Antoinette ZIEHI
Institut des Savanes/Département des Ressources Animales
Bouaké, Côte d'Ivoire
Figure 1. Principaux bassins versants de Côte d'Ivoire
AFVP | Association Française des Volontaires du Progrès |
APVA | Assistant des Productions Végétales et Animales |
AQUICI | Ferme Industrielle d'Aquaculture en Côte d'Ivoire |
AVB | Autorité pour l'Aménagement de la Vallée du Bandama |
BAD | Banque Africaine de Développement |
BNDA | Banque Nationale de Développement Agricole |
BP | British Petroleum |
CCCE | Caisse Centrale de Coopération Economique |
CFD | Caisse Française de Développement |
CFEPPK | Centre de Formation des Encadreurs en Pêche et Pisciculture de Kossou |
CFP | Centre de Formation Piscicole |
CIRAD | Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique |
CIRES | Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales |
CRDI | Centre de Recherche pour le Développement International |
CREP | Caisses Rurales d'Epargne et de Prêt |
CRO | Centre de Recherches Océanologiques |
CTFT | Centre Technique Forestier Tropical |
EFB | Ecole Forestière de Bouaké |
ENSA | Ecole Normale Supérieure d'Agronomie |
EPA | Etablissement Public National à Caractère Administratif |
EPIC | Etablissement Public National à Caractère Industriel et Commercial |
EPN | Etablissement Public National |
FAC | Fonds d'Aide et de Coopération |
FAD | Fonds Africain de Développement |
FAO | Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture |
FAST | Faculté des Sciences et Techniques |
FED | Fonds Européen de Développement |
FIDA | Fonds International pour le Développement Agricole |
FIS | Fondation Internationale pour la Science |
GVC | Groupement à Vocation Coopérative |
IAB | Institut Agricole de Bouaké |
IDESSA | Institut des Savanes |
IDESSA/DRA-P | Institut des Savanes/Département des Ressources Animales-Pisciculture |
MCAC | Mission de Coopération et d'Action Culturelle |
MINAGRA | Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales |
MINEFOR | Ministère des Eaux et Forêts |
MPVA | Moniteurs des Productions Végétales et Animales |
OMS | Organisation Mondiale pour la Santé |
ORSTOM | Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération |
PAL | Projet de Développement de l'Aquaculture Lagunaire |
PAPUCD | Projet Agricole Péri-urbain de la Commune de Daloa |
PME | Petite et Moyenne Entreprise |
PNASA | Projet National d'Appui aux Services Agricoles |
PNUD | Programme des Nations Unies pour le Développement |
SATMACI | Société d'Assistance Technique pour la Modernisation Agricole en Côte d'Ivoire |
SEPIA | Société d'Etude et de Promotion de l'Ingénierie Aquacole |
SIAL | Société Ivoirienne d'Aquaculture Lagunaire |
SODEPRA | Société de Développement de la Production Animale |
UNICEF | Fonds des Nations Unies pour l'Enfance |
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
M. Ouayogodé, Directeur, Programmes de recherche
M. Diomandé, Directeur, Valorisation des Résultats de la Recherche
Prof. Kouassi N'Guessan, Responsable du Laboratoire d'Hydrobiologie (FAST)
M.P. Luquet, Chercheur, Centre de Recherches Océanologiques, Abidjan
M.S. Hem, Chercheur, Centre de Recherches Océanologiques, Abidjan
M. Avit, Chercheur, Centre de Recherches Océanologiques, Abidjan
M.A. Cissé, Chercheur, Centre de Recherches Océanologiques, Abidjan
Dr A.W. Yté, Chercheur, IDESSA, Sous-Directeur des Affaires Scientifiques et Techniques, Bouaké
Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales
Dr A. Fanny, Directeur des Pêches
Dr J. Djobo, Sous-Directeur de l'Aquaculture
M. A.R. Viéyra, Conseiller Technique chargé des Pêches auprès du Ministre
M. Josseaume, Conseiller Technique du Ministre
M.F. Magby, Directeur, Projet de Développement de l'Aquaculture Lagunaire
M. A.A. Séka, Directeur, Projet de Développement de la Pisciculture Continentale
M. Eddy, Directeur Adjoint, Projet de Développement de la Pisciculture Continentale
Le développement de l'aquaculture a été initié en Côte d'Ivoire à partir de 1955 avec la mise en place de la Section de Pisciculture au sein du Service des Eaux et Forêts. Il a débuté par la création d'étangs de démonstration confiés à des particuliers et d'étangs privés, dans plusieurs régions du pays. Ces étangs, encadrés par des agents formés par le Centre Technique Forestier Tropical (CTFT) à Kokondékro, Bouaké, étaient approvisionnés en alevins à partir de stations d'alevinage gérées par la Section de Pisciculture. Bien qu'il ait été appuyé par la recherche piscicole débutée presqu'en même temps à la station de Kokondékro et menée par la Division de la Pisciculture du CTFT, le développement piscicole n'a pas connu un essor sensible et les étangs ont presque tous été abandonnés quelques années plus tard. Selon le rapport d'étude du Ministère français de la Coopération et du Développement (1991), sur 340 étangs installés avant 1960, moins de 50 étaient dénombrés en 1966.
Ce n'est qu'au cours des années 70 que l'on a enregistré plusieurs initiatives importantes qui ont permis un “ré-amorçage” du développement aquacole (voir aussi section 1.7):
Secteur public et para-public
1974–1976: essais d'élevage en cages sur le lac de Kossou (PNUD/FAO et AVB);
1977–1980: Ferme Piscicole Pilote de Natio-Kobadara (Korhogo) avec un financement FAC et Côte d'Ivoire pour tester en vraie grandeur des techniques d'élevage en étangs en vue de l'installation de fermes commerciales de production piscicole;
1977–1990: Projets PNUD/FAO/MINEFOR pour le développement de la pisciculture familiale jusqu'en 1986, puis de la pisciculture artisanale de 1987 à 1990, sur les trois-quart du pays;
1981–1993: Projet d'Aquaculture Lagunaire centré sur le complexe de la lagune Ebrié, exécuté par SEPIA International puis par la Direction des Pêches, avec l'assistance financière de la CCCE (actuel CFD);
1985–1991: Projets exécutés par l'AFVP principalement dans les régions du centre-ouest (Daloa et Gagnoa) et de l'ouest (Danané), avec des financements de diverses sources.
Secteur privé
1976–1984: Production commerciale à l'échelle industrielle de tilapia en cages, mise en place par British Petroleum et Fish Farming International à Bapo (Jacqueville), puis à Aghien (Bingerville);
1977 et 1982: Production artisanale de O. niloticus par des groupements (fermes de Tiné et de Nambékaha) dans la région de Korhogo;
1977–1978: Production industrielle de machoîron à Grand-Lahou par la SODEPALM à la ferme AQUICI;
1988: Ferme pilote de production industrielle de crevettes à Grand-Lahou par BLOHORN-UNILEVER;
1989: Production industrielle de machoîron par la SIAL à Jacqueville.
Récemment
Depuis 1991: Projet d'Appui à la Profession Piscicole du Centre-Ouest pour la promotion d'une profession autonome, exécuté par l'AFVP et la MCAC sur un financement FAC;
Depuis 1992: Projet de Développement dans la Région Forestière Ouest. Financé par la BAD, le FAD et la Côte d'lvoire, ce projet de développement agricole intégré qui comporte plusieurs volets dont la pisciculture, est en train de se mettre en place. Il sera exécuté par le Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales.
Tableau 1
Infrastructures de développement existantes
Infrastructure (a) | Nombre d'étangs | Superficie (ares) | Etat actuel (b) |
---|---|---|---|
Stations d'alevinage | |||
Loka; Bouaké (* *)(g) | 26 | 139,5 | fonctionnel |
Bamoro; Bouaké (*) | 9 | 300,0 | non fonctionnel(1) |
Daloa-ville (* *) | 6 | 26,3 | fonctionnel |
Kibouo; Daloa (* *) | 10 | 17,8 | non fonctionnel(2) |
Touba (* *) | 8 | 21,6 | non fonctionnel |
Latone; Korhogo(*) | 16 | 54,4 | fonctionnel(c) |
Man(* *) | 9 | 145,0 | fonctionnel |
Gagnoa(* *) | 10 | 26,6 | fonctionnel |
Divo(*) | 7 | 19,0 | fonctionnel |
Bouaflé(*) | - | - | fonctionnel |
Bongouanou(*) | 11 | 30,0 | fonctionnel |
Banco; Abidjan(* *) | - | - | fonctionnel(d) |
Aboisso(*) | 13 | 15,0 | fonctionnel(e) |
Soubré(*) | - | - | fonctionnel |
Bondoukou(* *) | 8 | 30,0 | non fonctionnel(1) |
Abengourou(*) | 13 | 40,0 | fonctionnel |
Agboville(*) | 4 | 30,2 | non fonctionnel(1) |
Mopoyem; Dabou(*) | 22 | 134,0 | fonctionnel |
Anna; Bingervill(* *) | - | - | fonctionnel(f) |
Total | 172 | 1029,4 | |
Ferme pilote production commerciale de poisson marchand | 67 | 600,0 | fonctionnel |
Natio-Kobadara(*) | |||
Ferme d'application | |||
Jacqueville (recherche-développement et formation/PAL)(* *) | 0 | fonctionnel | |
Ferme pilote de production en cages de tilapia | |||
Bingerville(* *) | 72 cages × 20m3 | fonctionnel |
(a) Période de construction:
(*) avant 1980;
(* *) après 1980.
(b) Les stations non fonctionnelles le sont pour un problème d'eau. Cette situation est liée soit à des problèmes techniques (choix du site ou construction), soit à des considérations autres que techniques (par exemple, propriété de la retenue qui alimente la station):
(1) problèmes techniques;
(2) problèmes autres que techniques.
(c) Latone n'est pas fonctionnel en général en saison sèche.
(d) Fonctionnel mais a besoin d'un aménagement adéquat.
(e) Les étangs sont très petits et la station n'a pas de possibilité d'extension.
(f) Fonctionnement coûteux: pompage de l'eau de forage: comprend deux séries de 12 bassins (capacités unitaires de 40 et 13 m3) et une vingtaine de cages de 3 m3 chacune.
(g) Y compris l'écloserie.
Elles sont résumées dans le Tableau 1.
Sous la tutelle des ministères techniques, l'exécution sur le terrain est faite par des structures gouvernementales qui emploient un personnel national dont l'effectif a augmenté progressivement à tous les niveaux de formation.
Au sein des projets, ce personnel est appuyé par des experts internationaux qui ont généralement pour tâche essentielle la formation du personnel national afin d'assurer la pérennité des activités à la fin des projets.
Le tableau 2 présente à titre indicatif, la situation du personnel engagé dans le développement piscicole en 1980, 1985 et 1990 au sein des deux principaux projets (PAL et PNUD/FAO/MINEFOR).
Tableau 2
Evolution du niveau du personnel technique du PAL et des projects PNUD/FAO/MINEFOR
(1982, 1985 et 1990)
Nombre | ||||
---|---|---|---|---|
1982 | 1985 | 1990 | ||
Projets PNUD/FAO/MINEFOR | ||||
Ingénieurs Agronomes/Eaux et Forêts | 0 | 2 | 2 | |
Ingénieurs des Techniques | 6 | 8 | 10 | |
APVA | 14 | 16 | 22 | |
MPVA | 13 | 20 | 40 | |
Préposés des Eaux et Forêts | 45 | 29 | 52 | |
Assistance technique | ||||
Experts FAO | 2 | 3 | 1 | |
VNU | 4 | 1 | 0 | |
Coopération française | 0 | 1 | 1 | |
Projet Aquaculture Lagunaire | ||||
Vétérinaires | 0 | 2 | 1 | |
Ingénieurs Eaux et Forêts/Agronomes | 0 | 1 | 2 | |
Ingénieurs des Techniques | 3 | 1 | 1 | |
APVA | 4 | 6 | 5 | |
MPVA | 2 | 1 | 2 | |
Technicien de vente | 0 | 0 | 1 | |
Techniciens de laboratoire | 0 | 0 | 2 | |
Informaticiens | 0 | 0 | 1 | |
Assistance technique | ||||
Vétérinaires | 0 | 1 | 1 | |
Ingénieurs agronomes | 2 | 3 | 1 | |
Ingénieur de recherche | 1 | 0 | 0 | |
Technicien supérieur (maîtrise) | 1 | 0 | 0 |
Législation
Elle est inexistante en matière d'aquaculture.
Vulgarisation
Les actions de vulgarisation entreprises avec beaucoup de difficultés (insuffisance de moyens) par le gouvernement ivoirien se sont renforcées à partir de 1977 avec la mise en place de projets tels que le Projet de Développement de la Pêche, de la Pisciculture et de l'Aquaculture (1977–1990) et le Projet de Développement de l'Aquaculture Lagunaire (PAL depuis 1981).
Depuis, d'autres projets ont fait de la vulgarisation piscicole comme ceux de la SODEPRA au sud-est et sur des retenues agro-pastorales au nord, ceux exécutés par l'Association Française des Volontaires du Progrès (AFVP) dans les régions du centre-ouest et de l'ouest, et le projet de développement rural en phase d'installation dans la région forestière ouest.
Crédit
La Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA) chargée d'assurer le crédit agricole en général, a été sollicitée par certains services d'encadrement pour accorder des prêts à des pisciculteurs soit sur les propres fonds de la banque (Projet Aquaculture Lagunaire et structures “hors projets”), soit sur des fonds extérieurs (Projet PNUD/FAO/87/001 sur fonds PNUD). La BNDA fut dissoute en 1991 du fait des nombreuses contraintes rencontrées: problèmes de gestion du système de crédit par la banque, difficultés de recouvrement des créances, système de crédit non adapté aux conditions des paysans, etc.
Les projets exécutés par l'AFVP ont accordé des prêts directs aux pisciculteurs pour une partie des investissements. Malgré le suivi régulier des exploitants, ces projets ont cependant connu des problèmes de recouvrement des créances.
Recherche aquacole
La recherche a appuyé le développement aquacole dès l'introduction de la pisciculture en Côte d'lvoire (voir section 2.1). Elle a connu l'apport d'une assistance internationale importante aussi bien pour les financements (FED, CRDI, CCCE, OMS, FIS) que pour la mise en oeuvre (CTFT/CIRAD, ORSTOM, FAC).
Actuellement le centre piscicole du Département des Ressources Animales (anciennement Département Piscicole) de I'IDESSA et le CRO sont les deux principales institutions de recherches en aquaculture, avec respectivement les stations de Kokondékro (Bouaké) et de Layo (Dabou). Elles conduisent les activités de recherche aquacole autrefois confiées au Centre de Recherches Océanographiques de I'OSTOM (Centre de Recherches Océanologiques depuis 1991) et à la Division Piscicole du CTFT (IDESSA depuis 1982). On peut également citer le Laboratoire d'Hydrobiologie (Département de Biologie et de Physiologie Animales) de la Faculté des Sciences et Techniques, à l'Université d'Abidjan, qui réalise parfois des actions de recherche dans le domaine piscicole.
Subventions
Compte tenu du faible niveau des revenus des paysans, principale population cible de ce développement, le gouvernement a opté pour une politique de subvention: prêt de matériel de construction, transport d'aliments et d'alevins jusqu'à la ferme ainsi que vente d'alevins, d'aliments ou de matériel de pêche au prix coûtant (voire à perte) aux pisciculteurs et transport du produit destiné à la commercialisation.
D'autres types de subvention comme la participation financière à l'investissement ont été adoptés: PAL a financé jusqu'à 50 pour cent de l'investissement en infrastructures d'élevage.
Face à la situation de crise économique dans laquelle se trouve la Côte d'lvoire depuis quelques années, le Gouvernement ivoirien a adopté une politique de restructuration des institutions chargées de l'encadrement agricole d'une part et de responsabilisation de l'exploitant d'autre part. Les coûts de fonctionnement qui découlent actuellement de la multiplicité des services d'encadrement sur le terrain sont très élevés. La réduction de ces coûts constitue l'un des effets les plus attendus de ce programme d'ajustement structurel.
C'est dans ce cadre qu'intervient la Banque Mondiale pour la mise en place du Projet National d'Appui aux Services Agricoles (PNASA). Le PNASA doit permettre de réduire les dépenses de l'Etat en rendant les services gouvernementaux plus opérationnels d'une part et en favorisant d'autre part la professionnalisation de l'exploitant agricole. Ce projet n'est pas encore mis en place. Cependant, on peut noter que l'action de ce projet reposerait sur une régionalisation des activités de développement agricole. En outre, une part importante serait accordée à la recherche-développement.
De 1972 à 1992, le développement de l'aquaculture a été successivement confié à différents ministères:
jusqu'en 1983: Secrétariat d'Etat aux Parcs Nationaux (puis Ministère des Eaux et Forêts) et Ministère de la Production Animale, respectivement pour la pisciculture en eaux douces et en eaux saumâtres;
1983–86: Ministère du Développement Rural;
1986–90: Ministère de l'Agriculture et des Eaux et Forêts et Ministère de la Production Animale, respectivement pour la pisciculture en eaux douces et en eaux saumâtres;
depuis 1990: Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales.
L'Annexe à ce rapport présente les organigrammes des principales institutions qui ont la responsabilité du développement aquacole en Côte d'lvoire.
Le personnel technique du développement comprend quatre principales catégories d'agents correspondant à quatre niveaux de formation (Tableau 3).
La formation initiale des Ingénieurs des Techniques, des Assistants des Productions Végétales et Animales (APVA), des Moniteurs des Productions Végétales et Animales (MPVA) et des Préposés des Eaux et Forêts est entièrement faite en Côte d'lvoire. A l'exception des cinq dernières promotions (de 1988 à 1992), les Ingénieurs Agronomes sont formés en partie (4 ans) en Côte d'lvoire à l'Ecole Nationale Supérieure Agronomique (ENSA) et font une année (2 années pour les forestiers) de spécialisation à l'étranger. La formation des Vétérinaires se fait entièrement à l'étranger.
La formation continue des agents du développement est organisée par les institutions qui les emploient. Cette formation peut être assurée par les cadres de l'institution ou être confiée à un établissement de formation. Elle se fait sous forme de stages ou de séminaires internes. Les agents peuvent aussi bénéficier de bourses de stage accordées dans le cadre d'un projet ou mises à la disposition du pays par l'aide bilatérale.
En Côte d'Ivoire, le Centre de Formation Piscicole de Bouaké (CFP) et le Centre de Formation des Encadreurs en Pêche et Pisciculture de Kossou (CFEPPK) sont les seuls établissements qui dispensent une formation spécifique en aquaculture. Ce sont des centres de spécialisation en pêche et pisciculture.
Le CFP reçoit des APVA issus de l'Ecole Forestière de Bouaké ou du Centre d'Elevage de Bingerville ou des techniciens de niveaux équivalents provenant des pays de la sous-région pour une durée de formation de neuf mois. Ce centre peut également dispenser des stages de perfectionnement ou de recyclage à la demande d'institutions de développement. Le CFEPPK forme pendant trois mois des encadreurs (Préposés des Eaux et Forêts) issus de l'Ecole Forestière de Bouaflé.
Il existe d'autres établissements comme l'Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie (ENSA), l'Institut Agricole de Bouaké (IAB, transféré à Yamoussokro) et l'Ecole Forestière de Bouaké (EFB, transféré au Banco) qui dispensent des enseignements en aquaculture au cours des formations spécifiques de forestiers.
Tableau 3
Catégories de personnel, niveaux et établissements/lieux de formation
Catégorie | Niveau de formation | Durée de la formation | Etablissement/lieu de formation |
---|---|---|---|
A | Vétérinaires (A1) Ingénieurs Agronomes (A1) Ingénieurs des Techniques (A2) | BAC + 5–6 ans BAC + 6 ans BAC + 4 ans | Europe ENSA/Côte d'Ivoire, Europe ou USA IAB/Côte d'Ivoire |
B | Assistants des Productions Végétales et Animales (APVA) | BEPC + 4 ans + 1 an de spécialisation pour les APVA destinés à l'aquaculture et la pêche | Lycée Agricole puis Ecole Forestière de Bouaké et spécialisation en Centre de Formation Piscicole de Bouaké |
C | Moniteurs des Productions Végétales et Animales (MPVA) | BEPC + 3 ans | Centre de Formation Agricole d'Abengourou puis Ecole Forestière de Bouaké |
D | Préposés des Eaux et Forêts | CEPE + 1–2 ans (y compris 3 mois de spécialisation en pisciculture et pêche) | Ecole Forestière de Bouaflé et spécialisation au Centre de Formation des Encadreurs en Pêche et Pisciculture de Kossou (CFEPPK) |
Le développement de la Côte d'Ivoire a connu trois plans quinquennaux élaborés pour les périodes de 1971–1975, 1976–1980 et 1981–1986. Dans ces plans, le développement agricole fut l'une des priorités. Le développement de l'aquaculture n'a été véritablement pris en compte qu'à partir du deuxième plan quinquennal.
Sur la base des plans quinquennaux et des orientations générales de développement national, diverses ébauches de plans de développement aquacole ont été élaborées par les administrations qui en ont la charge. On peut citer:
Le Plan national de développement de l'aquiculture en Côte d'Ivoire, préparé en 1975 par A. Vieyra, Directeur de la Pisciculture et de la Pêche Continentale au Secrétariat d'Etat aux Parcs Nationaux, au cours du séminaire organisé à Abidjan en 1975 par la FAO.
La Contribution au plan de développement de la pisciculture en milieu rural, rédigé en 1984 par J.P. Gosse, consultant FAO, à la demande du Ministère des Eaux et Forêts.
L'ébauche du Plan directeur de la pisciculture en eaux continentales, proposée par la Direction de la Pisciculture et de la Pêche en Eaux Continentales du Ministère des Eaux et Forêts en 1990.
Bien qu'ils ne soient pas dans la plupart des cas officiellement approuvés par le gouvernement, ces “plans” ont souvent servi de base au développement de la pisciculture, en eau douce en particulier.
Les principales évaluations en matière de développement de l'aquaculture ont essentiellement été menées par des équipes extérieures. Elles sont souvent faites sous forme d'études prospectives pour déterminer les zones d'implantation ou la faisabilité d'un projet de développement, ou encore sous forme d'évaluations en cours ou en fin de projet. Elles sont effectuées à la demande du gouvernement ou de bailleurs de fonds et sont, dans la plupart des cas, réalisées par ces derniers ou par une agence d'exécution avec de rares fois la participation effective de nationaux. Elles sont en outre généralement effectuées par des équipes qui ne séjournent dans le pays que pendant un laps de temps relativement court et dont les membres ne maîtrisent pas forcément le milieu physique et surtout l'environnement socio-économique et politique, déterminants essentiels du développement. On peut donc craindre que les observations et les recommandations ne prennent pas toujours en compte certains facteurs importants.
Quelques évaluations
Octobre 1974 – juin 1975: Etude des ressources disponibles en vue du développement de la production piscicole continentale et lagunaire: par le CTFT dans le cadre d'une convention CTFT-Gouvernement de Côte d'Ivoire. Cette étude a déterminé les zones potentielles de développement piscicole sur la base des besoins en protéines animales, des potentialités physiques (par exemple, existence ou possibilité de création de petites retenues d'eau artificielles), de la disponibilité de sous-produits agricoles et agro-industriels. Elle a recommandé, sous réserve d'être approuvée par un projet pilote, la promotion d'une pisciculture rurale artisanale et d'une pisciculture péri-urbaine commerciale.
1980–1981: Etude de la zonation du complexe lagunaire Ebrié, réalisée par SEPIA International en vue de la promotion de l'aquaculture lagunaire. Elle a abouti à la mise en place du Projet Aquaculture Lagunaire (PAL).
1982 et 1985: Etudes sur la commercialisation du poisson dans la zone d'Abidjan, réalisées par le CRO dans la perspective de la commercialisation du poisson d'aquaculture lagunaire (mâchoiron et tilapia), à la demande du PAL.
1988: Etude pour la participation accrue des femmes aux activités piscicoles, réalisée par trois consultantes nationales dans le cadre des activités du projet PNUD/FAO/IVC/87/001. Elle a permis d'identifier les principales contraintes à l'intégration de la femme aux activités piscicoles et de mener des actions concrètes en vue de leur participation effective à ces activités.
1991–1992: Etude du marché des intrants et des produits piscicoles dans la région du centre-ouest, par un consultant national, à la demande du Projet d'Appui à la Profession Piscicole du Centre-Ouest.
1985, 1986 et 1991: Evaluations du Projet de Développement Rural dans la Région Forestière Ouest. Ce projet de développement agricole intégré décrit plus loin (voir section 1.7.4), a fait l'objet de plusieurs missions:
1985: Etude diagnostique de la région par le BTPA puis préparation du projet par le Centre d'Investissement de la FAO à la demande du Gouvernement et de la BAD;
1986: Evaluation du projet par la BAD;
1991: Evaluations par le Centre d'Investissement FAO puis par la BAD.
Il n'existe pas de système de collecte de données pour les statistiques des produits de l'aquaculture. Il est de ce fait difficile de fournir des données exactes sur la production aquacole en Côte d'Ivoire. Ceci est lié à plusieurs facteurs:
le suivi léger et diffus par le projet PNUD/FAO d'un nombre très important de pisciculteurs;
le peu de compréhension qu'ont les pisciculteurs de l'utilité de relever ou de fournir des données de production aux encadreurs;
la relative complexité des fiches de suivi des exploitations pour de nombreux pisciculteurs du milieu rural, illettrés ou d'un très bas niveau scolaire.
Tableau 4
Production aquacole de 1985 à 1989
Années | Production (t) | |
---|---|---|
Poisson | Crevettes | |
1985 | 400 | 0 |
1986 | 500 | 0 |
1987 | 1 000 | 0 |
1988 | 1 500 | 0 |
1989 | 1 600 | 0 |
Source: Direction des Pêches, Abidjan
Le Tableau 4 présente des estimations faites par le Service des Statistiques de la Direction des Pêches à partir de données plus ou moins fiables collectées auprès de quelques pisciculteurs encadrés par les projets. Cette production ne représente que celle effectivement contrôlée par les agents d'encadrement des projets PAL et PNUD/FAO/MINEFOR. Elle est donc inférieure au niveau réel.
Origine et caractéristiques générales
Sur la base des résultats des essais d'élevage en cages entrepris à partir de 1976 (CTFT/Ministère de la Production Animale à Mopoyem, BP Farm de Bapo) et des premiers résultats de recherche du CRO, ainsi que des résultats d'une mission de prospection et de zonation de la lagune Ebrié (SEPIA International, 1979–1980), la Direction des Pêches Maritimes et Lagunaires (Ministère de la Production Animale) a mis en place le Projet Aquaculture Lagunaire (PAL) en 1981. Son financement totalisait 4 620 milliards de FCFA dont 3 839 milliards de prêt CCCE et 781 millions supportés par la Côte d'Ivoire (Budget Spécial d'Investissement et d'Equipement). Ce projet a été exécuté avec l'assistance technique de SEPIA International en trois phases:
1988–1993: une phase de développement.
Objectifs
Développement d'une aquaculture lagunaire artisanale privée à l'initiative de villageois (individuellement ou en groupement) ou de promoteurs de Petites et Moyennes Entreprises (PME);
Promotion d'une aquaculture intensive en cage ou en enclos basée sur le tilapia et le machoiron;
Organisation d'un environnement amont et aval pour soutenir le développement aquacole (production d'alevins, commercialisation, production d'aliments de qualité et à moindre coût).
Evaluation de la performance du projet
Les acquis
création et gestion d'une ferme pilote de production de tilapia.
Formation d'aquaculteurs et du personnel technique national.
Installation d'aquaculteurs individuels et de Groupements à Vocation Coopérative (GVC).
Privatisation de la station de Jacqueville.
Organisation et privatisation de la filière de commercialisation du produit.
Relative maîtrise de la reproduction du mâchoiron et des techniques de production de tilapia et de mâchoiron de taille marchande, grâce à la collaboration entretenue avec les instituts de recherche (CRO et IDESSA).
Création d'emplois et promotion sociale de certains ivoiriens, surtout de jeunes déscolarisés qui autrement seraient désoeuvrés.
Problèmes
Cependant, il se pose le problème des structures de production cibles:
La nature et le coût des investissements ainsi que l'absence d'une véritable banque de développement adaptée aux conditions économiques des villageois ont favorisé l'émergence d'aquaculteurs “occasionnels”, constitués en majorité de hauts fonctionnaires ou de fonctionnaires pour qui la pisciculture représente une activité marginale.
La principale structure de production de type industriel (SIAL) qui devait assurer le relais d'aide logistique aux petits producteurs de type PME ne remplit pas son rôle du fait qu'elle souffre de problèmes de structure, de choix de site, de mauvaise appréhension du marché et de mauvaise conjoncture économique.
Le PAL rencontre des difficultés avec les petites unités de production du type PME, dues notamment au manque de technicité des employés effectivement impliqués sur les sites de production, dans la conduite des élevages et la gestion des fermes.
Origine et caractéristiques générales
Dans le souci d'améliorer le taux de couverture des besoins de la population en protéines animales (8 pour cent en 1975), le Gouvernement ivoirien a, dans le cadre d'une politique générale de production animale, sollicité l'assistance du PNUD en 1971 pour le développement de la pêche sur le lac de Kossou (Projet FAO IVC/71/526 de 1971 à 1975)) puis en 1977 pour le développement de la pêche et de la pisciculture à l'échelle nationale.
Le Projet de Développement de la pisciculture en milieu rural a été mis en place en 1977 et exécuté en trois phases successives jusqu'en 1990, avec l'assistance technique de la FAO:
1977–1983: Projet de Développement de la pêche, de la pisciculture et de l'aquaculture en Côte d'Ivoire (IVC/77/003);
1984–1986: Projet de Développement de la pisciculture en milieu rural (IVC/84/001);
1987–1990: Projet de Développement de la pisciculture en milieu rural (IVC/87/001).
Le financement a été principalement assuré par:
le Gouvernement ivoirien, pour un montant total de 2 331 milliards de FCFA qui couvre les infrastructures, l'équipement, les frais du personnel national, la formation des encadreurs de terrain et les autres frais divers de fonctionnement;
le PNUD pour un montant de 3 893 839 USD, couvrant les frais du personnel international, la formation du personnel national et l'équipement.
D'autres organismes ont financé des opérations spécifiques: le CRDI (recherche d'accompagnement) et l'UNICEF (pisciculture scolaire) pour environ 100 millions de FCFA.
Objectifs immédiats
Ils sont multiples. On peut retenir pour l'essentiel:
la promotion de la pêche dans les eaux intérieures (objectif abandonné en 1981);
la promotion de la pisciculture rurale et péri-urbaine par la vulgarisation, l'encadrement et la formation des pisciculteurs en milieu rural;
la formation du personnel national et l'organisation d'un service national pour assurer l'après-projet;
l'organisation d'un environnement amont et aval favorable au développement piscicole: crédit piscicole, recherche d'accompagnement, fourniture d'alevins, fabrication et commercialisation d'aliments bon marché pour poisson et commercialisation de la production;
la promotion de la participation plus importante de la femme aux activités piscicoles (en troisième phase).
Evaluation de la performance du projet
Les acquis
Sensibilisation de la population à la pisciculture, activité non traditionnelle.
Amélioration du niveau nutritionnel en matière de protéines animales dans des zones enclavées ou éloignées des zones de production de poissons (région côtière et régions des lacs de Kossou, Ayamé et Buyo).
Apport de revenus supplémentaires en milieu rural et fixation de jeunes, en particulier dans les zones rurales.
Remise en état ou création de 13 stations d'alevinage dont huit fonctionnent encore.
Conception, fabrication et commercialisation d'un aliment performant pour poisson.
Formation de nombreux cadres nationaux à tous les niveaux de responsabilité et mise en place d'un service national capable de poursuivre les activités du projet à condition que des moyens matériels et une autonomie de fonctionnement lui sont accordés.
Production et distribution de matériel piscicole.
Etablissement de rapports étroits entre la recherche et le développement.
Etablissement d'une profession de tâcherons constructeurs d'étangs.
Problèmes
Objectifs et activités trop nombreux pour être réalisés de manière efficiente.
Zone d'intervention trop étendue exigeant le suivi de nombreux pisciculteurs dispersés sur pratiquement toute l'étendue du territoire, d'où un encadrement insuffisant mais lourd à faire fonctionner.
Pas de rigueur suffisante dans le choix des pisciculteurs et des sites, dans le souci de donner une suite favorable à presque tous les candidats à la pisciculture.
Tardive sensibilisation spécifique des femmes aux activités piscicoles et par conséquent peu d'effets des actions concrètes entreprises.
Difficultés dans le fonctionnement des services de terrain dues aux lourdeurs administratives, aux retards de déblocage des fonds nationaux et à la centralisation des prises de décisions.
Origine et caractéristiques générales
Ce projet fait suite aux projets d'encadrement des pisciculteurs (SATMACI/PAPUCD à Daloa et PACO à Gagnoa), exécutés de 1986 à 1990 dans la région du centre-ouest par I'AFVP, sous la tutelle du Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales. Ces projets PACO et SATMACI/PAPUCD avaient installé une vingtaine de pisciculteurs dont trois sont actuellement autonomes et maîtrisent les tâches essentielles de production (construction d'étangs, approvisionnement régulier en intrants, techniques d'élevage adaptées à chaque cas).
Le Projet d'Appui à la Profession Piscicole est exécuté conjointement par la Mission Française de Coopération et d'Action Culturelle (MCAC) et I'AFVP. L'essentiel du financement est assuré par le FAC pour un montant de 611 millions FCFA. Le projet se déroulera en deux phases de trois ans chacune à partir de 1991: phase d'installation des fermes et phase d'organisation de la profession.
Objectifs
Distribution des revenus aux couches sociales défavorisées et contribution à la réduction du déficit en protéines animales des zones rurales par:
l'installation de 100 pisciculteurs recrutés parmi les jeunes déscolarisés riziculteurs ou maraîchers, issus de couches sociales modestes et capables de fournir une quantité importante de travail pour la mise en place et la gestion de leur ferme;
la proposition de modèles d'exploitation accessibles aux populations des zones rurales éloignées des centres urbains.
Organisation de la profession piscicole pour permettre une autonomie des pisciculteurs vis-à-vis des services de l'état en ce qui concerne les diverses prestations habituellement fournies par ceux-ci: approvisionnement en alevins et en aliments, encadrement et construction des étangs.
Résultats escomptés
Installation de 500 étangs d'une superficie totale de 20 ha pour 100 pisciculteurs produisant 122 tonnes de poisson par an, à partir de la sixième année.
Production d'un revenu moyen net de 350 000 FCFA par an et par pisciculteur, pour une exploitation de cinq étangs; création d'un patrimoine immobilier de 100 millions FCFA.
Remarques
Ce projet a l'avantage d'intervenir au niveau d'une seule région et donc d'une zone relativement homogène dans ses caractéristiques physiques, culturelles et socio-économiques. Son intervention sera encore plus aisée du fait qu'elle se fait sur des populations cibles bien distinctes: population rurale éloignée des marchés et population péri-urbaine ayant accès à un marché, d'intrants et du produit, relativement important.
Une observation mérite néanmoins d'être faite quant à l'après-projet. L'organisation actuelle du projet peut laisser présager un problème de poursuite des activités lorsque le projet arrivera à son terme. Le personnel comprend en effet une assistance technique majoritaire (un coordinateur, un chargé de la recherche-développement et trois volontaires de I'AFVP), avec comme personnel national, un Ingénieur des Techniques Agricoles et quatre APVA (encadreurs, agents d'exécution). Or, l'autonomie de la profession étant un objectif principal du projet, il serait judicieux de prévoir un sevice minimum de suivi/conseils, constitué d'au moins un cadre A 1 (ingénieur ou équivalent).
Origine et caractéristiques du projet
De même que le PNASA (section 1.1.5), ce projet s'inscrit dans le cadre du programme de relance entrepris par le Gouvernement ivoirien et de la restructuration des services d'encadrement (programme d'ajustement structurel). Il est prévu pour une durée de cinq ans. Son financement est d'environ 31 milliards de FCFA dont environ 28 milliards sur prêts FAD et BAD et près de 3 milliards de contrepartie ivoirienne.
C'est un projet à plusieurs volets: mise en place d'infrastructures sociales et économiques, développement agricole, développement de la pisciculture, transformation et commercialisation des produits, formation, encadrement et recherche-développement.
Objectifs
Limiter l'exode rural des jeunes vers les villes.
Résultats escomptés
Organisation des agriculteurs et professionnalisation des exploitants.
Remarque
Les objectifs concernant le développement de la pisciculture risquent d'être difficilement atteints, compte tenu principalement:
En effet, les 150 exploitants à installer en trois ans (100 nouveaux et 50 anciens pisciculteurs) doivent posséder (ou avoir la possibilité de posséder) sur leur ferme: 1 ha de riz, 1 ha d'étangs (superficie en eau), 1 ha de café et du cacao.
La durabilité des effets du développement reste pour le moment un problème du fait d'un certain nombre de contraintes qui sont liées d'une part au mode de transfert de la technologie et d'autre part aux conditions socio-économiques dans lesquelles se fait le développement de l'aquaculture:
Le mode d'encadrement: soit trop rapproché qui se substitue au pisciculteur, soit trop léger. La conséquence dans les deux cas est une technicité insuffisante chez ceux-ci, les maintenant en permanence dépendants des services d'encadrement.
Les structures de production ou producteurs cibles: par exemple, la nature des investissements en aquaculture lagunaire conduit de fait à une sélection d'aquaculteurs pour qui cette activité est mineure (hauts fonctionnaires). Quant aux groupements de type GVC, ils connaissent des problèmes d'organisation et de gestion.
La mauvaise conjoncture économique actuelle complique l'accès aux marchés des produits aquacoles. Le contexte économique général est défavorable au développement de la pisciculture intensive. Celle-ci produit du poisson relativement cher sur un marché concurrentiel caractérisé par la baisse du prix du poisson en francs constants et par la présence de poisson de pêche produit à moindre coût.
Il n'existe pas de système de crédit adapté aux conditions des petits paysans.
Les jeunes et les femmes sont les plus défavorisés, parce que possédant peu de moyens financiers et confrontés à des problèmes d'accès à la terre.
Ils sont trois, tous sous la tutelle du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique:
Personnalité juridique
Le CRO et l'Université d'Abidjan sont des Etablissements Publics Nationaux à caractère Administratif (EPA ou EPN). L'IDESSA, par contre, est un Etablissement Public National à caractère Industriel et Commercial (EPIC ou EPN). Cependant le Gouvernement envisage de l'ériger en Société d'Economie Mixte (SEM) où l'état ivoirien aurait des parts.
Objectifs institutionnels
Objectifs à long terme
Contribuer au développement socio-économique du pays, voire du continent africain.
Contribuer à l'autosuffisance alimentaire en protéines animales par la promotion de la production aquacole et halieutique.
Objectifs spécifiques
En matière de recherche aquacole, les objectifs majeurs sont les suivants:
Connaissance du milieu aquatique en vue de sa protection et de sa préservation.
Connaissance de la biologie et de l'écologie, ainsi que l'amélioration génétique des espèces élevées ou potentiellement utilisables en élevage.
Amélioration des conditions d'exploitation ainsi que mise en oeuvre de techniques et de méthodes appropriées pour l'exploitation et la gestion rationnelles des ressources aquatiques vivantes.
Les objectifs de recherche sont déterminés en consultation et/ou à la demande des structures de développement, et sur la base des priorités de développement définies par les plans nationaux. Les thèmes de recherche sont développés en collaboration avec d'autres organismes (par ex., CIRAD et ORSTOM, France) et parfois avec l'appui d'agences internationales ou d'aide bilatérale (par exemple CRDI, FED, CFD, BAD, FIDA). Les travaux menés in situ ont, pour certains, une portée sous-régionale.
Elle est surtout biotechnologique, quelquefois environnementale et rarement socio-économique. Les activités de recherche aquacole développées visent:
Le développement de l'élevage et l'amélioration des systèmes de production: pisciculture extensive en petites retenues d'eau artificielles; pisciculture extensive utilisant le système acadja, pisciculture semi-intensive en étangs et pisciculture intensive en bacs, enclos ou cages.
La promotion de toute technologie et de tout dispositif qui concourrent au développement aquacole par la valorisation du milieu.
Le transfert et la valorisation de la recherche par l'information scientifique et technique dans les différents milieux professionnels, sociaux et culturels concernés.
La formation ou l'appui à la formation du personnel de la recherche dans les domaines de la compétence des structures concernées.
La réalisation, pour le bénéfice de partenaires publics et privés, de recherches et de productions, ainsi que la fourniture de conseils et d'expertises.
Infrastructures
Elles sont décrites dans le Tableau 5.
Tableau 5
Infrastructures de recherche piscicole1
CRO | IDESSA/DRA-P | |
---|---|---|
(Abidjan) | (Bouaké) | |
Bureaux | 1 500 m2 | 8 bureaux |
Laboratoires | 350 m2 | 3 laboratoires |
1 écloserie | ||
1 salle d'aquariums | ||
1 chambre thermostatée | ||
Ateliers et magasins | 500 m2 | 4 magasins |
1 menuiserie | ||
1 garage | ||
Bibliothèque | 1 | 1 |
• nombre ouvrages | 3 000 | 421 |
• nombre périodiques | 800 | 942 |
• nombre rapports/thèses | 200 | 1 562 |
Stations expérimentales2 | 2 | 1 |
Fabrique d'aliment | 1 | 1 |
Equipements
Les principaux équipement fonctionnels au niveau de chaque institution sont repris ciaprès.
IDESSA
matérial pour la détermination de DCO, DBO, et des éléments chimiques de l'eau.
Matériel roulant: deux camionnettes “pick up” pour les missions hors station et une camionnette “pick up” (en très mauvais état) pour les travaux sur la station.
Autres: un broyeur-mélangeur servant à la fabrication d'aliments pour la production animale en général.
CRO
polymorphisme enzymatique.
Matériel roulant: trois R12 break, une camionnette bâchée et un camion.
Autres: une presse à aliment d'une capacité de 400 kg/h et accessoires (broyeur, mélangeur, bascule).
Université FAST
Les données n'ont pu être disponibles. Cependant, il faut souligner une insuffisance notable de moyens de travail, notamment pour la recherche aquacole, au niveau du Laboratoire d'Hydrobiologie (Département de Biologie et de Physiologie Animales, Faculté des Sciences et Techniques).
Financement et affectation
L'affectation des ressources est variable selon les sources de financement:
Budget ivoirien: salaires et indemnités du personnel national (part importante du budget), investissements, équipement et divers frais de fonctionnement. Les efforts du gouvernement ont toujours été importants et sa contribution représente souvent au moins la moitié des financements totaux.
Contribution des principaux partenaires (ORSTOM et CIRAD): salaires et indemnités de l'assistance technique, équipement, formation du personnel national et divers frais de fonctionnement (part en général peu importante).
Autres conventions (CRDI, FED, CEE, Projets de développement): équipement, fonctionnement et formation du personnel national.
Tableau 6
Ressources financières
Institution | Source de financement | Montant (millions FCFA)4 | ||
---|---|---|---|---|
IDESSA | Côte d'Ivoire | 15 | ||
(1992) | Convention CIRAD | nd | ||
CRDI | 20 | |||
PAL1 | 17,4 | |||
Projet AFVP/NCAC2 | 1,5 | |||
CRO | Côte d'Ivoire | 18,5 + 104 | ||
(1993) | ORSTOM | 20 + 10 | ||
PAL1 | 11 + 0 | |||
Projet Ouest3 | 30 + 30 | |||
CEE | 0 + 30 | |||
FAST | non disponible | non-disponible |
1 Convention de sous-traitance avec le Projet Aquaculture Lagunaire, sur fonds CCCE
2 Convention de sous-traitance avec le Projet d'Appui à la Profession Piscicole du Centre-Ouest, sur fonds FAC
3 Convention de sous-traitance avec le Projet de Développement rural dans la région forestière ouest, sur fonds BAD/FAD/Côte d'Ivoire
4 CRO: fonctionnement/investissements; IDESSA: fonctionnement + investissements
Les salaires ne sont pas pris en compte
A titre indicatif, le Tableau 6 présente les sources et les montants des financements du CRO (1993) et de l'IDESSA (1992). Ce tableau reprend le budget voté et ne prend pas en compte le salaire du personnel technique. En général, les structures ne reçoivent réellement qu'une partie de ce montant (pas plus de 50 pour cent quelquefois). Cette situation est surtout fréquente depuis quelques années pour la contribution nationale du fait des difficultés économiques que connaît la Côte d'Ivoire.
Au niveau de I'IDESSA, la contrepartie ivoirienne comprend également le financement des activités de recherche en pêche et il est très difficile de déterminer la part (la plus importante en fait) effectivement allouée à l'aquaculture.
Ressources humaines
Elles sont décrites dans le Tableau 7. Le profil des chercheurs varie comme suit:
IDESSA: hydrobiologiste, ingénieur des eaux et forêts, ingénieur halieute et maîtrise/DEA.
CRO: ingénieur agronome, nutritioniste (doctorat), biologiste et M.Sc.
Les activités de recherche aquacole couvrent une large gamme de sujets qui peuvent être regroupés en quatre programmes principaux: milieux d'élevage, biologie et amélioration génétique des poissons d'élevage, systèmes d'élevage et socio-économie de la production.
Principales espèces concernées:
Espèces vulgarisées: Oreochromis niloticus, O. aureus, Clarias gariepinus, Chrysichthys nigrodigitatus, Hemichromis fasciatus et Heterotis niloticus.
Nouvelles espèces à intérêt piscicole: Sarotherodon melanotheron, Heterobranchus longifilis, Lates niloticus.
Les différents programmes sont décrits ci-dessous. Les Tableaux 8a et 8b reprennent les durées des programmes et les ressources disponibles.
A l'IDESSA il existe une relation très étroite entre les programmes. De ce fait, les activités de différents programmes sont le plus souvent menées au sein d'un même projet et donc couvertes par un même financement. De plus, les programmes sont permanents avec une révision tous les trois ans. Seules les actions menées dans le cadre d'un projet spécifique ont une durée limitée comme le montre le Tableau 8b.
Milieux d'élevage
Objectif
Mieux connaître les milieux d'élevage, surtout les interactions entre les facteurs environnementaux et leur influence sur le comportement des espèces, en vue de la mise au point de systèmes et techniques d'élevage appropriés permettant l'optimisation de la production et la préservation de l'environnement.
Activités spécifiques
Elles concernent l'étude du fonctionnement des écosystèmes acadja (CRO), étangs, systèmes acadja-étangs et petites retenues agro-pastorales (IDESSA).
Tableau 7
Ressources humaines disponibles pour la recherche aquacole
Institution et nombre par catégorie | Nombre par programme principal | ||
---|---|---|---|
IDESSA | |||
Personnel national | |||
2,5 | chercheurs | 1,5 | Milieux d'élevage |
1 | Socio-économie | ||
2 | ingénieurs | 2 | Systèmes d'élevage |
3 | techniciens supérieurs | 1 | Physiologie |
1 | Système d'élevage | ||
1 | Milieu d'élevage | ||
4 | techniciens | ||
1 | Milieu d'élevage | ||
2 | Systèmes d'élevage | ||
1 | Physiologie | ||
Personnel expatrié | |||
1 | chercheur | 1 | Physiologie et génétique |
1 | ingénieur | 1 | Système d'élevage |
1 | technicien supérieur | 1 | Tous les programmes sauf socio-économie |
CRO | |||
Personnel national | |||
5 | chercheurs | 2 | Milieux d'élevage |
0,5 | Reproduction | ||
1 | Nutrition | ||
0,5 | Système d'élevage | ||
1 | Parasitologie | ||
1 | ingénieur | 0,5 | Nutrition |
0,5 | Système d'élevage | ||
1 | technicien supérieur | 1 | Zootechnie |
Personnel expatrié | |||
10 | chercheurs | 5 | Milieux d'élevage |
1,5 | Reproduction | ||
2 | Nutrition | ||
0,5 | Système d'élevage | ||
1 | ingénieur | 1 | Génétique |
0,5 | Génétique | ||
0,5 | Zootechnie |
Tableau 8
Principaux programmes de recherche: ressources et durée
Tableau 8a: Centre de Recherche Océanologiques (CRO)
Programme | Ressources financières (FCFA/an) | Durée | Ressources humaines | |
---|---|---|---|---|
Milieux d'élevage | 16 millions | jusqu'à fin 1995 | 7,5 | chercheurs |
Biologie et amélioration des poissons | 37 millions | 8 | chercheurs | |
jusqu'à fin 1995 | 1 | ingénieur | ||
Systèmes d'élevage | 43 millions | 1,5 | chercheurs | |
1,5 | ingénieurs | |||
jusqu'à fin 1995 | 1 | technicien supérieur |
Tableau 8b: Institut des Savanes (IDESSA)
Projet (Programmes concernés) | Ressources financières par projet (FCFA) | Durée | Ressources humaines |
---|---|---|---|
Projet ‘Petits barrages’ (Programmes Milieux d'élevage, Systèmes d'élevage, Socio-économie) | 80 millions | 3 ans (90–93) renouvelables | Milieux d'élevage: 1,5 chercheurs, 2 techniciens supérieurs, 2 étudiants (thèse 3ème cycle et DEA) et 1 technicien Systèmes d'élevage: 3 ingénieurs et 1 technicien supérieur Socio-économie: 1 chercheur socio-économiste |
Projet ‘Acadja’ | 1,5 millions | 1 an | Milieux d'élevage: 1 chercheur, 1 étudiant (thèse doctorat 3ème cycle) et 1 technicien Systèmes d'élevage: 3 ingénieurs, 1 technicien supérieur et 2 techniciens |
Projet ‘Aquaculture Lagunaire’ | 46,5 millions | 3 ans | Systèmes d'élevage: 3 ingénieurs, 1 technicien supérieur Biologie et amélioration des poissons: 1 chercheur, 1 technicien supérieur, 1 étudiant en thèse et 2 techniciens |
Biologie et amélioration des poissons d'élevage
Objectif
Mettre à la disposition du développement des espèces de poissons plus diversifiées et plus performantes.
Activités
CRO
Nutrition et alimentation des espèces d'élevage: métabolisme énergétique, besoins et couverture en protéines, contrôle et régulation de l'ingestion, interaction entre nutrition-reproduction.
IDESSA
Physiologie de la reproduction chez les tilapias et chez certaines espèces locales d'intérêt piscicole (Heterobranchus isopterus, Lates niloticus, Labeo coubie).
Systèmes d'élevage
Objectif
Mise au point de technologies vualgarisables par les services d'encadrement et applicables par les pisciculteurs, afin de soutenir le développement piscicole.
Activités
IDESSA: étude des techniques de reproduction et d'alevinage des poissons d'élevage et des techniques de production de poissons de consommation dans les petites retenues agro-pastorales ou en étangs (systèmes extensifs et semi-intensifs).
Socio-économie
Objectifs immédiats
Les contraintes au développement de la production du poisson en Côte d'Ivoire sont nombreuses et la problématique en matière de socio-économie se pose en termes de rentabilité, de coût d'opportunité des facteurs, d'accessibilité et d'efficience des systèmes.
Pour cet aspect qui a longtemps été négligé, il s'agit de cerner les principaux déterminants de la production et de la commercialisation afin de mieux les maîtriser.
Activité
Actuellement en aquaculture, la recherche dans ce domaine n'est menée qu'à I'IDESSA. Une étude du marché du poisson est en cours pour déterminer les meilleures conditions socio-économiques de production de poissons dans les petites retenues agro-pastorales du nord. Cette action entre dans le cadre de l'aménagement de ces petites retenues et de la mise en place de techniques d'élevage ou de pêche pour une optimisation de leur productivité.
Les programmes de recherche sont soumis à l'approbation d'instances internes et/ou d'instances des organismes de tutelle:
Commission de programmes du Ministère de l'Enseignement et de la Recherche Scientifique qui se réunit en principe une fois tous les deux ans et regroupe, pour un thème défini, des représentants de la recherche et du développement.
Conseil scientifique du CRO ou Comité Scientifique de I'IDESSA (instances internes).
Les programmes menés conjointement avec I'ORSTOM pour le CRO ou avec le CIRAD pour I'IDESSA sont soumis pour approbation à une Commission paritaire mixte CRO/ORSTOM ou IDESSA/CIRAD.
Les programmes annuels de recherches effectuées en appui à des projets de développement sont soumis à l'approbation du Comité d'orientation et de suivi (COS).
Les travaux et résultats font l'objet d'évaluations des chercheurs et de rapports d'activités.
La recherche piscicole a été prise en compte pour la première fois comme objectif majeur dans le plan quinquenal de développement 1976–1980 qui en a souligné l'importance, compte tenu du déficit national en poisson comblé en 1974 par une forte importation de poisson congelé.
Le CRO et I'IDESSA sont les initiateurs de la recherche pour le développement de la pisciculture en milieux lagunaire et continental respectivement. Leurs actions qui ont largement et principalement abordé des sujets biotechniques, ont permis l'émergence d'une production aquacole en Côte d'Ivoire.
Au niveau national, la recherche aquacole est utilisée comme un moyen pour apporter, sur la base des priorités nationales, des solutions aux problèmes posés par le développement aquacole et/ou pour proposer de nouveaux schémas de production prenant en compte les dimensions économiques, sociales (en général dans une moindre mesure) et environnementales du développement aquacole.
Le CRO et I'IDESSA sont consultés et solicités pour l'élaboration de projets nationaux ou régionaux de développement comportant un volet aquacole, la réalisation de travaux de recherche d'accompagnement et des missions d'expertise auprès d'agences internationales ou d'aide bilatérale pour le développement de la pisciculture en Afrique.
La collaboration recherche-production se fait essentiellement sur des sujets biotechniques qui sont posés par la profession soit en termes généraux (par ex., trouver un aliment performant), soit de façon ponctuelle (par ex., décaler la période de reproduction du mâchoiron). Les sujets sont parfois d'ordre social (par ex., identifier des technologies appropriées), économique (par ex., rentabilité ou gestion de l'exploitation) ou relatif à l'environnement (par ex., détruire les végétaux flottants qui couvrent la lagune).
Une filière mâchoiron (Chrysichthys nigrodigitatus) avec fourniture “clé en main” d'un système de production de poissons marchands applicable par les aquaculteurs a été développée. Le système de reproduction de ce poisson reste encore assez coûteux (environ 200 FCFA/alevin) et n'est réalisable pour le moment que par des structures subventionnées par l'état. Néanmoins, elle permet de mettre des alevins à la disposition des aquaculteurs à un prix supportable par ceux-ci.
En eau douce, une pisciculture rentable de type extensif ou semi-intensif de tilapia (O. niloticus) a été développée avec différentes méthodes de production valorisant les sous-produits agricoles et agro-industriels.
En général cependant, les acquis de la recherche n'ont pas encore permis d'augmenter de façon stable et significative la production aquacole en Côte d'Ivoire, suite à la présence des contraintes du développement énoncées précédemment (voir section 1.8).