SIERRA LEONE* (30 juillet)

Les récents troubles politiques en Sierra Leone ont aggravé la situation déjà précaire de la sécurité alimentaire dans le pays. Depuis ces troubles, la situation reste très instable, les agents de l’aide internationale ont été évacués et les projets de reconstruction ont été interrompus. Près de 20 000 personnes ont fui vers les pays voisins, principalement la Guinée et la Gambie. En raison de l’embargo imposé par la CEDEAO, la situation alimentaire se tend dans les villes principales. Le prix du riz a doublé à Freetown, et les approvisionnements en vivres et en eau se dégradent, ce qui fait que la population augmente sa consommation de blé bulgur et de manioc. On signale également une pénurie aiguë de combustible qui affecte gravement toutes les activités économiques. Seul un petit nombre de boutiques et de marchés ont réouvert depuis les troubles. Des distributions limitées de vivres aux populations vulnérables de Freetown, Bo, Kenema et Makeni sont actuellement en cours; elles doivent toucher environ 26 000 personnes. Malgré le pillage, on signale que 21 000 tonnes de vivres de secours étaient disponibles dans le pays au 1er juillet. A la fin de 1996, une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires a estimé la production de paddy à environ 391 000 tonnes, soit 10 pour cent de plus que l’année précédente, et celle de plantes racines à 328 000 tonnes, soit 7 pour cent de plus. Les besoins d’importations céréalières pour 1997 avaient été estimés à 260 000 tonnes et les besoins d’aide alimentaire à 80 000 tonnes. On a estimé à 60 500 tonnes l’aide alimentaire céréalière nécessaire aux activités de réinstallation et de reconstruction mises en place par le PAM et le Service de secours catholique. Du fait des troubles actuels, les besoins d’importations et d’aide alimentaires vont considérablement augmenter.

L’insécurité a gravement entravé les activités agricoles, notamment les semis de la campagne principale qui ont lieu normalement d’avril à juin. De petites pluies sont arrivées fin mars dans le sud-est, et sont restées très éparses en avril. La saison des pluies a commencé, à proprement parler, début mai avec des pluies fortes et bien réparties pendant le mois entier. Les précipitations sont restées généralisées en juin et ont diminué au cours de la troisième décade. Les semis du mil, du maïs et du riz s’achèvent, tandis que le sorgho commence à lever. Toutefois, les troubles et l’insécurité qui les accompagne auront des effets négatifs sur la production vivrière de 1997. Contrairement aux prévisions antérieures, établies dans une perspective de paix retrouvée, les superficies ensemencées sont probablement très en baisse. Certains agriculteurs abondonnent leurs exploitations tandis que d’autres sont peu enclins à cultiver de grandes superficies. En ce qui concerne le riz, la principale céréale, les lits de semis ont déjà été ensemencés, mais le repiquage reste encore à faire. Pour ce qui est du manioc, l’incidence pourrait être moins lourde car celui-ci peut attendre dans le sol. Pour toutes les récoltes, la baisse de l’activité dans les champs pendant la période de végétation se traduira par une diminution des rendements. L’insécurité compromettra également la distribution des intrants. Ainsi, malgré les programmes de relance qui ont été mis en oeuvre jusqu’à la mi-mai, les perspectives concernant la production vivrière de 1997 se sont dégradées et le pays restera largement tributaire de l’aide alimentaire pour couvrir ses besoins de consommation.