SYSTEME
MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'AGRICULTURE ET L'ALIMENTATION
DE LA FAO
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RAPPORT SPECIAL
IMPACT DU PHENOMENE EL NIÑO ET AUTRES
ANOMALIES CLIMATIQUES SUR LA PRODUCTION VEGETALE EN AFRIQUE AUSTRALE
21 novembre 1997
VUE D'ENSEMBLE
Le phénomène El Niño, dont l'apparition remonte à
mars 1997, se traduit par une élévation appréciable
de la température des eaux de surface de l'océan Pacifique.
Fréquemment associé à de graves anomalies climatiques
et à de fortes variations des températures et des précipitations,
El Niño peut affecter l'agriculture et les ressources en eaux. De
l'avis de plusieurs experts, le phénomène El Niño
de cette année est l'un des plus intenses qui aient été
enregistrés au cours de ce siècle, à en juger par
les températures record relevées dans les eaux de surface
du Pacifique. Ces mêmes experts estiment que le phénomène
se poursuivra tout au long de l'année 1997 pour éventuellement
se prolonger en 1998. C'est au cours des quelques prochains mois que les
pires effets d'El Niño devraient se faire sentir.
Dans le but de permettre des interventions destinées à
réduire les effets négatifs éventuels d'El Niño,
le Système mondial d'information et d'alerte rapide (SMIAR) de la
FAO a, au cours des derniers mois, suivi de près les anomalies climatiques
pour en évaluer les effets potentiels sur la production végétale
et la situation des disponibilités alimentaires dans plusieurs pays.
Le présent rapport, qui fait suite à deux rapports consacrés
l'un à l'Amérique latine et l'autre à l'Asie se concentre
sur l'Afrique australe. En 1991/92, El Niño avait provoqué
une sécheresse destructrice dans la sous-région: la production
de céréales avait été pratiquement réduite
de moitié, les besoins d'importation de céréales avaient
plus que doublé et les besoins d'importation d'aide alimentaire
avaient augmenté pour atteindre le chiffre sans précédent
de 4 millions de tonnes. On estime que, suite à cette sécheresse,
quelque 18 millions de personnes avaient été confrontées
au risque de la famine. Heureusement, un système d'alerte rapide
crédible, des évaluations ponctuelles, une réponse
régionale rapide et une aide internationale massive avaient à
l'époque assuré la réussite des efforts de secours,
qui avaient sans aucun doute sauvé de nombreuses vies. Cette année,
le SMIAR suit étroitement les tendances météorologiques
et agricoles en Afrique australe grâce à l'imagerie par satellite
(indices de végétation et couverture nuageuse) avec l'appui
d'observations sur le terrain dans les différents pays.
Compte tenu de la menace que représente El Niño, les gouvernements
de la sous-région ont adopté différents plans d'urgence,
notamment en encourageant la plantation de cultures résistant à
la sécheresse, la distribution de semences et d'intrants agricoles
et l'adoption de techniques améliorées de conservation de
l’eau. D'autres mesures et plans sont à l'étude, notamment
la conservation des stocks alimentaires et l'ajustement des plans d'importation
et d'exportation. La FAO a été activement associée
aux activités de planification d'urgence de la sous-région
par l'entremise de son bureau sous-régional, de ses bureaux dans
les pays ainsi que dans le cadre du projet régional de télédétection
de la SADC.
L'observateur de l'évolution du phénomène El Niño
cette année en Afrique australe sera bien avisé de revenir
sur les événements qui ont marqué la campagne agricole
1991/92 afin d'évaluer les similitudes éventuelles entre
ces deux situations. Pendant la première partie de la campagne 1991/92,
des pluies favorables avaient été enregistrées jusqu'au
début du mois de janvier. Par la suite, le temps chaud et sec qui
s'était installé au cours de la phase critique de pollinisation,
soit le reste du mois de janvier et le mois de février, avait gravement
affecté le développement des cultures dans la plupart des
pays à l'exception de l'Angola. Le résultat avait été
de mauvaises récoltes un peu partout dans la région et une
production fortement à la baisse. Les pluies du mois de mars étaient
arrivées trop tard pour être d'une quelconque utilité.
Si au cours de cette campagne-ci, les conditions ont été
jusqu'à présent normales, la période critique se situera
entre janvier 1998 et le début de la phase de pollinisation. Le
SMIAR continuera de suivre de près les événements
et de publier des rapports, selon les besoins, sur l'évolution de
la situation. Le présent rapport fait le point sur la situation
climatique et sur la production végétale à la mi-novembre.
SITUATION PAR PAYS
Afrique
du Sud
Après un mois de septembre sec, les pluies ont été
abondantes et largement réparties depuis la mi-octobre, permettant
ainsi aux agriculteurs de préparer leurs terres et de commencer
les semis dans certaines régions. Les producteurs de maïs,
la principale récolte du pays, ont commencé à se préparer
à une éventuelle sécheresse liée au phénomène
El Niño et les agriculteurs ont été encouragés
à n'emblaver que leurs sols les plus riches en humidité.
La production céréalière totale pour 1997 est estimée
à 12,2 millions de tonnes, soit 10 pour cent de moins que la récolte
de 1996, mais au-dessus de la moyenne des cinq années précédentes.
Grâce à cette bonne récolte 1997, le pays pourrait
disposer de plus d'un million de tonnes de maïs pour l'exportation,
les négociants privés étant autorisés pour
la première fois depuis des décennies à exporter n'importe
quelle quantité de maïs, suite à la déréglementation
totale de ce secteur cette année. Le secteur du blé a également
été déréglementé en novembre après
la fermeture officielle, fin octobre, de la Commission du blé, un
organisme étatique qui avait été créé
dans les années trente. Si une part importante du maïs et du
blé disponibles pourrait être exportée vers les pays
de la sous-région qui ont connu une faible récolte cette
année, certains agriculteurs, inquiets du risque de sécheresse
plus tard au cours de la saison, pourraient stocker une quantité
supérieure de leurs céréales, d'autant plus que le
"triangle du maïs" de l'Afrique du Sud compte parmi les régions
les plus susceptibles de connaître une pluviosité inférieure
à la normale en raison d'El Niño.
Angola
La préparation des terres et les premiers semis ont commencé
dans les parties septentrionales du pays pour les récoltes de la
campagne 1997/98. Ce pays étant situé au nord de la zone
susceptible d'être affectée par le phénomène
El Niño, l'impact sur la production végétale devrait
en principe être limité. L'Angola a été le seul
pays qui n'a pas été touché par la sécheresse
provoquée par le phénomène El Niño de 1991/92,
qui avait détruit les récoltes dans le reste de la sous-région.
Tout comme au cours des quelques dernières années, les interventions
des ONG, des donateurs et des institutions des Nations Unies seront indispensables
pour assurer les approvisionnements des intrants agricoles nécessaires
(semences, outils et engrais) pour les personnes déplacées
à l'intérieur du pays et les rapatriés ainsi que pour
les agriculteurs dans les principales régions productrices.
La situation des disponibilités alimentaires du pays continue
d'être serrée. En raison des tensions de ces derniers mois,
l'accès à 20 à 40 pour cent du pays est limité
et on signale des difficultés alimentaires dans certaines régions,
notamment Cuanza Sul et Namibe.
Botswana
Les régions méridionales du pays ont reçu des pluies
localisées en octobre, qui ont amélioré les conditions
pour la préparation des terres pour les cultures céréalières
de 1998, qui doivent être semées au cours des prochains mois.
En prévision d'une éventuelle sécheresse liée
au phénomène El Niño plus tard au cours de la campagne
agricole, les autorités du pays conseillent aux agriculteurs de
profiter des premières pluies pour planter des céréales
à maturation rapide comme le mil ou le sorgho de saison courte.
La situation des disponibilités alimentaires pour la campagne
de commercialisation 1997/98 s'annonce satisfaisante et les besoins d'importation
céréalières devraient être couverts par les
importations commerciales.
Lesotho
Suite à un temps particulièrement sec en septembre et octobre,
les légères pluies de la fin du mois d'octobre ont amélioré
les conditions pour la préparation des terres et les semis des cultures
céréalières 1997/98. On signale un certain retard
pour les semis de blé d'été et de maïs dans les
régions montagneuses alors que, dans les terres basses, la préparation
des terres et les premiers semis des variétés à maturation
rapide sont en cours. Les prévisions pour la récolte de blé
d'hiver qui est à l'heure actuelle à la phase de maturation
ont dû être révisées à la baisse, en raison
du manque de pluies en septembre. Le Gouvernement a fait savoir aux agriculteurs
qu'il était probable que cette campagne agricole connaîtrait
une pluviosité médiocre en raison du phénomène
El Niño. Les agriculteurs sont encouragés à planter
des variétés résistant à la sécheresse
et à utiliser des semences hybrides.
Par suite d'une récolte céréalière inférieure
à la moyenne enregistrée en 1997, la situation nationale
des disponibilités alimentaires pour la campagne de commercialisation
en cours demeure difficile.
Madagascar
Les pluies du mois d'octobre et de début novembre ont été
favorables au repiquage du riz de la campagne principale, qui aura lieu
au cours des prochaines semaines. Toutefois, on signale que des essaims
de criquets migrateurs africains ont quitté leurs aires grégarigènes
traditionnelles dans le sud-ouest pour les grandes régions agricoles
du nord-ouest, accentuant ainsi la menace qui pèse sur les récoltes
céréalières qui doivent être rentrées
plus tard au cours de la campagne. Une mission FAO/PAM récente a
constaté que la zone littorale du sud était la région
la plus touchée par l'effet conjugué des acridiens et de
l'insuffisance des précipitations, ce qui a provoqué la perte
presque totale de la récolte de maïs et une réduction
marquée de la production des autres récoltes comme le manioc
et la patate douce. Toutefois, le déficit de production dans le
sud du pays a été compensé par de bonnes récoltes
dans d'autres régions qui assurent 90 pour cent de la production
céréalière nationale. A l'échelle du pays,
la mission a estimé que la récolte céréalière
totale pour 1997 se situerait à 2,7 millions de tonnes, soit une
récolte plus ou moins identique à celle de 1996. La production
combinée de manioc et de patates douces a été estimée
à quelque 2,83 millions de tonnes, soit une baisse de 1,3 pour cent.
La mission a jugé la situation des disponibilités alimentaires
extrêmement précaire dans les régions côtières
du sud et a recommendé une aide alimentaire d'urgence sous forme
de vivres contre travail pour quelque 472 000 personnes et pour une période
initiale de 3 mois.
Malawi
Jusqu'à présent, le pays n'a reçu que très
peu de pluies. Inquiet du risque de sécheresse provoquée
par le phénomène El Niño au cours de la prochaine
campagne agricole, le Gouvernement a adopté des plans d'urgence
et encourage le recours à des cultures résistant à
la sécheresse (manioc, patates douces, mil et sorgho) et l'adoption
de mesures de conservation de l'eau.
D'après les estimations officielles révisées, la
récolte 1997 de maïs devrait se chiffrer à 1,5 million
de tonnes, soit un recul par rapport aux premières prévisions
qui la situaient à 2 millions de tonnes. La situation des disponibilités
alimentaires au cours de la campagne de commercialisation 1997/98 sera
donc plus difficile que prévu.
Mozambique
Les préparatifs de la campagne agricole 1997/98 ont débuté
dans un climat de forte inquiétude devant le risque d'une sécheresse
liée au phénomène El Niño. Le Gouvernement
a lancé une campagne d'information pour sensibiliser les populations,
notamment à la nécessité de préparer des plans
d'urgence. Grâce à la bonne récolte de céréales
de 1997, la situation globale des disponibilités alimentaires s'est
nettement améliorée. Toutefois, des difficultés dans
le domaine des transports limitent les mouvements des vivres des régions
possédant un excédent dans le nord vers les zones déficitaires
du sud.
Namibie
Devant la menace d'une sécheresse liée au phénomène
El Niño au cours de cette campagne, le Gouvernement a décidé
de mettre sur pied un comité interministériel chargé
d'évaluer tous les aspects d'une situation d'urgence éventuelle
et ses effets sur l'agriculture, l'élevage, les ressources en eau,
l'environnement, le budget et l'économie du pays.
Les estimations situent actuellement la production céréalière
1997 à 171 300 tonnes, un chiffre record qui représente presque
le double de la production de l'an dernier. La situation des disponibilités
alimentaires devrait demeurer satisfaisante au cours de la campagne de
commercialisation 1997/98.
Swaziland
La plupart des régions du pays ont reçu en septembre et octobre
des pluies anormales pour la saison, qui ont apporté suffisamment
d'humidité pour préparer la terre et procéder aux
premiers semis de la campagne de maïs 1997/98. Toutefois, le pays
pourrait subir l'impact d'El Niño et les agriculteurs sont encouragés
à prendre des mesures pour réduire les risques de production
au cours de cette campagne.
La situation globale des disponibilités alimentaires pour la
campagne de commercialisation 1997/98 devrait rester satisfaisante en raison
d'une bonne récolte de maïs en 1997 et de la présence
d'importants stocks de report de la récolte de maïs de 1996.
Zambie
Le nord et l'extrême nord-ouest de la Zambie ont reçu fin
octobre des pluies localisées et la préparation des terres
est en cours pour les semis des cultures céréalières
de 1997/98, qui seront moissonnées à partir du mois d'avril.
Une bonne partie du pays risquant d'enregistrer des pluies inférieures
à la normale au cours de la prochaine campagne en raison du phénomène
El Niño, des alertes à la sécheresse ont été
publiées par le Gouvernement. Il est conseillé aux agriculteurs
de planter à des dates différentes en utilisant plusieurs
variétés de maïs de saison courte.
En raison de la baisse de la récolte de céréales
en 1997, la situation nationale des disponibilités alimentaires
pour la campagne de commercialisation de 1997/98 devrait être plus
difficile que l'année précédente.
Zimbabwe
Les premières pluies qui sont tombées en septembre ont été
relativement bonnes mais il a fallu attendre la mi-novembre pour avoir
des précipitations largement réparties, ce qui devrait inciter
de nombreux agriculteurs à commencer les semis des céréales
secondaires qui seront récoltées à partir du mois
d'avril. Le pays comptant au nombre de ceux qui risquent de connaître
une pluviométrie inférieure à la normale au cours
de cette campagne en raison du phénomène El Niño,
il est conseillé aux agriculteurs de planter tôt et d'utiliser
des semences qui résistent à la sécheresse.
Par suite d'une récolte céréalière moyenne
en 1997, la situation nationale des disponibilités alimentaires
devrait rester satisfaisante pour la campagne de commercialisation 1997/98.
Le présent rapport a été établi
sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à
partir d’informations provenant de sources officielles et officieuses.
La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser,
pour tout complément d’information, à: M. Abdur Rashid, Chef,
ESCG, FAO (Télex 610181 FAO I; Télécopie: 0039-6-5705-4495,
Courrier électronique: [email protected]). |
Il est également possible de recevoir automatiquement,
par courrier électronique, les Alertes/Rapports spéciaux,
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