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LE RESEAU SADC DE CENTRES DE SEMENCES FORESTIERES

par
J.S. Brouard & S.E.T. John
SADC Tree Seed Centre Network
Private Bag BW 6238 Borrowdale
Harare, Zimbabwe

RESUME

Le Réseau de centres de semences forestières (TSCN) de la Communauté du développement de l'Afrique australe (SADC) est un projet d'une durée de six ans, financé par l'Agence canadienne de développement international (ACDI), auquel participent dix pays: Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. L'objectif du projet est de renforcer les activités de plantations d'arbres dans la région moyennant la fourniture viable de semences de grande qualité d'une variété appropriée d'essences forestières tant industrielles que sociales. L'objectif immédiat du projet est d'améliorer les capacités nationales pour la fourniture de ces semences. Là où ils existent déjà, les centres nationaux de semences forestières (CNSF) sont renforcés, et là où il n'y en a pas, le projet aide à la mise en place de programmes nationaux de semences forestières.

Aujourd'hui à mi-parcours, le projet a déjà enregistré quelques bons résultats. De nouveaux programmes de semences forestières ont démarré au Botswana, en Namibie et au Swaziland. Nous espérons également aider l'Angola à mettre au point son programme, maintenant que ce pays connaît la paix. Nous avons commencé à fournir des ressources pour la participation aux réunions du projet et des cours d'anglais. Ces programmes et ceux déjà en place au Lesotho, au Malawi, au Mozambique, en Tanzanie, en Zambie et au Zimbabwe sont renforcés moyennant la fourniture d'une assistance technique, d'un équipement, de matériels et d'une formation. On a recours autant que possible à des ressources et à des services d'experts locaux et régionaux afin de susciter un sens de propriété, d'auto-suffisance et de fierté au niveau régional qui contribueront à la viabilité du réseau.

INTRODUCTION

Dans les années 80, l'Unité de coordination du secteur forestier de la SADC a reconnu l'importance des semences forestières comme élément indispensable pour toutes les activités de boisement et de développement de la foresterie. Le manque de semences de grande qualité (tant génétique que physiologique) est souvent le principal obstacle aux activités de boisement. C'est pour renforcer les centres de semences forestières qu'a été formulé le projet TSCN de la SADC. Avec un budget global de C$ 14 155 millions, le projet devrait durer six ans, d'avril 1992 à mars 1998. Il est axé principalement sur les aspects pratiques de la fourniture de semences, bien qu'il entretienne et encourage des liens solides avec la recherche et la vulgarisation.

Nous sommes maintenant au milieu de la première phase du projet. Durant les trois premières années, l'accent a été mis sur le renforcement institutionnel, comportant l'achat de matériel, une assistance technique, une formation à de nombreux niveaux (notamment cours de brève durée, diplômes et grades universitaires) et la mise en place d'un réseau. Il en sera de même durant les trois années restantes de cette phase. Par la suite, la capacité nationale ayant déjà été renforcée, on pourrait donner plus d'importance aux essences forestières indigènes, à l'autonomie nationale et régionale en matière de production de semences, à la vulgarisation et au développement continu des capacités locales.

MISE EN PLACE DE L'INFRASTRUCTURE

Dans les dix pays coopérants, les programmes de foresterie et de semences forestières sont à des niveaux très différents. L'infrastructure déjà en place dans certains pays ne convient pas pour la collecte, le traitement, l'entreposage et la distribution des semences de la diversité de l'espèce requise.

Le projet a contribué à la planification, à la construction ou à la remise en état de centres nationaux de semences forestières au Botswana, au Malawi, au Mozambique et en Namibie.

Le projet a également aidé des centres semenciers existants pour l'achat d'équipement, y compris de véhicules, de matériel pour la récolte, les essais et l'entreposage de semences ainsi que de télécopieurs et d'ordinateurs.

Figure 1. Pays participant au Réseau des centres de semences forestières de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC)

Figure 1

FORMATION

Une formation est dispensée à tous les niveaux, des ouvriers aux professionnels en passant par les techniciens. Au niveau élémentaire, le projet dispense une formation en techniques d'escalade des arbres en toute sécurité et d'extraction et de traitement des semences, ainsi que des cours d'anglais. A des niveaux plus élevés, le projet organise des ateliers et des stages de brève durée (ou finance la participation à des cours déjà en place) concernant les essais de semences, la comptabilité, le coût et la commercialisation des semences, l'amélioration des arbres, le greffage et la multiplication végétative, ainsi que des programmes débouchant sur des grades universitaires dans les domaines de la foresterie, des techniques de semences et de l'amélioration des arbres.

Dans le but d'encourager et d'appuyer le développement régional, le projet fait appel aux collèges et universités au niveau local ou régional, chaque fois que possible, pour la formation à long terme. Le projet a déjà octroyé des bourses d'études à l'Université d'agriculture de Sokoine en Tanzanie (4 Bsc), l'Université du Zimbabwe (1 MSc), l'Université Stellenbosch en Afrique du Sud (1 MSc), l'Université d'Alberta au Canada (1 MSc) et l'Institut universitaire de Bangor dans le nord du pays de Galles, Royaume-Uni (1 BSc). D'ici à la fin de mars 1996, le projet devrait avoir financé 17 étudiants dont 8 femmes.

La vente de services peut jouer un rôle important concernant la génération de revenus et la viabilité du centre de semences forestières. C'est pourquoi on a recours autant que possible aux services d'autres CNSF pour la formation pratique du personnel des centres de semences. Le Programme national de semences forestières de la Tanzanie a été utilisé dans des domaines comme les essais de semences et l'escalade des arbres en toute sécurité. Le projet a également financé des ressortissants de pays de la SADC qui prennent part aux excellents stages de brève durée organisés par le Centre kényen de semences forestières.

Parmi les types de formation les plus réussis et les plus populaires dispensés par le projet, il faut citer les stages pratiques consistant en des échanges de personnels au niveau régional. Le partage de l'information et des expériences se fait habituellement dans les deux sens entre l'hôte et l'invité mais, ce qui est peut-être aussi important, en s'organisant pour recevoir un invité d'un autre pays, le personnel du centre national de semences forestières hôte doit planifier et préparer. Cela conduit souvent à une plus grande efficacité car les hôtes présentent leurs programmes.

QUESTIONS LIEES AUX ROLES MASCULINS ET FEMININS

L'analyse des rôles masculins et féminins est de première importance dans la conception et la mise en oeuvre des projets de développement et les femmes devraient participer activement à la planification et à la mise en oeuvre du projet. Celui-ci a incorporé d'entrée de jeu des facteurs liés aux différences entre l'homme et la femme, considérant les femmes comme bénéficiaires des programmes de semences forestières, ainsi que participantes actives à leur planification et à leur mise en oeuvre. Un objectif de 50 % était fixé pour la participation des femmes à tous les stages de formation, les cours de brève durée et les bourses à long terme. Encore que cet objectif soit indéniablement arbitraire, et peut-être irréalisable dans le secteur forestier dominé par les hommes, il n'y a pas de doute que le seul fait d'avoir fixé cet objectif a permis d'accroître la participation des femmes. Des données détaillées concernant ces différences entre hommes et femmes sont enregistrées pour toutes les activités du projet et la proportion moyenne de femmes qui participent est à ce jour d'environ un tiers (33 %).

ETABLISSEMENT DE RESEAUX

La viabilité des programmes nationaux de semences forestières dans la région peut être renforcée par le partage des connaissances techniques, de l'information et des semences entre les CNSF. L'établissement des réseaux se fait à plusieurs niveaux. Le premier, et peut-être le plus déterminant, est celui du contact personnel entre les employés des centres de semences forestières participant aux réunions, ateliers, colloques ou stages de brève durée régionaux parrainés par le projet. Enfin, le maintien de contacts personnels aidera les centres à réduire les doubles emplois, et à se spécialiser localement dans la fourniture de semences d'une espèce ou de services particuliers. Il favorisera également le transfert de technologie et de savoir-faire.

Une mise en place correcte de réseaux est impossible sans communications régulières et efficaces. C'est pourquoi le projet fournit un équipement et une formation à son emploi; ordinateurs, logiciels, imprimantes et télécopieurs ont été achetés pour la plupart des centres nationaux de semences forestières. On commence à utiliser le courrier électronique et le projet pourrait élaborer un Système de panneau d'affichage (BBS) si les réseaux téléphoniques locaux le permettent et si le coût des télécommunications baisse. Entre-temps, la majorité des centres nationaux de semences forestières peuvent recevoir et envoyer du courrier électronique en interrogeant l'université locale à l'aide d'un modem et d'une ligne téléphonique locale. Actuellement, tous les pays membres de la SADC (à l'exception peut-être de l'Angola) se servent du courrier électronique au moins à travers l'université locale.

Tree Seed News

Le bulletin du projet, Tree Seed News (dont il a été question dans Ressources génétiques forestières No22), vient de publier son septième numéro et est distribué partout dans le monde. Il contient des informations sur des activités régionales, telles que des ateliers, ainsi que des articles techniques, des mises à jour des programmes de semences de certains pays et les profils d'un ou de plusieurs spécialistes des semences forestières de la région. Il donne aussi des détails des cours et des conférences qui seront organisés prochainement. Il est disponible sur demande auprès du secrétariat du projet à Harare.

Coopération régionale et internationale

De nombreuses organisations internationales reconnaissent l'importance de programmes de semences forestières solides et efficaces. L'intérêt du Centre International de Recherche en Agroforesterie (CIRAF) pour les arbres fruitiers indigènes dans la région a abouti à un certain nombre d'initiatives conjointes, notamment à un atelier sur les arbres fruitiers indigènes au Malawi en 1994 et un contrat avec le projet du Réseau SADC de centres de semences forestières, aux termes duquel le CIRAF prendra la direction des récoltes sur une aire étendue de Sclerocarya birrea et Uapaca kirkiana, toutes deux d'importantes espèces d'arbres fruitiers pour la région. Les CNSF de la région collaborent également avec l'IPGRI (Institut international de ressources phytogénétiques) dans le domaine de la conservation génétique des ressources forestières indigènes.

La plupart des CNSF de la région sont associés à des organismes nationaux de recherche forestière. Nombre d'entre eux reçoivent actuellement une aide par le biais de projets d'assistance bilatérale, par exemple l'ODA (Royaume-Uni) au Malawi, en Namibie et au Zimbabwe, de sorte que nos objectifs coïncident souvent avec ceux d'autres donateurs. Dans de tels cas, nous essayons de rester en communication ouverte de manière à éviter les doubles emplois et à coordonner nos programmes d'assistance.

VENTE DE SEMENCES ET VIABILITE DES CENTRES

La viabilité des CNSF dépend essentiellement de la continuité du financement. Les centres de semences forestières peuvent obtenir au moins un financement partiel par le biais de la vente de semences ou de services si on leur permet de garder les recettes dégagées. Lorsque les CNSF doivent fournir des semences gratuites ou subventionnées pour des programmes de boisement publics, le gouvernement devrait donner l'équivalent des semences fournies. Dans de tels cas, il faut connaître le coût réel de la production de semences pour pouvoir calculer le montant de la subvention. Des considérations commerciales, ainsi que des données sur les coûts, aideront à fixer un prix de vente réaliste pour les semences forestières.

Historiquement, dans la région SADC, les CNSF ont eu tendance à sous-évaluer leurs semences et à les vendre à de très bas prix. Dans certains pays (par exemple, la Tanzanie et le Zimbabwe), la structure des prix était double, avec des prix intérieurs faibles et des prix à l'exportation élevés. La tendance actuelle, encouragée par le projet, est à la convergence des prix intérieurs et des prix d'exportation; cela se fait en augmentant les prix intérieurs au lieu de réduire le prix d'exportation, qui est souvent fixé par des forces du marché étranger.

GESTION DES CENTRES SEMENCIERS

Des centres nationaux de semences forestières existent pour fournir des biens et des services sous la forme de semences et d'avis techniques concernant la production de plants. Ainsi, un CNSF peut être géré comme n'importe quelle entreprise. Toutefois, les CNSF de la région SADC et d'ailleurs sont fréquemment associés à la recherche forestière. Les directeurs des centres de semences ont habituellement une formation scientifique ou technique mais ont rarement les compétences nécessaires pour gérer avec efficacité un programme de semences forestières. Par le biais de ce projet, les compétences managériales du personnel des centres semenciers ayant une formation technique ou biologique sont améliorées. Cela se fait de diverses façons: par la participation à des cours de brève durée ou des ateliers sur la gestion, ainsi que par des procédures de gestion que le projet demande aux directeurs des CNSF de suivre comme la budgétisation, la planification du travail et la préparation de rapports financiers et de rapports d'activités.

RECOLTES DE GRANDE ENVERGURE

Il y a dans la région SADC plusieurs milliers d'essences forestières. Encore que la plupart aient été identifiées et que beaucoup soient utilisées dans une certaine mesure par les populations locales, il y a eu une érosion rapide tant de la diversité génétique que des connaissances des autochtones concernant ces essences. A l'exception de certaines espèces utiles (Adansonia digitata, Trichillia emetica, Sclerocarya birrea), très peu ont été plantées intentionnellement et l'on sait très peu de choses sur leur sylviculture ou leurs possibilités de domestication. Certaines des espèces indigènes sont très répandues dans la région et audelà. Parmi les espèces indigènes cultivées dans tous les pays de la région SADC, citons Olea africana, Pterocarpus angolensis et Afzelia quanzensis (sauf au Lesotho). Certaines espèces que l'on trouve de la région SADC jusqu'au Sahel comprennent Faidherbia albida, Diospyros mespiliformis, Adansonia digitata et Bauhinia thonningii.

Bien qu'il y ait encore des zones relativement intactes, dans de nombreuses contrées de la région SADC, les forêts claires disparaissent rapidement. On s'efforce par le truchement de ce projet de conserver au moins une partie de la diversité génétique des essences forestières les plus importantes en procédant à des récoltes de grande envergure. Les semences récoltées font l'objet d'essais en différents emplacements et peuvent servir à établir une base large pour des programmes d'amélioration et la conservation génétique ex situ.

Des récoltes pilotes d'Afzelia quanzensis et de Pterocarpus angolensis ont commencé en juin 1995 au Malawi, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe comme prélude à des récoltes de plus grande envergure en 1996. Le projet parrainera des récoltes de deux espèces d'arbres fruitiers indigènes Sclerocarya birrea et Uapaca kirkiana en 1995–96, et nous prévoyons également des collectes de Khaya nyasica, Chlorophora excelsa, Colophospermum mopane et d'espèces comestibles Strychnos (S. cocculoides, S. spinosa, S. innocua, S. mitis et S. madagascariensis).

ASSISTANCE TECHNIQUE CONCERNANT LA QUALITE DES SEMENCES

Qualité physiologique

Le personnel du projet a aidé les CNSF à mettre au point des procédures opérationnelles pour garantir une haute qualité physiologique. Il importe que le personnel des CNSF fasse en sorte que les semences soient traitées correctement, particulièrement pour ce qui concerne leur teneur en humidité de manière à assurer leur survie si elles sont entreposées au froid ou à température ambiante. Pour les essais de semences, le projet encourage l'adoption des normes de l'Association Internationale pour les Essais de Semences (ISTA). Dans certains cas, pour des espèces récalcitrantes à grosses graines ou à graines huileuses, cela comportera la modification des procédures ISTA et la définition de nouvelles règles concernant l'échantillonnage, la détermination de la teneur en humidité et les essais sur la capacité de germination.

Qualité génétique

Une assistance technique est également fournie pour garantir une haute qualité génétique dans toutes les récoltes de semences, tant sur le terrain qu'en laboratoire. Cela comprend l'élaboration de directives pour la récolte de semences (nombre d'arbres; distance minimale entre les arbres afin de réduire au minimum la parenté; éviter les individus isolés potentiellement consanguins); récolte durant les années où les semences sont bonnes; et autres considérations propres à chaque essence). Une assistance technique est fournie avec la détermination des peuplements semenciers et les zones de production de semences ainsi que la création de vergers à graines.

CONCLUSIONS

Nous sommes maintenant au milieu de la première phase de ce projet. Nos principales réalisations sont les suivantes:

  1. Sensibilisation à l'importance des semences forestières dans les organismes s'occupant de foresterie de la région SADC. Nous voyons de nouveaux centres de semences forestières lancer des programmes de recherche forestière au Botswana, en Namibie et au Swaziland et, ailleurs, une prise de conscience de la nécessité de mettre en place des programmes solides de semences forestières, et de leur potentiel;
  2. Communication améliorée entre les personnels des centres dans différents pays. Grâce aux améliorations récentes des télécommunications dans la région, les moyens existent pour une communication relativement facile. Le projet a fourni l'équipement et les matériels de mise en place de réseaux pour faciliter cette opération.
  3. Fourniture de matériel amélioré aux CNSF pour faciliter la récolte, l'entreposage, les essais et la distribution des semences forestières.
  4. Formation professionnelle du personnel des CNSF, dont des stages pratiques dans des centres plus avancés, des cours de brève durée et des programmes débouchant sur des diplômes ou des grades.

Pour plus ample information:
Pour plus ample information, veuillez contacter:

SADC Tree Seed Centre Network
Private Bag BW 6238 Borrowdale
Harare, Zimbabwe
Téléphone: 263 4 744 060, Télécopie: 263 4 882 081, Courrier électronique: [email protected]

Ressources Génétiques Forestières No 23. FAO, Rome (1996)
Manuscrit reçu en juillet 1995


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