FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique - Mai 1997

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PREMIERE PARTIE: VUE D'ENSEMBLE



Malgré les récentes conditions climatiques défavorables en Afrique de l'Est et la poursuite des troubles civils dans la région des Grands Lacs, les perspectives générales des approvisionnements vivriers concernant l'Afrique subsaharienne se sont relativement améliorées grâce à de bonnes récoltes dans plusieurs régions au cours de l'année 1996 et aux perspectives favorables des récoltes céréalières de la campagne 1996/97, que l'on devrait commencer à rentrer à partir du mois de mai en Afrique australe.

Cependant, les difficultés d'approvisionnement alimentaire persistent dans de nombreux pays de la sous-région, par suite des troubles civils, de la sécheresse, des inondations ou d'une combinaison de ces facteurs, et des millions de personnes en sont affectées. En Afrique de l'Est, les conditions climatiques défavorables au cours des derniers mois ont créé de grosses difficultés d'approvisionnement alimentaire touchant de vastes secteurs au Kenya, en Tanzanie, en Somalie, en Ethiopie et en Ouganda; plus de 3 millions de personnes y sont tributaires des secours vivriers. Dans la région des Grands Lacs, les troubles civils sont à l'origine d'un besoin persistant d'aide alimentaire. Dans l'est du Zaïre, notamment dans les régions inaccessibles, les réfugiés rwandais connaissent la famine. En Afrique occidentale, les problèmes d'approvisionnement alimentaire persistent toujours au Libéria et en Sierra Leone, malgré une certaine reprise de la production, tandis que dans le Sahel, l'absence de précipitations a entraîné des difficultés localisées d'approvisionnement alimentaire dans plusieurs pays.

Les besoins globaux d'aide alimentaire concernant l'Afrique subsaharienne pour 1997 seront nettement inférieurs à ceux de 1996; ils demeurent toutefois élevés, puisque la FAO les estime à 1,9 million de tonnes. Mi-avril, les contributions d'aide alimentaire totalisaient 1,5 million de tonnes, dont 800 000 tonnes ont déjà été livrées. Compte tenu de la tendance à la baisse de l'aide alimentaire mondiale au cours des dernières années - tendance qui semble se confirmer pour l'avenir -, mais aussi de la faible capacité d'importations commerciales de l'ensemble de la sous-région liées aux difficultés de balance des paiements, il importe que les pays à faible revenu et à déficit alimentaire de l'Afrique subsaharienne prennent d'urgence des mesures destinées à augmenter leur production alimentaire afin de préserver la sécurité alimentaire de leurs populations. Le Programme spécial de sécurité alimentaire de la FAO (voir l'encadré, page 6) a pour objet d'aider en particulier ces pays à entreprendre un tel effort; ce programme fixe comme priorités une meilleure exploitation des ressources hydrographiques, l'intensification et la diversification de la production, et l'identification et l'élimination des entraves socio-économiques à l'augmentation de la production alimentaire.



SITUATION ALARMANTE AU PLAN HUMANITAIRE DANS L'EST DU ZAIRE ET PRECARITE DES PERSPECTIVES DANS D'AUTRES SECTEURS DE LA REGION DES GRANDS LACS

Dans l'est du Zaïre, la situation alimentaire des réfugiés rwandais est des plus alarmantes. C'est par centaines qu'ils meurent de faim et de maladie, tandis que des dizaines de milliers d'entre eux souffrent de malnutrition avancée. La poursuite des troubles civils, la faiblesse des infrastructures, l'insécurité et l'obstruction opposée par la population locale rendent très difficiles les efforts des organismes de secours pour fournir une aide alimentaire et médicale aux réfugiés, qui sont très largement dispersés et parfois impossibles à atteindre.

Les quelque 80 000 réfugiés qui s'étaient fixés dans les camps à proximité de Kisangani ont récemment été forcés de fuir, et sont aujourd'hui dispersés dans les forêts environnantes sans qu'il soit possible de les localiser avec précision. Les préparatifs qui avaient été amorcés par les organismes de secours en vue d'un rapatriement de grande envergure ont été sérieusement compromis par la remise en cause du projet, de la part des autorités, de même que par le pillage des secours vivriers par les populations locales. Le 27 avril 1997, les chefs rebelles ont accordé aux organismes de secours 60 jours pour rapatrier tous les réfugiés rwandais. La tâche n'est pas mince, compte tenu du fait que les réfugiés sont très dispersés et que l'infrastructure locale est en piteux état. De plus, il faut compter avec le rapatriement prévu, vers Goma et Bukavu, d'environ 20 000 Zaïrois déplacés de l'intérieur. Cette opération complexe nécessitera un soutien logistique de même que d'énormes quantités de carburant, lequel manque actuellement à Kisangani et à Goma. Une aide substantielle de la part des donateurs s'impose donc de façon urgente afin d'accélérer l'opération, d'atténuer les souffrances humaines et d'éviter la famine sur grande échelle.

Au Burundi, la situation politique et de sécurité reste extrêmement instable, avec encore des foyers de combats et des actes de violence dans plusieurs secteurs du pays. On estime qu'en mars, près de 500 000 personnes avaient déjà été déplacées ou dispersées et que 300 000 personnes environ séjournaient dans des camps de regroupement établis par le gouvernement afin de relocaliser les populations provenant de zones dangereuses. La production agricole souffre de l'insécurité qui règne dans les régions touchées par le conflit. Quant aux approvisionnements alimentaires, ils restent précaires en raison d'une mauvaise première récolte pour 1997, en raison de l'intensification des troubles civils fin 1996, mais aussi de conditions climatiques défavorables par endroits et de pénuries de semences, d'engrais et de pesticides liées aux sanctions économiques imposées par les pays voisins. Ajoutons que, jusqu'à très récemment, l'approvisionnement en denrées alimentaires a été entravé par les réductions d'importations de céréales et d'autres vivres résultant de l'embargo économique. Tous ces facteurs ont contribué à la brusque augmentation des prix des denrées vivrières, en particulier des haricots, des bananes et des produits d'importation. La situation alimentaire d'importantes tranches de la population s'en est trouvée aggravée. Ces catégories demeurent tributaires de l'assistance vivrière et l'on observe une augmentation de la malnutrition chez les enfants séjournant dans les camps de regroupement de même que chez les personnes déplacées.

Les approvisionnements alimentaires demeurent précaires au Rwanda où environ 2,6 millions de personnes, soit un tiers de la population, ont besoin d'aide alimentaire. En dépit d'une amélioration générale, la production alimentaire liée à la première campagne de 1997 est restée inférieure à celle de la période précédant les troubles civils. La récolte de haricots, principale denrée de la campagne, a été durement affectée par une surabondance de pluies, tandis que dans les préfectures du sud la sécheresse était à l'origine de récoltes médiocres. Ces facteurs, associés au retour massif, fin 1996, de réfugiés qui n'avaient pu pratiquer aucune culture au cours de la dernière campagne, expliquent l'augmentation des besoins d'aide alimentaire. La détérioration de la sécurité au cours des derniers mois, notamment dans les quatre préfectures qui bordent le Zaïre, a suscité des difficultés de distribution qui n'ont guère amélioré la situation alimentaire. En outre, il faut s'attendre à ce que l'insécurité ait perturbé les activités agricoles dans certains secteurs de ces préfectures.



EN AFRIQUE DE L'EST, GRAVES PENURIES ALIMENTAIRES PROVOQUEES PAR DES CONDITIONS METEOROLOGIQUES DEFAVORABLES

La sécheresse aiguë qui a sévi au cours des derniers mois, de même que les inondations qui ont frappé certaines régions, sont à l'origine des graves problèmes d'approvisionnement alimentaire que connaissent plusieurs pays d'Afrique orientale.

Au Kenya, la situation des approvisionnements alimentaires est critique dans les provinces du nord-est et de l'est ainsi que dans certaines parties des provinces centrales et côtières, affectées par la sécheresse durant la campagne des "petites pluies" de 1996/97. Dans les régions de pâturage de ces provinces, les petites pluies sont essentielles à la reconstitution des réserves d'eau et des pâturages après la longue saison sèche, tandis que dans les zones de culture, la récolte de la campagne des petites pluies fournit la plus grande partie des approvisionnements vivriers annuels. Le gouvernement, après avoir déclaré la sécheresse désastre national, a lancé un appel à la communauté internationale pour lui demander secours jusqu'à la prochaine récolte, au mois de juillet. On estime en effet que 1,4 million de personnes nécessitent une aide alimentaire, en particulier dans les districts pastoraux de Wajir, Garissa, Isiolo, Mandera et Marsabit, où 500 000 personnes - soit près de 90 pour cent de la population - souffrent de l'insécurité alimentaire en raison d'une augmentation marquée du taux de mortalité du bétail. En outre, on a enregistré de mauvaises récoltes dans les districts agricoles marginaux de Machakos, Makueni, Kitui, Mwingi, Mbeere et Tharaka-Nithi de la province orientale, ainsi que dans les districts de Kajiado et Taita Taveta de la vallée du Rift et des provinces côtières. Le prix du maïs a beaucoup augmenté dans ces régions tandis que baissait celui du bétail, affectant le pouvoir d'achat des pasteurs. On observe une augmentation de la malnutrition et une dégradation des conditions de santé; par ailleurs, la pénurie d'eau rend nécessaire une assistance permettant de répondre aux besoins de la population et du bétail, de même qu'une assistance portant sur les médicaments vétérinaires destinés au bétail et les semences destinées à la saison des "grandes pluies" de 1997, déjà partiellement amorcée.

Compte tenu des trois mauvaises campagnes successives dans de nombreux districts, des précipitations suffisamment abondantes sont essentielles à l'amélioration de la sécurité alimentaire dans les provinces septentrionales et orientales. Grâce aux bonnes pluies du mois d'avril, les prévisions initiales sont favorables; cependant, des précipitations substantielles demeurent nécessaires tout au long de la période de croissance.

En Tanzanie, les petites pluies (vuli) ont en grande partie été insuffisantes dans les régions de pluies bi-modales du nord, du nord-est et de la côte, sur le continent, de même que dans les îles de Zanzibar et de Pemba, entraînant de graves difficultés alimentaires tant pour les cultivateurs que pour les éleveurs de bétail. Sur le continent, on estime à 700 000 le nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire, avec des chiffres comparables pour les îles. Le gouvernement a demandé que soient acheminés des secours vivriers à la population touchée par la sécheresse. En outre, de graves inondations ont frappé Lindi, dans le sud-est, entraînant le déplacement d'un grand nombre de familles avec, comme corollaire, d'importantes pertes matérielles.

Dans les régions de pluie uni-modale du centre, du sud et du sud-ouest, le régime des précipitations pour la période des grandes pluies de 1996/97 (de novembre à avril) n'a pas été normal et constitue une source d'inquiétude. les pluies, qui avaient commencé tardivement, sont restées sporadiques pendant les deux premiers mois, pour être suivies d'une longue période sèche au mois de décembre et reprendre à nouveau de façon sporadique et en quantité inférieure à la moyenne dans la plupart des zones de culture au mois de février et début mars, affectant les rendements potentiels. Les fortes pluies qui sont tombées en mars et début avril, causant des inondations dans certaines régions méridionales, ont été trop tardives pour empêcher la détérioration des rendements. Compte tenu de la situation déjà précaire des approvisionnements alimentaires, due à la mauvaise récolte de petites pluies liée à la sécheresse, il est recommandé aux autorités nationales et à la communauté internationale des donateurs de prévoir des plans d'urgence afin de parer au risque de difficultés majeures en matière d'approvisionnement.

En Ouganda, on enregistre des difficultés d'approvisionnement alimentaire dans les districts de l'est et du nord-est, où la récolte de petites pluies de 1997 a considérablement souffert de l'insuffisance des précipitations, ainsi que dans les districts septentrionaux où l'insécurité et les conflits civils ont entraîné des déplacements massifs de la population locale et la perturbation des activités agricoles. Dans l'est et le nord-est, la production alimentaire a été entravée par des pluies tardives ou inférieures à la normale durant la campagne, ainsi que par des inondations dans certaines régions et une infestation par la mosaïque du manioc dans d'autres secteurs. Les zones les plus touchées ont été les districts de Palissa, Kumi, Tororo, Mbale et Soroti, où la sécheresse a été la plus longue, ainsi que dans les districts à déficit alimentaire chronique de Kotido et de Moroto, dans la région de Karamoja. On estime à 341 000 le nombre des personnes le plus directement affectées et nécessitant des secours alimentaires jusqu'à la prochaine récolte principale, à partir du mois de juin. Les besoins alimentaires ont été estimés à 12 276 tonnes de céréales et 3 825 tonnes de vivres non céréalières. Dans les districts septentrionaux comme dans le district occidental de Kasese, déchirés par les conflits civils, le nombre total de personnes déplacées nécessitant des secours vivriers serait d'environ 150 000. Les besoins alimentaires destinés à ces populations seraient de 18 000 tonnes de céréales et de 3 825 tonnes de vivres non céréalières, sur une période de dix mois. En outre, il faut prévoir une aide alimentaire pour quelque 269 000 personnes actuellement réfugiées en Ouganda, principalement à partir du Soudan.

En Ethiopie, les régions de pâturage de l'est et du sud bordant la Somalie et le Kenya, qui ont une campagne de petites pluies entre octobre et décembre, ont souffert d'une rapide détérioration des conditions de pâturage due à des précipitations irrégulières et très inférieures à la moyenne, à des pénuries d'approvisionnement en eau et à des conditions défavorables concernant le bétail. Les zones les plus touchées sont celles de Degehabur et de Liban de la région Somali, et les waredas de Dire et de Yabello dans la zone de Borena. Les approvisionnements vivriers sont très difficiles. Le prix des céréales et de l'eau y a considérablement augmenté, tandis que les cours du bétail sont tombés nettement en dessous de la vente de survie. Le gouvernement a demandé qu'une aide alimentaire et non alimentaire soit prodiguée de toute urgence. On estime à 81 000 tonnes de céréales les besoins en aide alimentaire pour le million de personnes affectées par cette situation.

En Somalie, la récolte de céréales secondaires "Der" a été considérablement réduite du fait des pluies irrégulières et des infestations de ravageurs, de même que par l'insécurité dans plusieurs secteurs. Il s'agit de la deuxième mauvaise récolte consécutive dans la plupart des régions, et la situation alimentaire est tendue. Les stocks céréaliers sont à l'étiage et les prix, qui ont décliné de façon normale après la récolte, connaissent une forte remontée depuis janvier. Par contraste, le prix du bétail connaît une baisse marquée en raison des ventes massives pratiquées par les pasteurs afin de couvrir leurs besoins personnels et d'assurer la survie de leurs troupeaux. On observe des mouvements massifs de populations à la recherche de travail et d'activités génératrices de revenus, parallèlement à une aggravation brutale de la malnutrition. Il faudrait pouvoir compter, de toute urgence, sur une aide alimentaire internationale; cependant, l'insécurité régnante entrave les opérations de secours.

Au Soudan, la situation des approvisionnements alimentaires s'est détériorée dans plusieurs régions occidentales du Kordofan et du Darfour, où, en dépit d'une récolte céréalière exceptionnelle à l'échelle nationale en 1996, la production a considérablement souffert des mauvaises conditions climatiques. Etant donné que ces régions connaissent leur deuxième année consécutive de mauvaise récolte, les stocks et les mécanismes d'adaptation des agriculteurs affectés sont épuisés, et une aide alimentaire s'impose. La situation alimentaire est également tendue dans les régions méridionales, troublées par une guerre civile prolongée. La distribution d'aide alimentaire aux quelque 2,6 millions de personnes affectées par la guerre continue d'être entravée par l'insécurité.

En Erythrée, on prévoit, pour les prochains mois et jusqu'à la prochaine récolte principale de novembre, des difficultés d'approvisionnement alimentaire liées à une production céréalière en net déclin pour 1996. De nombreuses tranches de populations, qui en temps normal ne couvrent déjà pas leurs besoins de subsistance, nécessitent une assistance alimentaire.



L'AIDE ALIMENTAIRE DEMEURE NECESSAIRE AU LIBERIA ET EN SIERRA LEONE, PENURIES ALIMENTAIRES LOCALISEES DANS PLUSIEURS PAYS SAHELIENS

Fin 1996, les principaux pays producteurs d'Afrique occidentale ont rentré des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne. Dans le Sahel, en dépit des périodes de sécheresse enregistrées dans la plupart des pays en juin ou en juillet, les conditions de croissance des récoltes ont été généralement satisfaisantes pour la deuxième partie de la saison des pluies, et les attaques des ravageurs sont restées relativement limitées. Dans les pays riverains du golfe de Guinée, les conditions de croissance des récoltes ont été généralement favorables au cours de l'année 1996. La première récolte de maïs, effectuée en juillet, a été bonne dans la majorité des pays riverains. La deuxième récolte de maïs, plantée fin août/début septembre, a bénéficié de conditions de croissance satisfaisantes et notamment de pluies bien réparties en septembre. Après plusieurs années de récoltes relativement bonnes dans la sous-région, on s'attend à ce que les approvisionnements demeurent satisfaisants, en 1997, pour la plupart des pays. Cependant, des difficultés d'approvisionnement alimentaire persistent dans certaines régions, du fait de l'insécurité et de sécheresses localisées.

Au Libéria, malgré la mise en oeuvre du processus de paix et d'une amélioration générale de la situation, des combats sporadiques continuent d'entraver les activités agricoles. Le programme de désarmement et de démobilisation des combattants a, dans l'ensemble, donné les résultats escomptés. La force de maintien de la paix est aujourd'hui déployée dans l'ensemble du pays et l'on prévoit la tenue d'élections en mai 1997. La FAO estime la production de riz, pour 1996, à environ 95 000 tonnes grâce à une amélioration de la sécurité dans les principales régions rizicoles et à une meilleure distribution des semences et des outils. Ce volume, très nettement supérieur à celui de 1995, ne représente néanmoins qu'environ 30 pour cent du niveau précédant les troubles civils.

La situation des approvisionnements alimentaires devrait demeurer difficile en 1997. La distribution d'aide alimentaire se poursuit, étant donné que le pays compte essentiellement sur cette aide pour combler ses besoins. Les régions les plus vulnérables sont situées dans les parties ouest et sud-est du pays. Les personnes déplacées de l'intérieur ainsi que les réfugiés qui se trouvent dans les pays voisins rentrent spontanément dans leurs foyers et reprennent leurs activités agricoles. Une récente évaluation des besoins indique qu'environ 10 000 familles vulnérables manquent d'intrants agricoles et que la production agricole de 1997 pourrait être entravée par une pénurie d'instruments légers, l'insuffisance des stocks de semences et le manque de temps accordé aux agriculteurs pour préparer la terre, notamment dans la région sud-est où la saison des pluies a déjà commencé.

Les programmes de relèvement permettent de distribuer des semences, des outils et des intrants agricoles aux plus vulnérables. Compte tenu de l'augmentation prévue de la population, qui devrait passer à 2 millions, par suite du retour partiel des personnes encore réfugiées dans les pays voisins, on estime à 115 000 tonnes les besoins d'aide céréalière pour 1997.

En Sierra Leone, l'agriculture se remet lentement des conséquences de la guerre civile qui a affecté le pays pendant les sept dernières années. Cependant, le pays continue d'être essentiellement tributaire de l'aide alimentaire. Grâce à la mise en oeuvre du processus de paix, des programmes d'assistance alimentaire destinés à la réinstallation des populations ont été lancés et plus de 500 000 personnes déplacées ont regagné leurs foyers, notamment dans les régions méridionales. Le rapatriement d'environ 200 000 réfugiés se trouvant encore dans la Guinée voisine et de 118 000 personnes réfugiées au Libéria devrait commencer au mois de juin. Cependant, la situation demeure instable dans les districts de Kailahun, de Moyamba Est et dans certaines parties de Tonkolili, où les combats n'ont pas complètement cessé.

La production de riz pour 1996 est estimée à 392 000 tonnes; ce niveau, supérieur à celui de 1995, ne représente toutefois qu'environ 70 pour cent du niveau précédant les troubles civils. La production de racines a également augmenté et atteindrait 328 000 tonnes. On estime à 260 000 tonnes les besoins d'importations céréalières pour 1997, dont 81 000 tonnes sous forme d'aide alimentaire.

Au Tchad, la récolte rentrée en 1996, estimée à 840 000 tonnes, est inférieure à la moyenne. La production a diminué, notamment dans la zone sahélienne. Les perspectives concernant les récoltes de contre-saison, principalement le berbere et le sorgho de décrue sont également médiocres, du fait de la réduction des emblavures et des faibles rendements. En outre, le niveau du lac Tchad ayant augmenté ces dernières années, les agriculteurs ont perdu certaines surfaces plantées en maïs et en blé dans les polders.

Du fait de cette récolte réduite, on s'attend à une situation alimentaire tendue en 1997, notamment dans la zone sahélienne où les prix des céréales sont déjà beaucoup plus élevés qu'au cours des années précédentes. En outre, la réserve alimentaire nationale, dont le niveau recommandé est de 22 000 tonnes, est complètement épuisée. Le Système national d'alerte rapide (SAPR) estime que les besoins des populations vulnérables de la zone sahélienne sont d'environ 19 500 tonnes de céréales, distribuées sur un semestre à partir de mars. Les populations les plus affectées se trouvent dans la préfecture de Biltine, qui subi sa deuxième année de sécheresse et d'attaques de ravageurs. Le gouvernement a fait livrer, dans la région, du sorgho vendu à des prix subventionnés. On prévoit également des difficultés d'approvisionnement alimentaire dans la préfecture de Batha, par suite des effets de la sécheresse sur les récoltes et des dégâts causés par les sauteriaux et les oiseaux granivores. Début décembre, le gouvernement a lancé un appel pour une aide extérieure de 50 000 tonnes de céréales. Cependant, le total des contributions actuelles n'est que de 2 000 tonnes et il faudra prévoir des contributions supplémentaires.

En Mauritanie, après plusieurs évaluations successives, on estime à présent la production céréalière de 1996 à 130 450 tonnes, dont 74 150 tonnes de riz et 56 300 tonnes de céréales secondaires. On met actuellement la dernière main à l'Enquête sur la production nationale.

La situation d'ensemble, pour ce qui est des approvisionnements supplémentaires, devrait être tendue pour les populations affectées par une mauvaise récolte dans les régions d'agriculture non irriguée, notamment dans les régions de Brakna, Gorgo et Tagant. Le prix des céréales est nettement plus élevé que pour les périodes correspondantes des années précédentes, et l'on observe des taux de malnutrition très élevés dans de nombreuses régions affectées. Une opération de secours approuvée conjointement par le Directeur général de la FAO et le Directeur exécutif du PAM, permettra de couvrir les besoins de quelque 200 000 personnes affectées. Le gouvernement a également amorcé des distributions alimentaires dans les wilayas de Nouakchott et de Nouadhibou, ainsi que dans d'autres wilayas non couvertes par l'opération. Une aide alimentaire est également distribuées aux réfugiés Tuaregs dans un camp situé dans l'est du pays.

Au Niger, une récolte céréalière nationale supérieure à la moyenne a été réalisée en 1996; elle a été estimée à 2,3 millions de tonnes, sous réserve de confirmation ultérieure. Cependant, malgré cette bonne récolte d'ensemble, les approvisionnements alimentaires sont tendus dans plusieurs régions où l'on a rentré de mauvaises récoltes, dont certaines pour la deuxième année consécutive. Selon le Système national d'alerte rapide, neuf arrondissements, ceux de Ouallam, Tahoua, Tanout, Tchintabaraden, N'guigmi, Arlit, Tchirozerine, Bilma et Agadez, sont particulièrement vulnérables. Vingt-quatre autres arrondissements sont également classés comme moyennement vulnérables et doivent être suivis de près. La situation est particulièrement préoccupante dans la région de Tanout et dans le département de Zinder, où l'on a observé des mouvements substantiels de populations. Les prix des céréales sont beaucoup plus élevés que l'an dernier à la même époque et les céréales manquent parfois sur les marchés.

La situation varie considérablement dans les villages, mais une aide s'impose d'urgence dans l'arrondissement de Tanout et dans les régions voisines de l'arrondissement de Dakoro. Il faut également prévoir une assistance dans les zones urbaines où se sont concentrés les migrants provenant des régions touchées, notamment à Zinder. En outre, la Réserve alimentaire nationale est pratiquement épuisée. En décembre, le gouvernement a lancé un appel pour une aide extérieure se montant à 118 000 tonnes de céréales. Mi-avril, environ 40 000 tonnes de céréales avaient été promises par différents donateurs, sous forme d'achats locaux, d'achats dans les pays étrangers ou d'importations.



BONNE RECOLTE EN PERSPECTIVE EN AFRIQUE AUSTRALE EN DEPIT DES DEGATS CAUSES PAR LES INONDATIONS DANS CERTAINES REGIONS

Les perspectives sont généralement favorables pour la récolte de céréales secondaires 1996/97, qui devrait commencer au cours des prochaines semaines. En dépit d'un démarrage relativement tardif des pluies dans plusieurs régions et du temps sec enregistré durant certaines périodes de la campagne, les précipitations ont jusqu'ici été généralement abondantes, voire excessives dans plusieurs régions productrices. En Angola, au Botswana, au Lesotho, en Namibie et au Swaziland, on prévoit une nouvelle année de bonnes récoltes, sous réserve de la poursuite des conditions favorables jusqu'à la fin du mois d'avril. Au Malawi, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe, les pluies modérées ou intenses observées de façon ininterrompue en janvier et février ont entraîné des crues importantes des cours d'eau, forçant les populations à se déplacer et causant dégâts matériels et pertes de récolte. Compte tenu de l'engorgement des sols signalée dans plusieurs provinces, les rendements agricoles risquent d'en être affectés. Ces conditions défavorables pourraient également réduire la récolte de maïs exceptionnelle attendue en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe.

A Madagascar, les perspectives sont généralement favorables pour la récolte de riz de 1997, même si les cyclones qui ont sévi en janvier et en février ont entraîné des pertes localisées de récolte. Signalons toutefois qu'une récente invasion de criquets nomades dans les régions méridionales risque d'affecter les récoltes, à moins que des mesures immédiates ne soient prises avec l'aide de la communauté internationale.



UN SUPPLEMENT D'ENGAGEMENTS D'AIDE ALIMENTAIRE S'IMPOSE, AINSI QUE L'ACCELERATION DES LIVRAISONS

On s'attend à une réduction du volume des besoins en importations de céréales dans les pays d'Afrique subsaharienne pour la période 1996/97, du fait des récoltes généralement bonnes en Afrique occidentale et dans certaines parties de la Corne en 1996, ainsi que des perspectives favorables en Afrique australe. Les estimations du SMIAR pour la production de 1996 et les besoins en importations et en aide alimentaire pour 1996/97 sont résumées au tableau 2. Les besoins globaux en aide alimentaire de ces pays sont estimés, pour 1996/97, à environ 1,9 million de tonnes, à comparer au volume de 2,4 millions de tonnes de l'an dernier. Les contributions en aide alimentaire céréalière, pour 1996/97, se montent à 1,55 million de tonnes à la mi-avril, dont 780 000 tonnes seulement ont été livrées à ce jour. C'est pourquoi il y a lieu d'exhorter les donateurs à augmenter leurs contributions afin de couvrir les besoins encore non satisfaits de plusieurs pays et d'accélérer la livraison des contributions déjà promises.



 

DOSSIER SPECIAL: Le Programme spécial de la FAO: Production alimentaire à l'appui de la sécurité alimentaire dans les pays à faible revenu et à déficit alimentaire (PFRDA)

 [ Les PFRDA sont les pays dont le revenu par habitant correspond au niveau ouvrant droit, selon les critères de la Banque mondiale, aux prêts au titre de l'AID, et présentant une balance commerciale négative en matière de céréales lorsqu'on établit la moyenne des cinq années précédentes.] 

Le contexte 

Les tendances observées dans de nombreux pays à faible revenu et à déficit alimentaire indiquent que, depuis les années 70, la production alimentaire ne réussit pas à suivre l'évolution des besoins d'une population croissante. Il s'ensuit une augmentation marquée des importations commerciales ainsi qu'un déclin de la consommation alimentaire moyenne par habitant dans la plupart de ces pays. En outre, du fait des obligations liées au service de la dette et des difficultés de balance des paiements, ces pays ont du mal à importer des denrées alimentaires disponibles sur le marché mondial, tandis que l'on s'entend pour reconnaître les carences de l'aide alimentaire comme solution durable aux problèmes chroniques d'approvisionnement alimentaire. 

Avec la poursuite de la croissance démographique, la disponibilité de superficies arables par habitant est vouée à décroître encore. C'est pourquoi, si l'on veut répondre aux besoins alimentaires croissants à partir d'un patrimoine foncier en diminution, il importe d'intensifier la production agricole. "L'agriculture doit relever ce défi, en premier lieu en intensifiant la production sur les terres déjà exploitées, et en évitant de nouveaux empiétements sur des terres ne convenant que marginalement à la mise en culture". (Programme Action 21, chapitre 14.1) [ Ce programme s'appuie sur le programme Action 21 adopté à l'unanimité par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUCED) à Rio de Janeiro en 1992.] . L'intensification de la production agricole a les meilleures chances de réussir sur les terres dont l'exploitation se fait déjà au moyen de techniques permettant une production durable, ou sur lesquelles les méthodes modernes peuvent aider à concilier durabilité et production plus intensive. 

Le Programme spécial de la FAO pour la sécurité alimentaire (PSPA) est une initiative approuvée à l'unanimité à la cent sixième session du Conseil de la FAO, en mai et juin 1994, pour faire face au défi à peine évoqué. Le PSPA, qui privilégie les PFRDA, est un programme axé sur l'action visant à augmenter rapidement la disponibilité alimentaire au niveau des pays, de stabiliser la production vivrière et de créer des emplois et des revenus dans le secteur agricole comme dans d'autres secteurs, de manière à endiguer l'incidence croissante de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition. Le programme intéressera tous les PFRDA, actuellement au nombre de 82, dont 41 en Afrique subsaharienne. 

Le PSPA sera un véhicule essentiel de la mise en oeuvre du Programme d'action du Sommet mondial de l'alimentation en matière de sécurité alimentaire dans les PFRDA aux niveaux individuel, familial et national. 

La mise en oeuvre du programme se fera en deux phases, à savoir une phase pilote, d'une durée de trois ans en général, suivie d'une phase d'expansion. 

La phase pilote, constituée de quatre volets solidaires et complémentaires, est programmée et mise en oeuvre par les gouvernements et par les communautés rurales concernées, grâce à la mobilisation et à la formation de personnel local et à l'approvisionnement en semences, outils et équipements dans le cadre de la participation populaire et d'activités de promotion de l'égalité des sexes. L'assistance technique et financière proviendra de sources nationales aussi bien qu'internationales. Les quatre volets sont les suivants: 

i) collecte de l'eau sur petite échelle, systèmes d'irrigation et de drainage mettant à profit les précipitations, les écoulements d'eau, les petits cours d'eau, les nappes phréatiques, etc.; mise en valeur des terres agricoles en vue de préserver la production contre les fluctuations climatiques; 

ii) utilisation plus intensive des systèmes de production végétale durable grâce au transfert des technologies appropriées et accessibles à tous, y compris l'utilisation efficace de variétés à haut rendement, de systèmes intégrés de nutrition végétale, de gestion intégrée des ravageurs et de techniques appropriées de manutention post-récolte, d'entreposage et de transformation, associés à des programmes adéquats de commercialisation et de crédit. L'objet de ces activités doit être, entre autres, de favoriser la création de revenus par la valeur ajoutée; 

iii) diversification de la production, notamment par le biais de l'aquaculture, de l'élevage des petits animaux et des cultures forestières. Il faudra, dans ce cas également, accorder une attention particulière aux activités post-production pertinentes afin de promouvoir la création de revenus par la valeur ajoutée; 

iv) analyse des obstacles à la sécurité alimentaire. Une attention particulière sera accordée à l'analyse des obstacles d'ordre socio-économique à l'extension de la phase pilote, en fonction du sexe ou de l'appartenance à des groupes spécifiques. Cette analyse visera en particulier à identifier les entraves à la rentabilité au niveau de l'exploitation agricole et à l'accès aux technologies, aux terres, aux intrants, aux techniques d'entreposage, de commercialisation, de transformation et de crédit, ainsi qu'une évaluation des potentiels institutionnels et humains permettant de gérer des systèmes de production durable. L'analyse comportera également un volet d'évaluation de l'incidence écologique de la phase d'expansion. Cette analyse se poursuivra tout au long du processus, non pas comme activité distincte mais comme partie intégrante de chacun des trois volets décrits ci-dessus. 

La phase d'expansion se compose de deux volets: 

i) un programme d'initiatives portant sur la sécurité alimentaire et sur le secteur agricole, destiné à écarter les entraves socio-économiques agissant au niveau macro et à offrir un cadre favorable à la production, à la transformation, à la commercialisation et aux échanges de denrées agricoles de même qu'à l'accès aux produits alimentaires; 

ii) un volet d'investissements agricoles sur trois ans, révisé annuellement et destiné à surmonter les barrières physiques, y compris l'infrastructure, et à intensifier le financement privé et public des activités et des services du secteur agricole. 

On voit donc que ce Programme spécial ne se limite pas à agir sur la productivité, la production et l'instabilité des approvisionnements, mais qu'il porte également sur les échanges et l'accès à la production alimentaire et les autres aspects de la sécurité alimentaire. Cependant, en l'absence d'une augmentation stable de la production parallèlement à celle de la demande, on risque de voir apparaître des pénuries nécessitant le recours à des importations coûteuses, ce qui rendrait l'accès à la nourriture plus difficile, notamment pour les catégories pauvres et vulnérables. 
 
 
Point de la situation 

Le PSPA est en cours d'application dans 18 pays. Cependant, compte tenu des résultats généralement positifs et de la disponibilité de nouvelles ressources, il est maintenant étendu à de nouveaux pays. Nous présentons, ci-dessous, les principaux résultats du Programme spécial dans les dix pays d'Afrique subsaharienne qui en ont été les premiers bénéficiaires: 

Burkina Faso: En 1990, le gouvernement a inclus la sécurité alimentaire parmi ses trois principaux objectifs lors de la formulation de son programme d'adaptation agricole. C'est ainsi qu'il fut décidé d'élaborer des programmes prioritaires et des mesures spécifiques à l'intention du secteur céréalier, notamment le riz et le maïs. En 1994, l'accent a été mis sur la nécessité d'augmenter la production rizicole grâce aux cultures irriguées et à l'exploitation des Basse-Terre, et à l'introduction de riz de culture non irriguée là où cela était possible. C'est dans ce contexte que le PSPA a été élaboré. La phase pilote du PSPA a été lancée en janvier 1995 dans les régions de Comoé, des Hauts bassins et de Mouhoun, avec comme cultures cibles le riz et le maïs. Le rendement du riz irrigué, pour 1996/97, se situe entre 5 et 6,6 tonnes/ha, soit moins que l'objectif fixé de 7 tonnes/ha. Une comparaison, effectuée sur un des sites seulement, fait état d'une augmentation d'environ 20 pour cent sur les parcelles de démonstration, relativement au groupe témoin. Le rendement du riz de culture non irriguée a doublé en 1996/97, par comparaison avec les 2,4 tonnes/ha de 1995/96. 

Erythrée: Le renforcement de la sécurité alimentaire en Erythrée nécessite une augmentation généralisée de la production alimentaire destinée à être consommée ou échangée localement; il ne s'agit donc pas d'augmenter seulement les excédents pouvant être vendus dans les zones urbaines. A long terme, l'obstacle le plus important à une augmentation de la croissance agricole tient peut-être au climat aride et variable du pays. C'est pourquoi les programmes destinés à réduire la vulnérabilité de l'agriculture à la sécheresse joueront un rôle déterminant. Les objectifs du PSPA vont dans le même sens que la politique et la stratégie du gouvernement en matière de sécurité alimentaire, qui visent à augmenter la sécurité alimentaire au niveau national en intensifiant la production de denrées de base destinées à la consommation des ménages ainsi que celle des produits agricoles à forte valeur destinés à l'exportation. La phase pilote du PSPA est entrée en oeuvre en juillet 1995 dans trois zones agro-écologiques: les Hautes-terres centrales, les Basses-terres de l'ouest et les Basses-terres de l'est. Les cultures cibles sont le teff, le blé, le sorgho, l'orge et le sésame. En 1995/96, année de sécheresse, les parcelles pilotes ont généralement obtenu de meilleurs résultats que les autres parcelles locales. Cependant, les résultats n'étaient pas économiquement rentables. Les résultats préliminaires de la campagne 1996/97 sont très positifs, avec des augmentations de rendement d'au moins 100 pour cent. 

Ethiopie: L'insécurité alimentaire et la malnutrition sévissent dans une grande partie de l'Ethiopie. On estime qu'au moins 50 pour cent de la population connaît la précarité alimentaire, dont 75 pour cent pour les pauvres des campagnes et 25 pour cent pour les pauvres des villes. L'insécurité alimentaire transitoire est plus répandue dans les zones exposées à la sécheresse, même parmi les agriculteurs relativement aisés et parmi les pasteurs. Le PSPA s'inscrit dans le cadre de la stratégie gouvernementale d'industrialisation mue par le développement agricole, qui vise à utiliser le secteur agricole comme tremplin du développement socio-économique général. Cette stratégie est en outre centrée sur l'amélioration de la productivité des petits exploitants agricoles et la poursuite de l'objectif d'autonomie alimentaire à moyen terme pour le pays. La phase pilote du PSPA a commencé en janvier 1995 dans les districts de Wofla, Habra et Gonder Zuria. Les récoltes cibles sont le teff, le blé, le maïs et le sorgho. En 1995/96, les rendements ont généralement plus que doublé dans les zones de démonstration, avec, en moyenne, un rapport valeur/coût (VCR) d'environ 2,42 relativement aux parcelles voisines exploitées selon les méthodes traditionnelles; de ce fait, le revenu net des agriculteurs participant à l'expérience a généralement doublé. 

Guinée: Le PSPA est conforme aux objectifs de la stratégie, fixés en matière de développement agricole par la Lettre sur la politique de développement agricole (LPDA). Dans ce document, il est déclaré que la réduction des importations de riz, par le biais de la restauration de la production rizicole locale, est l'un des piliers de la sécurité alimentaire nationale ainsi que le moyen le plus sûr d'optimiser les revenus agricoles et de restaurer l'équilibre de la balance des paiements. Une nouvelle LPDA, la LPDA 2, est en cours d'élaboration; on y évoque de façon spécifique le PSPA. Ce dernier est entré en vigueur en mai 1995 dans les régions de Guinée Maritime et de Haute Guinée. La récolte cible est le riz. La production de la récolte 1995/96 a connu une augmentation de rendement allant de 71 à 146 pour cent relativement à 1994/95. Une analyse coût/bénéfice conduite parallèlement a donné des résultats positifs. Quant aux résultats de la récolte de 1996/97, aujourd'hui achevée, ils ne sont pas encore parvenus. 

Kenya: L'économie continue d'être dominée par le secteur agricole, qui représente 30 pour cent du PNB, emploie 78 pour cent de la main-d'oeuvre et compte pour plus de 60 pour cent de la valeur des exportations. La production alimentaire n'a pas suivi le rythme de la croissance démographique, si bien que la production céréalière par personne représente la moitié de celle d'il y a 20 ans. Près de 40 pour cent de la population souffre de sous-nutrition chronique, et 46 pour cent des familles rurales vivent en-deçà du seuil de pauvreté. Compte tenu du taux de croissance démographique élevé (plus de 3 pour cent par an), les projections jusqu'à l'an 2010 indiquent qu'il faudra augmenter de façon substantielle la production alimentaire par habitant si l'on veut éviter le creusement du déficit. Il existe une convergence d'ensemble entre les politiques gouvernementales concernant la sécurité alimentaire aux niveaux national et familial et l'approche adoptée par le Programme spécial. Le PSPA est entré en vigueur en janvier 1995; amorcé dans la région ouest, il a été progressivement élargi aux régions centrales et côtières pour les éléments non irrigués basés sur la culture du soja et du maïs, de même que pour un module d'irrigation dans les régions est et côtières. On ne dispose pas encore de résultats chiffrés pour le maïs, étant donné que la première campagne faisant appel à la pleine participation des agriculteurs devrait commencer en mars 1997. En ce qui concerne le soja, les résultats obtenus ont été satisfaisants. 

Mauritanie: Le PSPA est pleinement en accord avec la stratégie du gouvernement en matière de sécurité alimentaire, laquelle prévoit la remise en état des systèmes d'irrigation et une meilleure exploitation de l'eau afin d'augmenter la production de riz, de sorgho et de maïs. La phase pilote du PSPA a commencé en juin 1995 dans le Traza (Vallée du Sénégal) et le Gorgol; le Brakna a été ajouté pour l'agriculture irriguée. Les récoltes cibles sont le riz (irrigué), les légumes, le maïs de décrue et le sorgho. Dans les parcelles de démonstration, on a enregistré une augmentation de la production de riz allant de 24 à 32 pour cent relativement aux parcelles témoins avec, en moyenne, un rendement atteignant jusqu'à 7 tonnes/ha. L'analyse coût/bénéfice, qui a porté exclusivement sur les engrais, semble positive. 

Niger: Le PSPA est en harmonie avec la politique gouvernementale de sécurité alimentaire à l'échelle nationale, qui s'appuie sur une approche et des composantes participatives. La phase pilote a commencé en mai 1995 dans les départements de Tillaberi et Maradi. Les récoltes cibles sont le mil, le sorgho, le riz et les légumes. En 1995, les zones de culture non irriguée ont donné des résultats négatifs, en raison de la sécheresse qui a sévi cette année. Les résultats concernant les zones de culture non irriguée pour 1996 font état d'une augmentation de 30 à 60 pour cent sur les parcelles de démonstration, relativement aux parcelles témoins. 

Sénégal: Le PSPA est conforme à la politique de développement agricole du gouvernement, qui accorde la priorité à l'amélioration de la sécurité alimentaire. Cette politique accorde la priorité à l'amélioration des systèmes d'irrigation, la promotion de l'agriculture non irriguée et un renforcement de la production de viande et de lait, selon une approche participative. La phase pilote du PSPA a démarré en juin 1995 dans les régions de Casamance et du fleuve Sénégal. Les récoltes cibles sont le riz, le mil, le sorgho et le maïs. En 1995/96, les rendements rizicoles dans les parcelles pilotes de la vallée du fleuve Sénégal allaient de 4,2 à 6,7 tonnes/ha. Dans les vallées intérieures de Kourouck, Sounaye et Banny de Casamance, les rendements variaient de 1,1 à 1,9 tonne/ha. Cependant, certains agriculteurs de Kourouck ont obtenu des rendements atteignant 4,5 tonnes/ha. 

Tanzanie: La sécurité alimentaire continue de poser un grave problème dans les régions souffrant d'un déficit vivrier chronique. On estime que 51 pour cent de la population vit en-deça du seuil de pauvreté, principalement dans les villages ruraux. Le PSPA a été conçu pour s'inscrire dans le cadre général du programme national tanzanien de sécurité alimentaire globale (CFSP). La phase pilote du PSPA est entrée en opération en juillet 1995 dans les régions de Dodoma et de Morogoro. Les récoltes cibles sont le maïs et le riz. Les résultats obtenus indiquent que, relativement à 1994/95, la production de riz pour la campagne 1995/96 a enregistré, sur les parcelles pilotes, un doublement de la production du riz et plus d'un doublement de la production de maïs. 

Zambie: Le programme d’investissement dans le secteur agricole (ASIP) de la Zambie est le premier d’une série de programmes quadriennaux visant à mettre en oeuvre les objectifs gouvernementaux à moyen et à long terme d’amélioration de la sécurité alimentaire nationale et familiale. Le PSPA sera mis en oeuvre dans le cadre de l’ASIP. La phase pilote du PSPA a commencé en août 1995 dans les districts Kalomo et Kaoma. Les récoltes 

cibles sont le maïs, le mil, les légumes et le manioc. Des études portant sur les budgets des exploitations agricoles sont en cours dans tous les secteurs pilotes. Cependant, les résultats de la campagne 1995/96 indiquent que les rendements varient considérablement sur les sites de démonstration, pour le maïs (de 1,2 à 7,4 tonnes/ha) comme pour le mil (de 0,024 à 1,2 tonne/ha). 

La mise en oeuvre du Programme spécial devrait être élargie, en 1997, à un certain nombre d’autres pays: Angola, Mali et Mozambique. L'élaboration du programme a été entamée pour Madagascar et devrait l'être également pour un grand nombre d'autres pays. 

Mécanismes de financement 

Le Programme spécial a démarré en 1994/95 avec un modeste budget destiné à "amorcer la pompe" alloué à partir du Programme ordinaire de la FAO. A mesure que se présentent de nouvelles sources de financement extérieures ou nationales, les soutiens au programme se diversifient: gouvernements participants, FAO et donateurs. C'est ainsi qu'un certain nombre de donateurs bilatéraux et multilatéraux apportent déjà leur soutien au Programme spécial. Certaines institutions financières internationales ont exprimé un intérêt à l'égard d'un partenariat dans le cadre duquel la FAO fournirait le savoir-faire technique et leur laisserait la direction des aspects liés aux questions socio-économiques et aux investissements. C'est dans ce cadre qu'ont été signés des protocoles d'accord avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Des contacts ont également été établis avec la Banque islamique de développement et des pourparlers sont prévus avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d'investissement et le Fonds européen de développement. Par ailleurs, un certain nombre de donateurs bilatéraux (dont l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas, le Canada, l'Espagne, la France et le Japon) soutiennent déjà le programme ou devraient commencer à le faire sous peu; cependant, d'autres appuis sont nécessaires. L'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) est le premier organisme membre du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) à avoir décidé de participer au Programme spécial, notamment à l'étude sur les barrières d'ordre socio-économique. 

En outre, une initiative de Coopération Sud-Sud a été lancée dans le cadre du PSPA. En vertu des dispositions prises à cette occasion, un grand nombre d'experts (près d'une centaine) sont détachés par un pays en développement avancé auprès d'un autre pays en développement afin de travailler, pendant une période de deux ou trois ans, avec des agriculteurs et des communautés rurales participant au PSPA, afin de créer la masse critique permettant d'obtenir l'impact souhaité. 

Cette coopération est déjà amorcée dans certains pays, notamment en Ethiopie, qui tient des pourparlers avec la Chine afin de mettre au point une coopération en vertu de laquelle la Chine fournirait à l'Ethiopie un nombre élevé d'experts en irrigation, de même qu'au Sénégal, où l'on attend la venue de 52 experts vietnamiens. Les neuf premiers experts vietnamiens sont déjà arrivés au Sénégal, et on en attend 34 autres au cours du premier trimestre de 1997. L'Inde et le Maroc se sont également déclarés intéressés par une participation à cette initiative. 

 

DE NOUVEAUX DEFIS POUR LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

La situation humanitaire dans la région des Grands Lacs reste préoccupante et constitue un défi de taille pour la communauté internationale, notamment dans l'est du Zaïre où un grand nombre de réfugiés rwandais meurent actuellement de faim et de maladies. Au Burundi, au Libéria, au Rwanda et en Sierra Leone, la situation alimentaire continue d'être précaire, alors qu'elle est devenue incertaine dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est. Il y a lieu d'attirer l'attention de la communauté internationale sur les quatre secteurs suivants, pour lesquels une assistance est nécessaire:
 
  • Premièrement, ne ménager aucun effort pour atténuer les souffrances extrêmes des réfugiés rwandais de l'est du Zaïre.

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  • Deuxièmement, compte tenu de la situation précaire des approvisionnements alimentaires au Kenya, en Somalie, en Tanzanie et en Ouganda, par suite de la récente sécheresse, il est nécessaire de prévoir des plans d'urgence afin de se prémunir contre un éventuel désastre dans le cas où les pluies principales, dont la saison est déjà entamée ou commence à peine, devraient se révéler insuffisantes pour assurer une production alimentaire normale.

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  • Troisièmement, il y a lieu de poursuivre les secours vivriers à l'intention des populations affectées du Burundi, du Rwanda, du Libéria et de la Sierra Leone, qu'il s'agisse des réfugiés, des personnes déplacées de l'intérieur ou des autres groupes vulnérables.

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  • Quatrièmement, l'appui des donateurs est nécessaire pour le Programme spécial de la FAO: Production alimentaire à l'appui de la sécurité alimentaire, notamment en Afrique. Cette aide permettra aux pays à faible revenu et à déficit alimentaire de la région d'améliorer leur sécurité alimentaire en augmentant et en stabilisant leur production alimentaire. 
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