SIERRA LEONE* (17 juin)

Les récents troubles politiques en Sierra Leone risquent d’aggraver la situation déjà précaire de la sécurité alimentaire dans le pays et ont anéanti l’optimisme et l’espoir d’un redressement rapide que le processus de paix avait fait naître. Depuis ces troubles, la situation reste très instable, les agents de l’aide internationale ont été évacués et les projets de reconstruction ont été interrompus. Près de 20 000 personnes ont fui vers les pays voisins, principalement la Guinée et la Gambie. Le rapatriement des réfugiés sierra-léoniens se trouvant dans les pays voisins a cessé.

La situation des approvisionnements alimentaires est tendue dans les villes principales. Le prix du riz a triplé à Freetown et les approvisionnements en vivres et en eau se dégradent. Un cinquième seulement des boutiques et des marchés ont réouvert depuis les troubles. Les institutions humanitaires prévoient de commencer des distributions limitées de vivres aux populations vulnérables de Freetown, Bo, Kenema et Makeni. Des opérations transfrontières à partir de la Côte d’Ivoire ou de la Guinée sont également envisagées pour apporter des vivres aux personnes affectées des zones rurales. Malgré le pillage, on signale que 21 000 tonnes de vivres de secours seraient disponibles dans le pays. A la fin de 1996, une mission FAO/PAM d’évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires a estimé la production de paddy à environ 391 000 tonnes, soit 10 pour cent de plus que l’année précédente. La production de plantes racines a également été estimée en hausse avec 328 000 tonnes, soit 7 pour cent de plus que l’année précédente. Les besoins d’importations céréalières pour 1997 ont été estimés à 260 000 tonnes et les besoins d’aide alimentaire à 80 000 tonnes. On a estimé à 60 500 tonnes l’aide alimentaire céréalière nécessaire aux activités de réinstallation et de reconstruction mises en place par le PAM et le Secours catholique. Du fait des troubles actuels, les besoins d’importations et d’aide alimentaires vont considérablement augmenter.

L’insécurité entrave gravement les activités agricoles, notamment les semis des récoltes principales qui ont lieu normalement d’avril à juin. Les pluies sont arrivées début avril dans le centre et l’est. Les précipitations ont augmenté et sont devenues abondantes sur l’ensemble du pays début mai, permettant les semis de riz et la préparation du sol pour le mil, le sorgho et le maïs. Toutefois, les combats et l’insécurité qui en découle, vont compromettre la production vivrière de 1997. Contrairement aux dernières prévisions, établies après le retour de la paix, les surfaces ensemencées vont probablement fortement diminuer car certains agriculteurs abandonneront leurs exploitations tandis que d’autres seront peu enclins à augmenter les superficies cultivées. En ce qui concerne le riz, qui est la céréale principale, les lits de semis ont déjà été plantés mais le repiquage reste encore à faire. Pour le mil et le sorgho, la préparation du sol était en cours et les semis sur le point de commencer. Pour ce qui est du manioc, l’incidence pourrait être moins lourde car celui-ci peut rester dans le sol. Pour toutes les récoltes déjà plantées, la baisse de l’activité dans les champs pendant la période de croissance se traduira par une diminution des rendements. L’insécurité entravera également la distribution des intrants. Ainsi, malgré les programmes de relèvement qui ont été mis en oeuvre jusqu’à la mi-mai, les perpectives concernant la production vivrière de 1997 se sont dégradées et le pays restera largement tributaire de l’aide alimentaire pour couvrir ses besoins de consommation. La situation sera suivie de très près par le FAO/SMIAR.