SOMALIE* (10 juin)

En dépit des conditions de croissance favorables jusqu’à présent pour les cultures de la campagne “Gu” de 1997, dues à des pluies abondantes tombées depuis la fin mars, les semis et la productivité des cultures céréalières devraient demeurer limités en raison des pénuries et des prix élevés des semences et d’autres intrants agricoles, ainsi que des effets négatifs de la poursuite des troubles civils.

La situation alimentaire du pays se détériore rapidement compte tenu de la récolte réduite de la campagne “Der” ayant souffert de la sécheresse et des conflits civils persistants. La récolte “Gu” rentrée en septembre dernier a été également réduite et la production céréalière totale de 1996/97 est estimée à environ la moitié du niveau d’avant la guerre. Les prix des céréales qui baissent normalement après la récolte, ont augmenté sensiblement depuis septembre. Au 1er mai, le prix du sorgho avait quadruplé par rapport à son niveau de septembre et, à 4000 shillings somali le kg (550 dollars E.U. la tonne), reste nettement supérieur aux cours internationaux et n’est pas à la portée d’une grande partie de la population. En revanche, l’accroissement des ventes de bétail dû aux pénuries d’eau et de fourrage ont causé un recul appréciable de son prix. Des mouvements de population, principalement des régions de Bay et de Bakool vers la vallée de Juba, Mogadiscio et la frontière kénienne, en quête de nourriture et d’activités rémunératrices, se poursuivent. L’incidence de la malnutrition infantile s’est aggravée considérablement depuis février, en particulier dans les régions de Baidoa et Bay. D’après les indications, l’état nutritionnel est alarmant dans les zones d’installation des personnes déplacées dans la ville de Baidoa, des personnes venant des villages dans le district de Dinsor, ainsi que des populations locales dans les districts de Qansaxdhere et Berdale. La malnutrition serait également en hausse à Mogadiscio et Kisimayo; l’accès à la nourriture est limité pour la majorité de la population appauvrie par les conflits civils persistants qui ont gravement désorganisé l’économie. En dépit des pluies abondantes tombées dans les zones d’élevage depuis la fin mars, qui ont fait du bien aux pâturages et de l’amélioration progressive de la situation alimentaire, il y a un besoin pressant d’une aide alimentaire d’urgence dans les zones agricoles les plus touchées.

Compte tenu de la mauvaise récolte “Der” de 1997, les besoins d’importations céréalières pour la campagne de commercialisation 1996/97 se terminant en août sont estimés à 256 000 tonnes. Les importations commerciales devraient se chiffrer à 170 000 tonnes et les besoins d’aide alimentaire à 86 000 tonnes. L’aide alimentaire reçue dans le pays à la fin mai s’élevait à seulement 21 000 tonnes de céréales dont une petite partie a déjà été distribuée. La distribution de l’aide alimentaire continue à être entravée par les conditions d’insécurité et, plus récemment, par le mauvais état des routes dû aux fortes pluies. Une aide substantielle des donateurs est requise, et notamment un soutien pour les opérations logistiques, afin de conjurer une nouvelle détérioration de la situation des disponibilités alimentaires avant la prochaine récolte “Gu” qui sera rentrée à partir de la fin du mois d’août.