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L'aménagement des forêts et l'agroforesterie pour piéger et conserver le dioxyde de carbone atmosphérique

P.E. Schroeder R.K. Dixon et J.K. Winjum

Paul E. Schroeder travaille pour ManTech Environmental Technology, Inc. auprès du laboratoire de recherche sur l'environnement de l'USEPA (Environmental Protection Agency), aux Etats-Unis. Robert K. Dixon travaille pour l'USEPA, au laboratoire de recherche sur l'environnement. Jack K. Winjum travaille pour le National Council for Air and Stream Improvement, auprès du laboratoire de recherche sur l'environnement de l'USEPA, Corvallis, Etats-Unis.

Une évaluation de pratiques et de technologies prometteuses d'aménagement des forêts - et de leurs coûts sur les lieux d'intervention - utilisables pour mieux retenir et conserver le carbone de l'atmosphère

L'accumulation dans l'atmosphère de gaz à effet de serre, en particulier du dioxyde de carbone, entraînerait une modification du climat de la terre. Divers auteurs (Marland, 1988; Andrasko, Heaton et Winnet, 1991; Grainger, 1991; Houghton, Unruh et Lefebvre, 1991; Sedjo et Solomon, 1991) ont évalué récemment le rôle potentiel des forêts dans la rétention du carbone. Quoique provisoires, ces analyses semblent montrer que la conservation, l'établissement et l'aménagement des forêts et l'agroforesterie pourraient aider à piéger et conserver le carbone de la planète, tout en assurant, dans de nombreux pays, des biens et des services aux communautés locales. Par ailleurs, les auteurs de ces analyses sont d'accord sur un point essentiel: les solutions utilisables pour piéger le carbone des forêts ne pourront à elles seules résoudre les problèmes liés aux gaz à effet de serre. Pour s'attaquer à l'échelle mondiale au phénomène de la modification du climat, il faudra passer par une adaptation complexe et prendre des mesures correctives qui toucheront tous les secteurs sociaux et économiques. Il est clair en outre que toute intervention fondée sur la foresterie devra s'appuyer sur une politique rationnelle, indépendante des prévisions relatives au réchauffement du globe, et produire des avantages nets, en plus de ceux qui pourraient en définitive découler d'un changement du climat.

En 1989, les représentants des 67 pays participant à la Conférence ministérielle de Noordwijk (Pays-Bas) ont examiné le rôle des forêts mondiales en tant que réceptacles de carbone. Ils se sont mis d'accord pour recommander au Groupe intergouvernemental chargé d'étudier le changement du climat l'adoption d'un objectif mondial visant à accroître, d'ici à la fin du siècle prochain, la superficie des forêts de 12 millions d'ha/an net. Cet objectif devrait être atteint par la conservation des forêts actuelles, le reboisement des terres forestières dégradées et le boisement de terres marginales agricoles, de pâturages et de savanes.

Plantation forestière dans la zone tropicale aride de l'Amérique latine

Dans le cadre du programme mondial de recherche sur le changement du climat entrepris par l'Environmental Protection Agency (USEPA) des Etats-Unis, on a commencé, en 1990, une évaluation de différentes formes d'établissement et d'aménagement des forêts aptes à piéger le carbone et à réduire l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Trois objectifs spécifiques ont été retenus:

· identifier les techniques et les pratiques qui, selon les endroits, pourraient être utilisées pour aménager les systèmes forestiers et agroforestiers de manière à piéger et conserver le carbone;

· évaluer les données disponibles concernant les coûts sur les lieux d'intervention de pratiques prometteuses d'aménagement des forêts et d'agroforesterie;

· évaluer les estimations des terres disponibles dans les pays boisés et biomes arborés du monde, dont les caractéristiques techniques permettraient d'atteindre les objectifs fixés à Noordwijk en matière de boisement.

Le présent article est un résumé du rapport publié sur l'évaluation susmentionnée (Dixon, Schroeder et Winjum, 1991).

Méthodes d'évaluation

La première étape de l'évaluation de l'USEPA a consisté à créer une base de données mondiale dans laquelle des données régionales et nationales fournies par 94 pays ont été classées en trois grandes catégories: croissance et conservation des forêts résultant de pratiques d'établissement et d'aménagement des forêts; coûts afférents à chaque pratique d'aménagement; et superficie des terres potentiellement adaptée à chaque pratique. Les informations destinées à la base de données provenaient de la littérature scientifique et technique internationale publiée ces 10 dernières années et de contacts avec les forestiers du monde entier.

Plus de 90 pays sont représentés dans la base de données, mais l'évaluation a été centrée sur 16 pays clés (Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Congo, Etats-Unis, Inde, Indonésie, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, ex-URSS et Zaïre).

Estimations concernant le stockage du carbone

Les données concernant la croissance et les rendements forestiers ont été utilisées pour estimer le stockage potentiel du carbone. Le volume de bois des fûts a été converti pour obtenir la biomasse totale de l'arbre, qui a été supposé contenir 50 pour cent de carbone. Dans la biomasse totale de l'arbre, on a inclus les racines mais pas le carbone du sol, les détritus ou l'humus. Pour calculer l'accumulation et le stockage annuel de carbone, on a additionné le carbone du matériel sur pied pour chaque année du cycle de végétation ou de la rotation, et on a divisé ce chiffre par la longueur de la rotation. Cette estimation de la quantité moyenne de carbone sur place durant une rotation s'applique à une série de rotations, si nous supposons que le système est durable et qu'aucune baisse de rendement n'est enregistrée au cours des rotations suivantes (Graham et al., 1990; Schroeder, 1992).

Système agroforestier à trois niveaux (bananier, caféier et agave) au Costa Rica

Il est à noter que cette approche présuppose aussi que, au moment de la récolte ou tout de suite après, la majeure partie du carbone stocké retourne à l'atmosphère. Cette hypothèse se fonde sur une estimation selon laquelle 40 pour cent au moins du carbone total contenu dans la biomasse des arbres se trouve dans les feuilles et dans les branches, qui sont brûlées ou se décomposent rapidement après la récolte. Sur les 60 autres pour cent de carbone récolté, il ne reste comme produit final, avec la plupart des opérations de transformation, que moins de la moitié du volume total. Par conséquent, plus de 75 pour cent (et selon certaines estimations jusqu'à 90 pour cent) du carbone stocké retourne à l'atmosphère peu après la coupe. Cela ne veut en aucune manière dire que le stockage à long terme du carbone dans des produits finis dérivés du bois est impossible, mais souligne plutôt la nécessité de rationaliser les opérations de récolte et de transformation.

Estimations des coûts

Pour estimer les coûts, on a pris les coûts d'exécution à l'hectare des diverses pratiques forestières et agroforestières. La présentation de ces coûts varie, mais englobe généralement la préparation de l'emplacement, le coût des plants et de la main-d'œuvre chargée de la plantation, plus ceux de la supervision. Ces données présentent donc trois limitations importantes: le coût de la terre n'est pas inclus, et cela en raison de difficultés évidentes; l'analyse ne tient pas compte des coûts annuels ou des dépenses d'entretien; elle ne tient pas compte non plus des variables sociales ni des variables politiques qui influent sur les coûts des pratiques d'aménagement.

Les forêts étant des ressources renouvelables, les coûts d'établissement sont des coûts récurrents. Pour calculer la valeur actuelle d'une série de coûts futurs successifs, on s'est servi des techniques courantes d'actualisation économique. Les données publiées sur les coûts ont été converties en dollars des Etats-Unis et utilisées pour calculer la valeur actuelle de tous les coûts d'établissement sur une période de 50 ans. L'hypothèse de 50 ans est arbitraire mais semble se justifier dans le cadre d'un programme mondial d'aménagement des forêts qui nécessiterait une période de démarrage assez longue, ainsi qu'une période d'attente avant que les arbres plantés n'atteignent leur plein potentiel (Grainger, 1991). Les coûts présentés (voir la section «Coût des solutions d'aménagement des forêts sur les lieux d'intervention» à la page 55 et le tableau 2) sont les médianes de l'échantillon suivies, entre parenthèses, d'une fourchette interquartile (les 50 pour cent du milieu des observations).

Il est important de souligner, en particulier, que les coûts présentés sont des coûts bruts, c'est-à-dire qu'ils ne tiennent pas compte des avantages financiers ou sociaux résultant de l'investissement initial ou de la production de biens utiles (Gregerson, Draper et Elz, 1989). Pour calculer les coûts nets, il aurait fallu soustraire la valeur actuelle des recettes futures, ainsi que les éventuelles subventions. Quand les méthodes seront au point et qu'il sera possible de tenir pleinement compte de tous les avantages, il est probable que la valeur des avantages compensera, voire excédera, une grande proportion des coûts. Le tableau 1 donne trois exemples d'analyses incluant tant les coûts que les avantages.

Analyse d'options d'aménagement prometteuses

On estime que la conservation des forêts mondiales, et en particulier la réduction du déboisement dans les régions tropicales, offrirait l'une des principales possibilités de contrebalancer l'accumulation de CO2 atmosphérique. Les causes du déboisement ont été abondamment analysées; d'une manière générale, elles comprennent par ordre d'importance la culture itinérante, le défrichage des forêts pour créer des pâturages et l'abattage des arbres à des fins d'exploitation. Le remplacement des pratiques agricoles itinérantes par l'agroforesterie permettrait éventuellement de freiner le déboisement (Wiersum, 1990; MacDicken et Vergara, 1990), donc de diminuer les émissions de carbone provenant des régions tropicales.

TABLEAU 1. Coûts et profits de trois systèmes d'agriculture durable en Amérique latine

 

Agroforesterie extensive

Culture à faible niveau d'intrants

Agroforesterie intensive

($ U.S.)

Coûts (main-d'œuvre, matériaux)/ha

47

737

767

Revenus bruts/ha

76

2229

1059

Revenus nets/ha

29

1492

292

Hypothèses générales

Coûts de vulgarisation agricole/ha

5

5

5


(Hectares)

Déboisement évité/an

5

4,6

20


($ U.S.)

Coûts de reboisement évité/an

3500

3220

14000


(Tonnes)

Pertes annuelles de carbone




Emissions résultant du déboisement

350

322

1400


($ U.S.)

Coûts et profits

Coûts totaux/ha

52

742

772

Profits totaux/ha

3529

4712

14292

Source: Andrasko, Heaton et Winnett, 1991.

On n'a que peu de preuves directes de cette possibilité, mais une étude scientifique a montré qu'un système agroforestier faiblement technicisé, comprenant une rotation de cultures tolérant un milieu acide, donne sur un seul hectare un volume de produits agricoles équivalant à ce que l'on obtient normalement sur 5 à 10 ha de culture sur coupe et brûlis (Sanchez et Benites, 1987). Un hectare de forêt tropicale dense peut contenir jusqu'à 220 tonnes de carbone (t C) dont la majeure partie, si on brûle la forêt, se libère dans l'atmosphère (Waring et Schlesinger, 1985). En conséquence, pour chaque hectare d'agroforesterie créé sur des terres déboisées dans les régions tropicales, on pourrait empêcher jusqu'à 2200 t C peut-être de finir dans l'atmosphère. Bien sûr, l'agroforesterie peut prendre de multiples formes, qui seront plus ou moins productives. En ce qui concerne l'extension des forêts mondiales, on peut, en analysant les renseignements contenus dans les bases de données sur les valeurs de rétention potentielle du carbone qu'offrent les pratiques d'aménagement, se faire une idée de celles qui seraient les plus promeneuses. Les cinq pratiques les plus prometteuses, du point de vue de la valeur médiane de rétention du carbone (en tonnes de carbone par hectare), sont, par ordre décroissant, examinées ci-après.

La régénération naturelle sous les tropiques. Cette pratique correspond à une valeur médiane de 195 t C/ha sur une période de 50 ans. C'est la valeur médiane la plus élevée que l'on ait trouvée dans la base de données; elle s'explique peut-être par les taux élevés de productivité de biomasse des écosystèmes naturels présents dans les régions tropicales humides. Toutefois, cette pratique n'a actuellement que trois références dans la base de données et demande à être vérifiée de plus près.

Le boisement sous les latitudes tempérées. La valeur médiane est de 120 t C/ha, valeur élevée qui s'explique probablement par les forts taux de croissance des plantations établies sur des terres retirées à la production agricole. Ces terres n'avaient peut-être qu'une productivité marginale pour ce qui concerne l'agriculture, mais pour des plantations forestières elles représentent souvent des emplacements à potentiel particulièrement élevé (Hughes, 1991).

L'agroforesterie dans les régions tropicales. L'évaluation donne, pour cette pratique, une valeur médiane de 95 t C/ha. Ce n'est que depuis une dizaine d'années que l'agroforesterie tropicale fait l'objet d'études approfondies (MacDicken et Vergara, 1990) et, par comparaison avec le reboisement, les données disponibles sont donc peu nombreuses et sont parfois faussées au niveau des résultats les plus élevés. Néanmoins, les valeurs correspondant à l'agroforesterie sont encourageantes car cette pratique sera certainement importante du point de vue des moyens de subsistance des populations locales.

Le reboisement dans les régions tropicales. Cette pratique a une valeur médiane de rétention du carbone de 65 t C/ha. Le nombre des données (136) confère un poids considérable à la validité de ces valeurs de rétention. Le classement élevé attribué à cette pratique appuie la conclusion, souvent avancée, que le reboisement sous les latitudes tropicales offre de grandes possibilités.

Le reboisement sous les latitudes tempérées. Avec une valeur médiane de 56 t C/ha, cette approche vient au cinquième rang sur la liste des pratiques prometteuses de rétention du carbone. Ces estimations se fondent sur 212 entrées, le plus grand nombre dans la base de données. Le reboisement, par comparaison avec le «boisement» décrit plus haut, comporte généralement des peuplements moins denses sur des sols plus pauvres, ce qui explique la différence de taux de rétention.

Il est à remarquer que les pratiques sylvicoles ont enregistré la valeur médiane la plus faible parmi les pratiques d'aménagement, cela sous les trois différentes latitudes (régions boréales, 10 t C/ha; régions tempérées, 26 t C/ha; régions tropicales, 34 t C/ha). Les traitements sylvicoles, comme l'éclaircissage et la fertilisation des plantations, joueront presque certainement un rôle important dans l'adaptation des forêts au changement de climat prévu. Toutefois, ces traitements ne contribueront pas à accroître la superficie des forêts et ils semblent peu aptes à contrebalancer l'accumulation de CO2 atmosphérique.

Coût des solutions d'aménagement des forêts sur les lieux d'intervention

Le coût, sur les lieux, de la mise en œuvre de solutions prometteuses sur le plan de la rétention du carbone a été l'un des principaux objectifs de l'évaluation d'ensemble. Les coûts d'exécution ou premiers coûts d'établissement et d'aménagement des forêts apparaissent d'une manière générale moins élevés dans les régions boréales. Dans les régions tempérées et tropicales, plus l'intensité d'aménagement augmente, plus les coûts initiaux à l'hectare sont élevés (Dixon, Schroeder et Winjum, 1991).

En ce qui concerne le système forestier boréal, la régénération naturelle et le reboisement artificiel pourraient très efficacement piéger le carbone pour un coût de 93 à 324 dollars/ha. Avec des valeurs de rétention d'environ 17 t C/ha et de 39 t C/ha respectivement sur 50 ans, le coût initial de ces deux pratiques est de 5 (4-11) dollars et de 8 (3-27) dollars/t C/ha.

Dans les régions tempérées, le reboisement, le boisement, la régénération naturelle et les pratiques sylvicoles sont les solutions les moins coûteuses pour piéger le carbone. Le reboisement artificiel peut arriver à 357 dollars/ha, pour un taux de rétention de 56 t C/ha. Le carbone peut être stocké pour un coût initial de 6 (3-29) dollars/t C suivant les caractéristiques de l'emplacement, les essences utilisées et l'intensité d'aménagement. Le boisement peut stocker environ 120 t C/ha pour un coût de 259 dollars/ha ou de 2 (0,22-5) dollars/t C. La régénération naturelle peut être à très bon marché, avec moins de 10 dollars/ha ou, pour 9 t C/ha, de moins de 1 (0,01-0,43) dollar/t C.

La fourchette de coûts la plus étendue concernerait les options de conservation/rétention du carbone des forêts sous les latitudes tropicales. La régénération naturelle, les plantations de bois de feu à cycle court et les systèmes agroforestiers peuvent tous être réalisés pour moins de 1000 dollars/ha (sur 50 ans). Le reboisement et l'agroforesterie peuvent capter le carbone pour moins de 10 (2-26) dollars/t C en raison des valeurs de rétention élevées. Les traitements sylvicoles intermédiaires stimulent la productivité et peuvent piéger le carbone pour un coût approximatif de 500 dollars/ha ou 8,50 (1,50-36) dollars/t C pour une valeur de rétention de 59 t C/ha (voir tableau 2 pour la rentabilité des pratiques forestières sous différentes latitudes).

TABLEAU 2. Rentabilité de quelques pratiques forestières sous différentes latitudes

Zone/pratique forestière

Médiane

Médiane

($/t C)

($/ha)

Régions boréales

Régénération naturelle

5

93


(4-11)

(83-126)

Reboisement

8

324


(3-27)

(127-455)

Régions tempérées

Régénération naturelle

1

9


(<1-1)

(9-10)

Boisement

2

259


(<1-5)

(41-444)

Reboisement

6

357


(3-29)

(257-911)

Régions tropicales

Régénération naturelle

1

178


(<1-2)

(106-238)

Agroforesterie

5

454


(2-11)

(255-699)

Reboisement

7

450


(3-26)

(303-1183)

Note: Les médianes de l'échantillon sont suivies, entre parenthèses, d'une fourchette interquartile des observations.

Quels sont le potentiel d'ensemble et les coûts?

Dans une analyse des coûts marginaux, on a intégré des données sur le stockage du carbone, les coûts d'établissement et la superficie des terres. Les pratiques d'aménagement forestier et les superficies en terres qui pourraient leur être associées ont été classées par ordre croissant, en commençant par les moins coûteuses pour finir par les plus coûteuses à la tonne de carbone stocké. En supposant qu'il est plus rationnel de commencer par stocker le carbone moins coûteux (Moulton et Richards, 1990), nous pouvons cumuler tant le carbone que les coûts en remontant la liste, et en ajoutant à chaque fois des pratiques plus coûteuses. Cette approche a montré que le coût marginal du stockage de 45 à 65 tonnes brutes (Gt) de C (1 Gt = 109t) serait d'environ 3 dollars/t C pour un coût total de 135 à 195 milliards de dollars. Au-dessus de 70 Gt C environ, le coût marginal fait un bond et dépasse 100 dollars/t C. Le stockage de 45 à 65 Gt C nécessiterait de 400 à 950 millions d'hectares.

Plantation intensive à cycle court de pins radiata en Nouvelle-Zélande

Pour situer ces estimations, il est à noter que, dans une récente étude, la National Academy of Sciences (NAS) des Etats-Unis a considéré comme peu coûteuses les solutions visant à atténuer les émissions de gaz à effet de serre, qui coûtent moins de 33 dollars/t C (NAS, 1991). Une politique de taxation des émissions de carbone provenant de combustibles fossiles pourrait arriver à coûter 100 dollars/t C (OTA, 1991). Une subvention de 0,02 dollar/kwh destinée à promouvoir l'utilisation de sources d'énergie dérivées de combustibles non fossiles pourrait coûter de 75 à 150 dollars/t C.

Aptitude des terres

En ce qui concerne l'aptitude et la disponibilité de terres, le tableau devient flou par manque de données fiables et se complique de considérations économiques et sociales ainsi que de problèmes touchant l'utilisation des terres. Il semble néanmoins qu'il y ait, dans le monde, de vastes superficies sur lesquelles il serait possible de planter des arbres et qui pourraient bénéficier de telles plantations. Pour les seules régions tropicales, Grainger (1991) a estimé à 621 millions d'ha la superficie convenant techniquement à l'établissement de plantations d'arbres; Houghton, Unruh et Lefebvre (1991) ont estimé qu'il existe 579 millions d'ha disponibles pour des plantations, 858 millions d'ha pour une régénération et un reverdissement naturels, et 500 millions d'ha pour l'agroforesterie. Trexler (1991) a essayé d'introduire des paramètres concernant des contraintes d'ordre social et des utilisations concurrentes des terres et a estimé qu'il existe, en Afrique et en Asie tropicales, 46 millions d'ha disponibles pour des plantations, 163 millions d'ha pour une régénération naturelle et 102 millions d'ha pour l'agroforesterie.

La superficie approximative des terres se prêtant à ces activités semble être de 100 millions à 200 millions d'ha dans les régions boréales (Volz, Kriebitzsch et Schneider, 1991), et de quelque 200 millions à 300 millions d'ha dans les régions tempérées (Moulton et Richards, 1990; Volz, Kriebitzsch et Schneider, 1991).

Une approche conceptuelle à l'objectif de Noordwijk

Les pratiques fondées sur l'aménagement des forêts et l'agroforesterie dans le monde peuvent-elles faire l'objet d'une grande généralisation dans des délais suffisamment brefs pour contribuer de manière appréciable à contrebalancer l'accumulation de CO2? En prenant comme cadre les objectifs forestiers de la Déclaration de Noordwijk, nous allons esquisser une approche progressive qui pourrait constituer une réponse positive à cette question essentielle.

La proposition de Noordwijk est d'atteindre un accroissement annuel net de superficies forestières nouvelles qui dépasserait de 12 millions d'ha les déboisements effectués dans le monde. D'après les estimations du déboisement, qui représente actuellement environ 17 millions d'ha/an (Allan et Lanly, 1991), tandis que d'autres projections parlent de 30 millions d'ha/an à l'horizon 2045 (Houghton, 1990; Myers, 1986), la mise en œuvre de la Déclaration de Noordwijk exigerait que l'on intensifie les pratiques forestières sur environ 30 millions à 40 millions d'ha nouveaux chaque année. L'analyse ci-après prend comme hypothèse un objectif de 35 millions d'ha/an sur la période 2000 à 2040.

TABLEAU 3a. Aménagement des forêts dans l'ex-URSS: exemple concernant une région boréale

Options

Disponibilités pour une extension

Classement «le plus facile d'abord»

Proportion de l'objectif (en millions d'ha)

Priorité concernant R et N*

Capital

Main-d'œuvre

Terre

Technologie

Maintien de la superficie forestière

a) Protection des réserves forestières

Requises par tous les pays aux niveaux actuels




b) Réserves extractives

Non

Modérées

Non

Modérées

Faible


Moyenne

Réduction de la perte de forêts

a) Aménagement des forêts naturelles

Modérées

Oui

Oui

Oui

Elevé

1,000

Faible

b) Recours accru aux pâturages

Modérées

Modérées

Non

Modérées

Faible


Moyenne

c) Agriculture durable

Modérées

Oui

Oui

Modérées

Moyen

0,525

Faible

d) Agroforesterie

Non

Non

Non

Non

Faible


Moyenne

Extension de la superficie forestière

a) Reboisement (et boisement)

Oui

Oui

Oui

Oui

Très élevé

3,500

Faible

b) Restauration des terres dégradées

Modérées

Oui

Modérées

Modérées

Moyen

3,000

Elevée

Total






8,025


Note: Superficie totale actuellement occupée par des forêts: 929 millions d'ha; superficie boisée supplémentaire potentielle (15%): 139 millions d'ha; taux actuel d'exploitation: 3,1 millions d'ha, taux actuel de reboisement: 4,5 millions d'ha, objectif de la Déclaration de Noordwijk pour l'ex-URSS: 8,0 millions d'ha.
*R et N = recherche et négociations.

Le paradigme «le plus facile d'abord»

Pour mettre sur pied un plan mondial de boisement net, il faudrait adopter le paradigme «le plus facile d'abord». On pourrait alors dresser des plans permettant de faire démarrer le programme là où il y a le moins d'obstacles. Simultanément, on peut poursuivre les recherches et les négociations pour éliminer les obstacles. L'approche «le plus facile d'abord» n'est pas considérée comme une solution totale. Elle est beaucoup trop rudimentaire comparée aussi bien aux nombreuses difficultés quotidiennes concernant les ressources qu'aux problèmes sociaux, économiques et politiques de chaque pays. Ce que l'on veut montrer, c'est qu'il n'est pas nécessaire que tous les engagements financiers, les accords socio-politiques, le savoir-faire technique, etc., si critiques soient-ils, soient complètement au point pour que le travail commence.

Dans une récente analyse des pratiques d'aménagement forestier susceptibles de ralentir le déboisement et d'accroître la superficie des forêts, Andrasko (1990) suggère trois stratégies possibles: i) préserver la superficie des forêts; ii) réduire la perte de forêts; iii) étendre la superficie forestière. Plusieurs approches tendant à atteindre, suivant ce schéma, l'objectif de 35 millions d'ha/an sont examinées ci-après.

Agriculture plus conservation des forêts. Pour commencer, le fait d'étendre les pratiques agricoles durables dans les régions tropicales apporterait une contribution appréciable aux stratégies i) et ii). Sanchez (1990) estime que, pour chaque hectare de sols bénéficiant d'un aménagement durable à des fins agricoles, on pourrait conserver de 5 à 10 ha de forêts tropicales (hypothèse moyenne de 7,5 ha). Ross-Sheriff et Cough (1990) pensent qu'il n'est pas déraisonnable d'envisager un rythme d'environ 1 million d'ha par an dans 10 ans, en commençant avec 50000 ha la première année. Si le rapport entre les hectares aménagés de manière durable et la diminution du déboisement est en moyenne de 7,5:1, cela signifie que, sur l'objectif de 35 millions d'ha, on pourrait atteindre le chiffre de 7,5 millions d'ha d'ici à l'an 2000. Bien entendu, le résultat réel dépendra aussi de l'évolution de la croissance démographique, mais une augmentation de 5 à 10 fois la production agricole aurait un effet important.

Parmi les autres approches mentionnées par Andrasko (1990) au sujet des stratégies i) et ii), figurent les réserves forestières, les réserves de bois d'œuvre, l'aménagement des forêts naturelles et une utilisation accrue des pâturages dont on augmenterait la capacité de charge grâce à de meilleures pratiques d'aménagement, comportant notamment des semis et des fumures, les pratiques sylvopastorales, la remise en état des pâturages dégradés, etc. En supposant que ces solutions permettent de compenser 2,5 millions d'ha/an supplémentaires de déforestation d'ici à la fin du siècle, le résultat de ces pratiqués pourrait peut-être correspondre à 10 millions d'ha de l'objectif de 35 millions.

Agroforesterie. Concernant l'agroforesterie, Houghton, Unruh et Lefebvre (1991) estiment que 500 millions d'ha environ de terres précédemment forestières pourraient être mobilisées (60 millions d'ha de terres forestières dégradées, 38 millions d'ha de terres boisées, 402 millions d'ha d'herbages). Si la mise en place de l'agroforesterie pouvait progresser au rythme annuel de 1 pour cent de ce total, ce sont 5 millions d'ha de plus qui pourraient être consacrés chaque année à la culture d'arbres.

Boisement et reboisement. Pour augmenter la superficie forestière, il faut accélérer tant le reboisement que le boisement. On suppose, dans cette analyse, que les taux annuels de reboisement et de boisement des terres marginales pourraient être portés, d'ici à l'an 2000, à 2 millions d'ha/an sous les latitudes boréales et à 3 millions d'ha/an sous les latitudes tempérées et tropicales.

Restauration des terres dégradées. Ce sont les terres dégradées des latitudes tropicales qui offrent le plus de possibilités de restauration. Grainger (1991) estime que 621 millions d'ha de terres tropicales dégradées sont aptes à recevoir des plantations forestières. Houghton, Unruh et Lefebvre (1991) sont arrivés à la conclusion que 580 millions d'ha environ de terres dégradées mais écologiquement propices pourraient être mis en plantation. En supposant donc que le chiffre de 600 millions d'ha soit une approximation raisonnable de la quantité de terres dégradées dans les régions tropicales aujourd'hui, on pourrait établir un objectif Noordwijk de restauration d'environ 10 millions d'ha par an à partir de l'an 2000. En Inde, 1 million d'ha de terres dégradées sont remis en état chaque année (Sharma, Sharma et Garcha, 1989). On suppose que, sous les latitudes boréales et tempérées aussi, approximativement 1 million d'ha de terres dégradées pourraient être restaurés chaque année dans chacune de ces zones.

TABLEAU 3b. Aménagement des forêts aux Etats-Unis: exemple concernant une région tempérée

Options

Disponibilités pour une extension

Classement «le plus facile d'abord»

Proportion de l'objectif (en millions d'ha)

Priorité concernant R et N*

Capital

Main-d'œuvre

Terre

Technologie

Maintien de la superficie forestière

a) Protection des réserves forestières

Requises par tous les pays aux niveaux actuels




b) Réserves extractives

Modérées

Modérées

Modérées

Modérées

Faible

0,025

Moyenne

Réduction de la perte de forêts

a) Aménagement des forêts naturelles

Modérées

Modérées

Oui

Modérées

Faible

0,300

Moyenne

b) Recours accru aux pâturages

Oui

Oui

Modérées

Oui

Moyen

0,250

Moyenne

c) Agriculture durable

Oui

Oui

Oui

Oui

Très élevé

0,500

Faible

d) Agroforesterie

Oui

Oui

Modérées

Oui

Elevé

0,250

Moyenne

Extension de la superficie forestière

a) Reboisement (et boisement)

Oui

Oui

Modérées

Oui

Elevé

0,750

Moyenne

b) Restauration des terres dégradées

Modérées

Modérées

Oui

Oui

Moyen

0,500

Elevée

Total






2,575


Note: Superficie totale actuellement occupée par des forêts: 298 millions d'ha; superficie boisée supplémentaire potentielle (15%): 44,7 millions d'ha; taux actuel d'exploitation: 2 millions d'ha; taux actuel de reboisement: 1,8 million d'ha; objectif de la Déclaration de Noordwijk pour les Etats-Unis: 2,6 millions d'ha.
*R et N = recherche et négociations.

TABLEAU 3c. Aménagement des forêts au Brésil: exemple concernant une région tropicale

Options

Disponibilités pour une extension

Classement «le plus facile d'abord»

Proportion de l'objectif (en millions d'ha)

Priorité concernant R et N*

Capital

Main-d'œuvre

Terre

Technologie

Maintien de la superficie forestière

a) Protection des réserves forestières

Requises par tous les pays aux niveaux actuels




b) Réserves extractives

Modérées

Oui

Oui

Modérées

Moyen

0,200

Elevée

Réduction de la perte de forêts

a) Aménagement des forêts naturelles

Modérées

Oui

Oui

Oui

Elevé

0,500

Elevée

b) Recours accru aux pâturages

Modérées

Oui

Oui

Modérées

Moyen

0,250

Moyenne

c) Agriculture durable

Modérées

Oui

Oui

Oui

Elevé

1,000

Moyenne

d) Agroforesterie

Oui

Oui

Oui

Oui

Très élevé

1,000

Moyenne

Extension de la superficie forestière

a) Reboisement (et boisement)

Modérées

Oui

Oui

Oui

Elevé

0,750

Moyenne

b) Restauration des terres dégradées

Modérées

Oui

Oui

Faibles

Moyen

0,750

Elevée

Total






4,450


Note: Superficie totale actuellement occupée par des forêts: 514,5 millions d'ha; superficie boisée supplémentaire potentielle (15%): 77,2 millions d'ha; taux actuel d'exploitation 34 millions d'ha, taux actuel de reboisement: 0,45 million d'ha; objectif de la Déclaration de Noordwijk pour le Brésil: 4,5 millions d'ha.

Au total, donc, ces estimations font apparaître une réserve de terres suffisamment importante pour donner la possibilité d'augmenter l'actuelle superficie forestière du monde d'environ 20 millions d'ha chaque année. Le reboisement et le boisement représenteraient 8 millions d'ha du total annuel, et la remise en état des terres dégradées 12 millions d'ha.

Objectifs nationaux en matière de boisement

Si un engagement international devait se dessiner en faveur de l'objectif de Noordwijk, il faudrait que les pays possédant des ressources forestières fassent un choix parmi différentes solutions d'aménagement des forêts et apportent à la réalisation de l'objectif global une contribution qui serait fonction de la dimension de leur propre superficie forestière et qui s'inspirerait, c'est très important, du concept «le plus facile d'abord», cela dans le cadre d'un accord international conçu dans un souci d'équité à l'égard de toutes les nations. Les tableaux 3a, b et c présentent, à titre d'exemples s'appliquant respectivement aux latitudes boréales, tempérées et tropicales, les objectifs nationaux que trois pays (ex-URSS, Etats-Unis et Brésil) pourraient se fixer.

La recherche future: Besoins et limitations

L'évaluation des renseignements fournis par plus de 90 pays concernant les aspects biologiques et les coûts de cette entreprise constitue la première tentative appréciable d'analyse exhaustive. Toutefois, avant que des pratiques ne puissent être mises en œuvre sur une grande échelle et avec succès, il faut considérer toutes les contraintes qui peuvent se présenter dans le domaine économique et socio-politique.

Un point important concerne la disponibilité de terres. Les données sur l'aptitude des terres au reboisement et à l'utilisation d'autres pratiques d'aménagement forestier sont extrêmement variables (comparées aux données sur le stockage du carbone et les coûts). Il s'agit là d'un inconvénient sérieux. Il importe aussi de faire la distinction entre les terres qui sont techniquement adaptées au reboisement et à un aménagement forestier, et celles qui sont véritablement disponibles (Grainger, 1991; Trexler, 1991; Winjum, Schroeder et Kennedy, 1991). Sous l'effet de la pression démographique et de besoins concurrentiels, une bonne partie des terres qui semblent techniquement appropriées peuvent ne pas être disponibles pour un aménagement forestier.

De plus, on n'a pas encore vérifié dans quelle mesure les pratiques actuelles d'aménagement des forêts peuvent s'appliquer simultanément à des objectifs aussi différents que le maintien de la superficie forestière mondiale, le développement économique durable et la conservation de la diversité biologique, parmi bien d'autres.

Il est recommandé à l'EPA et à d'autres groupes nationaux et internationaux d'entreprendre des recherches sur les thèmes ci-après: productivité de biomasse; coûts de toutes les pratiques d'aménagement forestier; avantages des pratiques d'aménagement forestier; analyse des coûts-avantages; risques, aléas et contraintes de l'établissement et de l'aménagement des forêts et des arbres; utilisation des terres et régime foncier; questions connexes.

Forêt boréale de feuillus en Russie

Conclusion

Dans l'ensemble, la possibilité biologique de conserver et de capter le carbone dans la biosphère terrestre, et spécialement dans les systèmes forestiers, est, semble-t-il, loin d'être négligeable. Moyennant une planification et une mise en œuvre attentives, les pratiques d'aménagement utiles à l'égard du carbone semblent pouvoir offrir à l'homme des alimente, de l'eau, du bois et autres produits de première nécessité. Les coûts de mise en œuvre semblent modestes, mais un des premiers objectifs de la recherche consistera à attribuer des valeurs fiables à tous les avantages possibles de la forêt. Ces valeurs permettront de calculer plus exactement les coûts nets de la rétention du carbone par les systèmes d'agroforesterie et l'aménagement des forêts. Ces valeurs, à l'échelle mondiale, jointes à des estimations plus précises des terres disponibles, permettront un jour d'établir de manière plus sûre les pratiques forestières et agroforestières auxquelles il serait avantageusement possible de recourir pour capter et conserver le carbone.

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