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PROSPECTION DES RESSOURCES GENETIQUES DES MELALEUCA TROPICAUX

par

J.C. Doran et B.V. Gunn
CSIRO Division of Forestry
PO Box 4008 QVT, Canberra ACT 2600
Australie

RESUME

Les Melaleuca tropicaux sont utilisés pour reboiser les sols inondables acides à sulfates du Delta du Mékong au Vietnam. M. cajuputi est spontané dans le Delta; cette espèce et un certain nombre d'autres du genre Melaleuca pouvant être intéressantes pour le Delta du Mékong sont décrites. Des récoltes de semences de Melaleuca spp entreprises dans le nord de l'Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée sont résumées. Les problèmes posés par le caractère envahissant des Melaleuca et par leur propagation sont discutés. Des semences en excédent sont disponibles pour les institutions de recherche intéressées.

INTRODUCTION

Des peuplements denses de Melaleuca cajuputi - connu localement sous le nom de M. leucadendra - couvraient autrefois les sols acides à sulfates des zones inondables du Delta du Mékong. Ces forêts sont maintenant en grande partie disparues, en même temps que les ressources qu'elles procuraient aux communautés locales - bois de feu, perches et pilotis, miel, essence de cajeput -, et autres services tels que conservation des sols et habitat pour le gibier. Une grande partie de ces terres sont impropres à l'agriculture. C'est pourquoi le gouvernement vietnamien a désigné le Delta du Mékong comme zone prioritaire pour le reboisement.

Les milieux y sont peu favorables à l'installation et à la croissance des arbres. Les sols sont souvent inondés pendant plusieurs mois, avec des hauteurs d'eau allant jusqu'à 2 mètres; ce sont des sols acides à sulfates, envahis d'Imperata et autres adventices qui exercent une concurrence sévère et présentnt un risque élevé de feux à la saison sèche. Pour pouvoir y installer des plantations d'eucalyptus et d'acacias, il faut creuser manuellement de profonds canaux de drainage, ce qui est coûteux et irréalisable à grande échelle. M. cajuputi, en revanche, est bien adapté à ces conditions et peut être installé sans grands travaux de drainage, et il a la faveur des forestiers. Un travail de prospection et d'inventaire des boisements naturels réduits encore présents au Vietnam est en cours. Un programme d'amélioration génétique de cette espèce est prévu, en même temps que l'introduction de nouveau matériel génétique de divers Melaleuca exotiques afin d'évaluer leurs potentialités sur les stations difficiles du Delta.

Plusieurs espèces du genre Melaleuca se rencontrent à l'état spontané sur des sols mal drainés ou saisonnièrement engorgés, à texture lourde ou organiques acides en Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Certaines sont réputées avoir une croissance rapide et une bonne forme lorsque les conditions sont favorables. Elles fournissent également d'autres produits tels qu'huiles essentielles et miel de haute qualité.

Le programme de récolte de semences décrit dans cet article a pour origine un projet forestier en collaboration entre l'Institut des sciences forestières du Vietnam, le Centre australien pour la recherche agricole internationale (ACIAR) et la Division des forêts de la CSIRO, centré sur la région du Delta du Mékong au Sud-Vietnam. Ce projet avait pour objet de récolter des graines d'une gamme de provenances de plusieurs espèces bien adaptées de Melaleuca indigènes du nord de l'Australie et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée dans le but d'évaluer leurs potentitalités dans le Delta du Mékong et ailleurs. Nous décrirons dans cet article les espèces sélectionnées pour un tri initial, et en signalerons d'autres d'intérêt futur. De brèves indications seront données sur les lots de semences disponibles.

LES MELALEUCA TROPICAUX D'INTERET POTENTIEL

Le genre Melaleuca appartient à la famille des Myrtacées. C'est principalement un genre australien, et on le rencontre dans tout ce continent sous de nombreuses formes allant d'arbustes plus ou moins prostrés communs dans les landes sableuses du sud-ouest à de grands arbres forestiers de plus de 40 mètres de hauteur dans les marécages tropicaux du nord. On n'a recensé que neuf espèces hors d'Australie (Barlow, 1988), tandis qu'en Australie quelque 250 espèces seront reconnues à l'issue de la révision taxonomique du genre actuellement en cours (L. Craven, comm. pers.).

Une trentaine d'espèces sont d'origine tropicale, parmi lesquelles sept espèces sont étudiées dans cet article: M. argentea, M. cajuputi, M. dealbata, M. leucadendra, M. quinquenervia, M. saligna, M. viridiflora. Ce sont généralement des arbres de moyenne à grande taille, ayant une préférence marquée pour des terrains alluviaux humides ou mouilleux, pouvant se dessécher partiellement en saison sèche; ces terrains se trouvent souvent dans des zones côtières, avec des surfaces d'eau plus ou moins salée. Le bois de ces espèces est généralement dur, moyennement dense, résistant à la carie, avec une teneur souvent élevée en silice; on l'utilise principalement en pieux et perches, pilotis et bois de feu. La plupart sont de bonnes espèces mellifères, et elles conviennent pour les plantations d'agrément, les rideaux-abris et la lutte contre l'érosion sur des sites difficiles où peu d'autres arbres peuvent prospérer (par exemple sols marécageux, sites exposés aux embruns marins). On extrait industriellement des huiles essentielles par distillation à la vapeur des feuilles de deux espèces (M. cajuputi et M. quinquenervia), et d'autres contiennent des huiles essentielles susceptibles d'un emploi commercial (Brophy et al., 1989).

PROBLEMES POSSIBLES

Caractère envahissant

Lorsqu'on étudie l'éventualité d'introduire des Melaleuca dans un nouveau milieu où ils n'existaient pas auparavant, il importe de considérer le risque de leur propagation envahissante en dehors des plantations. Cette caractéristique des représentants du genre est due à leur fructification précoce et abondante, à leur croissance rapide, à leur adaptation à des milieux marécageux avec de longues périodes d'inondation, à leur résistance aux dommages par le feu et à leur aptitude à se régénérer par rejets de souche ou drageons. En Floride, on trouve des conditions qui ont favorisé l'invasion par M. quinquenervia de terres humides, où il est devenu très nuisible, étouffant les régénérations d'espèces indigènes et détruisant les habitats de la faune (Geiger, 1981; NAS, 1983).

Propagation

Les Melaleuca produisent des graines de très petite taille (voir les chiffres de germination, Tableau 1). L'inexpérience dans le maniement de ces graines conduit souvent à des échecs en pépinière. Leur germination est souvent aisée, mais les minuscules semis sont facilement endommagés par l'arrosage ou par la pluie, ou peuvent être tués si le substrat se dessèche.

Une technique d'arrosage qui permet d'éviter ces problèmes est l'arrosage par capillarité, qui consiste à faire tremper les bacs de semis en permanence dans l'eau, de sorte que l'humidité monte par capillarité jusqu'à la surface, qui est maintenue constamment humide mais non détrempée. Les graines sont semées uniformément à la densité recommandée. On peut disposer un sac de plastique gonflé au-dessus du récipient pour conserver une humidité constante. Une fois que les jeunes semis sont assez vigoureux pour supporter un arrosage en pluie (environ 4 semaines), le bac doit être sorti de l'eau et traité normalement. Le risque de maladies cryptogamiques est élevé, et il faut donc une hygiène rigoureuse.

Après la germination le développement des plantules peut être lent au début, sans doute le temps que les racines s'installent. Une fois partis, cependant, les semis poussent rapidement, et leur temps de séjour en pépinière est comparable à celui d'autres essences à croissance rapide telles que les eucalyptus.

RECOLTES DE SEMENCES

Des semences d'une gamme de provenances des espèces prioritaires (voir Tableau 1) ont été récoltées en Australie (Territoire du Nord et Australie Occidentale) et en Papouasie-Nouvelle-Guinée en novembre et décembre 1993. Ces nouvelles récoltes complètent les collections déjà disponibles provenant de récoltes antérieures dans le nord du Queensland (Searle, 1989). On considère que ce matériel constitue un échantillon satisfaisant pour de premiers essais d'introduction d'espèces. Les Melaleuca s'avèrent fortement exogames [par exemple 93% chez M. alternifolia (Butcher, Bell & Moran, 1992)], de sorte que l'on peut raisonnablement supposer que de nombreux mâles contribuent à la diversité génétique de chaque population même lorsque le nombre de semenciers est relativement réduit (par exemple 3–5).

Le Tableau 1 et les cartes Figure 1 à 7 ci-dessous fournissent une information résumée sur les espèces et les lots de semences sélectionnés pour des essais dans le Delta du Mékong au Vietnam. Des semences en excédent sont disponibles pour des chercheurs qui désireraient tester ce matériel génétique. S'adresser à: Officer-in Charge, Australian Tree Seed Centre, CSIRO, P.O. Box 4008 QVT, Canberra ACT 2600, Australie.

Tableau 1. Données sur une sélection de lots de semences de Melaleuca tropicaux disponibles pour essais d'espèces/provenances au Centre australien de semences forestières.

Lot
no
Provenance1Lat.
(°S)
Long.
(°E)
Alt.
(m)
Nb. de parentsGermination
(germes/g)
Melaleuca argentea
18917Kapalga NT12°39'132°17'3052010
18905Keep River NT15°24'129°11'255270
18913Kalumburu WA14°18'126°38'205850
Melaleuca cajuputi
18958Bensbach PNG8°53'141°17'25101660
18961Kuru PNG8°52'143°05'3091240
14878Daintree Q16°16'145°23'12105300
18897Mataranka NT14°56'133°08'10054400
18921Kapalga NT12°40'132°19'3061900
18898Wangi NT13°09'130°35'3052900
Melaleuca dealbata
15891Rifle Ck Q16°40'145°20'38058500
18896Mataranka NT14°56'133°08'10054100
18922Kapalga NT12°40'132°19'3055500
18923Marrakai12°42'131°23'3052150
18907Cambridge Gulf NT14°55'128°34'2031520
17406Quandong WA17°38'122°11'12202230
Melaleuca leucadendra
18956Bensbach PNG8°53'141°17'25102010
18960Kuru PNG8°52'143°05'30103330
15892Rifle Ck Q16°41'145°17'36010510
14147Weipa Q12°31'141°48'1010250
18424King R NT14°37'132°36'18072340
18920Kapalga NT12°40'132°19'305820
18900Wangi NT13°09'130°35'3052440
18906Keep R NT15°24'129°11'2551130
18909Cambridge Gulf WA14°55'128°34'205980
18914Kulumburu WA14°18'126°38'205540
Melaleuca quinquenervia
14902Mt Molloy Q16°38'145°23'375253720
15969Rokeby NP Q13°44'143°19'50053300
15866Tozer's Gap Q12°43'143°11'12082350
Melaleuca saligna
14871Laura Q15°37'144°28'95105000
14149Weipa Q12°44'142°06'10104400
Melaleuca viridiflora
18965Oriomo PNG8°51'143°11'2041940
14558Chillagoe Q16°36'144°07'26523000
14151Weipa Q12°31'141°48'10101900
15717Borroloola NT15°38'136°25'342290
18919Kapalga NT12°40'132°19'3042975
18899Wangi NT13°09'130°35'3052870
18903E. Baines R NT15°43'130°06'5052700
18910Cambridge Gulf WA14°55'128°34'2052840
18915Kalumburu WA14°48'126°23'4051450

1 Q = Queensland;
NT = Northern Territory;
WA = Western Australia;
PNG = Papouasie-Nouvelle-Guinée

Le Tableau 2 présente plusieurs autres espèces de Melaleuca potentiellement intéressantes. Elles n'ont pas été échantillonnées systématiquement dans toute leur aire naturelle; cela sera fait à l'occasion. Toutefois, une sélection limitée de lots de semences de toutes ces espèces est disponible sur demande pour la recherche. Les personnes intéressées devront contacter: Officer-in Charge, Australian Tree Seed Centre, CSIRO, P.O. Box 4008 QVT, Canberra ACT 2600, Australie.

Tableau 2. Résumé des caractéristiques écologiques et des emplois d'autres espèces de Melaleuca potentiellement intéressantes

EspèceEcologie
Zone climatiquePluviométrieNb. de jours de gelée/anSol
Max.-min. des médianes annuelles
(mm)
SaisonTextureSalin ou alcalinEngorgement
M. acacioidesHumide
Semi-aride
700–1500Eté0Sablo-arg.Salinx
M. arcanaHumide1700–1900Eté0Sablo-lim. x
M. bracteataSemi-aride
Humide
250–1150Eté1–2Argilo-lim.Salinalcalinx
M. citrolensHumide
Semi-aride
700–1500Eté0Sablo-lim.  
M. nervosaSubhumide
Semi-aride
700–1150Eté0–3Sablo-arg.Salinx
M. stenostachyaHumide
Semi-aride
700–1500Eté0–3Sablo-arg. x

EspèceTaille et formeUsages
ServicesBois
Hauteur adulte
(m)
FormeBrise-vent/ Rideaux-abrisProtection des solsOrnementPerchesPieuxBois de feuAutres
M. acacioides4–10Arbuste-petit arbrex  xxx 
M. arcana1–12Arbuste-petit arbrexx  xxNectar
M. bracteata5–10Arbuste-petit arbrexxxxx Source de pollen
M. citrolens1–7Arbuste-petit arbrex   x Propriétés médicinales
M. nervosa1–10Arbuste-petit arbrex xxxx 
M. stenostachya4–25Petit arbrex  xx  

DESCRIPTIONS DES ESPECES

Espèces prioritaires

Les espèces ci-dessous sont celles qui semblent le plus susceptibles de s'adapter aux conditions du Delta du Mékong et de fournir des produits utiles.

Melaleuca argentea (Silver-leaved Paperbark)

Généralement arbre à cime étalée jusqu'à 25 m de hauteur avec des rameaux fins pendants, une écorce papyracée de couleur blanc crémeux à grise et un feuillage qui vire saisonnièrement au vert argenté. La Figure 1 montre les limites approximatives de l'aire naturelle. Le climat est généralement chaud et subhumide, avec une extension vers les zones climatiques chaude humide et chaude semi-aride. La gamme de latitude va de 12° à 20°S, les altitudes de 5 à 200 m. La pluviométrie annuelle moyenne varie entre 600 et 1900 mm, et est de type mousson bien marqué. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, M. argentea se rencontre sous forme d'arbres disséminés en forêt claire avec M. dealbata sur des sols acides à forte teneur en argile. En Australie, on le trouve couramment le long des berges de cours d'eau sur des sols profonds sableux ou sablo-limoneux sur sous-sol argileux, parfois avec M. leucadendra. Il tolère l'engorgement saisonnier.

Il ne semble pas que cette espèce ait été utilisée en reboisement, mais on la plante dans le nord de l'Australie comme arbre d'ornement et en rideaux-abris. Le bois est lourd, de densité sec à l'air 1010 kg/m3 (Cause et al., 1974). C'est une espèce mellifère.

M. argentea a été décrit par Blake (1968) et par Byrnes (1986), et illustré par Brock (1988). Dans la révision taxonomique des Melaleuca en cours il est prévu de le scinder en deux espèces distinctes: M. argentea tel que décrit et cartographié ici (Fig. 1), et “M. fluviatilis” tel qu'indiqué dans le Nord-Queensland par Barlow (1988) (L. Craven, comm. pers.).

Figure 1. Aire naturelle et emplacement des sites de récolte de graines de M. argentea (la carte exclut l'aire de “M. fluviatilis” - Barlow, 1988).

Figure 1

Melaleuca cajuputi (Swamp Tea Tree, Cajeput)

Ce Melaleuca est habituellement un arbre jusqu'à 25 mètres de hauteur avec un tronc unique, mais il peut dans certains cas atteindre 40 mètres de hauteur et 1,2 m de diamètre. Il a un feuillage dense érigé, de couleur vert terne, et une écorce papyracée de couleur grise à blanche. La Figure 2 montre les limites approximatives de son aire naturelle en Australie et dans le sud de la Nouvelle-Guinée. L'espèce est également largement répartie dans le Sud-Est asiatique: Indonésie, Malaisie, Birmanie, Thaïlande et Vietnam. Les limites de son aire naturelle ne sont pas connues, du fait qu'elle a été cultivée depuis plus de 100 ans dans les pays du Sud-Est asiatique. La gamme de latitude va de 12°N à 18°S, les altitudes de 5 à 200 m. C'est essentiellement une essence de la zone climatique chaude humide. La pluviométrie annuelle moyenne varie entre 1300 et 1750 mm, et est de type mousson bien marqué. L'espèce pousse sur une large gamme de stations mais la plupart des peuplements se trouvent dans les basses plaines côtières, souvent sur des sols noirs de texture lourde sujets à l'inondation pendant six mois ou plus par an.

Il tolère les sols engorgés, y compris par des eaux saumâtres. Il se régénère avec succès dans les prairies d'Imperata, résiste au feu, et a la faculté de rejeter de souche et de drageonner. Sa croissance est moyennement rapide. Son bois est dur et résistant à la carie. Il est généralement employé sous forme de bois rond pour les pieux, les perches et les pilotis. C'est aussi un bon bois de feu. M. cajuputi est un bel arbre d'ornement, il peut être employé pour l'ombrage et l'abri, et est mellifère. Il fournit d'autre part l'essence de cajeput, que l'on produit par distillation à la vapeur des feuilles. Cette huile essentielle riche en cinéol est utilisée dans les médecines locales, et comme antiseptique et répulsif pour les insectes.

M. cajuputi a été décrit par Blake (1968) et par Byrnes (1986), et illustré par Brock (1988). Il est prévu d'y reconnaître trois sous-espèces: ssp cajuputi du nord-ouest de l'Australie et de l'est de l'Indonésie, ssp cumingiana du Vietnam à l'ouest de l'Indonésie, et ssp platyphylla du nord du Queensland, du sud-ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et du sud-est de l'Irian Jaya (L. Craven, comm. pers.).

Figure 2. Aire naturelle et sites de récolte de semences de M. cajuputi (la carte n'indique que l'aire géographique dans le nord de l'Australie et le sud de la Nouvelle-Guinée).

Figure 2

Melaleuca dealbata (Soapy Tea Tree)

M. dealbata est un arbre atteignant 25 mètres de hauteur, à feuillage gris-bleu, avec des rameaux densément velus et une écorce papyracée brun pâle. La Figure 3 montre les limites approximatives de son aire naturelle. La gamme de latitude va de 7° à 26°S, les altitudes de 5 à 550 m. Le climat varie de chaud et humide à assez chaud subhumide. La pluviométrie annuelle moyenne varie entre 600 et 2500 mm. M. dealbata se rencontre principalement sur les berges de cours d'eau, sur des terrains saisonnièrement marécageux et sur les rives de lagunes qui peuvent être saumâtres. On le trouve souvent au voisinazge de la mer. En Papouasie-Nouvelle-Guinée il s'étend jusqu'aux savanes boisées sèches du plateau de Sogeri. Les sols vont de limono-sableux à argileux.

Il a un bois de bonne résistance mécanique, qui résiste à la carie. Dans le sud-est du Queensland, une provenance (S 11935) a montré un excellent taux de survie et une assez bonne aptitude à rejeter de souche dans les essais, mais une rapidité de croissance seulement modérée, la hauteur moyenne dans la meilleure parcelle étant de 3,6 m à 4,5 ans (Ryan & Bell, 1989 & 1991). Le bois de M. dealbata pourrait être utilisé pour les pieux et petites perches et le bois de feu, et il serait sans doute bien adapté pour les travaux de stabilisation des sols littoraux.

M. dealbata a été décrit par Blake (1968) et par Byrnes (1986), et illustré par Brock (1988).

Figure 3. Aire naturelle et emplacement des sites de récolte de semences de M. dealbata.

Figure 3

Melaleuca leucadendra (Weeping Paperbark)

M. leucadendra est généralement un arbre de 20 à 40 mètres de hauteur, avec un diamètre qui peut atteindre 1,5 m. Ses feuilles lancéolées d'un vert brillant, son port pleureur attrayant et son écorce papyracée blanche sont des caractéristiques distinctives. La Figure 4 montre les limites approximatives de son aire naturelle dans le nord de l'Australie et le sud de la Nouvelle-Guinée. On le trouve aussi dans les Moluques en Indonésie. La gamme de latitude va de 3° à 23°S, les altitudes de 5 à 500 m. Le climat varie entre chaud et humide à assez chaud subhumide dans les zones côtières et chaud et assez chaud semi-aride dans l'intérieur. La pluviométrie annuelle moyenne varie entre 650 et 1500 mm, avec un caractère marqué de mousson au nord. La plupart des peuplements se trouvent sur des terrains plats ou à pente très douce, notamment bas-fonds de cours d'eau, plaines côtières et marécages saisonniers. Les sols vont de limoneux à des limons argileux, ou des limons sableux sur argile.

M. leucadendra a une croissance relativement rapide, la croissance moyenne en hauteur atteignant souvent 1 à 2 m par an, et il peut tolérer des sols acides, infertiles et marécageux. Dans les terrains engorgés et inondés il forme des racines adventives aériennes. Il est tolérant au feu, et rejette assez bien de souche. Son bois est dur et durable dans le sol et dans l'eau. Sa densité sec à l'air est de 725–800 kg/m3. Il est utilisé principalement sous forme de bois rond pour les perches et pieux, les constructions rustiques, le bois de feu et la pâte. Cette essence produit un miel de bonne qualité, et on l'a utilisée pour les rideaux-abris, les plantations côtières et les plantations d'avenue.

Cette espèce a été décrite par Blake (1968) et par Byrnes (1986), et illustré par Boland et al. (1984) et par Turnbull (1986).

Figure 4. Aire naturelle et emplacement des sites de récolte de semences de M. leucadendra.

Figure 4

Melaleuca quinquenervia (Broad-leaved Paperbark)

M. quinquenervia est un arbre érigé, de petite à moyenne taille, d'une hauteur normale de 8 à 12 m mais atteignant parfois 25 m. Il a des feuilles raides, coriaces, elliptiques lancéolées, et une écorce papyracée blanche ou grisâtre. La Figure 5 montre les limites approximatives de son aire naturelle en Australie et dans le sud de la Nouvelle-Guinée. On le trouve également en Nouvelle-Calédonie. Les latitudes vont de 8° à 34°S, et l'altitude de 5 à 100 m (1000 m en Nouvelle-Calédonie). Le climat varie de chaud et humide à assez chaud subhumide. La pluviométrie annuelle moyenne varie entre 900 et 1700 mm, avec un caractère marqué de mousson au nord. M. quinquenervia se rencontre principalement le long des cours d'eau et dans les marécages, mais en Nouvelle-Calédonie il forme des peuplements étendus sur des terres hautes. A l'exception de la Nouvelle-Calédonie, les sols ont souvent une teneur élevée en matière organique, et ils peuvent être sableux en surface mais avec du limon et de l'argile en profondeur, d'où un drainage médiocre. La nappe phréatique se trouve au niveau du sol ou au-dessus pendant une grande partie de l'année.

Cette espèce est plantée dans les régions tropicales, notamment dans les basses plaines tropicales sèches des Philippines, de l'Inde et des Antilles. Aux Etats-Unis on le plante aux Hawaï et en Floride. En Floride il a acquis la mauvaise réputation d'envahir les terrains marécageux, et on le considère comme indésirable. La croissance initiale est relativement rapide (1 à 2 m/an) sur les stations où l'eau est abondante et les sols profonds. M. quinquenervia rejette bien de souche, tolère le feu et la concurrence des adventices, et l'inondation prolongée. Son bois a une résistance mécanique modérée, et il résiste à la carie dans le sol et dans l'eau. Sa densité sec à l'air est de 700–750 kg/m3. On l'utilise surtout sous forme de bois rond pour les pieux, les perches et les pilotis. Il fournit un excellent bois de feu et charbon de bois. Ses autres usages sont le miel, l'abri, la lutte contre l'érosion, et une huile essentielle riche en cinéol tirée des feuilles (essence de niaouli) qui est produite en Nouvelle-Calédonie et a des emplois analogues à ceux de l'essence de cajeput.

M. quinquenervia a été décrit et illustré par Blake (1968), Boland et al. (1984) et Turnbull (1986).

Figure 5. Aire naturelle et sites de récolte de semences de M. quinquenervia (la carte n'indique que l'aire géographique dans le nord de l'Australie - moins “M. clarksonii” - et le sud de la Nouvelle-Guinée).

Figure 5

Melaleuca saligna (Paperbark)

Cette espèce est un arbre de taille petite à moyenne de 10 à 20 m de hauteur, qui a une cime verte pendante et une écorce papyracée brunâtre. Son aire naturelle se limite à l'extrême nord du Queensland (Figure 6). La latitude est comprise entre 12°40' et 15°40'S, et l'altitude entre 5 et 150 m. Le climat est chaud et humide, et la pluviométrie annuelle moyenne est comprise entre 1700 et 1900 mm. M. saligna se rencontre dans les bas-fonds et sur les levées de cours d'eau, dans les dépressions et terres marécageuses voisines, et en arrière des mangroves au voisinage de la côte. Les sols sont souvent des limons sableux ou des sols argileux.

M. saligna n'est pas couramment planté, et on ne sait que peu de chose sur sa sylviculture et ses utilisations potentielles. Dans le sud-est du Queensland, une provenances (S 14149) a montré un excellent taux de survie, une assez bonne aptitude à rejeter et une rapidité de croissance acceptable dans des essais, la hauteur moyenne dans la meilleure parcelle étant de 4,6 m à 4,5 ans (Ryan & Bell, 1989 & 1991). Il est probable que cette espèce serait une source utile de bois ronds, de miel et d'ombrage et abri dans des milieux propices des plaines tropicales.

Cette espèce a été décrite par Blake (1968) et Byrnes (1986, et illustrée par le premier. M. saligna fait partie du complexe spécifique M. leucadendra.

Figure 6. Aire naturelle et sites de récolte de semences de M. saligna.

Figure 6

Melaleuca viridiflora (Broad-leaved Paperbark)

Cette espèce est typiquement un petit arbre de 5 à 10 m de hauteur, mais il peut atteindre 25 m en conditions favorables. Les feuilles coriaces, d'un vert terne, sont portées par des rameaux épais érigés, tandis que l'écorce est brun pâle et papyracée. La Figure 7 montre les limites approximatives de son aire naturelle. La latitude varie entre 8° et 26°S, et l'altitude entre 5 et 1000 m. La plus grande partie de l'aire se trouve dans les zones assez chaude à chaude subhumide à humide. La pluviométrie annuelle moyenne varie entre 325 et 1750 mm. M. viridiflora pousse dans les marais côtiers, les marécages saisonniers et les plaines d'estuaire où l'on peut avoir de l'eau en surface pendant plusieurs mois de l'année. On le rencontre parfois sur des stations plus sèches à l'intérieur des terres. Les sols sont très variés, et peuvent être des sables, des limons ou des argiles.

M. viridiflora tolère des stations infertiles saisonnièrement engorgées dans les tropiques humides et subhumides. Dans le sud-est du Queensland, il a montré une excellente survie, une assez bonne aptitude à rejeter et une rapidité de croissance acceptable, la hauteur moyenne dans la meilleure parcelle étant de 6,3 m à 4,5 ans (Ryan & Bell, 1989 & 1991). On n'a pas de données sur les caractéristiques du bois, mais il est probable qu'on pourrait l'utiliser pour les petits pieux et perches, le bois de feu et le charbon de bois. On l'a recommandé comme arbre d'écran et d'abri dans les zones côtières du nord de l'Australie. Il existe des types à fleurs rouges qui se prêtent à un usage horticole. C'est une bonne source de pollen, mais le miel a une saveur médiocre.

M. viridiflora a été décrit et illustré par Blake (1968), Brock (1988) et Turnbull (1986).

Figure 7. Aire naturelle et sites de récolte de semences de M. viridiflora.

Figure 7

Autres espèces potentiellement intéressantes

Les Melaleuca décrits dans le Tableau 2 sont considérés comme ayant des potentialités en particilier pour les rideaux-abris, la lutte contre l'érosion et les petits bois de service. On peut trouver une information supplémentaire sur ces espèces dans diverses publications telles que Barlow (1986), Blake (1968), Byrnes (1984, 1985, 1986) et Turnbull (1986).

REMERCIEMENTS

Nous remercions vivement le Centre australien pour la recherche agricole internationale (ACIAR) pour son appui financier et M. Khongsak Pinyopusarerk, coordinateur du projet ACIAR à la Division des forêts de la CSIRO pour son assistance. Nous remercions le Service forestier de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui nous a autorisés à effectuer des récoltes dans les forêts de PNG. MM. David Lea et Andrew Griffiths nous ont aidé pour les récoltes les plus récentes, et Mme Suzette Searle et M. Jim Moriarty sont responsables des lots de semences plus anciens disponibles au Centre australien de semences forestières. MM. Lyn Craven et Brendan Lepschi, de l'Herbier national australien, et M. John Clarkson, de l'Herbier du Queensland, ont apporté une précieuse assistance en identifiant les espèces d'intérêt potentiel, en authentifiant les spécimens et en prodiguant leurs commentaires sur ce manuscrit.

BIBLIOGRAPHIE

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Ressources Génétiques Forestières No 22. FAO Rome (1995)
Manuscrit reçu en juillet 1994


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