PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL |
Devant une telle situation, une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Rwanda du 10 au 21 juin 1997, afin d'évaluer les perspectives de la seconde campagne 1997 (campagne B), les disponibilités vivrières et la situation de la sécurité alimentaire et les importations qui seront nécessaires durant le second semestre 1997, y compris l'aide alimentaire. Un observateur de la Direction du développement international du Gouvernement du Royaume Uni s'est joint à la mission. Avant l'arrivée de cette dernière, le Gouvernement du Rwanda et la FAO/PAM avaient effectué ensemble à travers tout le pays une étude préalable, afin d’efectuer une évaluation préliminaire de la campagne 1997 B. Cette étude fournissait également des informations sur la situation du bétail, selon les recommandations d'un séminaire réunissant fonctionnaires gouvernementaux et communauté des donateurs, organisé par la FAO. En même temps qu'elle s'inspirait des résultats de l'étude préalable, la mission a entrepris ses propres inspections sur le terrain, s'entretenant avec les agriculteurs et les fonctionnaires locaux, visitant les marchés, et consultant les organismes centraux du Gouvernement, les organisations internationales des Nations Unies, les donateurs bilatéraux et les ONG. Elle a également examiné les résultats d'études récentes sur la situation de la sécurité alimentaire des ménages, menées à bien dans un certain nombre de préfectures par les membres de la communauté des donateurs, y compris l'Union européenne, l'USAID et Save the Children Fund (R.U).
Les résultats obtenus par la mission indiquent une augmentation, par rapport à la même période l'année précédente, des superficies ensemencées pour la campagne 1997 B, sans que les terres cultivées aient retrouvé leur niveau d'avant la crise. Un certain nombre de facteurs a gêné l'expansion de ces terres, y compris l'arrivée et l'installation tardives dans leurs communes pour participer aux travaux préparatoires de la campagne B d'une grande partie des réfugiés, les différends opposant ces derniers et les occupants actuels pour la répartition des terres, le manque de main-d'oeuvre (aggravé en partie par des demandes liées à la réinstallation, comme la construction de logements), et la pénurie d'intrants, outils agricoles élémentaires et semences en particulier.
Les pluies tardives irrégulières un peu partout (est, sud et centre), excessives dans l'ensemble du pays, endommageant les légumineuses et les patates douces. Au total, la production vivrière devrait augmenter légèrement (six pour cent), par rapport à la même campagne l'année dernière: la production de céréales, de 17 pour cent, grâce aux résultats généralement bons obtenus par le sorgho (26 pour cent d'augmentation), celle des bananes, de 12 pour cent, tandis que la production de racines et tubercules resterait légèrement inférieure au niveau de la campagne 1996 B. Toutes les productions vivrières, excepté le blé et le paddy, demeurent bien inférieures aux niveaux d'avant la crise. Mais le résultat le plus préoccupant de l'étude effectuée par la mission est la forte baisse prévue de la production de légumineuses, principale source de protéines pour les habitants du Rwanda, qui serait inférieure de 25 pour cent à la campagne B l'an dernier. Prévision d'autant plus alarmante que les maigres résultats de la campagne 1997 A de moment culminant de la production des légumineuses, sont inférieurs de 12 pour cent aux niveaux de la campagne 1996 A, déjà touchés par une baisse de rendement due à la sécheresse dans certaines régions. Ce sont les préfectures de Kibuye, Gikongoro, Butare, Kigali Sud (région de Bugesera), et certaines communes au Gitamara, en particulier Murama, Masango Kikoma et Tambwe, qui sont les plus touchées par une situation vivrière précaire. Elles devront continuer à bénéficier de l'aide alimentaire et de la distribution d'intrants.
Les personnes obligées de recourir au marché pour satisfaire leurs besoins, totalement ou en partie, commencent à trouver qu'il est extrêmement difficile de se nourrir en raison de l’envolée des prix. Entre juin 1996 et juin 1997, les prix des légumineuses ont triplé, les prix du manioc ont doublé, ceux des patates douces ont plus que doublé, et les prix du sorgho et des pommes de terre ont augmenté de 45 à 65 pour cent. Ce sont les bananes dont les prix ont le moins grimpé (environ 30 pour cent). Avec la prochaine récolte de la campagne 1997 B les prix diminueront, tout en restant bien supérieurs aux niveaux comparables de l'année précédente.
Sur la base de ces informations, la mission estime à 4 000 tonnes de céréales et 72 000 tonnes de légumineuses, les besoins d'aide alimentaire -d’urgence et autres - durant la seconde moitié de l'année. Si l’on tient compte du déficit en racines et tubercules et de la part des bananes consommées comme nourriture (plutôt que sous forme de bière), on obtient une quantité supplémentaire de 103 000 tonnes d’équivalent céréales. A titre de comparaison, l'aide alimentaire totale durant le premier semestre 1997 s'est élevée à 110 000 tonnes environ.
Parmi les actions que la mission recommande d'entreprendre de toute
urgence, citons: i) le lancement immédiat d'un programme de distribution
d'intrants, -houes semences et matériel végétal en
temps utile pour les préparatifs de la campagne 1998 A, c'est-à-dire
en septembre, ainsi que pour la campagne 1998 B au coût de 16 millions
de dollars E.-U. environ; et ii) l'installation immédiate (d'ici
septembre 1997) d'un système d'alerte rapide, première mesure
de réorganisation du service de statistiques déficient du
Ministère de l'agriculture. Etant donné l'énorme déficit
en produits alimentaires de première nécessité prévu
d'ici la fin de l'année, la mission demande également de
gérer l'aide avec une grande prudence afin d'atteindre un double
objectif: empêcher que les ménages paysans n’utilisent leurs
semences pour la consommation alimentaire et éviter qu'une aide
alimentaire excessive ne décourage les semis pour la campagne 1998
A. La mission traite aussi des questions de réorganisation du secteur
agricole à moyen et long termes .
En 1986, l'agriculture couvrait 93 pour cent des besoins alimentaires (exprimés en énergie), de la population, mais en 1995, elle n'en couvrait plus que la moitié. La faiblesse des recettes d’exportation limite considérablement la capacité d’importation commerciale du Rwanda et le déficit vivrier doit être presque totalement couvert par l’aide alimentaire. Le secteur agricole connaît des contraintes structurelles, institutionnelles et économiques graves. Parmi ces difficultés, il faut citer une mauvaise gestion des ressources naturelles, y compris un système foncier qui contribue à la surexploitation et à la dégradation des terres agricoles, ainsi que des pratiques culturales traditionnelles donnant un rendement faible, une diversification et une régionalisation insuffisantes de la production. En dépit de l'énorme importance du secteur agricole dans l'économie du Rwanda, 4 pour cent seulement du budget ordinaire, et 10 pour cent des fonds consacrés aux projets de développement, sont affectés directement à la production agricole. La recherche et la vulgarisation agricoles sont limitées, et l’économie rurale dans son ensemble demeure largement orientée vers une agriculture de subsistance.
Les luttes civiles qui ont caractérisé la première partie de cette décennie, en particulier les événements de 1994, ont laissé leur marque sur l'économie agricole du Rwanda. En plus des tragiques pertes en vies humaines, deux millions de personnes environ ont été déplacées à l'intérieur du pays, ou ont cherché asile dans des pays voisins, abandonnant leurs terres et laissant l’infrastructure de production agricole institutionnelle pratiquement à l’abandon. Le sous-secteur de l’élevage a été presque entièrement détruit; les pertes se montent à: 80 pour centdes bovins, 90 pour cent pour les caprins et les ovins et 95 pour cent porcins, la volaille et les lapins. Les productions de café et de thé sont tombées à des niveaux sans précédent, et l’infrastructure de transformation est mise hors d'état de fonctionner. Le sous-secteur forestier a subi des pertes massives, qui ont eu comme conséquence la destruction complète de 15 000 hectares, tandis que 35 000 hectares étaient gravement endommagés.
La pauvreté et l'insécurité alimentaire affectent la population dans son ensemble, mais elles se révèlent particulièrement graves pour un noyau dur de 12 à 15 pour cent des ménages ruraux ("ménages vulnérables"). Ceux-ci se concentrent au sud-ouest du pays, c'est-à-dire dans les préfectures de Kibuye, Gikongoro et Butare, que caractérisent de hautes altitudes, des sols pauvres, et une densité de population élevée. On estime la malnutrition protéino-énergétiques, chez les enfants de moins de cinq ans, à 30 pour cent, pour la moyenne nationale, avec une incidence pouvant atteindre 37 et 64 pour cent à Gikongoro et Butare respectivement. Dans ce groupe d'âge, la moyenne nationale de malnutrition aiguë atteint environ 10 pour cent.
Actuellement, la politique du gouvernement s'efforce d'instaurer un cadre macro-économique favorable, d'augmenter la productivité de tous les secteurs de l'économie, de rétablir les capacités de gestion des secteurs public et privé, d'améliorer la situation de la population vulnérable, et de consolider le climat de sécurité, de paix et de justice. Dans le secteur de l'agriculture et de la sécurité alimentaire, les priorités concernent: i) l'intensification de la production grâce à une utilisation accrue des intrants; ii) la spécialisation régionale; iii) l'amélioration des cadres professionnels; iv) l'introduction d'innovations susceptibles d'aboutir à une diversification; v) l'augmentation des investissements destinés à l'aménagement des eaux; et vi) l'intégration de l'agriculture dans l'économie de marché.
Ces retours en masse, ainsi que le taux naturel de 3 pour cent par an de croissance démographique, ont fait passer la population nationale de 6,3 millions d’habitants en juin 1996 à 7,9 millions en juin 1997, soit une augmentation de 1,6 million d'individus, ou 25 pour cent en une année. Durant le second semestre, la population dépassera le chiffre de 8 millions d’habitants (tableau 1). Quatre-vingt pour cent de ces retours ont eu lieu en novembre (surtout à partir de la RDC), et décembre 1996 (à partir de la Tanzanie). Au moment de la mission FAO/PAM pour la campagne B en juin l'année dernière, une telle évolution aurait semblé tout à fait impensable.
Tableau 1: Evolution de la population entre janvier 1996 et décembre 1997
Date | Croissance naturelle | Réfugiés de retour | Population totale |
1er janvier 1996 | - | - | 6 193 000 |
31 mars 1996 | 46 448 | 42 575 | 6 282 023 |
30 juin 1996 | 47 115 | 12 232 | 6 341 370 |
30 septembre 1996 | 47 560 | 69 363 | 6 458 293 |
31 décembre 1996 | 48 437 | 1 175 412 | 7 682 142 |
31 mars 1997 | 57 616 | 82 780 | 7 822 538 |
30 juin 1997 | 58 669 | 98 284 | 7 979 491 |
30 septembre 1997 | 59 846 | 17 142 | 8 056 479 |
31décembre 1997 | 60 424 | 17 142 | 8 134 045 |
Notes Explicatives:
1. Population en janvier 1996: estimation officielle
du gouvernement. Source: République rwandaise - Position nationale
sur la sécurité alimentaire. Document présenté
à l'occasion du Sommet mondial de l'alimentation, Rome 13-17 novembre;
Kigali, septembre 1996.
2. Taux de croissance naturelle de la population: 3 pour
cent par an, ou 0,75 pour cent par trimestre
3. Réfugiés de retour entre janvier 1996
et mai 1997: chiffres fournis par le HCR; juin-décembre 1997, basés
sur l'estimation du HCR, de 40 000 réfugiés de retour au
total durant cette période (5 714 par mois).
Maintenant que 80-85 pour cent des "nouveaux" réfugiés sont revenus au Rwanda, les tendances de la population devraient se stabiliser à l'avenir selon le taux de croissance naturelle. Le HCR estime à 40 000 le nombre total de réfugiés revenus entre juin et décembre cette année. Parmi tous ceux qui ne sont pas rentrés, beaucoup pourraient être morts de faim et de maladie, ou au cours des violences de la guerre civile. Le gouvernement a demandé à ceux qui revenaient de rentrer dans leur commune d'origine, qui n'est pas nécessairement celle où ils vivaient avant d'émigrer. On disposera sous peu de données sur l’endroit où les réfugiés se sont inscrits, et l’incidence sur la population de chaque préfecture. Le tableau 2 présente une image approximative de la répartition géographique de la population, basée sur une estimation de la population totale en juin 1997, et une extrapolation de sa répartition au début de l'année.
Tableau 2: Répartition estimative de la population par préfecture, juin 1997 (milliers de personnes)
Préfecture | Population | Préfecture | Population |
Butare | 718 | Kibungo | 766 |
Byumba | 654 | Kibuye | 471 |
Cyangugu | 518 | Kigali | 1 420 |
Gikongoro | 503 | Ruhengeri | 870 |
Gisenyi | 894 | Umutara | 311 |
Gitarama | 854 | TOTAL | 7 979 |
Les réfugiés sont rentrés dans leur pays en passant
par un certain nombre de centres, dont les plus importants sont, par ordre
décroissant du nombre des individus, Gisenyi, Kibungo, Butare, Cyangugu
et, plus récemment, Kigali (grâce à un pont aérien).
Des camps de transit, d'où les réfugiés devaient repartir,
après un court séjour, vers leur commune d'origine, les accueillirent
et leur prêtèrent assistance. Après s'être fait
inscrire dans leurs communes, les réfugiés avaient droit
à une aide d'urgence, qui comprenait des rations alimentaires pour
six mois (voir ci-dessous la section concernant l'aide alimentaire d'urgence).
De retour au Rwanda, beaucoup d'entre eux trouvèrent les maisons,
dont ils s'étaient enfuis en 1994, occupées par ceux qui
étaient restés, ou par de nouveaux venus, restés en
exil jusqu'en 1994. Cette situation a parfois provoqué, entre résidents
et réfugiés de retour, des disputes sur l'occupation du territoire
qui ont gêné les cultures. D'un autre côté, on
peut citer des exemples, tels que la Préfecture de Kibungo, où
la terre semble avoir été équitablement partagée
entre les réfugiés de retour et les habitants qui avaient
pris leur place. Dans cette préfecture, qui compte actuellement
près de 750 000 habitants, 350 000 personnes sont des réfugiés
récemment revenus de la RDC ou de Tanzanie, en novembre et décembre
1996, auxquels s'ajoutent 150 000 "anciens" réfugiés, revenus
après plus de 30 années d'exil, à partir de la seconde
moitié de 1994. Ainsi, les deux-tiers environ de la population de
Kibungo se composent de réfugiésplus ou moins récents.
Ceci montre bien à quels terribles défis les préfectures
doivent faire face pour réinsérer les individus dans le système
productif, et relancer l'économie.
On estime à 1,93 million de tonnes la production vivrière totale de la campagne "A", ce qui représente une augmentation de huit pour cent par rapport à 1996, mais reste encore inférieur de 11 pour cent aux niveaux d'avant la crise (1989-1993). La production de céréales a atteint 93 700 tonnes (supérieure de 28 pour cent à celle de la campagne 1996 A), celle de légumineuses, 102 600 tonnes (en baisse de 12 pour cent), de bananes, 1,08 million de tonnes (2 pour cent d'augmentation), et de racines et tubercules, 657 100 tonnes (23 pour cent d'augmentation).
La mission estime que les superficies ensemencées ont encore augmenté par rapport aux campagnes 1996 B et 1997 A, confirmant ainsi la tendance de ces dernières années à un retour aux niveaux d'avant la crise, sans toutefois les atteindre. A cet égard, les préfectures de Gisenyi et Butare ont enrégistré les progrès les plus significatifs. Et en même temps, la préfecture de Butare reste, avec celles de Kibuye et Kibungo, l'une des préfectures qui a le plus haut pourcentage de terre en friche. Plusieurs facteurs ont ralenti l'expansion des superficies ensemencées, en particulier: i) l'arrivée et la réinsertion tardives par rapport au début des préparatifs de la campagne B, des réfugiés dans leurs communes d'origine; ii) les querelles à propos des terres entre réfugiés et agriculteurs déjà installés, qui ont parfois empêché de cultiver certaines parcelles, iii) la demande de main-d'oeuvre dans des secteurs liés à la réinsertion des réfugiés, tels que la construction de logements, et iv) le manque de semences, en particulier le manque de plants de pommes de terre et de manioc, ainsi que d'outils agricoles simples, comme des houes.
3.2.2 Rendements
Les pluies, arrivées tardivement, ont été irrégulières dans une bonne partie du pays (à l'est, au sud et au centre), et même excessives sur tout le Rwanda. L’excès de pluie a endommagé les racines des haricots et des patates douces et par conséquent les rendements diminueront. Les cultures de sorgho des terres humides ont également souffert. La mosaïque a sérieusement compromis les rendements de manioc, et il est probable que le mildiou réduira ceux de pommes de terre. Quant aux bananes, elles ont parfois été contaminées par le fusarium. Mais dans l'ensemble, les rendements de sorgho et de céréales devraient être bons, et c'est également vrai pour d'autres produits, comme l’igname, les pois, l’arachide et le soja.
3.2.3 Production
La production totale de la campagne 1997 B devrait atteindre 1,941 million de tonnes, ce qui représente une augmentation de six pour cent par rapport à la campagne 1996 B (tableau 3). Les céréales comptent pour presque 128 000 tonnes (en augmentation de 17 pour cent par rapport à la campagne 1996 B), les légumineuses, pour moins de 54 000 tonnes (en diminution de 26 pour cent), les bananes, pour 1,171 millions de tonnes (en augmentation de 12 pour cent), et les racines et tubercules, pour environ 589 000 tonnes (en baisse de 3 pour cent). Dans l'ensemble, et à l'exception du blé et du paddy, la production vivrière est nettement inférieure aux niveaux d'avant la crise (1990): en moyenne, la production de la campagne 1997 B est inférieure de 19 pour cent à celle de la même campagne en 1990 B.
Tableau 3: Rwanda - Production de cultures vivrières: prévisions pour la campagne 1997 B, comparée aux années précédentes (en milliers de tonnes)
TOTAL | 1990 B | 1996 B | 1997 B | 97/90 B (%) | 97/96 (%) |
Sorgho | 113 728 | 85 176 | 107 104 | 94 | 126 |
Maïs | 14 427 | 12 495 | 11 327 | 79 | 91 |
Blé | 4 738 | 5 614 | 4 897 | 103 | 87 |
Paddy | 3 934 | 5 496 | 4 305 | 109 | 78 |
TOTAL DES CEREALES | 136 827 | 108 780 | 127 633 | 93 | 117 |
Haricots | 68 899 | 60 347 | 43 515 | 63 | 72 |
Pois + A33 | 4 736 | 4 350 | 2 578 | 54 | 59 |
Arachides | 4 710 | 4 220 | 3 149 | 67 | 75 |
Soya | 12 890 | 3 302 | 4 279 | 33 | 130 |
TOTAL DES LEGUMINEUSES | 91 235 | 72 219 | 53 521 | 59 | 74 |
BANANES | 1 378 132 | 1 049 397 | 1 170 819 | 85 | 112 |
Pommes de terre | 136 101 | 96 381 | 96 125 | 71 | 100 |
Patates douces | 453 215 | 368 601 | 357 524 | 79 | 97 |
Taro et ignames | 61 666 | 39 384 | 46 916 | 76 | 119 |
Manioc | 128 239 | 102 638 | 88 294 | 69 | 86 |
TOTAL RACINES ET TUBERCULES | 779 221 | 607 004 | 588 859 | 76 | 97 |
TOTAL | 2 385 415 | 1 837 401 | 1 940 833 | 81 | 106 |
Etant donné le grand nombre des réfugiés rentrés cer derniers mois, la production par tête sera inférieure à celle de la campagne 1996 B pour toutes les cultures.
Le Tableau 4 présente des estimations détaillées de la production dans chaque préfecture.
Tableau 4: Rwanda: Production de cultures vivrières de la campagne 1997 B par préfecture (milliers de tonnes)
Culture/Préfectures | Butare | Byumba | Cyangugu | Gikongo | Gisenyi | Gitarama | Kibungo | Kibuye | Kigali | Ruhengeri | Umutara | Rwanda |
Sorgho | 11 642 | 30 640 | 233 | 2 877 | 433 | 5 496 | 13 424 | 2 143 | 28 063 | 3 740 | 8 440 | 107 104 |
Maïs | 221 | 1 251 | 253 | 114 | 4 559 | 284 | 467 | 460 | 1 869 | 1 294 | 554 | 11 327 |
Blé | 0 | 496 | 0 | 442 | 185 | 0 | 0 | 357 | 0 | 3 418 | 0 | 4 897 |
Paddy | 1 411 | 375 | 784 | 0 | 0 | 221 | 536 | 0 | 421 | 0 | 556 | 4 305 |
Haricots | 1 173 | 2 799 | 2 338 | 355 | 4 270 | 3 124 | 4 399 | 652 | 10 973 | 11 503 | 1 930 | 43 515 |
Pois | 86 | 277 | 168 | 79 | 465 | 227 | 64 | 659 | 93 | 311 | 151 | 2 578 |
Arachide | 140 | 373 | 43 | 2 | 25 | 1 450 | 128 | 0 | 911 | 0 | 77 | 3 149 |
Soja | 775 | 0 | 588 | 840 | 313 | 1 243 | 64 | 38 | 161 | 186 | 71 | 4 279 |
Bananes | 61 548 | 133 266 | 51 113 | 24 619 | 75 770 | 149 221 | 249 054 | 17 860 | 212 788 | 132 849 | 62 734 | 1 170 819 |
Pommes de terre | 387 | 1 991 | 612 | 1 716 | 34 065 | 1 259 | 751 | 2 625 | 2 080 | 49 213 | 1 427 | 96 125 |
Patates douces | 33 794 | 48 440 | 15 381 | 28 367 | 46 797 | 47 855 | 15 149 | 13 619 | 37 858 | 52 171 | 18 092 | 357 524 |
Taro et igname | 3 759 | 968 | 6 676 | 2 341 | 3 719 | 6 740 | 2 506 | 2 964 | 6 942 | 6 895 | 3 406 | 46 916 |
Manioc | 4 919 | 6 228 | 8 044 | 1 063 | 4 669 | 27 752 | 1 122 | 1 280 | 23 989 | 5 728 | 3 499 | 88 294 |
Sur la base des estimations actuelles des campagnes A et B de 1997, les données de la production agricole pour toute l’année comparées aux années précédentes figurent au tableau 5. La production agricole totale en 1997 devrait être supérieure de 7 pour cent à celle de 1996, mais en retrait de 18 pour cent par rapport à 1990. Le déficit de production de légumineuses est de 17 pour cent par rapport à l’an dernier et de 37 pour cent par rapport à 1990. La production de céréales devrait être nettement supérieure au niveau de l’an passé (+ 21 pour cent), tout en restant inférieure au résultat de 1990.
Tableau 5: Production vivrière annuelle, 1990-97 (en milliers de tonnes)
Culture | 1990 | 1991 | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 97/96 % | 97/90 % |
Bananes | 2 777 | 2 120 | 2 316 | 2 136 | 1 489 | 2 002 | 2 105 | 2 248 | 107 | 81 |
Légumineuses | 248 | 242 | 230 | 178 | 51 | 124 | 189 | 156 | 83 | 63 |
Céréales | 252 | 244 | 239 | 233 | 132 | 141 | 182 | 221 | 121 | 88 |
Racines et tubercules | 1 448 | 1 429 | 1 783 | 1 697 | 1207 | 881 | 1 144 | 1 246 | 109 | 86 |
TOTAL | 4 725 | 4 035 | 4 568 | 4 244 | 2 879 | 3 158 | 3 620 | 3 871 | 107 | 82 |
En général, les perspectives sont bonnes pour le sorgho et le maïs. Les rapatriés récents ont contribué à accroître les superficies ensemencées en patates douces et à améliorer l’état des bananeraies. En revanche, la pénurie d’intrants de base compromettra le résultat global de la campagne. La récolte totale de 1997 devrait être modeste du fait du manque d’intrants et des pluies excessives dans les régions les plus fertiles, ce qui entraînera un déficit important de denrées vivrières de base pour la préfecture. La situation alimentaire sera particulièrement difficile dans les communes aux sols relativement pauvres de Maraba, Huye, Runyinya, Nyabisindu, Ruhashya, Rusatira et Mbazi.
Le cheptel -bovins, ovins, caprins et petits animaux- demeure à des niveaux très réduits. Les agriculteurs voudraient reconstituer leurs stocks mais auraient besoin d’une aide au crédit et de fournitures améliorées de produits vétérinaires.
La situation de la sécurité alimentaire est particulièrement difficle pour les "ménages vulnérables" qui cultivent environ un quart d’hectare de terres essentiellement pauvres. Dans les zones défavorisées à forte densité de population, ces ménages représentent 30 à 40 pour cent de l’ensemble des ménages ruraux. Ils dépendent en grande partie de sources supplémentaires de revenus pour satisfaire leurs besoins alimentaires, et ils sont souvent obligés, pour chercher du travail, de migrer vers des zones moins peuplées, comme la Préfecture de Gikongoro.
Dans l’ensemble, la situation de la sécurité alimentaire demeure précaire. La Préfecture continue à avoir besoin d’une aide alimentaire, plutôt au titre de programmes de vivres-contre-travail que d’une distribution gratuite, qui permettraient de surmonter les graves problèmes logistiques que rencontrent les autorités locales dans la distribution. En outre, les programmes de fourniture d’intrants doivent être renforcés pour résoudre les pénuries considérables de la campagne B.
Les pluies sont arrivées tardivement vers la fin mars, mais ont été par la suite régulières et abondantes -voire excessives- avec de la grêle et des inondations qui ont endommagé les cultures dans les communes de Giti, Rutare, Kinyami et Kiyombe. Les fortes précipitations tombées dans toute la Préfecture réduiront les rendements en causant des maladies des racines pour les haricots et le mildiou de la pomme de terre. Le sorgho,qui est généralement semé en janvier, a eu du mal à démarrer à cause du retard des pluies dans tout l’est, mais s’est développé normalement dans les zones d’altitude. Les intrants ont connu une flambée des prix avec le retour des réfugiés. Les semences de qualité, les engrais, le fumier et les pesticides étaient insuffisants.
La situation de la sécurité alimentaire n’est pas alarmante, mais on prévoit d’importants déficits vivriers, en particulier compte tenu des prévisions de mauvaise récolte pour les haricots et les pommes de terre. Selon une enquête réalisée par "Save the Children Fund" (Grande-Bretagne) dans le nord-est du Byumba, les "ménages vulnérables" restés dans le pays couvrent actuellement avec leur propre production 20 à 30 pour cent de leurs besoins alimentaires, tandis que les ménages de rapatriés, 15 à 25 pour cent. Ils s’efforcent d’assurer leur sécurité alimentaire en travaillant dans les plantations de thé ou en migrant vers d’autres préfectures en quête d’un emploi.
La production de haricots devrait chuter à cause du manque de semences et des maladies des racines qui ont été particulièrement aiguës durant cette campagne. Les rendements des cultures de soja et d’arachide seront bons, mais les superficies ensemencées sont nettement inférieures à la normale. La production de riz et de maïs est encourageante. Celle de bananes devrait subir un fort recul à cause de diverses infestations de champignons. Les plantations de café sont en mauvais état car elles n’ont pas été entretenues et ont été attaquées par de nombreuses maladies. Sur les terres humides, les superficies ensemencées sont proches de la normale, mais les rendements seront faibles en raison de la pénurie de pesticides (en particulier de Dithane).
Le cheptel a été reconstitué, et est désormais légèrement supérieur aux niveaux d’avant la crise. Cependant, faute de cadres vétérinaires, il n’existe aucun programme d’aide à l’élevage.
Si la situation de la production est généralement encourageante, celle des disponibilités sera fonction du commerce transfrontalier, en grande partie informel. La Préfecture partage normalement sa production avec la ville de Bukavu de l’autre côté de la frontière du Congo. Cette année, il pourrait y avoir davantage de sorties de denrées avec un risque de déficit important du côté rwandais. La situation devrait être gardée sous surveillance. Jusqu’à nouvel ordre, l’aide alimentaire ne devrait pas être nécessaire, mais une assistance sous forme d’intrants sera requise au cours de la prochaine campagne.
Pour le côté positif, le Projet de développement agricole de Gikongoro a appuyé la multiplication de semences et de matériel végétal pour les haricots, les pommes de terre et les patates douces; l’entretien du réseau d’irrigation; des opérations de reboisement; et la reconstitution des troupeaux de bovins.
Comme dans d’autres régions du pays, les pluies sont généralement arrivées à temps, mais ont été irrégulières et excessives, avec de la grêle ou des inondations dans les zones de moyenne altitude. Les dégâts aux haricots, aux petits pois, au maïs et au sorgho sont considérables.
La situation du cheptel s’est améliorée et le nombre de têtes de bétail est proche des niveaux d’avant la crise. Mais un soutien vétérinaire aussi bien en termes de personnel que de médicaments fait cruellement défaut. La tuberculose et la fièvre aphteuse sont au centre des préoccupations.
La situation de la sécurité alimentaire de la Préfecture reste précaire, et il faudra des efforts importants d’aide alimentaire et d’intrants pendant les deux prochaines campagnes de 1998.
Les marchés sont bien approvisionnés, à l’exception des haricots dont les disponibilités sont très limitées. Les échanges commerciaux transfrontaliers avec la RDC ont été entièrement rétablis. Cependant, la balance commerciale de denrées vivrièrse entre Gisenyi et la région de Kivu au Congo doit être surveillée de près pour garantir la sécurité alimentaire de la Préfecture.
On est en train de reconstituer les troupeaux, sans atteindre toutefois les niveaux d’avant la crise. De graves incidences de maladies ont été observées, mais il manque un appui vétérinaire.
Si les perspectives globales sont bonnes pour la récolte B de 1997 par rapport à la campagne B de l’an dernier, elle ne devrait pas suffire à satisfaire entièrement les besoins alimentaires de la Préfecture.
Les pluies arrivées tardivement ont continué régulièrement, mais ont été plus courtes que d’habitude. La maladie des racines a frappé les haricots au stade de la maturation ou de la récolte, et les rendements de pommes de terre seront réduits par le mildiou. Les bananes souffrent des infestations de fusarium qui semble attaquer en particulier la variété Kayinja. Les cultures d’arachide -qui présentent un intérêt particulier dans la zone de Mayaa (Ntongwe et Mugina) et dans le centre de la Préfecture (Tambwe, Mukingi, Musambira et Kigoma)- ont souffert du manque de semences. Les patates douces promettent de bons résultats et constituent la base de la sécurité alimentaire pour les habitants de Gitarama.
La situation de la sécurité alimentaire de la Préfecture demeure précaire, en particulier pour les communes de Murama, Massango, Tambwe, Musambira et Kigoma. Il faut continuer à surveiller la sécurité alimentaire et la nutrition des ménages vulnérables, et une aide alimentaire et une assistance sous forme d’intrants continuera à être requise.
En moyenne, les terres cultivées par ménage rural sont les plus étendues du pays. Le réseau routier est parmi les meilleurs au Rwanda, ce qui facilite les échanges internes et externes. Mais comme les autres préfectures, Kibungo doit actuellement affronter d’énormes problèmes liés aux réfugiés "anciens" et "nouveaux" rentrant dans le pays.
Quelque 350 000 "nouveaux" rapatriés, soit environ 45 pour cent de la population sont revenus à Kibungo entre novembre 1996 et avril 1997, essentiellement de la Tanzanie. En 1994, quelque 150 000 "anciens" réfugiés, soit 20 pour cent de la population actuelle, étaient rentrés. Aussi la population actuelle ne compte-t-elle qu’un tiers environ d’habitants qui n’ont jamais quitté le pays. Les autorités locales ont mené à bonne fin la réaffectation des terres, mais la campagne actuelle constituera une période de transition difficile tant pour les nouveaux rapatriés que pour les "anciens" qui doivent abandonner une partie des terres qu’ils occupaient.
Dans ce contexte, les superficies ensemencées ont augmenté considérablement, même si des disponibilités adéquates d’intrants auraient permis de le faire davantage. Les pluies sont arrivées avec du retard mais en abondance. Les perspectives des semis précoces de haricots (environ un tiers) ne sont pas encourageantes à cause des maladies des racines et des feuilles, mais les haricots semés plus tard en raison de l’arrivée tardive des semences sont plus prometteurs. La production de manioc a été entravée par le manque de matériel végétal et les rendements seront faibles à cause du virus de la mosaïque. Par ailleurs, la production de patates douces et de sorgho s’annonce bonne, tandis que celle de bananes devrait être excellente.
Les troupeaux de bovins ont été reconstitués à un niveau légèrement supérieur à celui d’avant la crise. En revanche, les ovins, les caprins et les petits animaux restent en-deçà des niveaux précédents. En outre, on craint que les méthodes d’élevage extensif pratiquées normalement entrent en conflit avec les nouveaux règlements de répartition des terres. Les produits vétérinaires sont disponibles dans les zones limitrophes de la Préfecture d’Umutara, mais sont pratiquement inexistants dans d’autres zones.
L’aide alimentaire ne sera généralement plus nécessaire à Kibungo, sauf pour un nombre restreint de ménages vulnérables qui devraient la recevoir sous forme de vivres-contre-travail plutôt que d’une distribution gratuite. Toutefois, l’aide aux intrants sera déterminante pour la prochaine campagne, tout comme les programmes de soutien de l’élevage pour la sécurité alimentaire future de la Préfecture.
La situation générale de la sécurité alimentaire dans la Préfecture atteint des proportions alarmantes. Une nouvelle aide alimentaire sera indispensable mais devrait être fournie de façon à soutenir les activités de production vivrière, comme, par exemple, la bonification des terres marécageuses et la multiplication des semences.
Après les mauvaises récoltes de la campagne A de 1997 et avec le retour de nombres considérables de réfugiés, la Préfecture dans l’ensemble -en dépit des bons résultats escomptés dans le nord- continuera à souffrir d’un déficit alimentaire qui sera particulièrement vif dans la région de Bugesera. Une aide alimentaire sera nécessaire pour les ménages vulnérables ainsi qu’une aide aux intrants pour les zones rurales en général, notamment sous la forme de matériel végétal sain pour les patates douces et le manioc.
Tableau 6: Indices des prix des denrées alimentaires de base par préfecture: juin 1997 - juin 1996 (=100) 1/
Préfecture | Sorgho | Haricots | Pommes de terre | Patates douces | Manioc | Bananes plantains |
Butare | 150 | 218 | 154 | 235 | 257 | 155 |
Byumba | 121 | 278 | 158 | 227 | 144 | 109 |
Cyangugu | 147 | 276 | 197 | 345 | 312 | 194 |
Gikongoro | 145 | 241 | 213 | 475 | 167 | 128 |
Gisenyi | 126 | 241 | 138 | 185 | 183 | 93 |
Gitarama | 167 | 259 | 171 | 215 | 180 | 140 |
Kibungo | 146 | 449 | 138 | 91 | 182 | 132 |
Kibuye | 121 | 267 | 171 | 225 | 164 | 95 |
Kigali rural | 139 | 276 | 207 | 400 | 285 | 134 |
Kigali ville | 175 | 300 | 129 | 157 | 214 | 133 |
Ruhengeri | 156 | 282 | 153 | 242 | 145 | 95 |
TOTAL | 144 | 297 | 167 | 246 | 193 | 129 |
1/ moyenne de la première moitié de juin
1996 et de la première moitié de juin 1997
Source: Minagri/Union européenne -Liste
des prix sur les marchés, première moitié de juin
1997
Les renchérissements les plus importants ont été signalés pour les haricots, dont les prix ont triplé dans tout le pays. A Kibungo, ils ont plus que quadruplé. Ils ont été suivis des patates douces qui, en juin 1997, étaient deux fois et demie supérieurs à la moyenne nationale de juin 1996. Les augmentations ont été particulièrement marquées dans les préfectures de Gikongoro, Cyangugu et Kigali rural, où les prix ont plus que triplé ou quadruplé, traduisant l’extrême pénurie des approvisionnements. Les prix du manioc ont doublé en moyenne au niveau national, mais ont pratiquement triplé dans les préfectures de Cyangugu et Kigali rural. Les prix moyens nationaux des pommes de terre ont augmenté de 67 pour cent, et ont doublé à Gikongoro et Kigali rural. Le sorgho a connu un renchérissement moyen de 44 pour cent à l’échelle nationale. Les bananes ont subi la plus faible augmentation (moyenne nationale d’environ 30 pour cent) mais avec de fortes variations d’une préfecture à l’autre, allant du doublement des prix à Cyangugu à des baisses de l’ordre de 5 pour cent à Gisenyi, Kibuye et Ruhengeri. Les prix de la capitale ont été supérieurs aux moyennes nationales pour toutes les denrées de base, sauf les pommes de terre et les patates douces.
Au cours des prochains mois, les prix devraient fléchir avec l’arrivée de la récolte B de 1997. Ils resteront néammoins nettement supérieurs aux niveaux de l’an dernier, en particulier pour les légumineuses et les racines et tubercules.
Cette évolution des prix a eu des conséquences décisives pour l’accès à la nourriture, en particulier pour les ménages vulnérables. Des enquêtes réalisées en mai 1997 par "Save the Children Fund" (Grande-Bretagne) dans plusieurs préfectures et communes le confirment. Les résultats indiquent, par exemple, que les ménages pauvres rentrés dans le Byumba occidental devront acheter 75 à 80 pour cent de leurs besoins alimentaires au marché au deuxième semestre de cette année, soit à peu près autant que les ménages pauvres qui n’ont pas quitté le pays (70-80 pour cent). Dans les communes densément peuplées de Gikongoro et Butare, les ménages pauvres de rapatriés devront acheter 45 à 50 pour cent de leurs besoins alimentaires au marché, tandis que ceux qui sont restés dans le pays, 55 à 65 pour cent. Dans le Kibungo central, les ménages cultivant actuellement 0,5 ha devront acheter 45 à 50 pour cent, ceux cultivant 0,25 ha, entre 25-35 pour cent et 65-70 pour cent, en fonction du nombre de membres de la famille ayant une activité économique. Après avoir fait le décompte des achats sur le marché et de l’agriculture d’auto-subsistance, certains ménages souffriront encore d’un déficit alimentaire à différents degrés qui devra être comblé par l’aide alimentaire. Bien que ces études aient une portée limitée, elles montrent clairement la forte dépendance des ménages pauvres à l’égard des achats sur le marché pour satisfaire leurs besoins alimentaires et, par conséquent, l’incidence dramatique des augmentations récentes des prix sur leur sécurité alimentaire.
Les besoins de consommation sont calculés sur la base de la consommation historique de 33 kg de céréales par personne et par an, 32 kg de légumineuses, 188 kg de racines et tubercules et 408 kg de bananes. L’utilisation fourragère des céréales est négligeable depuis la forte réduction du cheptel national en 1994. Parmi les autres utilisations des céréales figurent la conservation des semences et les pertes (dues principalement aux ravageurs durant le stockage et les transactions). Dans l’ensemble, les utilisations non alimentaires et les pertes devraient représenter 11 pour cent des céréales, 20 pour cent des légumineuses, 9 pour cent des racines et tubercules et 3 pour cent des bananes et des plantains.
La situation des stocks vivriers actuels du Rwanda sont fonction en grande partie des stocks d’aide alimentaire. En temps normal, les ménages ruraux constituent des stocks de légumineuses durant la campagne A et des stocks céréaliers durant la campagne B. Les négociants n’ont généralement pas de stocks importants de ces denrées. Le Gouvernement détenait autrefois de stocks d’écoulement et de petites réserves par le biais de l’Office semi-public pour l’alimentation et l’élevage (OPROVIA), mais cette institution n’est pas en fonction actuellement. Après la mauvaise récolte de haricots durant la campagne A de 1997, ni les agriculteurs ni les négociants ne devraient détenir que des stocks résiduels minimum au début juillet 1997, et étant donné les perspectives des haricots pour la campagne B, la situation des stocks à la fin de l’année n’a guère de chances de s’améliorer. La situation des céréales devrait être plus favorable, compte tenu des estimations relativement bonnes de la production pour les deux campagnes.
Les statistiques des importations alimentaires commerciales compilées par diverses sources, notamment par l’Office national des douanes, la Banque Nationale du Rwanda (BNR) et le Ministère de la Planification (MINIPLAN), ne fournissent pas un tableau homogène. L’incertitude des statistiques officielles est aggravée par l’abondant commerce transfrontalier parallèle avec les pays voisins, qui peut changer de sens en termes d’importations nettes ou d’exportations nettes pour une même denrée durant la même année. L’analyse régionale qui précède suggérait que, cette année, les échanges entre Cyangugu et Bukavu au Congo, et entre Ruhengeri et Umatara d’un côté, et l’Ouganda de l’autre, devraient être surveillés de près. Ces derniers mois, il semble y avoir eu des sorties nettes de denrées alimentaires vers le Congo et l’Ouganda, tandis qu’à l’époque de la mission FAO/PAM en décembre 1996, le pays faisait état d’importations nettes de haricots d’Ouganda. Après avoir examiné l’ensemble de ces facteurs, la mission estime les importations commerciales respectivement de l’ordre de 15 000 tonnes et 14 000 tonnes pour les céréales et les légumineuses durant le deuxième semestre 1997.
Tableau 7: Balance de l’offre et de la demande des denrées alimentaires: Juillet-décembre 1997 (en milliers de tonnes)
Population au 30/9/96: 8 056 000
Total céréales | Légumineuses | Total céréales et légumineuses. |
Racines et tubercules |
Bananes | |
Disponibilités intérieures | 144 | 59 | 203 | 589 | 1 171 |
Stocks d’ouverture | 16 | 5 | 21 | 0 | 0 |
Production 1997 B | 128 | 54 | 182 | 589 | 1 171 |
Utilisation totale | 163 | 144 | 323 | 810 | 1 679 |
Consommation | 133 | 129 | 262 | 757 | 1 643 |
Autres utilisations/pertes | 14 | 11 | 25 | 53 | 35 |
Stocks de clôture | 16 | 5 | 37 | ||
Besoins d’importations | 19 | 86 | 105 | 221 | 508 |
(équivalent céréales) 1/ | 19 | 86 | 105 | 66 | 37 |
Importations comm.estimées | 15 | 14 | 29 | 0 | 0 |
Besoins d’aide alimentaire 2/ | 4 | 72 | 76 | 66 | 37 |
1/ Les bananes équivalent céréales
ne comprennent pas les bananes utilisées pour la fabrication de
la bière
2/ Comprend l’aide alimentaire d’urgence ou
non.
Tableau 8: Balance de l’offre et de la demande des denrées alimentaires -Janvier-décembre 1997 (en milliers de tonnes)
Population au 30/9/96: 8 056 000
Total céréales | Légumineuses | Total céréales et légumineuses |
Racines et Tubercules |
Bananes | |
Disponibilités intérieures | 245 | 161 | 406 | 1 246 | 2 249 |
Stocks d’ouverture | 23 | 4 | 27 | 0 | 0 |
Production B 1997 | 222 | 157 | 379 | 1 246 | 2 249 |
Utilisation totale | 325 | 292 | 617 | 1 612 | 3 323 |
Consommation | 263 | 255 | 519 | 1 500 | 3 255 |
Autres utilisations/pertes | 27 | 31 | 58 | 112 | 67 |
Stocks de clôture | 16 | 5 | 40 | ||
Besoins d’importations | 61 | 131 | 192 | 366 | 1 074 |
(équivalent céréales) 1/ | 61 | 131 | 192 | 110 | 78 |
Importationscomm.estimées | 30 | 28 | 58 | 0 | 0 |
Besoins d’aide alimentaire 2/ | 31 | 103 | 134 | 110 | 78 |
1/ Les bananes équivalent céréales
ne comprennent pas les bananes utilisées pour la fabrication de
la bière
2/ Comprend l’aide alimentaire d’urgence ou
non.
Compte tenu de ces hypothèses, la balance de l’offre et de la demande alimentaires estimée par la mission pour le deuxième semestre de 1997 indique un déficit de 19 000 tonnes de céréales, 86 000 tonnes de légumineuses, 221 000 tonnes de racines et tubercules et 508 000 tonnes de bananes (Tableau 7). Le déficit de racines et tubercules a été converti en équivalent céréales car ces denrées ne sont pas disponibles au titre de l’aide alimentaire; en outre, elles coûtent cher à l’exportation car elles sont volumineuses et périssables. Plus des deux tiers de la production de bananes sont consommés (principalement par les hommes) sous la forme de bière de banane et ne sont donc pas aisément remplaçables par des céréales dans le panier de la ménagère. Néanmoins, la part de bananes cuites et consommées comme fruit, avec un contenu calorique plus élevé, a été convertie en équivalent céréales.
En tenant compte d’éventuelles importations commerciales, il resterait des besoins d’aide alimentaire de 4 000 tonnes de céréales et de 72 000 tonnes de légumineuses. La conversion des déficits de racines et tubercules et d’une partie des bananes ajouterait 103 000 tonnes d’équivalent céréales. A des fins de comparaison, les distributions d’aide alimentaire durant le premier semestre 1997 se sont chiffrées à quelque 110 000 tonnes.
Pour l’année 1997, le déficit de céréales et de légumineuses est estimé à 192 000 tonnes, dont 134 000 seraient nécessaires sous forme d’aide alimentaire (tableau 8). La conversion des déficits correspondants de racines, tubercules et bananes ajouterait 188 000 tonnes d’équivalent céréales à couvrir par l’aide alimentaire.
Cet accroissement de près de 150 pour cent par rapport au semestre précédent s’explique par la forte augmentation des besoins alimentaires suivant le retour en masse des réfugiés et les récoltes médiocres, notamment de légumineuses, durant la campagne 1997 A. Par ailleurs, il reste un grand nombre de "ménages vulnérables" qui ont subi le contrecoup des troubles civils de la première moitié de la décennie. En effet, plus de 70 pour cent de l’aide alimentaire pour la période janvier-juin 1997 a été distribuée aux nouveaux rapatriés et aux ménages vulnérables, principalement dans les préfectures de Kibungo, Gisenyi, Ruhengeri, Byumba et Kigali rural. Parmi les populations ciblées figuraient les orphelins, les personnes âgées, les handicapés et les ménages qui avaient dû abandonner les terres qu’ils occupaient avant la vague actuelle de rapatriement, ainsi que les victimes des sécheresses dans le sud et le centre du pays, notamment à Butare et Gikongoro, durant la campagne 1997 A. D’autres programmes d’aide alimentaire d’urgence comprenaient des programmes de nutrition infantile sélective et de récupération nutritionnelle.
Outre la distribution gratuite d’aliments, environ 20 pour cent de l’aide alimentaire a été fournie sous la forme de vivres-contre-travail dans le cadre de programmes d’urgence pour la remise en état du secteur agricole et des infrastructures sociales, ainsi que de programmes de construction de logements.
Durant la période à l’étude, le PAM a fourni quelque 15 000 tonnes de vivres par mois à 146 communes. Fin juillet, en collaboration avec le Gouvernement, le PAM aura distribué des rations pour 6 mois à 1,5 million de personnes.
Au début du second semestre 1997, une grande part de la population actuellement bénéficiaire de l’aide devrait avoir atteint un niveau d’auto-suffisance alimentaire grâce à sa propre production ou à d’autres sources de revenus, ce qui devrait permettre de réduire les distributions mensuelles à 10 000 tonnes. Toutefois, il faut une étroite surveillance de la nutrition et de la sécurité alimentaire de la population vulnérable. Les activités de "Save The Children Fund" (Grande-Bretagne) vont dans ce sens. La deuxième moitié de 1997 sera, par conséquent, une période de transition, où près de 700 000 personnes auront encore besoin d’une aide alimentaire, compte tenu des résultats escomptés de la campagne agricole B de 1997. Les besoins d’aide alimentaire estimés pour le deuxième semestre 1997 sont résumés au tableau 9. Etant donné les perspectives d’importants déficits alimentaires durant la campagne B, ces besoins doivent être suivis de près à mesure que l’on reçoit des informations complémentaires sur la campagne en cours.
Une attention particulière sera accordée aux groupes vulnérables, en particulier aux nouveaux rapatriés qui ne sont pas encore installés, ainsi qu’aux ménages vulnérables des préfectures et des communes qui devraient connaître les déficits les plus marqués. Afin d’éviter de créer une dépendance parmi la population bénéficiaire, une grande part de l’aide sera fournie au titre de programmes de vivres-contre-travail au lieu d’être distribuée gratuitement. L’accent sera mis sur la promotion d’une sécurité alimentaire durable pour les ménages, la remise en état des infrastructures de base et la construction de logements. L’aide aux réfugiés du Congo et du Burundi ainsi qu’aux nouveaux rapatriés rwandais sera poursuivie. Un aspect important est la distribution de "rations de protection" visant à s’assurer que les ménages ruraux pauvres n’utilisent pas lematériel végétal pour la consommation humaine durant la campagne de soudure.
Les stocks d’aide alimentaire dans le pays étaient estimés à quelque 10 000 tonnes fin juin 1997. En outre, le PAM et l’UE détiennent des stocks sous-régionaux d’environ 40 000 tonnes qui pourraient être distribués au Rwanda, le cas échéant.
Tableau 9: Estimations actuelles des bénéficiaires d’aide alimentaire et besoins durant la période juillet-décembre 1997
Type d’assistance | Groupe cible | Besoins alimentaires mensuels (tonnes) |
Total |
complément d’alimentation | 74 500 | 751 | 4 506 |
alimentation institutionnelle | 17 500 | 317 | 1 902 |
vivres-contre-travail | 350 000 | 5852 | 35 112 |
aide aux rapatriés | 125 000 | 1583 | 9 498 |
groupes vulnérables | 50 000 | 414 | 2 484 |
Sous-total | 617 000 | 53 502 | |
aide aux réfugiés | 20 000 | 327 | 1 962 |
orphelins | 3 000 | 291 | |
projet de nutrition PAN (RWA 4244) | 53 445 | 4 148 | |
TOTAL | 693 445 | 59 903 |
Etant donné les énormes déficits de denrées
de base prévus pour le reste de l’année, la Mission souligne
la nécessité d’une gestion particulièrement prudente
de l’aide alimentaire afin de satisfaire le double objectif d’empêcher
les ménages ruraux d’utiliser leur matériel végétal
pour la consommation humaine et d’éviter une surabondance d’aide
alimentaire qui aurait un effet dissuasif sur les semis de la campagne
1998 A. Les quantités d’aide alimentaire planifiées pour
l’instant pour la deuxième moitié de 1997 doivent être
surveillées de près et pourraient devoir être subir
une révision à la hausse.
Tableau 10: Besoins d’urgence d’intrants agricoles de base pour les ménages vulnérables et les rapatriés récents
Intrants | Quantité totale (tonnes) | Coût total ($ E.-U.) |
Semences de haricots | 8 400 | 5 880 000 |
semences de légumes | 10.1 | 320 400 |
semences de soja | 630 | 630 000 |
rhyzobium (pour soja) | 12.6 | 88 200 |
semences de petits pois | 840 | 840 000 |
semences d’arachides | 210 | 357 000 |
Houes (pièces) | 1 680 000 | 6 720 000 |
Matériel total | 14 817 600 | |
Frais généraux et directs de fonctionnement | 1 600 000 | |
TOTAL | 16 417 600 |
En outre, il faut voir plus loin que les prochaines campagnes et envisager
un relèvement complet du secteur agricole et sa réforme éventuelle,
d’une agriculture extensive et traditionnelle vers une gestion moderne
et intensive. Le Gouvernement du Rwanda a engagé un processus de
réflexion sur des lignes d’action possibles à moyen terme,
pour la période 1996-2002. Des efforts de collaboration entre le
Secrétariat permanent du Ministère de la planification, du
Ministère de l’agriculture et de la FAO ont permis de dégager
une série provisoire d’objectifs stratégiques, notamment
un accroissement des terres cultivables par ménage rural, grâce,
entre autres, à une utilisation améliorée des terres
marécageuses et une meilleure gestion des ressources naturelles
dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de l’agro-foresterie.
La communauté des donateurs devrait examiner attentivement ces propositions
d’action visant à faciliter la transition agricole du Rwanda.
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses; il est réservé à un usage officiel. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser, pour tout complément d’information, à: | |
Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO
Télex 610181 FAO I Télécopie 0039-6-5225-4495 Courrier électronique (Internet): [email protected] |
Mohamed Zeijari, Directeur, OSA,
PAM
Télex 62667 WFP 1 Télécopie 0039-6-5228-2839 |