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Le phénomène El Niño antérieur le plus intense, enregistré en 1982/83, a entraîné des inondations et une sécheresse graves dans plusieurs régions du monde, ainsi que l’appauvrissement de plusieurs stocks ichtyques, et aurait causé plus de 10 milliards de dollars EU de dégâts liés aux conditions climatiques. S’il est difficile de prévoir l’impact du phénomène El Niño dans des zones spécifiques, il faut néanmoins suivre son évolution et prendre des mesures pour prévenir ses effets négatifs potentiels sur l’agriculture.
Au cours des derniers mois, le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) a suivi de près les effets sur les cultures des anomalies météorologiques attribuées au phénomène El Niño, ainsi que leur impact potentiel sur les approvisionnements alimentaires dans différentes régions du monde. Le service projette de publier des rapports périodiques sur diverses sous-régions, en fonction des besoins.
Le présent rapport se concentre sur l’Amérique latine, l’une des régions les plus sensibles au phénomène El Niño, qui a subi d’importantes pertes, en termes de récolte et de dégâts aux infrastructures, lors du réchauffement de 1982/83. A l’heure actuelle, l’impact global d’El Niño sur les cultures en Amérique latine n’est pas alarmant. Cependant, en Amérique centrale, la situation est préoccupante car, dans cette sous-région, les cultures à cycle court sont particulièrement vulnérables aux variations aigües des conditions météorologiques.
Dans chaque sous-région, la situation se présente comme
suit:
Au Honduras, on signale depuis la mi-juillet des températures élevées et un temps sec, qui ne sont pas de saison, dans les régions du centre et, surtout, du sud du pays, préjudiciables pour les cultures de sorgho, de haricots et de maïs de la campagne principale. D’importantes pertes de récoltes localisées auraient été
enregistrées dans les régions critiques de Choluteca et de Valle, ainsi qu’aux alentours des régions de Francisco Morazan, de El Paraiso et de La Paz. Le gouvernement a annoncé un plan d’assistance d’urgence en faveur des zones agricoles les plus touchées. A El Salvador, on signale depuis la fin juin des pluies inférieures à la normale et inégalement réparties dans toutes les régions. Les cultures de la première campagne, notamment de maïs, auraient été endommagées dans quelques régions de l’est, à savoir Morazan, San Miguel, Usultan et La Union. Au niveau global, d’après les prévisions officielles, la production de la récolte principale de maïs diminuera de 15 pour cent par rapport au bon niveau de l’an dernier. Au Guatemala, les précipitations insuffisantes pendant la saison dans le sud-ouest, le sud-est et le centre, ont eu un impact négatif sur les cultures, en particulier le maïs. Au Nicaragua, où le temps a été anormalement sec pour la saison à partir de la fin juin, on prévoit une diminution des rendements des cultures céréalières de la première campagne. On avait aussi signalé auparavant une répartition inégale des pluies. En République dominicaine, les précipitations bien inférieures à la moyenne en juillet, ont réduit les niveaux des réservoirs d’eau pour les semis du riz irrigué de la campagne secondaire. Le temps sec a aussi eu des effets préjudiciables sur les cultures secondaires pluviales de maïs et de sorgho, et sur d’autres cultures vivrières. Au Costa Rica et à Panama, ainsi qu’au Mexique, plus gros producteur de la sous-région, on n’a signalé jusqu’à présent aucune anomalie critique des conditions météorologiques ayant occasionné des dégâts aux cultures. Une évaluation détaillée de l’effet des anomalies climatiques de cette année sur les cultures, dans les différents pays, est actuellement en préparation.
L’impact du phénomène El Niño devrait être
particulièrement intense entre décembre et mars, période
qui coïncidera avec la saison de soudure pour les céréales
dans la sous-région, car la majorité des cultures de la campagne
secondaire (de fin août à décembre) seront récoltées.
Cependant, des anomalies climatiques pourraient affecter les cultures de
café, qui sont une importante source de devises, car elles auront
atteint le stade critique de la floraison. Les gouvernements de la région
envisagent d’élaborer des plans de secours pour atténuer
les effets de la sécheresse au cas où elle s’aggraverait.
Dans les pays du sud de la sous-région, où les emblavures du blé de 1997/98 sont achevées ou touchent à leur fin, les pluies supérieures à la moyenne des derniers mois ont d’une manière générale amélioré les conditions des sols pour les semis et la levée des cultures. Cependant, en Argentine, où les emblavures de blé durent jusqu’en septembre, les fortes pluies ont retardé les semis dans certaines régions. Au Chili, malgré des inondations dans le nord et le centre qui ont détruit des infrastructures et des logements, les précipitations exceptionnellement abondantes du début juin ont amélioré l’état des sols après une vague de sécheresse prolongée. Au Brésil, et en Uruguay, les pluies abondantes ont maintenu l’humidité des sols à un niveau suffisant pour les cultures de blé.
L’impact du phénomène El Niño dans les pays du sud devrait se faire sentir vers la fin de l’année, alors que les récoltes de blé seront rentrées et les semis des céréales secondaires de la campagne de 1997/98 (qui devraient démarrer à partir de septembre/octobre) toucheront à leur fin. Si, comme on le prévoit, les pluies sont supérieures à la normale dans la sous-région, les rendements du blé diminueront, de même que la superficie ensemencée en céréales secondaires.
Dans les pays andins, des températures exceptionnellement élevées et des inondations ont été enregistrées au cours des derniers mois dans certaines zones. En général, ces aléas climatiques ont été sans incidence sur les cultures céréalières de la campagne principale de 1997, qui étaient pour l’essentiel déjà récoltées en juin. Cependant, dans l’est de la Bolivie, (Département de Santa Cruz), où l’on sème à partir de mai une deuxième culture d’hiver, les pluies excessives de juin, suivies d’un temps sec en juillet, ont entraîné une réduction des superficies ensemencées en sorgho et en soja. Au Pérou, la hausse des températures dans les zones côtières irriguées a accéléré le développement des fruits et des légumes, et accru les besoins en eau. En Equateur, les fortes pluies et les inondations survenues à la fin du mois de juin dans les zones côtières ont provoqué des dégâts localisés aux cultures de bananes, de canne à sucre et de riz de la campagne secondaire. Des inondations localisées ont aussi nui aux cultures au Venezuela.
Dans la sous-région, le phénomène El Niño
pourrait avoir un impact particulièrement prononcé au moment
des semis des cultures céréalières de la campagne
principale de 1998, qui risquent d’être entravés par des inondations
dans les zones du nord, et par le temps sec, dans les zones du sud. Compte
tenu des dommages considérables qu’avaient subis les cultures lors
du phénomène El Niño particulièrement prononcé
de 1982/83, et des indicateurs actuels qui laissent présager que
celui de cette année sera encore plus fort, les Gouvernements du
Pérou, de Bolivie et de l’Equateur ont déclaré l’état
d’urgence dans les zones exposées à des conditions climatiques
extrêmes. Des plans de secours et des plans stratégiques sont
en voie de formulation pour faire face à une éventuelle urgence.
Des fonds de secours ont été alloués pour effectuer
des travaux publics destinés à renforcer les infrastructures
agricoles (nettoyage et fixation des canaux d’irrigation, régulation
des réservoirs d’eau, consolidation des ponts, réfection
des routes de l’arrière-pays), qui devraient contribuer à
atténuer un éventuel impact négatif.
Le présent rapport a été établi sous
la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir
d’informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation
pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser, pour tout
complément d’information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR,
FAO (Télex 610181 FAO I; Télécopie: 0039-6-5705-4495,
Courrier électronique: [email protected]).
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