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Intensification du développement des produits forestiers non ligneux en Inde: Problèmes et considérations

D.D. Tewari et J.Y. Campbell

Devi D. Tewari est professeur associé au Centre de gestion de l'agriculture de l'Indien Institute of Management, à Ahmedaba (Inde).

Jeffrey Y. Campbell est chargé de programmes à la Fondation Ford, à New Delhi (Inde).

Note: Cet article est paru dans Tewari, D.D. et Campbell, J.Y., 1995. Developing and sustaining non-timber forest products: some policy issues and concerns with special reference to India. J. Sust. For., 3(1): 53-79.

Quelques réflexions sur les besoins et les risques associés à l'intensification du développement et de l'utilisation des produits forestiers non ligneux.

FIGURE 1 Dans la majorité des pays, les produits forestiers non ligneux, notamment le bois de feu, apportent une contribution importante au secteur forestier

Dans la plupart des pays, les produits forestiers non ligneux (PFNL) apportent une contribution importante au secteur forestier, et des études montrent qu'ils ont été sous-estimés dans le passé. D'après une évaluation récente du Ministère indien de l'environnement et des forêts, 220 millions de tonnes de bois de feu, 250 millions de tonnes d'herbe et de fourrage vert et 12 millions de m³ de bois sont extraits des forêts indiennes chaque année. La valeur de ces produits est estimée à 10 milliards de dollars des Etats-Unis (Mukherjee, 1994).

En Inde, les PFNL fournissent environ 40 pour cent des recettes forestières officielles totales et 55 pour cent des emplois du secteur. Près de 500 millions de personnes vivant dans les forêts ou dans leur voisinage sont tributaires de ces produits indispensables à leur subsistance (Institut mondial pour les ressources, 1990). Dans l'Etat du Madhya Pradesh, les PFNL, qui sont principalement récoltés par des femmes tribales (c'est-à-dire membres de collectivités autochtones locales), représentent une valeur de plus de 21 milliards de roupies (700 millions de dollars) chaque année (Worldwatch Institute, 1991). D'après une étude réalisée par 10 comités de protection des forêts dans le cadre d'un programme d'aménagement conjoint des forêts, le revenu tiré des PFNL est compris entre 234 roupies et 5569 roupies (de 8 à 186 dollars) par hectare et par an, et s'élève en moyenne à 2299 roupies (79 dollars) (Malhotra et al., 1991).

En outre, dans le passé, les recettes provenant des PFNL se sont accrues plus rapidement que celles procurées par le bois. Ainsi, les taux de croissance combinés des recettes tirées de la vente des PFNL en Inde pendant la période 1968/69 - 1976/77 étaient supérieurs de 40 pour cent à ceux du bois. Les recettes d'exportation concernant ces produits représentent en moyenne environ 60 à 70 pour cent des recettes d'exportation provenant de l'ensemble des produits forestiers, et cette proportion n'a fait qu'augmenter. En outre, les exportations peuvent être encore considérablement développées si l'on exploite des ressources inutilisées puisque, d'après les estimations, la production actuelle de la plupart des PFNL n'atteint qu'environ 60 pour cent de son niveau potentiel. Dans le cas des fibres non comestibles et des fleurs, la production actuelle représente seulement 7 et 12 pour cent, respectivement, de la production potentielle (Gupta, Banerji et Guleria, 1982).

On prend à présent de plus en plus conscience qu'il est indispensable d'aménager et de développer les ressources en PFNL, et ce pour diverses raisons. Premièrement, l'aménagement forestier axé sur la production des PFNL peut être écologiquement et économiquement viable à condition que les taux d'extraction ne dépassent pas la production maximale équilibrée. Les communautés tribales ont utilisé ces produits pendant des siècles sans détruire la base de ressources. L'aménagement des forêts orienté vers la production des PFNL permet aussi de préserver la diversité biologique des espèces végétales et animales.

Deuxièmement, les PFNL sont indispensables à la survie d'une grande proportion de populations pauvres vivant dans les forêts ou dans leurs environs dans la plupart des pays tropicaux. Dans le district de Midnapore-Ouest, au Bengale-Occidental, de nombreuses communautés villageoises tirent des PFNL jusqu'à 17 pour cent de leurs revenus familiaux annuels (Malhotra et al., 1991). D'après d'autres estimations, jusqu'à 35 pour cent du revenu des ménages tribaux d'Inde proviennent du ramassage de PFNL non transformés. En outre, comme les PFNL comprennent une grande variété de produits saisonniers, les recettes sont fréquentes et relativement continues. De surcroît, la transformation locale des PFNL peut accroître les emplois ruraux non agricoles. Les petites entreprises forestières, dont un grand nombre sont basées sur les PFNL, fournissent jusqu'à 50 pour cent de leur revenu à 20 à 30 pour cent de la population active rurale en Inde (Campbell, 1988).

Troisièmement, outre le potentiel qu'ils offrent comme moyens de subsistance et comme source de revenu, les PFNL garantissent aussi la sécurité alimentaire de vastes populations à faible revenu, de leur bétail et de leurs autres animaux domestiques, en particulier en périodes de sécheresse ou de famine (FAO, 1989).

L'intensification du développement des PFNL se heurte à une difficulté importante du fait que peu d'études ont été réalisées sur les niveaux de récolte durables. Dans le passé, les ouvrages scientifiques consacrés aux forêts ont surtout porté sur les ressources ligneuses. Il existe des études ethnobotaniques qui répertorient une grande variété de produits forestiers, décrivent les végétaux économiquement utiles et brossent des profils régionaux du commerce des PFNL. Mais la difficulté vient du manque de données scientifiques fiables dans plusieurs domaines: aspects économiques de l'aménagement, des échanges et de la commercialisation des PFNL dans différents types de forêts; fonctions de production biologique de la plupart des espèces de PFNL; systèmes traditionnels de récolte et d'utilisation; effets de la commercialisation et de l'évolution des modes d'utilisation sur l'état des PFNL et des activités associées à ces produits.

Heureusement, ces dernières années, on a constaté un regain d'intérêt pour ces ressources, et plusieurs études portant sur les PFNL ont été entreprises. Par exemple, quelques auteurs se sont intéressés aux problèmes d'évaluation (Peters, Gentry et Mendelssohn, 1989; de Beer et McDermott, 1989; Schwartzman, 1989; Padoch et de Jong, 1989; Campbell, 1988; Malhotra et al., 1991). Wickens (1991) a examiné les problèmes liés au développement des PFNL. Richards (1992) a exprimé de sérieuses préoccupations sur la viabilité des activités de commercialisation des PFNL, vues comme des «entreprises de protection de l'environnement». May (1991) a étudié le rôle des institutions sur les marchés des PFNL en Amazonie brésilienne. Des études de cas de la FAO (FAO, 1991a; 1991b) ont analysé les problèmes de la plus-value et de l'organisation de l'aménagement en Asie du Sud-Est et de l'Est. L'Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) a élaboré des directives pour l'utilisation durable de toutes les ressources naturelles; ces directives soulignent en particulier la nécessité d'estimer les valeurs présentes et potentielles des PFNL (Arnetz, 1993). En Inde, les premières études réalisées dans ce domaine sont celles de Gupta, Banerji et Guleria (1982). Cet article met en lumière quelques problèmes liés à l'intensification de l'exploitation des PFNL et souligne l'importance de l'aménagement durable.

Défis associés à l'intensification de l'exploitation

Au furet à mesure que s'accroît le développement des PFNL, leur exploitation risque de devenir non viable. Des pratiques d'extraction non durables risquent de se développer pour plusieurs raisons. L'accélération de la demande peut inciter les populations à s'écarter des techniques de récolte traditionnelles. Par exemple en Inde, les prix des graines du chironji (Buchanania lanzan, B. latifolia) ou des amandes Cuddapah qui remplacent les amandes dans diverses friandises ont été multipliés par plus de 150 en l'espace de cinq ans. De nombreuses tribus récoltent trop tôt les fruits du chironji et les surexploitent tellement que leur régénération naturelle est désormais compromise, surtout dans l'Etat du Madhya Pradesh.

Au Bengale-Occidental, les mauvaises techniques de cueillette des fleurs de Madhuca lancifolia (les cueilleurs cassent les rameaux apicaux, ce qui compromet la floraison de l'année suivante) endommagent considérablement le stock naturel (Rama Krishna Mission Lokashiksha Parishad, 1992). En Inde centrale, les forêts de Madhuca lancifolia sont souvent brûlées pour faciliter le ramassage des fleurs jaunes sur le sol, mais cela compromet la régénération. En conséquence, les jeunes arbres se raréfient et, d'après certains experts, l'espèce aura disparu d'ici à l'an 2200.

De la même manière, dans le sud de l'Inde, le ramassage incontrôlé des matières premières des forêts pour l'industrie des bâtons d'encens (agarbatti), dans l'Etat du Karnataka, a été à l'origine de pertes importantes pour l'environnement dans certaines zones. On peut citer deux exemples parmi tant d'autres: la mort d'innombrables gulmavu (Machilus macarantha) dans les districts de Coorg et de Malanad, due à l'écorçage des arbres; le dépérissement généralisé d'essences, telles qu'Ailanthus malabarica (halmaddi) et Borewellia serrota, exploitées trop intensivement (Parameswarappa 1992). De même, le manque de discernement lors de l'abattage des Garcinia cambogia et de la cueillette de leurs produits non ligneux a entraîné des pertes massives dans l'Etat du Karnataka.

Défis politiques et institutionnels

Il est indispensable de mieux comprendre les processus institutionnels et organisationnels, si l'on veut aider les communautés à gérer les PFNL dans le cadre d'une stratégie plus vaste destinée à garantir leurs moyens de subsistance, tout en maintenant une répartition équitable des responsabilités et des avantages. En effet, des politiques inappropriées peuvent, même si elles sont bien intentionnées, avoir un effet contraire à celui recherché.

L'intervention de l'Etat dans l'industrie des PFNL, en Inde, est un excellent exemple de réponse politique et institutionnelle inappropriée. Soucieux de mieux exploiter le potentiel du secteur forestier indien, en termes de production et de création d'emplois, le Gouvernement indien a institué les Sociétés de développement forestier en 1976, conformément à la recommandation de la Commission nationale de l'agriculture. L'un des principaux objectifs de ces sociétés était d'aider les populations tribales qui ramassent les PFNL, en éliminant les marges de profit importantes qu'empochaient les intermédiaires locaux et en leur transférant ces avantages sous forme d'une amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Une société de développement forestier a été créée dans chaque Etat. En outre, plusieurs coopératives soutenues par le gouvernement ont aussi été établies. Mais ces organisations ont souvent desservi les intérêts des populations tribales et se sont avérées peu efficaces par rapport aux coûts. En conséquence, il arrive que les communautés tribales ne perçoivent qu'entre 10 et 40 pour cent du prix de vente des PFNL sur le marché le plus proche (Chambers, Saxena et Tushaar, 1990).

FIGURE 2 L'exploitation non viable de Ailanthus malabarica pour l'industrie des allumettes a entraîné d'énormes pertes, surtout dans l'Etat du Karnataka en Inde

Régime foncier et droit de jouissance

Il existe aussi un autre défi, lié au régime foncier et au droit de jouissance. Si les utilisateurs n'ont pas de droits d'accès et de jouissance, ils n'ont guère intérêt à aménager durablement les PFNL. Dans le souci de développer ces ressources, quelques Etats de l'Inde ont nationalisé de nombreux PFNL. Ainsi, le Madhya Pradesh a nationalisé, entre autres, les bambous, le khair, les graines de sal, le harra, les gommes et les feuilles de tendu. Les tribus avaient l'obligation de vendre leurs produits exclusivement au Département forestier, par l'intermédiaire des agents désignés à cet effet.

FIGURE 3 Les mauvaises pratiques de cueillette des fruits de Garcinia cambogia, utilisés pour la fabrication du ghee (substitut du beurres peuvent compromettre gravement la base de ressources

Les niveaux de production de quelques PFNL ont accusé une baisse rapide après la nationalisation (Chambers, Saxena et Tushaar, 1990). Par exemple, la production de feuilles de tendu au Madhya Pradesh est tombée de 5,1 millions de sacs en 1981/82 à 3,9 millions de sacs en 1985/86, ce qui représente une diminution de 23,5 pour cent. Dans l'Orissa, la production de feuilles de tendu a stagné pendant une période encore plus longue. De même, après la nationalisation, la collecte des graines de sal a chuté, passant de 200000 tonnes en 1979 à 60000 tonnes seulement en 1987 (soit une baisse de 70 pour cent). La production annuelle moyenne de laque a aussi reculé, passant de 32000 tonnes pendant la période 1961 - 1970 à 16000 tonnes pendant la période 1981 - 1986, ce qui représente une baisse de près de 50 pour cent.

La nationalisation peut aussi réduire sensiblement la rémunération des ramasseurs de PFNL. Par exemple, le Gouvernement du Madhya Pradesh, province centrale de l'Inde, payait seulement 0,55 roupie par kilogramme de graines de sal ramassées au lieu de 1,31 roupie par kilo gramme, tarif qui, d'après une étude (Chambers, Saxena et Tushaar, 1990), aurait pu leur être attribué après déduction de la totalité des dépenses et des marges du Département forestier.

Parfois, la nationalisation a aussi pour effet de retarder les paiements aux ramasseurs, car les organismes publics ont souvent du mal à payer immédiatement. Cela peut stimuler le développement du travail au noir et faire donc monter les marges requises pour couvrir les coûts des activités illicites. Enfin, les activités de cueillette et les revenus des populations tribales en pâtiront (Chambers, Saxena et Tushaar, 1990).

Plusieurs initiatives expérimentales sont en cours pour donner plus de responsabilités aux communautés locales dans les domaines de la protection et de l'aménagement des ressources forestières. Le Programme indien d'aménagement conjoint des forêts, qui fait des communautés locales les partenaires du Département forestier de l'Etat avec lequel elles partagent les responsabilités et les bénéfices provenant des forêts, est un pas très prometteur dans cette direction.

Développement de la taille des entreprises

Le passage des petites aux grandes entreprises est un autre défi à relever si l'on veut développer l'exploitation des PFNL. S'il n'est pas soigneusement planifié et géré, ce changement peut produire des effets indésirables, notamment du point de vue des avantages allant aux populations locales.

Les études de cas réalisées en Inde, en Indonésie, en Amérique latine et dans des pays d'Afrique sur les activités basées sur les PFNL révèlent que les petites entreprises basées sur ces produits ont quelques caractéristiques communes. Outre leur petite taille, elles sont gérées par les ménages et créent généralement des emplois saisonniers. Elles emploient une main-d'œuvre importante, utilisent des technologies simples, nécessitent peu de capitaux et profitent directement à l'économie locale. Fait très important, elles sont accessibles aux groupes à faible revenu et défavorisés sur le plan social et sont très souvent gérées par des femmes (FAO, 1987; 1991a).

Dans les grandes entreprises, les coûts de ramassage et de transformation sont normalement plus élevés que dans les petites entreprises. En effet, les ressources en PFNL étant dispersées et difficiles à atteindre, les coûts d'extraction et de transport sont importants. En outre, la production minimale requise pour équilibrer le budget peut imposer un niveau d'exploitation non viable et une grande mobilité. Cela peut être démontré à l'aide d'un très bon exemple: les conserveries de cœurs de palmier, qui ont épuisé les peuplements naturels d'essences à palmes comestibles, dans le sud du Brésil pendant les années 60, ont dû se transférer dans les Etats de Pará et d'Amapa, où des pratiques non durables de récolte des cœurs de palmier compromettent déjà la base de ressources (Richards, 1993).

Cependant, toutes les petites entreprises se heurtent elles aussi à des obstacles tels que l'accès limité au crédit institutionnel, l'absence d'incitations fiscales, des environnements de marché extrêmement risqués et des problèmes de partage des revenus. En outre, l'expansion des marchés des PFNL et les efforts déployés pour augmenter les capacités de transformation locales en vue de saisir les profits dérivant de la valeur ajoutée risquent d'aboutir à une désorganisation des systèmes traditionnels de gestion, de répartition des revenus et de division du travail (FAO, 1991a; 1991b). Dans l'Etat du Karnataka, des études réalisées par l'Indian Social Studies Trust ont montré que l'expansion de la commercialisation d'un produit et l'application de technologies améliorées à un autre nuisent au principal groupe d'utilisateurs, qui est le même dans chaque cas, à savoir les femmes. Au fur et à mesure que les hommes comprenaient que ces produits étaient plus prisés et étaient attirés par de nouvelles technologies plus mécanisées, les femmes étaient marginalisées (FAO, 1991b). Une situation similaire a été observée au Bengale-Occidental, dans le village de Raigarh (Rama Krishna Mission Lokashiksha Parishad, 1992). Il y a environ six ou sept ans, le ramassage des PFNL était une activité de second ordre, principalement effectuée par les femmes du village. Mais, lorsque le Département des forêts a lancé un programme d'aménagement conjoint des forêts, la collecte des PFNL est devenue l'activité principale de quelques familles, et les hommes se sont emparés des emplois réservés aux femmes.

Exigences liées à l'aménagement durable

Compte tenu du potentiel considérable qu'offrent les PFNL pour améliorer les conditions de vie des populations locales, plusieurs actions sont absolument indispensables: effectuer des recherches sur le terrain; synthétiser et rassembler des informations sur les PFNL provenant du plus grand nombre possible de sources déjà publiées, et les diffuser sous forme de directives pratiques pour l'identification, la régénération, l'aménagement de l'extraction, la collecte, la transformation, l'entreposage et la commercialisation des produits forestiers non ligneux; développer la formation technique, dans des domaines comme la sylviculture, l'aménagement de l'extraction, la transformation et la commercialisation.

Il est difficile de calculer les niveaux d'extraction durables qui, pourtant, conditionnent le développement des PFNL. Pour y parvenir, il faut obtenir davantage d'informations sur les taux d'extraction actuels et sur les taux de productivité de différents produits. Les pratiques d'extraction sans discernement ont déjà entraîné un appauvrissement de la régénération naturelle et parfois l'extinction de certaines espèces au niveau local.

Si l'on ne dispose pas de données fiables sur les rendements et de données correspondantes sur les taux d'extraction (flux) par unité de surface, il est pratiquement impossible de se prononcer sur la durabilité à long terme d'une pratique déterminée. Il faut mettre au point des méthodes systématiques pour évaluer rapidement la répartition et les rendements des PFNL, ainsi que les niveaux d'extraction actuels et potentiels.

Des recherches plus précises s'imposent sur les exigences et les fonctions écologiques des différents PFNL, sur leurs rythmes de régénération et leurs rendements dans différents types de forêts et zones écologiques, ainsi que sur les techniques sylvicoles modernes applicables à des produits multiples.

Des recherches doivent être entreprises pour clarifier les arrangements fonciers et comprendre les principes souvent en conflit sur lesquels se fondent les droits coutumiers, les accords concernant les modes de jouissance, les concessions et les privilèges et la répartition des rôles entre les hommes et les femmes.

Les processus institutionnels et les arrangements organisationnels doivent être mieux compris, si l'on veut aider les communautés à aménager les PFNL dans le cadre d'une stratégie plus vaste concernant leurs moyens de subsistance, tout en maintenant une répartition équitable des responsabilités et des bénéfices.

Des études doivent être entreprises pour connaître la valeur de certains produits sur les marchés locaux (au niveau des villages et des districts), nationaux et internationaux; la filière de commercialisation; les profits des ramasseurs/producteurs, transformateurs et intermédiaires.

L'impact de la substitution des produits et la possibilité de créer de nouveaux marchés doivent être examinés, de même que les effets des modifications des systèmes de ramassage, de transformation et de commercialisation. L'évolution des prix de chaque PFNL en fonction de l'offre et de la demande devra être étudiée, en vue de déterminer sa viabilité économique à moyen et long termes et la capacité d'absorption des marchés.

FIGURE 4 Souvent, les industries artisanales de transformation des PFNL - par exemple, la fabrication de meubles en rotin - peuvent être plus viables et procurer plus d'avantages au niveau local que les grosses industries

Le rôle des coopératives de commercialisation, des sociétés forestières et des institutions bénévoles doit être analysé pour maximiser les profits des ramasseurs et des producteurs. Une priorité spéciale doit être accordée au développement de technologies et de petites entreprises de transformation appropriées susceptibles de maximiser la valeur ajoutée au niveau local sans pour autant appauvrir la base de ressources.

Toutes ces recherches devraient être effectuées simultanément. Les informations obtenues grâce aux recherches sur le terrain et auprès des sources existantes doivent être utilisées comme éléments de base pour la formation et la vulgarisation et pour obtenir un appui technique et financier.

Conclusion

Les besoins des populations locales, du point de vue des ressources et des moyens de subsistance étant au centre des préoccupations, notamment leur dépendance à l'égard des forêts et de leurs innombrables produits, les stratégies accordent une attention croissante à l'utilisation actuelle des produits forestiers non ligneux et à leur potentiel futur. Les PFNL offrent des possibilités importantes comme source de produits, d'emplois et de revenus mais, comme pour d'autres ressources renouvelables, tout effort visant à mieux exploiter ce potentiel comporte nécessairement un risque d'épuisement des ressources. En outre, les caractéristiques actuelles de l'exploitation des PFNL, à savoir qu'elle est essentiellement réalisée à petite échelle et profite directement aux populations rurales, risquent d'être modifiées, voire perdues. Le développement des PFNL mérite que l'on s'y intéresse dès à présent et dans une perspective à long terme, mais il doit être entrepris avec détermination et prudence.

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