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La révolte indienne au Chiapas, Mexique: incidence de l'ajustement structure! et de la réforme forestière

L.J. Castaños

Le 1er janvier 1994, le jour même de l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange nord-américain entre le Mexique, le Canada et les Etats-Unis, et alors que le Président du Mexique, Carlos Salinas de Gortari, promoteur d'un changement profond du modèle économique mexicain, entamait la dernière année de son mandat de six ans, la révolte a éclaté dans l'Etat éloigné du Chiapas, au sud du pays. Le mouvement se composait d'autochtones et de paysans pauvres et marginaux, originaires d'une région agroforestière située entre les hauteurs du Chiapas et la forêt humide de Lacandona. Cet article analyse les causes de la révolte au Chiapas, notamment les changements dans la politique fédérale vis-à-vis de l'agriculture, de la propriété des terres et de l'élevage.

León Jorge Castaños a été ministre adjoint et chef du secteur forestier du Ministère de l'agriculture du Mexique. Actuellement, il est consultant indépendant et s'occupe de l'organisation et du développement des paysans et de foresterie communautaire.

Jusqu'en 1982, le gouvernement fédéral était le moteur du développement; l'économie, de type mixte (privée et publique), était très protégée et axée sur le marché intérieur. Ce modèle a peu à peu épuisé ses possibilités et cette année-là il est entré en crise en raison de la croissance de la dette extérieure, de l'inflation et du chômage.

De 1982 à 1988, le gouvernement fédéral a effectué des modifications dans le cadre du système économique en adoptant des mesures visant une ouverture commerciale, la privatisation et la diminution du rôle de l'Etat, Au cours du mandat présidentiel suivant, de 1988 à 1994, l'administration publique s'est tournée vers un nouveau système économique fondé sur l'entreprise privée (vente de banques et de nombreuses entreprises publiques), les investissements étrangers et l'intégration du pays au marché international, par le biais notamment de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Les fonctions de l'Etat, son appareil, ainsi que les investissements publics ont considérablement diminué et de nombreuses formes d'assistance ont été abolies.

La rentabilité du secteur agropastoral a chuté affectant la situation des producteurs, aussi bien des régions de culture irriguée que de culture pluviale. La politique agricole défavorisait la production nationale de céréales, et d'autres cultures, telles que le café, le cacao, la banane, la canne à sucre, dont les prix ont enregistré de fortes diminutions à partir de 1989. Pour compenser les effets de la baisse des prix planchers agricoles, en 1993, l'Etat a lancé un programme spécial, par le biais duquel il a accordé une subvention pour chaque hectare cultive, principalement en mais.

La réserve de la biosphère de Montes Azules

Le nouveau modèle économique a été très controversé, et les zones rurales demeurent le point faible du projet de modernisation; c'est dans ces zones que vivent 23 millions d'habitants (28,7 pour cent de la population du pays), dont 6 à 10 millions d'autochtones.

Changement dans la propriété des terres

Vers le début du siècle, Emiliano Zapata (héro national) et les autochtones ont lutté pour l'article 27 de la Constitution de 1917 qui protégeait la propriété collective des terres indigènes. La paix, qui régnait alors au Mexique entre les autochtones et les paysans, avait pour base, à l'origine, cet article. Les terres et les forêts des ejidos et des communautés agraires et autochtones étaient inaliénables, insaisissables et imprescriptibles.

En 1992, l'article 27 a été amendé et une nouvelle loi agraire a été promulguée; cette loi mettait pratiquement la terre sur le marché; en effet, elle autorisait l'octroi de titres de propriété individuels, la libéralisation du marché de la terre des ejidos ainsi que la possibilité pour les entreprises commerciales de détenir jusqu'à 27 fois la superficie maximale autorisée comme propriété privée individuelle. Cette loi facilitait en outre la concentration des terres ainsi que la présence de capitaux privés et étrangers. Très rapidement, la vieille alliance entre l'Etat, et les paysans s'est dégradée.

Incidences de l'ajustement structurel sur le secteur forestier

La nouvelle politique économique a également touché le secteur forestier; en effet, suite à la réduction de l'intervention de l'Etat, trois organismes forestiers décentralisés fédéraux et un organisme provincial ont été dissous, et les effectifs des services techniques publics dans les régions forestières ont été réduits. La responsabilité des parcs et des zones protégées a été transférée du Sous-Secrétariat pour l'agriculture et les forêts au Secrétariat d'Etat pour le développement urbain et l'écologie (actuellement Secrétariat d'Etat pour le développement social), partageant ainsi les responsabilités concernant la production et la protection. [NDLR: voir également Morell et Paveri Anziani, 1994, Unasylva, 45 (178): 31-37].

Clairière dans la forêt humide de Lacandona

Les industries forestières ont aussi été gravement affectées. Il n'existe pas au Mexique de politique à même d'aider l'industrie forestière à affronter le processus accéléré d'ouverture commerciale et de favoriser sa modernisation. Dans les milieux officiels, on considère que les groupes privés, qui associent les capitaux et la technologie avec les terres forestières communautaires, constituent une alternative pour devenir compétitifs sur le marché, et que les plantations industrielles représentent la solution au problème de la production de bois et de la protection des forêts naturelles. Pourtant, jusqu'en avril 1994, aucune association ni plantation forestière industrielle n'avait encore vu le jour. La rentabilité de l'industrie forestière a considérablement diminué du fait de l'ouverture de l'économie et de la récession. Les producteurs et les propriétaires de forêts en particulier, guère habitués à la concurrence, se trouvent désemparés et ont du mal à s'adapter aux exigences issues de cette nouvelle conjoncture. La production de bois, qui s'élevait à 10 millions de m3 en 1985, est tombée à 6 millions de m3 en 1993, niveau qui avait été atteint il y a 25 ans, avec la différence qu'à l'heure actuelle la population compte 25 millions d'habitants de plus.

L'industrie de la cellulose et de la pâte est en crise et quatre des huit usines nationales ont dû fermer, faute d'offrir des prix compétitifs, surtout en ces temps de pléthore mondiale. La production de matière cellulosique a enregistré une diminution d'environ 40 pour cent.

Dans le secteur du bois de sciage, du fait d'une diminution de l'inflation, les marchés se sont stabilisés; cependant, à cause de la récession économique des années 1992-1994, on a assisté à une baisse de la demande de bois, ce qui a affecté la commercialisation, et a fait augmenter les stocks de bois de faible qualité.

Plusieurs groupes privés renommés ont dû fermer et vendre tout. Les importations de sciages des Etats-Unis se sont accrues ce qui a eu un impact négatif sur le commerce des bois de qualité inférieure - qui représentent au moins 50 pour cent de la production nationale, et sont plus chers et moins finis - entraînant un réajustement des prix à des niveaux comparables. Cependant, le commerce des bois de qualité demeure stable et trouve des débouchés au niveau national ou a l'exportation.

Impact sur le secteur forestier du Chiapas

La forêt humide de Lacandona

La forêt de Lacandona, d'une superficie totale de 1,3 million d'hectares, constitue l'une des zones tropicales les plus importantes du pays pour ses richesses naturelles et historiques et pour sa position stratégique. Elle abrite des sites archéologiques au nord; pour préserver ses ressources forestières et éviter le morcellement des terres, on a défini des zones communautaires (la communauté de Lacandona) et créé une réserve de la biosphère (Montes Azules). La bonification des terres a permis de faire progresser la frontière agricole dans les zones de Marques de Comillas et de Las Cañadas. Par ailleurs, il s'agit d'une région clé pour la sécurité nationale car elle marque la frontière avec le Guatemala.

Dans les années 70 et au début des années 80, on a encouragé la distribution des terres ainsi que l'élevage à vaste échelle par la colonisation de la forêt de Lacandona, stimulant ainsi la déforestation. Durant cette période, il était permis de récolter du bois de feu. Toutefois, dès 1977, 331000 ha de la forêt humide de Lacandona ont été transformés en une réserve de la biosphère appelée Montes Azules, devenue la première réserve protégée du pays.

En 1986, en réponse aux pressions croissantes concernant une gestion appropriée des ressources naturelles, le gouvernement a créé la Commission intersecrétariat pour la protection de la forêt de Lacandona. En mars 1987, un accord de coopération a été passé - aux fins de conservation et de mise en valeur de la forêt de Lacandona - entre le gouvernement fédéral et le gouvernement de l'Etat, et les communautés de Marques de Comillas et de la région de Las Cañadas (foyer de la révolte de janvier 1994).

Les premiers résultats de la Commission ont démontré qu'il est effectivement possible de freiner la dégradation des forêts moyennant une gestion appropriée, que la participation des paysans aux activités de conservation est indispensable et que les secteurs et institutions concernés répondent positivement aux efforts de concertation et de partage des responsabilités. Cependant, en 1988, au bout des six ans de mandat présidentiel, la commission et l'accord ont été supprimés ainsi que toute coopération avec les communautés.

A l'achèvement du programme de conservation et de mise en valeur durable de la forêt de Lacandona, 26 villages de la région de Las Cañadas limitrophes de la réserve de la biosphère de Montes Azules restent dans l'incertitude quant à la propriété de leurs terres et forêts, faute d'un décret présidentiel qui leur en garantirait le contrôle total.

Politique forestière au Chiapas

De 1970 à 1988, la politique forestière dominante dans le Chiapas a favorisé les exploitations commerciales et traditionnelles non durables par des groupes privés et publics, et le rôle des paysans, les vrais propriétaires des forêts, était très marginal. Le gouvernement détenait le monopole des concessions forestières et seule une petite partie des revenus arrivait aux paysans et à leurs associations ou ejidos. Néanmoins, au début des années 80, les ejidos ont commencé à participer plus directement à l'utilisation et à la gestion des ressources forestières, en classifiant leurs terres comme propriété forestière permanente et en préparant des programmes de gestion qui ont donné aux paysans le contrôle direct sur l'utilisation durable des ressources et, dans certains cas, une augmentation de leur revenu. En 1986, la législation a été modifiée faisant cesser le monopole de l'Etat, sur les concessions et rendant les activités forestières plus compétitives. Le gouvernement fédéral a accordé des fonds limités aux organisations forestières paysannes et à leurs projets de production et de reboisement. L'attention a été concentrée sur les pépinières, les plantations, et l'agrosylviculture et moins sur les aspects administratifs, techniques et financiers du développement de la gestion forestière communale.

A partir de 1989, l'Etat a commencé à promouvoir une nouvelle politique forestière fédérale qui comprenait les points suivants: limitation de l'exploitation forestière sur 95 pour cent du territoire; suspension quasi totale de l'aide financière à l'industrie forestière; définition du délit d'atteinte au patrimoine écologique de l'Etat, protection - par des moyens policiers, judiciaires et répressifs -, des forêts et de l'environnement en interdisant de couper les arbres, y compris pour s'approvisionner en bois de feu ou pour toute autre utilisation rurale, et même d'élaguer.

Le Chiapas

SURFACE ET POPULATION

L'Etat du Chiapas s'étend sur 75634 km2 (3,8 pour cent du territoire national); son taux de croissance démographique s'élève à 4,5 pour cent par an (le double du taux national); 59 pour cent de la population active vivent en milieu rural; le taux d'analphabétisme est de 30 pour cent et un tiers de la population appartient à un groupe ethnique et parle une langue vernaculaire. Près de 60 pour cent de la population de cet Etat survit avec un salaire minimum ou moins (I 100 dollars EU par an) et représente 26 pour cent de la population nationale.

RESSOURCES

La terre est la principale ressource du Chiapas, car l'agropastoralisme est la base de sa culture et de son économie. Cette région fournissait plus de la moitié du café exporté par le pays, et la production de bovins et de mais est importante. Elle compte au moins 2 millions d'hectares de bois et forêts.

PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ET ORGANISATION

Dans les quatre principales municipalités (Altamirano, Las Margaritas, Independencia et Ocasiga), les ejidos et les communautés détiennent deux tiers des terres. Cependant, la moitié des habitants ne possède pas de terre. Pour les Indiens, la dimension communautaire est la principale valeur. Chacun travaille individuellement la terre, mais la forêt appartient à la collectivité. Au sein du système d'autogestion existant, composé des membres de la communauté, tous offrent leurs services bénévolement pour maintenir l'organisation et la cohésion sociale et politique. Les décisions sont prises en commun et par consensus lors des assemblées tenues par l'ejido.

ÉCONOMIE

L'économie rurale est diversifiée, tournée aussi bien vers la satisfaction des besoins essentiels que vers l'exploitation des ressources naturelles. Les recettes sont tirées du café et de l'élevage, et le mais sert à la consommation propre.

L'économie rurale du Chiapas est devenue précaire au cours des cinq dernières années, en raison du recul de diverses cultures, comme le café, le cacao, la banane, la canne à sucre, ainsi que de l'élevage. Ces problèmes sont dus à l'ouverture commerciale, à la mondialisation des marchés et à la suspension des achats officiels de café. L'Etat interdit l'exploitation commerciale du bois d'oeuvre et la récolte du bois de feu depuis déjà quatre ans, aggravant ainsi la situation du Chiapas.

L'interdiction d'exploiter les forêts à des fins commerciales ou même pour s'approvisionner en bois de feu a été appliquée dans la région du Chiapas à 45000 ha de pins et 90000 ha d'essences tropicales précieuses. Ainsi, les communautés locales propriétaires des forêts, y compris les municipalités des zones rebelles, ont été privées de revenu, emploi et bois de feu. En 1992 et 1993, dans les montagnes du Chiapas et autres zones de la région, l'interdiction de récolter du bois de feu a déclenché à plusieurs reprises des affrontements entre les autorités forestières et les communautés autochtones.

La défiance de la société à l'égard de la politique forestière atteignait alors son point culminant, surtout pour ce qui était de l'exploitation du bois. Le gouvernement fédéral a adopté une attitude positive et juste vis-à-vis de l'écologie en essayant de freiner le déboisement et d'encourager le reboisement; cela a cependant entraîné la création de nouvelles zones protégées pour la conservation de la diversité biologique, au lieu de concilier efforts de conservation et exploitation durable des ressources naturelles. On a renforcé les contrôles punitifs au lieu d'encourager l'exploitation durable des forêts et de favoriser le développement de programmes de gestion forestière appropriés. Les aspects liés à la production et au paysannat ont été mis de côté. Il semblerait que le gouvernement fédéral n'attache pas suffisamment d'importance aux besoins des paysans et à la productivité, et qu'il soit incapable d'intégrer de façon concrète les fonctions écologiques, économiques et sociales de ses politiques.

Groupe d'habitants autochtones de la région de Las Cañadas

La révolte du Chiapas

Dans les années 70 un mouvement paysan autochtone est né dans les montagnes du Chiapas; il a commencé à lutter de manière organisée pour la terre et à établir des contacts avec des groupes d'influence politique et économique. Petit à petit, les stratégies ont divergé et à la fin des années 70, certains ont voulu négocier avec le gouvernement, tandis que d'autres ont opté pour une position dure et ont formé des forces de sécurité armées.

Comme l'économie rurale a été affectée par les crises du café, de l'élevage et du bois, l'autoritarisme a continué de prédominer et les abus sont restés impunis. L'Asociación Nacional de Campesinos e Indígenas Emiliano Zapata (ANCIEZ) a renforcé sa position et développé ses moyens militaires avec une Armée de libération nationale (EZLN). Les autochtones regroupés au sein d'organisations ne se sont pas tous joints à l'ANCIEZ-ELZN, faute d'un accord sur la ligne de conduite. Au cours des trois dernières années, on n'est pas parvenu à un vote majoritaire qui permettrait d'agir. La modification de l'article 27 de la Constitution a contribué considérablement à la cause et enfin, à l'aube du 1er janvier 1994, l'EZLN a pris les armes et s'est emparé de cinq chef-lieux municipaux de la région.

Après une brève période de confrontation militaire, la société mexicaine a manifesté sa désapprobation de la violence, et à la fin janvier un dialogue s'est amorcé entre l'EZLN et le gouvernement fédéral. Au début du mois de mars, les revendications insurgés ont été entendues et les autorités se sont engagées à rétablir une paix digne au Chiapas.

Les points relatifs aux élections et à la formation d'un gouvernement de transition ont été considérés déclaratifs, et on a adopté une résolution en 32 points, parmi lesquels figurent notamment:

· la promulgation d'une loi générale sur les droits des communautés autochtones;

· la modification des articles 4 et 27 de la Constitution (on n'envisage cependant pas de revenir sur la réforme de l'article 27);

· la promulgation d'une nouvelle loi électorale, des réformes de la Constitution et de la loi organique municipale (création de nouvelles municipalités à Ocosingo et Las Margaritas);

· la dérogation au Code pénal et des activités visant à promulguer une loi agraire plus juste.

Sur les plans économique et social, divers programmes ont été prévus, ainsi que le versement d'indemnités pour compenser les fluctuations brutales des cours internationaux des produits agricoles et l'évaluation des incidences de l'ALENA. Un point concerne spécifiquement la protection des ressources naturelles de la région, mais on n'a traité nulle part le problème de la foresterie; on a proposé aussi la création d'une Commission nationale pour la paix dans la justice et la dignité, chargée de veiller à l'exécution des accords contenus dans cet engagement.

Incidences possibles des revendications des paysans

D'autres événements ont secoué le pays, et en mai 1994, l'engagement n'avait pas encore été signé par les parties. L'EZLN a repris les consultations avec sa base pour revoir les propositions du gouvernement. Le représentant du gouvernement fédéral était ouvert à la négociation, et on a étudié divers avant-projets concernant la législation de l'Etat, du Chiapas. Les exigences prioritaires et les engagements ne concernent pas le secteur forestier, mais une fois que seront satisfaites les principales revendications de l'EZLN relatives à l'autonomie, à la terre, et au bien-être social, ainsi que celles très controversées sur la politique électorale, il faudra s'intéresser aux bases de production et à l'agroforesterie.

Dans la région de la révolte, certains facteurs chroniques entravent la production et la productivité, notamment l'insuffisance du réseau routier, le manque de ressources financières, de technologie, d'assistance technique et de formation. Certains domaines d'activité offrent pourtant des possibilités: culture organique du café, élevage intensif, eau d'irrigation et dendroénergie, agroforesterie, exploitation du bois, petite industrie sylvicole et tourisme vert.

Pour concrétiser ce potentiel il faut adopter une nouvelle approche qui permette de satisfaire les exigences actuelles en assurant à la fois la durabilité des ressources pour l'avenir, et l'assistance technique fondée sur la participation. Là où le potentiel pour l'exploitation existe, les services techniques devraient s'efforcer d'obtenir un profit économique des forêts moyennant des méthodes agrosylvopastorales basées sur l'enrichissement des herbages et sur des techniques agroforestières appropriées. Il devrait y avoir une collaboration avec les producteurs et surtout, un appui en faveur des organisations paysannes afin que celles-ci puissent devenir les véritables acteurs de changements à long terme. Les autorités et les dirigeants des institutions, dont la permanence, les vues ou la gestion sont de courte ou moyenne durée, ne pourront jamais créer un climat qui se prête à la réalisation d'initiatives durables qui respectent les besoins et aspirations des communautés autochtones.

Scierie gérée par la coopérative de Chilil, près de San Cristobal de las Cases, avant la révolte

Il existe au Chiapas une nouvelle génération de fonctionnaires dans les domaines de la foresterie, de l'environnement et du développement agricole, avec qui il est possible d'établir un dialogue, d'évaluer les événements des dernières années et d'examiner certaines expériences positives, comme les ejidos forestiers de l'Etat, du Quintana Roo [NDLR: voir aussi Morell, 1992, Unasylva 43 (171): 11-20], la réserve de la biosphère de Calakmul à Campeche, les réserves à Oaxaca et dans les Etats du Guerrero et du Durango. En travaillant ensemble ces fonctionnaires pourraient ainsi élaborer et proposer une nouvelle politique forestière, écologique et sociale pour le Chiapas, en tenant compte des fonctions économiques, sociales et écologiques des forêts et des caractéristiques diverses de chaque région.


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