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ETUDE APPROFONDIE: SITUATION ACTUELLE ET PERSPECTIVES FUTURES DES DÉBARQUEMENTS DES PÊCHES MARITIMES1


Divers aspects de l'évolution des quantités débarquées
État des ressources marines mondiales
Conclusions

Les premières estimations de la production halieutique mondiale ont été établies par la FAO en 19452; elles évaluaient les captures totales en mer à 39 milliards de livres (soit 17,7 millions de tonnes), dont 37 milliards de livres correspondaient aux quantités débarquées des pêches commerciales, le restant étant le fait des activités de subsistance et de loisir. A cette époque, le tiers des captures totales était destiné à être réduit en farine et en huile de poisson. Seules les pêcheries du Pacifique Nord et de l'Atlantique Nord étaient alors bien développées, et ces zones assuraient respectivement 47 et 46 pour cent des captures commerciales totales, tandis que les zones sud de ces deux océans assuraient chacune 1 pour cent des prises et l'océan Indien 5 pour cent. Le même document faisait état de possibilités considérables de développement des pêches, principalement au large de l'Amérique centrale, des côtes du Pérou et du Chili, dans les Caraïbes, le long des côtes d'Afrique occidentale, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, des îles du Pacifique Sud et des Indes orientales. Il constatait, toutefois, que certains stocks étaient d'ores et déjà surexploités et faisait valoir que les avantages de la reconstitution des stocks dans les eaux européennes au cours de la seconde guerre mondiale ne devaient pas être perdus une fois les activités de pêche revenues à la normale. Il signalait, enfin, que les exigences essentielles en matière de conservation des pêches reposaient sur des données scientifiques, en particulier au niveau régional, et recommandait à la FAO de favoriser la collecte et l'analyse de données de base sur les pêches.

Au cours des 50 années écoulées depuis l'établissement de ce rapport, les pêches ont connu un développement d'une telle rapidité que rares sont à présent les ressources sous-exploitées et que le nombre de ressources surexploitées est de plus en plus important. Le défi posé par la mise en place d'un système effectif d'aménagement s'est avéré beaucoup plus difficile à relever que les auteurs du rapport de la FAO de 1945 ne pouvaient s'y attendre.

La première estimation de la production potentielle mondiale fondée sur l'analyse de l'historique des débarquements a été établie au sein de la FAO par J. Gulland en 19713. Aucune autre analyse de ce type n'a été effectuée depuis lors, et puisque celle-ci reposait sur des statistiques concernant la période 1953-1968 (soit moins de la moitié de la période pour laquelle des données sont disponibles), il y a lieu de réexaminer les estimations de la production potentielle à la lumière des principales évolutions survenues depuis lors. Au cours de la période étudiée par Gulland, les quantités débarquées ont augmenté d'environ 6 pour cent par an (figure 18), et d'après ce dernier la production potentielle réalisée des espèces marines traditionnellement exploitées était de l'ordre de 100 millions de tonnes par an. Ce chiffre était compatible avec les estimations antérieures de plusieurs autres auteurs4, à partir de différentes analyses. En fait, le taux de croissance de la production maritime constaté par Gulland a rapidement diminué, bien qu'une certaine croissance se soit maintenue. Ainsi, en dépit du développement de la pêche non traditionnelle, la production halieutique maritime a seulement atteint actuellement quelque 90 millions de tonnes, dont 84 millions de tonnes pour les pêches de capture.

Figure 18 Production de poisson de mer depuis 1950, d'après les données de l'évaluation de 1971 de la FAO et d'après les données disponibles depuis lors

Ce chapitre présente une première analyse de l'évolution des ressources maritimes tel qu'elle ressort des statistiques de production halieutique de la FAO pour la période 1950-19945, période au cours de laquelle la production maritime de poissons, de crustacés et de coquillages est passée de 18 millions de tonnes à 90 millions de tonnes.

Divers aspects de l'évolution des quantités débarquées

Contributions comparées des espèces pélagiques et démersales

La production d'espèces marines est passée d'environ 14 millions de tonnes en 1950 à quelque 73 millions de tonnes en 1994, dont 10 pour cent de poissons de mer non spécifiés, habituellement débarqués sans avoir été triés et dont une fraction est réduite en huile ou en farine. La proportion pondérale correspondant aux espèces pélagiques par rapport aux quantités totales débarquées de poisson de mer est passée d'environ 50 pour cent en 1950 à plus de 60 pour cent en 1994. La production de pélagiques a progressé de façon continue, avec des fluctuations importantes correspondant aux variations naturelles de la productivité des ressources, ainsi qu'aux alternances d'expansion et de récession des stratégies de pêche. La valeur de la production pélagique est inférieure à celle de la production démersale, mais son importance relative a augmenté progressivement, à tel point qu'en 1993 elle représentait quelque 40 pour cent de la valeur totale des quantités débarquées de poisson de mer contre 50 pour cent pour les espèces démersales et 10 pour cent pour le poisson de mer de type non spécifié. La production démersale s'est caractérisée par une tendance à la croissance jusqu'au milieu des années 70 et a généralement plafonné depuis lors avec quelques fluctuations. La production de poisson de type non spécifié a continué d'augmenter pendant toute la période considérée, ce qui représente un défaut majeur des données prises en compte.

Alors que les pêches pélagiques exploitent 186 espèces, 50 pour cent des quantités moyennes totales d'espèces pélagiques débarquées au cours de la période 1950-1994 sont constituées par seulement sept espèces majeures (anchois, hareng de l'Atlantique, pilchard du Japon, pilchard du Chili, maquereau espagnol, capelan et chinchard du Chili), auxquelles correspond la plus grande partie des fluctuations globales des quantités débarquées (figure 19). Autre caractéristique frappante de la figure 19, si l'on fait abstraction de quelques espèces importantes donnant lieu à de fortes fluctuations, on peut constater une augmentation régulière continue des quantités totales débarquées des quelque 180 espèces pélagiques restantes.

Figure 19 Quantités débarquées totales des principales espèces pélagiques de poissons de mer et total

La figure 20 représente la tendance globale des quantités débarquées d'espèces marines démersales. Si l'on fait abstraction des deux principales espèces - lieu de l'Alaska et morue de l'Atlantique - les quantités débarquées des 403 autres espèces restantes font apparaître une tendance croissante jusqu'au début des années 70, suivie d'une période de stabilité depuis lors.

Figure 20 Quantités débarquées totales des principales espèces démersales de poissons de mer et total

L'examen du rapport des quantités débarquées d'espèces pélagiques (de petite et grande tailles) et des quantités correspondantes d'espèces démersales de 1950 à 1994 pour chaque océan et pour la mer Méditerranée (figure 21) conduit aux observations suivantes:

· Dans l'océan Atlantique, les espèces pélagiques représentent en moyenne la moitié des quantités débarquées et cette fraction est restée extrêmement stable depuis 1954, en dépit des fluctuations importantes des quantités débarquées de harengs dans la mer de Norvège et dans la mer du Nord, de sardines au large de la Namibie et de petits pélagiques le long des côtes d'Afrique occidentale.

· Dans l'océan Pacifique, les pélagiques représentent en moyenne 59 pour cent des quantités débarquées totales, mais cette proportion a connu des variations considérables correspondant aux fortes oscillations des ressources pélagiques telles que l'anchois du Pérou et la sardine du Chili, ainsi que des ressources «démersales» telles que le lieu de l'Alaska.

· En mer Méditerranée, les quantités débarquées sont constituées essentiellement de pélagiques dont la proportion a augmenté constamment depuis les années 60, pour connaître une forte baisse vers la fin des années 80. La progression enregistrée a été remarquablement constante, ce qui correspondait vraisemblablement à une modification de l'écosystème due à l'eutrophisation des eaux et à l'épuisement progressif des stocks de prédateurs6. Bien que l'enrichissement en éléments nutritifs ait vraisemblablement profité à la production halieutique dans son ensemble en améliorant la productivité, il se peut qu'il ait freiné localement et de manière sélective le développement des stocks de démersaux, par ailleurs entravé par l'effort de pêche. La réduction de la proportion d'espèces pélagiques observée dans les années 90 reflète l'effondrement des ressources et des pêches de pélagiques dans la mer Noire, du fait de la détérioration de l'environnement et de la surpêche.

· Dans l'océan Indien, les pélagiques représentent moins de la moitié de l'ensemble des quantités débarquées, proportion inférieure à celle observée dans les autres océans. Dans un document récent7, le développement plus faible des pêches de petits pélagiques dans l'océan Indien Ouest a été constaté et mis en rapport avec la vigueur et la turbulence particulières du système de remontées d'eaux froides propre à cet océan, joint aux courants d'advection côtiers extrêmement forts, facteurs particulièrement défavorables à la survie des espèces en question.

Figure 21 Quantités débarquées pélagiques rapportées aux quantités débarquées de démersaux par océan

Pêches démersales

Il a été signalé plus haut que la tendance fondamentale de la production mondiale de démersaux, contrairement à celle de pélagiques, n'a guère connu d'augmentation depuis le début des années 70. Toutefois, cette affirmation dissimule l'existence de différences régionales dans le développement des pêches et quant aux proportions de stocks pleinement exploités ou surexploités. Le tableau 3 indique les années correspondant aux maximums observés dans les quantités débarquées de poissons démersaux, d'après une série lissée de données chronologiques correspondant à chacune des régions de la FAO. La série de dates ainsi mises en évidence correspond généralement aux conclusions que l'on pourrait tirer d'une analyse de l'évolution des pêches mondiales. Les quantités débarquées ont atteint un premier maximum dans l'océan Atlantique (entre la fin des années 60 et le début des années 70), puis dans le Pacifique (entre le milieu des années 70 et la fin des années 80), et enfin, dans l'océan Indien (au début des années 90). Le cas de la Méditerranée, qui représente l'un des systèmes marins les plus anciens et les plus intensément exploités, est paradoxal: en effet, nombre de ses ressources ont été surexploitées depuis des décennies, bien que la production continue de progresser lentement, sans doute en raison de l'eutrophisation des eaux, à l'exception de la mer Noire, où la pollution, l'introduction de nouvelles espèces et la surexploitation ont conduit à un effondrement général des ressources halieutiques et des pêches8.

La dernière colonne du tableau 3 montre que, dans les deux tiers des zones de pêche, la quantité débarquée est inférieure au maximum relevé auparavant. Dans 30 pour cent des zones de pêches, les quantités débarquées continuent cependant à augmenter. Hormis l'Antarctique, dont les ressources ont été explorées, mises en valeur et surexploitées et où les captures sont actuellement limitées par des mesures d'aménagement, des baisses importantes ont été constatées dans l'Atlantique Sud-Est et Nord-Ouest, où les quantités débarquées ont diminué de plus de 60 pour cent au cours des deux dernières décennies. Dans les autres zones de pêche, il n'y a pas eu de baisse des quantités débarquées, ou ces baisses ont été nettement moins marquées; ainsi, dans le Pacifique, les quantités débarquées ont diminué de moins de 20 pour cent, alors que dans l'océan Indien et en Méditerranée, elles continuent d'augmenter. Bien que les modifications affectant l'environnement aient de façon quasi certaine contribué en partie à quelques-unes des baisses constatées (par exemple, dans l'Atlantique Nord-Ouest), la surexploitation a été une cause décisive dans la plupart des cas.

Il faut interpréter prudemment les écarts constatés entre les quantités maximales et le niveau actuel des quantités débarquées. Les maximums observés dans les chiffres de production lissés donnent sans doute une indication du rendement moyen à long terme que l'ensemble des espèces présentes dans une zone donnée permet d'obtenir durablement à l'avenir, et non des mesures d'aménagement appropriées. Toutefois, dans le cas des stocks démersaux, sensibles aux fluctuations naturelles des conditions climatiques (changements de régime) à l'échelle décennale, les captures maximales résultant des conditions environnementales provisoirement favorables ont sans doute une incidence limitée sur le rendement moyen à long terme. La procédure de lissage appliquée aux données brutes devrait sans doute avoir limité les répercussions potentielles des difficultés mentionnées ci-dessus. Par conséquent, l'écart entre les sommes, d'une part, des quantités débarquées maximales et, d'autre part, des quantités débarquées actuelles (dernière ligne du tableau 3), soit environ 5 millions de tonnes, est sans doute une estimation approximative de l'avantage potentiel que présente un meilleur aménagement des stocks démersaux, en supposant, comme c'est le cas généralement, le caractère réversible de l'appauvrissement des stocks. A cet égard cependant, il est admis que les tendances historiquement constatées résultent également des changements environnementaux et des interactions biologiques, et que les baisses observées sont parfois imputables à des situations potentiellement irréversibles créées par les opérations de pêche et par les changements climatiques au sein de l'écosystème exploité.

TABLEAU 3

Comparaison des quantités débarquées maximales et des quantités débarquées relevées récemment (1991) en ce qui concerne les poissons démersaux (moyenne mobile sur cinq ans)

Zone de pêche

Débarquements récents
(milliers de tonnes)

Débarquements maximaux
(milliers de tonnes)

Année des débarquements maximaux

Débarquements récents/maximaux

Atlantique, Nord-Ouest

1 007

2 588

1967

0,39

Antarctique

28

189

1971

0,15

Atlantique, Sud-Est

312

962

1972

0,32

Atlantique, Centre-Ouest

162

181

1974

0,89

Atlantique, Centre-Est

320

481

1974

0,67

Pacifique, Centre-Est

76

93

1975

0,81

Atlantique, Nord-Est

4 575

5 745

1976

0,80

Pacifique, Nord-Ouest

5 661

6 940

1987

0,82

Pacifique, Nord-Est

2 337

2 556

1988

0,91

Atlantique, Sud-Ouest

967

1 000

1989

0,97

Pacifique, Sud-Ouest

498

498

1990

1,00

Pacifique, Sud-Est

459

508

1990

0,90

Méditerranée

284

284

1991

1,00

Océan Indien, Ouest

822

822

1991

1,00

Océan Indien, Est

379

379

1991

1,00

Pacifique, Centre-Ouest

833

833

1991

1,00

Total

18 720

24 059


0,78

Ressources marines surexploitées

La FAO prépare des examens réguliers de l'état des ressources halieutiques mondiales, et celui concernant les pêches en mer9 classe les principales espèces pêchées dans chacune des grandes zones de pêche en fonction du niveau d'exploitation des stocks (indéterminé, sous-exploité, moyennement exploité, pleinement exploité, surexploité, épuisé ou en cours de reconstitution), lorsque celui-ci a été officiellement établi. Sont considérées ici toutes les ressources marines classées dans la publication de la FAO dans la catégorie des ressources surexploitées ou épuisées en 1992. Les quantités débarquées cumulées par zone de pêche, relatives à l'ensemble de ces ressources (à l'exception du thon), sont indiquées à la figure 22 et font apparaître une baisse de la production, passée de plus de 14 millions de tonnes en 1985 à quelque 10 millions de tonnes en 1992, puis à 8 millions de tonnes en 1994. Toutefois, la zone Pacifique Sud-Est (courbe supérieure du diagramme de la figure 22) contient seulement une espèce, le pilchard du Chili, qui était pratiquement inexploitée avant 1973. Si l'on fait abstraction de cet élément, la baisse observée, qui a effectivement commencé il y a 20 ans, est imputable pour l'essentiel aux zones Atlantique Nord-Est, Nord-Ouest et Sud-Est. La baisse à long terme est également manifeste en ce qui concerne les quantités débarquées de certaines espèces de thon classées parmi les espèces surexploitées, notamment le germon de l'Atlantique qui a fait l'objet d'une tendance à la baisse depuis le milieu des années 60, et le thon rouge du sud qui a évolué dans ce sens plus récemment, mais plus nettement, puisque les captures ont été limitées par des mesures d'aménagement, suite à un appauvrissement du stock.

Par conséquent, nombre des ressources réputées surexploitées en 1992 ont présenté des rendements décroissants au cours des 20 dernières années. Globalement, ces ressources produisent à l'heure actuelle 6 millions de tonnes de moins qu'en 1985, soit sensiblement autant qu'au milieu des années 60, alors que l'effort de pêche était incontestablement plus faible qu'aujourd'hui. La baisse de 6 millions de tonnes des quantités débarquées cumulées indiquée à la figure 22 dissimule cependant les diminutions successives affectant différentes ressources et la compensation de cette baisse par une exploitation accrue d'autres ressources. La somme des écarts entre les valeurs observées, les quantités débarquées maximales de l'historique des données lissées dans chaque zone de pêche et les valeurs récentes des quantités débarquées s'élève à près de 9 millions de tonnes. Cette observation signifie que, si l'on pouvait rétablir les niveaux historiques d'exploitation maximale de chacune de ces zones, on pourrait s'attendre à une progression de 9 millions de tonnes des quantités débarquées.

Figure 22 Quantités débarquées par zone de pêche provenant de l'ensemble des ressources surexploitées ou épuisées en 1992

Stocks de poissons grands migrateurs et stocks chevauchants

Les stocks de poissons grands migrateurs et les stocks chevauchants ont fait l'objet d'un vif intérêt de la communauté internationale, lors de la Conférence des Nations Unies sur les stocks chevauchants et les stocks de poissons grands migrateurs (New York, 1993-1995), qui a conduit à l'adoption par la Conférence d'un instrument international ayant force d'obligation, dans le but d'améliorer leur gestion. La figure 23 indique les quantités débarquées des espèces de poissons grands migrateurs énumérées à l'Annexe 1 de la Convention de 1982 sur le droit de la mer; les chiffres présentés font apparaître une augmentation des quantités débarquées, passant d'environ 700 000 tonnes en 1950 à quelque 4,5 millions de tonnes en 1994. Les accroissements enregistrés ont été particulièrement rapides depuis 1970 environ. Ces dernières années, plus de la moitié des débarquements totaux de poissons grands migrateurs correspondaient uniquement à deux espèces, le listao et l'albacore. Le listao est classé parmi les espèces sous-exploitées ou moyennement exploitées dans les océans Atlantique, Indien et Pacifique. Aussi est-il probable que les captures augmenteront davantage dans un proche avenir. En revanche, les stocks d'albacore sont pleinement exploités dans les actuelles zones de pêche de l'océan Atlantique et de l'océan Indien, ainsi que dans le Pacifique Est, et moyennement exploités dans les zones centrales et occidentales du Pacifique et, à moins que de nouveaux sous-stocks ne soient découverts, un accroissement important des captures ne semble guère durable à long terme.

Figure 23 Quantités débarquées provenant des stocks de grands migrateurs, par espèces

Une première tentative de recensement des ressources ichtyologiques qui chevauchent les zones économiques exclusives et les zones de haute mer a été réalisée par la FAO10. En raison des contraintes dues au défaut de résolution géographique des données concernant les quantités débarquées, et faute d'informations concernant l'identité des stocks dans de nombreux cas, il a fallu caractériser ces «stocks» chevauchants en termes d'espèces et de zones de pêche définies par la FAO. La figure 24 indique les quantités débarquées à partir des captures réalisées sur ces stocks chevauchants, par grandes zones de pêche et à partir de 195011. Les débarquements provenant des captures effectuées sur les stocks chevauchants ont globalement augmenté, passant de 2 millions de tonnes en 1950 à près de 14 millions de tonnes en 1989, avant de redescendre à environ 12 millions de tonnes. La composition par zone de pêche des quantités débarquées a changé notablement tout au long de la période considérée. L'Atlantique Nord-Ouest a fourni la plus grande partie des quantités débarquées provenant des stocks chevauchants jusqu'au milieu des années 60, mais l'importance de la région a diminué fortement lors de l'appauvrissement des stocks de morue de l'Atlantique, alors que la contribution du Pacifique Nord-Ouest et du Pacifique Nord-Est augmentait considérablement en raison presque uniquement des quantités débarquées de lieu de l'Alaska. De manière analogue, la diminution des quantités totales débarquées depuis 1989 est imputable essentiellement à la contribution réduite de cette dernière espèce.

Figure 24 Quantités débarquées provenant des stocks chevauchants, par principales zones de pêche

État des ressources marines mondiales

La section ci-dessous présente une évaluation de l'état des ressources mondiales, par océan et par grand type de ressources, fondée sur l'utilisation de deux modèles types. La section suivante décrira succinctement les modèles en question avant de présenter les résultats obtenus.

Modèle généralisé d'évolution des pêcheries

De nombreux auteurs12 ont décrit l'évolution d'une pêcherie en fonction des variations dans le temps des quantités débarquées, fréquemment caractérisées par des alternances de montée en flèche et de chute brutale. La figure 25 représente schématiquement ce type d'évolution, laquelle comprend quatre phases: 1, inexploitée, 2, en développement, 3, mûre et 4, sénescente.

Lorsque l'on dispose d'une série chronologique suffisamment longue et que des modifications importantes des quantités débarquées ont été observées, il est possible d'adapter certains segments de la série chronologique aux phases du modèle d'évolution et d'obtenir une indication quant à l'évolution passée et quant à la situation présente de la pêcherie considérée. Il importe toutefois de signaler que les quantités débarquées cumulées, provenant des différents stocks faisant l'objet des activités d'un complexe de pêche, sont susceptibles de continuer d'augmenter, en dépit de situations locales de surpêche, bien que le processus d'augmentation de la production par extension des activités de pêche à de nouvelles zones et à de nouveaux éléments de ressources dissimule l'appauvrissement des stocks consécutif à leur surexploitation. Conséquence importante de cette observation, le niveau maximal des quantités débarquées au sein d'une pêcherie parvenue à maturité représente une sorte de rendement multispécifique composite moyen à long terme, différent de la somme des rendements maximaux équilibrés théoriques relatifs aux divers éléments de ressources: au demeurant ces mêmes éléments peuvent aussi bien correspondre à plusieurs espèces à l'intérieur d'une zone donnée qu'à différentes zones dotées de leurs propres ressources multispécifiques, à l'intérieur d'une région ou d'un océan donné. Il faut rappeler qu'il est tout à fait inopportun d'essayer d'obtenir le rendement maximal équilibré d'une quelconque ressource aquatique et que, par ailleurs, il est impossible d'extraire simultanément le rendement maximal équilibré de toutes les composantes d'un ensemble d'espèces présentes dans une zone donnée. Toutefois, lorsqu'une «méta-pêcherie» regroupe un grand nombre de zones de pêche, il semble possible d'améliorer le rendement moyen à long terme en optimisant les pêches à l'intérieur de chaque zone.

La figure 25 indique la variation théorique de rendement et le taux d'accroissement du rendement au cours du processus d'évolution. Le taux d'accroissement, qui varie fortement lorsque le rendement maximal à long terme est sur le point d'être atteint, puis est atteint et dépassé, constitue un paramètre particulièrement intéressant; aussi a-t-il été utilisé dans cette étude pour établir une évaluation sommaire de l'état des ressources marines, à l'échelle mondiale et dans chaque océan. Ce taux est nul dans le cas d'une pêcherie stable, qui n'est pas exploitée (phase 1), mais augmente rapidement (phase 1 à phase 2) lorsque le développement de la pêcherie commence. Il diminue ensuite pendant la phase de croissance régulière de la pêcherie (phase 2) et retombe à zéro lorsque la pêcherie atteint son niveau de production maximale (phase 3). Suite à la phase 3, la capacité de pêche est également susceptible de se développer, ce qui aggravera davantage l'appauvrissement du stock, et le taux d'accroissement peut devenir négatif au fur et à mesure de la surexploitation. En fait, cette représentation est évidemment faussée par les fluctuations naturelles comme par la dispersion des données. Toutefois, la tendance à la baisse du taux d'accroissement au cours des phases 2 et 3 (figure 25) est utilisée dans le présent contexte pour déterminer à quel moment la totalité du potentiel de pêche est atteinte et quelle est la valeur correspondante du rendement potentiel.

Figure 25 Modèle général de développement des pêches

Etat des principaux groupes de ressources

Les 200 principales combinaisons espèce-zone de pêche, appelées ci-dessous «ressources», ont été choisies pour les besoins de l'étude en fonction des quantités débarquées moyennes sur toute la période de temps considérée. Ces 200 ressources importantes représentent 77 pour cent de la production mondiale de poisson de mer; elles ont été classées par analyse de grappes, d'après le profil de l'évolution des quantités débarquées, indépendamment de l'importance de ces quantités. Le tableau 4 récapitule les caractéristiques et les courbes d'évolution des quantités débarquées (quantités débarquées moyennes normalisées et courbes ajustées) relatives à quatre exemples des groupes de ressources identifiés par l'analyse en grappes (il s'agit simplement de quatre groupes parmi les 12 utilisés dans l'étude). Les profils ainsi définis peuvent être considérés comme faisant partie du modèle global d'évolution des pêches décrit ci-dessus et reflètent certaines des différentes phases identifiées (de 1 à 4, depuis la phase de non-exploitation, jusqu'à la phase de sénescence).

TABLEAU 4

Courbes d'évolution des quantités débarquées relatives à quatre groupes de «ressources» définis par analyse en grappes, et phases correspondantes d'évolution des pêches

Phase d'évolution

Evolution des débarquements: débarquements normalisés moyens et courbe obtenue par ajustement

Principales espèces par grappes de «ressources»*

Inexploitée (1)
En développement (2)


Chinchard du Chili
Listao Maquereaux des Indes
Albacore
Morue du Pacifique
Comète
Morue du Pacifique
Ombrines, tambours
Allache
Listao

Pacifique Sud-Est
Pacifique Centre-Ouest
Pacifique Centre-Ouest
Pacifique Centre-Ouest Pacifique Nord-Ouest
Pacifique Nord-Ouest
Pacifique Nord-Est
Océan Indien Ouest
Atlantique Centre-Est
Océan Indien Ouest

En développement (2)
Mûre (3)


Lieu de l'Alaska
Lieu de l'Alaska
Menhaden écailleux
Lançons
Sardine européenne
Chinchard du Cap
Merlu de l'Argentine
Sardine européenne
Maquereau espagnol
Albacore

Pacifique Nord-Ouest
Pacifique Nord-Est
Atlantique Centre-Ouest
Atlantique Nord-Est
Atlantique Centre-Est
Atlantique Sud-Est
Atlantique Sud-Ouest
Méditerranée
Pacifique Sud-Est
Pacifique Centre-Est

En développement (2)
Mûre (3)
Sénescente (4)


Morue de l'Atlantique
Hareng du Pacifique
Grande ombrine de Mandchourie
Aiguillat commun
Anoli de mer
Germon
Chinchards et maquereaux bâtards
Loup de l'Atlantique
Thon rouge du sud

Atlantique Nord-Ouest
Pacifique Nord-Ouest
Pacifique Nord-Ouest
Atlantique Nord-Est
Pacifique Nord-Ouest
Atlantique Nord-Est
Méditerranée
Atlantique Nord-Est
Océan Indien Est

En développement(2)
Mûre (3)
Sénescente (4)
En développement (2)


Pilchard de l'Afrique australe
Sébaste de l'Atlantique
Ombrine de Mandchourie
Perche du Pacifique
Germon
Bonite du Pacifique oriental
Anchois européen
Auxides et bonitous
Merluche écureuil

Atlantique Sud-Est
Atlantique Nord-Ouest
Pacifique Nord-Ouest
Pacifique Nord-Est
Pacifique Nord-Ouest
Pacifique Sud-Est
Atlantique Nord-Est
Pacifique Nord-Ouest
Atlantique Nord-Ouest

* Seules certaines des ressources les plus importantes de chaque groupe sont mentionnées.

La figure 26 représente les quantités totales cumulées (non normalisées) par grappes de ressources avec les sources correspondant aux autres 23 pour cent des quantités débarquées de poissons de mer ne figurant pas parmi les 200 principales ressources et, excluses de l'étude (étiquetées «autres»). Elle montre que la production marine totale croissante est due à l'exploitation successive, puis à l'épuisement des pêcheries utilisant différents groupes de ressources.

· dans les années 50 et 60: groupe 1n comprenant la morue de l'Atlantique (Atlantique Nord-Est) et le chinchard du Pacifique (Pacifique Centre-Est);

· dans les années 60: groupe 4p comprenant les anchois (Pacifique Sud-Est), les merlus du Cap (Atlantique Sud-Est), le hareng (Atlantique Nord-Est), le hareng de l'Atlantique, le merlu argenté, le maquereau commun, le balai (Atlantique Nord-Ouest), le merlan et la plie d'Europe (Atlantique Nord-Est) et enfin le chinchard du Cunène (Atlantique Sud-Est);

· dans les années 70: le groupe 2p composé des espèces suivantes: capelan, maquereau commun, lieu noir, sprat, tacaud norvégien (Atlantique Nord-Est), maquereau espagnol (Pacifique Nord-Ouest), anchois de l'Afrique australe (Atlantique Sud-Est), chinchard du large et chinchard et sardinelles (Atlantique Centre-Est) et sardinelle indienne (Océan Indien Ouest);

· dans les années 80: le groupe 6p composé des espèces suivantes: pilchard du Japon, balistes, cochon (Pacifique Nord-Ouest), pilchard du Chili (Pacifique Sud-Est), merlan bleu et sébaste de l'Atlantique (Atlantique Nord-Est), pilchard de Californie (Pacifique Centre-Est), poisson-sabre (Atlantique Nord-Ouest), chinchard et sprat (Méditerranée);

· dans les années 90: le groupe 1p composé des espèces suivantes: chinchard du Chili (Pacifique Sud-Est), listao, maquereau des Indes, albacore (Pacifique Centre-Ouest), morue du Pacifique, comète (Pacifique Nord-Ouest), morue du Pacifique (Pacifique Nord-Est), ombrines, tambours (océan Indien Ouest), allache (Atlantique Centre-Est) et listao (océan Indien Ouest).

Figure 26 Position des quantités débarquées totales de poisson de mer par groupe de ressources

Une courbe a été ajustée à la série chronologique constituée des quantités débarquées moyennes normalisées obtenues pour chaque groupe de ressources. Chacune des courbes a ensuite été divisée en segments correspondant aux différentes phases du modèle généralisé (figure 25) et le nombre de ressources exploitées au cours de chacune des phases de l'évolution de la pêcherie a été calculé année par année. La figure 27 représente l'évolution générale de la répartition des phases.

Figure 27 Répartition en pourcentage des principales ressources halieutiques en fonction des phases d'évolution des pêches

Cette figure met très nettement en évidence l'intensification des pêches survenue depuis 1945 et ses répercussions sur les stocks de ressources. Elle montre nettement la forte proportion des ressources mondiales dont la productivité diminue (phase 4, sénescente) et l'aggravation de cette situation. Elle met, en outre, en évidence le fait que le tonnage total sans cesse croissant de la production halieutique mondiale donne une vision trompeuse de l'état des ressources ichtyologiques et un sentiment erroné de sécurité (observation déjà formulée par la FAO)13. Malheureusement, une observation analogue devrait sans doute être faite au sujet des modifications affectant les débarquements totaux cumulés au niveau national, si souvent justifiées pour poursuivre l'exploitation des pêcheries.

Les résultats indiqués pour 1994 (c'est-à-dire le dernier point de données sur la figure 27) montrent que près de 35 pour cent des 200 principales ressources halieutiques sont en phase de sénescence (c'est-à-dire dont les rendements diminuent progressivement). Près de 25 pour cent sont encore en phase de maturité, (dont la production atteint un palier au niveau d'exploitation maximal), 40 pour cent sont encore en phase de développement et zéro pour cent restent à la phase d'exploitation réduite (ressource dite inexploitée). Ensuite, environ 60 pour cent des principales ressources halieutiques mondiales sont, soit en phase de maturité, soit en phase de sénescence, et étant donné que peu de pays ont mis en place des mesures effectives de limitation de la capacité de capture, ces ressources exigent de toute urgence l'adoption de mesures d'aménagement pour mettre un terme à l'augmentation de la capacité de capture pour reconstituer les ressources en péril. La FAO est parvenue à une conclusion étonnamment proche, selon laquelle 44 pour cent des stocks pour lesquels on dispose d'évaluations officielles ont fait l'objet d'une exploitation intense à maximale, 16 pour cent ont été surexploités, 6 pour cent sont épuisés et 3 pour cent se reconstituent lentement; il est donc impératif que 69 pour cent des stocks connus bénéficient de toute urgence de mesures d'aménagement14. D'après les conclusions de cette étude, et en s'appuyant sur une modélisation globale de la production et sur des estimations de la capacité mondiale de capture, les espèces démersales de valeur élevée sont surexploitées et la reconstitution des ressources exige une réduction d'au moins 30 pour cent de l'effort de pêche.

Etat des ressources par océan

Dans un examen de l'état des pêches mondiales, la FAO a signalé que le taux d'accroissement annuel des quantités débarquées à l'échelle mondiale avait diminué notablement depuis 1950 et était proche de zéro, indiquant ainsi que le niveau maximal de production, à partir des ressources marines conventionnelles de la planète actuellement exploitées, était sur le point d'être atteint, et que les captures moyennes des dernières années étaient vraisemblablement très proches de ce niveau maximal15. Cette analyse a été reproduite ci-dessous aussi bien à l'échelle mondiale que par océan.

D'après l'analyse des quantités débarquées totales des pêches en mer (figure 28), la production maximale prévue des pêches marines mondiales, avec l'actuel système de pêche non sélective (caractérisé en règle générale par la petite taille des premières captures et l'importance des rejets en mer), correspond approximativement à 82 millions de tonnes, valeur proche de la moyenne des quantités débarquées au cours de la période 1990-1994 de 83 millions de tonnes. Il est évident que cette estimation mondiale approximative du potentiel planétaire de ressources conventionnelles exploitées dans les conditions actuelles, lequel serait donc d'ores et déjà pleinement atteint, est un résultat cumulatif composite qui dissimule la multiplication de situations de surexploitation d'un grand nombre de stocks et dans nombre de zones de pêche différentes, comme on a pu le constater au cours des 50 dernières années. Afin de limiter cet effet et pour illustrer les différences en matière de taux d'évolution et de décalage d'évolution, comme les écarts en matière de potentiel d'exploitation, l'analyse en question a été réalisée séparément pour chaque océan.

La série chronologique des débarquements relatifs aux océans Atlantique, Pacifique et Indien, ainsi qu'à la mer Méditerranée (mer Noire comprise), a été traitée de la même façon que les quantités débarquées totales au niveau mondial des pêches en mer, tandis que la figure 28 reproduit les droites correspondantes indiquant les baisses du taux d'accroissement relatif. Seules les principales conclusions sont rapportées ci-dessous, les indications détaillées figurant dans le document de référence16.

Figure 28 Evolution du taux d'accroissement des quantités débarquées, par océan

Les deux analyses ont fourni les estimations du potentiel mondial de production des pêches maritimes:

· estimations fondées sur les quantités débarquées mondiales totales des pêches en mer (potentiel = 82 millions de tonnes);

· sommes des estimations établies pour chaque océan (potentiel = 100 millions de tonnes).

L'estimation cumulée de 82 millions de tonnes correspond au régime d'exploitation actuel. La différence entre le niveau potentiel cumulé et la somme des potentiels relatifs aux différents océans, qui s'élève à 18 millions de tonnes, provient, indique-t-on, essentiellement de l'exploitation des pêches de l'océan Indien.

Pour avoir une idée de la façon dont le potentiel des pêches pourrait se répartir à l'intérieur de chacun des océans, la même analyse a été réalisée à un niveau d'agrégation inférieur en considérant les quantités débarquées totales pour chacune des 16 grandes zones de pêches définies par la FAO. Les ajustements statistiques, généralement nettement moins bons que pour les totaux par océan, indiquent un potentiel global de 125 millions de tonnes, en supposant la possibilité d'optimiser séparément chaque zone. En comparant, zone par zone, les quantités débarquées moyennes des cinq dernières années et la production potentielle estimée d'après cette dernière analyse, et en tenant compte de la fiabilité subjective de chaque estimation, il semblerait, par comparaison avec la situation actuelle (des quantités débarquées proches de 83 millions de tonnes), que:

· il serait tout à fait possible de réaliser un accroissement de 10 millions de tonnes (c'est-à-dire d'atteindre un chiffre potentiel total de 93 millions de tonnes), dont 4 millions de tonnes grâce à l'aménagement des stocks surexploités aussi bien dans l'océan Atlantique que dans l'océan Pacifique et 2 millions de tonnes provenant du développement des pêches de l'océan Indien;

· un accroissement supplémentaire de 17 millions de tonnes s'avère moins certain (c'est-à-dire un potentiel total de 110 millions de tonnes); celui-ci comprendrait 2 millions de tonnes et 1 million de tonnes, provenant respectivement de l'aménagement des stocks surexploités de l'océan Atlantique et de l'océan Pacifique et 14 millions de tonnes du développement des pêches de l'océan Pacifique;

· il serait extrêmement peu probable de réaliser un accroissement supplémentaire de 15 millions de tonnes (c'est-à-dire d'atteindre une production potentielle totale de 125 millions de tonnes) grâce au développement des pêches dans l'océan Indien.

Ces accroissements potentiels théoriques, en particulier les deux derniers chiffres de 110 millions et 125 millions de tonnes, ont été pris en considération avec prudence, compte tenu du fait que certaines évaluations régionales critiques (concernant l'océan Indien, la Méditerranée et le Pacifique Sud-Est) ne sont pas fiables et exigent des analyses approfondies pour confirmer ou infirmer les résultats préliminaires présentés ci-dessus.

Comparaison entre les potentiels d'exploitation établis pour chaque océan

Pour s'assurer de la cohérence des potentiels estimatifs relatifs à chaque océan, les productions potentielles estimées par unité de plateau continental ont été comparées en ce qui concerne les océans Atlantique, Pacifique et Indien et la mer Méditerranée et la mer Noire. La superficie du plateau continental (zone comprise entre zéro et 200 m de fond) et la superficie totale ont été estimées au moyen d'un système d'information géographique (GIS). Les relations entre production potentielle et superficie du plateau continental ont été reportées pour deux séries de données sur le diagramme de la figure 29, indiquant pour chaque océan les estimations de la production potentielle; ces relations sont étonnamment constantes, bien que chaque relation fasse l'objet de seulement quatre points de données (la production mondiale totale de chaque diagramme n'est pas indépendante). Cela tendrait à démontrer la cohérence générale des chiffres de production potentielle ainsi établis, tout en considérant avec prudence les résultats obtenus pour chaque région.

Figure 29 Lien entre le potentiel de la pêche hauturière et le plateau continental pour l'estimation

Conclusions

Potentiel des pêches

La vue d'ensemble qui se dégage de l'état actuel des pêches mondiales confirme les conclusions formulées par la FAO dans son dernier examen mondial de l'état des pêches marines, mais, si l'on tient compte des nombreuses mises en garde, elle présente quelques différences quant au potentiel d'exploitation des pêches.

La présente étude a décrit l'évolution des pêches pratiquées sur les 200 principales ressources ichtyologiques marines du monde, mettant en évidence la rapide intensification de l'effort de pêche. D'après les résultats, en 1994 environ 35 pour cent des ressources en question se trouvaient en phase de sénescence (marquée par une baisse des quantités débarquées), 25 pour cent étaient en phase de maturité, caractérisée par un niveau d'exploitation élevé, et 40 pour cent étaient encore en phase de développement, alors que plus aucune de ces ressources ne se trouvait dans la phase d'inexploitation17. Cette conclusion a pour corollaire la constatation d'un accroissement progressif du nombre estimé de stocks devant faire l'objet de mesures d'aménagement, passé de pratiquement zéro en 1950 à plus de 60 pour cent en 1994. Cette évolution souligne l'urgence des mesures effectives visant à contrôler et à réduire la capacité de capture et l'effort de pêche.

La FAO est parvenue à une conclusion étonnamment similaire en 199418, fondée sur les données d'évaluation des stocks traditionnels. A partir d'un modèle de la production mondiale, utilisant des estimations de la capacité mondiale de capture en tant que mesure de l'effort de pêche, il a été conclu que les espèces démersales de valeur élevée étaient surexploitées et que la reconstitution des ressources exigeait une diminution d'au moins 30 pour cent de l'effort de pêche.

En règle générale, l'océan Indien possède les pêcheries les moins développées, bien que les ressources côtières de cet océan fassent l'objet d'une pression intense dans de nombreuses zones et exigent des mesures effectives d'aménagement; au demeurant il existe aussi des possibilités d'aménagement des pêches dans des zones plus éloignées des côtes. Il faut en outre souligner le fait suivant: bien que la possibilité de développer les pêcheries du littoral de l'océan Indien ait été envisagée à plusieurs reprises par les pays côtiers de cette région (l'Inde, l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande), aucune preuve convaincante de l'existence desdites ressources n'a jamais été fournie.

Il est intéressant de noter que les estimations davantage susceptibles d'être recueillies grâce à l'aménagement ou au développement des pêches dépend du niveau d'agrégation de l'analyse. Les estimations des possibilités d'intensification ultérieure de l'exploitation sont d'autant plus limitées que les données employées sont plus agrégées. Il s'agit là d'une conclusion prévisible, car seule une désagrégation des séries chronologiques par région et par stock peut mettre en évidence les différentes situations de sous-exploitation ou de surexploitation qui existent à un moment donné dans toutes les zones de pêche considérées. La présente analyse des ressources régionales fait appel en partie à la désagrégation des données en limitant le niveau de détail à celui des stocks.

Les conclusions formulées dans les différentes sections de ce document ayant des implications en termes d'évaluations des ressources ou de perspectives d'évolution des pêches sont récapitulées au tableau 5. Si l'on considère l'ensemble des résultats, il semble qu'il y ait tout à fait lieu d'écarter l'évaluation du potentiel des pêches mondiales en mer fondée sur les séries chronologiques de quantités débarquées au niveau mondial, qui conduit à une estimation de 82 millions de tonnes. En effet, un certain nombre d'études plus détaillées ont démontré le contraire:

· L'analyse des ressources marines surexploitées a montré qu'il devait y avoir eu des «pertes» historiques (atteignant environ 9 millions de tonnes) imputables à la surexploitation, qui pourraient être compensées par des mesures d'aménagement. L'existence de ces pertes est confirmée par l'analyse des ressources démersales (pertes de 5 millions de tonnes) et des stocks chevauchants (pertes de 2 millions de tonnes), en dépit des nombreux recoupements de la composition de ces classifications. Le chiffre global de 9 millions de tonnes, grâce à une meilleure gestion des ressources surexploitées, peut être considéré comme un minimum, en supposant le caractère réversible de la détérioration des ressources.

· En outre, l'évaluation des ressources fondée sur les catégories de ressources a estimé que les pêches pratiquées sur 40 pour cent des principales ressources ichtyques marines continuent à se développer. D'après les analyses du taux d'accroissement des quantités débarquées, dans 56 pour cent des zones de pêche le point à partir duquel le taux d'accroissement est nul a été franchi, tandis que dans 37 pour cent des cas l'accroissement se poursuit. Ces résultats montrent clairement que, dans certaines zones de pêche et pour certaines ressources, il est encore possible d'accroître les quantités débarquées, bien que l'importance de cet accroissement soit indéterminée.

TABLEAU 5

Résumé des analyses, conclusions et diagnostics

Type d'analyse

Conclusions

Diagnostics

ÉVOLUTION DES ESPÈCES DÉMERSALES

Diminution générale

Production stable depuis les années 70

Dissimule une surpêche

Somme des productions maximales moins débarquements actuels

Dans 31 pour cent des zones de pêche FAO: augmentations

Essentiellement due à la surpêche

Dans 67 pour cent des zones de pêche FAO: diminutions

Augmentation possible indéterminée

Moins 5 millions de tonnes

Réalisable grâce à des mesures d'aménagement

ÉVOLUTION DES RESSOURCES MARINES SUREXPLOITÉES

Diminution générale

Moins 6 millions de tonnes depuis 1985

Surpêche

Somme des productions maximales moins débarquements actuels

Moins 9 millions de tonnes en tout

Surpêche

ÉVOLUTION DES RESSOURCES DE GRANDS MIGRATEURS ET DES STOCKS CHEVAUCHANTS

Poissons grands migrateurs

Toujours en augmentation

Surpêche de certaines espèces

Stocks chevauchants

Moins 2 millions de tonnes depuis 1989

Principalement surpêche du lieu d'Alaska

ÉVOLUTION DES 200 RESSOURCES ICHTYQUES LES PLUS IMPORTANTES

(Correspondant à 77 pour cent des débarquements mondiaux de poisson de mer)

35 pour cent ressources surexploitées
25 pour cent ressources pleinement exploitées
40 pour cent encore en phase de développement

60 pour cent doivent faire l'objet de mesures urgentes d'aménagement

ÉVOLUTION PAR OCÉAN


POSSIBILITÉ DE PRODUCTION SUPPLÉMENTAIRE

Atlantique

Niveau maximum d'exploitation atteint en 1980 (21,1 millions de tonnes)

Aucune augmentation supplémentaire

Pacifique

Niveau maximum d'exploitation atteint en 1999 (54,1 millions de tonnes)

Légère augmentation(+ 1,1 million de tonnes) grâce au développement

Indien

En développement (5,4 pour cent/an, environ 23,1 millions de tonnes)

Augmentation substantielle (+ 16,1 millions de tonnes) réalisable grâce au développement des pêches, sous réserve de vérification

Mer Méditerranée et mer Noire

En développement (2,6 pour cent/an, 2,1 millions de tonnes)

Augmentation consécutive à l'eutrophisation(probabilité indéterminée)

Trois estimations du potentiel global de production marine:



Océan mondial

Niveau maximum d'exploitation atteint en 1996 (82,1 millions de tonnes)

Nouvelle augmentation improbable

Somme des océans

En développement (100,1 millions de tonnes)

Augmentation importante (+ 17,1 millions de tonnes) selon la fiabilité de l'estimation concernant l'océan Indien. Dépend essentiellement du développement des ressources

Somme des superficies

En développement (125,1 millions de tonnes)

Augmentation très importante (+ 42,1 millions de tonnes) obtenue principalement par des mesures d'aménagement et de développement des pêches. Projection très peu fiable

La production de la mariculture est incluse dans les données utilisées pour établir les évaluations mondiales et régionales. Elle aura une influence négligeable sur les projections concernant la production de poisson de mer (les espèces diadromes telles que le saumon ne sont pas prises en compte dans l'analyse) mais par contre importante pour les crustacés et les coquillages. L'importance très variable de l'aquaculture d'une région à l'autre (qui n'apparaît pas dans l'analyse à l'échelle mondiale) explique sans doute en partie les écarts entre les projections mondiales et régionales.

La conclusion de cette étude est que l'augmentation de 10 millions de tonnes (c'est-à-dire pour atteindre un niveau potentiel de production marine de 93 millions de tonnes), fondée sur les estimations plus fiables du niveau d'exploitation potentiel par grande zone de pêche, semble donc constituer une projection réaliste. Elle est en outre parfaitement compatible avec l'augmentation éventuelle de 9 millions de tonnes des quantités débarquées, à partir du niveau actuel, obtenue grâce à des mesures d'aménagement des pêches (consistant à limiter les quantités débarquées provenant des ressources surexploitées, des espèces démersales et des stocks chevauchants), sans compter par ailleurs les quantités supplémentaires indéfinies, obtenues grâce à la poursuite du développement des pêches (notamment de celles de l'océan Indien) qui ne sont pas encore parvenues à maturité. Compte tenu du fait que nombre des pêches en développement et en déclin exploitent des stocks en voie de reconstitution ou d'appauvrissement suite aux modifications affectant l'environnement ou l'écosystème, et non du fait de l'effort de pêche, il est plus indiqué d'écarter à ce stade les estimations plus élevées du niveau d'exploitation potentiel des pêches en mer.

Implications en termes d'aménagement et de développement

Dans le cas des ressources dont le niveau d'exploitation actuel n'atteint pas le niveau maximum historique, il semble possible de revenir à ces niveaux d'exploitation, à condition de limiter les efforts de pêche et, dans la plupart des cas, d'améliorer simultanément le rendement par recrue. Cela est possible en augmentant de manière significative l'âge à la première capture, en interdisant l'exploitation des alevins, en augmentant la taille des maillages des filets et en fermant, de manière provisoire ou permanente, les zones de pêche contenant des concentrations d'alevins. Les observations effectuées à Chypre et aux Philippines19 ont démontré la possibilité d'obtenir en 18 mois des accroissements de production durable de l'ordre de 100 pour cent dans les régions tropicales. Des expériences plus récentes de protection des alevins au Maroc (grâce à l'instauration de zones ou d'une période de fermeture de la pêche des céphalopodes) et en Norvège (des stocks de morue, grâce à la définition de zones précises d'interdiction de la pêche) ont également conduit à des améliorations des taux de capture qui tendent à démontrer la possibilité d'obtenir des avantages à court terme dans les régions au climat plus tempéré. Des mesures effectives d'aménagement peuvent incontestablement conduire à des augmentations à long terme des rendements. Cela a en effet été le cas en ce qui concerne des stocks de morue de l'Arctique, dans la mer de Norvège et dans la mer de Barents qui, contrairement à la plupart des autres stocks de morue de l'Atlantique, ont reconstitué leur biomasse reproductrice précédemment épuisée, jusqu'à ce qu'elle atteigne un niveau jamais observé depuis les années 50 grâce à une importante réduction du taux de mortalité des pêches vers la fin des années 8020.

L'amélioration potentielle obtenue moyennant une réduction des prises accessoires inutiles pose un problème notable et constitue une opportunité majeure. On a estimé à 27 millions de tonnes les quantités de poissons rejetées en mer tous les ans21, constituées d'espèces de faible va-leur commerciale mais aussi d'une fraction importante d'alevins. Ces 27 millions de tonnes font partie des captures, sinon des quantités débarquées, et ne sont pas prises en compte dans les données sur lesquelles la présente étude s'appuie; elles doivent néanmoins être prises aux fins des mesures d'aménagement. Si on les ajoute aux chiffres actuels des quantités débarquées on obtient pour le niveau mondial des captures en mer un chiffre de plus 110 millions de tonnes. Aussi les avantages que l'on peut escompter d'une réduction des prises accessoires inutiles en assurant un taux de survie plus élevé des alevins peuvent s'avérer très importants.

Les accroissements à venir de la production devraient provenir de la poursuite du développement des pêches sur les ressources donnant lieu apparemment encore à une augmentation de leurs contributions aux quantités débarquées mondiales (près de 40 pour cent des principales ressources halieutiques sont classées ici dans la catégorie des ressources dites encore en développement et pour la FAO, ce taux était de 32 pour cent en 199422). Il faut admettre qu'en ce qui concerne ces ressources, dont les débarquements continuent d'augmenter, il n'est pas possible d'établir une estimation fiable du potentiel; il serait par contre erroné de nier l'existence d'un certain potentiel.

Il se pose par ailleurs la question importante de savoir si au niveau global auquel l'analyse a été réalisée on peut s'attendre à une amélioration des rendements tant pour les prédateurs démersaux que pour les proies pélagiques. Le groupe des espèces pélagiques comprend un certain nombre de prédateurs importants, parmi lesquels figurent les thons pélagiques de grande taille et les espèces de thonidés. Le groupe d'espèces démersales comprend un certain nombre de petites espèces qui constituent des proies, ainsi que des œufs et des larves de poissons démersaux au cours de leurs phases pélagiques initiales, qui sont les proies des petits pélagiques. Ces interactions ont des répercussions difficiles à prévoir. Aussi est-il impossible de définir dans quelle mesure l'équilibre actuel entre l'abondance des ressources (et les possibilités d'exploitation) des espèces pélagiques et des espèces démersales résulte de la surexploitation relative des espèces démersales et de la pression faible qui en résulte sur les espèces pélagiques. Il n'est pas non plus possible de déterminer dans quelle mesure la reconstitution des ressources démersales surexploitées affectera la survie et les possibilités d'exploitation des espèces pélagiques. La question de la reconstitution des ressources à une échelle régionale importante n'a jamais été abordée et reste, avec celle des fluctuations à moyen terme des stocks de petits pélagiques, l'un des problèmes clés de l'aménagement des pêches au XXIe siècle.

En conclusion, s'il faut admettre que la plupart des analyses détaillées présentées dans ce document ne possèdent pas une signification statistique suffisante, il ressort néanmoins des éléments d'information disponibles qu'un accroissement d'au moins 10 millions de tonnes de la production des pêches est possible, ainsi que la poursuite dans une proportion indéterminée de l'augmentation des quantités débarquées, grâce au développement des pêches, et grâce aux apports de la mariculture. La FAO en 199523 a signalé la possibilité d'accroître les débarquements de 20 millions de tonnes. Les résultats de la présente étude abondent dans ce sens, pourvu que les conditions suivantes soient remplies: restauration des ressources détériorées; poursuite de l'exploitation des ressources sous - utilisées, en évitant toutefois leur surexploitation comme celle des ressources ayant déjà atteint le niveau d'exploitation durable dont elles peuvent faire l'objet; et limitation des quantités rejetées en mer et du gaspillage.

1 Cette étude approfondie est extraite de FAO. 1996. Chronicles of marine fishery landings (1950-1994): trend analysis and fisheries potential. FAO, Document technique sur les pêches n° 359, par R.J.R Grainger et S.M. Garcia. Rome.

2 FAO. 1945. Five technical reports on food and agriculture: fisheries. Rapport du Comité technique sur les pêches soumis à la Commission intérimaire des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Washington. p. 175-216.

3 Gulland, J.A. (éd.) 1971. The fish resources of the ocean. Fishing News (Books) Ltd. 255 p.; voir aussi CIEM. 1995. Rapports du Comité consultatif sur l'aménagement des pêches du CIEM, 1994. CIEM Coop. Res. Rep. N° 210. Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM).

4 Moiseev, P.A., 1971. The living resources of the world ocean p. 203. Israel Program for Scientific translations, Jérusalem. 334 p.

5 FAO. 1995. Production halieutique mondiale 1950-1993. Supplément à l'Annuaire FAO des statistiques de pêche 1993. Vol. 76. Captures et quantités débarquées. Rome. 44 p.

6 Caddy, J.F., Refk, R. et Do-Chi, T., 1995. Productivity estimates for the Mediterranean: evidence of accelerating ecological change. Ocean and Coastal Management, 26(1): 1-18.

7 Bakun, A., Roy, C. et Lluch-Cota, S. (sous presse). Coastal upwelling and other ecosystem processes controlling ecosystem productivity and fish production in the western Indian Ocean. In: K. Sherman et N. Cyr (éds), Status and future of the large marine ecosystems of the Indian Ocean. Blackwell Scientific, Oxford, Royaume-Uni.

8 Caddy, Refk et Do-Chi, op. cit., voir note 6.

9 FAO. 1995. Examen de l'état des ressources halieutiques mondiales: les pêches marines. FAO, Circulaire sur les pêches, no 884. Rome. 105 p.

10 FAO. 1994. Examen mondial des stocks de poissons grands migrateurs et des stocks chevauchants. FAO, Document technique sur les pêches, no 337, Rome. 70 p.

11 Les ressources en question sont dites «chevauchantes» pour la totalité de la période de temps considérée (1950-1994) à des fins de commodités et dans une perspective historique, en dépit du fait que nombre d'entre elles étaient constituées juridiquement parlant de ressources de haute mer, avant l'extension des juridictions nationales, surtout après 1970.

12 Par exemple: Caddy, J.F. et Gulland, J.A. 1983. Historical patterns of fish stocks. Marine Policy, 7:267-278; Caddy, J.F. 1984. An alternative to equilibrium theory for management of fisheries. In: FAO, Rapport sur les pêches, no 289, supplément 2. Rome. 214 p.; Welcomme, R.L. 1995. Status and trends of global inland fisheries. In: N.B. Armantrout et R.J. Wolotra (éds), Conditions of the world's aquatic habitats. Actes du Congrès mondial des pêches. p. 122-138. Oxford & IBH Publishing Co.

13 FAO. 1994. Situation actuelle, tendances et perspectives des pêches mondiales de capture. Document présenté par S.M. Garcia et C. Newton à la Conférence sur l'aménagement des pêches: tendances mondiales. Seattle, Etat de Washington, Etats-Unis, 14-16 juin 1994.

14 Ibid.

15 Ibid.

16 Ibid.

17 Il s'agit ici de ressources dites «conventionnelles» puisque l'on ne dispose pas de séries chronologiques applicables à l'analyse de l'état des ressources non conventionnelles telles que le krill, les espèces mésopélagiques et nombre de calmars océaniques, généralement considérés comme faisant partie des ressources sous-exploitées.

18 FAO, op. cit., note 13.

19 Garcia, S.M. 1986. Seasonal trawl bans can be very successful in heavily fished areas: the Cyprus effect. Fishbyte, avril 1986: 7-12.

20 CIEM, op. cit., note 3.

21 FAO. 1994. A global assessment of fisheries by catch and discards. FAO, Document technique sur les pêches, no 339. Rome. 233 p.

22 FAO, op. cit., note 13.

23 FAO. 1995. La situation mondiale des pêches et de l'aquaculture. Rome. 57 p.

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