4. Besoins alimentaires et croissance démographiqueDocuments
d'information
technique 1-5 |
1. INTRODUCTION
Lhumanité va-t-elle pouvoir faire face à une croissance démographique continue?
2. ÉQUILIBRE ENTRE POPULATION ET PRODUCTION ALIMENTAIRE DEPUIS 1950
Incidence des mouvements de population quantitatifs ou structurels sur les besoins énergétiques
Modification des disponibilités alimentaires
Satisfaire les besoins énergétiques
Régimes alimentaires des populations du monde: classement par pays
Facteurs conditionnant léquilibre entre besoins énergétiques et disponibilités alimentaires
3. EXEMPLES DE SCÉNARIOS POUR L'AVENIR
Combler le déficit des besoins en énergie
Combler lécart représenté par les carences qualitatives
Au-delà de la présente étude: la satisfaction des besoins dinformation
4. CONCLUSIONS
La préparation des documents techniques du Sommet mondial de lalimentation a mobilisé, outre le propre personnel de la FAO, un nombre considérable dexperts appartenant à la communauté scientifique internationale, ou provenant dinstitutions internationales et de milieux gouvernementaux ou non gouvernementaux qui sont ses partenaires. A la FAO, ce travail a été suivi par un Comité intérieur de lecture, composé de fonctionnaires choisis à titre personnel et formés pour veiller à ce que lensemble de la documentation réponde à des critères appropriés de qualité et de cohérence.
Le présent document a été établi par P. Collomb, Directeur du Comité international de coopération dans les recherches nationales en démographie (CICRED) à Paris et J. du Guerny de la FAO. Après un premier examen effectué à lintérieur de la FAO par tous les départements techniques, les collègues invités, le Comité de lecture et divers lecteurs choisis à lextérieur, une première version a été publiée et envoyée, pour observations, à des gouvernements, organisations intergouvernementales (OIG) et organisations non gouvernementales (ONG), ainsi quà dautres lecteurs tout aussi compétents. Des avis et observations très appréciés ont été reçus de A. Palloni, Université du Wisconsin, Etats-Unis; B. Popkin, Centre démographique de la Caroline, Etats-Unis; W.G. Sombroek, Centre international de référence et dinformation pédologique, Pays-Bas; E. Boserup; J. Chamie, Directeur de la Division de la population, Nations Unies. Dautres informations et avis ont été fournis par les participants à la Consultation dexperts FAO/FNUAP sur la production alimentaire et la croissance démographique qui sest tenue à Rome du 3 au 5 juillet 1996, à savoir: S. Rao, A. Khalifa et A. Jorgensen-Dahl pour le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Etats-Unis; A. Adepoju, Institut africain de développement économique et de planification (IDEP), Sénégal; J. Bongaarts, Conseil de la population; T. Dyson, London School of Economics and Political Science, Royaume-Uni; F. Gendreau, Président du CICRED; A. Khan, Organisation internationale du travail (OIT); R. Leemans, Institut national de la santé publique et de lenvironnement, Pays-Bas; L. Marovatsanga, Université du Zimbabwe; S. Nasser, Université du Caire, Egypte; D. Ouedraogo; T. Preston, Université de lagriculture et des forêts, Thu Doc, Viet Nam; M. Rai, Indian Council of Agriculture Research; V. Smil, Université du Manitoba, Canada; R. Tuirán, Conseil national de la population du Mexique; F. Vio, Université du Chili; M.B. Weinberger, Division de la population, Nations Unies; P.A. Yotopoulos, Université Stanford, Etats-Unis; J. Zaini, Consumers International, Malaisie.
Le présent document a été établi avec le soutien et la collaboration du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), dont la contribution nous a été très précieuse.
Le Secrétariat de la FAO, tout en étant reconnaissant pour les contributions quil a reçues de tous ses lecteurs, assume la pleine responsabilité du contenu du document.
A la fin du deuxième millénaire, le monde va hériter dune situation alimentaire très diversifiée. Le présent document met en évidence les contrastes entre régions et un certain nombre de problèmes par rapport aux tendances mondiales spécifiques. Il contient une analyse sur le long terme fondée sur le concept de besoins alimentaires, et se situe donc dans une perspective normative dans la mesure où la demande et la consommation réelles et projetées de produits alimentaires ne correspondent pas aux besoins, ou parfois les dépassent.
Après avoir connu un grave déficit vivrier jusquen 1962, lAsie accroît régulièrement la proportion des besoins énergétiques de sa population couverte par les disponibilités alimentaires, et rattrape lAmérique latine où, après une période damélioration du taux de couverture, on observe une certaine stabilisation. LAfrique, en revanche, nest pas parvenue à améliorer son bilan alimentaire moyen et dans certains pays, à savoir ceux qui consomment principalement du manioc, de ligname ou du taro, la situation sest gravement dégradée.
La croissance de la population mondiale devrait se stabiliser en 2050, mais au cours des décennies qui nous séparent encore de lan 2050, elle supplantera tous les autres facteurs en tant que cause daccroissement de la demande alimentaire mondiale. La production vivrière devrait dans lensemble se développer sous leffet de cet accroissement de la demande, mais non sans mettre ultérieurement à lépreuve les ressources agricoles, économiques et écologiques. Dans certaines parties de lAfrique, la situation est particulièrement préoccupante. Toutefois, il existe des stratégies permettant de ralentir, surtout à long terme, cette future croissance démographique. Il sagit notamment de programmes visant à relever le niveau déducation (particulièrement des femmes) et à améliorer laccès à la planification familiale qui faciliteront par ailleurs la réalisation des objectifs de la production vivrière et de la sécurité alimentaire.
Les facteurs démographiques ont une incidence plus importante sur les besoins énergétiques que les modifications des régimes alimentaires mais si lon veut illustrer le défi quils représentent, selon les projections démographiques établies par les Nations Unies à lhorizon 2050, on peut évaluer les besoins énergétiques qui sy rapportent et divers schémas plausibles concernant les régimes alimentaires. Ces scénarios sont présentés plus comme un outil de réflexion que comme des projections. Ils sont centrés sur les dimensions régionales des problèmes démographiques et sur certaines catégories de pays identifiés en fonction de leurs modes dalimentation ce qui, pour les pays tributaires de lagriculture, correspond plus ou moins aux zones agrométéorologiques.
La progression des besoins énergétiques des pays en développement jusquen 2050 (exprimés du point de vue de la quantité totale dénergie dorigine végétale introduite dans lalimentation humaine) est principalement due à la croissance démographique et dans une moindre mesure, à lévolution de la structure par âges. Le vieillissement de la population et laugmentation de la taille physique, conséquences dune meilleure nutrition, sont des facteurs qui augmentent les besoins énergétiques, alors que la baisse de la fécondité et les progrès de lurbanisation sont des facteurs qui diminuent les besoins énergétiques. En conséquence, les besoins énergétiques devraient, dici 2050, doubler dans les pays en développement (et plus que tripler dans lAfrique subsaharienne).
De nombreux pays en développement devront, pour éliminer la sous-alimentation chronique, sefforcer davoir des régimes alimentaires moyens plus nutritifs. Compte tenu, en partie, de la répartition inégale des disponibilités alimentaires parmi les populations vivant dans ces pays, ce processus pourrait requérir un accroissement de 30 pour cent des disponibilités énergétiques alimentaires en Afrique (mais de 40 pour cent dans lAfrique subsaharienne), de 15 pour cent en Asie et de moins de 10 pour cent en Amérique latine.
Pour disposer dun régime alimentaire convenablement équilibré, les gens devront diversifier leur ration alimentaire. Si lon adopte un niveau de diversification semblable à celui que la FAO a projeté pour le monde en 2010, lAfrique devrait améliorer de 25 pour cent supplémentaires (46 pour cent pour les pays consommant principalement des racines et des tubercules) son énergie dorigine végétale dici à lan 2050. LAsie devrait laméliorer de 21 pour cent.
Compte tenu des effets conjugués de ces trois facteurs, les pays en développement devront accroître de 174 pour cent leur énergie dorigine végétale. Cela signifie que les pays de lAmérique latine et de lAsie devront approximativement doubler leur quantité dénergie dorigine végétale. LAfrique devra la quintupler (et les pays consommateurs de racines et tubercules devront la multiplier par sept).
Pour que lAsie et lAmérique latine arrivent à ce résultat, elles devront continuer daccroître leurs disponibilités mais à un rythme inférieur à celui des 15 dernières années. LAfrique, par contre, devra accélérer considérablement la croissance de sa productivité. La transition démographique de lAfrique devrait faciliter le processus qui conduit à la réalisation de la sécurité alimentaire. Les disponibilités alimentaires dorigine végétale devraient augmenter de 2,6 pour cent par an selon la variante basse des projections démographiques des Nations Unies et de 3,3 pour cent selon la variante haute.
Là où la terre et leau se font rares, les augmentations de rendement résulteront pour lessentiel dune amélioration de la productivité rendue possible par le développement des capacités humaines. Grâce au niveau déducation déjà atteint, beaucoup de pays dAsie semblent bien préparés à ce changement de nature du développement. En revanche, les ressources humaines et les infrastructures économiques moins avancées de lAfrique constitueront un grave handicap. Pour se donner les moyens de résoudre son problème de sécurité alimentaire à long terme, lAfrique doit améliorer ses ressources humaines et son infrastructure tout en faisant face, en même temps, à une très difficile situation alimentaire.
Le recul de la pauvreté et léradication de la sous-alimentation, surtout présentes en milieu rural parmi les producteurs vivriers, augmenteront la demande de produits alimentaires. Une grande partie de cette demande sera satisfaite par des importations, notamment de céréales, en particulier dans le cas de lAsie. La satisfaction de cette demande, et des besoins dintrants et dinfrastructure qui lui sont associés, engendrera une intensification de lactivité économique mondiale. Cette intensification devra seffectuer dans des conditions durables.