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Systèmes d'élevage et productivité des bovins en milieu paysan au Nord-Cameroun

Njoya A., Bouchel D., Ngo Tama A.C., Moussa C., Martrenchar A., Letenneur L.1

1Les adresses des auteurs sont respectivement les suivantes: Institut de recherches zootechniques et vétérinaires (IRZV), Station de Garoua, BP 1073, Cameroun; Laboratoire de recherches vétérinaires et zootechniques de Farcha, BP 433, N'Djamena, Tchad; Mission française de coopération, BP 1839, Abidjan 01, Côte d'Ivoire; Institut d'élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux (EMVT + CIRAD), BP 5035, Montpellier Cedex 1, France.
Note: Cette étude a été effectuée dans le cadre du projet Garoua (IRA/IRZV/CIRAD) avec le concours financier du Gouvernement du Cameroun, du Fonds d'aide et de coopération et de la Caisse française de développement (France). Les auteurs tiennent à remercier Loko Dicka, Daniel Tegiogho et Daouda Nsangou de l'IRZV pour leur contribution à la collecte des données, ainsi que tous les paysans qui ont collaboré à cette étude.

LIVESTOCK PRODUCTION SYSTEMS AND CATTLE PRODUCTIVITY IN RURAL NORTHERN CAMEROON

An animal husbandry study of 36 holdings with about 2 800 head of cattle was conducted in northern Cameroon starting in 1989. The principal population and biological characteristics of the herds were identified and changes resulting from improved protein intake noted. The average herd comprised 52 head of cattle, which were mainly zebu with a predominance of Akou (39 percent). Age at first calving was three months and the intercalving period 18.5 months. The average apparent fecundity rate was 53.7 percent and the fertility rate 52.1 percent when the animals were fed a cottonseed cake supplement. Overall productivity improved with feed supplementation during the dry season. The study also examined the main causes of cattle mortality and the animal health plans. To conclude, this article analyses the present constraints together with possible future orientations in the development of cattle farming in the region.

SISTEMAS DE EXPLOTACION Y PRODUCTIVIDAD DE VACUNOS EN EL MEDIO RURAL DEL NORTE DEL CAMERÚN

A partir de 1989 se realizó en el norte del Camerún un estudio zootécnico de 36 explotaciones con unas 2 800 cabezas de ganado vacuno. Se determinaron las principales características demográficas y zootécnicas de los hatos y su evolución gracias a la mejora de la alimentación. El tamaño medio de los hatos es de 52 animales y las razas de la región son fundamentalmente de cebúes, con predominio de los Akou (39 por ciento). La edad del primer parto es de 53 meses y el intervalo entre partos de 18,5 meses. La tasa de fertilidad aparente es del 53,7 por ciento como promedio y la de fecundidad del 52,1 por ciento, cuando los animales reciben un suplemento a base de torta de semilla de algodón. Se consiguió una mejora de la productividad global con un suplemento de la alimentación de los hatos en la estación seca. También se estudiaron las principales causas de mortalidad del ganado y los planes propuestos de profilaxis. Por último, se examinaron las dificultades presentes y las posibles orientaciones futuras para el mejoramiento del ganado vacuno.

INTRODUCTION

L'élevage constitue une des principales activités des populations du Nord-Cameroun (provinces du Nord et de l'Extrême-Nord). Cette région se situe au premier rang pour le cheptel bovin, 1 657 400 têtes, soit 38 pour cent du cheptel national. Les cheptels de moutons et de chèvres s'élèvent respectivement à 1 362 600 et 1 507 300 têtes, soit 57,8 pour cent et 51,7 pour cent des chiffres nationaux. Ainsi, l'élevage représente la deuxième source de revenus pour les populations rurales, après le coton.

Plusieurs contraintes entravent l'accroissement de la productivité du cheptel. Celles-ci sont liées pour la plupart à l'eau et à l'alimentation, à la santé, aux pratiques d'élevage et à l'écoulement des produits. En outre, l'extension des cultures et des zones cynégétiques réduit considérablement les parcours. La productivité doit augmenter pour faire face à la demande encore plus forte qui a suivi la dévaluation du franc CFA et aux récentes mesures de consolidation de la monnaie nigériane. L'importance de l'élevage relève de plusieurs aspects:

De nombreux travaux sur l'amélioration de la productivité des bovins ont été menés dans les stations de recherche, sans une bonne connaissance de l'élevage traditionnel. Cette étude vise donc à mieux connaître les principales caractéristiques démographiques et zootechniques des troupeaux bovins en milieu paysan de la zone soudano-sahélienne du Cameroun, et les principales contraintes à leur productivité.

LE MILIEU PHYSIQUE

Les deux provinces du Nord et l'Extrême-Nord ont une superficie de 100 000 km2, soit 21 pour cent du territoire national (figure 1). Cette vaste étendue est occupée de façon inégale: surpeuplée dans l'Extrême-Nord (50 habitants par kilomètre carré), et sous-peuplée dans le Nord (9 habitants par kilomètre carré). L'adéquation entre la productivité des parcours et leur charge est loin d'être optimale. En raison de la présence des glossines, vecteurs de la trypanosomiase, les immenses parcours de la province du Nord (Sud-Bénoué), surtout utilisés comme zone de transhumance de saison sèche lorsque l'herbe se raréfie, sont moins pâturés que ceux de l'Extrême-Nord qui connaissent actuellement des problèmes de surpâturage (7 UBT/km2 contre 28,5 UBT/km2).

La pluviométrie diminue à mesure que l'on monte vers l'Extrême-Nord, de même que la quantité de fourrage. Les pâturages sont communaux et constitués de graminées naturelles et de ligneux. Dans le Nord, le tapis herbacé est dominé par Andropogon gayanus, Brachiaria bryzantha, Loudetia togoensis et Pennisetum pedicellatum. Dans l'Extrême-Nord, l'on rencontre Sclerocarya byrrea et Anogeussus leicarpus. D'autres espèces, telles que Schizachyrium exile, Pennisetum spp. et Schoenefeldia gracilis, dominent les zones inondables (Yaérés). Les ligneux les plus abondants sont Combretum glutinosium, Annona senegalensis, Strychnos spinosa, Vitellaria paradoxa et Acacia dudgeoni sur les sols sableux, et Parinari curatellifolia, Terminalia laxiflora, Gardenia aqualla et Ziziphus abyssinica sur les sols temporairement inondés.

LE MILIEU HUMAIN

La typologie des éleveurs du Nord-Cameroun a fait l'objet d'investigations de la part de Planchenault (1992) et a été reprise dans le cadre du zonage par Dugué, Koulandi et Moussa (1994) qui classaient les éleveurs en quatre catégories, selon l'importance accordée à l'élevage: i) les éleveurs purs qui ne pratiquent pas l'agriculture et ont comme unique ressource les produits de l'élevage. Ils sont plus nombreux dans la province du Nord, où les parcours sont abondants; ii) les éleveurs-agriculteurs qui ont pour activité principale l'élevage mais pratiquent l'agriculture afin de couvrir une partie de leurs besoins vivriers (maïs, niébé, arachide, sorgho); iii) les agro-éleveurs qui accordent plus d'importance à l'agriculture, car ils produisent pour vendre, et pour qui l'élevage a toute sa dimension; et iv) les cultivateurs de coton qui ont accumulé du bétail grâce à cette culture de rente.

L'élevage des bovins est pratiqué par des populations pastorales en majorité Mbororo, Foulbé, Arabes chouas et Bornouans. Les Massa et les Toupouri, autrefois agriculteurs, possèdent aussi quelques bovins. Grâce à l'extension de la culture attelée, les Moundang, les Guiziga et les Mbainawa s'intéressent davantage à l'élevage bovin. Cependant on note une absence ou une insuffisance d'associations ou d'organisations d'éleveurs dans la région.

LES SYSTÈMES D'ÉLEVAGE

L'alternance des saisons sèche et humide, ainsi que le caractère erratique de la pluviométrie marquent profondément les systèmes de production. Dugué, Koulandi et Moussa (1994) distinguent trois systèmes.

Le système transhumant

Les éleveurs se déplacent vers de nouveaux pâturages en saison sèche, à la recherche de pâturages restés humides. La distance moyenne de leur déplacement est de 30 à 90 km et les départs s'échelonnent d'octobre à décembre. Une vague tardive transhume vers les mois de janvier ou février. Ils sont nombreux dans le Nord et ils se déplacent avec tout leur troupeau, toute leur famille et ne s'adonnent pas à l'agriculture. La diversification des revenus se fait à travers la composition de troupeaux mixtes de bovins et d'ovins. Ils complémentent souvent les animaux avec du sel gemme et du sel et les vermifugent régulièrement. Le gardiennage des troupeaux est de type familial.

Le système semi-sédentaire

Dans ce système, on distingue des éleveurs-agriculteurs. La plupart d'entre eux produisent du mil, du sorgho mouskouari et du maïs pour leur propre consommation. Ils attendent la récolte du mouskouari pour faire paître les chaumes. Après ce pacage, ils vont vers les plaines inondables (yaérés) dans l'Extrême-Nord et vers les points d'eau dans les autres zones. La distance moyenne de leur déplacement est de 10 à 30 km. L'élevage est leur principale activité, et ils exercent à moindre degré une activité agricole essentiellement vivrière. Nombreux dans le centre-nord, les éleveurs-agriculteurs utilisent une main-d'œuvre en partie familiale pour le gardiennage des troupeaux et une main-d'œuvre salariée pour les cultures. Ils complémentent leurs animaux des résidus de récolte et du sel.

Le système sédentaire

Dans le système sédentaire, l'agriculture et l'élevage sont pratiqués sur les mêmes exploitations. On retrouve ce type d'éleveurs dans toute la région; ce sont des agro-éleveurs très diversifiés qui produisent et vendent du coton, du maïs, du sorgho, du niébé et parfois des fruits et légumes. Leur déplacement est d'environ 10 km. Le gardiennage se fait par un membre de la famille ou un salarié. Les résidus de récolte disponibles et les sous-produits agricoles et agro-industriels, comme le tourteau de coton, sont très utilisés. Ils pratiquent la culture attelée et complémentent leurs animaux avec du sel de cuisine et du sel gemme. Le développement de ce type d'élevage est principalement dû au revenu provenant du coton, des cultures d'oignon ou du riz. Le cheptel bovin par propriétaire est généralement faible, allant d'une paire de bœufs de trait à un petit troupeau de 10 à 20 têtes.

Conduite des troupeaux

Les troupeaux, parfois mixtes avec les petits ruminants, pâturent généralement pendant la journée, entre 8 heures et 17 heures, alors que les veaux sont gardés dans la concession à l'ombre, attachés à une corde. Ils sont détachés lorsque le troupeau revient au campement le soir. Pendant la saison sèche (mars-juin) quand le déficit alimentaire atteint un niveau critique, certains bergers font pâturer les animaux pendant la nuit, entre 1 heure et 7 heures pour augmenter l'ingestion des fourrages.

La fréquence d'abreuvement est d'une fois par jour. Elle varie en fonction de la distance entre le village et le point d'eau. L'abreuvement se fait généralement à volonté aux marigots en saison des pluies. Lorsque les cours d'eau tarissent en saison sèche, les animaux s'abreuvent à la mare ou aux puits. L'exhaure se fait manuellement ou à l'aide d'une motopompe. Les animaux jeunes, fatigués ou malades sont abreuvés au campement par les femmes et les enfants. Les abreuvoirs sont de grandes cuvettes, des demi-fûts ou des bidons.

PRODUCTIVITÉ DES BOVINS EN MILIEU PAYSAN

L'étude de la productivité des bovins est basée sur un suivi zootechnique de 36 élevages en milieu paysan mis en place à partir de 1989. Le présent rapport est une analyse des données recueillies entre 1990 et 1995.

IMPLANTATION DU SUIVI ZOOTECHNIQUE

Choix des éleveurs-collaborateurs

Le choix des sites, des éleveurs et des troupeaux résulte d'un compromis entre la volonté d'une représentativité des diverses zones écologiques et des systèmes d'élevage d'une part, l'acceptation par les éleveurs des contraintes du suivi et l'impérieuse nécessité de mettre en place aussi rapidement que possible un réseau d'observation, d'autre part. Ainsi, 11 sites ayant des charges et des types de pâturages différents ont été sélectionnés à travers les deux provinces. Dans chaque localité, plusieurs éleveurs ont été contactés. Les objectifs du suivi ainsi que la méthodologie leur ont été clairement expliqués, notamment la nécessité de boucler leurs animaux. Après plusieurs passages réguliers, 36 éleveurs parmi les plus motivés ont été retenus.

Le troupeau constitue l'unité d'observation de base du suivi. L'ensemble des troupeaux d'un village représente un lot. Ils ont été appariés et choisis au hasard, de façon à ce qu'un lot reçoive 0,5 kg et l'autre 1 kg de tourteau de coton (Alibet) par animal et par jour. Le complément est distribué en groupe, pendant quatre mois de saison sèche, de février à mai de chaque année. L'Alibet produit par la Société de développement du coton au Cameroun (SODECOTON) contient 40,8 pour cent de matières azotées totales. C'est un mélange de 95 pour cent de tourteau, 3,5 pour cent de sel, 1 pour cent de calcaire et 0,5 pour cent de complément minéral et vitaminé (CMV).

Identification des animaux

Le troupeau constitue donc l'unité d'observation de base du suivi. Chaque animal a été identifié par une boucle en plastique à l'oreille dont le numéro est lisible à distance. Une enquête rétrospective sur la carrière reproductrice de toutes les femelles a été réalisée (nombre de vêlages, d'avortements et de morts-nés). L'âge des animaux a été déterminé par les méthodes usuelles: examen de la dentition et des cornes. Les renseignements concernant chaque animal ont été consignés dans la «fiche de l'animal».

Mesures barymétriques

En milieu paysan, la pesée des bovins est pratiquement impossible en raison du coût élevé des bascules pèse-bétail. L'estimation indirecte du poids par des mesures corporelles - la plus facile à prendre et en même temps la plus correlée au poids vif étant le périmètre thoracique (PTHO) - a été envisagée. Les animaux étaient pesés à jeun à l'aide d'une bascule digitale «Marechalle Pesage» et le périmètre thoracique (tour de la poitrine sous la base de la bosse) à l'aide d'un mètre ruban. A partir de 1 037 couples de données (poids-périmètre thoracique), des équations de correspondance ont été établies. Les facteurs âge, race, milieu et état physiologique des bovins peuvent affecter la précision de la mesure mais par souci de simplicité, ces facteurs n'ont pas été considérés dans l'analyse. Le poids des veaux mesurés avec un peson avant l'âge de trois jours a été considéré comme poids à la naissance. Le poids des animaux de plus de 50 kg a été déterminé à partir des formules barymétriques:

Collecte, gestion et traitement des données

Le suivi des troupeaux est mensuel. Lors des visites, les informations collectées sur les troupeaux et les animaux sont enregistrées sur les fiches correspondantes et saisies sur ordinateur, utilisant le logiciel de gestion de troupeau PIKBEU (Sahut et Planchenault, 1989). Les fiches contenant les données les plus récentes sont alors imprimées pour la prochaine visite.

CARACTÉRISTIQUES DES TROUPEAUX EN MILIEU PAYSAN

Taille des troupeaux

La taille moyenne des troupeaux est de 52 ± 30 bovins. Sur les 36 élevages suivis en milieu paysan, 29 ont un seul troupeau, quatre possèdent deux troupeaux, deux possèdent trois troupeaux et un seul a cinq troupeaux.

Composition par race et par sexe

De nombreuses races bovines se rencontrent dans la région, ainsi que dans les troupeaux suivis et les plus importantes sont les zébus Akou (39 pour cent), Goudali (28 pour cent), Mbororo (18 pour cent), et Arabes chouas. Deux noyaux de taurins sont identifiés dans l'Extrême-Nord (Kapsiki) et le Nord (Namchi) et leur trypanotolérance est en cours d'évaluation.

Sur l'ensemble des troupeaux, les mâles représentent 39,2 pour cent du cheptel, se décomposant en 36,9 pour cent de mâles entiers et en 2,3 pour cent de castrés utilisés surtout comme animaux de trait. Ce pourcentage est identique dans d'autres élevages africains (Landais et Cissoko, 1986) et même sud-américains (Salas, Planchenault et Roy, 1988) où près du tiers du troupeau est constitué de mâles. On note un certain nombre de femelles âgées dans les troupeaux (figure 1). Même si elles ne sont pas toujours très fécondes, les vieilles vaches, plus rustiques, sont conservées car elles ont échappé aux multiples aléas de l'élevage (peste bovine de 1982 et disettes de 1984, 1985 et 1987). Elles constituent le capital de confiance de l'éleveur.

Evolution de la reproduction

Au cours de cinq années de suivi en milieu paysan, 2 070 naissances, dont 67 avortements (3,2 pour cent) ont été enregistrés. La répartition des naissances en fonction des saisons indique les proportions suivantes: 34,3 pour cent en saison sèche froide (octobre à janvier), 45,6 pour cent en saison sèche chaude (février à mai) et 20,1 pour cent en saison des pluies (juin à septembre). Près de 80 pour cent de naissances surviennent pendant la saison sèche, d'octobre à mai. Cela correspond à des saillies de la saison des pluies lorsque les pâturages sont abondants et de bonne qualité.

Age au premier vêlage

L'âge moyen au premier vêlage défini à partir de 588 observations est de 53 ± 16 mois. Ce retard de précocité pourrait être lié au retard de croissance des jeunes femelles. Une bonne complémentation à base d'Alibet a permis de réduire cet âge de 56 ± 16 mois dans les élevages recevant 0,5 kg d'Alibet à 52 ± 17 mois dans les élevages recevant 1 kg par animal et par jour. Pour les 245 femelles nées au cours du suivi dont la date de naissance est bien connue, l'âge moyen au premier vêlage est de 48 ± 8 mois. Les femelles de Lougguéré sont plus précoces (45 ± 13 mois) par rapport à celles des élevages autour de Garoua (50 ± 9 mois).

Intervalle entre vêlages

L'intervalle entre vêlages obtenu à partir de 796 observations est de 18,5 ± 6 mois. Ce long intervalle résulte sans doute d'un an_strus post-partum beaucoup plus long attribuable aux fluctuations des disponibilités fourragères. Il est de 19 ± 7 mois dans les élevages recevant 0,5 kg d'Alibet et 17,7 ± 6 mois dans ceux recevant 1 kg par animal et par jour. Les femelles nées au cours de l'étude ont un intervalle légèrement plus réduit d'un mois, soit 17,7 ± 6 mois. L'intervalle intervêlage est fonction des conditions d'élevage. Le sevrage tardif des veaux est une des causes de sa prolongation. Il est de 14 ± 3 mois à Lougguéré contre 18 ± 6 mois à Garoua.

Taux de fertilité

Le taux de fertilité apparent dans les élevages est de 53,7 ± 17,7 pour cent et le taux de fécondité de 52,1 ± 17,1 pour cent (tableau 1). Le taux de fertilité apparent est plus élevé dans les élevages bénéficiant des meilleures conditions de conduite: 59,2 pour cent à Lougguéré contre 49,8 pour cent dans les élevages de l'Extrême-Nord. Dans l'ensemble, le taux de fertilité évolue en dents de scie d'une année sur l'autre.


Taux de fertilité apparent et taux de fécondité des bovins en milieu paysan au Nord-Cameroun
Apparent fecundity and fertility rates of cattle in rural northern Cameroon
Tasa de fertilidad aparente y tasa de fecundidad de los vacunos en el medio rural del norte del Camerún

 

Taux de fertilité apparent (%)

Taux de fécondité (%)

Variable

Nombre

Moyenne

Ecart-type

Nombre

Moyenne

Ecart-type

Moyenne générale

104

53,72

17,70

104

52,1

17,1

Zone

Garoua

43

53,60

20,00

43

52,00

19,4

 

Lougguéré

5

59,41

18,74

5

58,32

18,7

 

Mindif

25

49,79

12,14

25

47,82

11,5

 

Nord-Est Bénoué

31

56,13

17,75

31

54,65

17,2

Année

1990

19

52,51

16,1

19

50,92

15,9

 

1991

20

59,18

19,7

20

57,39

18,8

 

1992

19

44,21

18,7

19

40,65

15,8

 

1993

23

56,66

13,5

23

56,04

13,5

 

1994

23

54,87

17,9

23

53,94

17,6


Quotient de mortalité des veaux et taux de mortalité des bovins de plus d'un an en milieu paysan au Nord-Cameroun
Mortality of calves and cattle of more than one year in rural northern Cameroon
Cociente de mortalidad de los animales jóvenes y tasa de mortalidad de los vacunos de más de un año en el medio rural del norte del Camerún

 

Quotient de mortalité des veaux de zéro à un an (%)

Taux de mortalité des bovins de plus d'un an (%)

Variable

Nombre

Moyenne

Ecart-type

Nombre

Moyenne

Ecart-type

Moyenne générale

108

11,39

11,74

106

2,32

2,79

Zone

Garoua

44

13,52

14,00

44

1,66

2,7

 

Lougguéré

5

9,97

8,51

5

1,89

2,8

 

Mindif

25

12,68

11,8

24

3,74

3,5

 

Nord-Est Bénoué

34

7,90

7,81

33

2,21

1,9

Année

1990

19

8,44

10,4

18

1,97

2,9

 

1991

20

11,54

8,8

20

1,80

1,6

 

1992

23

12,35

14,7

22

3,23

4,0

 

1993

23

7,49

10,1

23

2,26

2,6

 

1994

23

16,65

12,0

23

2,21

2,2

Mortalité des veaux

Le quotient de mortalité des veaux a été calculé sur les cohortes annuelles de 1990 à 1994. Il s'agit du pourcentage de morts entre zéro et un an par rapport aux veaux nés au cours de l'année. Le quotient de mortalité est relativement élevé, 11,4 pour cent en moyenne (tableau 2). Il est très variable d'un élevage à l'autre. En effet, dans certains élevages un veau sur deux meurt avant l'âge d'un an. Le taux de mortalité est plus élevé autour de Garoua (13,5 pour cent) ce qui est sans doute attribuable à la traite importante des vaches par les bergers pour la vente du lait à des prix forts rémunérateurs, et ce, au détriment des veaux dont 30 pour cent des mortalités sont enregistrées au cours du premier mois de leur vie et 75 pour cent au cours de la période d'octobre à mars. Les veaux chétifs ont plus de probabilité de mourir.

Mortalité des bovins

La mortalité des bovins est beaucoup plus faible: 2,3 pour cent. Elle varie en fonction des années et des régions (tableau 2). L'Extrême-Nord enregistre des taux plus élevés, 3 pour cent contre 1,7 pour cent à Garoua, en raison de l'insuffisance des disponibilités fourragères et des problèmes d'infestations parasitaires. D'autres élevages ont connu des taux de mortalité plus élevés, pouvant atteindre 14,6 pour cent. Les principales causes de mortalité ont été répertoriées. Ainsi, en dehors des causes accidentelles, le parasitisme digestif et la malnutrition constituent les causes majeures de mortalité chez les bovins. On note la recrudescence de certaines maladies dans la région, telles que la tuberculose, la pasteurellose, la cowdriose, le charbon symptomatique et bactéridien.

Bien que Pagot, Tacher et Dulieu (1981) avançaient un taux de mortalité des veaux de 30 à 40 pour cent au Nord-Cameroun, nos résultats concordent avec ceux de Planchenault (1992) qui, à partir d'une enquête de productivité a observé des taux de 7 et 10 pour cent pour les veaux de zéro à un an et de 2 pour cent pour les adultes. La fièvre aphteuse, pour laquelle le vaccin est relativement coûteux, sévit de façon endémique dans la région. La lutte contre les glossines a permis de contrôler la trypanosomiase bovine. On observe cependant des foyers résiduels, attribuables à une réinfestation par les glossines ou par une transmission mécanique du parasite par des Tabanidés, en particulier.

Evolution pondérale

Le poids à âge-type des bovins en milieu paysan est résumé dans le tableau 3. A la naissance, les mâles sont légèrement plus lourds (0,8 kg) que les femelles. Après le sevrage qui survient naturellement entre huit et 10 mois, les mâles ont une croissance plus rapide que les femelles. Ils atteignent leur poids adulte à partir de cinq ans, soit environ 350 à 400 kg. Le poids adulte des femelles est atteint à partir de quatre ans, environ 270 kg. Pendant la saison sèche, les animaux accusent une chute de poids considérable. Elle est beaucoup plus importante chez les femelles dont les adultes perdent près de 15 kg en un mois, entre avril et mai, avec le retour des pluies. On note une grande variabilité de poids attribuable à plusieurs facteurs dont les plus importants sont la race, la saison de naissance, la complémentation de saison sèche, les disponibilités fourragères et les soins aux animaux.

 

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1
Carte du Nord-Cameroun
Map of northern Cameroon
Mapa del norte del Camerún

 

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2
Pyramide des âges des bovins suivis en milieu paysan au Nord-Cameroun, en janvier 1995
Age pyramid of monitored cattle in rural northern Cameroon
Pirámide de edades de los vacunos examinados en el medio rural del norte del Camerún

Productivité numérique et productivité pondérale

La productivité numérique est un indicateur de tendance prenant en compte les veaux vivants à un an, nés de 100 femelles reproductrices. Au Nord-Cameroun, 100 femelles reproductrices produisent en moyenne 46 veaux vivant à un an. La productivité est plus faible dans la province de l'Extrême-Nord, avec 42 veaux par an. Elle est de 45 veaux autour de Garoua et de 50 dans le Nord-Est Bénoué.

La productivité pondérale prend en compte la productivité numérique et le poids des veaux à un an. Le poids moyen du veau varie en fonction des zones et des conditions d'élevage. Il est de 172 kg à Lougguéré, 115 à Garoua, 134 kg dans le Nord-Est Bénoué et 118 kg dans l'Extrême-Nord. La productivité pondérale est le poids de veau produit par femelle reproductrice et par an. Dans la figure 3, on observe que la productivité pondérale est deux fois plus élevée à Lougguéré (90 kg) que dans l'Extrême-Nord (49 kg) et qu'elle est plus élevée dans le Nord-Est Bénoué (67 kg) qu'à Garoua (52 kg).

 

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Rareté des pâturages pendant cinq à sept mois de saison sèche
Pasture scarcity during the five to seven dry season months
Pastos escasos durante los cinco a siete meses de estación seca

 

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Après la récolte, les tiges de mil sont conservées avec des épineux pour l'alimentation animale
After the harvest, the millet stalks are kept with gorse for animal feed
Después de la recolección, los tallos de mijo se conservan con zarzas para la alimentación animal

 

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L'eau, un des facteurs limitant la productivité animale. Ici, un éleveur remplit manuellement un abreuvoir pour ses animaux
Water - a limiting factor in productivity. In the photo, a cattle farmer fills a watering trough for his animals
El agua es uno de los factores limitantes de la productividad animal. En la foto, un ganadero llena manualmente un abrevadero para sus animales

Aptitude laitière

Les races locales ne sont pas de bonnes laitières. Cependant, une bonne alimentation peut augmenter leur production. Une étude de neuf semaines a été menée avec des vaches locales en lactation. Au cours de chaque essai, deux groupes de vaches étaient formés sur la base du niveau de production laitière, de la durée et du nombre de lactations. Un groupe était complémenté chaque matin et l'autre servait de témoin.

Au cours du premier essai, deux lots de sept vaches avec une production laitière moyenne de 1,25 litre par jour ont été constitués. Le lot complémenté recevait 1,7 kg d'un complément composé de tourteau de coton, de maïs et de farine de poisson. Leur production laitière a augmenté régulièrement pour atteindre 2,3 litres par jour à la fin de l'essai, alors que la tendance était à la baisse chez le lot témoin.
Au cours du second essai, deux lots de six vaches avec une production laitière moyenne de 0,85 litre par jour ont été formés. Le lot complémenté recevait 1,5 kg de tourteau de coton par vache et par jour. La complémentation a augmenté considérablement la production laitière qui a atteint 2,73 litres en fin de lactation alors que celle des vaches témoins n'a connu qu'une légère augmentation pour atteindre 1,26 litre. Dans les deux essais, la complémentation a permis une augmentation de la production laitière, un gain pondéral des veaux, un meilleur état des vaches et un gain financier aux éleveurs.


Poids par âge-type des bovins en milieu paysan au Nord-Cameroun
Cattle weight by age class in rural northern Cameroon
Peso para cada grupo de edad de los vacunos en el medio rural del norte del Camerún

 

Mâle

Femelle

Age
(ans)

Nombre de mesures

Poids
(kg)

Ecart-type de la moyenne

Nombre de mesures

Poids
(kg)

Ecart-type de la moyenne

Naissance

124

23,3

5,4

106

22,5

6,0

0,5

85

100

29

106

89

25

1

276

141

39

360

134

34

2

534

191

43

1 014

187

42

3

360

247

51

794

245

42

4

207

306

62

623

279

43

5

90

360

62

458

294

90

6

30

389

58

346

295

52


Taux d'exploitation et de vente des bovins en milieu paysan au Nord-Cameroun
Cattle performance and sales in rural northern Cameroon
Tasa de explotación y tasa de venta de vacunos en el medio rural del norte del Camerún

 

Taux d'exploitation (%)

Taux de vente (%)

Variable

 

Nombre

Moyenne

Ecart-type

Nombre

Moyenne

Ecart-type

Moyenne

 

111

19,64

13,6

111

15,21

17,1

Zone

Garoua

49

19,19

14,0

49

13,78

13,3

 

Lougguéré

5

37,15

26,2

5

35,6

25,7

 

Mindif

24

25,00

11,8

24

9,98

5,4

Année

1990

19

13,76

10,3

19

10,62

9,2

 

1991

21

18,35

12,4

21

14,33

10,7

 

1992

23

20,24

12,2

23

15,73

12,3

 

1993

24

23,27

15,3

24

16,27

12,9

 

1994

24

21,22

15,8

24

18,05

15,9

Exploitation des troupeaux

L'exploitation concerne les animaux sortis par la volonté de l'éleveur et sans retour possible dans le troupeau, pour des raisons telles que la vente, l'abattage, la dot ou le don. Même si l'effectif du troupeau demeure pour beaucoup trop d'éleveurs le symbole du prestige social, ils n'hésitent plus à commercialiser leurs animaux en cas de besoin. L'exploitation des animaux est très précoce, parfois dès l'âge de deux ans; celle des femelles est plus faible. Elles sont retenues le plus longtemps possible comme reproductrices (figure 3). Le taux d'exploitation est de 19,6 ± 13,6 pour cent dans les élevages (tableau 4). Il est de 25 pour cent dans l'Extrême-Nord et de 13,8 pour cent dans la région Nord-Est Bénoué. Les éleveurs de l'Extrême-Nord pourraient être obligés à déstocker beaucoup plus d'animaux avant la transhumance en raison de la précarité des ressources fourragères.

Les ventes constituent la principale raison d'exploitation des troupeaux: chaque année 15,2 pour cent des bovins sont vendus dans les élevages suivis. Les jeunes mâles de un à quatre ans constituent la tranche d'âge la plus vendue (figure 4). Le prix de vente varie en fonction des types d'animaux, des années, des saisons et des régions. Le prix moyen payé à l'éleveur est passé de 52 000 ± 24 000 FCFA en 1990 à 36 000 ± 16 000 FCFA en 1992 et 1993. Il est remonté à 41 000 ± 18 000 FCFA en 1994 suite à la dévaluation du franc CFA. Ces prix relativement faibles payés aux éleveurs résultent de la présence de multiples intermédiaires dans la commercialisation du bétail.

Mouvements d'animaux

Au cours de l'étude, 3 387 animaux sont sortis des troupeaux. La nature des sorties est résumée dans la figure 5. Les ventes constituent la principale cause de sortie. On note un important mouvement d'animaux de trait intertroupeaux avant et après la période des cultures. Ils sont généralement confiés aux éleveurs qui les gardent pendant la période morte (décembre à avril). Certains éleveurs pratiquant d'autres activités (commerçants ou fonctionnaires des villes) confient leurs animaux aux éleveurs Mbororo des zones périurbaines. En cas de désaccord dans la gestion de troupeaux avec ces derniers, ils n'hésitent pas à retirer tout ou une partie du troupeau pour le confier à un autre éleveur.

CONTRAINTES AU DÉVELOPPEMENT DE L'ÉLEVAGE BOVIN AU NORD-CAMEROUN

Plusieurs contraintes entravent l'accroissement de la productivité du cheptel. Celles-ci sont liées pour la plupart à l'eau et à l'alimentation, à la santé, aux pratiques d'élevage et à l'écoulement des produits (multiples intermédiaires dans la commercialisation du bétail et, surtout, barrière sanitaire du Mbé empêchant le passage des bovins du nord au sud du Cameroun). De plus, l'extension des cultures et des zones cynégétiques réduit considérablement les parcours, et parfois les pistes à bétail. De nombreux conflits entre agriculteurs, éleveurs et gardes-chasse sont régulièrement signalés. Un surpâturage important est constaté dans l'Extrême-Nord. Les pratiques de récupération des résidus de récolte et de complémentation ne sont pas encore très développées, sauf dans les zones les plus peuplées de l'Extrême-Nord et autour de Garoua. Il convient aussi de noter une insuffisance de points d'eau dans la région. Si les problèmes fonciers retardent l'adoption de certains modes de gestion et d'amélioration des parcours, l'absence des organisations des éleveurs est un grand handicap dans la transmission des technologies, l'approvisionnement en intrants et la commercialisation des animaux. Malgré le désir de certains éleveurs de former des groupements d'initiatives communes, ils manifestent une grande crainte à l'égard du pouvoir traditionnel qui, à son tour, trouve en ces groupes un obstacle à son autorité. Cela porte à croire que le mode de développement paysannal à travers les groupements professionnels ne peut s'appliquer partout avec la même efficacité, d'où l'intérêt d'une meilleure connaissance du milieu humain en ce qui concerne leurs recommandations.

PERSPECTIVES À MOYEN TERME

Intensification des systèmes de production

La grande variabilité de poids, de l'âge à la première mise bas, de l'intervalle intervêlage et des différents taux de mortalité indiquent les énormes possibilités d'amélioration de la productivité existant dans les élevages bovins au Nord-Cameroun. On peut préconiser 0,5 kg d'Alibet par animal et par jour pendant la saison sèche pour aider au maintien des fonctions de reproduction des femelles. Toutefois, on peut augmenter le niveau de complémentation à 1 kg par jour pendant la lactation afin de s'assurer d'une bonne production laitière pour l'allaitement des veaux et l'alimentation humaine. Cela se traduit par de meilleures performances de croissance, une bonne vigueur des veaux (figure 6) et une fertilité des femelles plus élevée. Compte tenu d'une demande en tourteau de coton de plus en plus élevée face à une offre plus faible, l'utilisation rationnelle des résidus de récolte et l'introduction de bétail sont vivement recommandées.

La dévaluation du franc CFA a entraîné une augmentation des prix des produits vétérinaires. Cette augmentation pourrait conduire à une stagnation, voire à une régression de l'utilisation des produits zootechniques et vétérinaires, et ce malgré une augmentation du prix du bétail sur le marché. Les éleveurs pourraient améliorer leurs revenus s'ils vendaient davantage d'animaux afin d'acheter les intrants nécessaires à une maîtrise des risques sanitaires et à une augmentation des performances des troupeaux.

 

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3
Productivité pondérale annuelle par femelle reproductrice en milieu paysan au Nord-Cameroun
Weighted annual productivity per breeding cow in rural northern Cameroon
Productividad ponderal anual por hembra reproductora en el medio rural del norte del Camerún

 

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4
Distribution des bovins vendus par classes d'âge dans les élevages suivis en milieu paysan au Nord-Cameroun
Distribution of cattle sold per age class on monitored holdings in rural northern Cameroon
Distribución de los vacunos vendidos por grupos de edades en las explotaciones estudiadas del medio rural del norte del Camerún

 

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5
Nature de sortie des bovins de leurs troupeaux
Reason for departure of cattle from herd
Tipos de eliminación de los vacunos de los hatos

 

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6
Influence de la complémentation avec de l'Alibet sur la croissance des veaux en milieu paysan au Nord-Cameroun
Impact of Alibet supplementation on calf growth in rural northern Cameroon
Influencia de la alimentación suplementaria de Alibet en el crecimiento de los terneros en el medio rural del norte del Camerún

Diversification de la production animale

La diversification de la production animale est une nouvelle dynamique dans la région et mérite un appui technique et organisationnel. C'est le cas de la production laitière et de l'élevage porcin et de la volaille.

Bien que le lait constitue pour les populations de la région l'un des aliments de base, la récente dévaluation du franc CFA a renchéri le prix, réduisant considérablement les importations. Pour satisfaire la demande locale, cette production mérite d'être développée et soutenue. Des stratégies de complémentation alimentaire des vaches, associées à un programme de sélection en milieu paysan, permettraient, à moyen terme, d'augmenter la production laitière des vaches locales et le revenu des éleveurs.
Il convient de noter une émergence de la production porcine dans cette zone, alors que l'élevage porcin était tabou. La richesse de la région en sous-produits agro-industriels (tourteaux de coton, farine de riz et résidus de poisson) ainsi que la rusticité des races porcines locales indemnes de peste porcine africaine en sont les principaux atouts.
Région jadis importatrice des produits de basse-cour, le nord peut devenir exportateur grâce à l'augmentation de sa production céréalière et à la disponibilité des sous-produits agricoles, mais il faut, pour ce faire, que les risques sanitaires soient maîtrisés et l'approvisionnement en intrants assuré en élevages modernes périurbains.

 

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Les animaux transhumant en fin de saison sèche à la recherche de l'eau
Migratory cattle in search of water in the late dry season
Animales trashumantes al final de la estación seca en busca de agua

 

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La complémentation protéique des jeunes et des femelles de reproduction, à base de tourteaux de coton, permet de réduire la mortalité et d'augmenter la fertilité des troupeaux
A protein supplement with cottonseed cake for calves and breeding cows reduces mortality and increases herd fecundity
La alimentación suplementaria proteica de los animales jóvenes y las hembras reproductoras, a base de torta de semilla de algodón, permite reducir la mortalidad y aumentar la fecundidad de los hatos

 

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Les éleveurs-collaborateurs au cours d'une journée de restitution des résultats du suivi zootechnique de la productivité de leurs troupeaux
The participating cattle farmers hear the results of productivity monitoring of their herds
Ganaderos-colaboradores en una jornada de presentación de los resultados del estudio zootécnico de la productividad de sus hatos

CONCLUSION

Face à l'extension des cultures et des zones de chasse, l'intégration de l'agriculture et de l'élevage est un processus irréversible. Des mutations dans les systèmes de production doivent s'opérer. L'élevage bovin devra s'intensifier, notamment en se sédentarisant de plus en plus et en valorisant au mieux les ressources alimentaires (sous-produits agro-industriels, sous-produits de culture, pâturages naturels et cultures fourragères). L'élevage transhumant, de type «cueillette», grand consommateur d'espace, aura du mal à se maintenir sans aménagement particulier. L'évolution la plus vraisemblable est une intensification des systèmes de production, une meilleure intégration agriculture-élevage et une meilleure maîtrise du foncier par les éleveurs, qui ont intérêt à s'organiser en associations professionnelles pour mieux prendre en charge leurs intérêts. Une diversification des productions animales augmenterait davantage leurs revenus.

Le problème foncier dépasse le cadre de la recherche. Celui de l'organisation des éleveurs pourrait trouver une solution au niveau des services d'élevage ou des sociétés de développement et des ONG. Cependant, la recherche peut agir plus efficacement au niveau de la ferme en développant des pratiques d'alimentation plus intégrées aux pratiques agricoles, des traitements sanitaires à moindre coût et des modes de gestion permettant une productivité accrue avec des effectifs animaux plus réduits et sur des superficies restreintes. 

Références

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Landais, E. et Cissoko, M. M. 1986. Bases méthodologiques du contrôle des performances animales pour l'analyse zootechnique et démographique: Collecte des données et choix des variables. In Actes du séminaire, Méthodes pour la recherche sur les systèmes d'élevage en Afrique intertropicale. Mbour, Sénégal, IEMVT/ISRA. 433 pages.
Martrenchar A, Njanpop, B.M., Yaya, A., Njoya, A. et Tulasne, J.J. 1993. Problems associated with tuberculosis and brucellosis skin-test methods in northern Cameroon. Prev. Vet. Med., 15:221-229.
Pagot, J., Tacher, G. et Dulieu, D. 1981. Projet de développement de l'élevage dans la province du Nord-Cameroun. Maisons-Alfort, IEMVT.
Planchenault, D. 1992. Enquête productivité du bétail camerounais. Ministère de l'élevage, des pêches et des industries animales, Cameroun/CIRAD-EMVT. 249 pages.
Sahut, C. et Planchenault, D. 1989. PIKBEU, Gestion du cheptel camerounais. Maisons-Alfort, IEMVT.
Salas, M., Planchenault, D. et Roy, F. 1988. Etude des systèmes d'élevage bovin traditionnel en Guadeloupe, Antilles françaises. Résultats d'enquêtes. Elev. Méd. vét. Pays trop., 41(2): 197-207. 

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