fort ruissellement au rendzine, piste et chemin
• absence de point d'eau pour besoins domestiques, pépinières et animaux
• peu de diversification et intensification des cultures
• disponibilité en intrants faible pas d'accès au crédit
• divagation du bétail important car potentialités fourragères faibles
• vents souvents violents
• nombreux paysans sans terre

Actions réalisées (échelle du BV)

• construction d'une piste rurale bétonnée
• récupération des eaux de ruissellement (piste, sols pentus, chemins)
• stockage des eaux dans des citernes individuelles ou collectives
• vulgarisation des techniques de maraîchage
• création d'une caisse E/C populaire et d'une boutique d'intrants
• création de haies vives
• chantiers de travail pour les plus démunis

Aménagements à la parcelle

s. unités

contraintes liées au milieu physique

actions réalisées

1.1

• dégradation des sols par minéralisation de la matière organique
• fertilité chimique faible
• vents violents

• développement cultures fourragères et fruitières
• fertilisation minérale sur choux
• encloturement/brise-vent

1.2
1.3

• pentes plus fortes
• érosion en nappe ou mécanique
• érosion sélective d'où décapage
• tassement d'où ruissellement plus fort
• baisse de la mat. organique
• vents violents

• encloturement/brise vent
• bandes d'arrêt végétales en courbe de niveau pour terrasses progressives
• reboisement espace + herbe fourragère
• développement des cultures maraîchères: utilisation d'eau stockée, engrais minéral et poudrette animale
• élevage en semistabulation

1.4

• sols très dégradés
• pentes très fortes
• ruissellement important et érosion en griffe et rigoles

• mise en défens: reboisement avec arbres et herbes fourragères espacés
• seuils et citernes dans les fonds de ravines pour intensification

- figure b : E - W

Contraintes générales

• peu de diversification végétale
• production arboricole limitée par des variétés peu commercialisables
• très faibles potentiel fourrager, manques fréquents
• divagation des animaux importants
• enclavement de la zone pas de piste carrossable
• enclavement important
• sources nombreuses peu fonctionnelles
• potentialités fruitières pas suffisamment exploitées
• piste difficilement praticable
• accès a l'eau domestique très difficile et pénible
• potentialités fourragères faibles

Actions réalisées (échelle du BV)

• surgreffage sur plants jeunes et adultes de manguier
• introduction de nouvelles variétés de manguiers et avocatiers pour satisfaire le marché d'exportation cf. aménagement à la parcelle
• construction d'une piste rurale bétonnée (en projet) avec récupération des eaux de ruissellement
• tracé piste rurale bétonnée
• aménagement de sources
• surgreffage sur fruitiers pour satisfaire la marché d'exportation
• entretien des pistes
• construction de puits

Aménagements à la parcelle

s. unités

contraintes liées au milieu physique

actions réalisées

3.1

• sapement des berges ou petite mouvements des bas-fonds

• aucune action dans les ravines ou bas-fonds

3.2
3.3
3.4

• infiltration faible à nulle et réserve utile faible à très faible
• ruissellement fort d'ou décapage, puis rigoles ou griffes en formation
• érosion mécanique par le travail importante
• pas de couverture végétale

• bandes d'arrêt végétal en courbé de niveau avec utilisation d'espèces fourragères et bandes herbacées associées à des espèces fruitières ou forestières et avec introduction d'un mulch paillé: formation de terrasses progressives et agro-foresterie
• encloturement des parcelles pour diminuer la divagation des animaux

2

aucune action réalisée a la parcelle


4

• infiltration faible d'où ruissellement important, donc fort ravinement
• pas de couvert végétal

• essais de labour sur faibles pentes
• aménagement des ravines par construction de barrages en sacs renforcés par haie végétale puis mise en place de jardin manioc, bananes, tabac
• introduction légumineuses

Actuellement, en matière d'intensification de la production végétale, trois filières présentent un avenir prometteur pour les zones de montagne densément peuplée:

- Le couple maraîchage-cultures vivrières: les cultures maraîchères sont des têtes d'assolement qui financent l'apport d'engrais minéraux permettant souvent de doubler les rendements des cultures vivrières.

- L'arboriculture fruitière: un marché important se développe vers les Etats-Unis.

- L'élevage bovin laitier.

Les solutions envisagées ont permis de répondre aux problèmes que posent la production et les exploitations agricoles à l'échelle du bassin versant et de la parcelle. Ainsi, pour chacune des unités agro-écologiques des propositions techniques ont été testées (figure 82).

Il s'agissait de:

- Gérer l'eau de surface
- Gérer la fertilité et la biomasse
- Gérer l'élevage
- Développer l'agroforesterie
- Accompagner ces propositions par des actions complémentaires

PROPOSITIONS POUR MIEUX GERER LES EAUX DE SURFACE

Capture du ruissellement, diversion et mise en valeur des eaux dangereuses

La capture de ces eaux s'est faite surtout dans les unités 1 et 2 . Elle permet:

- La protection des zones à bonnes potentialités agricoles (jardins A et B. sols à bon potentiel) contre les eaux de ruissellement. Ainsi la construction de trois kilomètres de piste bétonnée (60 FF/m) en aval des terres à fort ruissellement (rendzines) et en amont des sols ferralitiques a été réalisée et a permis la récupération de ces eaux. Cette piste rurale sert d'impluvium. Elle est protégée par des murettes et renforcée par des canaux exutoires vers les ravines torrentielles.

- L'amélioration des disponibilités en eau, totalement absente en zone 1, pour les besoins domestiques, l'irrigation d'appoint pour l'établissement de petites pépinières maraîchères individuelles avant saison et l'abreuvement du bétail en semi-stabulation. Enfin, il permet d'augmenter la disponibilité en main d'oeuvre de l'exploitation en la libérant des corvées longues et pénibles d'approvisionnement en eau (de 2 à 3 heures/jour).

Ces eaux sont stockées soit dans des citernes collectives de plein champ (de 50 à 150 m3) lorsqu'elles proviennent des pistes, chemins ou sols pentus érodés, soit dans des citernes individuelles (8 à 12 m3) lorsqu'elles proviennent des toits des maisons. Environ 20 citernes de plein champ ont été réalisées (200 FF/m3) et 550 citernes individuelles (180 FF/m3).

De même, des seuils en pierre (unité 1) favorisant le piégeage des transports solides et des écoulements d'eau dans les petites ravines ont été construits afin de créer des îlots de fertilité valorisés rapidement par les agriculteurs.

Toutes ces infrastructures ont également permis:

- Le désenclavement de ces zones d'accès difficile: la piste rurale facilite le transport de la production agricole vers les marchés et permettra, à terme, de diminuer la charge élevée en animaux de bats utilisés pour le transport des produits. Ceci pourrait permettre de réduire en partie le surpâturage.

- L'amélioration immédiatement perceptible du revenu par la création d'emplois pour les plus démunis (salaires distribués pour les constructions des ouvrages dits "communautaires": piste, citernes, murettes de protection et seuils)

Le choix des ouvrages et de leur emplacement est fait à partir de l'étude de chaque sous-bassin et avec la participation des paysans: il a été déterminé les zones à fort ruissellement, les zones à bonnes potentialités agricoles à protéger, les emplacements pour déverser les excès d'eau dans les ravines torrentielles, le passage de la piste. Le raisonnement a parfois intégré des éléments des systèmes de production: construction des citernes à proximité des zones où le maraîchage est déjà bien développé.

Infiltration maximum et dispersion de l'énergie du ruissellement

Plusieurs techniques permettant une meilleure infiltration ont été utilisées sur de nombreuses parcelles paysannes essentiellement dans les unités 1 et 3. Il s'agit simultanément de techniques culturales comme le paillage et de l'établissement de haies vives, c'est à dire de l'implantation d'une végétation pérenne, en courbe de niveau. Tous ces aménagements, en jouant le rôle de bandes d'arrêt des sédiments transportés lors du travail du sol (érosion de masse provoquée par le travail de "haut en bas" lors de la préparation des terres) et pendant les fortes pluies par l'érosion en nappe, devraient conduirent à moyen terme à la mise en place de terrasses progressives. Ce procédé nécessite un entretien simple, particulier et régulier. Il s'appuie sur les techniques traditionnelles de clayonnage et de clôture en haies vives, et permet de ralentir le ruissellement lorsque la haie est renforcée par ses propres résidus végétaux (coupe des ligneux lors de son exploitation et son entretien) et des résidus de récolte (branchage et paille) qui s'appuie contre cette végétation pérenne. Il faut cependant renforcer la végétation vivante dans les zones fragiles et placer de nouveaux filtres de résidus végétaux lorsque les anciens sont détruits ou recouverts de terre afin d'éviter la formation de brèches.

La mise en place de haies vives est une des techniques la plus vulgarisée par le projet. Cette technique est évidemment plus bénéfique sur les sols basaltiques (unité 3) car la vitesse d'altération des matériaux est très rapide et les possibilités de restaurer la fertilité du milieu après sa dégradation sont excellentes.

Sur le calcaire (unité 1), ces possibilités sont extrêmement réduites. Cette technique est intéressante sur des parcelles ayant conservé de bonnes potentialités.

En ce qui concerne l'unité 2, peu d'aménagements de ce type ont été réalisés. Cette zone présente encore une bonne couverture arborescente et n'a pas été considérée comme prioritaire par les projets.

Pour la plaine d'Aquin (unité 4) ces techniques de haies vives sont utilisées pour aménager les fonds de ravines. La mise en place de barrages végétalisés se fait sur les atterrissements (sols plus profonds, riches en matières organiques et à bonne humidité) provenant de l'érosion torrentielle provoquée par les pluies et bloquée par des petits barrages en sacs de terre. Cette retenue permet la culture d'espèces économiquement rentables tel que les bananiers, les ananas et les cocotiers.

PROPOSITIONS POUR MIEUX GERER LA FERTILITE DES SOLS ET LA BIOMASSE

Il est primordial, si l'on veut augmenter la productivité des terres et du travail, de procéder à une meilleure gestion de l'eau, mais aussi à une meilleure gestion des nutriments et de la matière organique.

Ainsi, pour améliorer le "turn over" et le cycle des nutriments, il convient de revoir l'utilisation de la biomasse disponible. Celle-ci devrait considérablement augmenter avec la production des haies vives nouvellement implantées.

Le projet a commencé à vulgariser l'utilisation d'un paillis non enfoui avec un mélange de résidus de Leucaena ou de Gliricidia sepium et de paille de maïs ou de sorgho dans les unités 1 et 3 sur les sols pentus. Sur les sols basaltiques, il est probable que cette couverture permettra de résoudre 80% des problèmes de ruissellement et d'érosion. Sur les sols calcaires, elle permettra d'améliorer considérablement le bilan de matière organique souvent très déficitaire. Cette technique se développe déjà avec beaucoup de réussite sur les parcelles maraîchères, où sont épandus des engrais minéraux et organiques sous forme de poudrette bien localisée. L'association poudrette-paille permet la production de "vrai fumier" qui fixe mieux l'azote des déjections.

PROPOSITIONS POUR MIEUX GERER L'ELEVAGE

C'est une épargne qui tourne vite, exceptée pour les bovins. Cependant, sa conduite, en Haïti, présente actuellement de nombreux inconvénients:

- Libre, il empêche et détruit tous les aménagements biologiques.
- Au piquet, il tasse le sol, provoque le surpâturage et encourage le ruissellement.

Cependant, sous l'impact du projet Salagnac/Aquin qui intervient sur la production laitière, l'élevage tend vers une conduite en "semi-stabulation": en étable durant la nuit, puis au piquet durant la journée ou promenade vers les points d'eau. Cette technique de conduite de l'élevage a pu se développer grâce à une augmentation de la production de fourrage (haies vives), à la multiplication des points d'eau (citernes), mais également à la multiplication des clôtures de protection qui réduisent la divagation du bétail.

TABLEAU 42 : Choix des espèces utilisées en fonction des facteurs agro-écologiques et des types de structures (d'après Brochet et Smolikowski, 1990)

sous unités

clôtures végétales


haies en courbe de niveau



plantations en ligne ou


conduites en arbre

conduites en arbuste

conduites en arbre

conduites en arbuste

herbacée

dispersées

1.1

. Grevillea robusta
. Cedrela odorata (cèdre)
. Morus alba (murier)

. Hibiscus rosasinensis (choublack)
. Erythrina indica (pignon)
. Comocladia domingensis (bois pagnol)

. Citrus maxima (chadequier)
. Citrus sinensis (oranger)
. Cedrela odorata

. Leucaena diversifolia
. Gliricidia sepium
. Hibiscus rosasinensis

. Panicum maximum (h. de guinée)
. Pennisetum purpureum (h. éléphant)

néant

1.2

. Grevillea robusta
. Pinus occidentalis (bois pin)
. Ocotea leucoxylon (laurier sable)

. Erythrina indica
. Giliberta arboreca
. Hibiscus rosasinensis (bois négresse)
. Comocladia domingenis
. Bursera simaruba (gommier)

idem 1.1 + . Grevillea robusta

. Leucaena diversifolia

. Pennisetum purpureum
. Tripsacum laxum (H. guatemala)

néant

1.3

. Pinus occidentalis
. Casuarina equis. (filao)

idem 1.2 +
Leucaena diversifolia

. Pinus occidentalis
. Casuarina equiset

idem 1.2

. Pennisetum purpureum

. Pinus occident
. Casuarina equis.

1.4

idem 1.3

idem 1.3

. Persea americana (avocatier)

néant

néant

idem 1.3

2

PAS D'INTERVENTION

3.1

néant

. Persea americana
. Manguifera ind.

3.2

. Swietenia mahogany (acajou)
. Macrocatalpa longissma (chêne)
. Lisyloma latisiliqua (tavernon)
. Pithecellobium saman

. Gliricidia sepium
. Leucaena leucocephala
. Jatropha curcas (médecinier)

. Persea americana
. Manguifera indica
. Citrus aurantifolia (lime)
. Annonna reticulata (cachiman coeur de boeuf)

. Gliricidia sepium
. Hibiscus rosasinensis

. Pennisetum purpureum

néant

3.3 et 3.4

. Haematoxylon campechianum (campêche)

. Jatropha curcas
. Gliricidia sepium
. Lisyloma latisiliqua

. Anacardium occidentalis
. Citrus aurantif
. Annona reticulata

. Gliricidia sepium
. Leucaena leucocephalla

néant

néant


Aménagement de ravines ®

. Annona reticulata
. Manguifera indica
. Tamarindus indica

néant

. Musa sp.
. Pennisetum purpureum
. Ananas

néant

L'IMPORTANCE DE L'AGROFORESTERIE DANS LES TECHNIQUES PROPOSEES

Les techniques agroforestières développées par le projet permettent de répondre à plusieurs nécessités simultanément:

- Amélioration de l'infiltration par ralentissement des écoulements.

- Augmentation de la production de biomasse (environ 3 à 5 tonnes/hectare/an si la distance entre les talus est d'environ 10 mètres) qui peut être utilisée pour améliorer la fertilité par une restitution organique en répandant sur le sol les résidus issus de la taille des arbustes-légumineuses. Ainsi cette biomasse restitue rapidement et de façon plus progressive les nutriments. Enfin, elle est très utile pour l'alimentation du bétail (coupe des graminées et légumineuses), pour la production de bois de feu, et, à plus long terme, pour la production de fruits et de bois d'oeuvre.

- Réduction, par synergie avec les effets précédents, des problèmes d'érosion en bloquant les divers processus de transport des éléments solides.

- Amélioration de la protection contre les vents et la divagation des animaux.

L'objectif prioritaire n'est pas de reforester tous les espaces dégradés mais plutôt de:

- Couvrir les pentes de 40 à 60% en réimplantant un parc aéré afin de ralentir la migration de la couverture pédologique par la plantation d'arbres sur les terres très dégradées et de façon éparse sur les parcelles. Dans les unités 1, 2 (calcaire-marneux) et 3, des espèces fruitières (150/ha) sont installées dans des cuvettes de 0,5 m3 avec une bonne concentration de matière organique.

- Cloisonner le paysage par des talus complexes et en marquant la bordure des parcelles avec des haies brise-vent forestières/fourragères tout en favorisant la mise en place de terrasses progressives. L'installation de clôtures de protection contre la divagation des animaux, comme brise-vent et aussi comme fixation du talus (passage d'une route, d'un chemin), permettent également de marquer la "propriété" et incitent à une plus grande intensification de la parcelle (mise en place de cultures maraîchères, plantation de fruitiers). La technique du macro-bouturage est utilisée pour l'implantation des clôtures ensuite renforcées par la plantation d'arbres forestiers.

Diverses espèces ont été utilisées (tableau 42) pour la mise en place de ces aménagements. Elles tiennent compte des facteurs de production (tenure, éloignement, SAU), des besoins des exploitations (fourrage, bois, fruits, etc.) mais aussi des potentialités du milieu physique à l'échelle de la parcelle, suivant les sous-unités décrites précédemment. Ces espèces sont réparties sur l'aménagement de façon raisonnée:

- Herbes fourragères sur les talus en formation afin de jouer un rôle fixateur et de 2ème filtre.

- Haies vives de légumineuses conduits en arbuste (2 à 3 tailles/an) en amont du talus tous les 25 cm.

- Arbres forestiers ou fruitiers en aval (ou en amont sur des sols très humides) espacés de 5 à 8 m suivant l'écartement entre chaque talus.

LES ACTIONS D'ACCOMPAGNEMENT

Elles sont indispensables et concernent:

- L'introduction de cultures plus valorisantes: les cultures maraîchères. Cette diversification des cultures dans les unités 1 et 2 est la courroie de transmission entre aménagement, amélioration de la fertilité des sols, et augmentation de la productivité et de la production, le corollaire étant une augmentation du revenu. C'est parce que ces productions de rente se développent de plus en plus que les paysans souhaitent maintenant mieux protéger et donc mieux gérer leur espace. Les actions complémentaires doivent accompagner l'aménagement et la culture du choux le confirme. Cette culture nécessite un investissement important de la part des paysans (semences, engrais, matière organique, eau, produits de traitement) et bien que souvent plantée sur des jardins C ou D, ces derniers souhaitent que ceux-ci soient aménagés (brise-vent, clôture, plantation d'herbe pour valoriser au mieux les engrais, citernes à proximité, arbres fruitiers) afin de permettre une protection et de bien rentabiliser son investissement. Ainsi, c'est la première fois que le transfert de fertilité s'effectue vers les jardins C ou D.

- Les actions sur l'élevage: l'effort est mis actuellement sur l'augmentation de la production de lait qui passe par des actions d'amélioration de l'alimentation, des conduites et des facteurs génétiques.

- La diversification des productions fruitières: plusieurs campagnes de surgreffage (les greffes sont effectuées sur des arbres adultes de plus de 5 ans) ont été réalisées sur l'ensemble du transect pour introduire des variétés améliorées (oranges, mandarines et pamplemousses pour le marché américain) ou de contre saisons (mangiers, avocatiers) pour le marché national.

- L'amélioration de la sécurité foncière: les aménagements proposés constituent un investissement important en travail, parfois en argent. Pour le paysan, ces aménagements dont la rentabilité n'est pas immédiate sont d'autant plus importants que la sécurité foncière est bonne. Dans bien des cas un propriétaire peut vouloir reprendre sa parcelle jusqu'alors placée en fermage ou en métayage ou bien en augmenter la rente ou le fermage. Pour cette raison la majorité des aménagements l'ont été sur des parcelles en faire valoir direct, ce qui limite les interventions à l'échelle du versant ou du sous bassin versant.

De la même façon, l'application de techniques d'intensification (utilisation d'engrais minéral et organique) se fera difficilement si la parcelle est en métayage voire en fermage de courte durée bien que la rentabilité peut être immédiate. En effet cet investissement peut profiter au propriétaire qui peut souhaiter récupérer son terrain l'année suivante. Nous avons vu qu'en général les parcelles les plus dégradées concernent les parcelles où la sécurité foncière est la plus mauvaise et qu'il y a toujours des exportations de ces parcelles vers les autres.

Des essais de baux à long terme (8 à 10 ans) ont été réalisés lors de la signature du contrat entre le projet, le propriétaire et le fermier (le cas est plus complexe avec les métayers), permettant ainsi une plus grande sécurité sur le foncier et donnant au fermier le droit de jouir de la production, résultat de ses investissements.

- Les expérimentations en milieu paysan: elles sont très importantes et doivent avoir un aspect démonstratif. Elles ont consisté à:

• Des essais d'introduction de la technique en billons cloisonnés en remplacement des buttes à patate sur ferrallitiques des fortes pentes (sous-unités 12). Cet essai n'a pu être prolongé.

• Des essais sur différentes structures biologiques horizontales avec différents matériels végétaux (Gliricidia sepium, Calliandra).

• Des études plus rigoureuses sur les risques d'érosion par rapport au ruissellement pour différents systèmes de cultures, sur l'impact des haies en courbe de niveau et de leurs techniques de gestion sur les bilans (hydrique, fertilité, érosion, production de biomasse). Ces essais n'ont pu être réalisés suite aux événements politiques.

CONCLUSIONS

Il y a eu en Haïti beaucoup de projets de développement rural sectoriels qui ont abouti souvent à déséquilibrer le milieu physique par la mise en place d'aménagements mal intégrés et rarement entretenus.

Avec la GCES un nouvel espoir se dégage dans les méthodes d'approche pour l'intervention dans le milieu rural. Ces méthodes démontrent qu'il n'est pas contradictoire de concevoir un développement de la production agricole (intensification et diversification des productions végétales et animales, amélioration de la productivité) tout en protégeant et en conservant l'environnement (fertilité, conservation des sols et de l'eau) véritable support de ces productions. Cette stratégie doit s'identifier au paysage humain. Sa réussite dépend de la connaissance du fonctionnement des systèmes d'exploitation et de celle du milieu physique et plus particulièrement du potentiel sol.

Les problèmes d'érosion sont extrêmement variés dus à la grande diversité des milieux physiques et socio-économiques. Cependant les paysans continuent à utiliser des techniques de gestion du milieu "é moindre déséquilibre". Il est absolument nécessaire de s'appuyer sur elles et de les améliorer si l'on souhaite trouver des solutions intégrées . C'est une garantie de leur adoption par les paysans et de la continuité des actions d'aménagement, d'intensification de la production et de protection de l'environnement.


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